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I'm dead already
Mer 27 Oct 2010 - 16:59
You might not love me anymore.
Jamais il me semblait m'être senti si mal. Ni la fatigue, ni l'abattement, ni le malaise, ni la mort, la jalousie, la colère, le dégoût, le chagrin ; rien de tout cela n'avait pu empoigner mon coeur si fortement que les affres de l'amour. L'amour meurtrier, l'amour funeste, l'amour infâme, amour, amour... Que de mots si véridiques posées à la pointe d'une plume bourreau de ce poète moldu, et qui meurtrissaient mon palpitant d'une mélopée se faisant litanie. Je ne voyais qu'elle, encore toujours, pour ce soir et les soirs à venir, il me semblait que sa silhouette hantait mes rêves tandis que son parfum errant dans les couloirs ne me rappelait plus que la torture de son absence. Aucune larme à mes yeux humides, car c'est le froid bien sûr, qui me rend malheureux... Assis à la table de la cuisine, j'écorchais le parchemin de ma plume noyée dans un chagrin virulent qui s'était mué en un venin s'égouttant dans mes veines de junkie. La mort de mon père ne m'avait pas rendu plus fort, elle ne m'avait pas délivré de cette étrange emprise que je pensais si virulente : à la perte d'un être que je n'avais jamais vraiment estimé, j'avais gagné un empire, mais j'avais paradoxalement tout perdu. Troublé, il me semblait pourtant que la douleur n'était en rien comparable à ce que j'avais laissé filé entre mes doigts : et voilà que je perdais quelque chose, ce trésor qu'on pensait que je n'avais jamais possédé ; mon coeur. A vouloir m'en taper la tête contre les murs, à vouloir remuer ciel et terre pour la retrouver, à en faire trembler les murs, à en faire supplier tous les prosélytes pour la gloire d'un autel détruit, je ne voulais plus qu'elle. Et mon âme perdue s'assombrissait d'un venin qui me possédait : plus que jamais, je haïssais le monde qui me l'avait volée, mais plus encore, je me dégoûtais moi-même. Passant une main dans mes cheveux d'ébène, je laissais un soupir s'échapper de mes lèvres blêmes tandis qu'en écho, j'entendais les rires délicats d'Orphée et Adenox me parvenir de loin. La joie de vivre, si légère et si vive, de mes colocataires, ne m'atteignirent pas : les monceaux de leurs rires venaient se heurter aux briques de mon mur de douleur, alors que, serrant la mâchoire et fronçant les sourcils de colère, je rayais une énième fois les mots gribouillés sur le papier... Mon aimée, à travers ces mots voilà mon coeur qui te parle... Un rire cynique échappé en un soupir glacé, et je roulais le parchemin en boule avant de m'en saisir un autre. « Stupide... » soufflais-je dans une raillerie déconvenue à l'encontre de ma propre missive ratée. Il me fallait quelque chose de neutre, clair et concis, quelque chose de léger, quelque chose qui ne témoignerait pas être de ma griffe. Quelque chose de détaché, en somme : elle ne devait pas comprendre que je me cachais derrière ces mots. Et de ma plume déformant mon écriture initiale pour se faire celle d'une main étrangère, je lynchais le parchemin d'une nouvelle encre :
- « Un rendez-vous d'un admirateur pour une muse blonde,
si l'inconnu ne vous effraie pas, attendez-moi demain au café du Black Cherry pour midi, Londres.
Votre dévoué. »
Je plissais le nez par tant d'écoeurement niais : non ce n'était pas moi, sans quoi ma plume aurait caressé le papier de mots enivrants au parfum érotique, encensé de paroles se faisant hymne à sa beauté, à son rire, ses lèvres, ses yeux, les traits de son front blanc et la grâce de ses mains de pianiste... Je fermais les yeux dans un autre soupir, pliant enfin la missive qui se voulait être d'un admirateur secret à la plume trop niaise, et l'attachai à la patte d'un hibou emprunté. Enfin, je me levais pour ouvrir la fenêtre au volatile docile : les Moires tisseraient les fils de la fatalité pour nous.
***
Mes yeux noisettes toisèrent mon reflet de ce miroir terni : non je n'avais pas changé, du moins pas tout à fait. Le cheveux sombre, le regard fauve, quelques cernes pourtant sous mes yeux fatigués, des joues un peu plus creusées qu'à l'accoutumée ; fort heureusement, mon charisme fort, porté en étendard, venait rehausser ma prestance. A défaut de rayonner d'une soit disant bonne santé douteuse, je portais toujours autant le charme brut d'un chevalier noir et écorché vif. Seule ma tenue vestimentaire avait changée : un costume à la coupe parfaite, chaussures lustrées, cravate parfaitement lisse... La panoplie parfaite de l'homme d'affaire, celle qu'on m'avait forcé à devenir : qu'importait, le junkie en moi se battait toujours pour mieux s'immoler vivant. Mon coeur s'affola dans un mécanisme mortuaire tandis que je posais mes rétines sur ma montre qui affichait presque midi ; la destinée se mettait en route. Ainsi, je transplanais aussitôt afin d'atterrir dans un coin sombre de la capitale, à l'abri du regard des passants curieux et pressés. Le pas ferme, la posture droite, j'avais pourtant le myocarde aux aguets et le souffle court, quand plus je m'approchais du lieu du rendez-vous, et plus je me sentais mourir. Ou renaître, je ne sais plus... Elle était mon âme, ma vie, mon tout, comment mourir, comment renaître, alors qu'elle n'était plus là ? Je m'approche, et voilà que mon esprit se trouble : je ne vois plus, je ne pense plus, je ne respire plus, sinon que par elle. Elle et elle seulement. Ma main pousse la porte du café au décor raffiné, et enfin je passe le seuil non sans sentir mon coeur s'arrêter. Mon flux sanguin bat mes tempes, agite mon myocarde, oppresse mes poumons et me vole mon oxygène : faites qu'elle s'y trouve. Car voilà que mes yeux observateurs la cherchent, quelque part entre ces femmes banales et ces hommes au rire gras, elle est ici. Je le sens, je le sais, car mon palpitant décède seconde après seconde, il me chante une mélopée qui m'est familière : la même que notre première rencontre, La Forza del Destino de Schubert. La même mélodie se joue lorsque je la vois, lorsque je me l'imagine, lorsqu'elle me sourit, lorsque je la touche... Mais il y a bien longtemps, que je n'ai pu caresser sa peau de cygne de mes doigts avides. Mes rétines amoureuses se stoppèrent enfin sur une silhouette blonde aux traits délicats : le regard absent, le visage tourné, elle ne me voit pas. En outre, je crois même qu'elle ne me voit plus... Et mon coeur, d'un bond d'un seul, me prie de m'avancer vers elle quand ma raison me retient. Mon corps refuse d'anticiper de nouveau la douleur, mais la déraison de mon myocarde me pousse d'une force violente : j'avance donc, d'une prestance sans égale, mon regard figé sur sa beauté de marbre. BAM BAM, je sens que je vais mourir ; mon coeur s'envole, des papillons habitent mon estomac, je suis malade, je suis ivre d'un amour débordant, coupable d'une ignominie que je n'aurais jamais du connaître. BAM BAM ; il s'agite encore dans ma poitrine, le bougre ; c'est qu'il n'est pas mort. A cette pensée, je me serais bien accommodé d'un sourire charmeur et jaune, mais mes yeux sont hypnotisés par cet ange blond. BAM BAM ; elle se retourne, elle me voit enfin, et voilà que je meurs.
« Je t'en prie, reste et accepte de m'accorder une heure. » Ma main agrippe son poignet d'un réflexe inattendu tandis que ma Cassandra se lève, telle une biche aux aguets dégoûtée par le loup. Mes yeux se posent un instant sur la chaise, tandis que ma voix suave plaide coupable. « Une heure. S'il te plait. » Elle s'assoit enfin, et mon coeur n'en peut plus de ce débordement de joie aux effluves amères : elle est face à moi, elle me regarde, je peux même la toucher, sentir son parfum. Mon dieu que je l'aime. « Tu es si belle. » Plus qu'une flatterie, c'est l'élan de mon coeur qui parle, tandis que je le lui murmure dans un sourire attendri. Je sais pourtant que c'est stupide ; un bourreau ne réconforte pas sa victime. J'en souffre seconde après seconde, et je ne sais plus quoi dire. Pour la première fois.
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Re: I'm dead already
Mer 27 Oct 2010 - 17:49
Dans le silence mortuaire qui s’était installé dans mon nouvel appartement, je relisais encore et encore ces quelques mots jetés sur ce morceau de parchemin. « Un rendez-vous d'un admirateur pour une muse blonde, si l'inconnu ne vous effraie pas, attendez-moi demain au café du Black Cherry pour midi, Londres. Votre dévoué. » C’était étrange, tellement étrange. Mon esprit rêveur se permit quelques fantaisie et chercha à trouver de qui pouvait bien parvenir cette missive aux allures romanesques, en vain cependant. Je ne connaissais pas cette écriture, et pourtant je connaissais par cœur celle de tous mes élèves, j’en conclus donc qu’il ne s’agissait pas de l’un d’entre eux. Mais qui alors ? Je passai de longues minutes à chercher le mystérieux admirateur, et j’en vins à la conclusion qu’il ne pouvait être qu’un membre du groupe de soutient pour alcoolique que je voyais chaque semaine. Déjà sept mois que je n’avais pas touché à une seule petite goutte d’alcool, sept mois que j’étais sobre, en étais-je plus heureuse cependant ? Les mésaventures s’étaient enchaînées les unes après les autres depuis que je ne touchais plus à l’alcool, et il me semblait sombrer un peu plus chaque jour dans les méandres de la dépression. Je ne savais que faire. Devais-je accepter ce rendez vous ? Il semblait que cette personne me connaissait bien, très bien, assez bien pour savoir que j’avais le défit dans le sang et que cette lettre n’était que pure provocation « si l’inconnu ne vous effraie pas ». J’irai. C’était décidé. Je n’avais pas peur de l’inconnu, en réalité, je n’avais peur de rien, si ce n’est de… Je secouais la tête avec nonchalance pour éloigner mes idées lugubres de mon esprit. Je ne retrouvai pas la paix intérieure depuis ce qu’il s’était passé, impossible de dormir plus de quatre heures d’affilé, impossible de ne pas y penser, de pas retourner ces images en boucle dans ma tête. Je me levai subitement. Non, je ne devais pas y penser. Finalement, je me concentrai sur ce mystérieux admirateur, tentant désespérément de mettre un visage sur cette personne. J’espérai que ce soit Peter Jonhson. C’était l’homme avec qui j’avais le plus d’affinité ces derniers temps, qui savaient encore me faire rire et me réconforter lorsque ça n’allait pas. Pourtant, après tous les moments que nous avions passé en tête à tête, j’étais presque certaine qu’il aurait pu faire le premier pas autrement que par lettre. Me questionnant encore et toujours, je finis par m’endormir, plus paisiblement que jamais, oubliant mes malheurs pour la première fois en bien longtemps. Je reprenais confiance en moi. Pouvais-je donc plaire à quelqu’un d’autre qu’à un misérable junkie ? Il semblait que oui. Le sourire aux lèvres, je plongeai dans un monde onirique que j’avais abandonné depuis bien longtemps, m’imaginant encore et toujours un bel homme, de mon âge, près à fonder une famille et un mariage heureux. Pourtant, je savais pertinemment, au plus profond de moi, que je n’étais pas prête à me lancer dans une nouvelle relation amoureuse, j’étais encore bien trop éprise du précédent, et bien trop perturbée par ce qu’il s’était passé.
Le lendemain matin, je ne su vraiment comment, je réalisai que j’avais dormi toute la nuit sans me réveiller une seule fois, et que, mieux encore, j’avais fait une grâce matinée. Mon réveil matin moldu affichait onze heures. En d’autres termes, je n’avais plus qu’une heure pour me préparer et me rendre à Londres. Me levant en hâte, je me ruai à la cuisine pour me faire un café serré avant de me diriger vers la douche. Pour la première fois je décidai de prendre soin de moi, et appliquai sur ma peau bon nombre de crèmes hydratantes, antirides, anticernes et tant d’autres pour paraître un minimum présentable. Je décidai même de me maquiller légèrement et revêtais une robe légère, blanche, pour me donner un teint plus lumineux. Tout en sachant que je ne voulais pas d’une relation amoureuse, je m’entêtai à me faire belle n’était-ce que pour éblouir mon interlocuteur et me persuader que je pouvais encore plaire. Je me sentais sale et laide depuis ce qu’il s’était passé avec Lui, et si je voulais me reprendre en main, il semblait que c’était le moment ou jamais. Pleine de bonnes résolutions, je quittai mon appartement de Norwich en transplannant pour finalement me rendre à Londres. J’arrivai dans un coin sombre, loin des regards indiscrets des moldus, et levai les yeux vers le ciel. Il faisait beau en ce jour d’octobre, malgré une humidité et un froid ambiant, le ciel était d’un bleu magnifique et le soleil brillait faiblement au dessus des têtes londoniennes. Errant dans les rues, un sourire aux lèvres, je resserrai légèrement mon écharpe autour de ma gorge, et laissai mes cheveux s’amuser allègrement avec le vent. C’était bon, je me sentais vivante, malgré cette plaie béante qui habitait mon cœur. J’arrivai enfin au lieu de notre rendez vous : le Black Cherry. C’était un .café chaleureux et vivant, qui proposait un déjeuner copieux en plus de toutes les boissons chaudes. J’entrai d’un pas léger, et m’installai à une table vide, dans un coin de la pièce. Patiente, je jetai un coup d’œil à l’horloge qui se tenait à ma droite, et observai que j’avais cinq minutes d’avance. Je me permis de me perdre dans mes pensées quelques instants. Tout était si différent à présent. Après que mon idylle avec Lust se fut subitement arrêtée à cause de sa réaction excessive à mon égard, j’avais décidé de déménager. Bien trop effrayée qu’il vienne une nuit dans mon appartement, je m’étais éloignée de Hungcalf pour me réfugier dans un appartement de Norwich, loin des regards. J’avais continué à assurer mes cours, mais je refusais catégoriquement de lui adresser la parole, pas même qu’un regard, quant au reste, je me contentais du strict minimum. Je ne sortais plus, sauf pour mes réunions à mon groupe de soutient et faire mes courses. Je passais mon temps à lire ou à ruminer, à corriger les devoirs de mes élèves et à regarder des films moldus. Je n’étais plus la même, c’était évident.
Une présence derrière moi me sortie de mes pensées. Il était là. Mais de qui s’agissait-il ? La curiosité me rongeait plus que jamais, et je décidai enfin de me retourner… Telle ne fut pas ma surprise lorsque je me retrouvai nez à nez avec… Lust Whitaker. Lui ? Mais comment était-ce possible ? Comment osait-il encore venir près de moi, pire, me toucher, car il venait de m’attraper le poignet lorsque je m’étais levée subitement pour m’en aller loin de ce monstre qu’il était. Stupéfaite, craintive, et nauséeuse, je le regardai d’un air dégouté et apeuré. Je ne pus cependant m’empêcher de remarque que sa main enroulée délicatement mon poignet et qu’il ne s’agissait pas d’une étreinte violente et douloureuse comme il avait pu m’en faire quelques mois plutôt. Intriguée, mais néanmoins en colère, je n’en crus pas mes oreilles lorsque quelques mots s’échappèrent de sa gorge autrefois si chérie de ma part, gorge que j’aimais tant recouvrir de baisers lors de nos nuit d’amour, et, osais-je le dire, de tendresse. « Je t'en prie, reste et accepte de m'accorder une heure. » Mon regard se fit moqueur un instant, je crus qu’il plaisantais, jusqu’à ce que son regard à lui m’apprit qu’il était tout ce qu’il y avait de plus sérieux. « Tu plaisantes j’espère ? » Il semblait que non, car ses yeux fuyaient subitement les miens, à la manière d’un couple. Lust Whitaker se sentait coupable ? Ainsi donc, il pouvait être rongé de culpabilité ? Décidément, j’avais fait de lui un tout autre homme que quand je l’avais connu. Je lui avais fait connaître l’amour, la douceur, et à présent, la culpabilité ? C’était presque trop beau pour être vrai. « Une heure. S'il te plait. » A ma plus grande surprise, je me vis en train de m’asseoir. Si ma raison me criait de prendre mes jambes à mon cou si je ne voulais pas me faire sauvagement violer contre ce mur ; mon cœur amoureux me scandait de rester et de l’écouter.
« Tu es si belle. »
« Arrête ça, Lust. Qu’est-ce que tu veux ? »
Ma voix était froide et sèche, comme jamais je n’en avais utilisé avec lui. Je le détestais, pis encore, je me haïssais moi-même. Pourquoi ? Parce que j’arrivais encore à l’aimer, lui qui avait voulu abuser de moi quelques mois plutôt, lui qui s’était montré violent et d’une jalousie excessive. Comment pouvais-je encore aimer un monstre pareil ? Je ne savais pas qui de lui ou de moi me dégoutait le plus. « Sois bref, j’ai autre chose à faire. »
Le lendemain matin, je ne su vraiment comment, je réalisai que j’avais dormi toute la nuit sans me réveiller une seule fois, et que, mieux encore, j’avais fait une grâce matinée. Mon réveil matin moldu affichait onze heures. En d’autres termes, je n’avais plus qu’une heure pour me préparer et me rendre à Londres. Me levant en hâte, je me ruai à la cuisine pour me faire un café serré avant de me diriger vers la douche. Pour la première fois je décidai de prendre soin de moi, et appliquai sur ma peau bon nombre de crèmes hydratantes, antirides, anticernes et tant d’autres pour paraître un minimum présentable. Je décidai même de me maquiller légèrement et revêtais une robe légère, blanche, pour me donner un teint plus lumineux. Tout en sachant que je ne voulais pas d’une relation amoureuse, je m’entêtai à me faire belle n’était-ce que pour éblouir mon interlocuteur et me persuader que je pouvais encore plaire. Je me sentais sale et laide depuis ce qu’il s’était passé avec Lui, et si je voulais me reprendre en main, il semblait que c’était le moment ou jamais. Pleine de bonnes résolutions, je quittai mon appartement de Norwich en transplannant pour finalement me rendre à Londres. J’arrivai dans un coin sombre, loin des regards indiscrets des moldus, et levai les yeux vers le ciel. Il faisait beau en ce jour d’octobre, malgré une humidité et un froid ambiant, le ciel était d’un bleu magnifique et le soleil brillait faiblement au dessus des têtes londoniennes. Errant dans les rues, un sourire aux lèvres, je resserrai légèrement mon écharpe autour de ma gorge, et laissai mes cheveux s’amuser allègrement avec le vent. C’était bon, je me sentais vivante, malgré cette plaie béante qui habitait mon cœur. J’arrivai enfin au lieu de notre rendez vous : le Black Cherry. C’était un .café chaleureux et vivant, qui proposait un déjeuner copieux en plus de toutes les boissons chaudes. J’entrai d’un pas léger, et m’installai à une table vide, dans un coin de la pièce. Patiente, je jetai un coup d’œil à l’horloge qui se tenait à ma droite, et observai que j’avais cinq minutes d’avance. Je me permis de me perdre dans mes pensées quelques instants. Tout était si différent à présent. Après que mon idylle avec Lust se fut subitement arrêtée à cause de sa réaction excessive à mon égard, j’avais décidé de déménager. Bien trop effrayée qu’il vienne une nuit dans mon appartement, je m’étais éloignée de Hungcalf pour me réfugier dans un appartement de Norwich, loin des regards. J’avais continué à assurer mes cours, mais je refusais catégoriquement de lui adresser la parole, pas même qu’un regard, quant au reste, je me contentais du strict minimum. Je ne sortais plus, sauf pour mes réunions à mon groupe de soutient et faire mes courses. Je passais mon temps à lire ou à ruminer, à corriger les devoirs de mes élèves et à regarder des films moldus. Je n’étais plus la même, c’était évident.
Une présence derrière moi me sortie de mes pensées. Il était là. Mais de qui s’agissait-il ? La curiosité me rongeait plus que jamais, et je décidai enfin de me retourner… Telle ne fut pas ma surprise lorsque je me retrouvai nez à nez avec… Lust Whitaker. Lui ? Mais comment était-ce possible ? Comment osait-il encore venir près de moi, pire, me toucher, car il venait de m’attraper le poignet lorsque je m’étais levée subitement pour m’en aller loin de ce monstre qu’il était. Stupéfaite, craintive, et nauséeuse, je le regardai d’un air dégouté et apeuré. Je ne pus cependant m’empêcher de remarque que sa main enroulée délicatement mon poignet et qu’il ne s’agissait pas d’une étreinte violente et douloureuse comme il avait pu m’en faire quelques mois plutôt. Intriguée, mais néanmoins en colère, je n’en crus pas mes oreilles lorsque quelques mots s’échappèrent de sa gorge autrefois si chérie de ma part, gorge que j’aimais tant recouvrir de baisers lors de nos nuit d’amour, et, osais-je le dire, de tendresse. « Je t'en prie, reste et accepte de m'accorder une heure. » Mon regard se fit moqueur un instant, je crus qu’il plaisantais, jusqu’à ce que son regard à lui m’apprit qu’il était tout ce qu’il y avait de plus sérieux. « Tu plaisantes j’espère ? » Il semblait que non, car ses yeux fuyaient subitement les miens, à la manière d’un couple. Lust Whitaker se sentait coupable ? Ainsi donc, il pouvait être rongé de culpabilité ? Décidément, j’avais fait de lui un tout autre homme que quand je l’avais connu. Je lui avais fait connaître l’amour, la douceur, et à présent, la culpabilité ? C’était presque trop beau pour être vrai. « Une heure. S'il te plait. » A ma plus grande surprise, je me vis en train de m’asseoir. Si ma raison me criait de prendre mes jambes à mon cou si je ne voulais pas me faire sauvagement violer contre ce mur ; mon cœur amoureux me scandait de rester et de l’écouter.
« Tu es si belle. »
« Arrête ça, Lust. Qu’est-ce que tu veux ? »
Ma voix était froide et sèche, comme jamais je n’en avais utilisé avec lui. Je le détestais, pis encore, je me haïssais moi-même. Pourquoi ? Parce que j’arrivais encore à l’aimer, lui qui avait voulu abuser de moi quelques mois plutôt, lui qui s’était montré violent et d’une jalousie excessive. Comment pouvais-je encore aimer un monstre pareil ? Je ne savais pas qui de lui ou de moi me dégoutait le plus. « Sois bref, j’ai autre chose à faire. »
- InvitéInvité
Re: I'm dead already
Mer 27 Oct 2010 - 18:53
Le dégoût qui se lisait dans ses si beaux yeux à mon encontre, vint assassiner mon coeur d'une terrible douleur. J'étais son bourreau, elle était mon assassin, malgré elle. Car elle n'était pas la coupable du désastre de notre relation : j'étais le seul monstre à juger, et je ne pouvais me poser en victime. Je n'en avais guère l'attention et accueillis ainsi l'agonie de mon palpitant d'une résignation folle : frappe encore, jusqu'à ce que je ne respire plus, mon amour. Achève-moi ici et maintenant, mais sache que si je devais mourir à présent, je mourrais heureux car ta douce image aurait été la dernière. Quand bien même l'écoeurement se lirait dans tes si beaux yeux de satin, j'aurais eu l'honneur de sentir ton regard posé sur moi, au moins une dernière fois. Peu m'importait finalement la répugnance que je lui inspirais, peu importait la crispation de ses doigts à la seule idée que je la touche, ses frissons d'horreur, la haine dans ses yeux autrefois alanguis : elle me regardait. Et quand bien même j'en souffrais, j'avais le délire de croire que peut-être, ma Cassandra m'accorderait un sourire, un souffle, un toucher, une caresse, ou ne serait-ce qu'un murmure. Parle, que je me berce encore de ta voix, condamne-moi, blâme-moi, juge-moi, haïs-moi que je me brûle aux Enfers, mais ne me laisse pas dans l'ombre de ton indifférence. Ah si nous pouvions seulement nous aimer en l'instant, au son des tambours de nos palpitants, que je mourrais d'amour... Non, je délirais : car à la vue de son regard haineux, je pouvais comprendre qu'aucun sentiment pour moi n'existait en elle, j'avais détruit son feu et étouffé ses sanglots, j'avais lynché son amour au nom d'une jalousie excessive. « Arrête ça, Lust. Qu’est-ce que tu veux ? » Ses mots vinrent claquer l'air d'une froideur vorace, bien sûr je ne m'étais pas attendu à ce que la douceur n'habite son être de lumière ; je ne méritais que son mépris, sa colère, son indifférence peut-être quoique celle-ci m'aurait véritablement assassiné, mais pas sa haine. Interdit face à tant de fougue haineuse, je venais soutenir son regard d'une lueur à la fois étonnée et coupable, mes lèvres s'entrouvrant pour des mots retenus en otage en travers de ma gorge. « Sois bref, j’ai autre chose à faire. » « Si tu avais autre chose à faire ce midi, tu n'aurais pas répondu présente à ce rendez-vous. » J'eus un sourire tendre, mais le ton taquin et léger de ma réplique alors employé, vint se heurter à son mur de glace : je me rendais compte alors que je n'étais plus rien à ses yeux. Mon dieu, qu'avais-je fait, j'avais détruit la seule chose qui me tenait à coeur, et voilà qu'à présent, je la dégoûtais. Mes yeux noisettes ne pouvant toiser cette scène insoutenable faite de dégoût et d'exécration à mon encontre, vinrent fuir le satin de son regard glaçant, se posant brièvement sur la table. Me détestait-elle à présent ? L'idée m'était intolérable et meurtrière, quand bien même le seul criminel ici présent, c'était bien moi. « Je suis désolé. » Et mes yeux délictueux de se poser sur ma Cassandra à nouveau, tandis que je vins renchérir aussitôt afin de l'empêcher d'y répondre. « Oui je sais, encore une fois. Je sais que tous les pardons du monde ne pourront jamais soigner le mal que je t'ai fait. Cassandra... » Ma gorge se serra un instant, mes yeux troubles dévoraient sa beauté en lui suppliant un pardon, et mon coeur amoureux peinait à respirer sous l'oppression d'une peine venimeuse et d'une culpabilité qui me faisait me sentir monstre. Je ne tenais pas à m'expliquer d'avantage cependant : lui confier que ma jalousie maladive m'avait poussé à cet acte ignoble, lui dire que mon amour pour elle me faisait agir avec trop de passion meurtrière, lui avouer qu'elle était la femme de ma vie, et que la savoir dans les bras d'un autre m'était insupportable. J'étais un monstre. J'étais Lust Whitaker. Et pour cela, je n'avais pas d'excuse. « ...dis-moi ce qu'il faut que je fasse pour que tu me pardonnes. » J'avançais alors une main, dans l'espoir stupide de sentir la sienne sur ma peau glacée, figeant mes yeux noisette dans son regard dégoûté. Et de mes traits amoureux qui se faisaient meurtris, je laissais alors ma voix suave s'élever une nouvelle fois, face à l'écoeurement se lisant sur son si doux visage : « Tu me hais à ce point ? » Quelle folle idée que de poser cette question qui me brûlait les lèvres, mais dont la réponse était pourtant évidente. Et comme pour sauver mon âme de la perdition, je rétorquais aussitôt, ne lui laissant pas le temps de répondre : « Ne me déteste pas Cassie, j'ai besoin de toi. » Et j'aurais pu m'étendre bien plus, lui avouer que j'avais besoin de son sourire pour vivre, de son amour pour exister, de tout son être à mes côtés. Mais était-ce le bon moment... J'en doutais sincèrement.
La silhouette du serveur se dessina alors à nos côtés, guilleret et tenant un calepin qu'il gribouillait distraitement, nous chantant d'une voix joyeuse ce que nous souhaiterions prendre. Je me redressais alors, mes yeux noisettes braqués sur la jolie blonde que je souhaitais ardemment récupérer, sans le voir lui, sans voir personne. Elle seule comptait, pour aujourd'hui et les jours à venir... Je me souvenais alors de notre première rencontre, de l'humidité de ces cachots, de mon regard lubrique à son encontre, de mes paroles provocantes que je lui avais soufflé... Et de ce chantage obscène, de ces pensées perverses de la plaquer contre un mur : à ces pensées je fermais brièvement les yeux, d'une demi seconde à peine, dans l'espoir de rayer ces souvenirs de ma mémoire. Depuis le début sans doute, notre relation n'était vouée qu'à se terminer ainsi : je n'étais pas fait pour aimer, pas avec mes instincts bestiaux et brusques qui me brûlaient de l'intérieur. Je voulais la savoir heureuse, épanouie, vivante ; je l'avais transformée en un zombie apeuré par le soleil et ses bienfaits. Fallait-il que je m'efface de sa mémoire pour que je puisse revoir mon amour sourire ? Mes yeux vinrent s'illuminer d'une douleur farouche face à cette idée, qui me paraissait pourtant la plus appropriée. L'oubli était parfois salvateur.
La silhouette du serveur se dessina alors à nos côtés, guilleret et tenant un calepin qu'il gribouillait distraitement, nous chantant d'une voix joyeuse ce que nous souhaiterions prendre. Je me redressais alors, mes yeux noisettes braqués sur la jolie blonde que je souhaitais ardemment récupérer, sans le voir lui, sans voir personne. Elle seule comptait, pour aujourd'hui et les jours à venir... Je me souvenais alors de notre première rencontre, de l'humidité de ces cachots, de mon regard lubrique à son encontre, de mes paroles provocantes que je lui avais soufflé... Et de ce chantage obscène, de ces pensées perverses de la plaquer contre un mur : à ces pensées je fermais brièvement les yeux, d'une demi seconde à peine, dans l'espoir de rayer ces souvenirs de ma mémoire. Depuis le début sans doute, notre relation n'était vouée qu'à se terminer ainsi : je n'étais pas fait pour aimer, pas avec mes instincts bestiaux et brusques qui me brûlaient de l'intérieur. Je voulais la savoir heureuse, épanouie, vivante ; je l'avais transformée en un zombie apeuré par le soleil et ses bienfaits. Fallait-il que je m'efface de sa mémoire pour que je puisse revoir mon amour sourire ? Mes yeux vinrent s'illuminer d'une douleur farouche face à cette idée, qui me paraissait pourtant la plus appropriée. L'oubli était parfois salvateur.
- InvitéInvité
Re: I'm dead already
Jeu 28 Oct 2010 - 12:02
Tous mes efforts pour l’oublier de ces derniers mois s’effondraient soudain. Tout me revint à l’esprit, oui absolument tout, son sourire paisible lorsqu’il dormait à côté de moi, sa façon de me prendre la main, lorsque que nous n’étions que tous les deux, cette complicités sensuelle et érotique qui s’était installée entre nous, toutes nos sorties, toutes nos discussions, oui, tout me revenait en mémoire. A présent qu’il se tenait devant moi, je ne pouvais m’empêcher de me souvenir pourquoi j’en étais tombée amoureuse, et pourquoi j’en étais toujours éprise. Son regard sombre et profond, qui l’entourait d’un certain mystère, son sourire carnassier et pourtant si tendre lorsqu’il m’était adressé, ses cheveux d’Ébène dans les quels j’aimais tant passer les mains… Sa perspicacité aussi.
« Si tu avais autre chose à faire ce midi, tu n'aurais pas répondu présente à ce rendez-vous. »
« Tu appelles ça un rendez-vous ? Moi j’appelle ça une belle erreur. »
C’était ce que je pensais en tous cas, car il était évident que je ne serais pas venue si j’avais su que mon admirateur secret était en réalité la personne qui m’avait fait le plus de mal sur cette terre après mon défunt père. Il avait tenté d’abuser de moi, tout c’était jouer à quelques minutes, si son moment de folie ne s’était pas arrêté, sans doute m’aurait-il violé impunément pour une jalousie excessive. Moi qui pourtant j’avais d’yeux que pour lui, et n’aurais jamais eut l’idée d’aller voir ailleurs, il m’avait soupçonné de l’avoir trompé. A qui la faute cependant ? Après tout, ne l’avais-je pas trompé au début de notre relation, sous l’emprise de l’alcool ? A présent je ne buvais plus, et ne l’avais pas trompé, pourtant, il était allé trop loin, vraiment trop loin, et avait laissé en moi une plaie béante, détruisant tout sur son passage jusqu’à mon orgueil, ma confiance en moi. Oui je lui en voulais, plus qu’à quiconque sur cette terre, et pourtant, mon cœur continuait de battre pour lui, uniquement pour lui, et je m’en voulais de m’infliger ce mal. Je ne pouvais m’empêcher de voir en lui un véritable monstre, et le simple fait qu’il ose poser son regard sur moi me dégoûtait au plus haut point. Je sentais encore ses mains massacrer mon corps, être brutales et violentes à mon encontre. Ce soir là, il n’était plus l’homme que j’avais connu, malgré sa brusquerie, Lust s’était toujours montré attentif et doux à mon égard, à sa manière en tout cas. « Je suis désolé. » Ma langue vint claquer contre mon palais, alors que je levais les yeux au ciel. Désolé ? Sans doute ne l’était-il pas autant que moi de voir comment notre idylle s’était achevée. Ses yeux se posèrent sur moi, tandis que j’y plongeai mon regard anéantis. C’était trop tard pour être désolé, trop tard pour penser que je pouvais pardonner. Il était allé trop loin, et je voyais qu’il en était conscient. J’étais sur le point de répondre lorsqu’il reprit la parole, m’empêchant de lui montrer une fois encore mon dégoût. « Oui je sais, encore une fois. Je sais que tous les pardons du monde ne pourront jamais soigner le mal que je t'ai fait. Cassandra... » Il avait compris. Aucune de ses paroles ne pourraient refermer ce trou béant dans ma poitrine. Autrefois, il suffisait qu’il me prenne dans ses bras pour que j’oublie tout, mais à présent, la pensée même qu’il me touche provoquait en moi un frisson de répugnance et de dédain. Je m’étais confiée à lui sans aucune réserve, lui parlant de mon alcoolisme et de la violence de mon père, il était sans doute la personne qui me connaissait le mieux à présent, il n’était plus mon allié, mais mon pire ennemi.
« ...dis-moi ce qu'il faut que je fasse pour que tu me pardonnes. »
« C’est trop tard Lust. Il fallait y penser avant de… » ma voix se brisa soudain, quand le souvenir de cette nuit là submergea mon esprit. Des larmes de colère montèrent à mes yeux et je lançai à mon ancien amant un regard plein de dégoût et de haine.
« Tu me hais à ce point ? »
Oui, mon beau Lust. Oui je te hais. Je te déteste, tu me répugnes, tu m’écœures, tu me dégoûtes. Il était l’unique personne en qui j’avais eut confiance, et il m’avait tout volé. Il était mon bourreau, mon assassin, et pourtant, il était l’homme de ma vie, je le savais, et le détestais plus encore pour cela. « Ne me déteste pas Cassie, j'ai besoin de toi. » Un sourire triste et désolé vint remplacer ma haine. Il était l’unique à qui j’autorisais ce surnom, le seul à pouvoir me faire fondre par de si belles paroles, mais ce la ne suffisait pas, ne suffisait plus… Je secouai doucement la tête, plongeant mon regard dans le sien. Je ne savais plus où j’en étais, en réalité, je crois que je ne le détestais pas vraiment, mais je ne pouvais plus me permettre de l’aimer. Malgré les papillons dans mon estomac, les soubresauts de mon cœur, les tremblements dans ma voix, et mes yeux qui se régalaient de le dévorer ainsi, je ne pouvais plus l’aimer. L’on dit souvent que l’on fait du mal à ceux qu’on aime, pourtant, ici, j’aimais passionnément celui qui me faisait du mal. Et ciel que c’était douloureux. Passant une main dans mes cheveux blonds, plus courts qu’autrefois, je murmurai doucement, avec pour amie plus de tristesse que de haine.
« J’avais besoin de toi aussi, autrefois. Et pourtant, qu’as-tu fait ? Dois-je te le rappeler ? Tu ne sais pas ce que je vis, Whitaker. Tu n’en as pas la moindre petite idée. »
Un petit rire mauvais s’échappa de ma gorge, tandis que les larmes qui perlaient au coin de mes yeux disparaissaient subitement. Je ne lui pardonnerai pas, c’était impossible. Je me sentais si sale, je n’existais même plus, je me contentais de survivre à la manière d’un ermite, je me dégoûtais moi-même. Au bout de quelques secondes de silence, un serveur bienheureux s’approcha de notre table pour prendre notre commande. C’était un jeune adulte encore boutonneux qui n’avait conscience de rien, si ce n’est de ses hormones en furie et de la jolie jeune fille assise un peu plus loin. Son innocence me renvoyait en pleine figure ma culpabilité. Comment avais-je pu sortir avec un de mes élèves ? Tous mes principes s’étaient envolés ce matin là, dans ma salle de bain, tandis que Lust me rejoignait dans mon bain chaud, où nous avions fait l’amour pour la toute première fois. Un élève, Cassandra, un élève. Te rends-tu compte ? Tu imaginais même passer ta vie avec lui, alors que tu savais pertinemment qu’il n’était pas fait pour la vie de couple, il ne t’aurait pas fait d’enfant, aurait continué à se droguer et aurait finis sur ton canapé, mort d’une overdose. Tu parles d’une vie. Car j’étais à peu près certaine de trouver des traces de piqûres sur ses bras, si je soulevais la magnifique chemise qu’il portait. Ce charme qui émanait de lui était sublimait par sa tenue tout aussi belle, et je sentais mon cœur de glace fondre un peu plus chaque jour pour lui. « Deux cafés noirs, serrés. ». L’amertume de la boisson me ferait peut être oublié celle qui me rongeait depuis des semaines entières. Je reposai mon regard sur Lust, beaucoup moins haineuse que je ne l’aurais souhaité.
« Lust, c’est finis. Tu ne valais pas mieux que mon père finalement … »
Provocation ? Oui sans doute. Mais entre nous, cela avait toujours été un jeu de défit et de séduction.
« Si tu avais autre chose à faire ce midi, tu n'aurais pas répondu présente à ce rendez-vous. »
« Tu appelles ça un rendez-vous ? Moi j’appelle ça une belle erreur. »
C’était ce que je pensais en tous cas, car il était évident que je ne serais pas venue si j’avais su que mon admirateur secret était en réalité la personne qui m’avait fait le plus de mal sur cette terre après mon défunt père. Il avait tenté d’abuser de moi, tout c’était jouer à quelques minutes, si son moment de folie ne s’était pas arrêté, sans doute m’aurait-il violé impunément pour une jalousie excessive. Moi qui pourtant j’avais d’yeux que pour lui, et n’aurais jamais eut l’idée d’aller voir ailleurs, il m’avait soupçonné de l’avoir trompé. A qui la faute cependant ? Après tout, ne l’avais-je pas trompé au début de notre relation, sous l’emprise de l’alcool ? A présent je ne buvais plus, et ne l’avais pas trompé, pourtant, il était allé trop loin, vraiment trop loin, et avait laissé en moi une plaie béante, détruisant tout sur son passage jusqu’à mon orgueil, ma confiance en moi. Oui je lui en voulais, plus qu’à quiconque sur cette terre, et pourtant, mon cœur continuait de battre pour lui, uniquement pour lui, et je m’en voulais de m’infliger ce mal. Je ne pouvais m’empêcher de voir en lui un véritable monstre, et le simple fait qu’il ose poser son regard sur moi me dégoûtait au plus haut point. Je sentais encore ses mains massacrer mon corps, être brutales et violentes à mon encontre. Ce soir là, il n’était plus l’homme que j’avais connu, malgré sa brusquerie, Lust s’était toujours montré attentif et doux à mon égard, à sa manière en tout cas. « Je suis désolé. » Ma langue vint claquer contre mon palais, alors que je levais les yeux au ciel. Désolé ? Sans doute ne l’était-il pas autant que moi de voir comment notre idylle s’était achevée. Ses yeux se posèrent sur moi, tandis que j’y plongeai mon regard anéantis. C’était trop tard pour être désolé, trop tard pour penser que je pouvais pardonner. Il était allé trop loin, et je voyais qu’il en était conscient. J’étais sur le point de répondre lorsqu’il reprit la parole, m’empêchant de lui montrer une fois encore mon dégoût. « Oui je sais, encore une fois. Je sais que tous les pardons du monde ne pourront jamais soigner le mal que je t'ai fait. Cassandra... » Il avait compris. Aucune de ses paroles ne pourraient refermer ce trou béant dans ma poitrine. Autrefois, il suffisait qu’il me prenne dans ses bras pour que j’oublie tout, mais à présent, la pensée même qu’il me touche provoquait en moi un frisson de répugnance et de dédain. Je m’étais confiée à lui sans aucune réserve, lui parlant de mon alcoolisme et de la violence de mon père, il était sans doute la personne qui me connaissait le mieux à présent, il n’était plus mon allié, mais mon pire ennemi.
« ...dis-moi ce qu'il faut que je fasse pour que tu me pardonnes. »
« C’est trop tard Lust. Il fallait y penser avant de… » ma voix se brisa soudain, quand le souvenir de cette nuit là submergea mon esprit. Des larmes de colère montèrent à mes yeux et je lançai à mon ancien amant un regard plein de dégoût et de haine.
« Tu me hais à ce point ? »
Oui, mon beau Lust. Oui je te hais. Je te déteste, tu me répugnes, tu m’écœures, tu me dégoûtes. Il était l’unique personne en qui j’avais eut confiance, et il m’avait tout volé. Il était mon bourreau, mon assassin, et pourtant, il était l’homme de ma vie, je le savais, et le détestais plus encore pour cela. « Ne me déteste pas Cassie, j'ai besoin de toi. » Un sourire triste et désolé vint remplacer ma haine. Il était l’unique à qui j’autorisais ce surnom, le seul à pouvoir me faire fondre par de si belles paroles, mais ce la ne suffisait pas, ne suffisait plus… Je secouai doucement la tête, plongeant mon regard dans le sien. Je ne savais plus où j’en étais, en réalité, je crois que je ne le détestais pas vraiment, mais je ne pouvais plus me permettre de l’aimer. Malgré les papillons dans mon estomac, les soubresauts de mon cœur, les tremblements dans ma voix, et mes yeux qui se régalaient de le dévorer ainsi, je ne pouvais plus l’aimer. L’on dit souvent que l’on fait du mal à ceux qu’on aime, pourtant, ici, j’aimais passionnément celui qui me faisait du mal. Et ciel que c’était douloureux. Passant une main dans mes cheveux blonds, plus courts qu’autrefois, je murmurai doucement, avec pour amie plus de tristesse que de haine.
« J’avais besoin de toi aussi, autrefois. Et pourtant, qu’as-tu fait ? Dois-je te le rappeler ? Tu ne sais pas ce que je vis, Whitaker. Tu n’en as pas la moindre petite idée. »
Un petit rire mauvais s’échappa de ma gorge, tandis que les larmes qui perlaient au coin de mes yeux disparaissaient subitement. Je ne lui pardonnerai pas, c’était impossible. Je me sentais si sale, je n’existais même plus, je me contentais de survivre à la manière d’un ermite, je me dégoûtais moi-même. Au bout de quelques secondes de silence, un serveur bienheureux s’approcha de notre table pour prendre notre commande. C’était un jeune adulte encore boutonneux qui n’avait conscience de rien, si ce n’est de ses hormones en furie et de la jolie jeune fille assise un peu plus loin. Son innocence me renvoyait en pleine figure ma culpabilité. Comment avais-je pu sortir avec un de mes élèves ? Tous mes principes s’étaient envolés ce matin là, dans ma salle de bain, tandis que Lust me rejoignait dans mon bain chaud, où nous avions fait l’amour pour la toute première fois. Un élève, Cassandra, un élève. Te rends-tu compte ? Tu imaginais même passer ta vie avec lui, alors que tu savais pertinemment qu’il n’était pas fait pour la vie de couple, il ne t’aurait pas fait d’enfant, aurait continué à se droguer et aurait finis sur ton canapé, mort d’une overdose. Tu parles d’une vie. Car j’étais à peu près certaine de trouver des traces de piqûres sur ses bras, si je soulevais la magnifique chemise qu’il portait. Ce charme qui émanait de lui était sublimait par sa tenue tout aussi belle, et je sentais mon cœur de glace fondre un peu plus chaque jour pour lui. « Deux cafés noirs, serrés. ». L’amertume de la boisson me ferait peut être oublié celle qui me rongeait depuis des semaines entières. Je reposai mon regard sur Lust, beaucoup moins haineuse que je ne l’aurais souhaité.
« Lust, c’est finis. Tu ne valais pas mieux que mon père finalement … »
Provocation ? Oui sans doute. Mais entre nous, cela avait toujours été un jeu de défit et de séduction.
- InvitéInvité
Re: I'm dead already
Jeu 28 Oct 2010 - 18:26
'Une belle erreur' ; c'est ainsi qu'elle nommait notre tête à tête quand pour moi ce rendez-vous était une bénédiction, un miracle tant attendu. Combien de fois l'avais-je vu en rêve, appelant mon nom et me tendant une main que je ne pouvais attraper : et enfin elle se tenait devant moi. Certes j'avais du user de stratagème pour qu'elle accepte, mais les faits étaient là ; je pouvais la dévorer des yeux, je pouvais humer son parfum, je pouvais laisser toute son aura résonner en moi jusqu'à en faire frémir mon palpitant de plaisir. Quand bien même la culpabilité m'accablait, et la honte, et la tristesse, et la destruction ; je m'estimais heureux de me tenir si près de cette princesse farouche. J'avais tout détruit, d'un égocentrisme monstrueux, d'une violence bestiale, d'une passion meurtrière, et j'espérais en vain et naïvement de pouvoir tout reconstruire. Dans le fond néanmoins, je ne désirais pas qu'elle me pardonne, j'éprouvais le besoin d'une rédemption, mais seulement lorsque j'en aurais payé de mon âme, de mon coeur, de ma vie ; j'étais prêt à tous les sacrifices, toutes les douleurs, toutes les brûlures, pour me faire pardonner. Dieu que j'aurais donné beaucoup, pour seulement poser mes doigts sur sa peau de lait, la frôler d'une tendresse alanguie, dans un simple frisson. Dieu que j'aurais pu mourir pour le miel de ses lèvres délivré en un sourire à mon encontre ; qu'il était loin, le temps des amours. Le clairon de la haine et du dégoût sonnait son glas, et je percevais plus que jamais le mépris que ma Cassandra avait pour moi ; ne serait-ce que par sa cruelle sincérité, je sentais mon coeur se contorsionner sous l'effet de flammes mortuaires. Mon amour consumé ne semblait pas s'éteindre pour autant, porté par la volonté farouche de la récupérer naïvement, je m'étendais en excuses, avançais une main envieuse, lui confessais des aveux prenants. A travers quelques mots, quelques regards, quelques expressions d'un visage transi et coupable... Mais les larmes soudaines de ma Cassandra vinrent me rappeler ô combien je n'étais qu'un barbare ayant attenté à son nom, moi qui exécrais ceux qui blasphémaient sa beauté, son être de lumière, moi qui l'avait hissée sur un piédestal contre vents et marées, contre l'ignominie de sa mère, voilà que je m'étais rendu ignoble à mon tour. Je ne me dégoûtais pas de tant de violence, je me haïssais d'avoir levé la main sur elle, sur ma Cassandra qui avait déjà souffert des affres de la bestialité masculine. « J’avais besoin de toi aussi, autrefois. » Autrefois, auparavant, plus maintenant. Ma gorge se serra sous un élan douloureux, tandis qu'une tristesse virulente vint voiler mon visage que je souhaitais néanmoins impassible ; serrant la mâchoire, on put lire malgré moi cette douleur prenante s'emparer de mes traits fins, tandis que j'acquiesçais de la tête comme pour tenter de reprendre prestance. « Et pourtant, qu’as-tu fait ? Dois-je te le rappeler ? Tu ne sais pas ce que je vis, Whitaker. Tu n’en as pas la moindre petite idée. » Mes yeux fauves vinrent fuir son regard coupable tandis que d'une voix suave et basse, je me faisais mon propre bourreau. « Je suppose que tu ne sors plus, par ma faute. » J'esquissais une moue coupable lorsque, sentant les yeux interrogatifs de Cassandra sur moi, je redressais mes rétines mordorées sur sa beauté transcendante, afin d'expliciter un peu plus ma déduction : « Je ne te vois plus à ta librairie préférée. », avais-je soufflé malgré le rire cyniquement mauvais de mon ancienne amante, précédant mes mots transis. Le serveur à nos côtés, bien plus attiré par une demoiselle assise en fond de salle que par l'amerturme d'une idylle défunte se déroulant sous ses yeux, approuva les commandes dans un grand sourire niais avant de tourner les talons. Ne me préoccupant pas des mortels autour de nous, je me redressais alors, retirant finalement ma main qui n'avait attendu que la sienne, en vain. Ce rendez-vous, plus que de me rapprocher d'elle, m'en éloignait au contraire. Et je sentais le fossé de la haine se creuser davantage, tandis que je tentais tout pour le combler et reconquérir mon amour perdu : il me semblait que plus elle me fixait, plus elle se tenait à mes côtés, et plus elle tentait de fuir. Et j'avais beau tendre la main, jamais plus ses doigts fins ne viendraient frôler ma peau ; je me sentais maudit jusqu'à ce que les portes des Géhennes ne s'ouvrent pour mon âme abjecte. « Lust, c’est finis. » Je déglutis alors, sentant mon coeur se cristalliser d'une douleur sans nom qui vint assassiner ses derniers soubresauts. Ma respiration se coupa, ma mâchoire se serra soudain, crispée par la tristesse figeant mes mots dans mon gosier trop sec, ma nuque vint frémir sous un afflux sanguin ralenti, et enfin mon myocarde cessa de battre sous l'assaut de mon regard torturé que je ne parvenais plus à dissimuler. Baissant brièvement mes rétines sur la table, livide et muet, il me semblait que je frôlais l'infarctus, l'apoplexie, que ma vie lentement me quittait pour n'emplir mon corps que d'une douleur me figeant sur ma chaise. Ce malaise, cette agonie, ces tressaillements souffreteux que j'aurais souhaité cacher, m'habitaient tout entier et ne pouvaient plus se dissimuler sous un énième masque de glace : la froideur de ma carrure, laissa place à une humanité plus poignante, celle qu'on ne percevait jamais. « Tu ne valais pas mieux que mon père finalement … » Deuxième coup de poignard, me laissant de nouveau sans voix ; je mourrais à petit feu et ne parvenait pas même à me relever. Alors c'était cela, ce que ressentaient mes victimes lorsque je les achevais par les mots, lorsque je les torturais moralement, lorsque je jouissais de leurs malheurs qui me paressaient grotesques... J'acceptais ma peine capitale avec résignation, non sans douleur, relevant doucement mes yeux ternes et sans vie sur ma belle Cassandra. « Je sais. » J'acquiesçais alors, d'une voix plus ferme et assurée, demeurant plus que jamais du même avis que ma belle. J'avais cette autre question meurtrière me brûlant les lèvres, j'éprouvais ce besoin de me faire du mal pour me faire pardonner, mais les mots ne vinrent pas : m'aimait-elle encore ? Au vu de son regard de dégoût, la réponse demeurait évidente ; les sentiments que j'avais semés en elle avaient germés, et avaient fait pousser les racines de la haine et de la répugnance profonde. « Et je sais aussi, que tu vaux tellement mieux qu'un junkie pour amant. » soufflais-je d'un sourire attendri, sans pour autant rajouter les fatidiques 'ta mère avait raison'. Cela m'aurait tué que de l'avouer ; quoique je pouvais prétendre à un coeur déjà mort. « J'aurais voulu te voir heureuse. Epanouie, vivante, sereine, rayonnante. Je peux encore t'offrir la tranquillité. » murmurais-je d'une voix grave tandis que mes rétines fauves se faisaient plus sérieuses quoique toujours autant transies. « Laisse-moi m'effacer de ta mémoire. Je garderais nos souvenirs pour deux... Et je veillerais sur toi de loin, je veillerais à ce que tu aies une belle vie, un bon mari qui sache cuisiner et profiter des viennoiseries françaises. » Un léger sourire pour nous rappeler à notre dernière voyage à Paris, et je vins reprendre de plus belle, confiant dans mes convictions. « Je veillerais à ce que tu sois vivante. Si tu refuses de m'aimer aujourd'hui, accepte au moins la seule chose que je n'ai jamais pu t'offrir. »
- InvitéInvité
Re: I'm dead already
Jeu 28 Oct 2010 - 21:50
Je ne savais plus vraiment où j’en étais de ma vie, si j’osais encore appeler cela une vie. Après ce qu’il s’étai passé, je m’étais mise dans la tête de démissionner de Hungcalf et de quitter le pays, pour retourner en France et devenir professeur de littérature française. Oui, je n’aurais pas abandonné l’enseignement. Au fil des années, je m’étais rendue compte combien j’aimais transmettre mon savoir aux nouvelles générations, la seule erreur de ma part avait été de me mêler un peu trop au leader de cette génération de débauche et de lubricité : Lust. Combien de filles auraient vendu leur âme pour avoir ma place ? Combien ? Pour entendre Lust Whitaker murmurer un « Je t’aime » au creux de la nuit, pour sentir son corps dans vos draps presque chaque nuit, et le sentir vous serrer contre le. Ciel, que j’aimais ces moments là, où dans la nuit, sans crier gare, il venait me prendre dans ses bras, m’enlaçant doucement. Etait-ce un crime que de dire que cela me manquait ? Il ne réchauffait plus mon lit désormais, et au matin, je n’avais personne à embrasser, ni écouter parler. Bien sur que j’avais remarqué sa main masculine qui s’était avancée sur la table qui nous séparait dans l’espoir de toucher la mienne, bien sûr que j’aurais aimé y glisser tendrement mes doigts, et lui caresser l’intérieur de la paume comme j’aimais tant le faire autrefois, pour lui faire comprendre que j’avais envie de lui, de ses bras qui m’enlacent, de son rire qui me trouble et pourtant me rassure, de ses yeux qui me disent qu’ils m’aiment. Mais m’aimaient-ils vraiment, ces yeux chatoyants et satinés ? Ces mêmes yeux qui m’avaient terriblement blessé par la violence et la jalousie qu’ils traduisaient autrefois… Lust m’aimait-il ? M’avait-il déjà aimé ? La remise en question de moi-même commençait à empiéter sur tout le reste. Lust ne m’avait jamais aimé, m’étais-je persuadée du contraire. Je n’avais jamais été qu’un objet sexuel, un jeu pour lui. Il s’était attaché, certes, mais j’étais son objet, sa petite chose, oui, sa pauvre petite chose. Et en bon enfant égoïste qui se respectait, il n’avait pas supporté qu’un autre, certes imaginaires, pose ses mains sales sur sa chose. J’essayais de me persuader de cela depuis plusieurs mois déjà, dans l’unique espoir de ne pas revenir en arrière et d’accepter ses excuses. J’avais bien trop souffert de mon père violent et de ma mère catin, un amant jaloux n’arrangerait rien, un élève qui plus est. J’arquais un sourcil lorsque je l’entendis mentionner ma libraire préférée. Ainsi donc, il s’ennuyait tellement des autres femmes qu’il venait perdre son temps dans cette librairie dans l’espoir de mieux venir me harceler et me rappeler combien j’avais mal ? Je ne sortais plus de chez moi, il avait vu juste. Je ne voulais voir personne de toute façon, seule ma mère venait me rendre visite parfois, plus pour me demander de l’argent que pour prendre de mes nouvelles d’ailleurs. Peu m’importait désormais, le seul être qui avait encore de l’importance était mon propre bourreau et sans doute n’étais-je pas assez masochiste pour accepter de lui pardonner sa tentative de viol. Malheureusement pour lui, je n’avais pas développé le syndrome de Stockholm. Ou du moins, je ne le montrais pas. Car évidemment j’en étais amoureuse, mais pas assez sotte pour le lui montrer.
Il avait oublié combien j’étais son égale, combien je savais jouer aussi bien la comédie que lui, combien je pouvais faire mal avec les mots. Il n’avait pas fumé son premier joint que je jetai déjà mille et uns prétendants hors de mon lit, leur riant au nez, les rabaissant plus bas que terre. Quelle salope étais-je. Mais finalement, étais-je plus malheureuse à cette époque ? Je m’étais décidée à devenir quelqu’un de bien, et voilà comment le ciel me remercier ? En me faisant abuser par l’homme de ma vie ? Quelle belle leçon de vie. Puisque c’était ainsi, je préférais souffrir en faisant souffrir les autres plutôt que souffrir et rester passive devant ma propre douleur. Ainsi je lui lançais non sans une pointe de sadisme enjoué qu’il ne valait pas mieux que mon père. Peut être même encore moins, car mon père n’avait jamais prétendu m’aimer, alors que Lust lui… Il m’avait bercé dans la douce illusion d’un amour sans faille, alors que mon père lui, m’avait toujours montré son mépris. « Je sais. » Ainsi, mon amant éconduit jouait la carte de l’honnêteté et même de l’auto-flagellation. Il savait. Et je savais qu’il savait, toute ma théorie, celle qu’il ne m’avait jamais aimé, s’écroula soudain. Il regrettait réellement. Et soudain, je réalisai tous les efforts qu’il avait faits pour moi. Il m’avait écrit une lettre avec une écriture détournée de la sienne, il s’excusait, le grand Lust Whitaker s’excusait devant la gente féminine. Par esprit de vengeance, et de jeu provocateur, je décidai que ce jour là, je serais la méchante de l’histoire. Je me montrerai maîtresse de mes émotions, reine de l’ironie, monstre de sadisme. Il avait voulu jouer ? Et bien j’allais lui montrer qu’il ne m’avait pas détruite, bien au contraire, il m’avait conforté dans l’idée que les hommes ne sont que violence et brutalité. « Et je sais aussi, que tu vaux tellement mieux qu'un junkie pour amant. ». Un petit rire s’échappa d’entre mes lèvres. Bien sûr que je vaudrais mieux qu’un junkie si je n’en avais pas été une moi-même. Qui mérite un junkie ? Mais Lust semblait oublier quelque chose… C’est que l’amour, c’est une chose étrange qui vous tombe dessus sans vous prévenir, c’est votre cœur qui s’emballe et vos yeux qui brillent, votre ventre qui se tord, vos lèvres qui réclament les siennes. Par pur amusement cependant, alors que j’aurais pu lui demander de se taire et l’embrasser tendrement, je ricanais faiblement avant de cracher mon venin. « Personne ne mérite un junkie pour amant. Pas même la pire des salopes. Pas même moi. » Je ne jouais pas les martyres, mais j’aimais lui rappeler combien j’avais souffert dans mon enfance, et combien je ne méritais pas ce qu’il m’avait fait. Et je ne souhaitais cela à personne. Pas même à lui. Se faire abuser par l’homme que l’on aime, n’est-ce pas la pire des tortures ?
« J'aurais voulu te voir heureuse. Epanouie, vivante, sereine, rayonnante. Je peux encore t'offrir la tranquillité. »
« La tranquillité ? Tu m’intéresses. La dernière fois que j’étais été tranquille, c’était avant de te connaître. »
Et je ne rajoutais cependant pas que j’adorais cela, ne pas être tranquille. Et sans doute le savait-il, que je n’aimais pas la vie monotone, que je raffolais des aventures excitantes et d’expériences intenses. Lust m’offrait tout cela, et sans doute était-ce pour cela que je l’aimais si fort. Cette soirée dans cette boîte de nuit à la vue de tous me revint à l’esprit. Lorsque nous avions dansé langoureusement en ne faisant que s’effleurer, se chauffant, s’allumant, nous montrant à tout le monde sans que cela se sache. J’avais tendrement aimé cette complicité, mais où était-elle à présent ? Elle n’existait plus. Pas plus que notre couple d’ailleurs. J’étais néanmoins intriguée de la possibilité de connaître la tranquillité. Comment comptait-il s’y prendre ? Il allait quitter Hungcalf ? Mieux, il allait quitter la ville ? Le pays ? Cesser de venir me voir régulièrement pour s’excuser ? Me faire rencontrer un homme plus sain et équilibré pour qu’enfin je puisse connaître le bonheur d’une vie amoureuse simple et naturelle ? Ses yeux amoureux se posèrent une fois encore sur moi, et à ma grande surprise, ce ne fut pas un frisson de dégoût qui me parcourut, mais de mélancolie. Il y avait bien longtemps qu’il ne s’était pas montré si tendre et si amoureux. Après ma tromperie, ma nuit alcoolisée passée avec Gregory Hartigan, ma relation avec Lust s’était faite beaucoup plus brutale et violente. Au départ, cela m’avait excitée et j’avais trouvé cela plaisant, mais il était vrai que, si des fois j’aimais l’animalité, il y avait d’autres fois où j’aimais la tendresse et la douceur qu’il m’avait offert à nos débuts. J’avais même le souvenir d’une nuit chaste entre nous, où Lust avait fait preuve de la plus grande douceur du monde. « Laisse-moi m'effacer de ta mémoire. Je garderais nos souvenirs pour deux... Et je veillerais sur toi de loin, je veillerais à ce que tu aies une belle vie, un bon mari qui sache cuisiner et profiter des viennoiseries françaises. » J’esquissai un petit sourire. Non mon amour, laisse moi les souvenirs de notre idylle, la plus belle qu’il m’ait été donné de vivre. Je ne vis qu’à travers eux à présent, et je ne veux pas d’autre époux que toi. Me demanderas-tu en mariage un jour ? Sans doute, non. Pourtant, je sais que si cette idée farfelue te venait à l’esprit, alors que tu n’es pas sous l’emprise de la drogue ou de l’alcool, je dirais oui. Je ne pardonne pas. Mais l’amour est bien plus fort que la rancune. En attendant, je ne veux pas oublier, je ne peux pas. Même le plus fort sortilège d’amnésie ne pourrait totalement effacer le souvenir de cette histoire avortée.
« Je veillerais à ce que tu sois vivante. Si tu refuses de m'aimer aujourd'hui, accepte au moins la seule chose que je n'ai jamais pu t'offrir. »
« Tu n’étais même pas présent lors du cours sur le sortilège d’amnésie. Tu es parti en plein milieu. C’est hors de question Lust. C’est bien trop facile. Tu me fais oublier que nous avons été ensemble et tu reviens à la charge pour mieux me séduire ? répliquais-je avec animosité. Je veux que tu souffres de mon indifférence, comme j’ai souffert de tes propres mains ce soir là. Je veux que tu te souviennes que tu as perdu la femme de ta vie, par ta faute. Que m’arrivait-il ? Comment pouvais-je être assez mégalomane pour prétendre être la femme de sa vie ? Peut être voulais-je seulement me rassurer, et me dire que j’avais comptait pour lui autrement qu’une vague conquête ajoutée sur un tableau de chasse. Je ne serais jamais plus heureuse. Mais ce qui me rassure, c’est que tu ne le seras pas plus. Malgré toutes ces jeunes femmes qui gravitent autour de toi. »
Les dès étaient jetés. Je jouais avec le feu. Je le provoquais ouvertement, et avec Lust Whitaker je pouvais y perdre plus d’une cheveux…
Il avait oublié combien j’étais son égale, combien je savais jouer aussi bien la comédie que lui, combien je pouvais faire mal avec les mots. Il n’avait pas fumé son premier joint que je jetai déjà mille et uns prétendants hors de mon lit, leur riant au nez, les rabaissant plus bas que terre. Quelle salope étais-je. Mais finalement, étais-je plus malheureuse à cette époque ? Je m’étais décidée à devenir quelqu’un de bien, et voilà comment le ciel me remercier ? En me faisant abuser par l’homme de ma vie ? Quelle belle leçon de vie. Puisque c’était ainsi, je préférais souffrir en faisant souffrir les autres plutôt que souffrir et rester passive devant ma propre douleur. Ainsi je lui lançais non sans une pointe de sadisme enjoué qu’il ne valait pas mieux que mon père. Peut être même encore moins, car mon père n’avait jamais prétendu m’aimer, alors que Lust lui… Il m’avait bercé dans la douce illusion d’un amour sans faille, alors que mon père lui, m’avait toujours montré son mépris. « Je sais. » Ainsi, mon amant éconduit jouait la carte de l’honnêteté et même de l’auto-flagellation. Il savait. Et je savais qu’il savait, toute ma théorie, celle qu’il ne m’avait jamais aimé, s’écroula soudain. Il regrettait réellement. Et soudain, je réalisai tous les efforts qu’il avait faits pour moi. Il m’avait écrit une lettre avec une écriture détournée de la sienne, il s’excusait, le grand Lust Whitaker s’excusait devant la gente féminine. Par esprit de vengeance, et de jeu provocateur, je décidai que ce jour là, je serais la méchante de l’histoire. Je me montrerai maîtresse de mes émotions, reine de l’ironie, monstre de sadisme. Il avait voulu jouer ? Et bien j’allais lui montrer qu’il ne m’avait pas détruite, bien au contraire, il m’avait conforté dans l’idée que les hommes ne sont que violence et brutalité. « Et je sais aussi, que tu vaux tellement mieux qu'un junkie pour amant. ». Un petit rire s’échappa d’entre mes lèvres. Bien sûr que je vaudrais mieux qu’un junkie si je n’en avais pas été une moi-même. Qui mérite un junkie ? Mais Lust semblait oublier quelque chose… C’est que l’amour, c’est une chose étrange qui vous tombe dessus sans vous prévenir, c’est votre cœur qui s’emballe et vos yeux qui brillent, votre ventre qui se tord, vos lèvres qui réclament les siennes. Par pur amusement cependant, alors que j’aurais pu lui demander de se taire et l’embrasser tendrement, je ricanais faiblement avant de cracher mon venin. « Personne ne mérite un junkie pour amant. Pas même la pire des salopes. Pas même moi. » Je ne jouais pas les martyres, mais j’aimais lui rappeler combien j’avais souffert dans mon enfance, et combien je ne méritais pas ce qu’il m’avait fait. Et je ne souhaitais cela à personne. Pas même à lui. Se faire abuser par l’homme que l’on aime, n’est-ce pas la pire des tortures ?
« J'aurais voulu te voir heureuse. Epanouie, vivante, sereine, rayonnante. Je peux encore t'offrir la tranquillité. »
« La tranquillité ? Tu m’intéresses. La dernière fois que j’étais été tranquille, c’était avant de te connaître. »
Et je ne rajoutais cependant pas que j’adorais cela, ne pas être tranquille. Et sans doute le savait-il, que je n’aimais pas la vie monotone, que je raffolais des aventures excitantes et d’expériences intenses. Lust m’offrait tout cela, et sans doute était-ce pour cela que je l’aimais si fort. Cette soirée dans cette boîte de nuit à la vue de tous me revint à l’esprit. Lorsque nous avions dansé langoureusement en ne faisant que s’effleurer, se chauffant, s’allumant, nous montrant à tout le monde sans que cela se sache. J’avais tendrement aimé cette complicité, mais où était-elle à présent ? Elle n’existait plus. Pas plus que notre couple d’ailleurs. J’étais néanmoins intriguée de la possibilité de connaître la tranquillité. Comment comptait-il s’y prendre ? Il allait quitter Hungcalf ? Mieux, il allait quitter la ville ? Le pays ? Cesser de venir me voir régulièrement pour s’excuser ? Me faire rencontrer un homme plus sain et équilibré pour qu’enfin je puisse connaître le bonheur d’une vie amoureuse simple et naturelle ? Ses yeux amoureux se posèrent une fois encore sur moi, et à ma grande surprise, ce ne fut pas un frisson de dégoût qui me parcourut, mais de mélancolie. Il y avait bien longtemps qu’il ne s’était pas montré si tendre et si amoureux. Après ma tromperie, ma nuit alcoolisée passée avec Gregory Hartigan, ma relation avec Lust s’était faite beaucoup plus brutale et violente. Au départ, cela m’avait excitée et j’avais trouvé cela plaisant, mais il était vrai que, si des fois j’aimais l’animalité, il y avait d’autres fois où j’aimais la tendresse et la douceur qu’il m’avait offert à nos débuts. J’avais même le souvenir d’une nuit chaste entre nous, où Lust avait fait preuve de la plus grande douceur du monde. « Laisse-moi m'effacer de ta mémoire. Je garderais nos souvenirs pour deux... Et je veillerais sur toi de loin, je veillerais à ce que tu aies une belle vie, un bon mari qui sache cuisiner et profiter des viennoiseries françaises. » J’esquissai un petit sourire. Non mon amour, laisse moi les souvenirs de notre idylle, la plus belle qu’il m’ait été donné de vivre. Je ne vis qu’à travers eux à présent, et je ne veux pas d’autre époux que toi. Me demanderas-tu en mariage un jour ? Sans doute, non. Pourtant, je sais que si cette idée farfelue te venait à l’esprit, alors que tu n’es pas sous l’emprise de la drogue ou de l’alcool, je dirais oui. Je ne pardonne pas. Mais l’amour est bien plus fort que la rancune. En attendant, je ne veux pas oublier, je ne peux pas. Même le plus fort sortilège d’amnésie ne pourrait totalement effacer le souvenir de cette histoire avortée.
« Je veillerais à ce que tu sois vivante. Si tu refuses de m'aimer aujourd'hui, accepte au moins la seule chose que je n'ai jamais pu t'offrir. »
« Tu n’étais même pas présent lors du cours sur le sortilège d’amnésie. Tu es parti en plein milieu. C’est hors de question Lust. C’est bien trop facile. Tu me fais oublier que nous avons été ensemble et tu reviens à la charge pour mieux me séduire ? répliquais-je avec animosité. Je veux que tu souffres de mon indifférence, comme j’ai souffert de tes propres mains ce soir là. Je veux que tu te souviennes que tu as perdu la femme de ta vie, par ta faute. Que m’arrivait-il ? Comment pouvais-je être assez mégalomane pour prétendre être la femme de sa vie ? Peut être voulais-je seulement me rassurer, et me dire que j’avais comptait pour lui autrement qu’une vague conquête ajoutée sur un tableau de chasse. Je ne serais jamais plus heureuse. Mais ce qui me rassure, c’est que tu ne le seras pas plus. Malgré toutes ces jeunes femmes qui gravitent autour de toi. »
Les dès étaient jetés. Je jouais avec le feu. Je le provoquais ouvertement, et avec Lust Whitaker je pouvais y perdre plus d’une cheveux…
- InvitéInvité
Re: I'm dead already
Sam 30 Oct 2010 - 21:44
FLASHBACK
« J'aimerais pouvoir te dire que tu n'auras pas mal. » Un sourire cynique et mauvais se dessina sur mes lèvres tandis que, ivre d'alcool et de jalousie, je l'empoignais fortement par ses fins poignets. Ma belle traitresse se débattait en vain sous le poids trop lourd de mon corps plaqué contre le sien, néanmoins la colère décupla farouchement mon énergie brusque et animale, si bien que je pus la retenir que d'une main pour en glisser une autre dans le creux de ses reins. Et de force, d'une violence rare et haineuse, je la forçais à se cambrer contre le mur froid : si cette salope me trompait, si elle couchait avec tous les hommes passant à sa portée, alors pourquoi n'avais-je pas le droit moi aussi à ma part ce soir ? « Tu t'essouffles, you little bitch. » murmurais-je alors d'une voix princière et cruelle, tandis que mes lèvres se portèrent à son oreille dans une satisfaction malsaine... Et plus ma blonde se débattait, plus mes gestes saccadés se faisaient violents, brusques, impulsifs : ma main sur sa cuisse vint se crisper, laissant mes doigts carnassier s'enfoncer dans sa chair blanche : et déjà je la forçais à relever la cuisse. Malgré ses supplications, malgré ses pleurs, malgré ses gémissements sous ma folie offerte à mon esprit empli de trop de drogues... J'allais détruire cette nuit là mon trésor le plus cher.
FLASHBACK END
Dieu que j'avais tout fait pour évincer cette ignominie de ma mémoire. Merlin que j'aurais tout donné, pour ne jamais l'avoir fait... Aujourd'hui, j'en oubliais hypocritement l'horreur de cette nuit, et je la contemplais comme on contemple le monde : avec envie, avec amour, avec amertume aussi, sans doute. Mes rétines ambrées redessinaient chaque trait de sa peau ciselée à la pointe d'un marbre précieux ; il me semblait que sa beauté éthérée rayonnait d'une force telle, qu'elle en ternissait les personnes autour de nous. Elles n'existaient plus, elles n'existaient pas, seul mon myocarde battant follement la chamade venait rompre le silence installé de ma parole à la sienne : la terre s'était arrêtée de tourner, le temps s'était suspendu, retenus tous deux à son souffle divin. Et malgré la douleur qu'elle m'octroyait, cruelle tortionnaire à la peau de cygne, je ne pouvais m'empêcher de la toiser de mon regard dévorant... Mon myocarde d'une vie retrouvée, semblait vouloir bondir hors de ma poitrine alors qu'il vint entendre le son séraphique de sa voix semblable à un cours d'eau ruisselant sur des galets ronds. Pourtant, dieu qu'elle me faisait du mal, mais que je chérissais cette souffrance si chère à mes palpitations cardiaques retrouvées : certes ma Cassandra me riait au nez, me parlait d'un venin souffreteux, me toisait avec mépris. Mais elle me parlait. Qu'importe l'intonation cruelle de sa voix de déesse, qu'importe qu'elle feule telle une tigresse et ne murmure pas telle l'amoureuse qu'elle avait été autrefois ; ses mots m'étaient adressés, tout autant que son regard. J'existais à ses yeux, et je pouvais humer son parfum qui m'enivrait les sens. Dieu que je devais être amoureux, pour me montrer aussi masochiste et stupide : c'était, encore une fois, la Forza del destino qui se jouait devant moi. Néanmoins, je sentis un javelot enfiellé venir transpercer mon myocarde tandis qu'elle me rétorqua d'un rire mauvais que personne ne méritait un junkie tel que moi. Pas même la plus débauchée de ces âmes perdues. Je ne valais rien, je n'apportais rien ; tels étaient les dires de ma bien aimée en filigrane. Et cette vérité crue vint se loger dans un coin de mon coeur, se faisant un nid pour y germer plus tard et faire éclore d'avantage les graines du doute et de la souffrance. Pour le moment ce qui m'importait, c'était de pouvoir soutenir son regard, de la voir sourire, même d'un rictus venimeux et mauvais ; j'aurais tout donné pour l'avoir à mes côtés ne serait-ce qu'une minute de plus. Une heure, une minute, une seconde ; j'aurais accueilli ce cadeau comme un don du ciel. Mais je me devais de revenir sur terre et ne pas me noyer dans l'aveuglement amoureux : ma belle me dédaignait, me rabaissait, venait me chanter de son timbre venimeux que je ne valais rien, et je restais ici à me repaître de sa beauté. Sentiments idiots. Je déglutis alors lorsqu'elle refusa mon offre, il me semblait pourtant que m'effacer de sa mémoire, était à la fois un geste sage et un sacrifice douloureux pour moi, salvateur pour elle... Mais ma Cassandra, passée maîtresse dans le lynchage de mon coeur, préféra me contredire, une fois encore. « Tu n’étais même pas présent lors du cours sur le sortilège d’amnésie. Tu es parti en plein milieu. C’est hors de question Lust. C’est bien trop facile. Tu me fais oublier que nous avons été ensemble et tu reviens à la charge pour mieux me séduire ? » « Ce n'est pas ce que je comptais faire. » soufflais-je alors non sans froncer les sourcils, tandis que mon ange blond parla de nouveau. « Je veux que tu souffres de mon indifférence, comme j’ai souffert de tes propres mains ce soir là. Je veux que tu te souviennes que tu as perdu la femme de ta vie, par ta faute. » Mes yeux coupables de tant de griefs, se détournèrent alors que j'esquissais une moue affectée. Mon silence trahissait le fait qu'elle disait vrai : j'avais perdu celle que je considérais comme la femme de ma vie. Et alors tous nos souvenirs me revinrent en mémoire, comme pour célébrer un peu plus la mort de notre idylle : je voyais les défiler, conformément à celui qui frôle l'ankou. Notre amour n'avait plus que mon coeur pour tombeau, car celui de ma belle l'avait ainsi rejeté ; je me faisais alors le serment d'en être le gardien, qu'enfin l'un de nous deux ne le laisse pas s'éteindre sous les cendres de l'indifférence. Je me souvenais de mes premières nuits d'insomnie après notre rencontre : je n'avais pensé qu'à elle. Elle toujours, elle encore, elle pour les jours à venir... Je me souvenais aussi des flammes amoureuses éveillées dans l'écrin de mon palpitant ; j'avais succombé à ces soit-disant noble sentiments, parce qu'elle avait été la première à m'estimer. La première à ne pas me voir comme un junkie, la première aussi, à parvenir à cerner ce malaise qui me plombait le corps. Comme l'ironie faisait bien les choses... Car aujourd'hui, c'était bien le contraire qui se dessinait sous nos yeux : pour ma princesse, je n'étais plus rien. Un drogué, un incapable sans doute, un monstre évidemment, la dernière personne à estimer finalement. Et quel étrange sentiment, que de vénérer encore de tant d'amour vain, celle qui vous rejetait de tout son être et qui vous certifiait que vous n'aviez aucune valeur. J'acquiesçais sans mot dire, je me soumettais à sa vérité, j'admettais malgré ma fierté légendaire qu'elle avait raison. Sentiments superflus. Pourtant, je l'aimais encore ; étais-je suicidaire pour la laisser me détruire à ce point ? Mes yeux noisettes se reposèrent sur ma délicieuse amante, lourds de chagrin et de tendresse, alors que ma Cassandra reprit d'une cruauté plus sombre encore que son dernier verdict : « Je ne serais jamais plus heureuse. Mais ce qui me rassure, c’est que tu ne le seras pas plus. Malgré toutes ces jeunes femmes qui gravitent autour de toi. » « Dans mes rêves, tu étais toujours aussi belle qu'aujourd'hui, mais jamais aussi cruelle. » J'eus alors un sourire terriblement charmeur, l'écho de ma douleur logé en mon coeur, se nichait docilement pour me rendre ma prestance, car déjà le ton suave de ma voix trahissait une étrange assurance retrouvée. Ce n'était qu'une question de temps, avant que le venin de ma Cassandra ne me revienne en tête. Et malgré tout ce poison, malgré les provocations, malgré son dégoût... Puisque j'avais tout perdu, je n'avais plus rien à perdre, et mon charisme retrouvé s'assura de rehausser ma fierté légendaire. « Je t'aime, Cassie. » fis-je alors non sans planter mes yeux pénétrants dans les siens, d'un ton solennel et appuyé d'un regard tendre. « Et peu m'importe ton regard de dégoût, ta haine, ta colère, ton poison... Je te conquerrais de nouveau. Peut-être pas demain, mais dans un an, deux ans, dix ans. Je prendrais le temps qu'il faudra. Compte tes heures de sérénité retrouvée car je n'abandonnerais pas, même si tu me supplies de le faire. Tu seras de nouveau à moi. » Baissant alors légèrement la tête, je laissais mes yeux fauves plantés dans les siens. « Regarde-moi dans les yeux, et ose me dire que tu ne veux pas que je me batte pour toi. » fis-je d'un souffle brûlant, paré à toute réponse agressive de mon ancienne amante.
- InvitéInvité
Re: I'm dead already
Dim 31 Oct 2010 - 12:16
« Dans mes rêves, tu étais toujours aussi belle qu'aujourd'hui, mais jamais aussi cruelle. »
Un petit sourire mauvais se dessina à nouveau sur mes lèvres perlées. Cruelle ? Quelle hypocrisie de sa part que de ma qualifier ainsi. Car la cruauté n’était rien d’autre que son arme favorite habituellement, et sans doute avais-je beaucoup appris de lui quant à l’horreur que l’on puisse cracher sur les autres, par pure vengeance. Sans doute étais-je aussi cruelle qu’amoureuse, et la naïveté de Lust me décevait étrangement. Comment ne pouvait-il pas voir que sous cette carapace empoisonnée se trouvait mon cœur battant la chamade sous ses yeux amoureux et son regard si charmeur ? Si je ne l’aimais plus, je me serais sans doute montrée indifférente, ne lui accordant pas une seule seconde de mon précieux temps, et pourtant, voilà que je lui accordais une heure entière. J’aurais aimé entremêler mes doigts aux siens et lui dire que c’était du passé, que je voulais oublier pour mieux nous aimer, mais cela m’était impossible, car la vue même de ses mains masculines provoquait en moi un frisson de peur et d’angoisse. Ses doigts puissants qui, se soir là, s’étaient enfoncés dans ma chair et avaient fait bleuir ma peau sous leur assauts m’effrayaient plus que tout autres. J’étais fatiguée de ma battre pour ne plus l’aimer, mais plus encore d’essayer d’oublier notre idylle. Je savais qu’un jour viendrait où je lui pardonnerai tout, jusqu’à son infidélité avec la belle Lux, mais il était encore trop tôt, oh oui, tellement tôt. « Tu as de la chance, tu rêves encore toi… » Le faire souffrir ne suffisait plus, je voulais le faire culpabiliser plus encore que jamais. Je voulais qu’il se souvienne mes cris dans cette cave humide quand il tentait de me faire l’amour contre mon gré. Je voulais qu’il se rappelle combien j’avais pleuré, et que l’amertume de mes larmes lui transperce le cœur jusqu’à ce qu’il pleure sous mes yeux. Je voulais voir sa sincérité suinter par tous les pores de sa peau, je voulais le voir, le sentir mourir lorsqu’il n’était pas avec moi. C’était sadique, c’était mauvais, c’était de mauvaise fois, et pourtant, je n’aspirais qu’à cela : qu’il souffre autant que moi, car il me semblait que c’était l’unique point commun qu’il nous restait à présent. Néanmoins, était-ce que j’avais voulu jusqu’ici. Car à présent qu’il se trouvait devant moi, son sourire amoureux et triste accroché à ses lèvres sans désirées, son regard satiné et si profond que j’avais l’impression qu’il perçait à jour mes intentions et savait pertinemment que j’étais aussi amoureuse de lui qu’il l’était de moi. Oui, j’aurais voulu tout effacer, mais il est des choses indélébiles et il était trop tard pour faire machine arrière.
Mon ancien amant arbora soudain une moue bien plus assurée, et plus charmeuse. Son sourire se fit princier et presque autoritaire, quant à ses yeux, ils avaient retrouvé les paillettes que j’avais toujours tendrement aimées. D’où venait se retournement de situation, je n’en savais rien. J’avais l’étrange impression qu’il s’agissait du dernier appel désespéré d’un homme perdu, et Lust savait ô combien je fondais devant son charisme inégalable. Dans l’attente d’un mot de sa part, je retins mon souffle, sans jamais détourner mes yeux pâles des siens si sombres. Qu’allait-il me dire, son expression était si sereine qu’il m’était impossible de décrypter quoi que se soit. Enfin, la sentence tomba… « Je t'aime, Cassie. » Et ciel que je l’aimais moi aussi, sous cette carapace de haine et de larme, de souffrance et d’animosité, je l’aimais à en perdre la raison, à vendre mon âme au diable, à me tuer sous ses yeux, ne serait-ce que pour ne pas le voir avec un autre. Car la jalousie me rongeait un peu plus chaque jour, attendant avec douleur le jour où je le verrais s’afficher avec une autre, plus jeune, plus belle, plus docile. Il était fou, taré, barré, malade. Masochiste. Je ne le connaissais pas comme cela, lui qui gardait si souvent une part de mystère, voilà qu’il faisait tomber tous les voiles qui l’entouraient et se faisait plus sincère que jamais. Dans sa vie, Lust ne m’avait murmuré que très rarement qu’il m’aimait, pourtant, j’avais été intimement convaincue qu’il m’avait aimé, car il avait ce don de me montrer son amour autrement que par les mots. Mais après ce qu’il m’avait fait enduré dans cette cave sombre, tombeau de notre idylle, je ne croyais plus en cet amour, ni en tout autre d’ailleurs. Peut être m’avait-il aimé, mais à présent, qu’en était-il ? Il me disait que oui, je lui disais que non, mais tout deux savions que nous étions fait l’un pour l’autre. Reprenant contenance cependant, je levais les yeux au ciel, dans un éclat de rire sincère et cristallin, semblable à celui d’un enfant. « A oui ? Je n’ai pas eut cette impression là quand tu m’as traité de bitch l’autre soir. » Un sourire enfantin se dessina sur mes lèvres, comme si j’étais en train de parler d’un vieux souvenir en commun, de vacances d’été au bord de la plage, entre deux vieux amis qui se retrouvent. Mais le temps des beaux souvenirs s’était envolé, avec celui de nos amours. Ma voix tremblait, et mon accent français se faisait de plus en plus présent. Il m’avait menacé ce soir là, m’avait dit que j’allais payer de mes infidélités, et que j’aurais peut être mal, mais qu’il fallait savoir souffrir. Je savais à présent ce qu’était la souffrance, j’avais crus la connaître avec mon père, mais lui, je ne l’avais jamais aimé, alors que Lust… Je l’avais si fortement aimé qu’il était difficile de voir celui à qui j’avais offert mon cœur le détruire sous mes yeux.
« Et peu m'importe ton regard de dégoût, ta haine, ta colère, ton poison... Je te conquerrais de nouveau. Peut-être pas demain, mais dans un an, deux ans, dix ans. Je prendrais le temps qu'il faudra. Compte tes heures de sérénité retrouvée car je n'abandonnerais pas, même si tu me supplies de le faire. Tu seras de nouveau à moi. » Et où seras-tu dans dix ans mon Lust, mon tendre Lust ? Seras-tu encore là, toi qui, chaque soir, perces ta peau à la pointe de ta seringue et t’injectes à même les veines la mort ? Car c’est ce qu’est la drogue que tu t’infliges, c’est de la mort en poudre, rien de plus. Le pauvre enfant ne savait plus ce qu’il disait, avait-il déjà oublié que je lui avais appartenue, fut un temps, et que si je n’étais plus sienne à présent, ce n’était qu’à cause de lui ? Ses yeux de prédateur plongèrent dans les miens, violant impunément mon intimité la plus profonde. J’avais l’impression qu’il me faisait l’amour à distance, car plus que jamais, je me sentais proche de lui, et j’avais l’impression de compter comme jamais je n’avais pu compter pour personne, pas même pour lui. « Regarde-moi dans les yeux, et ose me dire que tu ne veux pas que je me batte pour toi. »
« Tu es complètement fou. Où seras-tu dans un an, deux ans, dix ans ? Tu te tues un peu plus chaque jour, Lust. Je ne me fais pas d’illusion. Ne perds pas toute ton énergie dans une telle cause, car tu sais aussi bien que moi que l’amour n’est qu’une abyme sans fond. » Tu sombreras mon Lust, dans les méandres de l’amour, et tu te perdras, tout seul, alors que tu vaux tellement mieux. Tu étais ivre d’alcool et de jalousie ce soir là, mais je savais au plus profond de moi que tu étais aussi fou d’amour. « Regarde où cela t’a mené, mon cœur, murmurais-je dans ma langue natale avec la plus grande ironie. L’amour change les gens. Tu ne pensais jamais tomber amoureux, tout comme je ne pensais pas pouvoir aimer aussi passionnément un homme, à fortiori, un élève. Je ne pensais pas que tu lèverais la main sur moi, toi qui chérissais temps mes brûlures, en haïssant leur auteur… Et pourtant… » J’en avais oublié d’être méchante, et cruelle, mais je savais que cela ne saurait tarder. Profitant de ce moment de sincérité, je finis par poser ma main sur la sienne, si froide. « Toi qui manies si bien les mots, qui aurait crus que tu aurais besoin de tes mains pour me blesser ? » Caressant doucement le dos de sa main, je plantais passionnément mes ongles dans sa chair, avant de la retirer et de laisser quatre petites marques rouges sur son épiderme si pâle. « A quoi sert de vouloir me reconquérir, Lust ? Je t’ai déjà tout donné, je n’ai plus rien à t’offrir. »
Un petit sourire mauvais se dessina à nouveau sur mes lèvres perlées. Cruelle ? Quelle hypocrisie de sa part que de ma qualifier ainsi. Car la cruauté n’était rien d’autre que son arme favorite habituellement, et sans doute avais-je beaucoup appris de lui quant à l’horreur que l’on puisse cracher sur les autres, par pure vengeance. Sans doute étais-je aussi cruelle qu’amoureuse, et la naïveté de Lust me décevait étrangement. Comment ne pouvait-il pas voir que sous cette carapace empoisonnée se trouvait mon cœur battant la chamade sous ses yeux amoureux et son regard si charmeur ? Si je ne l’aimais plus, je me serais sans doute montrée indifférente, ne lui accordant pas une seule seconde de mon précieux temps, et pourtant, voilà que je lui accordais une heure entière. J’aurais aimé entremêler mes doigts aux siens et lui dire que c’était du passé, que je voulais oublier pour mieux nous aimer, mais cela m’était impossible, car la vue même de ses mains masculines provoquait en moi un frisson de peur et d’angoisse. Ses doigts puissants qui, se soir là, s’étaient enfoncés dans ma chair et avaient fait bleuir ma peau sous leur assauts m’effrayaient plus que tout autres. J’étais fatiguée de ma battre pour ne plus l’aimer, mais plus encore d’essayer d’oublier notre idylle. Je savais qu’un jour viendrait où je lui pardonnerai tout, jusqu’à son infidélité avec la belle Lux, mais il était encore trop tôt, oh oui, tellement tôt. « Tu as de la chance, tu rêves encore toi… » Le faire souffrir ne suffisait plus, je voulais le faire culpabiliser plus encore que jamais. Je voulais qu’il se souvienne mes cris dans cette cave humide quand il tentait de me faire l’amour contre mon gré. Je voulais qu’il se rappelle combien j’avais pleuré, et que l’amertume de mes larmes lui transperce le cœur jusqu’à ce qu’il pleure sous mes yeux. Je voulais voir sa sincérité suinter par tous les pores de sa peau, je voulais le voir, le sentir mourir lorsqu’il n’était pas avec moi. C’était sadique, c’était mauvais, c’était de mauvaise fois, et pourtant, je n’aspirais qu’à cela : qu’il souffre autant que moi, car il me semblait que c’était l’unique point commun qu’il nous restait à présent. Néanmoins, était-ce que j’avais voulu jusqu’ici. Car à présent qu’il se trouvait devant moi, son sourire amoureux et triste accroché à ses lèvres sans désirées, son regard satiné et si profond que j’avais l’impression qu’il perçait à jour mes intentions et savait pertinemment que j’étais aussi amoureuse de lui qu’il l’était de moi. Oui, j’aurais voulu tout effacer, mais il est des choses indélébiles et il était trop tard pour faire machine arrière.
Mon ancien amant arbora soudain une moue bien plus assurée, et plus charmeuse. Son sourire se fit princier et presque autoritaire, quant à ses yeux, ils avaient retrouvé les paillettes que j’avais toujours tendrement aimées. D’où venait se retournement de situation, je n’en savais rien. J’avais l’étrange impression qu’il s’agissait du dernier appel désespéré d’un homme perdu, et Lust savait ô combien je fondais devant son charisme inégalable. Dans l’attente d’un mot de sa part, je retins mon souffle, sans jamais détourner mes yeux pâles des siens si sombres. Qu’allait-il me dire, son expression était si sereine qu’il m’était impossible de décrypter quoi que se soit. Enfin, la sentence tomba… « Je t'aime, Cassie. » Et ciel que je l’aimais moi aussi, sous cette carapace de haine et de larme, de souffrance et d’animosité, je l’aimais à en perdre la raison, à vendre mon âme au diable, à me tuer sous ses yeux, ne serait-ce que pour ne pas le voir avec un autre. Car la jalousie me rongeait un peu plus chaque jour, attendant avec douleur le jour où je le verrais s’afficher avec une autre, plus jeune, plus belle, plus docile. Il était fou, taré, barré, malade. Masochiste. Je ne le connaissais pas comme cela, lui qui gardait si souvent une part de mystère, voilà qu’il faisait tomber tous les voiles qui l’entouraient et se faisait plus sincère que jamais. Dans sa vie, Lust ne m’avait murmuré que très rarement qu’il m’aimait, pourtant, j’avais été intimement convaincue qu’il m’avait aimé, car il avait ce don de me montrer son amour autrement que par les mots. Mais après ce qu’il m’avait fait enduré dans cette cave sombre, tombeau de notre idylle, je ne croyais plus en cet amour, ni en tout autre d’ailleurs. Peut être m’avait-il aimé, mais à présent, qu’en était-il ? Il me disait que oui, je lui disais que non, mais tout deux savions que nous étions fait l’un pour l’autre. Reprenant contenance cependant, je levais les yeux au ciel, dans un éclat de rire sincère et cristallin, semblable à celui d’un enfant. « A oui ? Je n’ai pas eut cette impression là quand tu m’as traité de bitch l’autre soir. » Un sourire enfantin se dessina sur mes lèvres, comme si j’étais en train de parler d’un vieux souvenir en commun, de vacances d’été au bord de la plage, entre deux vieux amis qui se retrouvent. Mais le temps des beaux souvenirs s’était envolé, avec celui de nos amours. Ma voix tremblait, et mon accent français se faisait de plus en plus présent. Il m’avait menacé ce soir là, m’avait dit que j’allais payer de mes infidélités, et que j’aurais peut être mal, mais qu’il fallait savoir souffrir. Je savais à présent ce qu’était la souffrance, j’avais crus la connaître avec mon père, mais lui, je ne l’avais jamais aimé, alors que Lust… Je l’avais si fortement aimé qu’il était difficile de voir celui à qui j’avais offert mon cœur le détruire sous mes yeux.
« Et peu m'importe ton regard de dégoût, ta haine, ta colère, ton poison... Je te conquerrais de nouveau. Peut-être pas demain, mais dans un an, deux ans, dix ans. Je prendrais le temps qu'il faudra. Compte tes heures de sérénité retrouvée car je n'abandonnerais pas, même si tu me supplies de le faire. Tu seras de nouveau à moi. » Et où seras-tu dans dix ans mon Lust, mon tendre Lust ? Seras-tu encore là, toi qui, chaque soir, perces ta peau à la pointe de ta seringue et t’injectes à même les veines la mort ? Car c’est ce qu’est la drogue que tu t’infliges, c’est de la mort en poudre, rien de plus. Le pauvre enfant ne savait plus ce qu’il disait, avait-il déjà oublié que je lui avais appartenue, fut un temps, et que si je n’étais plus sienne à présent, ce n’était qu’à cause de lui ? Ses yeux de prédateur plongèrent dans les miens, violant impunément mon intimité la plus profonde. J’avais l’impression qu’il me faisait l’amour à distance, car plus que jamais, je me sentais proche de lui, et j’avais l’impression de compter comme jamais je n’avais pu compter pour personne, pas même pour lui. « Regarde-moi dans les yeux, et ose me dire que tu ne veux pas que je me batte pour toi. »
« Tu es complètement fou. Où seras-tu dans un an, deux ans, dix ans ? Tu te tues un peu plus chaque jour, Lust. Je ne me fais pas d’illusion. Ne perds pas toute ton énergie dans une telle cause, car tu sais aussi bien que moi que l’amour n’est qu’une abyme sans fond. » Tu sombreras mon Lust, dans les méandres de l’amour, et tu te perdras, tout seul, alors que tu vaux tellement mieux. Tu étais ivre d’alcool et de jalousie ce soir là, mais je savais au plus profond de moi que tu étais aussi fou d’amour. « Regarde où cela t’a mené, mon cœur, murmurais-je dans ma langue natale avec la plus grande ironie. L’amour change les gens. Tu ne pensais jamais tomber amoureux, tout comme je ne pensais pas pouvoir aimer aussi passionnément un homme, à fortiori, un élève. Je ne pensais pas que tu lèverais la main sur moi, toi qui chérissais temps mes brûlures, en haïssant leur auteur… Et pourtant… » J’en avais oublié d’être méchante, et cruelle, mais je savais que cela ne saurait tarder. Profitant de ce moment de sincérité, je finis par poser ma main sur la sienne, si froide. « Toi qui manies si bien les mots, qui aurait crus que tu aurais besoin de tes mains pour me blesser ? » Caressant doucement le dos de sa main, je plantais passionnément mes ongles dans sa chair, avant de la retirer et de laisser quatre petites marques rouges sur son épiderme si pâle. « A quoi sert de vouloir me reconquérir, Lust ? Je t’ai déjà tout donné, je n’ai plus rien à t’offrir. »
- InvitéInvité
Re: I'm dead already
Dim 31 Oct 2010 - 13:47
Il me semblait que jamais je n'avais aimé autant ; mourir pour l'océan de ses yeux azurés et m'y noyer tendrement, rebâtir un royaume pour l'infini de son sourire de déesse, sacrifier mon coeur à l'autel de sa personne, pour la garder à mes côtés, toujours. J'aurais aimé me faire la promesse de vieillir à ses côtés, de la chérir, de l'aimer, de ne voir qu'elle seulement : je me gardais bien de me laisser aller à de telles utopies cependant, car ma condition de junkie me faisait frôler l'overdose d'une vie exaltée à chaque jour passé. Je l'aimais jusqu'à la mort, mais pour la vie ; ce qui en vérité me conférait cette dimension passionnelle presque folle et meurtrière ; je ne trouvais pas d'explication rationnelle à ce qui m'arrivait. En outre, je n'avais pas besoin d'entendre toutes les rationalisations de la société, je les avais déjà toutes entendues, et le fait est que ce qui est, est. Je l'aimais : c'était un fait, et c'était ainsi. Mon cerveau de génie précoce avait beau tenté d'y trouver une rationalisation, une cohérence certaine, une explication logique quant à mon attitude d'éternel amoureux... Econduit mais fou d'amour, j'étais pourtant persuadé qu'elle ne m'aimait plus. J'étais persuadé aussi qu'elle m'aimerait à nouveau, qu'elle me reviendrait, et je la garderais captive par un anneau à son doigt. Dieu que j'étais ivre d'amour et fou de passion pour penser pareille chose, moi qui étais connu pour toutes mes infidélités et mon libertinage légendaire. Mais c'était elle que je désirais, ici, maintenant et pour les jours à venir. Je plongeais l'ambre de mes yeux dans les siens, jusqu'à en violer son intimité, jusqu'à tenter de la posséder par mon charme hypnotique, jusqu'à en ressentir cette tension violente mêlée de désir charnel et de tendresse amoureuse. Oh oui Cassandra, je t'aime à en faire saigner mon coeur : plante toutes les dagues que tu voudras par la puissance de ton venin et de tes mots, cela ne changera rien à mes sentiments exclusifs.
Je sais. Vous ne me comprenez pas. Je ne m’attends pas à ce que vous me compreniez. Vous n’en êtes pas capables. Je suis au-delà de votre expérience, je suis au-delà du bien et du mal. Légions de la nuit, engeance de la nuit, ne répétez pas les erreurs d'une faiblesse amoureuse, et ne montrez aucune pitié. Elle sera vengée. Mon ignominie sera vengée par ma tendresse à son encontre, et je savais déjà que la bataille serait alors rude. Roses, diamants, robes, intentions d'un jour : il ne se passerait pas une semaine sans que je ne lui fasse parvenir chez elle, des présents de mon cru. Il ne se passait déjà plus une seconde sans que je ne pense à elle. Alors je couvrirais ma princesse de cadeaux, je tenterais de la croiser au détour d'un couloir, je planterais mes yeux d'or et d'acier dans les siens lors de ses cours, et je n'abandonnerais pas la course tant qu'elle ne sera pas mienne de nouveau. Je n'abandonnerais pas l'être aimé : c'était elle, que je voulais. Et peu m'importait ses rires mauvais, ses frémissements de dégoût, sa lutte vaine pour me tenir à distance : si sa cruauté m'atteignait, elle ne m'attaquait pas de suite. Il se passerait quelques jours avant que je ne ressasse ses dires, que l'écho de sa voix ne me revienne en souvenir, que le plissement de mon front vienne trahir mes doutes et ma douleur enfin : oui dans quelques jours, je me dirais sans doute que c'était peine perdue, que je ne valais rien à ses yeux, que je n'étais plus rien, et qu'elle avait raison. Peut-être tenterais-je de me débattre, peut-être me laisserais-je sombrer de nouveau. Je n'en savais encore rien. Dans l'immédiat, j'avais seulement cette hargne et cette envie folle de la reconquérir : sans doute était-ce le fait de la voir face à moi qui me conférait autant de force et d'assurance. « Tu es complètement fou. » Oh non, la véritable aliénation mentale est personnifiée par ma propre mère. Personnellement, je m'en garde bien et conserve toute ma raison. Ou presque. Est-ce un crime que d'être fou d'amour ? J'eus un léger sourire en coin, attendri et amusé, malgré la situation, quant aux dires de mon ange blond. Et bien évidemment, c'est à ce moment là que le serveur décida de nous apporter nos cafés, ne prêtant néanmoins pas plus attention à notre débat que lors de notre commande. Il tourna d'ailleurs les talons non sans manquer de tomber à terre, distrait par la vision de cette demoiselle qu'il ne cessait de jauger du regard. « Où seras-tu dans un an, deux ans, dix ans ? Tu te tues un peu plus chaque jour, Lust. Je ne me fais pas d’illusion. Ne perds pas toute ton énergie dans une telle cause, car tu sais aussi bien que moi que l’amour n’est qu’une abyme sans fond. » Ma belle marquait un point : je ne me donnais pas plus de sept ans encore à vivre. Et encore que... Je voyais tout de même large, au vu de la mort à petite dose que je m'injectais régulièrement. Mais je n'avais trouvé d'autres choix que celui-ci pour faire taire mon génie trop vivace, ainsi que ma douleur par la même occasion. Je préférais mourir jeune et dans l'illusion, que vieux et rongé par le chagrin d'une vie trop dure. C'était lâche, mais c'était ainsi. Nous, les jeunes, étions tous les mêmes : nous pensions que l'illusion demeurait notre meilleure alliée. Foutaises. De toute évidence, ma plus belle rivale en l'instant n'était autre que ma Cassandra qui se montrait revêche. « Regarde où cela t’a mené, mon cœur. » Et à l'entente de ce mot, bien que soufflé avec mesquinerie, l'assurance de mon regard se mua en une tendresse pleine de mélancolie ; mon palpitant s'agita, mon estomac se noua, et mes poumons suffoquèrent d'un oxygène inexistant. Dis-le moi encore, avais-je envie de lui souffler telle une âme en perdition, soulagée par la volupté d'un mot retrouvé, bien que mensonger. Je savais qu'elle ne le pensait pas, je savais que ce mot soufflé en sa langue natale avait du sans doute lui arracher des frissons de dégoût, mais je l'accueillais tel le Saint Graal. Car c'était peut-être bien la dernière fois qu'elle me l'offrait. Tout était bon à prendre, même son regard le plus méprisant. « L’amour change les gens. Tu ne pensais jamais tomber amoureux, tout comme je ne pensais pas pouvoir aimer aussi passionnément un homme, à fortiori, un élève. Je ne pensais pas que tu lèverais la main sur moi, toi qui chérissais temps mes brûlures, en haïssant leur auteur… Et pourtant… » Je te l'avais dit pourtant Cassandra, lors de notre première nuit, que je craignais fortement la destruction de l'être que j'aurais souhaité épargner le plus. J'avais tenté de te mettre en garde : je savais mon amour destructeur, quand bien même c'était un sentiment nouveau. Je savais que l'excès coulait en mes veines, et par déduction logique j'en avais conclu qu'un jour ou l'autre, je t'aurais fait du mal. Comment, quand, combien de fois, jusqu'où serait allée ma cruauté ? Je n'en savais rien encore, cette nuit là, mais instinctivement, j'avais anticipé notre fin douloureuse. Les transports violents ont des fins violentes : aimez-vous donc modérément... Conseil qui m'était impossible. Et alors que j'allais pour rétorquer et plaider coupable de nouveau, mon regard vint se poser sur la douceur de sa main venant caresser la mienne. Et la douceur, devint griffure mauvaise... Je comprenais alors qu'un retour en arrière était impossible ; peu m'importait, je tenterais le tout pour le tout. « Toi qui manies si bien les mots, qui aurait crus que tu aurais besoin de tes mains pour me blesser ? » Je relevais mes yeux coupables sur ses rétines venimeuses, frissonnant légèrement sous ce contact inattendu bien que douloureux. De ses mots à ses gestes, elle ne voulait que se faire souffrance pour mieux me faire payer. Qu'importait. C'était légitime, elle en avait le droit. « A quoi sert de vouloir me reconquérir, Lust ? Je t’ai déjà tout donné, je n’ai plus rien à t’offrir. » « Ton coeur, à nouveau. » soufflais-je alors aussitôt, d'une lueur conquise et vaine. « Il est encore vivant seulement tu l'enfermes à double-tour parce que je ne vaux plus rien à tes yeux. Je changerais la donne. » fis-je alors d'une assurance pleine de charme, avant de rajouter avec provocation : « Et tu as tort Cassandra, je suis immortel. Personne ne peut vivre sans son coeur, personne ne peut mourir sans son âme. Je ne peux ni vivre, ni mourir sans toi à mes côtés. » Mes paroles teintées de folie passionnelle, se voilaient d'une poésie mystérieuse mais profonde, tandis que je me redressais avec prestance sur ma chaise ; mon costume me conférait l'aura d'un businessman intransigeant. C'était bien ce que j'étais en train de faire : je négociais ma rédemption. « Toi et moi Cassie, c'est une rencontre qui ne se fait qu'une fois par génération. Il y a une théorie qui affirme qu'il existe une indivisibilité des âmes, et qu'elles finissent par s'attirer malgré l'infini. Nous sommes indivisibles et inévitables. Nous sommes faits l'un pour l'autre et je n'abandonnerais pas. Pourquoi refuses-tu de l'admettre ? » murmurais-je alors d'un ton calme et solennel, le timbre suave de ma voix se faisant épicé tandis que j'affichais une moue teintée d'une assurance provocante.
Je sais. Vous ne me comprenez pas. Je ne m’attends pas à ce que vous me compreniez. Vous n’en êtes pas capables. Je suis au-delà de votre expérience, je suis au-delà du bien et du mal. Légions de la nuit, engeance de la nuit, ne répétez pas les erreurs d'une faiblesse amoureuse, et ne montrez aucune pitié. Elle sera vengée. Mon ignominie sera vengée par ma tendresse à son encontre, et je savais déjà que la bataille serait alors rude. Roses, diamants, robes, intentions d'un jour : il ne se passerait pas une semaine sans que je ne lui fasse parvenir chez elle, des présents de mon cru. Il ne se passait déjà plus une seconde sans que je ne pense à elle. Alors je couvrirais ma princesse de cadeaux, je tenterais de la croiser au détour d'un couloir, je planterais mes yeux d'or et d'acier dans les siens lors de ses cours, et je n'abandonnerais pas la course tant qu'elle ne sera pas mienne de nouveau. Je n'abandonnerais pas l'être aimé : c'était elle, que je voulais. Et peu m'importait ses rires mauvais, ses frémissements de dégoût, sa lutte vaine pour me tenir à distance : si sa cruauté m'atteignait, elle ne m'attaquait pas de suite. Il se passerait quelques jours avant que je ne ressasse ses dires, que l'écho de sa voix ne me revienne en souvenir, que le plissement de mon front vienne trahir mes doutes et ma douleur enfin : oui dans quelques jours, je me dirais sans doute que c'était peine perdue, que je ne valais rien à ses yeux, que je n'étais plus rien, et qu'elle avait raison. Peut-être tenterais-je de me débattre, peut-être me laisserais-je sombrer de nouveau. Je n'en savais encore rien. Dans l'immédiat, j'avais seulement cette hargne et cette envie folle de la reconquérir : sans doute était-ce le fait de la voir face à moi qui me conférait autant de force et d'assurance. « Tu es complètement fou. » Oh non, la véritable aliénation mentale est personnifiée par ma propre mère. Personnellement, je m'en garde bien et conserve toute ma raison. Ou presque. Est-ce un crime que d'être fou d'amour ? J'eus un léger sourire en coin, attendri et amusé, malgré la situation, quant aux dires de mon ange blond. Et bien évidemment, c'est à ce moment là que le serveur décida de nous apporter nos cafés, ne prêtant néanmoins pas plus attention à notre débat que lors de notre commande. Il tourna d'ailleurs les talons non sans manquer de tomber à terre, distrait par la vision de cette demoiselle qu'il ne cessait de jauger du regard. « Où seras-tu dans un an, deux ans, dix ans ? Tu te tues un peu plus chaque jour, Lust. Je ne me fais pas d’illusion. Ne perds pas toute ton énergie dans une telle cause, car tu sais aussi bien que moi que l’amour n’est qu’une abyme sans fond. » Ma belle marquait un point : je ne me donnais pas plus de sept ans encore à vivre. Et encore que... Je voyais tout de même large, au vu de la mort à petite dose que je m'injectais régulièrement. Mais je n'avais trouvé d'autres choix que celui-ci pour faire taire mon génie trop vivace, ainsi que ma douleur par la même occasion. Je préférais mourir jeune et dans l'illusion, que vieux et rongé par le chagrin d'une vie trop dure. C'était lâche, mais c'était ainsi. Nous, les jeunes, étions tous les mêmes : nous pensions que l'illusion demeurait notre meilleure alliée. Foutaises. De toute évidence, ma plus belle rivale en l'instant n'était autre que ma Cassandra qui se montrait revêche. « Regarde où cela t’a mené, mon cœur. » Et à l'entente de ce mot, bien que soufflé avec mesquinerie, l'assurance de mon regard se mua en une tendresse pleine de mélancolie ; mon palpitant s'agita, mon estomac se noua, et mes poumons suffoquèrent d'un oxygène inexistant. Dis-le moi encore, avais-je envie de lui souffler telle une âme en perdition, soulagée par la volupté d'un mot retrouvé, bien que mensonger. Je savais qu'elle ne le pensait pas, je savais que ce mot soufflé en sa langue natale avait du sans doute lui arracher des frissons de dégoût, mais je l'accueillais tel le Saint Graal. Car c'était peut-être bien la dernière fois qu'elle me l'offrait. Tout était bon à prendre, même son regard le plus méprisant. « L’amour change les gens. Tu ne pensais jamais tomber amoureux, tout comme je ne pensais pas pouvoir aimer aussi passionnément un homme, à fortiori, un élève. Je ne pensais pas que tu lèverais la main sur moi, toi qui chérissais temps mes brûlures, en haïssant leur auteur… Et pourtant… » Je te l'avais dit pourtant Cassandra, lors de notre première nuit, que je craignais fortement la destruction de l'être que j'aurais souhaité épargner le plus. J'avais tenté de te mettre en garde : je savais mon amour destructeur, quand bien même c'était un sentiment nouveau. Je savais que l'excès coulait en mes veines, et par déduction logique j'en avais conclu qu'un jour ou l'autre, je t'aurais fait du mal. Comment, quand, combien de fois, jusqu'où serait allée ma cruauté ? Je n'en savais rien encore, cette nuit là, mais instinctivement, j'avais anticipé notre fin douloureuse. Les transports violents ont des fins violentes : aimez-vous donc modérément... Conseil qui m'était impossible. Et alors que j'allais pour rétorquer et plaider coupable de nouveau, mon regard vint se poser sur la douceur de sa main venant caresser la mienne. Et la douceur, devint griffure mauvaise... Je comprenais alors qu'un retour en arrière était impossible ; peu m'importait, je tenterais le tout pour le tout. « Toi qui manies si bien les mots, qui aurait crus que tu aurais besoin de tes mains pour me blesser ? » Je relevais mes yeux coupables sur ses rétines venimeuses, frissonnant légèrement sous ce contact inattendu bien que douloureux. De ses mots à ses gestes, elle ne voulait que se faire souffrance pour mieux me faire payer. Qu'importait. C'était légitime, elle en avait le droit. « A quoi sert de vouloir me reconquérir, Lust ? Je t’ai déjà tout donné, je n’ai plus rien à t’offrir. » « Ton coeur, à nouveau. » soufflais-je alors aussitôt, d'une lueur conquise et vaine. « Il est encore vivant seulement tu l'enfermes à double-tour parce que je ne vaux plus rien à tes yeux. Je changerais la donne. » fis-je alors d'une assurance pleine de charme, avant de rajouter avec provocation : « Et tu as tort Cassandra, je suis immortel. Personne ne peut vivre sans son coeur, personne ne peut mourir sans son âme. Je ne peux ni vivre, ni mourir sans toi à mes côtés. » Mes paroles teintées de folie passionnelle, se voilaient d'une poésie mystérieuse mais profonde, tandis que je me redressais avec prestance sur ma chaise ; mon costume me conférait l'aura d'un businessman intransigeant. C'était bien ce que j'étais en train de faire : je négociais ma rédemption. « Toi et moi Cassie, c'est une rencontre qui ne se fait qu'une fois par génération. Il y a une théorie qui affirme qu'il existe une indivisibilité des âmes, et qu'elles finissent par s'attirer malgré l'infini. Nous sommes indivisibles et inévitables. Nous sommes faits l'un pour l'autre et je n'abandonnerais pas. Pourquoi refuses-tu de l'admettre ? » murmurais-je alors d'un ton calme et solennel, le timbre suave de ma voix se faisant épicé tandis que j'affichais une moue teintée d'une assurance provocante.
- InvitéInvité
Re: I'm dead already
Dim 31 Oct 2010 - 16:23
Lust et moi assistions à notre propre fin, et quelle fin ! Il semblait que tous les éléments d’une tragédie grecque étaient présents. La fatalité d’un amour illégitime, deux amants s’aimant et qui pourtant ne faisaient que s’éloigner un peu plus, la destruction d’un royaume, celui de cupidon qui de sa flèche allumée nous avait transpercé le cœur. Ca faisait mal, un mal de chien, et j’avais l’impression de mourir, comme si je me noyais, et que quelqu’un appuyait sur ma tête pour que je ne puisse pas remonter à la surface. Je suffoquais d’un amour déchu, d’une idylle avortée, d’une liaison inavouable et, osais-je le dire, dangereuse. Nous nous étions brûlés les ailes, car l’amour sans limite ni borne ne nous avait pas prévenu qu’il fallait parfois rester les pieds sur terre. Il me manquait cet amour fusionnel, notre complicité aussi. Le temps où je pouvais lui sourire sincèrement et lui murmurer que je l’aimais était révolu, et que n’aurais-je pas donné pour le retrouver, lui susurrer combien il comptait pour moi, qu’il était le seul dans mon cœur, dans mes draps, dans ma vie. Ô mon amour, pourquoi n’as-tu pas eut confiance en moi ? Ne t’avais-je pas juré milles et une fois qu’il n’y avait personne d’autre, il a fallut que ta jalousie dépasse ta raison, et ton esprit cartésien n’a pas trouvé la force d’arrêter ton cœur mourant de jalousie. Il ne restait plus rien. Il menait sa vie de son côté, et moi du mien. Je ne sortais presque plus, je lisais, j’écrivais, je corrigeais, je dormais quand l’humeur y était favorable, et je passais en boucle chacun de nos souvenirs. Parfois, je me demandais ce que j’avais fait au ciel pour subir cela, et d’autres fois, je me disais que c’était de ma faute, et que je n’aurais jamais du succomber au charme d’un élève, Lust Whitaker qui plus est. Je me souvins alors de la première fois que j’avais entendu parler de lui…
PROFESSEUR – Et toi, qu’en penses-tu Cassandra ?
CASSANDRA – Quoi donc ?
PROFESSEUR² – De Whitaker, bien sûr !
CASSANDRA – Qui ?
PROFESSEUR² – Tu n’as pas entendu parler de lui ? Tu ne l’as pas en cours ? Tu as bien de la chance.
PROFESSEUR – C’est un grymm en 4ème année. Quand il ne sèche pas et vient en cours, il ne sait que répondre insolemment et mettre toutes les petites en furie. Elles sont folles de lui.
CASSANDRA – Ah, lui. Hum… J’ai du l’apercevoir une fois ou deux oui.
PROFESSEUR² – Je l’ai choppé en train de se droguer dans les toilettes hier. Et cet insolent m’a proposé de me piquer !
PROFESSEUR – Il parait qu’il écarte les cuisses à n’importe quelle minette de Hungcalf.
CASSANDRA – Kelly… C’est déplacé de parler comme cela d’un élève. Après tout, ils sont majeurs, ils font ce qu’ils veulent en dehors des cours.
PROFESSEUR² – Méfie toi de lui, Cassandra. A part se droguer et coucher à droite à gauche, ce gamin ne sait rien faire de sa vie. C’est un petit bourge bien mal élevé qui mériterait une paire de claque.
Je ne le savais pas encore, mais le petit bourge en question allait devenir, quelques années plus tard mon amant, et même, celui que je considérais encore comme l’homme de ma vie…
Un petit sourire mélancolique s’inscrivit sur mes lèvres tandis que je me rappelais cette conversation. Et voilà que j’étais en train de mettre un terme définitif à ma relation torride, passionnelle et complexe avec Lust, mon Lust. Je n’avais plus rien à lui offrir, lui rappelais-je, je lui avais déjà tout donné, mais comme à son habitude, Lust dans son habit d’excès en voulait plus, tellement plus.
« Ton coeur, à nouveau. » Mais mon amour, mon cœur, je te l’ai déjà offert une fois, et vois ce que tu en fais... Tu l’émiettes, tu l’écorches, tu le fais battre pour mieux le faire agoniser. Ne vois-tu pas que je n’en ai plus, de cœur ? « Il est encore vivant seulement tu l'enfermes à double-tour parce que je ne vaux plus rien à tes yeux. Je changerais la donne. » Comment pouvait-il dire qu’il ne valait plus rien à mes yeux ? C’en était trop. Je voulais qu’il sache qu’il comptait encore beaucoup, peut être même trop, mais que je ne pouvais me résoudre à lui offrir cette autre chance qu’il me demandait. Par crainte de souffrir encore, par crainte des coups et des bleus, de cet amour empoisonné qu’il voulait m’offrir. J’étais sur le point de rétorquer avec plus de douceur que jusqu’à présent, lorsqu’il reprit la parole dans une once de provocation. « Et tu as tort Cassandra, je suis immortel. Personne ne peut vivre sans son coeur, personne ne peut mourir sans son âme. Je ne peux ni vivre, ni mourir sans toi à mes côtés. » Ses paroles ailées me touchèrent en plein cœur, et je reculais doucement sur ma chaise, ne sachant plus vraiment où j’avais mal, où je voulais être, dans ses bras ou loin de lui, dans son lit ou dans le mien, dans sa vie ou dans sa mort. Je ne savais plus. L’avais-je seulement su un jour ? « Toi et moi Cassie, c'est une rencontre qui ne se fait qu'une fois par génération. Il y a une théorie qui affirme qu'il existe une indivisibilité des âmes, et qu'elles finissent par s'attirer malgré l'infini. Nous sommes indivisibles et inévitables. Nous sommes faits l'un pour l'autre et je n'abandonnerais pas. Pourquoi refuses-tu de l'admettre ? »
« Je ne refuse pas de l’admettre. Je le sais. Nous sommes faits l’un pour l’autre. Oh, oui, nos cœurs ne réclament que l’autre, je le sais. Notre rencontre, c’est le choc de deux âmes qui se rencontrent, s’allumer, tombent amoureuse, se réchauffent, se font l’amour et se détruisent. Soufflais-je d’une voix douce et calme, prophétisant notre histoire, comme si elle était universelle. Mais tu nous as détruis. Dès lors que tu as posé tes mains sur moi, ce soir là, tu savais que cela nous mènerait à notre fin. Ne me demande pas t’offrir un cœur que je t’ai offert depuis bien longtemps déjà. Tu l’as détruis, et je suis sûre que tu as pris ton pied. Oui, j’en étais persuadée. Tu sais très bien ce qu’il y entre nous. C’est quelque chose d’indestructible, d’inévitable, mais de bien trop douloureux pour que je le subisse consciemment. Je ne veux pas vivre un amour dans la crainte des coups et des bleus qui tu m’infligeras plus tard, sous l’emprise de la drogue ou de l’alcool. »
Pourquoi ma phrase résonnait-elle comme un chantage scandaleux ? La drogue ou l’amour, il faut choisir mon Lust…
FLASH BACK
C’était un mois après ma première rentrée à Hungcalf en tant que professeur. J’avais alors 27 ans, Lust était en 4ème année. Je ne l’avais jamais vraiment remarqué, il séchait mes cours plus que ce qu’il y assistait, mais qu’importait, j’avais une classe de vingt personnes qui m’attendaient, je n’avais pas besoin d’un petit malin comme lui. J’arrivais dans la salle des professeurs en plein débats entre deux de mes collègues. M’approchant doucement, je les saluais d’un signe de la tête, n’ayant point pour but de participer à la discussion, lorsque je fus prise à partie contre mon propre gré.PROFESSEUR – Et toi, qu’en penses-tu Cassandra ?
CASSANDRA – Quoi donc ?
PROFESSEUR² – De Whitaker, bien sûr !
CASSANDRA – Qui ?
PROFESSEUR² – Tu n’as pas entendu parler de lui ? Tu ne l’as pas en cours ? Tu as bien de la chance.
PROFESSEUR – C’est un grymm en 4ème année. Quand il ne sèche pas et vient en cours, il ne sait que répondre insolemment et mettre toutes les petites en furie. Elles sont folles de lui.
CASSANDRA – Ah, lui. Hum… J’ai du l’apercevoir une fois ou deux oui.
PROFESSEUR² – Je l’ai choppé en train de se droguer dans les toilettes hier. Et cet insolent m’a proposé de me piquer !
PROFESSEUR – Il parait qu’il écarte les cuisses à n’importe quelle minette de Hungcalf.
CASSANDRA – Kelly… C’est déplacé de parler comme cela d’un élève. Après tout, ils sont majeurs, ils font ce qu’ils veulent en dehors des cours.
PROFESSEUR² – Méfie toi de lui, Cassandra. A part se droguer et coucher à droite à gauche, ce gamin ne sait rien faire de sa vie. C’est un petit bourge bien mal élevé qui mériterait une paire de claque.
Je ne le savais pas encore, mais le petit bourge en question allait devenir, quelques années plus tard mon amant, et même, celui que je considérais encore comme l’homme de ma vie…
FLASH BACK
Un petit sourire mélancolique s’inscrivit sur mes lèvres tandis que je me rappelais cette conversation. Et voilà que j’étais en train de mettre un terme définitif à ma relation torride, passionnelle et complexe avec Lust, mon Lust. Je n’avais plus rien à lui offrir, lui rappelais-je, je lui avais déjà tout donné, mais comme à son habitude, Lust dans son habit d’excès en voulait plus, tellement plus.
« Ton coeur, à nouveau. » Mais mon amour, mon cœur, je te l’ai déjà offert une fois, et vois ce que tu en fais... Tu l’émiettes, tu l’écorches, tu le fais battre pour mieux le faire agoniser. Ne vois-tu pas que je n’en ai plus, de cœur ? « Il est encore vivant seulement tu l'enfermes à double-tour parce que je ne vaux plus rien à tes yeux. Je changerais la donne. » Comment pouvait-il dire qu’il ne valait plus rien à mes yeux ? C’en était trop. Je voulais qu’il sache qu’il comptait encore beaucoup, peut être même trop, mais que je ne pouvais me résoudre à lui offrir cette autre chance qu’il me demandait. Par crainte de souffrir encore, par crainte des coups et des bleus, de cet amour empoisonné qu’il voulait m’offrir. J’étais sur le point de rétorquer avec plus de douceur que jusqu’à présent, lorsqu’il reprit la parole dans une once de provocation. « Et tu as tort Cassandra, je suis immortel. Personne ne peut vivre sans son coeur, personne ne peut mourir sans son âme. Je ne peux ni vivre, ni mourir sans toi à mes côtés. » Ses paroles ailées me touchèrent en plein cœur, et je reculais doucement sur ma chaise, ne sachant plus vraiment où j’avais mal, où je voulais être, dans ses bras ou loin de lui, dans son lit ou dans le mien, dans sa vie ou dans sa mort. Je ne savais plus. L’avais-je seulement su un jour ? « Toi et moi Cassie, c'est une rencontre qui ne se fait qu'une fois par génération. Il y a une théorie qui affirme qu'il existe une indivisibilité des âmes, et qu'elles finissent par s'attirer malgré l'infini. Nous sommes indivisibles et inévitables. Nous sommes faits l'un pour l'autre et je n'abandonnerais pas. Pourquoi refuses-tu de l'admettre ? »
« Je ne refuse pas de l’admettre. Je le sais. Nous sommes faits l’un pour l’autre. Oh, oui, nos cœurs ne réclament que l’autre, je le sais. Notre rencontre, c’est le choc de deux âmes qui se rencontrent, s’allumer, tombent amoureuse, se réchauffent, se font l’amour et se détruisent. Soufflais-je d’une voix douce et calme, prophétisant notre histoire, comme si elle était universelle. Mais tu nous as détruis. Dès lors que tu as posé tes mains sur moi, ce soir là, tu savais que cela nous mènerait à notre fin. Ne me demande pas t’offrir un cœur que je t’ai offert depuis bien longtemps déjà. Tu l’as détruis, et je suis sûre que tu as pris ton pied. Oui, j’en étais persuadée. Tu sais très bien ce qu’il y entre nous. C’est quelque chose d’indestructible, d’inévitable, mais de bien trop douloureux pour que je le subisse consciemment. Je ne veux pas vivre un amour dans la crainte des coups et des bleus qui tu m’infligeras plus tard, sous l’emprise de la drogue ou de l’alcool. »
Pourquoi ma phrase résonnait-elle comme un chantage scandaleux ? La drogue ou l’amour, il faut choisir mon Lust…
- InvitéInvité
Re: I'm dead already
Lun 1 Nov 2010 - 17:17
Elle reprenait son calme, sa douceur ; la barrière ardente de son agressivité s'effaçait au profit d'un voile plus alangui levé sur ses beaux yeux. Y arrivais-je enfin ? Est-ce que j'étais parvenu à lui ôter ces frissons de dégoût ? N'était-ce pas trop facile... Pas pour moi, car j'avais du mettre fierté et dignité de côté, pour venir la retrouver et tenter de la conquérir à nouveau. Dans une certaine naïveté amoureuse écoeurante, j'aurais pu en conclure que le cauchemar prendrait fin ici, qu'au simple charme de mon regard de braise et de mes mots sucrés, elle flancherait et passerait le seuil de cette porte avec moi. J'y croyais ; étrangement et contre toute attente, malgré ma raison flegmatique qui soupirait d'un souffle blasé face à ce myocarde aveugle, j'y croyais réellement. J'allais la reconquérir aujourd'hui, ses yeux adoucis appuyaient mon jugement, ce mépris hautain s'estompait à chaque intonation de ma voix, et ma rage de vaincre venait en découdre avec la barrière défensive que s'était érigée ma Cassandra. Je voulais qu'elle oublie, dans un désir hypocrite et égocentrique, ce qui s'était passé cette nuit là. Rien n'avait eu lieu, tout irait bien : j'effaçais la scène du crime par quelques élans amoureux qui me rendaient moins monstre. Je n'avais pas blasphémé sa peau, je n'avais pas porté outrage à son corps, je n'avais rien fait de tout cela... Mais était-ce vraiment le bon remède que de se voiler la face et de laisser planer les fantômes de ses cris ? Car je me souvenais encore de ses plaintes, ses gémissements, ses pleurs et supplications, que j'avais enfouis en mon être hypocrite pour ne plus qu'ils ne m'assaillent. Mais je taisais mon propre écoeurement quant à mes gestes passés, et m'élançais dans des monologues impromptus teintés d'une force amoureuse que je pensais invincibles ; déjà dans mon regard ambré, on pouvait percevoir cette flamme victorieuse et soulagée, cette certitude qu'elle serait mienne à nouveau, grâce à ses premières paroles. « Je ne refuse pas de l’admettre. Je le sais. Nous sommes faits l’un pour l’autre. Oh, oui, nos cœurs ne réclament que l’autre, je le sais. Notre rencontre, c’est le choc de deux âmes qui se rencontrent, s’allumer, tombent amoureuse, se réchauffent, se font l’amour ... » Il n'y aurait pas de chute, il n'y aurait que notre idylle. Mon regard s'intensifia d'espoirs et de soulagement : elle reviendrait. Aujourd'hui. Alors je me redressais et plantais dans l'azur de ses rétines troublées, mes rétines assurées et ardentes qui demeuraient persuadées que plus rien ne nous atteindrait. Plus rien, excepté ma jalousie qui nous avait détruits. « ...et se détruisent. Mais tu nous as détruis. » Je détournais mon regard de nouveau, sentant mes espoirs s'annihiler tandis que d'une moue frustrée et sombre, je laissais retomber tous mes espoirs. Ou presque, car conformément à ma promesse, je n'abandonnerais pas. Qu'elle s'en trouve un autre, et je détruirais son couple, qu'elle me haïsse et je la ferais m'aimer à nouveau : de toutes mes forces et de toutes mes convictions, je récupérerais ma Cassandra pour la faire mienne. « Dès lors que tu as posé tes mains sur moi, ce soir là, tu savais que cela nous mènerait à notre fin. Ne me demande pas t’offrir un cœur que je t’ai offert depuis bien longtemps déjà. Tu l’as détruis, et je suis sûre que tu as pris ton pied. » « Tu te trompes. » Et d'un souffle je me retournais vers ma belle, tentant de me défendre autant que possible, malgré mon mensonge éhonté. Bien sûr que j'avais pris plaisir à la détruire, à mutiler son âme et à la faire payer. Rien ne m'était plus jouissif que de tirer satisfaction du malheur des autres ; et plus la victime nous était proche, plus le plaisir malsain était grand. Je me gardais bien, évidemment, d'affirmer les dires de ma belle, tentant de me faire ange malgré mes cornes pointues. « Tu sais très bien ce qu’il y entre nous. C’est quelque chose d’indestructible, d’inévitable, mais de bien trop douloureux pour que je le subisse consciemment. Je ne veux pas vivre un amour dans la crainte des coups et des bleus qui tu m’infligeras plus tard, sous l’emprise de la drogue ou de l’alcool. » Et ma belle de se redresser, prête à partir peut-être, à s'éloigner sans doute, à imposer de nouveau cette distance entre nous. Mais ce fut sans compter mon réflexe instinctif qui porta ma main à son poignet fin, une nouvelle fois ; penché au-dessus de la table, je m'étais levé pour la garder avec moi, comme dans un geste désespéré de survie. Mon dernier souffle, mon oxygène s'évaporait avec elle, et ma main envieuse vint descendre pour enserrer la sienne. « Je peux changer. Je change. » soufflais-je de ma voix suave, me rattrapant sur les mots dans un semi mensonge. « J'ai un travail malgré Hungcalf, j'ai des responsabilités... Cassandra j'ai même des employés qui m'appellent Mr Whitaker et qui m'adressent de grands sourires dès que je passe la porte de l'immeuble de la compagnie. » Un rictus cette fois, amusé et fier, vint se loger au creux de mes lèvres de petit prince arrogant. Comme tout monde capitaliste bien sûr, j'avais des hypocrites à ma charge qui ne pouvaient émettre de réflexion sur l'absence d'une cravate se devant d'accompagner mes costumes impeccables. « J'ai l'argent, l'influence, je peux t'offrir ce que tu souhaites. Ce café même, ne serait-ce que pour te permettre de virer l'autre serveur incompétent. » répliquais-je d'un murmure épicé non sans donner un signe de tête méprisant vers ledit garçon distrait, tandis que je prenais place de nouveau, sans jamais la quitter des yeux. « Mais c'est toi, que je veux. Je ne suis pas alcoolique. J'arrête la drogue, dès maintenant, si tu le souhaites et si c'est ta condition pour me revenir. » Utopies délicieuses, mensonges désillusionnés. Je ne pouvais me permettre un centre de désintoxication, pas avec l'image de marque des galeries Krisjàn's sur mes épaules. Et comme pour tenter d'appâter ma belle, je lui faisais la promesse de n'être plus un junkie... Aujourd'hui, le 16 Octobre 2010, à 16h15, Lust Whitaker arrêtait l'héroïne, la coco, la mesca, le poppers, l'ecsta, le shit, la kétamine, le lsd... Vous y croyez, vous ? Moi non plus. Qu'importe.