Enfance & famille ━ L’élément qui lui vient tout de suite à l’esprit lorsqu’elle pense à son enfance, c’est le manoir qui l’a vue naître. L’odeur des fleurs qui garnissent les bouquets de chaque pièce, les moulures au plafond, l’immense escalier duquel son jumeau s’amusait à glisser à califourchon sur la rambarde et la décoration de bon goût donnant un aspect chaleureux à ce bâtiment de grande envergure, surtout à la période de Noël. Le domicile familial est entouré par un vaste terrain abritant un champ où se prélassent d’imposants chevaux, d’une taille qui paraîtrait anormale à n’importe quel moldu. Sans compter la majestueuse serre de sa mère, peuplée de diverses plantes aux tailles et couleurs variées. Lorsque les choses deviennent chaotiques, Victoire se représente de retour chez elle, au beau milieu de la serre ou assise sur les barrières en bois qui clôturent le champ des équidés, les cheveux au vent, et l’apaisement la gagne peu à peu. La jeune fille a eu le mal du pays durant deux bonnes années avant de s’acclimater à la vie écossaise, où elle réside depuis son entrée à Hungcalf.

Son père, Augustus, est à la tête de la branche française de l’entreprise familiale de métallurgie, dont le principal métal a été inventé par son grand-père, André, et le frère de celui-ci, Gaston. Sa mère, Eugénie, est herboriste et lorsqu’elle n’est pas dans sa boutique, elle cherche de nouveaux spécimens à ajouter à son catalogue. Des parents exigeants et carriéristes, peu présents pour leurs enfants bien qu’aimants. Ils leur consacrent malgré tout chaque seconde de leur temps libre et Victoire garde de très beaux souvenirs de son enfance, à travers des voyages ou de simples moments de complicité en famille. Le reste du temps représente de longues périodes à vide parfois compliquées pour un jeune enfant, comblées tant bien que mal par de nombreux cadeaux. Heureusement, elle a toujours pu compter sur ses deux frères pour obtenir chaleur et réconfort. Un lien fort se construit entre eux, on retrouvait bien souvent la fratrie de Gray serrés les uns contre les autres, ou endormis dans le même lit.

Victoire a reçu une éducation stricte sous la supervision d’une perceptrice, Madame Olympe, qui laissait peu de place à l’amusement, malgré sa bienveillance. Cette dernière dispensait aux enfants plusieurs enseignements, comme les bases de la magie ou les dates marquantes de l’histoire et leur fit découvrir des sports et divers arts, pour les éveiller et leur permettre d’entrer à Poudlard avec des facilités dans quelques années. Obéissante et dévouée, la petite fille suivait, comme son aîné, les consignes qu’on lui donnait à la lettre, contrairement à son jumeau qui trouvait toujours une nouvelle idée pour faire des conneries, ou contrarier leur nourrice lorsque le sujet de l’intéressait pas. La brune n’a pas tardé à maîtriser l’art du détournement d’attention pour lui sauver la mise. Jules l’aidait à comprendre ce qu’elle n’arrivait pas à assimiler du premier coup, Louis la sortait de sa zone de confort et tandis qu’elle admirait le premier, elle tempérait le second.

L’équilibre s’est brisé lorsque Jules est entré à Beauxbâtons, laissant les jumeaux seuls en dehors des vacances scolaires. Le sentiment de manque a beaucoup secoué Victoire, mais le temps et les nombreux hiboux de son grand-frère ont peu à peu suturé le cœur de la petite fille. Les deux petites têtes brunes sautaient sur le courrier, prenant à peine le temps de s’installer pour en déchirer le cachet, buvant les histoires de leur aîné des étoiles pleins les yeux à l’idée de pouvoir à leur tour franchir les portes de l’académie dans trois ans. Dans l’adversité, les jumeaux se sont considérablement rapprochés, devenant fusionnels et inséparables. Bien que complètement différents, ils se comprennent d’un regard, connaissant les mimiques de l’autre sur le bout des doigts, aussi discrètes soit-elles. Le caractère casse-cou de Louis a légèrement déteint sur elle, grisant son portrait de petite fille modèle. Ils ont ainsi mené la vie dure à leur perceptrice qui devait beaucoup regretter la bonne influence de Jules. Il faut dire que Louis faisait parfois tellement angoisser Victoire qu’elle le suivait dans ses expérimentations, expéditions et autres très dangereuses idées pour garder un œil sur-lui et tenter de le raisonner. Spoiler alert, ça ne marchait presque jamais et c’est bien évidemment lui qui la sauvait de la catastrophe lorsqu’elle tentait de suivre son rythme avec sa maladresse légendaire. Cependant, elle savait qu’en sa présence, il était moins intrépide puisqu’il devait s’assurer de ne pas la mettre trop en danger.

Beauxbâtons & Rumeurs dérangeantes ━ Son entrée à Beauxbâtons a été accompagnée d’une explosion de sentiments intenses et contradictoires, la laissant pantelante à la fin des premières semaines. C’est comme voyager pour la première fois via Portoloin, on finit rarement sur ses pieds, désorienté. Ça a démarré avec une excitation démesurée à l’idée d’enfin franchir le portail du manoir familial, pour autre chose qu’une soirée mondaine ennuyante ou des vacances en famille, de foncer droit vers l’inconnu, main dans la main avec son jumeau. Puis c’est l’émerveillement qui l’a saisie toute entière, lorsqu’elle a aperçu l’école pour la première fois, à bord d’une calèche volante. Le palais et ses jardins n’ont été que plus somptueux de près. Sa joie est retombée comme un soufflé à la citrouille lorsqu’elle a compris qu’elle ne serait pas répartie dans la même maison que Louis, le feu, mais elle était malgré tout rassurée de partager celle de Jules, l’eau. Isolée depuis petite, voir autant d’enfants de son âge l’a illuminée, elle s’est découverte volubile et sociable, discutant avec frénésie avec toutes les personnes à proximité, se faisant rapidement des amis. Cela rendait les périodes passées loin de ses frères bien plus supportables, sachant qu’elle pouvait les croiser régulièrement entre les périodes de cours. Le soir venu, la solitude la rattrapait, malgré la proximité de ses camarades dans les dortoirs, le manque de son jumeau se faisait sentir. Elle l’a toujours eu à ses côtés, au moins pour s’endormir. Sans compter les couvertures qui grattent ainsi que la salle de bain et les toilettes que la benjamine de Gray a dû apprendre à partager. Victoire découvrait un nouveau mode de vie, avec son règlement et ses conditions, bien éloigné de la surprotection et l’exclusivité à laquelle elle a eu droit depuis sa naissance. Le temps a fait son office et la jeune fille s’est adaptée à son nouvel environnement.

Armée de bases solides, Victoire se classe parmi les très bons élèves durant les deux premières années de sa scolarité, elle entre même en compétition avec un autre élève de sa maison. Les deux académiciens se défient d’abord dans toutes les matières, puis finalement dans tous les domaines possibles et imaginables, allant du lancé de bonbons dans la bouche à la meilleure note en sortilèges. Si la relation est mauvaise, les deux camarades ne pouvant se voir en peinture, s’en devient un jeu qui les pousse vers le haut. La lutte devient plus ardue lorsque le niveau augmente les années suivantes, la brune perd son avance, doit bûcher plus que la moyenne et n’obtient pas toujours les résultats escomptés, bien que ses notes restent correctes dans l’ensemble. L’écart se creuse, elle déçoit ses parents et le rictus satisfait de son adversaire lui sort par les yeux. La peur de l'échec s’insinue dans ses veines, le jeu se transforme en pression et devient plus négatif qu’autre chose pour la jeune fille qui se compare bien trop aux autres. Victoire voit moins ses frères pour passer plus de temps à la bibliothèque. Trop fière pour demander de l’aide, trop têtue pour arrêter de persévérer inutilement, essayant tant bien que mal de repousser ses capacités. Jules lui tend la main, qu’elle finit par saisir et il tente de lui faire comprendre à l’aide de Louis, que ce n’est pas si grave, qu’elle n’a pas besoin de s’acharner, mais la tête de la de Gray est dure. Des crises étranges commencent à la tourmenter, le plus souvent lorsqu’elle se retrouve seule. Elle apprendra par l’infirmière de Beauxbâtons qu’il s’agit d’angoisse et se fera suivre par une psychomage pour l’aider à les gérer.

La complicité des jumeaux pourrait s’être atténuée à cause de la nouvelle distance imposée par l’établissement et les ambitions de Victoire, mais ils n’ont fait que devenir encore plus soudés, trouvant toujours une occasion de passer du temps ensemble en dehors de leur cercle d’amis et leurs clubs d’art et sport respectifs. Louis qui déteste pourtant l’endroit silencieux rempli de vieux bouquins, viendra occuper la chaise voisine à la sienne quelques heures par semaine. Ce que Victoire lui rendra bien en assistant à tous ses matchs de Quidditch en revêtant l’un de ses maillots, donnant de la voix, pancarte en mains et peintures aux couleurs de la maison du feu sur les joues. Tout cela sous les regards noirs de ses camarades de la maison de l’eau lorsqu’ils affrontent celle de son frère. Le caractère intrépide de Louis s’est amplifié, attisé par leur nouvel environnement, ainsi Victoire a écopé de quelques heures de retenue en le suivant de temps à autre dans ses frasques et autres escapades interdites. Si elle affirme l’avoir fait seulement pour le raisonner, en réalité elle adorait ces moments remplis d’adrénaline qui lui faisait oublier tout le reste. Bien que la colle derrière rendait les choses bien moins plaisantes, ce que la brune ne se retenait pas de rappeler à Louis pendant toute la corvée, avec l’air moralisateur qui va avec, oubliant volontiers sa part de responsabilité dans l’histoire.

En cinquième année, son exécrable adversaire  eau devient plus rabaissant et irritant, mais il y a autre chose. Quelque chose de non dit, que seuls les yeux hurlent à pleins poumons, derrière les airs de mépris et les piques incessantes. Une sorte d’attraction mêlée de toxicité, que ni l’un ni l’autre ne semble assumer. Comment pouvait-elle ressentir quoi que ce soit pour son bourreau et comment pouvait-il lui sortir des horreurs pareilles s’il tenait à elle ? La curiosité de Victoire est piquée et il devient une énigme à résoudre. Elle s’intéresse, cherche quelque chose à aimer, une bonne raison de succomber. La médisance devient taquinerie et les deux académiciens se tournent autour, deviennent de plus en plus proches, sans jamais vraiment se mettre ensemble. Le cœur de la jeune fille fut brisé une saison plus tard, lorsqu’une rumeur circula et mit immédiatement fin à ce qui semblait doucement se créer, offrant un final bien malsain à son premier crush.

Des bruits de couloir stipulaient qu’une relation outrageuse liait les jumeaux de Gray, qui, particulièrement proches et tactiles en public, le seraient d’autant plus en privé. La valse des messes basses épaissit considérablement la fine frontière entre la haine et l’attirance que les deux adolescents eau avaient tout juste explorée, la haine prenant le dessus. Sans doute vexé et ne voulant pas se retrouver dans l’œil du cyclone, son flirt avorté appuya l’auteur inconnu de la rumeur, répandant des immondices sans fondements pour attiser les flammes déjà bien présentes. Il énoncera malheureusement une vérité tranchante parmi les mensonges, en lui déclarant que certaines de ses amies l’étaient simplement pour se rapprocher de son frère -véritable bourreau des cœurs- et qu’elles s’en iraient dès qu’elles auraient compris qu’elles n’avaient aucune chance puisqu’il était soit disant déjà en couple avec sa sœur.

Victoire cache sa détresse derrière des sourires de façade suite à cet enchaînement de déconvenues, pour ouvrir les vannes la nuit tombée, pleurant toutes les larmes de son corps dans son oreiller. Son jumeau la ramasse à la petite cuillère et cherche à retrouver l'auteur de la rumeur pour en découdre. La jeune fille décide de se confier par hibou à Jules, parti étudier en Ecosse à Hungcalf, ayant toujours été l’épaule sur laquelle elle pouvait se reposer en cas d’impasse. Ce dernier leur conseille de faire front, de les laisser parler et surtout de ne rien changer. Une période compliquée, où ils subiront les regards de leurs camarades jusqu’à leur diplôme, ces derniers préférant voir un scandale là où ne réside qu’une complicité innocente et fraternelle.

Hungcalf & Dépaysement ━ Quitter la France fut plus compliqué qu’elle ne l’aurait imaginé. Plus qu’un sol, elle quittait une culture, une langue et certains aliments chers à son cœur. Il est fort possible que cette dernière catégorie l’ait d’ailleurs plus impactée que les autres. Le fromage, les pâtisseries, le vin, le pain. Vous imaginez ? Le point positif : un domicile personnel plutôt qu’un dortoir, mais plus encore, la fratrie à nouveau réunie. Dire que Jules lui avait manqué serait un euphémisme. Victoire a d’ailleurs été prise d’une certaine frayeur en dernière année à Beauxbâtons, à l’idée que Louis ne poursuive pas ses études, peu enthousiaste lorsqu’il est question de scolarité. Mais les voilà, tous les trois, dans des cursus bien différents, mais ensemble. La brune a décidé d’étudier l’architecture magique, a noté la légère déception de sa mère qui aurait aimé la voir prendre sa suite en étudiant la botanique, mais n’a pas lâché le morceau.

Sensation de liberté mêlée de renouveau, Victoire ne sent plus peser les on-dit, bien qu’elle sait qu’ils sont toujours là, les jumeaux attirant toujours autant l’attention de par leur lien particulier. Dire qu’ils ne la blessent pas serait un mensonge, mais la jeune fille a simplement réussi à passer outre et à beaucoup moins se préoccuper du regard des autres. Une véritable révélation qui lui permet de profiter plus pleinement de l’instant présent. Si ses frères auraient aimé qu’elle gagne également en méfiance et se mette moins la pression, ils ne lui en diront rien, on ne la refera pas. La brune s’élança donc dans la vie étudiante avec  un esprit plus libre, sortant régulièrement faire la fête pour se détendre après des après-midi entiers à bûcher, faisant de nouvelles rencontres et tout un tas de mauvais choix sentimentaux.