Il fait sombre, c'est probablement la nuit, le froid mord sa chair et pourtant, il se souvient d'avancer dans cette forêt dense, il ne sait pas ce qu'il cherche, mais il est persuadé qu'il le saura quand il le trouvera. Malheureusement, quelqu'un lui est tombé dessus, d'après ceux qui sont intervenus, probablement un braconnier, la forêt et reconnue pour ses nombreuses créatures et donc, malheureusement, elle est fréquentée par des personnes désireuses de se faire un peu d'argent facile. Il se souvient d'un éclair, une lumière vive et il est tombé au sol. Le néant. Le début du chaos.

Il ouvre les yeux, son corps entier le fait souffrir, une infirmière s'approche de lui et lui parle dans une langue qu'il ne comprend pas, mais cette dernière bifurque rapidement sur de l'anglais approximatif pour lui demander comment il va, et comment il s'appelle. À la première question, il répond par une grimace, à la seconde, par un regard vide, hébété, la question n'est pourtant pas difficile, mais il n'a aucune idée de la réponse qu'il convient de donner. L'infirmière sourit et balaie d'un revers de la main cette non-information, comme si ce n'était rien, comme si, ne pas se souvenir de qui on est, n'est qu'un détail. Probablement qu'elle ne savait pas comment réagir, parce que rapidement un  médecin vient à sa rencontre, lui apportant une boite avec ses effets personnel, une baguette de sorcier, un pendentif avec des initiales et un téléphone portable moldu sans le moindre numéro enregistrer. Quel intérêt ? Pourquoi ? Qui fait ça ? Il s'emblerait que ce soit vos initiales, qu'en pensez-vous ? Il ne pense rien, il n'a que le vide en tête et en même temps, tellement de questions qui se bousculent. Il regarde la chaine en or et le pendentif, une orfèvrerie de qualité, des détails gravés tels un loup, un ours, un chien et un chat attire son attention. A cela, s'ajoute les initiales, un C et un B, joliment calligraphié. CB ?  « Je ne sais pas. »

Les semaines passent, et John Doe s'est trouvé un nom. Il n'est pas sûr que ce fut le sien, mais c'est un prénom qu'il apprécie et d'après une infirmière, anglaise celle-ci, il possède un accent écossais marqué. Naturellement, le choix s'est posé sur Callum, un prénom assez commun, tout comme le nom de famille, Buchanan, ça résonne en lui. Mais, malgré les recherches, aucun sorcier avec ce patronyme ne semble être porté disparu. Rien qui ne corresponde en âge, ou en physique, à notre charmant sorcier. Il se fait une raison, trouve des petits boulots par-ci par-là, va a la rencontre des gens et se découvre une vraie bonne humeur, il est solaire, avenant, sympathique et d'une douceur particulière. C'est lors de l'un de ces petits jobs qu'il rencontre, Ella.

Ella, elle porte magnifiquement son prénom, c'est un rayon de soleil, une bulle de joie et de bonheur, elle possède un rire emprunté aux fées, un regard que le ciel étoilé envie, sa peau à l'odeur des fleurs qu'elle vends. C'est une née-moldue qui a repris le commerce de ses parents, il vient l'aider avec ses travaux, Cal' s'avère être quelqu'un de manuel, précis et méticuleux, il possède un goût particulier pour les matériaux de qualité et bien que parfois, ce soit un peu hors budget, Ella l'écoute, elle suit ses conseils et rapidement, ils passent de plus en plus de temps ensemble, devenant amis, amant, amoureux. La suite logique et presque parfaite.

Ils emménagent ensemble rapidement, Callum trouvant ainsi une stabilité, il peut tenter de travailler sur la récupération de sa mémoire, il ne comprend pas pourquoi elle a disparu, les médicomages qu'il a consulté ne le comprennent pas également. Et, même si Ella n'a aucun souci à vivre avec cette version de l'homme qu'elle aime, elle aimerait savoir d'où il vient, connaître sa famille et la maison dans laquelle il a grandi. Tant de choses qui paraissent sans importance, mais qui permettent d'en apprendre tant sur une personne.  

Lorsqu'il discute avec des amis, ou des personnes qu'il rencontre, il s'étonne lui-même des connaissances qu'il possède quand il s'agit de créatures magiques, ou non magiques. Plus qu'une connaissance de base, bien plus que ce qu'on apprends à l'école, il surprend par sa précision, ce qui mène rapidement à la conclusion qu'il devait être magizoologiste. L'histoire commence à prendre un sens, un magizoologiste qui se balade dans une forêt réputée pour ses nombreuses créatures sauvages, ce n'est pas surprenant. Pour affiner ses certitudes, Cal se rends au centre de magizoologie de Augustów, parce que oui, mesdames et messieurs, durant tout ce temps, Callum était bien au chaud en Pologne. Augustów, est la plus grosse ville du coin, et son centre d'étude est bien alimenter. Sur place, pendant plusieurs mois, Callum va se plonger dans des livres, participer a des conférences, des cours, et il se souviendra de tout. De tout, sauf de sa vie. Mais c'est déjà un début, au moins, il a un métier. Le centre d'Augustów  valide ses compétences et lui propose un emploi en tant qu'assistant professeur, qu'il accepte bien évidemment. Il aime transmettre son savoir.

Deux ans se passent, il est un assistant apprécié des étudiants et en parallèle il mène des recherches sur la socialisation des géants; il est fasciné par ces créatures et reste persuadé qu'ils peuvent être pourvus de bon sens si on leur en donne les bases. Rappelez Hagrid, on risque d'en avoir besoin. Son couple avec Ella commence à battre de l'aile, même s'il y a encore beaucoup de tendresse entre eux, ce n'est plus comme avant. Callum devient distant, perdu dans ses recherches et Ella se sent délaissée. Malgré tout, ils font ce qu'ils peuvent pour tenir, mais le temps aura raison d'eux. Le temps, et probablement une petite infidélité de l'écossais. Ce n'est pas bien, mais parfois dans la vie, on ne contrôle pas tout. Il y a eu cet étudiant, grand, mince, dont le regard transperce l'âme, il semblait invoquer un souvenir dans la mémoire de l'assistant, mais il n'a jamais pu toucher du doigt ce souvenir. Filip, c'est son nom, fit des avances par trois fois, de plus en plus intenses et Callum a cédé. Il n'est pas fier de son acte, mais il ne peut nier qu'il a aimé cette sensation, même si la culpabilité prend rapidement l'ascendant.