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In the dead of night
Dim 8 Avr 2018 - 18:41
Nightmare
feat. T. Cioban & L. Gull
Une fois de plus, Laoghaire s’était réveillée en sursaut, désorientée, suffoquée par sa propre terreur. Les ténèbres de sa chambre l’avaient accueillie en lieu et place des branches enchevêtrées de son cauchemar. L’air était sec et empreint de l’odeur de vieux parchemins. Le parfum de terre humide se dissipait peu à peu dans les courants tumultueux de sa mémoire. Mais la douleur, elle, était bien tenace, s’agrippant sous les replis de sa cicatrice, comme si les griffes du monstre ne s’en étaient toujours pas détachées. Enfin, ses poumons tolérèrent un râle sifflant, prémisse de sa respiration reprenante, souvenir pâle du cri qu’il lui arrivait encore de vouloir pousser…
Elle était dans sa chambre. Dans son bureau. Dans l’université de ses filles. Dans le pays de sa famille. La Norvège était loin. Cette forêt immense se trouvait à des lieues d’ici. Elle était plus que hors d’atteinte de cette créature… Mais à la simple idée qu’elle puisse toujours être en liberté, l’esprit tourmenté de Laoghaire restait à l’affut du moindre craquement de branche, de la moindre lueur malfaisante dans l’obscurité, chaque muscle prêt à réagir, tout son corps prêt à fuir.
Forçant sa raison à reprendre le dessus, Laoghaire alluma sa lampe de chevet d’une main malhabile, comme un enfant chasse ses peurs d’un coup de lumière. Ses doigts tremblants dévissèrent le bouchon de la petite fiole qui ne la quittait jamais, et Laoghaire laissa une simple goutte de son contenu se diluer dans son verre d’eau, qu’elle vida d’un trait. La potion que les psychomages lui avaient prescrite était extrêmement puissante. Elle ne devait en aucun cas en boire à l’état brut, et les doses étaient strictement limitée. Une goutte toutes les six heures, ne devant jamais dépasser les quatre gouttes par journée. En cas de forte crise d’angoisse, elle était autorisée à prendre trois gouttes en un verre, mais avait l’obligation de recherche une aide médicomagique par la suite. Mais elle n’en avait pas eu besoin depuis des mois. A croire que son traitement faisait effet… A l’exception des cauchemars toujours aussi vivides, elle pouvait vivre quasiment normalement…
Laoghaire poussa un profond soupir, régulant sa respiration, et sentit son corps se détendre enfin. Elle sentait encore ses veines vibrer sous l’effet des hormones que sa peur avait relâché dans son sang. Le sommeil l’avait définitivement désertée. Elle ne dormirait plus cette nuit. Ce n’était de toute façon pas la première nuit qu’elle ne dormirait pas plus de quelques heures. Ses insomnies étaient devenues comme une routine, prévisibles et fidèles, accompagnant ses nuits comme l’aurait fait son mari.
Laoghaire se leva, une douche emportant les dernières traces de sueurs froides, enfila sa veste de cuir par-dessus sa robe de sorcière, et sortit de ses appartements avec un paquet de parchemin et un livre sous le bras. Elle n’avait pas envie de corriger le travail de ses élèves à l’intérieur ce soir. Elle avait besoin d’air frais. L’enseignante d’étude des runes se rendit comme une ombre au quatrième étage et s’installa à une table des jardins suspendus. Elle fit apparaître une lanterne d’un coup de baguette magique, et sortit une cigarette de sa veste, qu’elle alluma du bout de sa baguette également. Poussant une première bouffée dans l’air de la nuit, elle regarda un moment les volutes argentées onduler et se perdre dans la nuit, avant d’ouvrir son livre et de se replonger dans sa lecture de la veille… Il s’agissait d’un livre norvégien, écrit tout en runes, dont elle avait fait l’acquisition il y avait plusieurs années et qu’elle hésitait à donner en cours.
Il ne lui fallu pas plus de quelques minutes pour que l’ancien futhark n’occupe la moindre parcelle de ses pensées, ses souvenirs de sa première lecture s’entremêlant avec sa toute jeune expérience d’enseignante. Valait-il mieux attendre la fin de l’année pour que cette lecture soit plus appréhensible par ses élèves de D.U.C., ou devait-elle se fier à son instinct et leur donner ce défi dès à présent ? Aussi lorsqu’une branche se brisa dans son dos, le bois craquant résonnant dans le silence nocturne, Laoghaire bondit de sa chaise avec la rapidité que seuls ceux qui avaient affronté les forces du mal détenaient. Elle n’avait même pas sorti sa baguette (son esprit traumatisé avait appris que certaines créatures étaient tout simplement impossible à combattre). Ses yeux exorbités fixaient l’ombre luxuriante de la végétation, tremblante à la lumière de sa faible lanterne. Thomas Cioban apparu comme s’il était sortit des ténèbres même, être de la nuit dans son élément naturel. Laoghaire battit plusieurs fois des sils, s’efforçant de reprendre contenance devant le concierge de l’université.
« Pardonnez-moi, Thomas. Vous m’avez surprise. » s’excusa-t-elle en se passant la main sur le visage. Elle ne souhaitait pas qu’il pense qu’elle avait peur de lui. Laoghaire n’avait que peu d’attention à accorder aux origines de Thomas, que la Jeger en elle avait vite reconnues. C’était un sorcier attentif et curieux, et elle ne se souciait point du reste. Il lui fallut cependant quelques secondes pour reprendre une respiration normale et calmer les battements de son cœur. Ses doigts tremblaient encore imperceptiblement lorsqu’elle porta sa cigarette à ses lèvre.
Elle était dans sa chambre. Dans son bureau. Dans l’université de ses filles. Dans le pays de sa famille. La Norvège était loin. Cette forêt immense se trouvait à des lieues d’ici. Elle était plus que hors d’atteinte de cette créature… Mais à la simple idée qu’elle puisse toujours être en liberté, l’esprit tourmenté de Laoghaire restait à l’affut du moindre craquement de branche, de la moindre lueur malfaisante dans l’obscurité, chaque muscle prêt à réagir, tout son corps prêt à fuir.
Forçant sa raison à reprendre le dessus, Laoghaire alluma sa lampe de chevet d’une main malhabile, comme un enfant chasse ses peurs d’un coup de lumière. Ses doigts tremblants dévissèrent le bouchon de la petite fiole qui ne la quittait jamais, et Laoghaire laissa une simple goutte de son contenu se diluer dans son verre d’eau, qu’elle vida d’un trait. La potion que les psychomages lui avaient prescrite était extrêmement puissante. Elle ne devait en aucun cas en boire à l’état brut, et les doses étaient strictement limitée. Une goutte toutes les six heures, ne devant jamais dépasser les quatre gouttes par journée. En cas de forte crise d’angoisse, elle était autorisée à prendre trois gouttes en un verre, mais avait l’obligation de recherche une aide médicomagique par la suite. Mais elle n’en avait pas eu besoin depuis des mois. A croire que son traitement faisait effet… A l’exception des cauchemars toujours aussi vivides, elle pouvait vivre quasiment normalement…
Laoghaire poussa un profond soupir, régulant sa respiration, et sentit son corps se détendre enfin. Elle sentait encore ses veines vibrer sous l’effet des hormones que sa peur avait relâché dans son sang. Le sommeil l’avait définitivement désertée. Elle ne dormirait plus cette nuit. Ce n’était de toute façon pas la première nuit qu’elle ne dormirait pas plus de quelques heures. Ses insomnies étaient devenues comme une routine, prévisibles et fidèles, accompagnant ses nuits comme l’aurait fait son mari.
Laoghaire se leva, une douche emportant les dernières traces de sueurs froides, enfila sa veste de cuir par-dessus sa robe de sorcière, et sortit de ses appartements avec un paquet de parchemin et un livre sous le bras. Elle n’avait pas envie de corriger le travail de ses élèves à l’intérieur ce soir. Elle avait besoin d’air frais. L’enseignante d’étude des runes se rendit comme une ombre au quatrième étage et s’installa à une table des jardins suspendus. Elle fit apparaître une lanterne d’un coup de baguette magique, et sortit une cigarette de sa veste, qu’elle alluma du bout de sa baguette également. Poussant une première bouffée dans l’air de la nuit, elle regarda un moment les volutes argentées onduler et se perdre dans la nuit, avant d’ouvrir son livre et de se replonger dans sa lecture de la veille… Il s’agissait d’un livre norvégien, écrit tout en runes, dont elle avait fait l’acquisition il y avait plusieurs années et qu’elle hésitait à donner en cours.
Il ne lui fallu pas plus de quelques minutes pour que l’ancien futhark n’occupe la moindre parcelle de ses pensées, ses souvenirs de sa première lecture s’entremêlant avec sa toute jeune expérience d’enseignante. Valait-il mieux attendre la fin de l’année pour que cette lecture soit plus appréhensible par ses élèves de D.U.C., ou devait-elle se fier à son instinct et leur donner ce défi dès à présent ? Aussi lorsqu’une branche se brisa dans son dos, le bois craquant résonnant dans le silence nocturne, Laoghaire bondit de sa chaise avec la rapidité que seuls ceux qui avaient affronté les forces du mal détenaient. Elle n’avait même pas sorti sa baguette (son esprit traumatisé avait appris que certaines créatures étaient tout simplement impossible à combattre). Ses yeux exorbités fixaient l’ombre luxuriante de la végétation, tremblante à la lumière de sa faible lanterne. Thomas Cioban apparu comme s’il était sortit des ténèbres même, être de la nuit dans son élément naturel. Laoghaire battit plusieurs fois des sils, s’efforçant de reprendre contenance devant le concierge de l’université.
« Pardonnez-moi, Thomas. Vous m’avez surprise. » s’excusa-t-elle en se passant la main sur le visage. Elle ne souhaitait pas qu’il pense qu’elle avait peur de lui. Laoghaire n’avait que peu d’attention à accorder aux origines de Thomas, que la Jeger en elle avait vite reconnues. C’était un sorcier attentif et curieux, et elle ne se souciait point du reste. Il lui fallut cependant quelques secondes pour reprendre une respiration normale et calmer les battements de son cœur. Ses doigts tremblaient encore imperceptiblement lorsqu’elle porta sa cigarette à ses lèvre.
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Re: In the dead of night
Mar 17 Avr 2018 - 19:43
Depuis les hauteurs des jardins suspendus j'observe la nuit immobile, son grand manteau noir posé sur les cimes à la manière d'un voile. Les rangées bien ordonnées du parc et, au delà, de la forêt du domaine universitaire bruissent discrètement quand passe le vent. S'y ajoute le concert discret des nocturnes. Hiboux, chouettes, insectes en tout genre et j'en passe : on reste loin du tintamarre exubérant qui résonne en plein jour.
C'est comme un autre monde. Un qui n'intéresse personne, à moins d'avoir une raison. Et je crois que dans le fond, les diurnes ne comprennent pas la nuit. S'y plonger a toujours, pour eux, un goût de transgression. Parfois, cela leur demande même du courage.
Peut-être qu'au fond, ils savent que ce n'est pas leur tour.
Au delà de ça, ils y reportent les grouillements mal définis de leur propre âme : comme on a peur de ce que cache son propre inconscient, on craint les ombres étirées par la lune. Il est amusant de constater combien on s'inquiète de ce qu'on ne voit pas. Voir : c'est ce qu'ils ont de plus précieux, les diurnes.
Voir, ce n'est pas bien différent de comprendre, dans leur monde à eux.
Il arrive parfois qu'un humain enfreigne la règle implicite : celle qui dit que la nuit ne leur appartient pas.
J'en croise souvent à l'Université : rarement deux fois de suite les mêmes. Il errent ou viennent se cacher dans les coins agréables. Les insomniaques, ceux qui pensent trop, ceux qui sont angoissés... Ce n'est jamais anodin, le fait de ne pas dormir, chez un humain. J'ai remarqué cela avec le temps. Leur détresse a quelque chose de mystérieux que j'aime essayer de comprendre.
Parfois.
Laoghaire compte au nombre de ces habitués : ceux que j'entends faire les cents pas au milieu de la nuit, ceux que l'on retrouve fatigué au matin. Elle est tourmentée : je le sais sans en connaître la raison.
Tout ce dont je dispose, pour comprendre, c'est de l'expression particulière de son regard quand elle m'entend approcher. Cette terreur là n'a rien à voir avec la commune peur des choses. On peut l'attraper dans les yeux des proies qui viennent de se faire prendre. L'alerte, comme ultime défense avant le grand « on ne sait quoi ».
Cet éclat là, c'est un souvenir vivant.
« Ce n'est rien, j'aurais dû m’annoncer.
Je réplique doucement, en apparaissant dans la lumière de sa petite lanterne. Encore aux prises avec son élan d'émotion, je la vois s'apaiser peu à peu tout en tirant nerveusement sur sa cigarette. Le geste me donne instinctivement envie de l'imiter. Je ne tarde donc pas à sortir mon propre paquet et m'en allumer une.
« Vous étiez en pleine lecture. Fais-je, inspirant une petite bouffée pour former la braise, tandis que mon regard se pose sur l'ouvrage. Je peux m'en aller si vous préférez rester un peu tranquille.
Mon intonation est tout à fait amicale : je ne veux pas lui imposer ma compagnie. Car en dépit de toute la courtoisie dont elle fait preuve à mon égard, je sais que ma particularité la dérange d'une certaine manière.
Cela n'a rien à voir avec l'hostilité franche dont peuvent faire preuve certains individus. En vérité, Laoghaire demeure une femme d'une grande bienveillance à cet égard... Malgré tout, il y a quelque chose. Je sais que cela n'a rien de personnel, mais cela existe.
Alors...
C'est comme un autre monde. Un qui n'intéresse personne, à moins d'avoir une raison. Et je crois que dans le fond, les diurnes ne comprennent pas la nuit. S'y plonger a toujours, pour eux, un goût de transgression. Parfois, cela leur demande même du courage.
Peut-être qu'au fond, ils savent que ce n'est pas leur tour.
Au delà de ça, ils y reportent les grouillements mal définis de leur propre âme : comme on a peur de ce que cache son propre inconscient, on craint les ombres étirées par la lune. Il est amusant de constater combien on s'inquiète de ce qu'on ne voit pas. Voir : c'est ce qu'ils ont de plus précieux, les diurnes.
Voir, ce n'est pas bien différent de comprendre, dans leur monde à eux.
Il arrive parfois qu'un humain enfreigne la règle implicite : celle qui dit que la nuit ne leur appartient pas.
J'en croise souvent à l'Université : rarement deux fois de suite les mêmes. Il errent ou viennent se cacher dans les coins agréables. Les insomniaques, ceux qui pensent trop, ceux qui sont angoissés... Ce n'est jamais anodin, le fait de ne pas dormir, chez un humain. J'ai remarqué cela avec le temps. Leur détresse a quelque chose de mystérieux que j'aime essayer de comprendre.
Parfois.
Laoghaire compte au nombre de ces habitués : ceux que j'entends faire les cents pas au milieu de la nuit, ceux que l'on retrouve fatigué au matin. Elle est tourmentée : je le sais sans en connaître la raison.
Tout ce dont je dispose, pour comprendre, c'est de l'expression particulière de son regard quand elle m'entend approcher. Cette terreur là n'a rien à voir avec la commune peur des choses. On peut l'attraper dans les yeux des proies qui viennent de se faire prendre. L'alerte, comme ultime défense avant le grand « on ne sait quoi ».
Cet éclat là, c'est un souvenir vivant.
« Ce n'est rien, j'aurais dû m’annoncer.
Je réplique doucement, en apparaissant dans la lumière de sa petite lanterne. Encore aux prises avec son élan d'émotion, je la vois s'apaiser peu à peu tout en tirant nerveusement sur sa cigarette. Le geste me donne instinctivement envie de l'imiter. Je ne tarde donc pas à sortir mon propre paquet et m'en allumer une.
« Vous étiez en pleine lecture. Fais-je, inspirant une petite bouffée pour former la braise, tandis que mon regard se pose sur l'ouvrage. Je peux m'en aller si vous préférez rester un peu tranquille.
Mon intonation est tout à fait amicale : je ne veux pas lui imposer ma compagnie. Car en dépit de toute la courtoisie dont elle fait preuve à mon égard, je sais que ma particularité la dérange d'une certaine manière.
Cela n'a rien à voir avec l'hostilité franche dont peuvent faire preuve certains individus. En vérité, Laoghaire demeure une femme d'une grande bienveillance à cet égard... Malgré tout, il y a quelque chose. Je sais que cela n'a rien de personnel, mais cela existe.
Alors...
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Re: In the dead of night
Dim 6 Mai 2018 - 17:03
Nightmare
feat. T. Cioban & L. Gull
Thomas ne semblait pas avoir prit son effroi de manière personelle, et Laoghaire lui en était reconnaissante. Ce qu'elle lui signifia d'un faible sourire. C'était tout ce dont elle était capable pour le moment, mais c'était déjà ça. Il lui avait fallu quelques semaines pour se rappeler quels muscles utiliser, alors chaque sourire état désormais une petite victoire.
Lorsque Thomas sortit à son tour son paquet, Laoghaire s'approcha de lui et approcha la flamme de son briquet pour lui permettre d'y allumer sa baguette. La flamme se refléta de manière inquiétante dans ses prunelles qui paraissaient sans fond, mais Laoghaire se força à ignorer la crainte qu'il lui resserrait l'estomac. Elle savait que sa peur avait une toute autre source, qui n'avait rien à voir avec le sorcier. Ce dernier s'excusa d'ailleurs en toute courtoisie, lui laissant l'opportunité de rester seule, si elle le souhaitait. Mais Laoghaire chassa l'idée de quelques mots.
-Du tout! En fait, j'aurai bien besoin de compagnie, justement...
Un sourire avait de nouveau étiré ses lèvres, plus large, mais il avait quelques chose de plus faux. C'était un sourire qui ne parvenait pas à chasser complètement la tristesse de ses yeux, le sourire qu'elle réservait sans doute à ses élèves et à ses proches.
-La nuit a tendance à me prendre par surprise si je reste trop dans mes pensées... Comme si mes cauchemars déteignaient sur la réalité... Laoghaire eut une vision d'encre renversée. Ça doit vous paraître étrange. ajouta-t-elle, sachant pertinemment que la nuit était l'élément de Thomas bien plus que le jour.
Lorsque Thomas sortit à son tour son paquet, Laoghaire s'approcha de lui et approcha la flamme de son briquet pour lui permettre d'y allumer sa baguette. La flamme se refléta de manière inquiétante dans ses prunelles qui paraissaient sans fond, mais Laoghaire se força à ignorer la crainte qu'il lui resserrait l'estomac. Elle savait que sa peur avait une toute autre source, qui n'avait rien à voir avec le sorcier. Ce dernier s'excusa d'ailleurs en toute courtoisie, lui laissant l'opportunité de rester seule, si elle le souhaitait. Mais Laoghaire chassa l'idée de quelques mots.
-Du tout! En fait, j'aurai bien besoin de compagnie, justement...
Un sourire avait de nouveau étiré ses lèvres, plus large, mais il avait quelques chose de plus faux. C'était un sourire qui ne parvenait pas à chasser complètement la tristesse de ses yeux, le sourire qu'elle réservait sans doute à ses élèves et à ses proches.
-La nuit a tendance à me prendre par surprise si je reste trop dans mes pensées... Comme si mes cauchemars déteignaient sur la réalité... Laoghaire eut une vision d'encre renversée. Ça doit vous paraître étrange. ajouta-t-elle, sachant pertinemment que la nuit était l'élément de Thomas bien plus que le jour.
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Re: In the dead of night
Ven 11 Mai 2018 - 22:37
La professeure m'autorise à rester en sa compagnie, évoquant l'envie d'avoir un peu de compagnie à travers un faux sourire. J'acquiesce, tirant une bouffée de tabac en silence. Mes yeux se hasardent autour de nous, fouillant avec attention dans la nuit, mais revenant souvent à elle, malgré tout. C'est étrange... Je vois toujours la même peine se refléter dans ses yeux sombres. Celle qui ternit son visage, même en plein jour lorsqu'il fait beau. Mais c'est toujours comme cela que je l'ai connu, Laoghaire. Une âme brisée par on ne sait quoi, l'attention sans cesse arrachée au monde par des choses d'avant.
Je l'écoute évoquer ses démons à travers l'image de la nuit. A demi mot... Puis elle admet qu'entre elle et moi ne se joue pas la même symbolique autour des ombres. Elle a raison.
« Vos cauchemars sont sombres alors ? Fais-je sans y penser. Je ne connais ni les ombres, ni les cauchemars.
J'ai un petit sourire. Un sourire léger qui semble dire que ce n'est pas un sujet grave. On peut parler des choses sans se laisser appesantir. Je pense...
« Juste la réalité.
C'est un fait : je ne rêve pas. Je n'ai jamais rêvé. J'ignore ce que cela signifie d'avoir des sueurs froides à l'approche de son propre inconscient. J'ignore ce que c'est de sombrer tout au fond de soi pour se laisser surprendre par ses propres monstres. Dans ma vie, il n'y a que la vie. Une suite d'événement jamais interrompue. C'est vertigineux, quand on y pense.
« Là, en contrebas, vous avez deux chevreuils qui passent. Lui dis-je en désignant le parc par dessus le garde fou, même si ce n'est qu'une masse noire à ses yeux. Le long du rempart, là bas, quatre... Non, cinq chauve-souris. Et ce qu'on entend, là... Je crois que c'est une chouette effraie.
Je prend un instant pour fumer silencieusement.
« Vous êtes en sécurité dans la nuit. C'est pour cela que tant de bêtes s'y cachent, attendant qu'elle arrive pour sortir...
On pourrait démonter cette affirmation en un rien de temps et à raison... Mais il s'agit surtout là de poser une image destinée à relativiser les choses. Instaurer un rapport plus serein avec la dame au grand manteau sombre... Se sentir enveloppé par elle, comme un enfant.
« Comment allez-vous Laoghaire ?
Je lui demande, soucieux, quittant le parc pour venir capter son regard de mes yeux noirs.
Je l'écoute évoquer ses démons à travers l'image de la nuit. A demi mot... Puis elle admet qu'entre elle et moi ne se joue pas la même symbolique autour des ombres. Elle a raison.
« Vos cauchemars sont sombres alors ? Fais-je sans y penser. Je ne connais ni les ombres, ni les cauchemars.
J'ai un petit sourire. Un sourire léger qui semble dire que ce n'est pas un sujet grave. On peut parler des choses sans se laisser appesantir. Je pense...
« Juste la réalité.
C'est un fait : je ne rêve pas. Je n'ai jamais rêvé. J'ignore ce que cela signifie d'avoir des sueurs froides à l'approche de son propre inconscient. J'ignore ce que c'est de sombrer tout au fond de soi pour se laisser surprendre par ses propres monstres. Dans ma vie, il n'y a que la vie. Une suite d'événement jamais interrompue. C'est vertigineux, quand on y pense.
« Là, en contrebas, vous avez deux chevreuils qui passent. Lui dis-je en désignant le parc par dessus le garde fou, même si ce n'est qu'une masse noire à ses yeux. Le long du rempart, là bas, quatre... Non, cinq chauve-souris. Et ce qu'on entend, là... Je crois que c'est une chouette effraie.
Je prend un instant pour fumer silencieusement.
« Vous êtes en sécurité dans la nuit. C'est pour cela que tant de bêtes s'y cachent, attendant qu'elle arrive pour sortir...
On pourrait démonter cette affirmation en un rien de temps et à raison... Mais il s'agit surtout là de poser une image destinée à relativiser les choses. Instaurer un rapport plus serein avec la dame au grand manteau sombre... Se sentir enveloppé par elle, comme un enfant.
« Comment allez-vous Laoghaire ?
Je lui demande, soucieux, quittant le parc pour venir capter son regard de mes yeux noirs.
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Re: In the dead of night
Lun 25 Juin 2018 - 18:17
Nightmare
feat. T. Cioban & L. Gull
Vos cauchemar sont sombres alors? paraît s'étonner Thomas. Je ne connais ni les ombres, ni les cauchemars. Le sorcier lui sourit de manière presque implicite, et Laoghaire fait de son mieux pour lui rendre son sourire... Juste la réalité.
Ne jamais avoir besoin de dormir. Voilà qui lui paraissait comme un luxe à présent? S'il était vrai que Laoghaire passait le plus clair de ses nuits éveillée, son organisme en payait le prix. La sorcière pouvait s'imaginer avec plaisir mettre à profit ces heures ainsi gagnées en lectures et diverses explorations... Mais pour autant, elle n'était pas certaine que ses pensées ne seraient jamais parasitées par l'inquiétude ou l'angoisse. Les monstres la rattrapaient dans son sommeil, mais la peur, elle, ne la quittait jamais réellement...
-Et la peur, Thomas, vous est-elle familière? s'entendit-elle demander sans s'être rendue compte qu'elle pensait à haute voix...
Comme pour lui répondre, Thomas lui présenta sa propre vision du monde nocture, comme pour lui ôter ce voile inquiétant qui le cachait aux yeux de Laoghaire. La sorcière s'approcha du garde-fou sur lequel elle s'accouda pour tenter d'apercevoir les daims dont il parlait... Mais tout n'était qu'un gouffre de ténèbres qui l'aurait sans doute avalée si le petit muret de pierre n'avait pas été là pour la retenir.
La cigarette de Laoghaire reste immobile entre ses doigts, se consumant seule, comme un sablier décomptant les secondes de sa vie. Elle ne fume plus. Elle parvient à peine à respirer.
-Et ce qu'on entend, là... Je crois que c'est une chouette effraie. Vous êtes en sécurité dans la nuit. C'est pour cela que tant de bêtes s'y cachent, attendant qu'elle arrive pour sortir...
Comme c'était étrange... Elle avait aimé les chouettes, particulièrement les chouettes des granges. Elle en avait eut une lorsqu'elle était élève à Poudlard. Mais malgré la tentative de Thomas, pourtant si délicate, les doigts de Laoghaire se crispèrent dans la roche la mention des bêtes se cachant dans la nuit... De son expérience, les créatures s'y cachaient davantage pour mieux fondre sur leur proie, et la journée restait le temps des découvertes macabres... Non. Plus jamais ne voulait-elle se promener seule de nuit...
-La chouette n'est pourtant-elle pas un prédateur? dit-elle avec un sourire partiellement amusée alors qu'elle retournait la logique de Thomas.
C'est alors que celui-ci se tourne pour lui faire face, aussi franc et honnête qu'un mirroir.
-Comment allez-vous Laoghaire ?
Laoghaire tourne vers lui son regard, un regard qui ne tente plus de faire semblant. Un regard rempli de peur, de tristesse et de larmes.
-Je ne peux pas à dormir. dit-elle d'un murmure étouffé, pas tant comme une confession qu'un cri étouffé. J'ai peur... tout le temps... constamment... Rien n'y faisai. Ni le temps, ni la distance, ni les psychopotions. Son esprit se savait en sécurité, mais son corps semblait encore s'attendre à tout moment à être attaqué, à chaque coin de couloir, à chaque porte qu'elle ouvrait...
Dans un geste d'impuissance, Laoghaire enfonça son visage entre ses mains. A quoi bon en parler? Qu'est-ce que Thomas pouvait bien y faire?... Mais après tout, il avait demandé. Et son psychomage lui avait bien affirmé que verbaliser ce qui lui était arrivée l'aiderait à réaliser la distance qui la séparait de ces évènements.
Alors Laoghaire tourna le dos à la nuit, appuyée sur le garde-fou, tira profondément sur sa cigarette, et commença son récit décousu.
-J'ai été chasseuse, autrefois. Moi et mon mari... Nous étions toute une équipe. Il y avait des moldus retrouvés morts au nord du pays. Nous avons privilégier la piste du loup-garou... Une bouffée de tabac, et milles pensées tues. Comment se pouvait-il que cela ne fasse à peine qu'un an? Comment auraient-ils pu savoir? Comment aurait-elle pu l'éviter? Mais c'était autre chose. dit-elle en secouant la tête, fermant les yeux comme si cela pouvait effacer les images dans sa tête, alors que tous les muscles de son visages se crispaient. Quelque chose qui nous était inconnu. Quelque chose que nous avons terriblement sous-estimé... Une profonde inspiration pour calmer sa voix qui s'était mise à trembler de manière incontrôlée. Quelque chose qui les a tous tués... Quelque chose qui n'a toujours pas été attrapé, et qui erre toujours là-bas, en Norvège. dit-elle enfin, paradoxalement plus calme, parvenant enfin à regarder Thomas en face sans avoir à chercher à se contrôler ou se restreindre...
Son psychomage avait raison. Le dire à haute voix lui faisait du bien. En rien avait-elle moins peur, mais elle pouvait sentir ses muscles plus détendus, et sa respiration plus régulière...
Ne jamais avoir besoin de dormir. Voilà qui lui paraissait comme un luxe à présent? S'il était vrai que Laoghaire passait le plus clair de ses nuits éveillée, son organisme en payait le prix. La sorcière pouvait s'imaginer avec plaisir mettre à profit ces heures ainsi gagnées en lectures et diverses explorations... Mais pour autant, elle n'était pas certaine que ses pensées ne seraient jamais parasitées par l'inquiétude ou l'angoisse. Les monstres la rattrapaient dans son sommeil, mais la peur, elle, ne la quittait jamais réellement...
-Et la peur, Thomas, vous est-elle familière? s'entendit-elle demander sans s'être rendue compte qu'elle pensait à haute voix...
Comme pour lui répondre, Thomas lui présenta sa propre vision du monde nocture, comme pour lui ôter ce voile inquiétant qui le cachait aux yeux de Laoghaire. La sorcière s'approcha du garde-fou sur lequel elle s'accouda pour tenter d'apercevoir les daims dont il parlait... Mais tout n'était qu'un gouffre de ténèbres qui l'aurait sans doute avalée si le petit muret de pierre n'avait pas été là pour la retenir.
La cigarette de Laoghaire reste immobile entre ses doigts, se consumant seule, comme un sablier décomptant les secondes de sa vie. Elle ne fume plus. Elle parvient à peine à respirer.
-Et ce qu'on entend, là... Je crois que c'est une chouette effraie. Vous êtes en sécurité dans la nuit. C'est pour cela que tant de bêtes s'y cachent, attendant qu'elle arrive pour sortir...
Comme c'était étrange... Elle avait aimé les chouettes, particulièrement les chouettes des granges. Elle en avait eut une lorsqu'elle était élève à Poudlard. Mais malgré la tentative de Thomas, pourtant si délicate, les doigts de Laoghaire se crispèrent dans la roche la mention des bêtes se cachant dans la nuit... De son expérience, les créatures s'y cachaient davantage pour mieux fondre sur leur proie, et la journée restait le temps des découvertes macabres... Non. Plus jamais ne voulait-elle se promener seule de nuit...
-La chouette n'est pourtant-elle pas un prédateur? dit-elle avec un sourire partiellement amusée alors qu'elle retournait la logique de Thomas.
C'est alors que celui-ci se tourne pour lui faire face, aussi franc et honnête qu'un mirroir.
-Comment allez-vous Laoghaire ?
Laoghaire tourne vers lui son regard, un regard qui ne tente plus de faire semblant. Un regard rempli de peur, de tristesse et de larmes.
-Je ne peux pas à dormir. dit-elle d'un murmure étouffé, pas tant comme une confession qu'un cri étouffé. J'ai peur... tout le temps... constamment... Rien n'y faisai. Ni le temps, ni la distance, ni les psychopotions. Son esprit se savait en sécurité, mais son corps semblait encore s'attendre à tout moment à être attaqué, à chaque coin de couloir, à chaque porte qu'elle ouvrait...
Dans un geste d'impuissance, Laoghaire enfonça son visage entre ses mains. A quoi bon en parler? Qu'est-ce que Thomas pouvait bien y faire?... Mais après tout, il avait demandé. Et son psychomage lui avait bien affirmé que verbaliser ce qui lui était arrivée l'aiderait à réaliser la distance qui la séparait de ces évènements.
Alors Laoghaire tourna le dos à la nuit, appuyée sur le garde-fou, tira profondément sur sa cigarette, et commença son récit décousu.
-J'ai été chasseuse, autrefois. Moi et mon mari... Nous étions toute une équipe. Il y avait des moldus retrouvés morts au nord du pays. Nous avons privilégier la piste du loup-garou... Une bouffée de tabac, et milles pensées tues. Comment se pouvait-il que cela ne fasse à peine qu'un an? Comment auraient-ils pu savoir? Comment aurait-elle pu l'éviter? Mais c'était autre chose. dit-elle en secouant la tête, fermant les yeux comme si cela pouvait effacer les images dans sa tête, alors que tous les muscles de son visages se crispaient. Quelque chose qui nous était inconnu. Quelque chose que nous avons terriblement sous-estimé... Une profonde inspiration pour calmer sa voix qui s'était mise à trembler de manière incontrôlée. Quelque chose qui les a tous tués... Quelque chose qui n'a toujours pas été attrapé, et qui erre toujours là-bas, en Norvège. dit-elle enfin, paradoxalement plus calme, parvenant enfin à regarder Thomas en face sans avoir à chercher à se contrôler ou se restreindre...
Son psychomage avait raison. Le dire à haute voix lui faisait du bien. En rien avait-elle moins peur, mais elle pouvait sentir ses muscles plus détendus, et sa respiration plus régulière...
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- Spoiler:
- Pardon pour le temps de réponse...
- InvitéInvité
Re: In the dead of night
Dim 1 Juil 2018 - 21:21
Mes yeux noirs demeurent rivés sur elle tandis qu'elle me répond. A l'absence de sommeil succède la question de la peur. Je comprends que les deux notions sont liées chez elle, comme un sous entendu. C'est ce qui la hante qui l'empêche de dormir. L'esprit se maintien en alerte et on n'arrive plus à s'abandonner à l'inconscience.
« Oui, naturellement. Lui répondis-je. J'ai tout le temps peur... Enfin, pas assez pour que cela m'empêche de vivre, bien heureusement.
Je craignais beaucoup de choses et connaissais fréquemment l'angoisse : de me situer à la lisière entre humanité et monstruosité, d'ignorer ce qui m'attend, d'être potentiellement l'objet d'une haine irrationnelle, du rejet... Qu'on ne m'autorise pas à mener la vie que je veux, parce que j'ai le sang maudit. Ce sont là les exemples les plus banals des peurs qui m'accompagnent au quotidien.
Dans le fond, je crois la vie est pleine de ces incertitudes. Mais ce sont des peurs de l'âme. Des peurs sans objet, qui se contentent de ronger l'ego très lentement. Des paranoïas ordinaires. Ce qu'évoque Laoghaire est certainement bien différent de tout cela. Je crois que les ombres qui l'accompagnent sont beaucoup plus épaisses que tous les démons du quotidien. On les dépasse avec peine car elles prennent racines au cœur de soi, là où tout commence.
Penchée sur le garde fou, la sorcière réplique à mes descriptions par une question (encore une fois) bien lourde de sens. Je m'abstiens toutefois d'y réagir, préférant interroger directement ses états d'âme. Les conversations métaphoriques trouvent toujours rapidement leurs limites avec moi. Elles n'ont généralement pour effet que de renforcer le sentiment de solitude que l'on connaît tous... Alors qu'il est si simple d'interroger l'autre sur ce qu'il traverse.
La réaction de Laoghaire tend d'ailleurs à me conforter en ce sens. C'est comme si sa voix attendait son moment pour pouvoir enfin exprimer toute l'étendue du désespoir caché sous la surface. En un instant, nous passons d'une conversation policée à l'aveu décousu de ce qui la hante. Je dois bien admettre me sentir un brin désarçonné par une telle démonstration. Je crois que je ne m'y attendais pas (même si ce n'est pas le plus important dans le fond).
Ce qu'elle me raconte me bouscule d'une violence crue. J'apprends ce qui est arrivé à son mari, les conditions dans lesquelles il a disparu et ce que ça a laissé de béant en elle. Elle est tellement malheureuse... Et moi, tellement impuissant. Je ne sais pas quoi dire. C'est un récit qui n'appelle aucune réponse, car dans le fond, nous savons tous deux qu'on n'y peut rien. Ce qu'elle me dépeint est tragique. Que pourrais-je bien en dire qui ne soit malvenu ?
Alors (et puisque les mots me manquent) je décide simplement de venir me placer face à elle. Mes mains se posent doucement sur ses épaules, comme je la gratifie d'une caresse réconfortante. Je souris aussi, un peu, d'une manière qui fait montre de toute l'étendue de ma compassion.
« C'est terrible, ce qui s'est passé.
Lui dis-je doucement. Je ne peux pas changer les choses, mais je peux essayer de la réconforter un peu.
« Je comprends que vous ne soyez pas tranquille. J'imagine qu'à votre place, je ressentirais les choses de la même façon.
J'ajoute ensuite. La mort, c'est la présence terrible de l'absence. On guette l'autre, on l'attend derrière le moindre objet et, dans le cas de Laoghaire, on demeure ignorant des modalités de disparition de l'autre. Comment réapprendre à vivre en ne sachant pas ce qui est arrivé ? Emporté par une bête qui rôde toujours, comme si cet état de fait incarnait le deuil impossible.
« Vous êtes en vie Laoghaire et c'est pour vous que les choses sont difficiles aujourd'hui. Fais-je encore, après un moment. Mais vous avez le temps de voir ce qu'il est possible de faire avec ce qui vous traverse.
Je finis par relâcher l'étreinte de mes mains d'une douceur identique. Mon regard est toujours rivé sur elle, j'esquisse l'ombre d'un sourire.
« Il y aura toujours quelqu'un pour accompagner vos nuits sans sommeil, d'ici là... Mon intonation est plus légère, un brin amusée (presque). Est-ce que c'est de ne pas savoir qui vous hante le plus ?
Je demande alors d'un sérieux retrouvé.
« Oui, naturellement. Lui répondis-je. J'ai tout le temps peur... Enfin, pas assez pour que cela m'empêche de vivre, bien heureusement.
Je craignais beaucoup de choses et connaissais fréquemment l'angoisse : de me situer à la lisière entre humanité et monstruosité, d'ignorer ce qui m'attend, d'être potentiellement l'objet d'une haine irrationnelle, du rejet... Qu'on ne m'autorise pas à mener la vie que je veux, parce que j'ai le sang maudit. Ce sont là les exemples les plus banals des peurs qui m'accompagnent au quotidien.
Dans le fond, je crois la vie est pleine de ces incertitudes. Mais ce sont des peurs de l'âme. Des peurs sans objet, qui se contentent de ronger l'ego très lentement. Des paranoïas ordinaires. Ce qu'évoque Laoghaire est certainement bien différent de tout cela. Je crois que les ombres qui l'accompagnent sont beaucoup plus épaisses que tous les démons du quotidien. On les dépasse avec peine car elles prennent racines au cœur de soi, là où tout commence.
Penchée sur le garde fou, la sorcière réplique à mes descriptions par une question (encore une fois) bien lourde de sens. Je m'abstiens toutefois d'y réagir, préférant interroger directement ses états d'âme. Les conversations métaphoriques trouvent toujours rapidement leurs limites avec moi. Elles n'ont généralement pour effet que de renforcer le sentiment de solitude que l'on connaît tous... Alors qu'il est si simple d'interroger l'autre sur ce qu'il traverse.
La réaction de Laoghaire tend d'ailleurs à me conforter en ce sens. C'est comme si sa voix attendait son moment pour pouvoir enfin exprimer toute l'étendue du désespoir caché sous la surface. En un instant, nous passons d'une conversation policée à l'aveu décousu de ce qui la hante. Je dois bien admettre me sentir un brin désarçonné par une telle démonstration. Je crois que je ne m'y attendais pas (même si ce n'est pas le plus important dans le fond).
Ce qu'elle me raconte me bouscule d'une violence crue. J'apprends ce qui est arrivé à son mari, les conditions dans lesquelles il a disparu et ce que ça a laissé de béant en elle. Elle est tellement malheureuse... Et moi, tellement impuissant. Je ne sais pas quoi dire. C'est un récit qui n'appelle aucune réponse, car dans le fond, nous savons tous deux qu'on n'y peut rien. Ce qu'elle me dépeint est tragique. Que pourrais-je bien en dire qui ne soit malvenu ?
Alors (et puisque les mots me manquent) je décide simplement de venir me placer face à elle. Mes mains se posent doucement sur ses épaules, comme je la gratifie d'une caresse réconfortante. Je souris aussi, un peu, d'une manière qui fait montre de toute l'étendue de ma compassion.
« C'est terrible, ce qui s'est passé.
Lui dis-je doucement. Je ne peux pas changer les choses, mais je peux essayer de la réconforter un peu.
« Je comprends que vous ne soyez pas tranquille. J'imagine qu'à votre place, je ressentirais les choses de la même façon.
J'ajoute ensuite. La mort, c'est la présence terrible de l'absence. On guette l'autre, on l'attend derrière le moindre objet et, dans le cas de Laoghaire, on demeure ignorant des modalités de disparition de l'autre. Comment réapprendre à vivre en ne sachant pas ce qui est arrivé ? Emporté par une bête qui rôde toujours, comme si cet état de fait incarnait le deuil impossible.
« Vous êtes en vie Laoghaire et c'est pour vous que les choses sont difficiles aujourd'hui. Fais-je encore, après un moment. Mais vous avez le temps de voir ce qu'il est possible de faire avec ce qui vous traverse.
Je finis par relâcher l'étreinte de mes mains d'une douceur identique. Mon regard est toujours rivé sur elle, j'esquisse l'ombre d'un sourire.
« Il y aura toujours quelqu'un pour accompagner vos nuits sans sommeil, d'ici là... Mon intonation est plus légère, un brin amusée (presque). Est-ce que c'est de ne pas savoir qui vous hante le plus ?
Je demande alors d'un sérieux retrouvé.
- InvitéInvité
Re: In the dead of night
Mar 3 Juil 2018 - 11:12
Nightmare
feat. T. Cioban & L. Gull
Au fil de son récit, la cigarette de Laoghaire avait finit par se consummer entièrement, et la sorcière en écrasa la dernière étincelle sous sa semelle avant d'en faire disparaître le mégot d'un coup de baguette.
Le silence c'était installé. Laoghaire n'avait plus la moindre idée de l'heure qu'il était. Ils étaient sans doute plus proche de l'aube que du crépuscule... Thomas ne s'empressa pas de réagir à ce qu'elle venait de raconter, et Laoghaire l'en remerciait. De son vécu, le silence était le meilleur réconfort à de tels mots. Elle même n'avait d'ailleurs pas pu parlé durant plusieurs jours après ce qui lui était arrivé. Que son histoire ait le même effet sur ceux qui l'entendaient semblait logique, et que ceux qui l'ignoraient en se précipitant en mots de consolation pour combler le silence lui paraissaient irrespectueux, bien que bien attentionnés. Thomas n'était pas de ces derniers.
Il vint se placer doucement devant elle pour poser ses mains sur ses épaules. Ce contact sembla les rapprocher, et Laoghaire soutint son regard sans le fuir. Il lui dit des mots, des mots compréhensifs. Laoghaire se sentit un peu plus soulagée.
Être la seule survivante d'une expédition n'était pas souvent bien vu, et en Norvège, la sorcière avait d'abord été accueillie avec suspicion et méfiance. On l'avait interrogée, on s'était assurée qu'elle n'avait failli à aucune de ses responsabilités pour s'en sortir. Comme si elle aurait jamais pu abandonner son propre mari, ses collègues devenus ses amis. Mais bien malgré elle, la culpabilité qu'on avait un moment cru trouver chez elle l'avait empreinte, et Laoghaire s'était retrouvée à souvent se demander ce qu'elle aurait pu faire pour sauver ses compagnons et son mari.
L'acceptation simple et neutre de Thomas l'apaisait.
-Vous êtes en vie Laoghaire et c'est pour vous que les choses sont difficiles aujourd'hui. Mais vous avez le temps de voir ce qu'il est possible de faire avec ce qui vous traverse.
Etrange, comme les mots de Thomas resonnaient en elle. "Vous êtes en vie." Elle l'avait comme oublié. Depuis la mort de Viggo, la vie avait bien sûr perdu tout son goût. L'amour de ses filles l'avait aidée à dépasser sa tragédie, à trouver une raison de se lever tous les jours pour être là si jamais elles en avaient besoin, mais les plats avaient perdus leur saveur, le soleil sa chaleur, et même l'étude des runes ne contenait plus suffisamment d’intérêt pour la maintenir captive aussi longtemps qu'avant... Mais cela aurait-il pu être conscient? Etait-il possible que, n'ayant pas pu sauver Viggo, Laoghaire s'interdise de profiter de la vie sans lui? "Si c'est le cas, tu n'es qu'une imbécile!" Laoghaire pouvait presque entendre la voix de son mari la sermonner d'outre-tombe, et cela lui apporta un faible sourire.
-Il y aura toujours quelqu'un pour accompagner vos nuits sans sommeil, d'ici là... ajouta-t-il, et le sourire de Laoghaire s’élargit un peu plus.
-Merci Thomas. Cela me réconforte beaucoup. dit-elle avec un véritable sourire, pour une fois empreint ni de peur ni de tristesse.
-Est-ce que c'est de ne pas savoir qui vous hante le plus ? lui demanda-t-il innocemment, cherchant réellement à la comprendre davantage.
Mais le sourire de Laoghaire se figea instantanément, ses prunelles noires de nouveau envahies par la peur, avant de s'assombrir, comme deux trous noirs qui auraient englouti toute la lumière de l'univers. Des images sur lesquelles elle n'avait pu poser des mots qu'au prix d'efforts inouï se succédèrent dans sa mémoire. Des choses qui l'avaient rendue malade lorsqu'elle les avaient découvertes pour la première fois, elle, la Jeger qui avait déjà tout vu et tout affronté. Des souvenirs qu'elle avait enfoui au plus profond de son inconscient, espérant pouvoir les oublier à tout jamais.
-Oh, je sais... Je sais très bien ce qui leur ait arrivé. répondit-elle d'une voix rauque, qu'elle s'efforçait de maintenir normale. J'étais là pour certains. J'ai vu le corps de mon mari. Je sais comment il est parti. Seul, au prix de souffrances que Laoghaire s'était toujours refusée d'imaginer. J'ai failli subir le même sort. Mais j'étais la dernière. Je me suis battue. J'ai couru. Somme toute, j'ai eu de la chance. Laoghaire s'était longtemps demandée si cette créature ne l'aurait pas épargnée. Mais c'était une autre de ces pensées qu'elle refusait de suivre, par peur d'où cela pourrait la mener... Ce qui me hante, c'est que cette créature vit toujours. Qu'elle tue probablement encore... et que je ne sais pas comment la vaincre. Je ne vois pas comment je pourrais jamais trouver le courage de l'affronter à nouveau de toute façon...
Laoghaire poussa un soupir, en repensant à celle qu'elle avait été. Il n'y avait pas si longtemps, elle était une femme forte, considérée comme presque invincible, par ses filles, ses collègues, et la plupart des sorciers norvégiens. Les Gulls étaient généralement appelés pour les cas les plus graves, et si elle et Viggo n'agissaient jamais avec présomption, ils étaient assurés et confiants en leur capacité. Laoghaire avait connu la peur bien des fois, mais elle n'avait jamais craint de lui faire face. C'était une des conditions de son travail, tout comme le joueur de Quidditch doit parfois connaître le vertige... A présent, Laoghaire ne pouvait même pas s'approcher de la forêt sans sentir la panique l'envahir...
-L'affaire a bien sûr été donnée à d'autres chasseurs, mais honnêtement, je ne sais pas si quiconque peut abattre une telle créature... Nous étions considérés comme les meilleurs, poursuivit-elle sans vantardise, et elle nous a abattu un par un, sans difficultés... La peur et l'incrédulité vibraient toujours dans la voix de Laoghaire. Mon seul réconfort est de savoir que jusqu'à présent, elle n'a jamais quitté la Norvège. Jusqu'à présent, c'est la seul specimen connu. C'est pour cela que l'on m'a prescrit de revenir en Ecosse. Pour me rapprocher de mes filles, et pour m'éloigner de cette menace...
Le silence c'était installé. Laoghaire n'avait plus la moindre idée de l'heure qu'il était. Ils étaient sans doute plus proche de l'aube que du crépuscule... Thomas ne s'empressa pas de réagir à ce qu'elle venait de raconter, et Laoghaire l'en remerciait. De son vécu, le silence était le meilleur réconfort à de tels mots. Elle même n'avait d'ailleurs pas pu parlé durant plusieurs jours après ce qui lui était arrivé. Que son histoire ait le même effet sur ceux qui l'entendaient semblait logique, et que ceux qui l'ignoraient en se précipitant en mots de consolation pour combler le silence lui paraissaient irrespectueux, bien que bien attentionnés. Thomas n'était pas de ces derniers.
Il vint se placer doucement devant elle pour poser ses mains sur ses épaules. Ce contact sembla les rapprocher, et Laoghaire soutint son regard sans le fuir. Il lui dit des mots, des mots compréhensifs. Laoghaire se sentit un peu plus soulagée.
Être la seule survivante d'une expédition n'était pas souvent bien vu, et en Norvège, la sorcière avait d'abord été accueillie avec suspicion et méfiance. On l'avait interrogée, on s'était assurée qu'elle n'avait failli à aucune de ses responsabilités pour s'en sortir. Comme si elle aurait jamais pu abandonner son propre mari, ses collègues devenus ses amis. Mais bien malgré elle, la culpabilité qu'on avait un moment cru trouver chez elle l'avait empreinte, et Laoghaire s'était retrouvée à souvent se demander ce qu'elle aurait pu faire pour sauver ses compagnons et son mari.
L'acceptation simple et neutre de Thomas l'apaisait.
-Vous êtes en vie Laoghaire et c'est pour vous que les choses sont difficiles aujourd'hui. Mais vous avez le temps de voir ce qu'il est possible de faire avec ce qui vous traverse.
Etrange, comme les mots de Thomas resonnaient en elle. "Vous êtes en vie." Elle l'avait comme oublié. Depuis la mort de Viggo, la vie avait bien sûr perdu tout son goût. L'amour de ses filles l'avait aidée à dépasser sa tragédie, à trouver une raison de se lever tous les jours pour être là si jamais elles en avaient besoin, mais les plats avaient perdus leur saveur, le soleil sa chaleur, et même l'étude des runes ne contenait plus suffisamment d’intérêt pour la maintenir captive aussi longtemps qu'avant... Mais cela aurait-il pu être conscient? Etait-il possible que, n'ayant pas pu sauver Viggo, Laoghaire s'interdise de profiter de la vie sans lui? "Si c'est le cas, tu n'es qu'une imbécile!" Laoghaire pouvait presque entendre la voix de son mari la sermonner d'outre-tombe, et cela lui apporta un faible sourire.
-Il y aura toujours quelqu'un pour accompagner vos nuits sans sommeil, d'ici là... ajouta-t-il, et le sourire de Laoghaire s’élargit un peu plus.
-Merci Thomas. Cela me réconforte beaucoup. dit-elle avec un véritable sourire, pour une fois empreint ni de peur ni de tristesse.
-Est-ce que c'est de ne pas savoir qui vous hante le plus ? lui demanda-t-il innocemment, cherchant réellement à la comprendre davantage.
Mais le sourire de Laoghaire se figea instantanément, ses prunelles noires de nouveau envahies par la peur, avant de s'assombrir, comme deux trous noirs qui auraient englouti toute la lumière de l'univers. Des images sur lesquelles elle n'avait pu poser des mots qu'au prix d'efforts inouï se succédèrent dans sa mémoire. Des choses qui l'avaient rendue malade lorsqu'elle les avaient découvertes pour la première fois, elle, la Jeger qui avait déjà tout vu et tout affronté. Des souvenirs qu'elle avait enfoui au plus profond de son inconscient, espérant pouvoir les oublier à tout jamais.
-Oh, je sais... Je sais très bien ce qui leur ait arrivé. répondit-elle d'une voix rauque, qu'elle s'efforçait de maintenir normale. J'étais là pour certains. J'ai vu le corps de mon mari. Je sais comment il est parti. Seul, au prix de souffrances que Laoghaire s'était toujours refusée d'imaginer. J'ai failli subir le même sort. Mais j'étais la dernière. Je me suis battue. J'ai couru. Somme toute, j'ai eu de la chance. Laoghaire s'était longtemps demandée si cette créature ne l'aurait pas épargnée. Mais c'était une autre de ces pensées qu'elle refusait de suivre, par peur d'où cela pourrait la mener... Ce qui me hante, c'est que cette créature vit toujours. Qu'elle tue probablement encore... et que je ne sais pas comment la vaincre. Je ne vois pas comment je pourrais jamais trouver le courage de l'affronter à nouveau de toute façon...
Laoghaire poussa un soupir, en repensant à celle qu'elle avait été. Il n'y avait pas si longtemps, elle était une femme forte, considérée comme presque invincible, par ses filles, ses collègues, et la plupart des sorciers norvégiens. Les Gulls étaient généralement appelés pour les cas les plus graves, et si elle et Viggo n'agissaient jamais avec présomption, ils étaient assurés et confiants en leur capacité. Laoghaire avait connu la peur bien des fois, mais elle n'avait jamais craint de lui faire face. C'était une des conditions de son travail, tout comme le joueur de Quidditch doit parfois connaître le vertige... A présent, Laoghaire ne pouvait même pas s'approcher de la forêt sans sentir la panique l'envahir...
-L'affaire a bien sûr été donnée à d'autres chasseurs, mais honnêtement, je ne sais pas si quiconque peut abattre une telle créature... Nous étions considérés comme les meilleurs, poursuivit-elle sans vantardise, et elle nous a abattu un par un, sans difficultés... La peur et l'incrédulité vibraient toujours dans la voix de Laoghaire. Mon seul réconfort est de savoir que jusqu'à présent, elle n'a jamais quitté la Norvège. Jusqu'à présent, c'est la seul specimen connu. C'est pour cela que l'on m'a prescrit de revenir en Ecosse. Pour me rapprocher de mes filles, et pour m'éloigner de cette menace...
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- InvitéInvité
Re: In the dead of night
Mar 3 Juil 2018 - 16:10
Je suis soulagé de constater que mes paroles la font sourire. La tâche me semblait tout à fait hors de portée, mais je m'en serais voulu de n'avoir rien à répondre à ses aveux. Tout ceci était tellement personnel, tellement délicat... Et pour m'être déjà retrouvé en situation de fragilité après le récit de mes propres démons, je sais combien il peut être pénible de se trouver face à quelqu'un qui ne fait montre d'aucune compassion (ou même de maladresse). D'être renvoyé à soi même accroît ce sentiment de solitude que nous sommes tous amené à ressentir face à l'adversité et je ne suis pas persuadé qu'une femme ayant perdu époux et compagnons de route puisse supporter cela. En tout cas (et de mon point de vue) elle ne le mérite pas.
A ce titre, je constate que ma question la replonge instantanément dans les ténèbres. Naturellement, je la regrette aussitôt, sans doute aurais-je dû faire taire ma curiosité. Après tout, avais-je besoin de connaître le détail de tout ceci ? Maladroit, inapproprié : je ne sais pas. Mais puisqu'elle accepte de m'en parler, alors j'écoute. J'essaye de comprendre, de lui donner un terrain d'expression... De faire ce que je peux, même si ce n'est pas grand chose.
Comme je le présageais, le fait de savoir la créature en vie la hante. C'est comme une menace qui planerait toujours dans le recoin le plus sombre du paysage de sa vie. Son mari est parti, mais la chose court toujours. J'imagine qu'il est difficile d'atteindre la paix intérieure sachant cela... Et il me semble assez naturel de souhaiter que ce qui nous a blessé ne soit plus. Peut-être est-ce un peu trivial... On appellerait ça vengeance, ou justice. Mais dans le fond qu'importe. Les êtres humains ne sont pas des êtres de raison : ils ressentent, ils s'émeuvent. Alors oui, j'imagine que ça l'apaiserait de savoir la chose abattue. Ne serait-ce que pour pouvoir se dire que le chapitre est clos (pour de bon).
Car quand je regarde Laoghaire, je vois la femme chassée. C'est comme si elle était toujours dans cette forêt, en train de fuir le monstre. Une ombre, un silence trop pesant et c'est le film de sa vie qui rejoue. Elle a dû voir ses dernières heures arriver... Peut-être a-t-elle cru de toute son âme que c'en était fini d'elle ? Peut-être que, dans le fond, elle n'a pas encore réalisé qu'elle s'en était tiré.
Je ne sais pas.
« Vos filles doivent être heureuses de vous avoir.
Lui dis-je doucement.
« Pour le reste, je crains que personne ne puisse vraiment savoir... C'est sans doute ce qui rend la chose à ce point insupportable.
D'un geste machinal, je sors mon cendrier de poche et vient y écraser mon mégot de cigarette. Après quoi, je vais m'adosser contre la muraille, de sorte à me trouver à coté de Laoghaire.
« Pour ce qui est du courage, je crois que vous n'en manquez pas. Vous êtes ici... Vous donnez vos cours, vous avancez. Bien sûr, c'est très long et très difficile, mais jusqu'à preuve du contraire, vous êtes toujours là. Je crois que ça compte.
A ce titre, je constate que ma question la replonge instantanément dans les ténèbres. Naturellement, je la regrette aussitôt, sans doute aurais-je dû faire taire ma curiosité. Après tout, avais-je besoin de connaître le détail de tout ceci ? Maladroit, inapproprié : je ne sais pas. Mais puisqu'elle accepte de m'en parler, alors j'écoute. J'essaye de comprendre, de lui donner un terrain d'expression... De faire ce que je peux, même si ce n'est pas grand chose.
Comme je le présageais, le fait de savoir la créature en vie la hante. C'est comme une menace qui planerait toujours dans le recoin le plus sombre du paysage de sa vie. Son mari est parti, mais la chose court toujours. J'imagine qu'il est difficile d'atteindre la paix intérieure sachant cela... Et il me semble assez naturel de souhaiter que ce qui nous a blessé ne soit plus. Peut-être est-ce un peu trivial... On appellerait ça vengeance, ou justice. Mais dans le fond qu'importe. Les êtres humains ne sont pas des êtres de raison : ils ressentent, ils s'émeuvent. Alors oui, j'imagine que ça l'apaiserait de savoir la chose abattue. Ne serait-ce que pour pouvoir se dire que le chapitre est clos (pour de bon).
Car quand je regarde Laoghaire, je vois la femme chassée. C'est comme si elle était toujours dans cette forêt, en train de fuir le monstre. Une ombre, un silence trop pesant et c'est le film de sa vie qui rejoue. Elle a dû voir ses dernières heures arriver... Peut-être a-t-elle cru de toute son âme que c'en était fini d'elle ? Peut-être que, dans le fond, elle n'a pas encore réalisé qu'elle s'en était tiré.
Je ne sais pas.
« Vos filles doivent être heureuses de vous avoir.
Lui dis-je doucement.
« Pour le reste, je crains que personne ne puisse vraiment savoir... C'est sans doute ce qui rend la chose à ce point insupportable.
D'un geste machinal, je sors mon cendrier de poche et vient y écraser mon mégot de cigarette. Après quoi, je vais m'adosser contre la muraille, de sorte à me trouver à coté de Laoghaire.
« Pour ce qui est du courage, je crois que vous n'en manquez pas. Vous êtes ici... Vous donnez vos cours, vous avancez. Bien sûr, c'est très long et très difficile, mais jusqu'à preuve du contraire, vous êtes toujours là. Je crois que ça compte.
- InvitéInvité
Re: In the dead of night
Lun 9 Juil 2018 - 14:18
Nightmare
feat. T. Cioban & L. Gull
Son récit l'avait ramenée au lieu et au moment présent. L'écosse, l'université, ses filles, cette nuit. Oui, des mois et des saisons étaient passées. Un an déjà. Les cauchemars avaient repris leur place pour ne plus la terroriser que la nuit. Ce que Laoghaire pouvait voir avec ses yeux était son réel environnement et non plus des hallucinations des pires moments de sa vie. Parfois même, Laoghaire pensait aller mieux, mais les médicomages l'avait bien mise en garde. Ainsi, même si elle se sentait parfois de nouveau elle-même, elle faisait bien attention de suivre méticuleusement son traitement...
-Vos filles doivent être heureuses de vous avoir. lui dit doucement Thomas dans la nuit. Sans doute les mots les mieux choisis qu'elle avait jamais entendu. Bien que de l'avis de Laoghaire, ils ne soient pas tout à fait vrais.
Elle n'avait encore jamais reparlé avec elles ce qu'il s'était passé. Elle retissait peu à peu un lien avec son aînée, Aislin, mais Syn, sa cadette, refusait catégoriquement de lui parler, et elle savait que Idunn, la cadette, bien que faisant belle figure, était encore bouleversée. La mort de leur père aurait été suffisante pour perturber n'importe quelle famille, mais leur mère avait par-dessus ça complètement perdu la raison. Laoghaire ne doutait pas qu'elles avaient du se croire quasiment orpheline le temps des longues semaines qu'il lui avait fallu pour retoucher terre. Laoghaire s'en voulait plus que tout de ne pas avoir été là au moment où ses filles avaient eu le plus besoin d'elle. Pire, d'avoir été un fardeau de plus pour elles. Laoghaire n'en voulait pas à Syn de lui en vouloir encore. Quant à ses autres filles, elles étaient grandes, quasiment adultes, et Laoghaire comprenait qu'elles prennent leurs distances. Elle essayait dorénavant d'être là en cas de besoin, et savait qu'il lui faudrait du temps pour retrouver un jour sa place de mère au sein de la famille... si elle la retrouverait jamais...
Laoghaire laissa cependant un soupir de plaisir lui échapper à la pensée de ses filles, un faible sourire étirant de nouveau ses lèvres.
-C'est plutôt moi qui suis heureuse de les avoir... C'est grâce à elles que je tiens. C'est pour elle que je tiens.
-Pour ce qui est du courage, reprit Thomas en venant s'adosser au parapet à côté d'elle, je crois que vous n'en manquez pas. Vous êtes ici... Vous donnez vos cours, vous avancez. Bien sûr, c'est très long et très difficile, mais jusqu'à preuve du contraire, vous êtes toujours là. Je crois que ça compte.
Laoghaire sourit réellement, quelques rides se formant au coin de ses grands yeux noirs. Thomas avait tapé dans le mille en mentionnant son courage.
-C'est vrai que j'ai été répartie à Gryffondor lors de mes années à Poudlard, vous le saviez?... Moi, je l'avais presque oublié... ajouta-t-elle, comme pour elle-même. En parlant des cours! s'exclama Laoghaire en se rappelant ce qu'elle était venue faire ici. Elle montra son livre norvégien, écrit tout en runes, au sorcier. Je me demandais si je devais le donner à étudier à mes élèves de D.U.C.s, mais c'est peut-être un peu ambitieux... Qu'en pensez-vous? Vaut-il mieux que je sois ambitieuse avec eux, ou plutôt patiente et le leur donner plus tard?
-Vos filles doivent être heureuses de vous avoir. lui dit doucement Thomas dans la nuit. Sans doute les mots les mieux choisis qu'elle avait jamais entendu. Bien que de l'avis de Laoghaire, ils ne soient pas tout à fait vrais.
Elle n'avait encore jamais reparlé avec elles ce qu'il s'était passé. Elle retissait peu à peu un lien avec son aînée, Aislin, mais Syn, sa cadette, refusait catégoriquement de lui parler, et elle savait que Idunn, la cadette, bien que faisant belle figure, était encore bouleversée. La mort de leur père aurait été suffisante pour perturber n'importe quelle famille, mais leur mère avait par-dessus ça complètement perdu la raison. Laoghaire ne doutait pas qu'elles avaient du se croire quasiment orpheline le temps des longues semaines qu'il lui avait fallu pour retoucher terre. Laoghaire s'en voulait plus que tout de ne pas avoir été là au moment où ses filles avaient eu le plus besoin d'elle. Pire, d'avoir été un fardeau de plus pour elles. Laoghaire n'en voulait pas à Syn de lui en vouloir encore. Quant à ses autres filles, elles étaient grandes, quasiment adultes, et Laoghaire comprenait qu'elles prennent leurs distances. Elle essayait dorénavant d'être là en cas de besoin, et savait qu'il lui faudrait du temps pour retrouver un jour sa place de mère au sein de la famille... si elle la retrouverait jamais...
Laoghaire laissa cependant un soupir de plaisir lui échapper à la pensée de ses filles, un faible sourire étirant de nouveau ses lèvres.
-C'est plutôt moi qui suis heureuse de les avoir... C'est grâce à elles que je tiens. C'est pour elle que je tiens.
-Pour ce qui est du courage, reprit Thomas en venant s'adosser au parapet à côté d'elle, je crois que vous n'en manquez pas. Vous êtes ici... Vous donnez vos cours, vous avancez. Bien sûr, c'est très long et très difficile, mais jusqu'à preuve du contraire, vous êtes toujours là. Je crois que ça compte.
Laoghaire sourit réellement, quelques rides se formant au coin de ses grands yeux noirs. Thomas avait tapé dans le mille en mentionnant son courage.
-C'est vrai que j'ai été répartie à Gryffondor lors de mes années à Poudlard, vous le saviez?... Moi, je l'avais presque oublié... ajouta-t-elle, comme pour elle-même. En parlant des cours! s'exclama Laoghaire en se rappelant ce qu'elle était venue faire ici. Elle montra son livre norvégien, écrit tout en runes, au sorcier. Je me demandais si je devais le donner à étudier à mes élèves de D.U.C.s, mais c'est peut-être un peu ambitieux... Qu'en pensez-vous? Vaut-il mieux que je sois ambitieuse avec eux, ou plutôt patiente et le leur donner plus tard?
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- InvitéInvité
Re: In the dead of night
Ven 13 Juil 2018 - 22:15
La réponse de Laoghaire ne me surprend guère. En bonne mère, elle s'efforce de tenir pour le bien de ses enfants. Motivation viscérale. Quand la pugnacité s’érode pour soi même, demeurent les liens familiaux. Tant que l'on n'est pas seul, le cercle familial peut se ressouder. Je suis content de la voir sourire à nouveau. Ce qu'elle dit est sincère, elle y croit : ça se sent. Elle n'est pas de ces parents qui s'effondrent après la perte de leur conjoint (loin de moi l'idée de les blâmer) au point de négliger le reste de la tribu. Je suis heureux de le constater et m'en souviendrais pour la suite, assurément.
A partir de là, la conversation s'autorise un peu de légèreté. C'est amusant qu'elle me parle de Poudlard. A croire que le jugement du choixpeau épingle sur les individus des valeurs auxquelles se rattacher : on s'y identifie d'une certaine manière, comme des traits de caractère dont on n'aurait pas la possibilité de douter. Rassurant, en un sens. Répondant d'un simple « non » de la tête à sa question (à dire vrai, je croyais que les jeunes sorciers d'origine norvégiennes allaient plutôt à Durmstrang), mon attention se reporte bientôt sur le livre qu'elle était en train de lire juste avant mon arrivée. Un petit sourire se fraye un chemin sur ma bouche, tandis que mes yeux parcourent la quatrième de couverture.
« Si le contenu est passionnant, ils seront d'autant plus motivés à le lire.
Lui dis-je. Les runes, j'en avais de belles notions (mais principalement autodidactes car ce n'était pas un sujet d'intérêt quand j'étais jeune). Et si j'arrivais à mettre au point des enchantements en les combinant les unes avec les autres, le style littéraire de l’œuvre que j'avais en main m'échappait largement.
« Challengez les un peu... Fis-je finalement, un sourire malicieux en coin, tout en lui rendant son livre. Vous êtes là pour les aider de toute façon. Il ne vont pas se noyer.
Je regrettais de n'avoir pas étudié à l'université. Aujourd'hui, il est clair que je payerais cher pour participer à un vrai cours de rune dans lequel on me demanderait de sortir de ma zone de confort et donner le meilleur de moi même.
Quand je vois certains étudiants qui prennent tout ça par dessus la jambe, ça me révolte (un peu). Je me dis qu'ils devraient être content d'avoir la chance d'apprendre des choses de haut niveau. C'est tellement rare, en vrai (Hungcalf reste un établissement sélectif après tout). Moi, j'avais commencé à bosser à dix-sept ans. Je savais ce que c'était les jobs de merde que l'on fait pour manger et c'est tout. La plupart des jeunes d'ici ne connaîtront jamais ça (et tant mieux pour eux).
Il faut avoir conscience de sa chance.
« Dites, puisqu'on est sur le sujet... Repris-je alors. Je suis en train de travailler sur un enchantement à base de rune... J'aimerais bien savoir ce que vous en pensez.
A ces mots, je sors ma baguette et trace le talisman dans l'air en lettre de feu (à l'aide du sortilège flambios). La combinaison est censée protéger des effets du charme vampirique. J'avais prévu de le poser sur un petit objet (comme une bague ou un pendentif). Rien d'exagérément compliqué en soi, mais il fallait être bien attentif aux interactions entre les symboles.
A ce titre, j'avais organisé le talisman autour de Gebo, puisque la notion de don était importante pour la conception de l'objet en lui-même (j'avais l'intention d'en faire cadeau à une humaine). Celle-ci s'articulait avec Perthro (qui représentait l'effet souhaité en un sens), puisque cette rune invite à ne pas se fier aux apparences. D'autres runes venaient appuyer l'effet de ces deux là, mais je devais bien admettre n'être pas tout à fait certain de ma sélection... et jusqu'à présent, cela n'avait pas été tout à fait concluant.
A partir de là, la conversation s'autorise un peu de légèreté. C'est amusant qu'elle me parle de Poudlard. A croire que le jugement du choixpeau épingle sur les individus des valeurs auxquelles se rattacher : on s'y identifie d'une certaine manière, comme des traits de caractère dont on n'aurait pas la possibilité de douter. Rassurant, en un sens. Répondant d'un simple « non » de la tête à sa question (à dire vrai, je croyais que les jeunes sorciers d'origine norvégiennes allaient plutôt à Durmstrang), mon attention se reporte bientôt sur le livre qu'elle était en train de lire juste avant mon arrivée. Un petit sourire se fraye un chemin sur ma bouche, tandis que mes yeux parcourent la quatrième de couverture.
« Si le contenu est passionnant, ils seront d'autant plus motivés à le lire.
Lui dis-je. Les runes, j'en avais de belles notions (mais principalement autodidactes car ce n'était pas un sujet d'intérêt quand j'étais jeune). Et si j'arrivais à mettre au point des enchantements en les combinant les unes avec les autres, le style littéraire de l’œuvre que j'avais en main m'échappait largement.
« Challengez les un peu... Fis-je finalement, un sourire malicieux en coin, tout en lui rendant son livre. Vous êtes là pour les aider de toute façon. Il ne vont pas se noyer.
Je regrettais de n'avoir pas étudié à l'université. Aujourd'hui, il est clair que je payerais cher pour participer à un vrai cours de rune dans lequel on me demanderait de sortir de ma zone de confort et donner le meilleur de moi même.
Quand je vois certains étudiants qui prennent tout ça par dessus la jambe, ça me révolte (un peu). Je me dis qu'ils devraient être content d'avoir la chance d'apprendre des choses de haut niveau. C'est tellement rare, en vrai (Hungcalf reste un établissement sélectif après tout). Moi, j'avais commencé à bosser à dix-sept ans. Je savais ce que c'était les jobs de merde que l'on fait pour manger et c'est tout. La plupart des jeunes d'ici ne connaîtront jamais ça (et tant mieux pour eux).
Il faut avoir conscience de sa chance.
« Dites, puisqu'on est sur le sujet... Repris-je alors. Je suis en train de travailler sur un enchantement à base de rune... J'aimerais bien savoir ce que vous en pensez.
A ces mots, je sors ma baguette et trace le talisman dans l'air en lettre de feu (à l'aide du sortilège flambios). La combinaison est censée protéger des effets du charme vampirique. J'avais prévu de le poser sur un petit objet (comme une bague ou un pendentif). Rien d'exagérément compliqué en soi, mais il fallait être bien attentif aux interactions entre les symboles.
A ce titre, j'avais organisé le talisman autour de Gebo, puisque la notion de don était importante pour la conception de l'objet en lui-même (j'avais l'intention d'en faire cadeau à une humaine). Celle-ci s'articulait avec Perthro (qui représentait l'effet souhaité en un sens), puisque cette rune invite à ne pas se fier aux apparences. D'autres runes venaient appuyer l'effet de ces deux là, mais je devais bien admettre n'être pas tout à fait certain de ma sélection... et jusqu'à présent, cela n'avait pas été tout à fait concluant.
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Re: In the dead of night
Dim 15 Juil 2018 - 11:52
Nightmare
feat. T. Cioban & L. Gull
Si le contenu est passionnant, ils seront d'autant plus motivés à le lire. lui répondit Thomas en prenant un instant le livre pour en lire le dos. Laoghaire fut agréablement surprise de découvrir que Thomas pouvait lire le futhark ancien. Ce n'avait jamais été à la portée de tous les sorciers... Challengez les un peu... Vous êtes là pour les aider de toute façon. Il ne vont pas se noyer. ajouta-t-il avec un sourire.
Laoghaire acquieça en lui rendant son sourire, rassurée. Elle avait vraiment eu envie de faire découvrir cette oeuvre à ses élèves, et maintenant qu'elle se sentait plus sûre d'elle, elle avait hâte de commencer. Vivement le prochain semestre!!!
La sorcière leva son regard vers le ciel. La nuit avait commencé à pâlir, emportant avec elle une partie des étoiles, et Laoghaire se doutait qu'il serait bientôt l'heure de ses préparer pour ses cours... Elle n'aurait au final encore dormis que quelques heures cette nuit, mais tout compte fait, pour une fois, elle ne le regrettait pas.
-Dites, puisqu'on est sur le sujet... Je suis en train de travailler sur un enchantement à base de rune... commença Thomas, et Laoghaire ne pu s'empêcher de hausser les sourcils. L'usage des runes à des fins magiques était du niveau des élèves de M.A.G.I.C. J'aimerais bien savoir ce que vous en pensez.
-Avec plaisir. lui répondit-elle avec un sourire aussi courtois que sincère.
Thomas sortit sa baguette et se mis à tracer les dîtes runes à hauteur de leur visage, et Laoghaire dû se faire violence pour ne pas jubiler, croisant les bras sur sa poitrine et cachant son sourire extatique derrière sa main. Utiliser des runes à des fins magiques était bel et bien du niveau M.A.G.IC., mais les combiner entre elles comme Thomas venait de le faire était du niveau des meilleurs élèves de l'université en D.E.F.I...
Laoghaire s'approcha de quelques centimètres pour étudier la création de Thomas. Elle reconnu Gebo, dont le sens premier était le don, et qui par extension représentait tout ce qui avait attrait à l'amour : les offrandes, le mariage, les relations charnelles... Mais Laoghaire eu plus de mal à reconnaître l'autre rune qui y était jointe. Elle cru reconnaître Ingwaz, à moins que ce ne soit Mannaz... ou Othala... ou Pertho... Laoghaire était quelque peu perplexe...
-Puis-je vous demander de m'en dire plus sur son usage? se risqua à demander Laoghaire, avant de s'expliquer. Comprenez, dans la création de nouvelles runes, l'intention compte tout autant que la forme. Les runes sont un langage et tout comme lorsque l'on s'exprime, l'intention que l'on met dans les mots peut tout à fait en changer le sens. Je pourrais tout à fait dire à quelqu'un "sortez" pour l'exclure parce que je ne veux plus le voir, que pour l'éloigner d'une menace et vouloir le sauver... Vous comprenez?
Laoghaire acquieça en lui rendant son sourire, rassurée. Elle avait vraiment eu envie de faire découvrir cette oeuvre à ses élèves, et maintenant qu'elle se sentait plus sûre d'elle, elle avait hâte de commencer. Vivement le prochain semestre!!!
La sorcière leva son regard vers le ciel. La nuit avait commencé à pâlir, emportant avec elle une partie des étoiles, et Laoghaire se doutait qu'il serait bientôt l'heure de ses préparer pour ses cours... Elle n'aurait au final encore dormis que quelques heures cette nuit, mais tout compte fait, pour une fois, elle ne le regrettait pas.
-Dites, puisqu'on est sur le sujet... Je suis en train de travailler sur un enchantement à base de rune... commença Thomas, et Laoghaire ne pu s'empêcher de hausser les sourcils. L'usage des runes à des fins magiques était du niveau des élèves de M.A.G.I.C. J'aimerais bien savoir ce que vous en pensez.
-Avec plaisir. lui répondit-elle avec un sourire aussi courtois que sincère.
Thomas sortit sa baguette et se mis à tracer les dîtes runes à hauteur de leur visage, et Laoghaire dû se faire violence pour ne pas jubiler, croisant les bras sur sa poitrine et cachant son sourire extatique derrière sa main. Utiliser des runes à des fins magiques était bel et bien du niveau M.A.G.IC., mais les combiner entre elles comme Thomas venait de le faire était du niveau des meilleurs élèves de l'université en D.E.F.I...
Laoghaire s'approcha de quelques centimètres pour étudier la création de Thomas. Elle reconnu Gebo, dont le sens premier était le don, et qui par extension représentait tout ce qui avait attrait à l'amour : les offrandes, le mariage, les relations charnelles... Mais Laoghaire eu plus de mal à reconnaître l'autre rune qui y était jointe. Elle cru reconnaître Ingwaz, à moins que ce ne soit Mannaz... ou Othala... ou Pertho... Laoghaire était quelque peu perplexe...
-Puis-je vous demander de m'en dire plus sur son usage? se risqua à demander Laoghaire, avant de s'expliquer. Comprenez, dans la création de nouvelles runes, l'intention compte tout autant que la forme. Les runes sont un langage et tout comme lorsque l'on s'exprime, l'intention que l'on met dans les mots peut tout à fait en changer le sens. Je pourrais tout à fait dire à quelqu'un "sortez" pour l'exclure parce que je ne veux plus le voir, que pour l'éloigner d'une menace et vouloir le sauver... Vous comprenez?
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Re: In the dead of night
Dim 15 Juil 2018 - 18:10
Faire découvrir ma création à Laoghaire me rendait un brin anxieux. C'était une spécialiste et même si j'étais avide de recevoir son opinion, il y avait toujours quelque chose d'un peu impressionnant dans le fait de soumettre son travail au jugement d'un maître.
Après tout, je n'étais qu'un amateur. J'avais lu des bouquins sur le sujet (aidé par mon absence de sommeil, il devenait facile d'engranger rapidement les notions) et essayé différentes choses. Je pratiquais à l'instinct (parfois c'était un atout, parfois non). Dans tous les cas, j'étais loin du spécialiste éclairé.
Naturellement, l'intensité de son regard renforça encore mon impatience. Quand je la vis se pencher sur les signes pour mieux les apprécier, je comptais presque les secondes... Néanmoins, son verdict me parla immédiatement. Je m'empressais donc de préciser l'intention cachée derrière cette combinaison de runes.
« Je voudrais protéger ma compagne des effets du charme vampirique.
Lui dis-je. Peut-être aurais-je dû expliquer la chose avant de lui demander son avis. J'avoue que sur le moment, je n'y ai pas vraiment pensé. Nous parlions de runes et cela m'a donné envie de lui montrer mon assemblage, voilà tout.
« Je ne sais pas si ça vous semble bizarre... Enfin, c'est une marque de reconnaissance chez les miens. Disons ça comme ça.
Laoghaire savait ce que j'étais : inutile alors de tourner autour du pot... Cela dit, je ne voulais pas la choquer en évoquant ainsi ma vie privée. Elle s'était toujours montré respectueuse à mon endroit mais... Dans le même temps, je voyais bien la créature se refléter dans ses yeux, quand elle me regardait. Il y avait des gens que cela choquait, les relations impliquant un non humain (quand bien même toléreraient ils leur compagnie au quotidien).
« Je me suis inspiré sur ce modèle, initialement. Il a été conçu par un vampire authentique, pour le coup.
Fis-je alors, décidant d'assumer ma démarche jusqu'au bout (puisque j'étais lancé). Je traçais alors le talisman d'origine : celui que mon père avait offert à ma propre mère au jour de leur union. Il était pratiquement identique au mien, sauf que la notion de séparation s'affirmait plus clairement. Dans mon cas, j'avais essayé de figurer l'idée du pont, car j'avais beau être doté du charme des vampires, je n'en demeurais pas moins hybride : à la frontière entre les deux mondes. La notion de protection s'imbriquait plus subtilement avec l'idée du don et de la relation (là où le talisman du vampire insistait sur la barrière).
Après tout, je n'étais qu'un amateur. J'avais lu des bouquins sur le sujet (aidé par mon absence de sommeil, il devenait facile d'engranger rapidement les notions) et essayé différentes choses. Je pratiquais à l'instinct (parfois c'était un atout, parfois non). Dans tous les cas, j'étais loin du spécialiste éclairé.
Naturellement, l'intensité de son regard renforça encore mon impatience. Quand je la vis se pencher sur les signes pour mieux les apprécier, je comptais presque les secondes... Néanmoins, son verdict me parla immédiatement. Je m'empressais donc de préciser l'intention cachée derrière cette combinaison de runes.
« Je voudrais protéger ma compagne des effets du charme vampirique.
Lui dis-je. Peut-être aurais-je dû expliquer la chose avant de lui demander son avis. J'avoue que sur le moment, je n'y ai pas vraiment pensé. Nous parlions de runes et cela m'a donné envie de lui montrer mon assemblage, voilà tout.
« Je ne sais pas si ça vous semble bizarre... Enfin, c'est une marque de reconnaissance chez les miens. Disons ça comme ça.
Laoghaire savait ce que j'étais : inutile alors de tourner autour du pot... Cela dit, je ne voulais pas la choquer en évoquant ainsi ma vie privée. Elle s'était toujours montré respectueuse à mon endroit mais... Dans le même temps, je voyais bien la créature se refléter dans ses yeux, quand elle me regardait. Il y avait des gens que cela choquait, les relations impliquant un non humain (quand bien même toléreraient ils leur compagnie au quotidien).
« Je me suis inspiré sur ce modèle, initialement. Il a été conçu par un vampire authentique, pour le coup.
Fis-je alors, décidant d'assumer ma démarche jusqu'au bout (puisque j'étais lancé). Je traçais alors le talisman d'origine : celui que mon père avait offert à ma propre mère au jour de leur union. Il était pratiquement identique au mien, sauf que la notion de séparation s'affirmait plus clairement. Dans mon cas, j'avais essayé de figurer l'idée du pont, car j'avais beau être doté du charme des vampires, je n'en demeurais pas moins hybride : à la frontière entre les deux mondes. La notion de protection s'imbriquait plus subtilement avec l'idée du don et de la relation (là où le talisman du vampire insistait sur la barrière).
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Re: In the dead of night
Ven 27 Juil 2018 - 12:16
Nightmare
feat. T. Cioban & L. Gull
Je voudrais protéger ma compagne des effets du charme vampirique.
lui expliqua Thomas. AU moment où le mot "compagne" passa ses lèvres, Laoghaire, sans quitter les runes des yeux, acquiesça fortement.
S'il l'objet de son intention était sa compagne, alors Gebo, la rune du don, devait clairement être utilisée, et si possible, au cœur même de la juxtaposition des autres runes. Mais en ce qui concernait la protection contre le charme vampirique, Laoghaire n'était pas sûre que Pethro suffise... Il y avait bien trois notions dans son intention, et trois runes seraient nécessaire.
-Je ne sais pas si ça vous semble bizarre... poursuivit Thomas, la sortant de sa réflexion quelques instants. Enfin, c'est une marque de reconnaissance chez les miens. Disons ça comme ça.
Laoghaire se tourna vers lui avec un sourire complice.
-Et moi qui croyait que c'était votre charisme naturel.
Dès qu'elle l'avait rencontré pour la première fois, presque par réflexe, Laoghaire s'était détachée de la confiance qu'inspirait naturellement Thomas Cioban. Mais à force de le fréquenter, Laoghaire en était venue à se demander si après tout, sa sympathie et sa bienveillance ne pouvait pas également venir de son côté humain... et pourquoi pas?
Laoghaire sortit à son tour sa baguette, et se mit à tracer elle-même une liste de rune à hauteur de leur yeux.
-Eh bien, en ce qui concerne la protection, vous pourriez utiliser Thurisaz, qui est par excellence la rune du combat, et donc de la défense. Plus particulièrement, Algiz se concentre uniquement sur la protection et pourrait tout à fait convenir... Mais je vous conseillerai d'également d'y ajouter Ansuz, la rune d'Odin, utilisée pour la sagesse, la vision éclairée. Cela évitera une protection excessive, qui pourrait l'isoler même des bonnes intentions.
D'un geste de ses mains, Laoghaire fit se déplacer les trois runes Gebo, Ansuz et Algiz, les superposant de diverses manières tour à tour. Gebo restait toujours la plus grande, au centre. Laoghaire plaça d'abord Ansuz et Algiz de part et d'autre de la première rune, avant de finalement pleinement les superposer, les agrandissant peu à peu.
-Et voilà. C'est ce que je recommanderai. Toutes les trois d'une même taille, pour un parfait équilibre entre la protection, la sagesse et l'amour... Mais bien sûr, c'est vous l'auteur de cette rune, c'est vous de décider. ajouta-t-elle avec un sourire bienveillant, vide de tout jugement.
Laoghaire était ainsi avec ses élèves les plus âgés. Davantage un guide qu'un maître. Elle offrait son conseil, mais ne se vexait pas si son interlocuteur choisissait de suivre une autre direction.
lui expliqua Thomas. AU moment où le mot "compagne" passa ses lèvres, Laoghaire, sans quitter les runes des yeux, acquiesça fortement.
S'il l'objet de son intention était sa compagne, alors Gebo, la rune du don, devait clairement être utilisée, et si possible, au cœur même de la juxtaposition des autres runes. Mais en ce qui concernait la protection contre le charme vampirique, Laoghaire n'était pas sûre que Pethro suffise... Il y avait bien trois notions dans son intention, et trois runes seraient nécessaire.
-Je ne sais pas si ça vous semble bizarre... poursuivit Thomas, la sortant de sa réflexion quelques instants. Enfin, c'est une marque de reconnaissance chez les miens. Disons ça comme ça.
Laoghaire se tourna vers lui avec un sourire complice.
-Et moi qui croyait que c'était votre charisme naturel.
Dès qu'elle l'avait rencontré pour la première fois, presque par réflexe, Laoghaire s'était détachée de la confiance qu'inspirait naturellement Thomas Cioban. Mais à force de le fréquenter, Laoghaire en était venue à se demander si après tout, sa sympathie et sa bienveillance ne pouvait pas également venir de son côté humain... et pourquoi pas?
Laoghaire sortit à son tour sa baguette, et se mit à tracer elle-même une liste de rune à hauteur de leur yeux.
-Eh bien, en ce qui concerne la protection, vous pourriez utiliser Thurisaz, qui est par excellence la rune du combat, et donc de la défense. Plus particulièrement, Algiz se concentre uniquement sur la protection et pourrait tout à fait convenir... Mais je vous conseillerai d'également d'y ajouter Ansuz, la rune d'Odin, utilisée pour la sagesse, la vision éclairée. Cela évitera une protection excessive, qui pourrait l'isoler même des bonnes intentions.
D'un geste de ses mains, Laoghaire fit se déplacer les trois runes Gebo, Ansuz et Algiz, les superposant de diverses manières tour à tour. Gebo restait toujours la plus grande, au centre. Laoghaire plaça d'abord Ansuz et Algiz de part et d'autre de la première rune, avant de finalement pleinement les superposer, les agrandissant peu à peu.
-Et voilà. C'est ce que je recommanderai. Toutes les trois d'une même taille, pour un parfait équilibre entre la protection, la sagesse et l'amour... Mais bien sûr, c'est vous l'auteur de cette rune, c'est vous de décider. ajouta-t-elle avec un sourire bienveillant, vide de tout jugement.
Laoghaire était ainsi avec ses élèves les plus âgés. Davantage un guide qu'un maître. Elle offrait son conseil, mais ne se vexait pas si son interlocuteur choisissait de suivre une autre direction.
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Re: In the dead of night
Mar 31 Juil 2018 - 11:37
J'esquissais un sourire amusé en réaction au propos de Laoghaire. Mon charisme naturel, comme elle le disait si bien, n'était qu'un avant goût des possibilités offertes par le charme vampirique. Si j'étais à même d'inspirer la sympathie sans avoir à afficher d'attitude particulière, cela laissait présager de l'intensité des effets que pouvait avoir la concentration d'une telle magie. De confiance, on passait au désir et l'abandon qui permet la morsure... Comme un plante carnivore à l'odeur chatoyante ou le poisson des abysses qui porte au front une lanterne. Un appât vivant.
Je n'étais pas seul à considérer qu'on ne construit pas une relation de couple sur la base d'une illusion aussi primitive. Cependant, je destinais secrètement ce talisman à l'adresse des autres vampires plus qu'à moi-même. Car si Scylla venait à partager ma vie, elle aurait à frayer avec de véritables prédateurs : mon ascendance directe. Je ne souhaitais pas qu'un drame se produise et puisque les carnivores dédaignent les proies insensibles à la menace, ce talisman était probablement la meilleure chose que je puisse faire pour elle.
Mon regard suivit la main de l'enseignante, tandis qu'elle se redressait afin de proposer son propre agencement de rune. J'écoutais religieusement ses explications, songeant dans le même temps aux équivalences proposées d'une rune à l'autre. Ses remarques me permettaient d'aborder des angles du problème auxquels je n'avais pas songé du tout. La sagesse, en outre, me ramenait à cette crainte que j'avais de (peut-être) vouloir trop en faire avec Scylla. Une peur excessive de la menace incarnée par ma famille... A croire que les runes me donnaient des leçons avant même de se voir employé à la magie.
Je suivais ensuite la danse silencieuse des symboles en train de s'agencer. Après un moment, la forme de figea et je considérais le résultat avec cette satisfaction juvénile que l'on éprouve quand on a le sentiment d'avoir trouvé la clé d'une énigme difficile.
« Merci. Lui dis-je tout d'abord. Je n'avais pas songé à aborder le problème sous cet angle.
Je désignais Ansuz du bout de ma baguette.
« Je vais faire un essai avec cette configuration... Et si ça vous intéresse, je vous dirais ce que ça a donné.
Je laissais échapper un petit rire. Mener à bien ce type d'expérience était assez passionnant. A dire vrai, je n'imaginais toutes les inventions qu'il était possible de créer avec la magie, étant jeune. Je ne voyais les connaissances qu'au travers du prisme de l'école et des piles de livres assommant qu'il nous fallait étudier... Alors qu'en vérité, il ne tenait qu'à nous d'être créatifs.
Après quoi, je pris un instant de plus pour noter la combinaison dans un petit carnet que je gardais dans la poche de ma veste. Tout ceci allait me donner matière à réfléchir : j'étais plutôt content.
« C'est un sujet difficile à aborder quand on est profane. Ajoutais-je, accompagné par le griffonnement discret du stylo bille. Les runes. Mais... Je crois que j'y ai pris goût.
Je rangeais le carnet à sa place, avant de relever les yeux en direction de Laoghaire.
« Il n'y a rien de concret dans ce que je vais dire, mais si vous avez besoin de quoi que ce soit de ma part à l'avenir, n'hésitez pas.
Je savais que l'enseignante m'avait aisé de bon cœur, mais j'aimais retourner les services que l'on me rendait. Dans son cas, ce serait un plaisir plus qu'autre chose.
Je n'étais pas seul à considérer qu'on ne construit pas une relation de couple sur la base d'une illusion aussi primitive. Cependant, je destinais secrètement ce talisman à l'adresse des autres vampires plus qu'à moi-même. Car si Scylla venait à partager ma vie, elle aurait à frayer avec de véritables prédateurs : mon ascendance directe. Je ne souhaitais pas qu'un drame se produise et puisque les carnivores dédaignent les proies insensibles à la menace, ce talisman était probablement la meilleure chose que je puisse faire pour elle.
Mon regard suivit la main de l'enseignante, tandis qu'elle se redressait afin de proposer son propre agencement de rune. J'écoutais religieusement ses explications, songeant dans le même temps aux équivalences proposées d'une rune à l'autre. Ses remarques me permettaient d'aborder des angles du problème auxquels je n'avais pas songé du tout. La sagesse, en outre, me ramenait à cette crainte que j'avais de (peut-être) vouloir trop en faire avec Scylla. Une peur excessive de la menace incarnée par ma famille... A croire que les runes me donnaient des leçons avant même de se voir employé à la magie.
Je suivais ensuite la danse silencieuse des symboles en train de s'agencer. Après un moment, la forme de figea et je considérais le résultat avec cette satisfaction juvénile que l'on éprouve quand on a le sentiment d'avoir trouvé la clé d'une énigme difficile.
« Merci. Lui dis-je tout d'abord. Je n'avais pas songé à aborder le problème sous cet angle.
Je désignais Ansuz du bout de ma baguette.
« Je vais faire un essai avec cette configuration... Et si ça vous intéresse, je vous dirais ce que ça a donné.
Je laissais échapper un petit rire. Mener à bien ce type d'expérience était assez passionnant. A dire vrai, je n'imaginais toutes les inventions qu'il était possible de créer avec la magie, étant jeune. Je ne voyais les connaissances qu'au travers du prisme de l'école et des piles de livres assommant qu'il nous fallait étudier... Alors qu'en vérité, il ne tenait qu'à nous d'être créatifs.
Après quoi, je pris un instant de plus pour noter la combinaison dans un petit carnet que je gardais dans la poche de ma veste. Tout ceci allait me donner matière à réfléchir : j'étais plutôt content.
« C'est un sujet difficile à aborder quand on est profane. Ajoutais-je, accompagné par le griffonnement discret du stylo bille. Les runes. Mais... Je crois que j'y ai pris goût.
Je rangeais le carnet à sa place, avant de relever les yeux en direction de Laoghaire.
« Il n'y a rien de concret dans ce que je vais dire, mais si vous avez besoin de quoi que ce soit de ma part à l'avenir, n'hésitez pas.
Je savais que l'enseignante m'avait aisé de bon cœur, mais j'aimais retourner les services que l'on me rendait. Dans son cas, ce serait un plaisir plus qu'autre chose.
- InvitéInvité
Re: In the dead of night
Lun 13 Aoû 2018 - 10:35
Nightmare
feat. T. Cioban & L. Gull
Merci, lui répondit Thomas en prenant en note la toute nouvelle rune que Laoghaire venait de lui soumettre. Je n'avais pas songé à aborder le problème sous cet angle. Je vais faire un essai avec cette configuration... Et si ça vous intéresse, je vous dirais ce que ça a donné.
Laoghaire lui répondit d'un sourire rayonnant.
-Ce serait avec grand plaisir.
Tandis que la plume de Thomas griffonait le papier, Laoghaire laissa son regard errer dans la nuit, et remarqua que les ténèbres s'étaient éclaircies. Elle pouvait deviner contours et silhouettes dans le noir, et à l'est, le ciel passait du bleu au gris...
-C'est un sujet difficile à aborder quand on est profane, les runes, poursuivit Thomas. Mais... Je crois que j'y ai pris goût.
-Vous avez en tout cas de toute évidence l'ouverture d'esprit pour vous adonner à leur étude. l'encouragea Laoghaire d'une voix sincère, les yeux toujours tournés sur le paysage alentours qui s'éclaircissait peu à peu à la lumière de l'aube. Pour beaucoup, j'ai constaté que l'étude des runes reste une matière ennuyeuse. Pas assez d'étincelles, j'imagine. ajouta-t-elle avec un petit rire sarcastique. Même parmi mes élèves, je pense que beaucoup les étudient pas nécessité plus que par plaisir... poursuivit-elle en haussant les épaules. Pourtant, pour un esprit éclairé, les runes constituent un sujet de découverte infini! Même après des décennies à les avoir côtoyées, je pense être encore loin d'en avoir fait le tour!... En tout cas, reprit-elle en se tournant de nouveau vers Thomas, si le sujet vous intéresse, pourquoi ne passez-vous pas dans ma classe demain après les cours de l'après-midi? J'ai plusieurs livres que je pourrai vous prêter, si vous le souhaitez.
Thomas avait fini de reproduire la rune qu'elle venait de créer, et d'un coup de baguette magique, Laoghaire les fit disparaître.
-Je devrais sans doute redescendre prendre un café ou deux. Les cours ne vont pas tarder à commencer. se dit-elle autant à elle-même qu'à son collègue, et désormais tel qu'elle le considérait, ami.
-Il n'y a rien de concret dans ce que je vais dire, répondit-il alors qu'elle allait se diriger vers les escaliers. mais si vous avez besoin de quoi que ce soit de ma part à l'avenir, n'hésitez pas.
Laoghaire se retourna, et à nouveau, lui répondit par un simple sourire.
-Je ne l'oublierai pas... Merci Thomas. Et dans ce simple mot reposait toute la gratitude qu'elle ressentait à ce qu'il l'ait aidée à traverser cette sombre nuit.
Laoghaire lui répondit d'un sourire rayonnant.
-Ce serait avec grand plaisir.
Tandis que la plume de Thomas griffonait le papier, Laoghaire laissa son regard errer dans la nuit, et remarqua que les ténèbres s'étaient éclaircies. Elle pouvait deviner contours et silhouettes dans le noir, et à l'est, le ciel passait du bleu au gris...
-C'est un sujet difficile à aborder quand on est profane, les runes, poursuivit Thomas. Mais... Je crois que j'y ai pris goût.
-Vous avez en tout cas de toute évidence l'ouverture d'esprit pour vous adonner à leur étude. l'encouragea Laoghaire d'une voix sincère, les yeux toujours tournés sur le paysage alentours qui s'éclaircissait peu à peu à la lumière de l'aube. Pour beaucoup, j'ai constaté que l'étude des runes reste une matière ennuyeuse. Pas assez d'étincelles, j'imagine. ajouta-t-elle avec un petit rire sarcastique. Même parmi mes élèves, je pense que beaucoup les étudient pas nécessité plus que par plaisir... poursuivit-elle en haussant les épaules. Pourtant, pour un esprit éclairé, les runes constituent un sujet de découverte infini! Même après des décennies à les avoir côtoyées, je pense être encore loin d'en avoir fait le tour!... En tout cas, reprit-elle en se tournant de nouveau vers Thomas, si le sujet vous intéresse, pourquoi ne passez-vous pas dans ma classe demain après les cours de l'après-midi? J'ai plusieurs livres que je pourrai vous prêter, si vous le souhaitez.
Thomas avait fini de reproduire la rune qu'elle venait de créer, et d'un coup de baguette magique, Laoghaire les fit disparaître.
-Je devrais sans doute redescendre prendre un café ou deux. Les cours ne vont pas tarder à commencer. se dit-elle autant à elle-même qu'à son collègue, et désormais tel qu'elle le considérait, ami.
-Il n'y a rien de concret dans ce que je vais dire, répondit-il alors qu'elle allait se diriger vers les escaliers. mais si vous avez besoin de quoi que ce soit de ma part à l'avenir, n'hésitez pas.
Laoghaire se retourna, et à nouveau, lui répondit par un simple sourire.
-Je ne l'oublierai pas... Merci Thomas. Et dans ce simple mot reposait toute la gratitude qu'elle ressentait à ce qu'il l'ait aidée à traverser cette sombre nuit.
© code . by . ellcrys
- Spoiler:
- OH MY GOD, TA SIGNA!!!
- InvitéInvité
Re: In the dead of night
Mar 21 Aoû 2018 - 18:02
J'esquissais l'ombre d'un sourire en réaction aux encouragements de la professeure. Depuis que j'avais recommencé à m'intéresser à la magie (qu'il s'agisse des sortilèges ou des runes), ma tendance naturelle aux excès s'était beaucoup calmée. J'étais plus serein et moins enclin à m'adonner à des conduites extrêmes ou addictives. Face au vide d'une existence trop morne, j'imagine que l'on se laissait volontiers aller à ce genre de comportement destructeur. Mais une fois correctement nourrit, l'esprit s'éloigne naturellement des palliatifs, pour consolider sa base et errer dans des sphères plus élevées. Enfin, c'était un peu comme cela que j'avais vécu les choses. Je m'assagissais et y voyait beaucoup plus clair dans la vie en général. Ce n'était pas désagréable.
Suivant Laoghaire, mon regard s'en alla chercher l'horizon. Je réalisais que nous avions dû parler un moment, puisque du bleu s'invitait à l'Est. Un arrière goût coupable s'invita alors au fond de ma bouche : j'espérais ne l'avoir pas trop retenue. A force de parler, elle n'avait pas pu dormir et je m'en voulais de savoir qu'elle donnerait cours en n'étant pas bien reposée. Après, peut-être n'aurait-elle pas réussi à retrouver le sommeil de toute façon (ce qu'elle m'avait raconté était assez sombre pour que mes doutes s'orientent dans cette direction)... Mais bon, malgré tout, je n'en savais rien.
Je l'écoutais néanmoins me raconter combien sa matière manquait d'éclat pour susciter l'intérêt des plus jeunes, en me gardant bien de laisser paraître mon embarras. Naturellement, j'étais d'accord avec ce qu'elle était en train de me raconter : les runes servaient souvent à illustrer l'idée même d’ennui chez les étudiants. A Poudlard, où elles étaient facultatives, l'on riait souvent des quelques courageux qui en encombraient leur emploi du temps.
Cela dit, je ne les blâmais pas. De nombreuses matières ne dévoilaient leur charme que tardivement et convenaient mieux à certains moments de la vie plutôt qu'à d'autres. Les runes demeuraient un champ d'étude mystérieux : un esprit mature et posé s'y penchait avec sans doute plus de sérénité qu'un autre plus jeune et fougueux.
« Mais avec plaisir. Répliquais-je quand elle me proposa de venir emprunter quelques livres. C'est très gentil.
Les ouvrages de la bibliothèques étaient tous très intéressants mais j'avais parfois du mal à m'y retrouver. Heureusement que Soren était là pour m'aiguiller sur les niveaux, parce qu'autrement, j'aurais abandonné depuis longtemps. Et puis au delà de ça, ce serait l'occasion de poursuivre cette conversation. L'heure était plus à la préparation des cours à venir qu'aux tergiversation, aussi intéressantes fussent-elles.
« Je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Lui dis-je. Il va falloir que je fasse un tour aux cuisines avant de passer à la grande salle de toute façon.
Le petit déjeuner était ce moment critique où certains elfes de maison (plus récalcitrants que d'autres) se prenaient à piéger la nourriture des étudiants avec tout ce qu'un vieux château peut offrir (la dernière fois, il s'agissait de souris vivantes). J'avais intérêt à les surveiller de près, si je voulais éviter que le service ne se transforme en foire.
« Bonne journée Laoghaire.
Lançais-je doucement à la professeure, sourire en coin, tandis que cette dernière rejoignait l'escalier en direction des étages inférieurs. Avant de m'en aller à mon tour, je jetais un dernier regard en direction du ciel d'aurore. Au bleu profond s'ajoutait à présent la silhouette arrachée des nuages or et rouge. En contrebas, la pénombre de la forêt voyait dessiner les cimes en fins liserés jaunes. Les nocturnes s'en étaient allé. Il ne restait déjà presque plus rien des bêtes de la nuit... Ni des cauchemars.
Suivant Laoghaire, mon regard s'en alla chercher l'horizon. Je réalisais que nous avions dû parler un moment, puisque du bleu s'invitait à l'Est. Un arrière goût coupable s'invita alors au fond de ma bouche : j'espérais ne l'avoir pas trop retenue. A force de parler, elle n'avait pas pu dormir et je m'en voulais de savoir qu'elle donnerait cours en n'étant pas bien reposée. Après, peut-être n'aurait-elle pas réussi à retrouver le sommeil de toute façon (ce qu'elle m'avait raconté était assez sombre pour que mes doutes s'orientent dans cette direction)... Mais bon, malgré tout, je n'en savais rien.
Je l'écoutais néanmoins me raconter combien sa matière manquait d'éclat pour susciter l'intérêt des plus jeunes, en me gardant bien de laisser paraître mon embarras. Naturellement, j'étais d'accord avec ce qu'elle était en train de me raconter : les runes servaient souvent à illustrer l'idée même d’ennui chez les étudiants. A Poudlard, où elles étaient facultatives, l'on riait souvent des quelques courageux qui en encombraient leur emploi du temps.
Cela dit, je ne les blâmais pas. De nombreuses matières ne dévoilaient leur charme que tardivement et convenaient mieux à certains moments de la vie plutôt qu'à d'autres. Les runes demeuraient un champ d'étude mystérieux : un esprit mature et posé s'y penchait avec sans doute plus de sérénité qu'un autre plus jeune et fougueux.
« Mais avec plaisir. Répliquais-je quand elle me proposa de venir emprunter quelques livres. C'est très gentil.
Les ouvrages de la bibliothèques étaient tous très intéressants mais j'avais parfois du mal à m'y retrouver. Heureusement que Soren était là pour m'aiguiller sur les niveaux, parce qu'autrement, j'aurais abandonné depuis longtemps. Et puis au delà de ça, ce serait l'occasion de poursuivre cette conversation. L'heure était plus à la préparation des cours à venir qu'aux tergiversation, aussi intéressantes fussent-elles.
« Je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Lui dis-je. Il va falloir que je fasse un tour aux cuisines avant de passer à la grande salle de toute façon.
Le petit déjeuner était ce moment critique où certains elfes de maison (plus récalcitrants que d'autres) se prenaient à piéger la nourriture des étudiants avec tout ce qu'un vieux château peut offrir (la dernière fois, il s'agissait de souris vivantes). J'avais intérêt à les surveiller de près, si je voulais éviter que le service ne se transforme en foire.
« Bonne journée Laoghaire.
Lançais-je doucement à la professeure, sourire en coin, tandis que cette dernière rejoignait l'escalier en direction des étages inférieurs. Avant de m'en aller à mon tour, je jetais un dernier regard en direction du ciel d'aurore. Au bleu profond s'ajoutait à présent la silhouette arrachée des nuages or et rouge. En contrebas, la pénombre de la forêt voyait dessiner les cimes en fins liserés jaunes. Les nocturnes s'en étaient allé. Il ne restait déjà presque plus rien des bêtes de la nuit... Ni des cauchemars.
Fin du RP
- InvitéInvité
Re: In the dead of night
Mer 12 Déc 2018 - 13:50
RP archivé pour cause de suppression de l'un des participants
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