26 juin 2023

Hécate, que tu voudrais être n'importe où sauf ici... C'est une vaste farce, à laquelle tu es forcé d'assister, sous peine de t'attirer prématurément les foudres parentales. Elles arriveront bien assez tôt, songes-tu, mais tu n'es pas au bout de tes surprises. Pour l'heure, t'as l'impression d'étouffer, déjà, alors que tu laisses ta mère achever de nouer cette cravate noire autour de ton cou. Un noeud qui te semble trop serré alors qu'elle s'acharne encore à s'assurer de sa parfaite symétrie. T'es habitué de ces costumes guindés, pourtant, mais jamais, te semble-t-il, ils ne t'ont fait un effet aussi... lourd.

Et puis là, devant le miroir en pied qui te renvoie ton image livide, tu ne peux t'empêcher de songer que les goûts parentaux en matière de mode n'arriveront jamais à la cheville de ceux de @Cataleya Blackthorn, tout comme la recette grossière de la nouvelle version du cocktail du bal de Litha ne rivalisera jamais avec la finesse des préparations de @Victoria Blackthorn. Son goût outrageusement sucré te reste encore sur la langue, un gâchis. Tu inspires aussi profondément que possible, et croises enfin le regard de la seule qui a jamais pu vous témoigner un peu d'affection, qui profite de votre isolement temporaire pour poser une main tendre sur ta joue, bien qu'aucun mot ne franchisse la barrière de ses lèvres. Alicia n'a jamais su élever la voix pour vous défendre, après tout, pour quel motif le ferait-elle aujourd'hui ?

Stoïque, comme tu l'as toujours été entre ces murs lugubres, tu la regardes s'éclipser, te laissant quelques minutes de répit dans cette pièce terriblement vide à présent, qui a autrefois été ton refuge. Rien ne t'y raccroches désormais, et tu en arpentes un instant les contours, cherchant à y retrouver une once d'affection. En vain. Tes souvenirs heureux, ils ne sont pas liés à ces pierres ou ces vitraux, mais aux peintures et plantes que tu as emportées, et aux âmes que tu ne côtoieras plus vraiment en ces lieux. La porte se referme en silence derrière toi comme tu t'apprêtes à descendre vers le rez-de-chaussée avec autant d'entrain que si tu t'avançais vers ta tombe. N'est-ce pas un peu le cas ?

Tu ne maîtrises assurément pas l'occlumancie, et t'efforces de répéter en boucle dans ton esprit les recettes de potions sur lesquelles tu travailles ces derniers temps, craignant une intrusion inopinée de votre tante. Dans le plus profond silence, tu rejoins vos parents, et les salue avec la déférence nécessaire. Leur réponse reste aussi froide que d'ordinaire.
Tu n'es que le quatrième. Et toute cette mascarade ne vise qu'à forcer le retour des autres, n'est-ce pas ?

Droit comme la justice, le visage inexpressif et le regard fixe sur un la jointure de deux dalles, tu patientes au pied de ce vaste escalier central, te demandant lesquels de votre fratrie décideront de passer ces lourdes portes.

@Juliet Blackthorn @Victoria Blackthorn @Elizabeth Blackthorn @Cataleya Blackthorn si vous voulez/pouvez (au pire j'en ferai un OS x))

Le sourire de Victoria allège quelque peu le poids sur tes épaules, et tu lui rends l'accolade avec une tendresse que vos tuteurs ne t'ont que rarement vu afficher. Mais à cet instant, tu ne t'en soucies guère et ne te focalises plus que sur elle, petit rayon de lumière et de douceur sucrée dans l'obscurité de ces murs.

« Hey ! Comme tu es élégant Cupcake ! Bon anniversaire. »

Ses doigts desserrent le noeud qui étreint ta gorge et si tu t'efforces de n'en montrer aucun signe, le soulagement qui te traverse est indéniable. Dès lors, ce n'est plus qu'auprès d'elle que tu te montres, pour le reste de cette vaste mascarade qu'est vos fêtes d'anniversaire. Pendant des heures, vous feignez tous l'impassibilité et une servitude certaine face à vos parents assénant leurs directives. Leur vérité.
Tellement éloignée des vôtres.

Les quelques rares mots qui passent tes lèvres ce jour-là sont factices, teintés des obligations que tu te dois de suivre en ces murs. A cette table trop grande, tu ne sais plus quelle est vraiment ta place, et tu n'es même pas certain de vouloir toujours en avoir une. Et en même temps, tu te sais incapable encore de couper tout lien, ne serait-ce que pour la blonde dont les douceurs exquises apaisent au moins tes papilles à défaut de ton âme. Les heures semblent interminables, les commentaires toujours aussi peu glorieux sur chacun d'entre vous ou presque. Ton regard reste invariablement posé sur le verre de vin qui tourne régulièrement entre tes doigts, presque intact, incapable de se décider à croiser celui de tes pairs. Et tu attends l'heure où il te sera autorisé de prendre congé pour gagner la tour de Baby, quelques instants au moins, comme tu le lui as promis il y a un moment déjà.

Enfin tu peux quitter ces pierres lugubres, et si tu offres encore à ta soeur aînée une douce embrassade, tu redoutes déjà ce que tes mots suggèrent en guise d'au revoir.

- A dans une quinzaine de jours, Sugar...