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(isavena) when it's dark out it keeps glowing.
Dim 26 Nov 2017 - 18:19
WHEN IT'S DARK OUT IT KEEPS GLOWING.
ravena & isaak
Every night I try my best to dream tomorrow makes it better. Then I wake up to the cold reality and not a thing is changed. And the salt in my wounds isn't burning anymore than it used to. It's not that I don't feel the pain, it's just I'm not afraid of hurting anymore. And the blood in these veins isn't pumping any less than it ever has. And that's the hope I have, the only thing I know that's keeping me alive.
Les rues d’Inverness vivent, chantent. Les moldus étaient assez fascinants, ils s’émerveillaient de tout et de rien. Quelques flocons suffisaient à provoquer un certain émoi chez eux, et alors que les rues commençaient à se parer de quelques décorations, une ambiance particulière commençait à inonder la ville. De la musique moldue s’emparait du calme habituel, il y avait plus de sourires et plus de légèreté. Quelle mièvrerie. Je roule des yeux, lève les épaules et continue les quelques emplettes, mais il me restait une chose bien précise à trouver : l’écrin d’un cadeau particulier, pour une personne spéciale. Le temps avait passé et les cicatrices boursoufflées s’étaient peu à peu changées en des vides douloureux, encore vifs.
Les bras chargés, je ne me méfie pas du chemin que mes pieds prennent aveuglément. J’ignore les échos de pas qui s’accumulent peu à peu. J’ignore aussi la nuit qui recouvre de son voile les cieux. Ce n’est que lorsqu’un vient se planter devant moi que je commence à prendre en considération mon environnement. Les moldus n’étaient que des sauvages. Grognon, d’une humeur massacrante, je continue mon chemin et renverse d’un coup d’épaule l’homme qui tentait de me faire barrage. Sorcier dans un monde aux codes inconnus, je me demande ce qu’ils veulent et les balaie du regard. Foutue interdiction. « T’en as de belles affaires. Si tu nous faisais voir hein ? » Je hausse les épaules et commence à ouvrir un des sacs, perdant toute concentration sur les quatre ou cinq hommes. Farfouillant paisiblement, prompt à coopérer, ce n’est que lorsque qu’un poing vient s’écraser sur mes côtes que je relève la tête et émets un grognement. Résigné, je ne me défends pas, persuadé qu’un sorcier pourrait aisément tous les réduire littéralement en cendre, ou en bave de crapaud. Je tourne la tête vers la direction du coup et puis les directions se multiplient, les ecchymoses aussi, jusqu’à ce qu’un coup à la rotule me force à ployer le genou. Si je ne m’agenouillais pas devant des sorciers, il n’en était encore moins question devant des moldus aussi primitifs. Je me mets à rire, essuie le léger filet de sang et demeure plutôt calme. Ce n’est que lorsqu’un d’entre eux s’empare de l’écrin que mes sourcils se froncent et que mes poings se serrent. Il joue avec l’objet et je me retiens de ne pas saisir ma baguette.
A défaut, dans un excès de colère, mes mains enserrent sa gorge et une salve de frappes s’abat sur lui. La petite boite se retrouve libérée de son emprise, alors que je la replace aussitôt dans la poche intérieure de ma veste. L’un d’eux brandit un couteau et un bruit incessant se fait entendre. Les sirènes des services de police se rapprochent, les moldus détalent. Quelle bande de véracrasse. Les deux policiers moldus se précipitent alors pour entraver mes poignets et je me souvins alors des cours d’histoire des moldus : mieux ne valait pas aggraver les choses, face à leurs uniformes, il était plus facile d’avoir tort, et il était impossible d’avoir raison. Quelques grognements plus tard et de nombreux jurons russes prononcés, je me retrouve dépouillé de mes affaires, dans une cellule avec d’autres, à fixer la caméra surveillance qui empêchait tout transplanage. Les hématomes se forment peu à peu, les muscles se refroidissent et la douleur apparaît, crispant un peu plus mes traits durs. Ma lèvre se gonfle et ma paupière ne tarde pas à suivre. Je perds toute notion du temps entre les murs et ferme les yeux. Lorsque les traits de Ravena se dessinent peu à peu, je finis par secouer la tête, forçant à un réveil douloureux.
Un des policiers arrive, et lorsque je pense à avoir droit à un interrogatoire, ce dernier me raccompagne jusqu’à la salle des effets personnels, où je m’empresse de vérifier qu’il y a bien encore le petit coffret avant de replacer ma veste sur mes épaules, pull déchiré tenu fermement dans la main. « Tu peux la remercier lad. Reste loin des ennuis la prochaine fois. » J’arque un sourcil et tourne la tête, pour que Ravena percute mon champ de vision. Je déglutis, grogne et baisse la tête. Je lui tiens la porte, bouche close, regard éteint. « T’étais pas obligée de venir. Je me débrouille très bien tout seul. » Je ne cherchais pas à la blesser, je voulais seulement la protéger. L’éloigner m’était alors apparu comme une bonne idée.
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Re: (isavena) when it's dark out it keeps glowing.
Dim 26 Nov 2017 - 20:14
Tu avais rarement était aussi blessée, et si les larmes s’étaient tuent en même temps que la tempête s’était calmée, les battements de ton palpitant dysfonctionnel menaçaient toujours de briser ton souffle habituellement si mesuré. Tu avais ouvert les yeux et il avait disparu. Comme si vos retrouvailles n’avaient été qu’illusion et que son souvenir s’étaient dissipé en même temps que les nuages noirs de l’orage. Peut-être l’avais tu simplement rêvé ? Pourtant tu avais l’impression de sentir toujours sa main qui entoure la tienne et ses lèvres déposées comme adieux sur ton front. Tu avais tenté de nier, mais l’évidence était flagrante : être celui qui reste est bien plus douloureux. Malgré les jours qui étaient passés, tu ne pouvais t’empêcher de ressasser ses mots, encore et encore, tes chroniques à la radio avaient pris des allures d’ode à la Russie, les accents du Nord résonnaient dans toutes les compositions que tu te plaisais à faire découvrir : comme si partager un peu de ta vie là bas te permettrait de partager ta peine par la même occasion.
C’est à la sortie du travail que tu avais eu, ce soir là, des échos d’une bagarre, dans le Inverness moldu. Attentive malgré toi, il ne t’avait pas fallu longtemps pour le reconnaitre dans les dires des passants. « Isaak… » Avais-tu murmuré avant de faire volte face et de rebrousser chemin pour t’éloigner du quartier magique.
Encore une fois, tout te ramenait à lui : les astres se plaisaient à vous jouer des tours, vous poussant à vous rencontrer, vous entrechoquer, vous briser et vous séparer à nouveau. Vous étiez comme des étoiles qui se croisaient quelque part sur la voute céleste, le moindre contact vous faisait vous enflammer et votre course était ininterrompue vous empêchant de faire plus que vous frôler.
Tu entres dans le commissariat d’un pas mesuré, bien plus familière avec ce type d’établissement que tu ne voulais l’avouer. L’endroit sentait la sueur et la pluie, un mélange peu reluisant qui te fait froncer les sourcils de dégout. Tu ne connaissais que trop bien cette odeur, ça et le métal froid qui avait déjà brulé tes poignet dans une autre vie. Mimétisme, tu frottes tes mains et tes avants bras pour de départir de cette sensation d’être prisonnière : pour l’oiseau que tu étais, les menottes étaient sans doute pire que des clous dans tes ailes. Peu de formalités, il n’est pas rare que des bagarres éclatent dans les ruelles de la ville. Pourtant, l’attente te parait éternelle, tu suffoques dans la pièce, le regard des agents de police n’arrange rien à ton malaise. Mais tu te forces à rester droite, calme, du moins d’apparence : seuls tes doigts tremblants qui enserrent la hanse de ton sac à main semblent troubler le tableau que tu dépeignais.
Il apparait dans la pièce principale et devant son état tu ne peux retenir un hoquet de surprise. Tu savais qu’il s’était battu, mais tu n’aurais pas pensé que les coups auraient été si virulents. Par Merlin, Isaak était capable de maitriser n’importe qui, le voir ainsi, blessé, réveille en toi des sentiments contraires : la haine contre ceux qui s’en étaient pris à lui, la rancoeur contre celui qui avait jugé bon de t’abandonner, l’inquiétude envers celui qui, du plus loin que tu te souvenais, avait toujours été là.
Tu n’esquisses pas l’ombre d’un sourire lorsqu’il s’approche de toi, une nouvelle fois, l’enfant tente de se montrer à la hauteur de son ainé : il n’y a que ton sang qui tambourine dans tes tempes pour te rappeler que tu ne savais pas rester stoïque face à lui. Il ouvre la porte et le froid extérieur t’assaillit : tu ne te rends compte qu’à se moment là que tes joues s’étaient teintées d’une douce teinte rosée tandis que tu l’attendais.
Ses mots claquent dans le silence de la nuit hivernale, pourtant tu ne frémis pas, renfermant toutes ta peine au fond de ton coeur : « Je sais. » Le ton est froid, bien plus froid qu’il ne l’aurait été quelques jours plus tôt. Tu n’avais aucune envie de te battre avec lui, pourtant tu ne peux t’empêcher de reprendre d’une voix plus cinglante : « C’est toujours une très bonne chose de se retrouver dans les cellules d’un commissariat n’est ce pas ? » L’ironie de ton intonation est palpable, tu lui en veux autant qu’à toi. Lorsque vous vous trouvez assez loin du commissariat tu t’arrêtes et te tournes vers lui croisant son regard pour la première fois depuis que vous aviez entamé votre marche nocturne. Tu te retiens d’effleurer ses blessures du bout des doigts, tu te refuses à t’inquiéter pour lui et pourtant ton regard détaille le moindre hématome, la moindre entaille avec une intensité toute nouvelle. Tes mains, enfouies dans les poches de ton manteau se serrent légèrement prêtes à le soutenir s’il ne faisait que perdre un instant l’équilibre. Mais tu savais bien que cela n’arriverait pas : il est fort, bien plus que toi, et surtout, il avait bien énoncé que vos rencontres n’étaient rien de plus que de mauvais présages. « Tu devrais aller te soigner. Que tu y crois ou non, on a tous nos faiblesses. » Et tu t’écartes, il ne veut plus que vous vous côtoyez : son silence avait été plus éloquent que n’importe quel discours. Tu avais compris la leçon, et tu t’apprêtais à partir une nouvelle fois : sauf que le coeur n’y étais pas.
isavena
I've been sleepless at night 'Cause I don't know how I feel I've been waiting on you Just to say something real There's a light on the road And I think you know Morning is coming And I have to go I don't know why We need to break so hard
Encore une fois, tout te ramenait à lui : les astres se plaisaient à vous jouer des tours, vous poussant à vous rencontrer, vous entrechoquer, vous briser et vous séparer à nouveau. Vous étiez comme des étoiles qui se croisaient quelque part sur la voute céleste, le moindre contact vous faisait vous enflammer et votre course était ininterrompue vous empêchant de faire plus que vous frôler.
Tu entres dans le commissariat d’un pas mesuré, bien plus familière avec ce type d’établissement que tu ne voulais l’avouer. L’endroit sentait la sueur et la pluie, un mélange peu reluisant qui te fait froncer les sourcils de dégout. Tu ne connaissais que trop bien cette odeur, ça et le métal froid qui avait déjà brulé tes poignet dans une autre vie. Mimétisme, tu frottes tes mains et tes avants bras pour de départir de cette sensation d’être prisonnière : pour l’oiseau que tu étais, les menottes étaient sans doute pire que des clous dans tes ailes. Peu de formalités, il n’est pas rare que des bagarres éclatent dans les ruelles de la ville. Pourtant, l’attente te parait éternelle, tu suffoques dans la pièce, le regard des agents de police n’arrange rien à ton malaise. Mais tu te forces à rester droite, calme, du moins d’apparence : seuls tes doigts tremblants qui enserrent la hanse de ton sac à main semblent troubler le tableau que tu dépeignais.
Il apparait dans la pièce principale et devant son état tu ne peux retenir un hoquet de surprise. Tu savais qu’il s’était battu, mais tu n’aurais pas pensé que les coups auraient été si virulents. Par Merlin, Isaak était capable de maitriser n’importe qui, le voir ainsi, blessé, réveille en toi des sentiments contraires : la haine contre ceux qui s’en étaient pris à lui, la rancoeur contre celui qui avait jugé bon de t’abandonner, l’inquiétude envers celui qui, du plus loin que tu te souvenais, avait toujours été là.
Tu n’esquisses pas l’ombre d’un sourire lorsqu’il s’approche de toi, une nouvelle fois, l’enfant tente de se montrer à la hauteur de son ainé : il n’y a que ton sang qui tambourine dans tes tempes pour te rappeler que tu ne savais pas rester stoïque face à lui. Il ouvre la porte et le froid extérieur t’assaillit : tu ne te rends compte qu’à se moment là que tes joues s’étaient teintées d’une douce teinte rosée tandis que tu l’attendais.
Ses mots claquent dans le silence de la nuit hivernale, pourtant tu ne frémis pas, renfermant toutes ta peine au fond de ton coeur : « Je sais. » Le ton est froid, bien plus froid qu’il ne l’aurait été quelques jours plus tôt. Tu n’avais aucune envie de te battre avec lui, pourtant tu ne peux t’empêcher de reprendre d’une voix plus cinglante : « C’est toujours une très bonne chose de se retrouver dans les cellules d’un commissariat n’est ce pas ? » L’ironie de ton intonation est palpable, tu lui en veux autant qu’à toi. Lorsque vous vous trouvez assez loin du commissariat tu t’arrêtes et te tournes vers lui croisant son regard pour la première fois depuis que vous aviez entamé votre marche nocturne. Tu te retiens d’effleurer ses blessures du bout des doigts, tu te refuses à t’inquiéter pour lui et pourtant ton regard détaille le moindre hématome, la moindre entaille avec une intensité toute nouvelle. Tes mains, enfouies dans les poches de ton manteau se serrent légèrement prêtes à le soutenir s’il ne faisait que perdre un instant l’équilibre. Mais tu savais bien que cela n’arriverait pas : il est fort, bien plus que toi, et surtout, il avait bien énoncé que vos rencontres n’étaient rien de plus que de mauvais présages. « Tu devrais aller te soigner. Que tu y crois ou non, on a tous nos faiblesses. » Et tu t’écartes, il ne veut plus que vous vous côtoyez : son silence avait été plus éloquent que n’importe quel discours. Tu avais compris la leçon, et tu t’apprêtais à partir une nouvelle fois : sauf que le coeur n’y étais pas.
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Re: (isavena) when it's dark out it keeps glowing.
Lun 27 Nov 2017 - 10:35
WHEN IT'S DARK OUT IT KEEPS GLOWING.
ravena & isaak
Every night I try my best to dream tomorrow makes it better. Then I wake up to the cold reality and not a thing is changed. And the salt in my wounds isn't burning anymore than it used to. It's not that I don't feel the pain, it's just I'm not afraid of hurting anymore. And the blood in these veins isn't pumping any less than it ever has. And that's the hope I have, the only thing I know that's keeping me alive.
Les mots tranchants causaient des maux indicibles, d’une profondeur souvent inégalable. Pourtant, ces blessures étaient presque impossible à saisir, car souvent invisibles. Il n’y avait nulle boursouflure, nulle brûlure, juste un cœur qui devient bien trop lourd à chaque battement, dont la mesure se fait toujours à retardement, dont la mécanique s’encrasse d’une rouille épaisse et étrange, que certains appellent chagrin, d’autres peine ou encore rancœur. Je m’y perdais, je m’y plongeais. Pourquoi Ravena ? Pourquoi revenir ? Mais avant, j’espérais découvrir les détails de son envol et les secrets de ses escapades. J’oubliais seulement que je n’en étais plus digne, depuis cet orage où la foudre qui fendait l’air nous avait séparés. A moins que la foudre n’ait été mes mots. J’étais las qu’un Steyngart ne vienne la heurter. Je la préférais loin, plus loin elle était et plus les astres lui seraient favorables. Je n’étais bon qu’à répandre la glace, sa violence et son indifférence. Je craignais que les ailes frêles de Ravena n’en ressortent blessées. J’ignorais seulement à quel point.
La lèvre gorgée de sang, la paupière rouge et enflée, j’appuie lourdement la tête contre le mur. Et à cet instant, je me rends compte que mes pensées se redirigent tout naturellement vers la jeune sorcière aux cheveux corbeau. Certains pensent le corbeau comme un oiseau de mauvaise augure, un signe mortifère. Pourtant, mère m’avait toujours appris que c’était un message de bienveillance, que mes pas étaient guidés. Bien que sans elle, je me laissais irrésistiblement penser à elle. Je ne pouvais que céder et je me mis à regretter. Lorsque les regrets apparaissent, je m’empresse de m’en débarrasser, aussi bien pour elle que pour moi. Elle ne pouvait être que mieux ainsi. Elle devait l’être. Est-ce ainsi que la personne se sent lorsque c’est elle qui part ? J’avais toujours été celui qui restait, celui qui se complait dans l’abandon pour en tirer le meilleur de son infortune. La toux m’arrache quelques grimaces. Le froid métallique et l’ambiance pesante ne provoquent aucun sentiment de mal-être, juste de l’impatience. Je détestais cette sensation d’être enfermé, à l’étroit et épié par les regards de ces moldus. Et le pire restait encore à venir.
Lorsque mes yeux se posent sur Ravena, j’y découvre des traits fermés et la violence de son indifférence provoque une sensation étrange. Je commence à toucher l’idée de la baguette que je pourrais la perdre, à tout jamais. Et pourtant cela ne m’empêche pas de la rejeter, une nouvelle fois, en arguant que je savais me débrouiller seul. J’échappe un grognement et un regard agacé avant d’afficher finalement un sourire carnassier. « A t’entendre c’est comme une deuxième maison. » Je baisse la tête à nouveau, laissant Ravena imposer son rythme alors que je peinais à suivre sa cadence. Je faisais tout pour limiter les boitements, les faux-pas à défaut d’empêcher les fausses notes. Il fallait plus que quelques moldus pour m’affaiblir. Une fois assez loin du commissariat moldu, la jeune sorcière s’arrête et je me tiens à distance. Nos regards se croisent pour mieux se capturer alors que je sens les battements de mon cœur s’affoler et une chaleur s’emparer de mes entrailles. J’ai envie d’avancer, de prendre sa main dans la mienne, de laisser nos doigts s’entremêler et de ressentir encore la douceur de ses lèvres sur mes joues. J’avais besoin d’elle, sans le reconnaître. La dépendance était une manifestation de l’affection, qui rejoignait d’autres sentiments, sentiments qui ne riment qu’avec la faiblesse. Pourtant, c’était sans elle que je devenais faible, résigné. Je bouge les orteils dans mes chaussures, tendu et renfermé dans une lutte intérieure qui prenait une forme léthargique extérieure. Ce n’étaient pas les ecchymoses qui me faisaient mal, c’étaient ses mots à elle. A la force et plus grande des faiblesses, je demeurais immobile à défaut d’être impassible. « Les faiblesses existent seulement si tu le veux, Ravena. » Tout n’était qu’un fruit de la volonté. Ou presque. Alors qu’elle s’apprêtait à partir, dans un réflexe presque automatique, je me précipite et saisis fermement son poignet fin dans ma main épaisse.
Les battements s’étaient affolés et mon regard trahissait mon inquiétude de la voir partir à nouveau. Je sens ma main se crisper autour de son poignet, je ne pensais qu’à la retenir, et non pas aux marques et à la douleur que je pouvais lui infliger. Je savais pertinemment que les maux s’étaient accumulés, nous n’étions plus à quelques blessures supplémentaires. « Merci. » Mes yeux balaient ses traits frénétiquement, comme si j’espérais trouver des réponses par mes seuls moyens. Mais il n’y avait que les admis dans son monde qui le pouvaient. Je tiens toujours son poignet et finis par le relâcher, pour laisser ma main effleurer la sienne, où quelques spasmes trahissent l’envie de sentir encore une fois le contact de sa peau contre la mienne. Je finis par racler ma gorge, toujours aux aguets, guettant sa fuite. « Qu’est-ce que tu faisais dans les parages ? » Je cille, évite et cherche son regard en même temps, fixe le sol, puis la Lune. Elle me déboussolait, j’étais à la fois près d’un repère, et totalement perdu. Je savais sans savoir le son des mots qui me brûlaient les lèvres, et je n’y arrivais pas. Pardonne-moi Ravena.
Made by Neon Demon
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Re: (isavena) when it's dark out it keeps glowing.
Mar 28 Nov 2017 - 20:11
Tu partais, et tu cherchais à te convaincre que tu prenais la bonne décision en t'éloignant du Russe. Car après tout, n'était-ce pas lui-même qui s'était décrit comme une malédiction ? Un mauvais présage ? Pourquoi alors avais-tu l'impression de faire une erreur en acceptant ses conditions ? Tu avais appris ce qu'il en coutait de ne pas suivre les règles, ses règles : les blessures des mots à Tibreska étaient toujours sanguinolentes malgré le temps. Alors, tu ne tentais de taire tes doutes, certainement avait-il raison. Et si ton corps s'animait avec calme, tout ton esprit hurlait.
Retiens moi Isaak.
La main du sorcier qui entoure ton poignet te fait marquer un sec arrêt avant que, la surprise s’atténuant, tu te laisses guider jusqu’à lui sans opposer plus de résistance. Tu oscillais entre la rancoeur, qui s’insinuait comme un poison dans ton coeur déjà noirci par les départs, et cette bouffée d’extase qui gonflait ton palpitant de te rendre compte qu’il t’avait retenue. Et si tu ressentais le soulagement dans toutes les parcelles de ton corps engourdi par le froid hivernal tu n’en laissais tout de même rien paraître : trop fière pour accorder tes pas avec les siens, trop fière pour avouer à quel point tu étais heureuse de le voir, et à quel point tu avais eu peur qu’il lui soit arrivé malheur. Et ses doigts restent accrochés à ton poignet sans que tu ne te résignes à te dégager de ton étreinte. S’il ne se rendait certainement pas compte de la pression que sa poigne portait sur ton articulation, tu ressentais dans son regard une douceur qui t’était jusqu’à présent inconnue. Une douceur teintée d’inquiétude qui manqua de peu de détruire toutes les fragiles barrières glacées que la tempête avait érigée entre vos deux êtres.
Le remerciement résonne étrangement dans la ruelle vide, et la lumière de la lune donnait une teinte encore plus irréelle à la scène : tu esquisses un sourire et baisse légèrement la tête en t’empêchant d’empêcher ses doigts de s’éloigner lorsqu’il finit par lâcher ton poignet. Tu aimerais laisser de côté ta moralité déviante et oublier que ta fierté exacerbait rendait toujours les choses plus difficiles. Tu aurais voulu sentir à nouveau sa main entourer la tienne et vos doigts s’entremêler mais tu n’arrivais pas à t’y résoudre. Comme si, malgré vos retrouvailles, malgré le fait que plus personne ne semblait pouvoir se liguer contre vous, comme cela avait été le cas autrefois, vous trouviez des excuses pour répéter les schémas du passé.
Son regard redevient fuyant et tu serres légèrement les dents alors que tu sens qu’il s’éloigne à nouveau et comme si ce n’était pas suffisant, tu ajoutes une nouvelle barrière, comme si tu pensais que cela pouvait faire une quelconque différence face à la force du colosse. Tes bras se croisent sous ta poitrine et ton regard vient se perdre dans la contemplation de la lune avant que, aveuglée par sa lumière tu ne reportes ton attention sur le sorcier, quelque peu décontenancée par la situation. « Je sors du travail, les échos de tes aventures sont arrivés jusqu’à moi, j'ai pensé que tu serais heureux de sortir de cet endroit infect, à moins que tu ne t'y sentes à l'aise. » Tu soupires légèrement, sarcastique plus que de raison. Le sifflement de tes mots provoque en toi un frémissement désagréable. Tu n’étais guère à l’aise dans le rôle de l’éconduite ravagée, tes fuites t’avaient rodée à bien des choses mais pas à être celle qui se trouvait dans l’attente. Et si tu maniais habilement les mots, il y avait bien des choses que tu taisais sous un masque de froideur qui se craquelait déjà. Jamais le fait qu’il ne t’avait pas fallu plus de quelques secondes pour dépeindre la scène de l’embuscade ne franchirait la barrière de tes lèvres. Pas plus qu’il ne t’avait fallu que quelques instants pour comprendre qui était ce sorcier impliqué dans une bagarre dans les ruelles d’Inverness. Encore moins qu’il ne t’avait pas fallu pas plus longtemps encore pour ressentir le besoin de te rapprocher de lui. Etait-ce une excuse pour une confrontation que tu déguisais dans un altruisme maladroit ou bien cette nécessité de sa présence à tes côtés qui t’avait animée ? Tu n’en savais rien. Et ton esprit était embrumé, surtout lorsqu’il scrutait ton visage avec, dans les yeux, des centaines de questions auxquelles tu n’avais pas de réponse.
Et finalement, tu retombes de ton piédestal, ton masque se brise, tu laisses de côté ton amertume et t’approches à nouveau de lui. Dans un geste délicat tu déposes tes doigts sur le bord de sa mâchoire, lui faisant légèrement tourner la tête pour observer plus en détail les blessures qui parsemaient son visage avec une moue inquiète . « Tu as mal ? » Tes doigts frôlent un ecchymose et tu accroches son regard à nouveau, en attente d’une réponse qui n’arriverait certainement jamais : « Ne me dis pas que tu ne ressens pas la douleur, je ne suis ni aveugle, ni naïve. Si tu ne veux pas me laisser t’aider, dis-moi simplement de partir et je le ferais. » Tu n’ajoutas pas qu’il avait déjà fait un grand pas vers cette éventualité en disparaissant ainsi sur la jetée et te contentes de te perdre une nouvelle fois dans ses yeux : perles de Russie et reflets d’une âme que tu aurais aimé arriver à comprendre. « Dis moi ce que je peux faire. »
Retiens moi Isaak.
isavena
I've been sleepless at night 'Cause I don't know how I feel I've been waiting on you Just to say something real There's a light on the road And I think you know Morning is coming And I have to go I don't know why We need to break so hard
Le remerciement résonne étrangement dans la ruelle vide, et la lumière de la lune donnait une teinte encore plus irréelle à la scène : tu esquisses un sourire et baisse légèrement la tête en t’empêchant d’empêcher ses doigts de s’éloigner lorsqu’il finit par lâcher ton poignet. Tu aimerais laisser de côté ta moralité déviante et oublier que ta fierté exacerbait rendait toujours les choses plus difficiles. Tu aurais voulu sentir à nouveau sa main entourer la tienne et vos doigts s’entremêler mais tu n’arrivais pas à t’y résoudre. Comme si, malgré vos retrouvailles, malgré le fait que plus personne ne semblait pouvoir se liguer contre vous, comme cela avait été le cas autrefois, vous trouviez des excuses pour répéter les schémas du passé.
Son regard redevient fuyant et tu serres légèrement les dents alors que tu sens qu’il s’éloigne à nouveau et comme si ce n’était pas suffisant, tu ajoutes une nouvelle barrière, comme si tu pensais que cela pouvait faire une quelconque différence face à la force du colosse. Tes bras se croisent sous ta poitrine et ton regard vient se perdre dans la contemplation de la lune avant que, aveuglée par sa lumière tu ne reportes ton attention sur le sorcier, quelque peu décontenancée par la situation. « Je sors du travail, les échos de tes aventures sont arrivés jusqu’à moi, j'ai pensé que tu serais heureux de sortir de cet endroit infect, à moins que tu ne t'y sentes à l'aise. » Tu soupires légèrement, sarcastique plus que de raison. Le sifflement de tes mots provoque en toi un frémissement désagréable. Tu n’étais guère à l’aise dans le rôle de l’éconduite ravagée, tes fuites t’avaient rodée à bien des choses mais pas à être celle qui se trouvait dans l’attente. Et si tu maniais habilement les mots, il y avait bien des choses que tu taisais sous un masque de froideur qui se craquelait déjà. Jamais le fait qu’il ne t’avait pas fallu plus de quelques secondes pour dépeindre la scène de l’embuscade ne franchirait la barrière de tes lèvres. Pas plus qu’il ne t’avait fallu que quelques instants pour comprendre qui était ce sorcier impliqué dans une bagarre dans les ruelles d’Inverness. Encore moins qu’il ne t’avait pas fallu pas plus longtemps encore pour ressentir le besoin de te rapprocher de lui. Etait-ce une excuse pour une confrontation que tu déguisais dans un altruisme maladroit ou bien cette nécessité de sa présence à tes côtés qui t’avait animée ? Tu n’en savais rien. Et ton esprit était embrumé, surtout lorsqu’il scrutait ton visage avec, dans les yeux, des centaines de questions auxquelles tu n’avais pas de réponse.
Et finalement, tu retombes de ton piédestal, ton masque se brise, tu laisses de côté ton amertume et t’approches à nouveau de lui. Dans un geste délicat tu déposes tes doigts sur le bord de sa mâchoire, lui faisant légèrement tourner la tête pour observer plus en détail les blessures qui parsemaient son visage avec une moue inquiète . « Tu as mal ? » Tes doigts frôlent un ecchymose et tu accroches son regard à nouveau, en attente d’une réponse qui n’arriverait certainement jamais : « Ne me dis pas que tu ne ressens pas la douleur, je ne suis ni aveugle, ni naïve. Si tu ne veux pas me laisser t’aider, dis-moi simplement de partir et je le ferais. » Tu n’ajoutas pas qu’il avait déjà fait un grand pas vers cette éventualité en disparaissant ainsi sur la jetée et te contentes de te perdre une nouvelle fois dans ses yeux : perles de Russie et reflets d’une âme que tu aurais aimé arriver à comprendre. « Dis moi ce que je peux faire. »
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Re: (isavena) when it's dark out it keeps glowing.
Ven 1 Déc 2017 - 13:13
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Every night I try my best to dream tomorrow makes it better. Then I wake up to the cold reality and not a thing is changed. And the salt in my wounds isn't burning anymore than it used to. It's not that I don't feel the pain, it's just I'm not afraid of hurting anymore. And the blood in these veins isn't pumping any less than it ever has. And that's the hope I have, the only thing I know that's keeping me alive.
Pour une fois, et parce qu’elle m’en laissait l’occasion, je me retrouvais à pouvoir l’empêcher de s’envoler. Ma main enfermait son poignet. Tenace, déterminé, je ne pouvais me résoudre à la voir partir. Pas encore une fois. La vérité finit par éclater, et je me retrouve à devoir composer avec. Je ne pouvais partir. Je le savais. Je ne pouvais pas la quitter. Ainsi, je condamnais nos places respectives, à savoir que ce serait la jeune sorcière qui déploierait ses ailes, et qu’alourdi par la glace, engourdi par le froid, je resterai fixé au sol, admiratif mais jamais envieux. Mes doigts se resserrent un peu plus, j’oublie que ses attaches sont frêles et que mon accroche est brutale. Pour une fois, je ne voulais pas qu’elle suive mes règles. Pour elle j’étais prêt à sortir de mes sentiers glacés, quitte à laisser les brûlures marquer un peu plus ma peau épaisse.
Fichu regard qui ne sait se taire, mes yeux parcourent ses traits, parfois en les scrutant, parfois en les balayant simplement. J’étais partagé entre inquiétude de ne plus la revoir et satisfaction de pouvoir la regarder, encore. Alors, je la retiens et les émotions me trahissent. Je sens les battements de mon cœur s’accélérer, puis s’apaiser peu à peu, avant de replonger dans leur silence habituel. Ce rythme ternaire ne cessait de se répéter, comme si la mesure que je cherchais à battre n’était qu’une simple excuse pour ne pas laisser le masque tomber. A défaut, nous nous condamnions à nos propres chaînes d’antan, à croire que nos envies n’étaient bonnes qu’à appartenir au reflet du Risèd et non de pouvoir en faire une réalité. Je ne pouvais m’empêcher de la remercier, ignorant alors si c’était pour ce soir ou les autres jours. Je lui étais redevable, et tous ces constats creusaient un peu plus mes traits, tout en relâchant peu à peu mes muscles. Son sourire engendre le mien, avant qu’il ne s’efface lorsqu’elle remonte la tête. Je racle ma gorge, évite désormais son regard. Ses bras se croisent et la glace revient dans un naturel déconcertant, presque désinvolte. Je hausse les épaules face à son sarcasme, ne pouvant empêcher un sourire mutin de se dessiner sur mes lèvres. « Tu n’as pas quelqu’un d’autre à qui revenir et qui t’attend ? » Chaque mot est prononcé lentement et pourtant avec une certaine violence. Ce n’était que le début du blizzard. « J’attendais personne. » Je me redresse un peu plus, renverse ma jambe d’appui en boitillant légèrement. Je ne l’attendais pas, je ne faisais qu’espérer avec ferveur de la revoir, depuis la jetée. Je baisse immédiatement les yeux, secouant la tête. J’ignorais si c’était le froid ou la douleur, ou seulement Ravena, mais je ne pouvais pas lui mentir. « Enfin. Je pensais pas que tu viendrais, même si je l’avais espéré. Je l’ai espéré, mais enfin, je pensais pas. Merci. » Je sentais mes mains trembler, alors que je fermais le poing. Je me sentais à nu, mal à l’aise, faible.
Le vent se tait peu à peu, les nuages se dissipent et laissent la Lune briller de toute sa splendeur. Alors que la jeune sorcière s’approche, je suis sa danse et fais un pas dans sa direction. Sa délicatesse m’est inédite. J’arque un sourcil, sans véritablement savoir ce qu’elle peut faire, sans pour autant être inquiet. Pour une fois, je ne bouge pas, je ne cherche pas à fuir son contact. Je n’ai pas peur, persuadé que sa tendresse ne peut être pire que la violence. Ses doigts fins se posent sur ma mâchoire crispée, et je la laisse me guider, tournant légèrement la tête comme pour lui montrer que je la laissais faire, mais qu’aussi, je baissais ma garde. Alors que je secoue la tête pour lui signifier que je n’avais pas mal, lorsque ses doigts frôlent un ecchymose, je ne peux m’empêcher de retenir une grimace. Je baisse la tête un instant et respire lourdement avant de hausser la tête. « Je ne veux pas que tu partes. » Et c’était bien pour cette raison que je n’avais rien dit à sa supplique sur la jetée. Je laisse mon regard se perdre dans le sien.
Machinalement, mes doigts cherchent les siens, les effleurent sans jamais oser les capturer. Je la regarde avec affection alors que mon autre main se lève et caresse ses joues aussi délicatement que possible. Je me sens peu à peu perdre l’équilibre, aussi bien au propre qu’au figuré. Je m’appuie lourdement contre le mur et soulève mon t-shirt. « Parle-moi de l’Amérique. » Pour qu’un Russe demande une telle faveur, ce n’était jamais bon signe. Je sors alors ma baguette et fais un signe de tête à Ravena. « Brackium emendo. » Je sens les côtes se ressouder lentement. Chaque mouvement est douloureux et je me sens pitoyable d’être aussi faible devant Ravena. Le gonflement s’estompe peu à peu alors que la peau demeure rouge, bientôt violacée. « Aussi prévoyante que tu puisses être, je parie que tu n’as ni bandage ni whisky pur-feu ? » J’échappe un léger rire, nerveux avant tout. Riant à gorge déployée, je me rends compte du ridicule de la situation. Voilà que j’arrivais exactement à ce que j’avais cherché à éviter, me retrouver en position de faiblesse face à elle, ou quiconque. J’ignorais que je confondais la faiblesse avec la dépendance, l’idiotie avec l’honnêteté et bien d’autres choses.
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Re: (isavena) when it's dark out it keeps glowing.
Ven 1 Déc 2017 - 20:47
Encore une fois, l’un fuyait tandis que l’autre le retenait, c’était comme si vous ne parveniez pas à vous accorder : votre musique sonnait faux, tout autant que les battements paniqués de ton palpitant lorsque, pendant un instant, tu avais cru qu’il te laisserait t’envoler une nouvelle fois. Mais il t’a retenue, et ce n’est que lorsqu’il libère ton poignet que tu te rends compte de la force avec laquelle il t’avait ramenée vers lui. Tu serres le poing pour faire passer cette légère douleur qui s’était invitée et étend quelques fois les doigts pour faire disparaitre l’élancement.
Tu fronces les sourcils abordant une moue outrée lorsqu’il t’attaque sur les personnes que tu laissais derrière toi. Tu le savais froid, comme la glace, et parfois bourru : mais jamais encore il n’avait été cruel avec toi. « Et tu te donnes le droit de me demander ça en quel honneur ? » Les mots claquent, tu te surprends de la froideur de ses derniers. Ton regard est acéré, tu n’acceptes pas les attaques. Surtout pas venant de lui, surtout pas ce soir et après ce qu’il s’était passé sur la jetée. Mais ce qui te dérange le plus, c’est ton coeur qui se serre : car tu savais qu’au fond il avait raison. Et si tes prochaines paroles ne font qu’accentuer ce sentiment, tu ne réponds rien, consciente que des paroles supplémentaires de ta part ne feraient que te troubler de trop.
Ses doigts frôlent les tiens et tu finis par trouver le courage de les accrocher. Ta main se lie à la sienne dans un geste des plus naturels et tu souris légèrement en la serrant doucement : « Je suis là. Je ne vais nulle part. » Tu ne promettais rien, tu savais que tes promesses n’auraient aucun poids, il te connaissait trop bien pour y croire. Mais, ce soir, tu étais là, et s’il avait finalement fait un pas vers toi tu étais prête à y répondre. Peut-être qu’ainsi vous reprendriez votre danse là où vous l’aviez laissée, plus gracieuse et moins pressée qu’elle ne l’était sur la jetée, le temps guérirait peut être les maux dont vous souffriez tous les deux. Tu frémis lorsque ses doigts viennent caresser ta joue, penchant légèrement la tête pour accentuer ce contact tu plonges ton regard dans le sien. Un instant, tu vous revois sur la jetée et les souvenirs de la Russie s’invitent dans ton esprit. Le temps s’est arrêté à nouveau. Les époques se mêlent et s’emmêlent : La douceur du moment te fait tanguer entre différents horizons, te rappelle tous ces instants perdus où vous êtes approchés avant de vous déchirer à nouveau. Et tu voudrais que le sort cesse de s’acharner sur vous.
Mais le lien se brise tandis qu’il vacille. Tu tentes, du mieux que tu peux, de le soutenir mais tu ne peux rien à son vertige, et tu te contentes de te rapprocher de lui, les mains posées sur ses bras lorsqu’il s’appuie contre le mur comme un support . « Quoi ? Je… » Tu ne comprends pas de suite lorsqu’il sort sa baguette et relève son t-shirt. « C’est beau tu sais, on ira un jour si tu veux… C’est pas comme la Russie mais les paysages sont… » Tes paroles n’ont que peu de sens, tu essayes de capter son attention mais tu te crispes et t’arrêtes dans ta phrase lorsqu’il énonce le sortilège.
Tu détournes les yeux, mais avec un temps de retard et tu vois la douleur déformer les traits du sorcier tandis que tu peux entendre les os se déplacer. « Tu ne viens pas de faire ce que je crois que tu viens de faire n’est ce pas ? » La panique se lit aisément dans ta voix tandis que ton regard balaie ses traits et l’hématome qui se forme sur ses côtes à présent ressoudées. « Isaak tu as perdu la raison ou quoi ? Imagine qu'il y ait un problème, que… » Tu suffoques, rien que l’idée que cela dégénère te donne la nausée et sans même que tu t’en rendes compte les larmes te montent au yeux. Et il y a aussi cette peur, parce que tu ne comprends pas. Tu as beau tout savoir sur la magie, en ayant étudié toutes les techniques, toute la théorie, tu ne pouvais comprendre la confiance aveugle que les sorciers y portaient. Parce que tu n’en étais pas une.
Mais tu retrouves ton calme, tu te forces à calmer les tremblements, de peur et de frustrations qui secouaient tes mains et à faire disparaitre les larmes qui s’étaient invités au coin de tes yeux dans un mouvement de tête agacé. Ta main revient se poser sur son bras, tu recherches ce contact, t’as besoin d’être sûre qu’il ne partira pas une nouvelle fois si tu fermes les yeux. « Tu as besoin de repos. » Tu ne réponds pas à son rire, trop inquiète pour ça et surtout trop persuadée que ce n’est qu’un symptôme de la douleur. « J’ai des bandages chez moi. C’est pas loin, Gideon n’est pas là tu pourras te nettoyer et te reposer. » Tu l’interroges du regard, sans pouvoir t’empêcher de jeter un coup d’oeil à son torse, comme pour être sûre qu’il ne se briserait pas à nouveau. « Et on doit avoir du whisky aussi. » Un léger sourire ce dessine sur tes lèvres, tu n’étais pas grande buveuse, ton colocataire non plus mais vous saviez tout de même apprécier une bonne bouteille. Et une soirée comme celle ci méritait bien quelques verres pour détendre les esprits. Pourtant, ton sourire bien vite il est surpassé par l’inquiétude lorsque tu te rends compte qu’il souffre encore : « A moins qu’il ne faille t’amener à l’hôpital ? » Et tu serais bien bête qu’il réponde oui. Incapable de l’amener où que ce soit tu n’avais pas la chance de pouvoir transplaner à ta guise. Encore une fois, tu te sentais désespérément à l’écart, et peu capable dans ce monde aux codes que tu étais incapable de comprendre malgré tous tes efforts. « Je veux être sûre que ce n'est rien de grave. »
isavena
I've been sleepless at night 'Cause I don't know how I feel I've been waiting on you Just to say something real There's a light on the road And I think you know Morning is coming And I have to go I don't know why We need to break so hard
Tu fronces les sourcils abordant une moue outrée lorsqu’il t’attaque sur les personnes que tu laissais derrière toi. Tu le savais froid, comme la glace, et parfois bourru : mais jamais encore il n’avait été cruel avec toi. « Et tu te donnes le droit de me demander ça en quel honneur ? » Les mots claquent, tu te surprends de la froideur de ses derniers. Ton regard est acéré, tu n’acceptes pas les attaques. Surtout pas venant de lui, surtout pas ce soir et après ce qu’il s’était passé sur la jetée. Mais ce qui te dérange le plus, c’est ton coeur qui se serre : car tu savais qu’au fond il avait raison. Et si tes prochaines paroles ne font qu’accentuer ce sentiment, tu ne réponds rien, consciente que des paroles supplémentaires de ta part ne feraient que te troubler de trop.
Ses doigts frôlent les tiens et tu finis par trouver le courage de les accrocher. Ta main se lie à la sienne dans un geste des plus naturels et tu souris légèrement en la serrant doucement : « Je suis là. Je ne vais nulle part. » Tu ne promettais rien, tu savais que tes promesses n’auraient aucun poids, il te connaissait trop bien pour y croire. Mais, ce soir, tu étais là, et s’il avait finalement fait un pas vers toi tu étais prête à y répondre. Peut-être qu’ainsi vous reprendriez votre danse là où vous l’aviez laissée, plus gracieuse et moins pressée qu’elle ne l’était sur la jetée, le temps guérirait peut être les maux dont vous souffriez tous les deux. Tu frémis lorsque ses doigts viennent caresser ta joue, penchant légèrement la tête pour accentuer ce contact tu plonges ton regard dans le sien. Un instant, tu vous revois sur la jetée et les souvenirs de la Russie s’invitent dans ton esprit. Le temps s’est arrêté à nouveau. Les époques se mêlent et s’emmêlent : La douceur du moment te fait tanguer entre différents horizons, te rappelle tous ces instants perdus où vous êtes approchés avant de vous déchirer à nouveau. Et tu voudrais que le sort cesse de s’acharner sur vous.
Mais le lien se brise tandis qu’il vacille. Tu tentes, du mieux que tu peux, de le soutenir mais tu ne peux rien à son vertige, et tu te contentes de te rapprocher de lui, les mains posées sur ses bras lorsqu’il s’appuie contre le mur comme un support . « Quoi ? Je… » Tu ne comprends pas de suite lorsqu’il sort sa baguette et relève son t-shirt. « C’est beau tu sais, on ira un jour si tu veux… C’est pas comme la Russie mais les paysages sont… » Tes paroles n’ont que peu de sens, tu essayes de capter son attention mais tu te crispes et t’arrêtes dans ta phrase lorsqu’il énonce le sortilège.
Tu détournes les yeux, mais avec un temps de retard et tu vois la douleur déformer les traits du sorcier tandis que tu peux entendre les os se déplacer. « Tu ne viens pas de faire ce que je crois que tu viens de faire n’est ce pas ? » La panique se lit aisément dans ta voix tandis que ton regard balaie ses traits et l’hématome qui se forme sur ses côtes à présent ressoudées. « Isaak tu as perdu la raison ou quoi ? Imagine qu'il y ait un problème, que… » Tu suffoques, rien que l’idée que cela dégénère te donne la nausée et sans même que tu t’en rendes compte les larmes te montent au yeux. Et il y a aussi cette peur, parce que tu ne comprends pas. Tu as beau tout savoir sur la magie, en ayant étudié toutes les techniques, toute la théorie, tu ne pouvais comprendre la confiance aveugle que les sorciers y portaient. Parce que tu n’en étais pas une.
Mais tu retrouves ton calme, tu te forces à calmer les tremblements, de peur et de frustrations qui secouaient tes mains et à faire disparaitre les larmes qui s’étaient invités au coin de tes yeux dans un mouvement de tête agacé. Ta main revient se poser sur son bras, tu recherches ce contact, t’as besoin d’être sûre qu’il ne partira pas une nouvelle fois si tu fermes les yeux. « Tu as besoin de repos. » Tu ne réponds pas à son rire, trop inquiète pour ça et surtout trop persuadée que ce n’est qu’un symptôme de la douleur. « J’ai des bandages chez moi. C’est pas loin, Gideon n’est pas là tu pourras te nettoyer et te reposer. » Tu l’interroges du regard, sans pouvoir t’empêcher de jeter un coup d’oeil à son torse, comme pour être sûre qu’il ne se briserait pas à nouveau. « Et on doit avoir du whisky aussi. » Un léger sourire ce dessine sur tes lèvres, tu n’étais pas grande buveuse, ton colocataire non plus mais vous saviez tout de même apprécier une bonne bouteille. Et une soirée comme celle ci méritait bien quelques verres pour détendre les esprits. Pourtant, ton sourire bien vite il est surpassé par l’inquiétude lorsque tu te rends compte qu’il souffre encore : « A moins qu’il ne faille t’amener à l’hôpital ? » Et tu serais bien bête qu’il réponde oui. Incapable de l’amener où que ce soit tu n’avais pas la chance de pouvoir transplaner à ta guise. Encore une fois, tu te sentais désespérément à l’écart, et peu capable dans ce monde aux codes que tu étais incapable de comprendre malgré tous tes efforts. « Je veux être sûre que ce n'est rien de grave. »
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Re: (isavena) when it's dark out it keeps glowing.
Dim 3 Déc 2017 - 21:24
WHEN IT'S DARK OUT IT KEEPS GLOWING.
ravena & isaak
Every night I try my best to dream tomorrow makes it better. Then I wake up to the cold reality and not a thing is changed. And the salt in my wounds isn't burning anymore than it used to. It's not that I don't feel the pain, it's just I'm not afraid of hurting anymore. And the blood in these veins isn't pumping any less than it ever has. And that's the hope I have, the only thing I know that's keeping me alive.
Pourquoi notre rhapsodie devait-elle être aussi violente ? Pourquoi battre la mesure revenait à nous abîmer un peu plus à chaque tempo ? Même les silences, ô ces silences, ils ne faisaient que dissimuler avec malice des boursoufflures bien trop épaisses pour un jour disparaître. Alors, lorsque je la marque à mon tour, j’en oublie sa fragilité, je n’ai en tête que son audace devenue ma crainte de la voir s’emporter une nouvelle fois. Colosse aux pieds d’argile, je me retrouvais à ployer l’échine devant elle, si frêle et pourtant si forte. J’omets son geste, je me concentre sur son regard et ses traits. J’ai peur, et mon regard ne cesse de me trahir. J’avais désormais quelqu’un d’autre à perdre et je n’étais prêt à affronter une nouvelle épreuve de ce genre. Les séquelles étaient encore bien trop lourdes, trop ancrées pour pouvoir subir de nouvelles plaies. Pourtant, ainsi allaient nos vies lorsqu’elles s’entrechoquaient. Sa chaleur, sa douceur, tout se heurtait à ma froideur, causant orages et tempêtes.
Pourtant, jamais la cruauté n’avait été de mise. Mais j’avais bien trop mal pour faire la distinction entre la peine, la peur, la haine et l’amour. Tout poussait à l’irrationalité, et à cette violence que j’avais tu pendant bien trop longtemps, violence qui m’avait bercé, violence que j’avais appris à aimer. Et je ne me rends compte de la douleur que je peux provoquer à Ravena que lorsque ses mots claquent, comme si le tonnerre grondant de la jetée était devenu son palabre à elle. Le blizzard se heurte à sa répartie acerbe et brûlante. Affaibli, ou plutôt d’une étrange lucidité, je me rends compte que je risque de la voir partir à nouveau. Je fixe son alliance, qui scintille à la lumière lunaire avant de baisser les yeux, me confondant en excuses maladroites bien que sincères, silencieuses et pourtant bien réelles. Je lui étais redevable. Alors, je me contente de conserver la tête baissée, à la fois en signe d’excuse mais de remerciements. Les mots n’avaient jamais été mon fort, et la langue anglaise ne faisait que compliquer le sort visant à transformer en mot les choses que je pouvais ressentir. Je savais qu’elle m’avait manqué, terriblement manqué même. Je savais qu’elle était la seule à provoquer ce sentiment de bien-être, et cette chaleur, presque brûlante pour quiconque ne l’a jamais connue. A ces côtés, je retrouvais des sentiers vivants et colorés, parfois agressifs par leur brillance, mais je ne me condamnais plus à ses côtés. Ni à l’apathie, ni à l’amertume. Ravena me poussait à la vie et par Merlin, que c’était bon de vivre.
Le simple contact de ses mains, de ses doigts qui s’emmêlent aux miens apaise les maux divers et panse les vieilles rancœurs. Elle sourit, et je cède un peu plus. Je lui souris, du mieux que possible et j’en oublie la lèvre fendue, j’oublie tout. Les promesses ne sont pas nécessaires, j’ai appris qu’avec Ravena, seules les intentions comptaient. Dans un instinct prudent, ma main vient caresser sa joue, et je laisse mes doigts parcourir ses traits fins. Je sens les battements se perdre, et s’enchaîner. Ils s’efforçaient de se taire, et pourtant, c’était comme s’ils faisaient tout pour se faire entendre par la jeune sorcière. Son regard dans le mien, je devine à quoi elle pense. Je revois le printemps, et lorsque la neige fondait, je savais que c’était un signe que Ravena ne tarderait plus. Je guettais l’horizon, observant l’eau sombre s’éclaircir peu à peu. Et lorsque les paysages redevenaient verdoyants, lorsque la vie reprenait, des pieds délicats venaient fouler la terre des Tsars et l’immensité des eaux, où parfois les glaciers venaient s’incruster dans nos champs de vision. J’aimerais tant nous y transplaner, un instant, une seconde même serait suffisante pour récupérer ce que nous avions laissé, et faire une croix sur ce que nous avions perdu. Mais la valse cesse, la douleur revient peu à peu, alors que je me rends compte que mes yeux se sont fermés et que mon front s’est posé sur le sien. Mes doigts se détachent de son visage alors que, lentement, je relève la tête et me redresse. La douleur me force à m’éloigner un peu plus d’elle, et je me sens vaciller. Cette fois-ci, c’est elle qui vient à moi, pose ses mains sur mes bras alors que je ne pense qu’à m’appuyer sur un mur, assez solide pour me supporter.
L’Amérique, ces terres qui avaient modulé son accent et marqué sa vie comme jamais la terre des Tsars n’aurait osé. C’était probablement le problème avec l’outre-Atlantique, il n’y avait aucune mesure, aucune retenue. Peut-être avais-je fait preuve de trop de retenue. Je l’écoute, elle ne comprend pas et tant mieux. Lorsqu’elle évoque l’idée d’y aller un jour, ma fierté russe me force à émettre un râle, voire un grognement. Je continue alors mon entreprise, tâchant de me focaliser sur la voix de Ravena, qui s’arrête brusquement lorsque j’énonce le sortilège. Mes traits sont déformés par la douleur et l’hématome vient remplacer les côtes brisées. La nuit dissimulait ma pâleur, et je l’en remerciais. Les os se replacent, bien trop lentement à mon goût, probablement parce que je ressentais tout et qu’à en croire le visage et la voix de Ravena, elle n’était pas épargnée par le spectacle. Elle panique, et je ne trouve rien d’autre à faire, si ce n’est rire. Je ris à gorge déployée et tente de me relever maladroitement contre le mur. « Raspoutine serait fier. » Je lui souris, tentant de la rassurer alors que je replace ma baguette dans ma poche intérieure, tâtant pour vérifier que l’écrin était bien là. Je m’approche un peu plus et remarque les traces des larmes qu’elle s’est efforcée à faire disparaître alors que sa main fine se pose sur mon bras à nouveau, peinant à le saisir. Je prends sa main dans la mienne, ne la lâchant plus. « Pardonne-moi de t’infliger ça. » Je recommence à rire, perdu entre les nerfs et la douleur. « Merci. Je ne resterai pas longtemps. » Ce n’est que lorsqu’elle évoque l’idée de l’hôpital que mes traits se ferment, comme un enfant qu’on menacerait d’envoyer à l’infirmerie de Durmstrang. D’ailleurs, il n’y avait pas d’infirmerie, juste un bureau avec trois flacons. Les plus chanceux y échappaient. Je secoue la tête. « Tu devras attendre que je sois mort pour m’amener à l’hôpital. Jamais vivant j’irais, jamais. » Je croise les bras, fronce les sourcils et finis par suivre Ravena jusque chez elle, en ronchonnant. La fierté exacerbée, je faisais tout pour me tenir droit.
Lorsque la porte s’ouvre sur l’appartement au rez-de-chaussée, j’y découvre un endroit simple, mais chaleureux, et c’est bien la chaleur qui me saisit au premier pas. J’essaie de prendre garde à ne rien renverser, manquant parfois de rester bloquer entre l’encablure d’une des portes, jusqu’à arriver dans le salon. Mes yeux fixent son canapé. Je demeure planté au milieu de la pièce, et lorsque je me décide enfin de faire un pas dans son univers, un bruit sourd se fait entendre alors que je m’y asseois. Les pieds se brisent et alors que je me décale, je remarque un creux. La paume de ma main s’écrase sur mon front. « Menya eto dostalo. » Les joues rougies et la tête baissée, j’étais prêt à tout pour trouver un retourneur de temps.
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Re: (isavena) when it's dark out it keeps glowing.
Lun 4 Déc 2017 - 8:18
Ta stupeur trouve écho dans son rire, tu scrutes son visage d’un regard affolé, et finis par détourner le regard de cette scène douloureuse ayant l’impression que tout ton corps t’était douloureux. Tu ne comprends pas, et c’est certainement ce qui te fait le plus peur. Depuis toujours tu avais tenté de mettre un mot sur chaque facette de la magie : tu avais grandi avec elle, même si elle ne t’avait pas choisie, tu pensais la connaitre. Mais tu te rendais compte qu’il y avait des choses que tu ne pouvais appréhender. Et pour quelqu’un qui se refusait à perdre le contrôle, c’était aussi déstabilisant que la scène qui se jouait entre vous deux.
La magie, les sentiments, les émotions : cela n’avait rien de rationnel, tu ne comprenais pas plus la confiance qu’il portait en sa baguette que ton coeur qui te hurlait de ne pas le laisser s’éloigner à nouveau au risque de le perdre et de te perdre.
Le sourire du sorcier ne te trompe pas et ne te rassure pas plus, et comme à chaque fois lorsque tu te retrouvais déstabilisée, tu te refermais sur tes certitudes et te glaçais un peu plus : les barricades étaient solides, tu ne parvenais même pas à les détruire totalement. « Je me fous de la fierté de Raspoutine comme de ma première carte chocogrenouilles. C’est ta santé qui m’importe. » Malgré ta voix qui ne cachait rien de ton inquiétude et de ton incompréhension à l’égard du Russe tu ne te défais pas de l’étreinte de sa main sur la tienne. Simplement car le contact t’apaise. Etre proche d’Isaak te rassure : tu sens les battements de ton coeur se calmer alors que tes doigts se lient aux siens sans aucun complexe. Ses paroles t’arrachent un sourire gêné, tu n’aimais pas montrer tes faiblesses, aussi peu que lui n’aimait se trouver dans cette situation face à toi. « Ne t’inquiète pas pour moi. » Tu tentes de retrouver contenance, essuyant une nouvelle fois tes joues du dos de ta main libre et serrant un peu plus sa main : « Je suis une grande fille maintenant, tu n’as pas besoin de me préserver. » Et tu savais que tu parlais dans le vide. Tu avais répété ces paroles trois années durant, là bas, au pays des tsars. Et, même si tu ne t’en étais pas rendue compte à l’époque, tu comprenais maintenant qu’Isaak avait toujours été là pour veiller à ce que tu ne te brises pas malencontreusement les ailes. Aujourd’hui, c’était à toi de prendre soin de lui : « Tu es le bienvenu autant de temps qu’il le faudra. »
Sa remarque sur l’hôpital t’arrache un soupir que tu ne tentes même pas de réfréner, « Un jour ton orgueil te perdra Isaak. » Tu secoues la tête : la fierté du Russe n’était plus à faire ou à démontrer. Tu n’avais jamais remis en cause ce trait de caractère, seulement lorsqu’il s’agissait de sa santé tu n’étais pas aussi conciliante. Si seulement tu prenais tes beaux conseils pour toi même tu ne te sentirais pas aussi hypocrite de prendre la place de la moralisatrice. Il se renferme sur lui-même et lâche ta main. Tu serres légèrement le poing, agacée mais ne te risques pas à une nouvelle remarque : tu apprenais à être patiente. Tu savais qu’il n’était pas venu le temps où le Russe avouerait qu’il avait besoin de quiconque. « Je ne te laisserais pas partir tant que tu n’iras pas mieux. » Et malgré ses bras qui se sont croisés, renfrognés, tu te fraies un chemin jusqu’à sa main pour l’entrainer avec toi dans les ruelles d’Inverness.
Ce n’est que lorsque vos pas silencieux vous amènent sous un lampadaire que tu te rends compte que Isaak est aussi pâle qu’un mort. L’obscurité de votre précédente position avait fait le chance jusqu’à présent mais tu te rendais bien compte que, malgré qu’il essayait de le cacher, il était affaibli par le traitement qu’il venait de s’infliger. Si tu ne retires pas ta main de la sienne, tu entreprends de le soutenir du mieux que tu le pouvais en accrochant ton bras au sien, ralentissant l’allure pour ne pas le faire souffrir plus que nécessaire. Tu ne dis rien, tu sais qu’il se bornerait à dire qu’il allait bien. Force était de constater que ce n’était pas le cas. Tu étais simplement reconnaissante qu’il ne t’ait pas écartée, une fois de plus.
« Nous y voilà. » Tu tournes la clé dans la serrure et ouvre la porte d’un geste avant d’inviter Isaak à te précéder dans l’appartement. « Entre je t’en prie fais comme chez toi. » Tandis qu’il traverse l’entrée et le couloir sur tes indications pour aller dans le salon tu enlèves ton écharpe, ton manteau et tes chaussures en vitesse. Tu jettes un coup d’oeil dans les pièces et le jardinet qui se trouve en fond de cours mais Gideon avait pris Burton avec lui en partant. Au moins tu pourrais concentrer toute ton attention sur le Russe. « Ne fais pas attention on a pas encore fini de tout ranger. » Un bruit sourd attire ton attention et tu passes la tête dans le cadre de la porte pour découvrir l’étudiant visiblement abattu sur le canapé qui avait cédé sous lui. Tu secoues la tête : « Ce n’est rien t’en fais pas… » Tu tentes de rassurer Isaak avec un sourire et entreprends de te diriger vers lui d’un pas léger, faisant terre les inquiétudes de ton esprit qui s’agite tu l’invites à te donner sa veste que tu déposes sur le dossier d’une chaise. « Reste tranquille, je reviens de suite. » Un dernier regard et tu disparais dans l’autre pièce : cherchant la trousse à pharmacie que tu avais soigneusement conservée : ce n’était pas tout de vivre au milieu des sorciers, tu ne pouvais faire disparaitre tes blessures et maux d’un coup de baguette. Face au miroir de la pièce tu tu soupires un instant : les cernes qui étaient apparus sous tes yeux au fil des semaines donnaient un aspect encore plus sombre à ton regard. D’un geste tu t’asperges le visage d’eau pour faire disparaitre les vestiges de tes larmes et entreprends de regrouper ce qu’il te semblait utile pour panser les blessures du sorcier.
Tu ne t'attardes pas, tu as peur qu'il se soit envolé, comme la dernière fois.
Et tu ne peux t'empêcher de scruter tous les bruits qui pouvaient t'indiquer qu'il était encore là tandis que tu fais le chemin inverse jusqu'au salon.
« Bandages, glace pour ton oeil. » Tu fais l’inventaire de tes trouvailles et les déposes sur la table basse qui se trouvait devant le canapé quelque peu affaissé et termine par la bouteille que tu avais récupérée auparavant dans la cuisine : « Et whisky. » T’asseyant sur l’accoudoir du canapé, non loin du Wright tu t’étires, récupères quelques cotons que tu asperges de désinfectant et viens prendre son menton entre les doigts pour le faire se tourner vers toi : « Ne bouge pas, laisse moi faire. » Le ton est à la fois autoritaire et teinté d’une certaine douceur tout comme ton regard qui balaie son visage tandis que tu fais glisser, tu espères le moins douloureusement possible le coton sur les plaies du sorcier. Tu retiens une grimace, le sang, tu détestais ça et certaines de ses blessures étaient plus profondes que tu ne l’aurais cru au premier abord. Mais tu t’emploies à ta tâche avec application : tout pour effacer les traces de cette altercation. « Regarde-moi. » Lui demandes-tu doucement, tu scrutes son visage et ton regard accroche quelques secondes le sien : « Ne fais plus de peurs comme ça. Jamais. » Je ne pourrais pas supporter de te perdre. Tu tais la fin de ta pensée, trop fière, trop pudique pour avouer à quel point cette idée créait en toi un sentiment de panique.
isavena
I've been sleepless at night 'Cause I don't know how I feel I've been waiting on you Just to say something real There's a light on the road And I think you know Morning is coming And I have to go I don't know why We need to break so hard
La magie, les sentiments, les émotions : cela n’avait rien de rationnel, tu ne comprenais pas plus la confiance qu’il portait en sa baguette que ton coeur qui te hurlait de ne pas le laisser s’éloigner à nouveau au risque de le perdre et de te perdre.
Le sourire du sorcier ne te trompe pas et ne te rassure pas plus, et comme à chaque fois lorsque tu te retrouvais déstabilisée, tu te refermais sur tes certitudes et te glaçais un peu plus : les barricades étaient solides, tu ne parvenais même pas à les détruire totalement. « Je me fous de la fierté de Raspoutine comme de ma première carte chocogrenouilles. C’est ta santé qui m’importe. » Malgré ta voix qui ne cachait rien de ton inquiétude et de ton incompréhension à l’égard du Russe tu ne te défais pas de l’étreinte de sa main sur la tienne. Simplement car le contact t’apaise. Etre proche d’Isaak te rassure : tu sens les battements de ton coeur se calmer alors que tes doigts se lient aux siens sans aucun complexe. Ses paroles t’arrachent un sourire gêné, tu n’aimais pas montrer tes faiblesses, aussi peu que lui n’aimait se trouver dans cette situation face à toi. « Ne t’inquiète pas pour moi. » Tu tentes de retrouver contenance, essuyant une nouvelle fois tes joues du dos de ta main libre et serrant un peu plus sa main : « Je suis une grande fille maintenant, tu n’as pas besoin de me préserver. » Et tu savais que tu parlais dans le vide. Tu avais répété ces paroles trois années durant, là bas, au pays des tsars. Et, même si tu ne t’en étais pas rendue compte à l’époque, tu comprenais maintenant qu’Isaak avait toujours été là pour veiller à ce que tu ne te brises pas malencontreusement les ailes. Aujourd’hui, c’était à toi de prendre soin de lui : « Tu es le bienvenu autant de temps qu’il le faudra. »
Sa remarque sur l’hôpital t’arrache un soupir que tu ne tentes même pas de réfréner, « Un jour ton orgueil te perdra Isaak. » Tu secoues la tête : la fierté du Russe n’était plus à faire ou à démontrer. Tu n’avais jamais remis en cause ce trait de caractère, seulement lorsqu’il s’agissait de sa santé tu n’étais pas aussi conciliante. Si seulement tu prenais tes beaux conseils pour toi même tu ne te sentirais pas aussi hypocrite de prendre la place de la moralisatrice. Il se renferme sur lui-même et lâche ta main. Tu serres légèrement le poing, agacée mais ne te risques pas à une nouvelle remarque : tu apprenais à être patiente. Tu savais qu’il n’était pas venu le temps où le Russe avouerait qu’il avait besoin de quiconque. « Je ne te laisserais pas partir tant que tu n’iras pas mieux. » Et malgré ses bras qui se sont croisés, renfrognés, tu te fraies un chemin jusqu’à sa main pour l’entrainer avec toi dans les ruelles d’Inverness.
Ce n’est que lorsque vos pas silencieux vous amènent sous un lampadaire que tu te rends compte que Isaak est aussi pâle qu’un mort. L’obscurité de votre précédente position avait fait le chance jusqu’à présent mais tu te rendais bien compte que, malgré qu’il essayait de le cacher, il était affaibli par le traitement qu’il venait de s’infliger. Si tu ne retires pas ta main de la sienne, tu entreprends de le soutenir du mieux que tu le pouvais en accrochant ton bras au sien, ralentissant l’allure pour ne pas le faire souffrir plus que nécessaire. Tu ne dis rien, tu sais qu’il se bornerait à dire qu’il allait bien. Force était de constater que ce n’était pas le cas. Tu étais simplement reconnaissante qu’il ne t’ait pas écartée, une fois de plus.
« Nous y voilà. » Tu tournes la clé dans la serrure et ouvre la porte d’un geste avant d’inviter Isaak à te précéder dans l’appartement. « Entre je t’en prie fais comme chez toi. » Tandis qu’il traverse l’entrée et le couloir sur tes indications pour aller dans le salon tu enlèves ton écharpe, ton manteau et tes chaussures en vitesse. Tu jettes un coup d’oeil dans les pièces et le jardinet qui se trouve en fond de cours mais Gideon avait pris Burton avec lui en partant. Au moins tu pourrais concentrer toute ton attention sur le Russe. « Ne fais pas attention on a pas encore fini de tout ranger. » Un bruit sourd attire ton attention et tu passes la tête dans le cadre de la porte pour découvrir l’étudiant visiblement abattu sur le canapé qui avait cédé sous lui. Tu secoues la tête : « Ce n’est rien t’en fais pas… » Tu tentes de rassurer Isaak avec un sourire et entreprends de te diriger vers lui d’un pas léger, faisant terre les inquiétudes de ton esprit qui s’agite tu l’invites à te donner sa veste que tu déposes sur le dossier d’une chaise. « Reste tranquille, je reviens de suite. » Un dernier regard et tu disparais dans l’autre pièce : cherchant la trousse à pharmacie que tu avais soigneusement conservée : ce n’était pas tout de vivre au milieu des sorciers, tu ne pouvais faire disparaitre tes blessures et maux d’un coup de baguette. Face au miroir de la pièce tu tu soupires un instant : les cernes qui étaient apparus sous tes yeux au fil des semaines donnaient un aspect encore plus sombre à ton regard. D’un geste tu t’asperges le visage d’eau pour faire disparaitre les vestiges de tes larmes et entreprends de regrouper ce qu’il te semblait utile pour panser les blessures du sorcier.
Tu ne t'attardes pas, tu as peur qu'il se soit envolé, comme la dernière fois.
Et tu ne peux t'empêcher de scruter tous les bruits qui pouvaient t'indiquer qu'il était encore là tandis que tu fais le chemin inverse jusqu'au salon.
« Bandages, glace pour ton oeil. » Tu fais l’inventaire de tes trouvailles et les déposes sur la table basse qui se trouvait devant le canapé quelque peu affaissé et termine par la bouteille que tu avais récupérée auparavant dans la cuisine : « Et whisky. » T’asseyant sur l’accoudoir du canapé, non loin du Wright tu t’étires, récupères quelques cotons que tu asperges de désinfectant et viens prendre son menton entre les doigts pour le faire se tourner vers toi : « Ne bouge pas, laisse moi faire. » Le ton est à la fois autoritaire et teinté d’une certaine douceur tout comme ton regard qui balaie son visage tandis que tu fais glisser, tu espères le moins douloureusement possible le coton sur les plaies du sorcier. Tu retiens une grimace, le sang, tu détestais ça et certaines de ses blessures étaient plus profondes que tu ne l’aurais cru au premier abord. Mais tu t’emploies à ta tâche avec application : tout pour effacer les traces de cette altercation. « Regarde-moi. » Lui demandes-tu doucement, tu scrutes son visage et ton regard accroche quelques secondes le sien : « Ne fais plus de peurs comme ça. Jamais. » Je ne pourrais pas supporter de te perdre. Tu tais la fin de ta pensée, trop fière, trop pudique pour avouer à quel point cette idée créait en toi un sentiment de panique.
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Re: (isavena) when it's dark out it keeps glowing.
Mer 6 Déc 2017 - 17:42
WHEN IT'S DARK OUT IT KEEPS GLOWING.
ravena & isaak
Every night I try my best to dream tomorrow makes it better. Then I wake up to the cold reality and not a thing is changed. And the salt in my wounds isn't burning anymore than it used to. It's not that I don't feel the pain, it's just I'm not afraid of hurting anymore. And the blood in these veins isn't pumping any less than it ever has. And that's the hope I have, the only thing I know that's keeping me alive.
Il n’avait finalement fallu qu’un an pour que la glace se reforme et que les questions se forment. Mais seulement quelques heures avaient suffi à détruire, avec lenteur mais ferveur, les barricades érigées l’un contre l’autre. J’ignorais si c’était le sort ou Ravena, mais je caressais l’idée que ces barrières étaient faites pour surtout empêcher nos natures d’être. Elle, l’être le plus magique qui ait jamais croisé mon chemin, s’était durablement construit une place de choix. Si nos destins étaient liés, si nous devions être maudits, je préférais plutôt rester à ses côtés que de l’abandonner. Je croyais naïvement dans l’idée de pouvoir la protéger, des autres, et de moi. Sans moi, Ravena vivrait sans nul doute heureuse, n’aurait pas eu à mettre les pieds dans ce commissariat moldu où les barreaux pouvaient briser ses ailes, non, elle n’aurait eu qu’à rentrer paisiblement. Tout ne pouvait être rationnel et routinier. Certains l’appellent magie, d’autre aléa, et la plupart Dieu. La magie était partout, elle était irrésistible, imprévisible, incontrôlable. Désinvolte, à l’image de la jeune sorcière. Père, puissant sorcier de la terre des Tsars, n’était ni grand ni respecté. Son rigorisme à l’égard de la magie en faisait quelqu’un de sombre et de consumé, voire condamné. J’eus compris que la magie n’était pas la puissance mais bien plus lorsque, dans un ascenseur de Saint-Pétersbourg, j’avais bien failli écraser une jeune sorcière aux cheveux ébènes. La magie n’est pas puissante lorsqu’on la contrôle, mais lorsqu’on la laisse faire et qu’elle embrasse et embrase chaque parcelle du corps, réveille les tréfonds des âmes, même des plus damnées. Père n’a désormais ni l’un ni l’autre. Il n’a plus vie, ni magie. Je doute qu’il ait un jour compris, et je lui en voulais. Peut-être que s’il avait compris, il n’aurait pas fait fuir Ravena. Peut-être que s’il avait compris, son cœur continuerait de battre.
Je secoue la tête, revenant à Ravena, qui comparait alors Raspoutine à une vulgaire carte. J’émets un grognement, et enveloppe malgré tout un peu plus sa main dans la mienne. Malgré le rire et la pâleur, je me rattachais à elle. Je le lui montrais, sans jamais lui avouer, enfermé dans un jeu dont j’avais hérité des règles. Sa main vient essuyer ses joues, alors que le pouce de ma main libre finir ce qu’elle a entrepris. A ce moment, je voulais lui ouvrir un peu plus ce qu’elle pouvait provoquer en moi. Je voulais lui présenter des excuses, à la fois pour trop et pas assez, à la fois tout et rien. Je voulais lui promettre sans la condamner, sans que mes mots ne clouent ses ailes. Je voulais tant, et pourtant si peu à la fois. La fille aux cheveux de jais me faisait perdre toute notion, me poussant dans un de ces désarrois que l’on ne saurait assumer et je n’avais jamais été aussi en paix qu’à ses côtés. Je penche la tête, lui souris sincèrement pour la première fois depuis la Russie. « Les avions moldus ont bien besoin de terre pour s’envoler, non ? » C’était un monde qu’elle connaissait mieux que moi, peut-être me trompai-je. Je baisse la tête un court instant, sentant mes joues livides se teinter légèrement. « Merci. » Elle soupire, et je ris à nouveau. Je n’ai qu’à hausser les épaules, parce que je savais qu’elle avait raison. L’orgueil me perdra et parviendra à la perdre elle. Les runes n’avaient pas de mystère. C’était un étrange pressentiment. Plutôt que de lui accorder, je demeure silencieux. Pour bien lui montrer qu’elle avait raison, la glace réapparait. Indécis, je criais à coup de battements silencieux que j’avais besoin d’elle. Je croise les bras, lutte, et pour autant, Ravena parvient à se frayer un chemin, prenant ma main dans la sienne. Le silence, et pourtant je ressentais le besoin d’exploser mais les mots me manquaient. Les mots blessaient, leur absence était probablement tout aussi dévastatrice.
La clé tourne dans la serrure, le son est délicat, presque apaisant. Ralenti, je regarde Ravena, avec un peu trop d’insistance avant d’entrer chez elle. Je lui souris, manque un battement de cœur et baisse la tête, en signe de remerciement. La chaleur est immédiate, et je traverse l’entrée, le couloir, focalisé sur la nécessité de ne pas tomber, ni aujourd’hui ni demain. Ni jamais. « C’est parfait, c’est chez toi. » Au même moment, je m’assieds lourdement -il suffisait juste que j’y mette mon poids, sur son canapé et ses pieds cèdent, il s’en retrouve affaissé. Je n’étais bon qu’à détruire, à rendre imparfait ce qui était exempt de défauts. Ravena sourit, alors qu’en retour je n’ai qu’un sourire gêné à lui offrir. Je lui donne ma veste, tâtant une dernière fois de ne rien avoir perdu sur le chemin, comme s’il n’y avait que cet écrin qui m’importait. J’émets un grognement, lui obéissant à ne plus bouger de peur de casser autre chose. Mais la curiosité est trop forte. Mes doigts parcourent les objets sur la table basse, je fais tomber quelques objets et m’empresse de les ramasser, comme un enfant. Je soulève mon t-shirt et observe l’hématome. Quelle idée. J’hésite entre le besoin de ne pas être une corvée pour elle et de rester digne. L’hésitation me fait perdre du temps, et Ravena revient, les bras chargés de ses trouvailles. Bandages, glace et whisky. La sorcière aux cheveux de jais s’installe sur l’accoudoir alors que je n’ose plus la regarder dans les yeux. Je m’exécute, allant même jusqu’à m’empêcher de respirer trop fort. Les cotons imbibés d’un désinfectant me poussent à émettre des grognements. Le liquide piquait et j’étais de ceux qui laissaient les plaies se cicatriser seules plutôt que de chercher à les soigner. Les gestes de Ravena sont doux, délicats, je frissonne, priant Merlin pour qu’elle ne le remarque pas, ou qu’elle s’imagine que ce n’est que le résultat du froid.
Mes paupières se ferment, sous sa douceur. Les plaies étaient douloureuses, mais j’avais l’impression de ne plus rien sentir à ses côtés. Je me concentrais sur son contact, capitulant entièrement. Que pouvait-il y avoir de mal ? Mes yeux se lèvent vers elle, pour une fois c’est à moi de lever la tête pour la regarder. Je plonge mon regard dans le sien, capture sa main et lui souris. « Ca fait beaucoup d’ordres pour une soirée tu crois pas ? » Mon sourire rassurant se mue en sourire mutin alors que je relâche sa main pour attraper la bouteille de whisky et lui tendre. « T’es plus pâle qu’une sirène. » Je m’attarde sur son regard, inquiet de devoir lui faire traverser cette soirée misérable. Mon sourire s’évanouit alors que j’approche mon visage du sien, apposant mon front au sien. « Je ferai de mon mieux. Mais reste dans les parages, on sait jamais. » Je m’écarte, reprenant une distance convenable avant de boire une longue gorgée de whisky, sentant le liquide brûlant descendre dans mes entrailles gelées. « Je te dois un canapé. » Je me gratte l’arrière du cuir chevelu et pose la glace sur mon œil en la regardant presque béatement. Elle m’avait manqué, et je commençais juste à découvrir à quel point. Je finis par me redresser et attrape les bandages en commençant à me dévêtir. Je relève alors la tête, raclant la gorge et regarde Ravena, gêné. « Est-ce que tu peux, enfin.. » Persuadé que la fille aux cheveux de jais s’était exécutée, en toute confiance, j’enlève mon t-shirt et commence à appliquer les bandes autour de mes côtes en grognant et râlant, confondant vitesse et précipitation, elles-mêmes mêlées à la peur de finir pas trop en dévoiler.
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Re: (isavena) when it's dark out it keeps glowing.
Dim 10 Déc 2017 - 19:06
Sa main termine de sécher tes larmes mais pourtant, c’est son sourire qui se révèle être le meilleur des remèdes : comme si pour une fois les barrières qui s’étaient érigées entre vous, murs de glace qui avaient semblé infranchissables, s’écartaient finalement pour vous permettre de vous retrouver. Au final, elles n’étaient pas bien épaisses, car il avait suffit de quelques jours pour retrouver ce qui avait été à vous là-bas dans les grandes plaines de Russie. Malgré la nuit, malgré cette soirée qui aurait pu prendre des teintes dramatiques, tu retrouvais Isaak : et cette idée suffit à délier ton estomac serré par le spectacle des os qui se ressoudent.
Même s’il se referme, même s’il tente à nouveau de s’éloigner : tu sais bien que vous parviendrez une nouvelle fois à passer au delà des montagnes : et si tu dois faire le chemin seule jusqu’à son côté, tu ne rechignerais pas si c’est pour le voir sourire à nouveau. C’est pour cela que tu n’avais pas laissé le Russe s’écarter, pour ça que ton bras reste accroché au sien tandis que vous marchez et que tu t’empresses de le retrouver après avoir regroupé tout le nécessaire une fois arrivés dans l’appartement.
Assise près de lui, tu prends ta tache très au sérieux, pansant chacune des entailles avec un soin égal tu veilles à ne pas lui faire mal et reste la plus douce possible tandis que tu fais glisser les coton sur ses plaies. De même, même si ta voix garde les intonations froides que tu as embrassées des années durant, ton regard est doux lorsqu’il croise le sien et tes doigts caressent lentement les siens lorsqu’il capture ta main, la tempête semblait loin derrière vous désormais. « C’est seulement parce que tu as perdu l’habitude… » Tu laisses échapper un léger rire, un peu gênée avant de passer une main dans tes cheveux : l’inquiétude te rendait plus autoritaire, tu le savais, les impondérables te faisaient rapidement paniquer. La magie en était un, les émotions aussi, et tu cherchais à t’échapper de tout ça, en permanence. Mais pas ce soir, tu ne fuirais pas, pas face à lui que tu avais enfin l’impression de retrouver. « Ne t’en fais pas, je vais bien. » Et comme pour faire passer ton mensonge, tu prends une longue gorgée de la boisson avant fermer quelques instant les yeux lorsqu’il pose son front contre le tien. Tu ne restes dans dans le noir bien longtemps, mais tes doigts, malgré le contact de vos fronts, sont venus accrocher à nouveau les siens pour l’empêcher de s’envoler. Tu avais peur, peur qu’il disparaisse comme il l’avait déjà fait, et tu ne comprenais même pas à quel point. Tu rouvres les yeux, et il est toujours là, ton sourire se reflète dans tes yeux qui se vissent dans les siens, tu retiens légèrement ta respiration, comme si ton immobilisme pouvait tromper le temps qui s’égrainait sans cesse. « Je serais là… » Le murmure n’était audible que pour lui mais il résonnait comme un hurlement dans ton esprit : sans même en avoir peur, tu t’enchainais à ces terres, toi, l’oiseau qui n’avait jamais reposé ses ailes. Mais comme vous ne pouviez pas rester ainsi éternellement, il finit par s’éloigner. Tu lâches sa main et croises les bras en secouant légèrement la tête, faisant voleter les mèches brunes autours de ton visage : « Ce n’est rien je te dis, je suis sûre que c'est réparable. »
La gêne d’Isaak te fait sourire et tu acquiesces d’un geste de la tête. « Oui oui bien sur… » Tu fais mine de te tourner, pendant quelques secondes tu le laisses s’escrimer mais tu entends bien ses râles et finis par te retourner à nouveau vers lui. « Tu vas te faire encore plus mal. » Tu fais une moue et te lèves pour te retrouver à sa hauteur. « Allez, laisse moi faire… » Tu lui prends avec douceur le bandage des mains et entreprends de reprendre ce qu'il faisait avec application. « Promis je ne répéterai pas que je t’ai aidé. » Tu essayes de dédramatiser pour qu’il ne se vexe pas, tout le monde avait besoin d’aide un jour ou l’autre et il devait savoir, depuis le temps, que tu n’avais que de louables intentions lorsqu’il s’agissait de lui. Incapable de la moindre méchanceté gratuite en temps normal tu n’étais pas la dernière lorsqu’il s’agissait de prendre soin de tes proches. Tes mains frolent quelques fois sa peau et tu te recules immédiatement : « Désolée j’ai les mains froides. » Quelques secondes plus tard, tu as terminé et exerces une légère pression sur le bout de bandage pour qu'il reste en place : « Ça devrait te soulager un peu. » Conclus-tu avec un léger sourire. Tu relèves les yeux vers lui, tu ne t’étais pas rendue compte que tes gestes t’avaient poussée à te rapprocher de lui plus que tu ne l’aurais cru. Et si ton premier réflexe est de chercher à t’éloigner légèrement ton regard est accroché par le sien et tu restes figée quelques secondes, à rechercher au fond de ses yeux des réponses à des questions que tu ne savais même pas poser. Ta main libre vient caresser doucement sa joue, comme muée par autre chose que ta propre raison et tu détailles ses traits du bout des doigts, évitant les entailles et hématomes. Et ton coeur manque un battement lorsque ta main finit par se détacher de son torse. A regrets tu détournes le regard, sentant le feu de monter légèrement aux joues, peu habituée à te retrouver si proche de quiconque, et encore moins de lui. Tu t’appuies à nouveau sur l’accoudoir du canapé, sans t’éloigner de trop du Russe et t’étires pour attraper à nouveau la bouteille et prends un nouvelle gorgée pour faire passer ta gêne. Une nouvelle grimace mais le rose qui colore tes joues est plus lié à l’alcool désormais qu’à votre précédent rapprochement. Mais tu sens toujours ton coeur tambouriner dans ta poitrine, et résonner dans tes oreilles dans un bruit entêtant. Tentant de le surpasser tu reprends d’une voix douce en relevant à nouveau les yeux vers le sorcier : « Tu as besoin de quelque chose ? » Tu n’oses pas lui demander directement s’il va bien. Tu sais ce qu’il te répondra, et tu sais que cela ne sera que la vérité teintée de la fierté de l’Est : Isaak ne te trompera pas avec ses paroles mais tu savais bien qu’il y avait des choses qui ne changeraient jamais. Même si vous essayiez de modifier la course des astres, il était toujours aussi fier, et toi toujours aussi insaisissable. Et si vous vous plaisiez dans cet équilibre précaire, à l’époque, tu n’avais pas envie de te risquer à tomber alors que peut-être, il ne serait pas là pour te rattraper.
isavena
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Même s’il se referme, même s’il tente à nouveau de s’éloigner : tu sais bien que vous parviendrez une nouvelle fois à passer au delà des montagnes : et si tu dois faire le chemin seule jusqu’à son côté, tu ne rechignerais pas si c’est pour le voir sourire à nouveau. C’est pour cela que tu n’avais pas laissé le Russe s’écarter, pour ça que ton bras reste accroché au sien tandis que vous marchez et que tu t’empresses de le retrouver après avoir regroupé tout le nécessaire une fois arrivés dans l’appartement.
Assise près de lui, tu prends ta tache très au sérieux, pansant chacune des entailles avec un soin égal tu veilles à ne pas lui faire mal et reste la plus douce possible tandis que tu fais glisser les coton sur ses plaies. De même, même si ta voix garde les intonations froides que tu as embrassées des années durant, ton regard est doux lorsqu’il croise le sien et tes doigts caressent lentement les siens lorsqu’il capture ta main, la tempête semblait loin derrière vous désormais. « C’est seulement parce que tu as perdu l’habitude… » Tu laisses échapper un léger rire, un peu gênée avant de passer une main dans tes cheveux : l’inquiétude te rendait plus autoritaire, tu le savais, les impondérables te faisaient rapidement paniquer. La magie en était un, les émotions aussi, et tu cherchais à t’échapper de tout ça, en permanence. Mais pas ce soir, tu ne fuirais pas, pas face à lui que tu avais enfin l’impression de retrouver. « Ne t’en fais pas, je vais bien. » Et comme pour faire passer ton mensonge, tu prends une longue gorgée de la boisson avant fermer quelques instant les yeux lorsqu’il pose son front contre le tien. Tu ne restes dans dans le noir bien longtemps, mais tes doigts, malgré le contact de vos fronts, sont venus accrocher à nouveau les siens pour l’empêcher de s’envoler. Tu avais peur, peur qu’il disparaisse comme il l’avait déjà fait, et tu ne comprenais même pas à quel point. Tu rouvres les yeux, et il est toujours là, ton sourire se reflète dans tes yeux qui se vissent dans les siens, tu retiens légèrement ta respiration, comme si ton immobilisme pouvait tromper le temps qui s’égrainait sans cesse. « Je serais là… » Le murmure n’était audible que pour lui mais il résonnait comme un hurlement dans ton esprit : sans même en avoir peur, tu t’enchainais à ces terres, toi, l’oiseau qui n’avait jamais reposé ses ailes. Mais comme vous ne pouviez pas rester ainsi éternellement, il finit par s’éloigner. Tu lâches sa main et croises les bras en secouant légèrement la tête, faisant voleter les mèches brunes autours de ton visage : « Ce n’est rien je te dis, je suis sûre que c'est réparable. »
La gêne d’Isaak te fait sourire et tu acquiesces d’un geste de la tête. « Oui oui bien sur… » Tu fais mine de te tourner, pendant quelques secondes tu le laisses s’escrimer mais tu entends bien ses râles et finis par te retourner à nouveau vers lui. « Tu vas te faire encore plus mal. » Tu fais une moue et te lèves pour te retrouver à sa hauteur. « Allez, laisse moi faire… » Tu lui prends avec douceur le bandage des mains et entreprends de reprendre ce qu'il faisait avec application. « Promis je ne répéterai pas que je t’ai aidé. » Tu essayes de dédramatiser pour qu’il ne se vexe pas, tout le monde avait besoin d’aide un jour ou l’autre et il devait savoir, depuis le temps, que tu n’avais que de louables intentions lorsqu’il s’agissait de lui. Incapable de la moindre méchanceté gratuite en temps normal tu n’étais pas la dernière lorsqu’il s’agissait de prendre soin de tes proches. Tes mains frolent quelques fois sa peau et tu te recules immédiatement : « Désolée j’ai les mains froides. » Quelques secondes plus tard, tu as terminé et exerces une légère pression sur le bout de bandage pour qu'il reste en place : « Ça devrait te soulager un peu. » Conclus-tu avec un léger sourire. Tu relèves les yeux vers lui, tu ne t’étais pas rendue compte que tes gestes t’avaient poussée à te rapprocher de lui plus que tu ne l’aurais cru. Et si ton premier réflexe est de chercher à t’éloigner légèrement ton regard est accroché par le sien et tu restes figée quelques secondes, à rechercher au fond de ses yeux des réponses à des questions que tu ne savais même pas poser. Ta main libre vient caresser doucement sa joue, comme muée par autre chose que ta propre raison et tu détailles ses traits du bout des doigts, évitant les entailles et hématomes. Et ton coeur manque un battement lorsque ta main finit par se détacher de son torse. A regrets tu détournes le regard, sentant le feu de monter légèrement aux joues, peu habituée à te retrouver si proche de quiconque, et encore moins de lui. Tu t’appuies à nouveau sur l’accoudoir du canapé, sans t’éloigner de trop du Russe et t’étires pour attraper à nouveau la bouteille et prends un nouvelle gorgée pour faire passer ta gêne. Une nouvelle grimace mais le rose qui colore tes joues est plus lié à l’alcool désormais qu’à votre précédent rapprochement. Mais tu sens toujours ton coeur tambouriner dans ta poitrine, et résonner dans tes oreilles dans un bruit entêtant. Tentant de le surpasser tu reprends d’une voix douce en relevant à nouveau les yeux vers le sorcier : « Tu as besoin de quelque chose ? » Tu n’oses pas lui demander directement s’il va bien. Tu sais ce qu’il te répondra, et tu sais que cela ne sera que la vérité teintée de la fierté de l’Est : Isaak ne te trompera pas avec ses paroles mais tu savais bien qu’il y avait des choses qui ne changeraient jamais. Même si vous essayiez de modifier la course des astres, il était toujours aussi fier, et toi toujours aussi insaisissable. Et si vous vous plaisiez dans cet équilibre précaire, à l’époque, tu n’avais pas envie de te risquer à tomber alors que peut-être, il ne serait pas là pour te rattraper.
- InvitéInvité
Re: (isavena) when it's dark out it keeps glowing.
Lun 11 Déc 2017 - 16:10
WHEN IT'S DARK OUT IT KEEPS GLOWING.
ravena & isaak
Every night I try my best to dream tomorrow makes it better. Then I wake up to the cold reality and not a thing is changed. And the salt in my wounds isn't burning anymore than it used to. It's not that I don't feel the pain, it's just I'm not afraid of hurting anymore. And the blood in these veins isn't pumping any less than it ever has. And that's the hope I have, the only thing I know that's keeping me alive.
Petit à petit, le filet du Diable cessait d’exercer sa force de constriction. A mesure que l’obscurité provoquée par les barrières érigées fièrement s’émiettaient, la lumière transparaissait, les fendant dans une facilité insolente. Rien n’était pourtant facile, encore moins quand Ravena était loin. Pourtant, il n’y avait pas plus beau spectacle que de la voir revenir, au début de chaque été pendant trois ans. Elle revenait, puis partait. Et à chaque fois, je sentais mon palpitant se reconstruire pour mieux s’effondrer. La sorcière apportait couleur et joie, elle apportait sa propre magie, bien qu’elle en soit dépourvue et c’était ce qui la rendait incroyable, digne des plus grands mythes et autres contes. Si seulement, ô si seulement elle pouvait se voir. Je me trouvais indigne d’effeuiller la moindre de ses pages, d’effleurer la moindre plume de ses ailes. J’étais pétrifié à l’idée de la gâcher et de briser ses élans. Peut-être n’étais-je pas digne d’un tel pouvoir, et vraisemblablement cela devait être le cas. Je ne pouvais lui en vouloir, je ne pouvais que l’en remercier. Ce n’est pas au plus près du soleil qu’on peut en admirer les plus grands spectacles.
Je me surprenais pourtant à vouloir, pour une fois, être brûlé volontairement par la caresse de ses doigts, la douceur de son regard et ses sourires étincelants. J’ignorais alors si le sort ne provoquait pas quelques effets indésirables, ou si ma tête n’avait heurté un peu trop brutalement le bitume. Son rire s’envole, résonne dans la pièce. J’avais oublié la mélodie, sa mélodie. J’esquisse un large sourire mutin à sa remarque. Il était vrai que souvent Ravena se perdait entre l’inquiétude et la sévérité, notamment lorsque l’inconnu venait à se rapprocher un peu plus d’elle et effleurer sa peau, comme les sauts dans la mer de Barents, du haut de certaines falaises près de Teriberka. L’eau y était gelée, mer de l’océan Arctique, je n’hésitais pas à convaincre Ravena de ses biens faits, notamment la première fois, où j’étais laissé tomber du bord. Depuis le début, je n’avais été bon qu’à lui causer de l’inquiétude, ou de la peine. Parfois les deux. Son teint devient blême, je la regarde prendre une longue gorgée de whisky et ne tarde pas à en faire de même avant d’apposer mon front contre le sien. Je n’irais nulle part, ni ce soir, ni demain. Rester avec la jeune sorcière me forçait à un constat perturbant, où je me rendais compte que plus je restais, plus j’avais besoin de sa présence, et moins je pouvais être capable de la revoir partir un jour sans en sortir indemne. Lorsque son murmure vient caresser mon oreille, je sens ma main se crisper sur la sienne, mes doigts se mêler aux siens. Ma mâchoire se serre alors que je sens la mécanique de mon cœur s’accélérer, et même s’emballer. J’échappe un soupir de soulagement et souris comme je n’ai jamais souri auparavant, à la fois béat et sincère, soulagé d’un poids devenu bien trop lourd. J’éloigne lentement mon front du sien, la regarde longuement comme si l’enfant au cœur tendre revenait à la vie, un court instant, probablement juste une seconde où j’avais laissé mes yeux sortir de leur froideur habituelle. Ses mèches volent lorsque Ravena secoue la tête, alors que je me promets de lui trouver un nouveau canapé. « J’en doute. Je suis plutôt bon pour casser des choses. Quand je le fais, je le fais toujours bien. » Je lui souris et reprends une gorgée de whisky.
La sorcière aux cheveux de jais se tourne un instant, assez pour me laisser le temps de lui faire face à nouveau et ne pas avoir à susciter de questions, auxquelles je n’aurais pas pu apporter de réponses, ou du moins seulement silencieusement. Rassuré qu’elle n’y voit que de la fierté mal-placée, je baisse les bras et lui tends le bandage. « Je compte sur ta discrétion. Imagine ce qu’on puisse dire après, que je pourrais avoir besoin de toi et que tu te laisserais avoir. » Je ris légèrement et tousse lorsque je me rends compte que j’ai bien failli trop en dire encore. Ses mains froides sur ma peau chaude provoquent l’effet d’un coup d’éclair alors que mes muscles se tendent à chaque fois que je sens ses mains dans mon dos. « Ne t’inquiètes pas, tout va bien. » Je pose ma main sur la sienne, remarquant notre nouvelle promiscuité sans trouver le besoin d’y remédier. Je serre en peu plus sa main sur mon torse, l’encourageant même à y rester. Son autre main caresse mon visage, et j’en profite alors pour replacer certaines de ses mèches derrière son oreille. Le temps semble alors s’être arrêté. Mon souffle devient plus calme, apaisé et je n’arrive plus à détourner le regard de Ravena. J’entrouvre mes lèvres, sans pour autant arriver à formuler le moindre mot. Mes yeux scrutent ses traits, s’attardant un peu trop sur ses lèvres. Sa main sur mon torse provoque des battements puissants, sans pour autant être lourds. Elle finit par regarder ailleurs et je me rends compte à quel point j’avais pu être proche d’elle. Assez pour sentir son souffle effleurer ma peau, assez pour ressentir ses effluves alcoolisées. Je déglutis et recule à mon tour. Je reprends aussitôt la bouteille, buvant une grande gorgée.
Je lui souris et la regarde à nouveau, longuement, presque prêt à dessiner ses traits si j’avais su dessiner. Je bois à nouveau, sentant à la fois l’alcool et l’effet du sort s’accumuler, et surtout l’effet du sort l’emporter. Je tends mon bras, laisse mon pouce graver la forme de ses traits sur ma peau. Je redessine son visage fin, avec une délicatesse inédite dont je n’avais jamais fait preuve, à l’égard de quiconque. Enfin, je me décale, l’entraînant brusquement sur le canapé détruit. « J’aurais pu dire d’une meilleure compagnie mais je l’ai déjà. Ah j’aurais bien besoin de retrouver ces moldus pour leur en mettre une. » Maintenant que j’avais une raison de me battre et d’espoir. « Tout est parfait, j’ai tout ce qu’il me faut grâce à toi. » Je lui souris et sans plus véritablement répondre de mes gestes ou de mes mots, perdu dans un monde inconnu, mes bras capturent Ravena, désormais seul repère. Plongé dans un état de léthargie, mes paupières se closent alors que ma main vient capturer la sienne, entremêlant ses doigts aux miens. Je ne craignais alors plus rien, ni même demain, où le poids de mes mots ressurgira, où mes gestes auront à trouver une raison. Mais que dire lorsque tout sort hors de toute raison ? Peut-être était-ce le son d’une nouvelle mélodie, moins cérébrale, moins mécanique, bien plus vivante et incontrôlable, dangereuse pour les fiers que nous étions et irrésistible pour le plus petit des êtres aspirant à la vie.
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