Les bras croisés sur le rebord de sa baignoire pour perdre son âme dans les flammes, Cataleya ne sent plus le froid mordre sa peau, ni même les bougies lui brûler les doigts lorsqu’elle s’attarde trop longuement au-dessus. En dépit de l’effroyable sensation de vide qui se love dans ses entrailles, elle se jure pourtant sentir l’odeur de Nifty tapis derrière la porte de la salle de bain. Hésitant à frapper deux coups pour s’assurer que sa maîtresse ne s’était pas endormie dans les eaux glacées de son berceau. S’il n’était pas mort et dévoré par les vers, sans doute que la scène aurait pu trouver son charme aux yeux de la sorcière puisque, mieux que quiconque, Nifty aurait compris l’état d’esprit de la Blackthorn en ce décembre bien avancé. Hélas c’est les cauchemars et remords qui se jouent de son esprit puisque, au-delà de l’odeur de son défunt elfe, c’est le son des chaînes qui hante l’attention de la lufkin. Inlassablement agités par des loups absents et quelques odieux spectres venu lui rappeler qu’elle ne valait pas mieux que son père. Sans doute aurait-elle dû, une fois de plus, trouver refuge auprès de @Miguel Pajares. Sans doute aurait-elle pu trouver sous ses doigts un peu de chaleur, et sous ses sourires de la lumière mais l’âme s’enfermait dans de bien sombre résolution qu’il ne saurait accepter, et que Cataleya ne pourrait supporter sans période de transition ; Si elle voulait survivre à son retour au manoir familial, alors devait-elle réapprendre à goûter au froid et à la solitude. Retrouver des chemins auxquels son espagnol l’avait arraché pour ne pas se laisser dépérir, là, en haut de sa tour. Le regard écrasé au sol comme sa sœur avant elle.
Aussi, puisque les philtres de paix sont devenu coutumier et inefficaces, puisque la tentacula est aux mains de son aimé pour éviter d’en faire une sirène plus séduisante encore, c’est dans un grondement à peine audible que Cataleya Blackthorn s’arrache aux eaux glacés de sa baignoire pour se convaincre d’une marche. Elle s'est par ailleurs promis de jeter au visage d'Alexander un costume, puisqu'il était hors de question qu'il ose le pas en direction du bal de Yule sans tenue correcte.

Baissant le regard devant les publicités pressant une famille idéale contre un sapin outrageusement décorés, Cataleya plisse le nez devant les décorations de noel et semble volontairement glisser entre les jeux de lumière comme si ces dernières pouvait accrocher sa trop longue cape noire. Elle s'en était pourtant émerveillé, au début, timidement accroché au bras de Miguel. Elles s'en était hautement réjouit quand il lui avait proposé de décorer son appartement, et s'il le regrettait certainement aujourd'hui, force était d'admettre que jamais sa nymphe n'avait paru autant rayonnante qu'assise en pull-culotte au milieu du salon, choisissant soigneusement ses décorations pour surprendre le retour de @Charlie Keir. Pourtant, plus décembre avait avancé ses griffes vers elle et plus la Blackthorn s'en était effrayé. Effroyablement hanté par cette notion de fête de famille, et par le fait qu'elle ne trouvait plus sa place dans la sienne : aussi fort pouvait-elle gratter à leur porte, et aussi désespéré pouvait-elle pleurer. Elle n’était devenu qu’un cadavre sans nom, croupissant disgracieusement sous leurs froids rosiers.
C'est après une trop longue errance et nombreux détour destiné à semer les ombres que Cataleya croit à sa poursuite que la rousse pose finalement pied sur la marina. Elle glisse entre la brume comme un spectre au coin de l'oeil, plaquant contre son cœur une licorne en peluche dont l'entêtant parfum de barbe-à-papa brulé semble réussir à la tranquilliser. Un peu, du moins.

D'un bond silencieux, elle se hisse sur le Blue Sky amarré plus loin, perçant de ses grands yeux bleu la pénombre à la recherche d'un partenaire qu'elle n'a évidemment pas prévenu de son arrivé. Il faut dire qu'elle n'avait, sur l'instant, pas prévu de s'éterniser. Le paquet s'apprête à se poser quand l'oeil de la lufkin accroche une ombre et, réflexe oblige, c'est brutale qu'elle le jette sur celle-ci.

- Tu souhaites ma mort ! Voudrait-elle hurler, mais le courroux peine se traduire entre les sabots de la licorne en peluche. Celle-ci, au contraire, se complait dans un ton monocorde qui insupporte au plus haut point la lufkin puisque chacune de ses phrases perd de sa subtilité. Je t'ai réveillé ?

Les yeux rivés vers le ciel dont quelques étoiles percent les nuages, Alexander fume un joint de tentacula, allongé dans son hamac situé  à la proue du Blue Sky, à l'abri du froid sous une couverture épaisse. Tout est calme. Lui qui passe des journées de folie, ne s'arrêtant que pour manger, apprécie ces moments de solitude et de calme. Bizarrement ce n'est pas un homme à apprécier l'ennui, il aurait même plutôt tendance à fuir cet état, la passivité n'est pas son fort, et pourtant il ressent quelquefois ce besoin de se recentrer sur lui-même.

Il ne sait combien de temps il est resté ainsi avec pour seule mélodie le doux cliquetis des haubans. Il a terminé de fumer depuis un moment lorsqu'un son inattendu se fait entendre : des talons. Et ils se rapprochent de son voilier.
La Blackthorn est de sortie.

Alexander descend de son hamac et attend. Il la voit monter sur le Blue Sky tout en ayant pris soin d'ôter ses talons. Il sourit, satisfait qu'elle ait retenue la leçon. Il se rapproche et est à deux doigts de lui faire "bouh" mais il n'a même pas besoin d'aller jusque là.
Il esquive au passage la chose qu'elle lui a lancé. Il regarde le paquet qui glisse et arrête sa course sur le bord du navire.

"Non, seulement ton petit cul blanc."
Il est amusé de la situation et il imagine très bien le ton qu'aurait employé Cataleya sans sa peluche.

"Je ne dormais pas. Qu'est-ce que tu fais là ?"

Et c'est quoi ce paquet ? Une nouvelle expérience à tester ? Alex n'a qu'à donner un coup de pied et la chose tombe à l'eau.

Le coeur palpite à une vitesse folle pris entre les griffes de sa cage. Elle devrait le maudir sur huit générations, elle voudrait avoir encore son paquet pour retenter sa chance et lui écraser sur le visage, mais elle demeure immobile petite Blackthorn. A fixer Alexander comme un hareng sorti des eaux. L’instant ne dure pas car déjà l’écossais s’arme de blague nulle, et si ses mots poussent sa coéquipière à largement rouler des yeux, c’est dans un jeté de cheveux superbe qu’elle les balaye un poil vexé. Son royal fessier avait depuis bronzé, Moros ! .. Un peu. Un tout petit peu.

- Tu serais déçu Alex, il n’est pas aussi rebondi que celui de tes sirènes.

La tête tout juste émergée de la cape, la peluche fixe intensément le duelliste et accorde à cette blague un sérieux qui arrache une sincère grimace à la Lufkin. C’était cette chose qu’elle devrait jeter au visage d’Alexander, au risque de perdre un moyen d’expression qui ne brulait pas lorsque la sorcière venait à se frustrer. Seul survivant à une vingtaine de golem et collier qui, tous, s’étaient vu tôt ou tard rongé par les flammes.
Passant une main dans ses cheveux encore humide, Cataleya soupire pourtant. Elle ne pouvait décemment pas avouer qu’elle était ici autant par ennui que parce que son petit monde parfait se cassait outrageusement la gueule, aussi se contenta t’elle de suivre le regard du grymm qui lorgnait sur son paquet.

-N’y pense même pas. Parce qu'il irait le repêcher d'un solide coup de pied au fesse s'il osait ne serait-ce que lui faire toucher l'onde. Puisque je sais que tu oserais me faire l'affront de venir en tong au bal, Bal qui vampirise chacune de mes forces, je t'apporte un costume. Comme ça, si tu te pointes en jogging je n'aurait aucun scrupule à t'écraser le visage contre un mur jusqu'à la sortie.

Le ton aurait du se faire chantant mais là encore, c'est dénué d'âme qu'il se pose entre eux. Si mécanique et impersonnel qu'il en vient à rappeler à Quarta que, juste pour ça, elle aurait du rentrer chez elle une semaine après le lancé de cet odieux maléfice.

« Ah parce que tu t’y connais toi en sirène ? »

C’est assez fou comme Cataleya est expressive. Comment a-t-elle fait toutes ces années à rester impassible dans une famille froide, elle qui plisse le nez pour un rien, ou lève le menton dès que son égo est touché ? Ce sont ces petits riens, ces petites mimiques et simples gestes qui permettent de la comprendre sans même avoir besoin de cette peluche. Cela dit, la répartie de la Blackthorn est toujours un délice. Il serait dommage de s’en passer.
Les mains remisent dans les poches de sa veste de jogging, Alex est tout de même méfiant. Bien qu’elle soit expressive, il ne sait ce qu’elle a comme idée derrière la tête. On peut s’attendre à tout avec elle.

Le paquet est proche. Du moins assez proche de lui, pour le mettre à l’eau s’il le souhaite. Un costume ? Oh comme c’est tentant de le voir flotter sur l’eau paisible du port.

« Parce que tu crois que je vais me pointer à un bal ? »

Première nouvelle.

« Allez viens. »

Il va pour s’éloigner afin de l’inviter à l’intérieur, puis amorce rapidement un retour vers le paquet, faisant mine de vouloir shooter dedans. Il peut se le permettre, il sait qu’elle ne peut crier fort au risque de réveiller les marins alentours.
Content de sa blague, il finit tout de même par ouvrir la trappe et entre dans la cabine, tout en laissant le paquet dehors.
D’un coup de baguette, les lumières s’allument, la bouilloire se met à chauffer. Un petit bout de nez sort d’un pull posé en vrac sur son lit. Scylla s’éveille avec la lumière.

« On a de la compagnie ma belle », lui susurre-t-il avant de poser un bisou sur sa tête trop mignonne.
Il ôte sa veste et la jette sur son lit, suivi par un couinement agacé (non ce n’est pas Cat’ mais bien Scylla).

« Thé ? »

Sans même attendre sa réponse, il sort un sachet aux effluves de rose.

Le sourcil s’arque étrangement, comme à l’approche d’une blague qu’on sait nulle par avance mais dont on espère encore le potentiel. “Je tiens de la sirène, c’est évident. Pourquoi aurais-je été reniée par mes parents sinon ? “ Si la Blackthorn se veut hautement sérieuse, le rictus s’étire si superbement dans la pénombre qu’elle abandonne bien vite l’espoir de faire tourner chèvre le futur auror. Le bal est de toute manière un sujet plus intéressant que son engeance abandonnée au fond des eaux, servant de nourritures aux poissons ou vers de vase.


Chassant cette soudaine pensée, l’Orpheline gonfle a poitrine pour amorcer la trop grande énumérations des raisons pour lesquelles Alexander se devait de venir au bal. Son carnet de note étant rempli de croquis moche et d'annotations raturées, elle aurait même pu lui plaquer au visage pour lui prouver par a+b que c'était forcément là, la soirée la plus canon de l’année. Pas le temps de s’en saisir cependant, puisque déjà le grymm la convie à rentrer, et si c’est le plus noblement du monde qu’elle s’exécute, l’horreur se plaque sur sa rétine lorsqu’il charge en direction du paquet laissé au sol. Qu’est-ce qu-... Hey ! La réponse de la lufkin est instantanée puisqu’elle court pour l’intercepter, jetant brutalement sa peluche en sa direction comme pour le dévier : Echec critique. Non seulement Alexander ne comptait pas vraiment jeter à l’eau son cadeau, mais c’est la licorne au parfum de barbe à papa brulé qui tombe dramatiquement par dessus bord. Elle le hait. Elle aurait du lui prendre une foutue cravate pour l’étrangler avec !

Grimaçant un peu, la sorcière rappelle d’un accio silencieux sa marionnette et l’observe goutter grossièrement sur le pont. Super. Elle empesterait le sel marin. La tenant à bout de baguette, Cataleya prend soin de récupérer son costume malmené et rejoint l’écossais dans son trou à rat. Elle plisse les yeux devant l’agressivité soudaine des lumières, dépose le costume sur un meuble mais trouve place loin du lit occupé par Scylla, préférant sécher sa peluche plutôt qu’observer le tendre échange entre le sorcier et l’animal : elle n’avait jamais été doué avec les animaux, et les deux seuls qui avaient réussit à lui arracher amour et douceur étaient porté disparu depuis l’été.

“J’ai besoin de toi Alex, pour cette soirée.” le regard accroché à la licorne, Cataleya la réchauffe de ses mains sans même répondre à cette proposition de thé. “Et tu auras besoin des personnes qui s’y trouveront pour assurer ta carrière. Ca te permettra de m’acheter du thé en vrac, et pas en sachet… Deux sucres ; j’ai besoin de rester éveillée.”

"J'ai besoin de toi Alex."

Le Grymm lève un sourcil. Avoir besoin de lui pour nettoyer sa maison après un assassinat engendré par sa folle de mère, ok. Avoir besoin de lui pour partir en expédition loup-garou, ok. Mais avoir besoin de lui pour aller à un bal ? Là, non, il ne voit pas. C'est une Blackthorn après tout. Elle a grandit dans ce milieu mondain. Lui, il ne connaît pas, ou très peu. Alors, il ne voit vraiment pas comment il pourrait l'aider.
Le deuxième argument est un peu plus valable déjà. Il sait en effet que cela peut lui permettre de créer des liens professionnels. Mais il n'est pas du genre à faire des courbettes alors il préfère créer ces liens dans un autre contexte.

"Pas de sucre."

Il ouvre un placard en bois verni situé au dessus du petit plan de travail et sort un pot de miel. Et comme elle fait peine à voir, il lui sort des biscottes.

"Ça ira pour la demoiselle ?"

Il jette un oeil sur la peluche trempée. Il n'avait même pas fait gaffe qu'elle était tombée à l'eau. Dommage le paquet est toujours là. Il prend sa baguette et grâce à un sort, elle sèche aussitôt.

"Tu t'es vraiment décidée en pleine nuit à venir me voir seulement pour me parler d'un bal ?"

Oui, il tente de dévier la conversation. Il sait qu'elle en est parfaitement capable. Mais il y a aussi la possibilité qu'elle souhaite autre chose. Il sert les deux tasses, prend la sienne et va s'asseoir sur son lit. Scylla n'est plus là. Elle a dû aller se planquer dans un coin. C'est comme ça la plupart du temps lorsque Cat' vient chez lui. La rate flaire l'animagus et s'en méfie, d'autant plus depuis qu'elle lui a fait face.

La moue se forme étrangement lorsque tombe l’absence de sucre, autant parce qu’il lui semble inconcevable qu’une cuisine puisse manquer d’une denrée aussi basique que le sel, que parce qu’Alexander ne répond pas à ce qui était vraisemblablement un appel à l’aide. Un S.O.S bancale et pas franchement osé, mais qui lui tenait sur l’instant effroyablement à coeur. Elle avait passé l’automne loin des mondanités de son enfance, et si elle s’était rendue malade sur celles des Nymphes, s’exposer de nouveau sur la scène médiatique lui laissait sur la langue une amertume qu’elle ne saurait identifier. Quelque part sans doute appréhendait-elle car il s’agit là de sa dernière chance de renouer avec les bonnes grâces parentales ; faire ses preuves pour pouvoir rentrer dignement avant les fêtes de fin d’année.
La pupille vacille devant la pitoyable image d’elle-même qui se dessine, là, sagement assise dans le froid, devant les trop haute grilles du manoir en espérant qu’on daigne lui ouvrir. Si elle ne parvenait pas à puiser tout ce qu’on attendait d’elle, alors la laisserait-il crever dehors. Roulée en boule comme un vulgaire chien sans collier.

" Ça ira pour la demoiselle ? " Le regard trébuche sur le miel et les biscottes, un peu surpris il est vrai. Il y a quelques années sans doute s’en serait-elle offusquée -comment osait-on lui proposé des biscottes sèches ?- mais l’attention était douce et bienvenue. Sans un mot elle acquiesce mais la moue se fait presque dévastée lorsqu’Alexander vient à sécher d’un bref et banal coup de baguette sa peluche. Elle, elle avait été incapable de le faire. Si l’absence de voix avait développé quelques informulés, force était d’admettre que le niveau n’était définitivement plus le même. Ce n’était pourtant pas faute de lever ses grands yeux bleus vers Miguel en lui demandant de la malmener lors de duel, ou bien de réviser plus que mesure puisque Sainte Marie la cantonnait maintenant à des tâches tant basiques que ça en était profondément insultant, mais le constat demeurait là. En cinq mois elle n'avait ni été capable de lever son maléfice, ni de compenser véritablement les pertes engendrées.

“ C’est gentil. “ Offre pourtant poliment la licorne lorsque la lufkin se redresse et vient se hisser sur le plan de travail ou repose son thé, le miel et les biscottes. “ Je sais que tu rêve chaque jour de m’entendre dire que je suis venue parce que tu me manquais, mais tu as ce soir le choix entre l’option “je m’ennuyais”, “oui, je viens pour le bal” et “je n’arrivai pas à dormir donc je suis venue te réveiller”. T'as le droit à un bisous sur la joue si tu trouves la bonne réponse. “

Les jambes balançant machinalement dans le vide puisque contrairement à lui, Cataleya était minuscule, la rousse étale précautionneusement son miel sur sa tartine et s'octroie le sacrilège de la plonger dans son thé. “ Comment s'est passé ta journée ? “ Ok. Elle n'était clairement pas venue parler bal en fait.

Le souffle du marin crée de mini ondulations sur le liquide chaud. Tenant sa tasse entre ses mains, assis en tailleur, il écoute la princesse.

« Je dirais les trois options... »

Il trempe ses lèvres dans la boisson chaude mais en ne la quittant pas des yeux. Après avoir avalé cette première gorgée, et constatant qu’elle ne bouge pas son arrière train pour venir lui faire un bisou, il rajoute :

« Et je te manquais. »

Il lui offre un léger sourire, le regard taquin. Mais elle ne bouge toujours pas. Au lieu de cela, elle part sur une autre conversation. Du moment qu’elle ne lui parle plus de ce bal à la con…

« Plutôt bien. Une journée de cours intéressants. J’ai croisé Charlie dans un couloir, je lui ai lancé une blague, il a sourit. »

Autant dire que cela a fait plaisir au gaillard. Depuis qu’il a vécu cette pleine lune avec eux, il sait qu’il a merdé en s’éloignant d’eux, et surtout de Charlie. Alors il tente de recréer le lien qu’ils avaient. Et vu qu’ils apprécient tous deux l’humour noir, il tente via ce domaine.

« Après ma journée de cours, séance de sport, puis rédaction de ma thèse. Rien de bien passionnant dit comme ça, mais franchement oui ce fut une bonne journée. »
Une journée quelque peu banale par rapport à ce qu’ils pouvaient connaître avec les Capes Noires, mais pas moins enrichissante.

«  Et toi ? Qu’est-ce qui t’empêche de dormir ? »

Allez, vide ton sac Blackthorn.

« Je dirais les trois options… » Le sourire s’esquisse mais se noie dans les effluves de rose et miel, plus encore lorsque le grymm vient ajouter à cette liste un manque qu’elle s’efforce de balayer d’un roulement de regard exagéré. Pourtant aucune des hypothèses ne parviennent à la ramener au lit du Grymm ; peut-être avait-elle une vision trop claire des réactions que celà provoquerait chez Miguel, à moins que ce soit celles de Moros qui pincent ses plus cruelles appréhensions ? L’oeil se fait pourtant reconnaissant lorsque le grymm s’attarde sur ce banal échange avec Charlie, pleinement conscient des difficultés que pouvaient trouver l’un et l’autre à renouer. Mais n’était-ce pas leurs cas à tous, au final ? L’espace d’une seconde, le regard céruléen de la nymphe se laisse entraîner par les sillages du parquet, se remémore cette promesse faite à Charlie puisqu’elle n’avait que trop attendu. Mais elle voulait bien le voir faire, petit Keir ! Tendre au pire des quatre des faits qui le ferait frémir de colère. “Et toi ?” La lufkin plonge ses lèvres dans son breuvage pour gagner un peu de temps, mais finit par doucement se mettre à genoux sur le plan de travail pour accéder aux placards et ranger miel et biscottes. Et toi, Cat ? Qu’est-ce qui t'empêchait de dormir ?

“Je pourrai répondre que c’est la seule image de toi, en jogging au bal, mais ça serait mentir.” D’un geste tranquille, elle textote à Charlie qu’elle lançait l'opération “Attachons Alex sur un mât” et que si elle disparaissait, il serait certainement coupable.

Si l’expression se veut complice, c’est d’une démarche purement féline que la rousse se décide à approcher. Se maudissant déjà de devoir envisager de telle fourberie pour dialoguer, mais clairement pas assez convaincue de l’efficacité du joint -dont l’odeur maculait les doigts du grymm- pour croire que Moros la laisserait finir sans la jeter par dessus bord. Le genoux se pose alors sur le matelas, la main dépossède Alexander de sa tasse -la pose plus loin pour éviter qu’elle ne se renverse- tandis que déjà l’autre l’invite à d’une simple pression à choir dans le lit.

“Je voulais qu’on parle, toi et moi.” Souffle la peluche tenue plus loin, sans que Cataleya ne détourne son bleu regard des océans qui composent celui d’Alexander. Ce serait à dire vrai signer son échec puisque nécessairement il coulerait sur le sac à main qui lui collait le flanc, et sur la corde enchantée qui y résidait. Elle n'avait jamais cru pouvoir ainsi détourner un cadeau tiré du calendrier de @Inès Saouli mais la situation sembla sur l'instant l’exiger puisque, n'étant pas de taille à rivaliser, la Blackthorn comptait sur l'effet de surprise pour immobiliser le futur auror. “Et il se peut que tu me manquais, un peu.” Conclue t'elle en déposant ses lèvres sur la joue du duelliste.

Alexander esquisse un léger sourire en écoutant la réponse de la rouquine. Il l’observe ranger ce qu’il avait sorti pour elle, tout en buvant son thé. Elle ne répondait pas à la question. Il s’attarde un instant sur sa chevelure qui glisse sur ses épaules comme des vagues en fonction de ses gestes.
Evidemment que cette excuse n’est pas valable : d’une part parce qu’il ne viendra pas à ce bal, et puis ce n’est pas le genre à s’habiller en jogging autre que pour faire du sport. Il ne s’appelle pas Lewis Barghest.

La demoiselle change de comportement. Elle devient féline. Elle avance vers lui, et McCandless arque un sourcil. Qu’a-t-elle donc derrière la tête ? Sa main, légèrement plus froide que celle du Grymm, prend sa tasse pour la poser par terre. Il la laisse faire.
Il entend Scylla gratter quelque part sous un meuble mais ne s’en occupe pas. Il est surpris de l’attitude de Cataleya. Allongé sur le lit, un genou relevé, il se demande bien à quoi elle est en train de jouer.

Il ouvre la bouche pour lui demander le sujet dont elle souhaite parler mais elle vient déposer un baiser sur sa joue. Son coeur rate un battement.

« Hey, tu sais, je ne suis pas mourant... »

Il est quelque peu décontenancé le grand séducteur. Il ne sait comment accueillir tout ceci.

« De quoi veux-tu parler ? »

Il a vraiment besoin d’être allongé pour ça ? Il tente l’humour, il se rattrape à ce qu’il sait faire, surtout avec elle.

« Mes cicatrices te manquent c’est ça ? Tu as besoin de te rincer l’oeil la princess... »

Il ne l’a pas vu venir. Il se retrouve tout à coup les mains liés. Et là, il y a anguille sous roche.

« Mais à quoi tu joues Cat’ ? »

Il se redresse et tente de se libérer. Il n’a pas eu vent de ses goûts pour des jeux sexuels de la sorte. Et puis même, elle le tenterait avec Miguel non ? Pas avec lui ! Il ne sait absolument pas où elle veut en venir, et il n’aime pas ça.

Si Moros n’oppose aucune résistance, sa consoeur comprend sans mal que l’approche le trouble autant qu’elle la perturbe elle-même; c’est qu’il parle beaucoup l’écossais, et que Cataleya n’est pas tout à fait certaine de ce qu’elle fait. Le regard plongé au plus profond de son âme lorsqu’il s’essaye à plaisanter, il ne voit pas cette odieuse corde -vipère enchantée- se jeter sur ses mains pour entraver ses mouvements. Si le reflexe ne tarde pas et que le grymm se redresse, c’est pleinement douce que la sorcière pose ses mains sur ses épaules avant qu’il ne se mette pleinement debout, trouvant habilement le chemin de ses genoux pour y siéger souveraine. Le coeur est pourtant effroyablement serré, et le regard rendu anxieux par ce qu’elle s’apprête à lui avouer.

“ Je t’ai dit vouloir discuter, Alex. ” souffle la peluche, la tête subitement tourné vers le sorcier. “Et je sais que si je te laisse libre de tes mouvements tu chercheras au mieux à me jeter par dessus bord, au pire à m’étrangler. Sauf que j’ai vraiment besoin que tu me laisses finir. C’est à propos d’un loup.”

Quelque part sans doute espère t’elle que cette dernière mention le convainc de s’immobiliser. D’une main tranquille, la Blackthorn dépossède le duelliste de sa baguette et la pose à côté de sa tasse encore fumante, y joignant la sienne autant pour abaisser la pression que lui démontrer que le temps n’était pas à l’agression. Elle soupire pourtant un peu en réajustant sa posture sur le grymm puisque bien moins assurée que lorsqu’elle se hissait encore à califourchon -en février- pour le soigner. Il lui suffirait d’une simple impulsion pour la faire basculer, elle s’en rend bien compte, mais le regard s’accroche avec tant d’intensité au siens qu’elle en oublierait presque cette variable. Aussi préfère t’elle apposer une main sur la joue du duelliste, la caressant du bout du pouce comme pour désespérément tenter de l’appaiser. Sans doute le serait-il plus s’il était pleinement libre de ses mouvements, mais Cataleya le savait parfois un poil trop impulsif, et pas sûre qu’il ne finisse pas le travail entamé par @Jolan Wauters lorsque, cette nuit de pleine lune, il avait tenté de la dévorer.

“Je te jure de te détacher juste après, et que tu pourras hurler autant que tu le voudras.” Reprend t’elle en ramenant ses cheveux en un grossier chignon. “Sauf si tu aimes être attachés, mais au vu de ton expression ça n’a pas l’air d’être ton truc….”

McCandless de nouveau assis sur son lit, tente de se libérer de la corde. Mais plus il essaye de s’en défaire, plus elle se serre, jusqu’à commencer à lacérer sa peau.

“ Je t’ai dit vouloir discuter, Alex. ”

Mon cul ouai. On ne discute pas en ligotant les gens Blackthorn ! En fait, elle veut faire son monologue. Non mais rien que ce qu’elle fait le met en colère déjà. Et elle ne veut pas passer par dessus bord ? Non mais il va se gêner ! Mains liées ou non.
Il faut juste qu’il se calme et prenne sa ba...Ah bah non. Elle est assez futée pour la lui retirer. Il souffle le gaillard. Il n’aime pas ça. Mais bon, elle a parlé d’un loup. Serait-ce de Charlie ? Que s’est-t-il passé ? Voilà, elle a réussit à attiser sa curiosité. Néanmoins cette corde ne le met pas dans la plus grande clémence.

« Parce que c’est le tient ? C’est bon à savoir Blackthorn... »

Il se fera un plaisir de lui rendre la pareille. Il tente de se calmer. Dans d’autres circonstances, il aurait pu aimer cette situation. C’est qu’elle se fait douce la rouquine et ce n’est pas désagréable. Mais il serre les poings, et le peu de mouvement suffit à la corde à se resserrer un peu plus. Il se demande bien où elle a dégoté cet accessoire, mais finalement, venant de Cataleya, est-ce bien surprenant qu’elle ait cela sous le coude ?

« Allez dis ce que tu as à dire, qu’on n’y passe pas la nuit. C’est au sujet de Charlie ? »

« Parce que c’est le tient ? [...] » Elle voudrait rire Cataleya, où du moins arguer que volontairement céder le contrôle à quelqu’un de confiance pouvait parfois se montrer grisant à souhait. Hélas ce n’était ni de gré, ni bien volontaire que Alexander se tenait, et s’il ne la bascula pas soudainement sur le lit pour se libérer de sa maigre carcasse, l’air singulièrement farouche qui pesait sur ses traits ne trompait pas la Blackthorn. Elle le paierait ; jeté à l’eau ou détestée. Qu’importe à dire vrai puisque déjà ses mains blanches pesèrent doucement sur les épaules du grymm pour le recoucher contre ses draps. Pas même déconcentrée par l’inlassable grattement derrière un meuble situé sur sa droite.

« J’en ai capturé un, de loup. En mars dernier. » Ca tombe plus facilement que face à Charlie, mais peut être parce que la Blackthorn savait ne pas avoir le luxe de trainer. Ou peut-être avait-elle déjà accepté la colère de McCandless quand face au gris elle espérait encore ne pas trop couler dans son estime. « J’étais seule et il a débarqué au manoir, avec un corps dans la gueule.»

Si elle ne peut délivrer son discours avec l'aplomb qui lui sied généralement si bien, le regard gagne en intensité lorsque leurs visages se voient coupé du monde par un chignon venu maladroitement lâcher. Un rideau de flamme s'érige autour de leurs visages, et une main sur le matelas, l’autre encore posé sur l’épaule du grymm, Cataleya reprend le fil de son récit.  

« Je ne pouvais pas le laisser roder, moins encore avec un cadavre, et je ne pouvais pas appeler les autorités sans quoi elles auraient fait le lien avec Charlie… Alors je l’ai capturé.» Les mots tombent en un rythme régulier, comme de petit marteau frappant une lame. Inflexibles devant les mimiques et sursauts faciaux, autant pour ne laisser au grymm aucune chance de la stopper dans le récit de cette sombre épopée, que de la perturber. Elle qui, à califourchon sur lui, semblait presque basculer dans les tempêtes de son regard.

« J’en ai capturé un, de loup. En mars dernier. »

McCandless fronce les sourcils. Il sait très bien de quel genre de loup elle parle. Le genre de bestiole qui ne fait pas bon croisé un soir de pleine lune. Elle en a capturé un avec qui ? En mars dernier ?! Et elle attend fin décembre pour lui en parler ?

« J’étais seule et il a débarqué au manoir, avec un corps dans la gueule.»

Oh là ça chauffe. Il ne peut laisser s’échapper un « QUOI ?! » tonitruant.
En mars dernier, elle s’occupait de Keir et de ses transformations. Si un loup a débarqué au manoir, elle était avec Charlie non ?
Les cheveux de Cataleya se délient et son regard plongé dans le sien, penchée au dessus de lui, il ne peut s’empêcher de la trouver jolie...mais aussi incroyablement STUPIDE !
D’un coup de rein, le gaillard renverse la demoiselle sur le côté, et les rôles s’inversent. Il se retrouve assis sur la rouquine.

« Et tu ne pouvais pas m’appeler Blackthorn ?! PUTAIN, TU T’ES RETROUVÉE FACE A UN LOUP ! Et où était Barghest ? Je croyais que vous étiez tout le temps à deux ! »

Il se relève, horrifié par ce qu’il vient d’apprendre, et complètement en colère contre elle.

« Je peux savoir comment tu t’y es prise pour le capturer seule ? »

Et puis cette corde là qui l’agace au plus au point !

« Et enlève moi cette putain de corde, sinon je m’en charge moi-même ! »

Non mais c’est vrai quoi, depuis le temps qu’ils se connaissent, elle sait très bien qu’il ne porterait jamais la main sur elle. Elle a peur de quoi exactement ? S’il veut la jeter par dessus bord, il peut très bien le faire avec les mains liées.

Si la Blackthorn se doutait finir couché sur le matelas, la subite bascule de leurs corps la surprend tout de même. Elle grimace, pleinement coincée sour ce corps, et le regard s’écarquille un peu devant les cris. Si elle l’avait pu, sans doute aurait-elle aligné son ton sur celui de l’écossais, armant entre ses dents que si elle ne l’avait pas appelé, c’est que déjà à l’époque Moros aurait dû se trouver sur place. A ses côtés. Heureusement sans doute, la fureur du grymm est telle qu’elle n’a aucunement l’occasion de verser dans l’attaque ou défendre Lewis puisque déjà le duelliste se redresse, tirant sur la corde qui demeurait inflexiblement agrippé à ses poignets. En face, c’est d’un mouvement faussement calme que Cataleya récupère les baguettes et referme ses doigts blanc dessus, lorsque Alexander lui réclame libération. Et pour la première fois depuis longtemps, elle hésite. Le regard soutient pourtant sans faillir le sien puisqu’elle sait que la capture n’était que l'entame d’une soirée bien plus horrifique. S’il virait fou maintenant, elle n’imaginait pas à l’entente de la suite.

“J’ai utilisé mon sang et un sortilège de l’Imperium.” Ca tombe soudainement, presque assuré, quand bien même les mains se raccrochent à leurs deux baguettes pour se donner un peu de courage. Le regard coule une nouvelle fois sur les mains liés du grymm mais si les doigts blancs de la Blackthorn viennent à se tendre pour initier un geste, c’est inflexible qu’elle se ressaisit. Après, se jure t’elle. “Je l’ai conduit dans la cave et l’y ai attaché. ” Devait-elle mentionner que le mur avait fini par céder sous la furieuse frénésie de la Bête et qu’elle avait arraché tout un pan de murs dans sa lutte pour la liberté ?

“J’ai fini par réussir à le sédater, j’ai fais de même pour Charlie, et je l’ai déplacé dans l’atelier de peinture pour ne pas qu’il assiste a…” La moue se referme mais en aucun cas le regard ne trouve la faiblesse de se baisser. C’est qu’elle craindrait presque que le grymm se jette sur elle et que le temps n’est pas à la garde basse. “Alex.. Nifty n’était pas le premier corps que j’ai fais disparaitre. ”

Elle déglutit difficilement mais mime cette froide noblesse, parfait mélange du port de tête trop haut de Claudia et de la terrifiante inflexibilité d’Aloysius. Un instant du moins, car la pupille tremblant bien trop pour que tout ceci gagne en réelle cohérence : elle tente de se donner du courage, surtout.

“J’ai utilisé mon sang et un sortilège de l’Imperium.”

Son coeur rate un battement. Elle a fait quoi ?! Il a bien compris là ? Elle a utilisé son sang pour appâter un loup-garou ? Si McCandless n’était pas autant en colère, peut-être aurait-il blêmi rien qu’à l’idée qu’elle ait pu faire une telle chose...seule. Un frisson lui parcourt l’échine, rien qu’à l’idée qu’elle ait pu mettre sa vie autant en danger, rien qu’à l’idée que ce loup aurait pu la faire disparaître pour toujours. MAIS ELLE AVAIT QUOI DANS LE CRANE ?!

“Je l’ai conduit dans la cave et l’y ai attaché. ” 

McCandless ferme les yeux, sinon il a l’impression qu’il va la pulvériser rien qu’avec son regard.
Il se tourne vers le plan de travail, et pose ses mains dessus. Il sait que le récit n’est pas terminé. Le sang pulse dans ses veines, dans ses tempes. Son coeur tambourine dans sa poitrine. Il a une envie furieuse de faire la peau à un loup-garou. Putain, celui-ci avait un corps dans sa gueule ! Il entend vaguement la suite, perdu dans ses propres pensées concernant ce loup. C’est un meurtrier…Qui est-il ?

« Alex.. Nifty n’était pas le premier corps que j’ai fais disparaître. ”

Il ne réagit pas. Concernant le corps, il aurait fait la même chose. Pour protéger Charlie. Mais se dire qu’elle a fait ça toute seule, ça le tue. L’image d’une Cataleya s’ouvrant les veines face à ce monstre prend toute la place dans son esprit.

Et ces cordes qui lui font maintenant mal...
Tout à coup, il frappe d’une telle force sur le plan de travail en bois que la matière en garde une trace.
Il se tourne vivement vers Cat’ et la plaque de nouveau sur le lit avec un genou, prenant sa baguette au passage des deux mains. Il savait de toute façon qu’elle ne pouvait utiliser la sienne, et qu’elle ne faisait pas le poids face à lui. Il se recule et pointe la baguette du mieux qu’il le peut vers le cordage.

« Diffindo. »

Le sortilège coupe la corde en deux, mais la tension engendrée par celle-ci et relâchée d’un coup fait dévier la trajectoire du sortilège. Il se retrouve donc avec une coupure au niveau de la clavicule. Un peu plus, et c'est le cou avec l'artère qui était touchée. Le sang commence à perler. Mais il s’en fout. La baguette en main, les poignets rougis et ensanglantés, le regard menaçant, il ferait presque peur le gaillard.

« A quoi ressemble ce loup ? »

Ayant conscience qu’il peut vraiment faire peur, il range sa baguette dans sa poche arrière. Il a beau être en colère, il ne la pointera pas vers Cataleya.
En entrant dans les forces publiques, jamais il n'aurait pensé être autant en lien avec les lycanthropes. Finalement, il aurait peut-être dû se lancer dans une carrière au sein de la brigade de régulation des loups-garou.

Le regard agrippé à ce lion en cage, Cataleya s’efforce de ne pas faiblir. Le discours s'enchaîne en dépit des mains qui se posent sur le plan de travail, en dépit de cette fureur croissante qu’elle ne peut que deviner mais qui lui ordonnait pourtant de se taire. C’est que déjà, la griffe d’un odieux frisson lui court sur le dos et remonte jusqu’à la nuque, figeant un peu plus la rousse sur place. L’espace d’une seconde, pourtant, et puisqu’elle n’a pas à soutenir l’enfer qui ronge le regard de l’écossais, la Blackthorn croit au retour au calme. Espère, du moins. Ses lèvres se pincent, la main prend appui sur le matelas pour amorcer en mouvement mais subitement le meuble sursaute dans un bruit effroyable. Et elle le voit, cet implacable titan fondre sur elle dans une envolée furieuse. Plaquée au lit, le souffle un peu coupé par ce genoux brusquement pjeté sur elle, le coeur s’accélère et le regard s'agrandit. La peur s’insinue dans les veines mais aiguise les réflexes alors, c’est franche et vive qu’elle tente de saborder cette reprise de baguette. Dans un grondement difficilement articuler, et en dépit de la douleur qu’il arrache à sa trachée, la Blackthorn tente de se libérer en roulant sur le côté sans pourtant y parvenir. Le rapport de force était inégal, et l’expérience plus encore. Elle s’acharne pourtant, bien loin de ces fois où elle tentait de chipper la baguette de Miguel pour voir qui était le plus rapide ; Cherchant définitivement à balayer cette arme, comme si celle-ci pouvait se retourner contre elle.

Alex se recule baguette en mains avant que le pied de sa partenaire ne puisse frapper sa cuisse, mais déjà le sortilège tonne. Cataleya sifflerait presque entre ses dents, frustrée, mais se laisse surprendre par la brutale déviation du sortilège. Il faut dire que l’angle et les conditions d’exécution n’avaient rien d’optimal. La pupille se fige sur le sang mais avant qu’elle ne puisse se redresser, l’inspiration devient difficile. Si elle a l’oeil farouche et les cheveux défaits, furieuse méduse aux ondulations chaotiques, Alexander lui semble plus que jamais gigantesque. Chacun de ses mots semblent se répercuter contre les murs étroit de la cabine et, une seconde du moins, la Blackthorn s’attend à ce que les vagues dansant sous la coque ne se gonflent de fureur pour l'engloutir elle, et ce loup ayant pris la fuite.

“ N’y pense même pas. “ La voix qui sonne derrière le grymm déraille sous les furieuses pensées de sa marionnettiste et sonne pleinement inadaptée en comparaison de la posture qu’adopte doucement celle-ci. Ramassée sur elle-même, non pas par peur mais bel et bien prête à bondir. Elle sait qu’il pourrait quitter le bateau à l’instant même ou elle lui donnerait une description, mais plus encore un nom qui lui faciliterait amplement la tâche, et elle s’était tant effrayé sur cette effroyable nuit qu’il était hors de question de le laisser se perdre en pleine nuit avec de folles idées tapis sous les tempêtes de son âme.

La baguette se baisse pourtant, et enfin Cataleya les voit, ces odieuses lacérations. Le coeur se serre cruellement mais ne désenhardissant pas, elle vient à se rapprocher. Ses doigts se resserrent autour du poignet droit quand l’oeil accroche déjà la clavicule, et c’est d’une douce chaleur qu’elle lève les premières marques du cordage. “ Gris. Il était gris. Tu pars maintenant et je jure que je te mord. “

Heureusement que le capitaine de bord avait pris soin de protéger ce qui pouvait se passer à l’intérieur, des oreilles alentours. Grâce à un sortilège, ce qui est dit (ou hurlé) reste dans la cabine du navire et n’en sort pas. Ainsi toute la colère exprimée n’atteint pas les voisins paisiblement endormis ou les passants nocturnes.
McCandless se tenant debout, les muscles tendus, les poings serrés, le front perlant de sueur, le regard de Moros en puissance, est impressionnant. Il pourrait donner des sueurs froides à un quidam le rencontrant ainsi.
Il a le regard assassin, et les pensées qui vont avec, mais il n’en est pas un. Fort heureusement, c’est un homme qui a reçu une éducation pleine d’amour et de valeurs suffisamment ancrées qui lui permettent de ne pas en devenir un. Pourtant la corde est raide, et fine, d’autant plus dans une telle situation.

Il ne veut pas effrayer Catalina, alors il range sa baguette. Il vient tout de même de la reprendre par force. Et même s’ils s’amusent de temps en temps avec des jeux de mains et de « bagarre », il n’aime pas l’utiliser contre elle pour d’autres desseins.
La colère lui embrouille l’esprit. Il aimerait tellement pouvoir garder son self-contrôle mais c’est trop difficile.
Elle savait qu’il allait réagir ainsi, puisqu’elle avait pris la précaution de lui retirer sa baguette.

“ N’y pense même pas. “

Oh si, il y pense. Il ne pense plus qu’à ça d’ailleurs. A ce loup-garou, à ce meurtrier qui reste impuni.
Il attend. La Blackthorn se lève et vient vers lui, lentement, comme si elle s’approchait d’un animal sauvage qui lui était pourtant familier.
Sa main se pose sur le poignet endolori du sorcier et aussitôt il ressent une douce chaleur, apaisant la douleur.

“ Gris. Il était gris. Tu pars maintenant et je jure que je te mord. “

Elle en est capable la dragonne, il le sait. Mais elle ne fait pas le poids face à lui, et ce n’est certainement pas une morsure qui pourrait l’arrêter. Ses pupilles se dilatent, et ses mains enserrent sur les épaules de Cat’.

« Gris ?! Un loup gris ?!! »

Il augmente la pression exercée sur les épaules de la Lufkin. Il a une envie folle de la secouer et ses mains le font même sans en avoir réellement donné l’ordre.

« MAIS PUTAIN BLACKTHORN ! UN LOUP GRIS ! »

Mais quelle sotte, quelle irresponsable, quelle imbécile !!

« Ça ne t’es pas venu à l’idée que cela puisse être le MEME loup-garou ?! »

Il la relâche vivement, prend la peluche licorne et la balance contre une paroi du bateau. De rage, il pousse un cri. C’est qu’un loup-garou gris ET meurtrier, il n’y en avait pas non plus trente-six à Inverness.
Il souffle, comme un taureau pris en étau avant d’entrer dans l’arène.

« POURQUOI TU NE M’AS PAS APPELÉ  ?!! »

Il réitère la question car cela lui semble tellement inconcevable qu’elle ne l’ait pas fait.
Il tourne comme un lion en cage, les mains derrière sa nuque, et s’arrête net de nouveau face à Cat’.

« Attends une minute...Tu sais qui est derrière ce loup non ?! »

Si elle a réussit à le capturer, elle a dû faire la rencontre de cette personne maudite et sans scrupules.

Autant secouée par les mains du grymm que par la colère qui l’assaille, Cataleya soutient l’enfer de son regard sans ciller. Quelque part sans doute attend t’elle que la tempête passe puisque déjà ses mains trop blanches tentent de remonter sur la clavicule du géant pour la soigner. A moins que ce soit pour détourner son âme d’une perspective qui la hantait depuis l’attaque ? Et si le loup qui avait attaqué Charlie était vraiment Jolan ? Elle n’en savait rien, n’ayant qu’entre-aperçu celui qui avait mordu Charlie, mais savait que cette seule idée -pas même nourrit de preuves- pourrait pousser Moros au pire. Les lèvres se pincent pour ne pas faiblir mais le corps se tasse un peu face à la violence du cris qui lui perce subitement les tympans, autant que la vision d’une peluche écrasée de rage contre un mur. Et alors qu’il souffle, terrible minotaure sur le point de charger, alors que Cataleya glisse ses doigts autour des lacérations de la corde pour les panser, c’est un ultime cri qui referme subitement sa poigne autour de son cœur et de ses viscères.

Pourquoi elle n’avait pas appelé ..?

Les traits se déforment sous la colère et si la Blackthorn ne peut plus pousser ses cris de harpie, c’est dans une fureur toute singulière qu’elle semble s’étrangler. Pourquoi elle n’avait pas appelé ?! Le sourire se fait sardonique. S’étire sous des canines qu’elle repousse de sa langue avant que la voix de sa pauvre peluche malmenée ne s’impose à grand cri, là, dans un rythme décousu et volume rendu anarchique par sa chute.

“ Tu nous as abandonnés aux pleines lunes ! Tu deviens fou quand on évoque le moindre loup ! Je n’avais pas besoin d'avoir une troisième bête assoiffée de sang à gérer ! Ou pire ! Que tu me répondes un “désolé, j’ai autre chose à faire” parce que tu tremblais de peur à l’idée de voir Charlie sous forme lupine ! “

La voix déraille tant que la peluche, trainant désormais au sol, semble prise d'étranges convulsions sous les sursauts de la magie à laquelle elle est astreinte. Elle couvre sans mal la question du futur auror pour retarder l’inévitable, mais déjà la Blackthorn s’obstine à barrer le chemin de l’écossais pour l'empêcher de partir.

“ Regarde toi ! Si je te donne ce nom, tu mettras quoi ? Quinze minutes pour le retrouver ? Trois pour lui foutre ta baguette sous le nez ? Bon sang Alex ! C’est vraiment ça, l’homme que tu veux devenir ? “ Le corps se dresse entre lui et la sortie, mais consciente qu'il la repoussera sans mal, c'est à l'orgueil et au cœur que la Blackthorn s'attaque. “ On dirait mon père. ”

Et si dans son amour malade elle avait fait d’Aloysius l'homme de sa vie, la comparaison n'avait ici rien de flatteuse. Bien au contraire : Papa Blackthorn se faisait aussi sadique que fou lorsqu'il posait le pied sur le chemin de la colère.

Aveuglé par la colère, McCandless ne la voit pas venir sur les traits de la rousse. La voix sans intonation s’élève. Les mots, il les entend à peine. Il mourrait d’envie de retrouver ce loup-garou et de lui faire la peau. C’est une boule d’énergie prête à faire des dégâts. Ce putain de lycan avait atteint Charlie, tué une autre personne, et menacé Cataleya. Combien de cadavres traîne-t-il derrière lui ? Et ce qui le rend fou c’est qu’il la cherché, traqué pendant toutes ces pleines lunes, alors qu’il s’est lui-même rendu au Black Manor. Il était passé à côté.

Il faut que justice soit faite, pour Keir, pour tous les autres. Pourquoi attendre ? Cataleya possède certainement la dernière clé qu’il lui manquait pour le retrouver : son identité.
Mais celle-ci se pose devant la sortie. N’a-t-elle pas encore compris qu’il peut tout de même passer ? Il lui manque juste le nom.

Le peluche par terre continue de parler, tandis que McCandless se trouve devant une Blackthorn agitée et déterminée à ne pas le laisser sortir. Elle tente de lui faire la moral, il souffle, s’impatiente.
Puis c’est la douche froide. Ce n’est pas ce qu’il attendait. Il voulait le nom du lycan, elle lui donne la pire référence qui puisse exister pour lui : Aloysius Blackthorn. Il n’en revient pas qu’elle puisse le comparer à cette pourriture.
La jeune femme ne fait pas le poids face au gaillard, mais elle sait manier les mots et en faire des armes. Et elle fait mouche la rouquine. Le coeur d’Alex se serre face à cette insulte. Même une gifle aurait eu un moindre impact que ces mots.
Silencieux pendant un instant, il se perd dans le regard de la Blackthorn. Le pense-t-elle vraiment ? Si seulement il était légilimens, tout serait tellement plus simple : il lui suffirait d’aller chercher les réponses lui-même dans son esprit.

-Je n’ai rien d’Aloysius Blackthorn. Comment oses-tu me comparer à lui ?

Le Grymm a arrêté de crier, mais le ton est empli de dégoût.

Il se sent cloué au sol, incapable de bouger. Est-ce réellement ainsi qu’elle le perçoit ? La température ambiante a beau être élevée dans la cabine avec toute l’agitation précédente, cela lui fait froid dans le dos.

-Jamais je ne lèverai la baguette vers toi pour te menacer, ou pour te torturer afin de te remettre dans le droit chemin. Jamais je ne ferai de mal par pur sadisme.

Il frotte son front d’une main, tout ceci commence à lui donner mal à la tête.

-Tu ne comprends pas que mon but est le mettre hors d’état de nuire et de réclamer justice ? Cela fait des mois que j’enquête, que je passe ces pleines lunes à le chercher, à le traquer. Et toi, tu me dis que tu l’avais sous la main…

Si seulement elle l’avait appelé.

Las, il va se rassoir sur son lit, les coudes posés sur ses genoux, la tête entre ses mains. Il se sent encore une fois impuissant, et cela le fatigue.

“Je n’ai rien d’Aloysius Blackthorn.” Jamais une phrase n’aura été aussi véridique que celle-ci et pourtant le pas de la Blackthorn s’avance pour contraindre celui du McCandless à reculer. L’oeil est impitoyable car elle sait exactement où frapper, et la langue s’arme déjà sous ses canines acérées. Non, tu n’avais rien de Blackthorn père, Morros ; lui était un leader compétent et n’avait rien d’un couard. Lui aurait détruit ce loup, en décembre, avant même qu’il n’ose une morsure en direction de Charlie. Un rictus purement maternel s’esquisse pour amorcer l’attaque mais la Blackthorn trébuche aussitôt sur l’expression que prend le McCandless ; Les mots ont fait mouche, stoppé le cyclone avant qu’il ne fracture la cabine mais force est d’admettre que le coeur se serre devant la réponse du grymm. “Jamais je ne lèverai la baguette vers toi”. Ca transpire une désarmante franchise et pourtant, c’est inflexible que la Blackthorn demeure dans l’embrasure de la porte. Prête à bondir en dépit des émotions qui tempêtent furieusement en elle. La voix d’Alexander se pose petit à petit, aligne une défense qu’elle devant laquelle elle fait intuitivement front pour ne pas se laisser aller à faiblir mais l'accalmie qui emporte le brun agrippe aussitôt le bras de la rousse. Lui ôte de la bouche des horreurs qui aurait effacé l’idée même qu’un loup ait pu tenter de la bouffer.

La main d’Alexander frotte son front ; celles de Cataleya se cachent sous ses bras fermement croisés. La scène lui semble un peu étrange en dépit des cris qu’ils se sont trop souvent, par le passé, jeté au visage l’un et l’autre. Les disputes n’avaient rien de nouveau, mais la terreur qu’éprouva soudainement la rousse à la découverte de la traque solitaire qui hantait son ami s’insinua si férocement dans ses veines qu’elle s’adossa doucement au mur pour ne pas faillir. Comment pouvais tu lui faire la morale, Moros, quand tu filais au travers de la nuit et seul, crier vengeance ? “Et toi, tu me dis que tu l’avais sous la main…” Le titan s’abat sur son lit et Cataleya détourne le regard. Elle ne sait comment exprimer son erreur, mis à part par une extrême naïveté qui avait caractérisé toute la gestion de cette effroyable nuit. Elle ne sait comment l’exprimer, non, parce qu’elle craint que le moindre mot n’insuffle au chaos précédemment essuyé qu’un nouveau sursaut.


Les larmes guettent, menace de la faire pleinement chavirer alors, lorsque Alex prend sa tête entre ses mains, c'est intuitivement que Cataleya se rapproche. Elle s'assoit, petit dragon Blackthorn, abat son bras contre celui de l’écossais pour initier un premier contact avant d’apposer le menton sur l’épaule du grymm.

“Arrête de te torturer.” souffle la licorne malmenée plus loin, avant que Cataleya ne glisse ses doigts trop blanc sous le bras d’Alexander. De toute évidence, elle cherche une ouverture qui lui permettra de se glisser au plus près. La tête délaisse l’épaule pour nicher sur les genoux du grymm, et doucement le corps se recroqueville sur le lit de celui-ci pour se faire petite. “Laisse moi en parler à Lewis avant, tu ne peux pas y aller seul. Tu n’as pas le droit d’y aller seul ; Si vengeance il y a, elle doit etre collective. Si ce n’est pleinement appartenir à Charlie … Tu n’as pas le droit de lui enlever ça. De nous enlever ça.”

Il a suffit de quelques mots pour calmer Moros. Non, il ne veut ressembler en rien à Aloysius Blackthorn. Il ne lui ressemble pas. Pourquoi une telle comparaison ? La tête prise entre ses mains, il ressasse ces quelques mots. Cataleya n’a pas idée à quel point elle l’a touché. Est-ce qu’il lui fait vraiment penser à son bourreau ? Les yeux fermés, il ne voit pas la rouquine s’installer près de lui, mais il sent sa présence.  

“Arrête de te torturer.”

Evidemment qu’il se torture. Elle le torture. Comment peut-être rechercher une telle proximité après ces mots ? Lorsque l’espèce de licorne reprend parole, il se rend compte que son esprit se torture non plus pour ce loup ou pour Charlie, mais pour Cataleya. Il soupire longuement, comme si cela allait être suffisant pour évacuer la tension accumulée. Il sait qu’elle a sa tête posé sur ses genoux, et pourtant il n’ose ouvrir les yeux. Il ne veut pas plonger dans son regard, de crainte d’y voir quelque chose de déplaisant. La représentation que se fait Cat’ le concernant compte. Sa vision de lui même compte certainement bien plus que celle de n’importe qui d’autre.

« Ok. »

Il doit bien ça à Charlie. Elle a raison. La fatigue l’étreint. Lui, celui qui a été choisi leader du groupe a l’impression d’avoir tout foiré avec les Chauffes-plats.
Il faut qu’il aille prendre l’air.

« Je vais fumer une clope. »

Il ouvre alors les yeux et se retrouve face à ce visage qu’il connaît tant maintenant. Il le connaît même par coeur. Il ne s’éternise cependant pas à plonger dans le regard de son amie. Elle a réussit à le blesser, mais il ne l’avouera pas. Il l’accompagne de ses mains alors pour se redresser, et lui permettre à son tour de se relever.

« Je reste là Blackthorn, » dit-il en enfilant sa polaire.

Il n’ira pas à la chasse au loup ce soir. Ils le feront ensemble, une autre fois.

« Tu peux rentrer chez toi. »

Ou ailleurs. Là où elle crèche en ce moment.

Il sort et s’allume une clope.

« Je vais fumer une clope. » Si Cataleya détaille Alexander un instant, sa prise de parole contraint la Blackthorn à clore les yeux. Pas besoin de plus pour frapper son estomac insidieusement ; elle a fait mal. Très mal. Une excuse serait certainement de bon ton mais les dégâts s’étaient déjà installés et, plus encore, la lufkin ne regrettait aucunement ; rien d’autre n'aurait pu arrêter un Moros si bien lancé. Pas même des sirènes et leurs baisers. Doucement accompagnée dans son mouvement, Cataleya retomber souplement sur le matelas pour s’étirer à la manière d’un chat. Plus lascive qu’elle ne le croit. Elle daigne pourtant rouler sur le côté pour observer le départ du propriétaire, le coude sur les couvertures et menton soigneusement posé entre sa main, une moue désespérément pincée. Elle ne doutait pas de l’affirmation de McCandless mais s'évertue pourtant à accrocher ses beaux yeux bleu à son dos, comme pour le retenir un peu. Du moins jusqu’à ce qu’il ne la congédie. Laissant glisser son coude pour dramatiquement s’effondrer dans le lit de son ami, Cataleya s’enferme un instant sous les couvertures à la seule idée d’avoir à de nouveau affronter le froid dehors. Et plus encore après autant de tension. Devait-elle vraiment partir ? La bienséance voudrait que oui, tout comme le basique respect d’autrui ; Alex lui demandait de partir. Pourtant cela ne délogea ni la Blackthorn, ni éveilla en elle un certain empressement, non. Elle demeura sous les couvertures encore un long instant et ne détourna ses yeux des coussins que pour suivre la fuite rapide de Scylla.

Dix secondes, vingt, trente. C’est dans un grondement étouffé que la sorcière se coule hors du lit pour récupérer sa peluche qu’elle couve sous les épais pans de sa cape, avant poser pied dehors. Le froid lui saute au nez, indéniablement, mais la vision d’un Alexander autant refermé sur lui même vient à la convaincre de le rejoindre. D'une main habile elle tire de sa poche interne un écrin gravé auquel elle subtilise une roulée qu'elle allume contre celle d'Alexander, le regard fiché dans le sien. Le sourire s'étire timidement pour s'essayer à l'apaiser mais le pas à tôt fait de marquer un peu de distance. Un, deux, trois. Elle se hisse prudemment sur le hamac et vient à cracher sa fumé aux nez des étoiles, incapable de partir en laissant le grymm dans cet état.

- Il faut que tu arrêtes de baisser ta garde devant les jolies filles, Alex. Marque t'elle enfin, après un trop long moment de silence. Elle fait évidemment référence à la façon dont elle l'avait attaché. Tu finiras avec le coeur brisé, ou pire, avec littéralement une dague fiché dedans. Le sourire s'étire superbement sous cette nuit de décembre et s'offre au duelliste, comme pour s'essayer à provoquer le sien. . Et qu'adviendrait-il de moi si tu venais à disparaitre ? Qui me rappellerait qu'il existe un monde où les gens n'ont pas de sucre dans leur cuisine ?

Miguel. Très certainement Miguel.

La nuit est étrangement calme, alors qu’il venait d’y avoir une véritable tempête dans la cabine du Blue Sky et dans le corps de son capitaine. Le clapotis de l’eau et le cliquetis des haubans créent une musicalité au gré du vent léger. Ce fond sonore, Alex ne l’entend plus. Ces bruits font partie de son environnement alors il n’y fait plus attention. Le regard perdu vers les lueurs émises par les phares situés à l’entrée du loch, il consume sa cigarette rapidement. Comme si elle pouvait lui apporter une bouffée d’air frais dans ses poumons, ou un peu de baume au coeur. Au lieu de ça, il a parfaitement conscience qu’il se bousille les poumons, mais cela ne l’empêche pas d’en prendre une autre. Pour celle-ci, il prend le temps de la savourer. Le froid lui fait beaucoup de bien, cristallise un moment d’accalmie.
Il entend la rouquine sortir de la cabine. Il lui a demandé de partir, du moins il l’a invité à le faire. Il n’a pas été assez clair. Ou alors la Blackthorn n’en fait encore qu’à sa tête.
Cette fois-ci, c’est lui, le grand gaillard, qui s’est refermé comme une coquille d’huître. Elle tente une approche en venant allumer une cigarette contre la sienne. Ses yeux plongent dans les siens. Voit-elle l’épine noire plantée dans son coeur ? Peut-être. Elle lui sourit timidement certainement pour tenter de soigner la blessure qu’elle venait elle-même de provoquer.
En la voyant s’installer dans le hamac, il sut qu’elle n’avait clairement pas l’intention de partir tout de suite.

Il écoute la licorne dont le son est légèrement étouffé par la cape de la lufkin. Si elle savait… Il continue de fumer sa clope sans rien dire. Il retrace dans son esprit ce qui venait de se passer : le costume pour le bal, la corde, la révélation, l’horreur ressentie, la colère noire, les mots tranchants.
Il s’adosse contre le mât, non loin du hamac.

“Lewis, vu ce qu’il a dans ses placards.”

Elle n’a pas de bol quand même. Elle s’est retrouvée dans un groupe où aucun des trois mecs ne roulaient sur l’or. C’est même le contraire, ils sont plutôt du genre à serrer les dents à la fin du mois. Il prend un bol par terre qui fait office de cendrier et le donne à Cataleya.

“Évite de faire des trous dans le hamac. J’y tiens.”

Qu’adviendrait-il d’elle s’il venait à disparaître ? Elle continuerait son chemin. Et elle aurait toujours Barghest et Keir à ses côtés, il le sait.

“Je suis en lien avec un mec de la brigade de régulation des loups-garous. De ce que j’en entends, c’est du sport que de maîtriser une bestiole. Alors tu as eu une putain de chance avec ce loup. Ne recommence pas.”

Pas toute seule. Ne remet pas ta vie en danger inutilement.

“Fait gaffe, t'es peut-être cocue.”

Avec le coup de bol qu’elle a eu.

Le sourire s’étire à l’évocation du Wright mais celui-ci ne dure pas, effondré sur l’air que traînait Alexander puisque, adossé au mât de son navire, jamais il ne lui avait semblé autant dévasté. Si ce n’était en janvier dernier, évidemment. Coupable, le regard de la Blackthorn s’écrase alors, ne se redressant que pour se saisir du bol que lui tendait l’auror en devenir et le ramener à elle. C’est pourtant les mains du grymm qu’elle rêvait de saisir, pour l’extraire au marasme dans lequel elle l’avait poussé. De nouveau le regard chute, les lèvres se tordent, mais les mots ne viennent pas alors, presque docile, le visage se contente d'acquiescer devant ce souhait de préserver le hamac dans lequel elle nichait allégrement. Les secondes lui semblent éternelles, le discours compliqué, et quand bien même la voix d’Alexander caresse son âme le coeur ne s’en trouve pas moins lourd ; elle qui s’était cru seule à jouer sa vie aux dés ne visualisait que trop bien son partenaire arpentant les rues en quête de vengeance. Si elle n’avait pas tant à se reprocher, sans doute qu’elle aurait exorcisé la peur qu’engendrait cette vision par une gifle retentissante. “[...] c’est du sport que de maîtriser une bestiole [...]” Elle étrangle pourtant les commentaires sous les fines arabesques que trace sa fumée. Du moins jusqu’à l’interdiction posée.

- Ca ne t’a pourtant pas empêché de courir après des loups.

Ses yeux bleu plongent une nouvelle fois dans ceux du grymm avec une telle force qu’elle semblait en mesure de trépaner son âme à chaque nouveau battement de cil. Si elle ne relève pas le terme "Bestiole", quand bien même il regroupait désormais le nom de Charlie, Cataleya sait Alexander avoir raison ; Elle avait été effroyablement chanceuse. Qui sait quelles forces s’étaient mises en œuvre pour épargner à sa carcasse de pourrir sous le ventre rond de la lune ? A croire que les prières n’étaient pas inutiles. Peut-être devrait-elle de nouveau célébrer les esbats, elle qui s’était détourné de ses dieux après la morsure de Charlie. A moins qui lui faille tout miser sur les felix felicis ? Engloutit sous sa cape épaisse et bercée par le hamac, Cataleya acquiesce pourtant une nouvelle fois. “Je te le promet, Alex. ” Ca ne l'empêche pourtant pas de trouver l'audace de rire devant l'hypothèse d'une tromperie. Du moins de s'étouffer dans une toux étrange, laissant échapper de ses lèvres quelques ronds de fumée.

- Ca ne risque pas. Et pas parce qu'elle était convaincue de l'amour inconditionnel qui les liait, ou du fait ses sourires étaient en mesure d'éclipser toute les autres : A ce moment là, je rêvais de planter des épingles dans son coeur. Je m'étais mangé un sacré râteau si tu te souviens bien. Impossible donc d'être cocue, puisque j'étais célibataire. Marque t'elle d'un clin d'oeil, quand bien même l'amertume trouva son chemin jusqu'à son coeur. Il n'y avait pas à dire, ses débuts avec @Miguel Pajares avaient été plus que chaotique. Quoi que tu me diras, j'ai été trompée par James. C'était donc peut être bien la chance du cocue.