J’en crois pas mes oreilles. Non seulement il veut me donner de l’argent mais en plus il veut carrément travailler pour le garder pour moi. Est-ce qu’il se rend seulement compte de ce qu’il est en train de me proposer ? Ce serait de l'esclavage, purement et simplement. Des raisons valables de l’en empêcher j’en ai plein. Et je ne me fais pas prier pour lui exposer la première.

- Arrête avec cette histoire de dette. Tu ne me dois rien. Et puis inutile d’insister, tu ne vas pas travailler pour moi.

Il sourit.

- Alors ça sera juste régulièrement Noël.

Je soupire. Merde, on dirait que j’ai trouvé aussi tête de mule que moi. À part mon frère je veux dire. Qu’est-ce qui m’a pris aussi de lui expliquer tout ça. C’est justement pour éviter ce genre de situation que je ferme ma gueule d’habitude. Je ne veux pas la charité, ni me créer une dette que je ne pourrai jamais rembourser.

- Pourquoi tu fais ça ? Tu me connais à peine, tu connais même pas mon frère.

C’est à mon tour de pointer le doigt vers lui sans vraiment m’apercevoir que j’imite le geste qu’il a fait un peu plus tôt.

- Et ne me dis pas que c’est parce que tu m’as balancé un sortilège raté y a plus de cinq ans.

Il renifle avec un air satisfait sur le visage.

- J'ai un bon nez pour flairer les gens. Et toi, pourquoi tu m'as fait venir ce soir ? Tu ne me connais pas plus, pourtant je suis chez toi sur ton canapé. Et tu m'as même fait à manger.

Je hausse les épaules pour répondre comme si c’était une évidence.

- Tu m’as aidée ce soir. Et puis tu t’es dépensé avec ce pari…

Je marque une légère pause comme si je me souvenais soudain de quelque chose. Avec tout ça, j’en ai oublié les efforts qu’il a fournis pendant que moi je comptais tranquillement. J’ajoute alors.

- D’ailleurs je t’ai même pas proposé. Si tu veux prendre une douche tu peux.

Je regarde l’écran du coin de l’œil quand Zeno allume son téléphone pour voir l’heure en même temps que lui. Il est tard c’est vrai, mais je suis presque un peu déçue qu’il le souligne. Je serais bien restée à discuter encore un peu. Mais bon je ne vais pas non plus le forcer à veiller jusqu’à pas d’heure.

- Je pense que je vais rester ici pour une fois. Tu peux dormir là aussi si tu veux.

Alors que j’ai proposé ça le plus spontanément du monde, il ne cache pas surprise.

- Et tu m'offres même de dormir ici ? T'as peur de rien.

Je hausse les épaules.

- De quoi j’aurais peur. Et puis la chambre de mon frère est disponible.

Il rit légèrement.

- Pourquoi tu t'es aussi généreuse ?

Je le regarde un peu étonnée. En général on me fait remarquer que je suis trop franche ou trop spontanée. Mais généreuse, c’est la première fois que quelqu’un le souligne comme ça. Pourtant je ne vois rien d’extraordinaire dans ma proposition.

- Comment ça ?
- Tu m'ordonnes de venir ce soir, je m'attends à en prendre plein la tronche. À la place on passe un moment sympa, on regarde les étoiles, tu m'invites, m'offres à manger, me propose une douche et même de dormir.

Encore une fois je hausse les épaules.

- C’était pas vraiment un ordre tu sais. Je pensais même que tu viendrais pas.
- Mais je suis venu.
- Du coup tu veux rester ou tu préfères rentrer ?

Il semble hésiter un instant.

- Ça dépend de ce que tu me proposes. Tu veux dormir maintenant ?

Ce serait le plus raisonnable c’est certain. Mais comme il l’a dit on passe un moment sympa et c’est pas souvent que je m’accorde un peu de temps pour moi comme ça. J’aimerais bien prolonger un peu la soirée. Mais bon après je ne veux pas le forcer non plus. alors pour changer je hausse les épaules.

- Comme tu veux. Je suis pas spécialement fatiguée.

J’ajoute presque aussitôt.

- Et j’étais sérieuse pour la douche. Je dois pouvoir trouver un truc à te prêter dans les affaires de mon frère si tu veux.

Dès que Zeno disparait dans la salle de bain, je me lève pour aller fouiller dans l’armoire de mon frère. C’est certain qu’il n’a pas le même gabarit, il n’a même pas fini de grandir. Ce qui n’arrange pas mes finances d’ailleurs… mais je sais qu’il a quelques t-shirts trop grands pour lui et dans lesquels il nage un peu. Ça devrait faire l’affaire. Reste juste à en trouver un qui est resté ici et qu’il n’a pas avec lui à l’internat. Je ne tarde pas à mettre la main sur quelque chose qui fera l’affaire. Logan risque de m’en vouloir de prêter son t-shirt collector Mario Kart mais pour être honnête, je m’en fiche. Je retourne donc dans le salon pour débarrasser nos assiettes et quand Zeno sort de la salle de bain, je lance le t-shirt dans sa direction.

- Tiens, il est trop grand pour lui celui-là, ça devrait t’aller.

Il regarde le t-shirt silencieusement avant de demander en l’enfilant.

- Ça serait pas Mario Kart dessus ?

Je hoche la tête.

- Si. Mon frère est fan.
- Et tu joues pas toi ? Quand j'étais gosse, avant d'aller à Poudlard, j'avais un ami qui m'avait fait tester.

Il revient s’asseoir sur le canapé.

- Si, souvent même.
- Tu as le jeu ici ?

Il semble tout à coup très intéressé par cette idée et tout en désignant le coin télé, je propose naturellement.

- Oui, il est là. Tu veux faire une partie ?
- Et prendre ma revanche ? Évidemment.

Je souris en me levant pour aller allumer la console, la télé et rapporter les manettes. Je lui en tends une tout en demandant.

- Tu as dit que tu avais testé une fois c’est bien ça ?
- J'y ai quand même joué quelques fois. C'est pas mal populaire chez les moldus si je me trompe pas.
- Assez oui.

Je navigue dans les menus avec une rapidité qui trahit l’habitude et sélectionne le mode de jeu. Il a dit vouloir prendre sa revanche hein ? On va voir comment il se débrouille en 200cc. Je sens que ça promet d’être amusant quand je le vois tourner la wiimote et le nunchuk que je lui ai donnés entre ses mains et demander.

- ... c'est une manette ce truc ?

Je suis juste assez fair-play pour lui montrer comment les tenir avant de le laisser se débrouiller pour choisir son personnage et son kart. Je sens que je vais bien m’amuser.

Je dois admettre que je m’amuse beaucoup à le voir galérer. Autant qu’à voir la façon dont il s’y prend. Il s’est tellement penché pour prendre un virage un peu serré à un moment que je suis demandée s’il n’allait pas tomber du canapé. Lorsqu’il me demande si j’ai mis le mode difficile, j’affiche l’expression la plus innocente du monde.

- Bien sûr. Tu avais l’air sûr de toi en parlant de prendre ta revanche alors…

Il plisse les yeux en rétorquant.

- La prochaine fois rappelle moi de te faire faire des squats pendant que je compte, hein !

Moi faire des squats ? Alors que je passe déjà mes journées à courir à droite et à gauche. Et puis quoi encore ! C’est pas près d’arriver. Je ris franchement.

- Tu peux toujours rêver.
- On devient bon seulement en s'entrainant tu sais ? Pareil pour Mario Kart...

Tout en parlant, je lance une nouvelle partie, plus facile cette fois.

- Je passe déjà mes journées à courir, c’est suffisant.

Il me regarde brièvement avant de commenter.

- T'es bien comme t'es. Tu me conseilles quel perso ?

Je le regarde un instant, surprise par ce changement subit de conversation pour revenir au jeu. Je suppose que c’est un compliment mais j’avoue qu’il a enchainé tellement vite sur autre chose que j’ai du mal à savoir. D’autant que je ne vois pas trop le rapport avec le fait que je courre toute la journée. Je reporte alors mon attention sur l’écran, réfléchissant un instant. Je lui fais alors signe de me passer sa manette.

- Fais voir deux secondes.

Il me la tend, attendant mes conseils. Je lui choisis un personnage avant de passer au choix du kart. Je lui montre alors le petit plus sur la manette.

- En appuyant là tu vois les caractéristiques de ton kart. Faut que tu choisisses en fonction de ta façon de jouer.

Je lui rends alors sa manette pour qu’il puisse faire son choix. Puis tandis qu’il fait sa sélection je demande.

- C’était y a combien de temps que tu avais testé ?

J’ai choisi un mode de jeu plus facile pour laisser une chance à Zeno mais pour moi, c’est justement trop facile. J’ai l’habitude de me disputer avec mon frère pour avoir la première place sur les circuits en 200cc, alors en 50cc, j’ai l’impression que je me traine. Alors quand il décide d’essayer de me déconcentrer pour augmenter ses chances de gagner – ou diminuer les miennes, je ne sais pas trop – la partie devient tout de suite un peu plus intéressante. Constatant qu’il ne parviendra pas à m’empêcher de jouer en me chatouillant, il adopte une autre stratégie. Dommage pour lui, je suis plutôt chatouilleuse en réalité. J’étais à deux doigts de lâcher ma manette s’il n’avait pas arrêté. Au lieu de ça, il préfère se poster juste devant moi pour m’empêcher de voir l’écran. Je me penche à droite, à gauche, puis encore à droite pour essayer de voir par-delà son cul qu’il s’obstine à placer devant mes yeux.

Au deuxième tour, il a quand même réussi à me faire perdre trois places et je décide alors de contre-attaquer en me mettant debout sur le canapé pour voir ce que je fais par-dessus sa tête. Il s’avance alors pour se placer carrément devant la télé. Il s’agenouille par terre juste devant l’écran, essayant visiblement de profiter que je ne vois plus du tout la course pour me rattraper. S’il pense que je vais me laisser faire, il ne me connait pas encore ! Je descends souplement du canapé et contourne rapidement la table basse pour me précipiter à sa hauteur. Sans attendre, je passe un pied par-dessus ses jambes et je m’assois sur ses cuisses.

À présent que je vois à nouveau correctement la course, je me concentre pour remonter dans le classement. Je gagne une première place, une deuxième… Zeno écarte les genoux et je tombe entre ses jambes, me retrouvant les fesses par terre. J’ai reperdu une place par la même occasion mais je la reprends presque aussitôt. La ligne d’arrivée n’est plus très loin, la première place non plus. Renonçant à terminer la course, Zeno a posé ses manettes et recommence à me chatouiller, plus franchement que tout à l’heure. Je gigote pour tenter de lui échapper. Coincée entre ses genoux, je n’ai pas beaucoup de marge de manœuvre. Incapable de contrôler mon rire, je finis par ramener mes bras contre moi pour tenter de me protéger, abandonnant définitivement la première place ainsi que toutes les suivantes. Lorsqu’il cesse enfin ses chatouilles pour me laisser respirer, il demande.

- Alors ? T'es plus première ?

Je me détends et me laisse aller en arrière, m’appuyant contre lui pour reprendre péniblement mon souffle. Dès que ma respiration est assez calmée pour me permettre de parler, je montre nos positions respectives sur l’écran. Moi onzième, lui douzième.

- Je suis toujours devant toi.
- Normal, je suis plus en train de jouer. Mais au moins, t'es plus première.

Il s'assoit finalement  juste derrière moi et me regarde finir la course. C’est lorsqu’il retire ses mains de mes hanches pour les poser vers l’arrière que je m’aperçois qu’il les y avait laissées jusqu’à maintenant.

- C'est quand même dommage que beaucoup de sorciers ne connaissent pas ça.
- On a des trucs cools chez nous aussi. J’aurais bien aimé emmener mon frère à un match de Quidditch une fois.

Je quitte le jeu et pose mes manettes à mon tour. Sans chercher à bouger de là où je suis, je tourne juste légèrement la tête par-dessus mon épaule pour demander.

- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

J’ai bien vu que Zeno était gêné quand il s’est brusquement relevé. Et assise comme je l’étais, j’ai une vague idée de la cause de son malaise. Pour être honnête ça m’amuse plutôt. Je ne relève pas tout de suite cependant. Lui laissant un peu l’illusion que je n’ai rien remarqué. L’air de rien, je vais jusqu’à la cuisine et pendant qu’il parle, je fouille dans les placards pour sortir un paquet de café entamé. Je mets un filtre dans la cafetière, je verse un peu de café moulu dedans, je remplis le réservoir d’eau et je mets le tout en marche. J’ouvre ensuite un autre placard pour en sortir deux tasses que je pose sur le plan de travail tout en jetant un coup d’œil en direction de Zeno. Sa gêne semble s’être dissipée et je ne me prive pas pour glisser une petite allusion moqueuse.

- Comme tu veux. J’ai pas vraiment envie de dormir je t’avoue. Mais si tu préfères…

Mon regard descend brièvement pour se poser un peu plus bas avant de remonter aussitôt vers le sien.

- … redescendre un peu, je t’en voudrai pas.

Il écarquille les yeux surpris puis détourne le regard, franchement gêné.

- Ça va aller, merci de me l'avoir fait remarquer. T'as pas à t'en faire, je m'appelle pas Muller.
- Oh allez ! Fais pas cette tête, je plaisante.

J’ouvre un autre placard avant d’ajouter.

- Tu prends du sucre ?

Il expire lentement.

- Non merci, sans sucre.

Je referme le placard sans rien avoir pris à l’intérieur. Je vois bien qu’il évite mon regard et je laisse échapper un soupir. J’aurais peut-être mieux fait de m’abstenir pour une fois. Je m’écarte alors du plan de travail pour m’approcher de lui et me tords un peu le cou pour chopper son regard fuyant.

- Excuse-moi, j’aurais pas dû dire ça. Je suis désolée.

Je suis sincère. Je voulais seulement le taquiner, pas le mettre mal à l’aise. Je suis soulagée quand il se décide à me regarder à nouveau pour répondre.

- Pff. Pas besoin de t'excuser. Au moins je suis fonctionnel.

Je retrouve instantanément mon entrain et je souris.

- Ça j’en sais rien, j’ai pas vraiment vérifié.

Je fais volte-face pour retourner à la cafetière et remplir les deux tasses. Tandis que je tends la sienne à Zeno, j’ajoute.

- Ceci dit t’aurais plus de chances de succès que les Muller.

Un ange passe. Zeno boit son café en silence et je n’ajoute rien de plus. C’est à mon tour de me sentir un peu mal à l’aise. Je n’aime pas le silence. Quand il s’installe, je finis par ne plus savoir comment le rompre. Alors pour me donner une contenance, de ma main libre je tripote nerveusement un des multiples bracelets que j’ai toujours aux poignets. C’est lui qui finit alors par reprendre la parole.

- Pourquoi tu fais cette tête ?

Je le regarde un peu étonnée.

- Quelle tête ?
- Cette tête. À quoi tu penses ?

Je hausse les épaules. À vrai dire je ne pensais pas vraiment à grand-chose en dehors de trouver comment briser le silence. Je n’ai pas ma langue dans ma poche quand il s’agit d’avoir de la répartie. Mais pour ce qui est de rebondir après un moment de flottement c’est autre chose.

- À rien de particulier. Je réfléchissais à ce qu’on pourrait faire.
- Mmh, j'en sais trop rien. En dehors de la danse, des études et des soirées, je connais pas grand-chose.

Je souris et je termine mon café cul-sec avant de bondir sur mes pieds soudain à nouveau pleine d’entrain. Ce qu’il vient de dire m’a fait repenser à ce qu’il avait proposé avant que je ne vienne foutre la merde avec ma grande gueule.

- Dans ce cas c’est parti. Tu t’es ridiculisé sur Mario Kart, à mon tour.

Il me regarde un peu incrédule.

- Hein ? Tu veux faire quoi ?

Je le regarde amusée. J’aime bien quand il fait cette tête d’ahuri. Toujours le sourire aux lèvres, je lui réponds comme si c’était une évidence.

- Tu voulais m’apprendre à danser non ?

Je ne sais absolument pas danser et c’est à ses risques et périls mais après tout, il a mis tellement de bonne volonté à perdre à Mario Kart que je peux bien faire cet effort. Et puis, le ridicule ne tue pas, je ne serai surement plus là depuis longtemps sinon. Je tape des mains comme pour le motiver.

- Allez, hop hop hop ! Debout ! Je suis prête.

J’essaye, j’essaye vraiment. Mais le rythme et moi, ça fait au moins quatre. J’ai beau faire tous les efforts du monde, mes pieds manquent un temps, mes doigts claquent en décalage, bref dès les premiers temps ce que je fais ne ressemble déjà plus à rien. Et je ne parle même pas d’essayer d’imiter les mouvements que me montre Zeno. Là c’est carrément la catastrophe. En fait je pense même que je pourrais être condamnée pour ça. Genre pour outrage à la danse ou un truc comme ça. Si ça existait comme délit, je m’attendrais presque à voir débarquer les autorités là tout de suite. C’est comme si je ne savais même plus marcher. Reproduire les mouvements, ça passe encore, mais le faire en rythme ça c’est une autre histoire. Résultat je m’emmêle, je perds l’équilibre et une exclamation de surprise plus tard, je me retrouve sans trop comprendre comment dans les bras de Zeno qui me remet debout. Au moins, j’ai pas fini les fesses par terre. Je me mets à rire en me redressant.

- Je t’avais prévenu que j’étais nulle.

Zeno ne cache pas son amusement et confirme.

- On va y passer la nuit semblerait-il, tu penses tenir le coup, mademoiselle pas-de-bourrée ?
- Tu risques de perdre patience avant moi.
- Jamais quand ça concerne la danse. On a qu'à faire les pas ensemble.

Il me remontre les mouvements plus doucement en se mettant à côté de moi et en comptant 1,2 à ma place pour que je puisse suivre. Il regarde ses pieds et m'accompagne. Les yeux rivés sur les miens je tente tant bien que mal de faire la même chose que lui. Mais encore une fois je perds presque tout de suite le rythme et je finis même par lui écraser le pied. Manquant de reperdre à nouveau l’équilibre en retirant trop vite mon pied du sien, je m’accroche à son t-shirt pour me rattraper. Je pouffe légèrement.

- Désolée.
- T’excuse pas ! Donne tes mains, on va y aller lentement.

Joignant le geste à la parole, il se place en face de moi pour prendre mes mains dans les siennes. Il commence alors à me faire tourner lentement en rythme, balançant mes bras en même temps. Un peu comme une sorte de valse plus enfantine. Mes mains ça va. Forcément Zeno les tient, c’est lui qui fait tout le boulot. Mes pieds c’est autre chose. Ils viennent régulièrement butter contre ceux de mon cavalier quand ils ne les écrasent pas tout simplement. Au bout d’un moment, je finis par m’arrêter.

- Attends, j’ai une idée.

Sans lui laisser le temps de répondre, je me rapproche de lui pour carrément grimper sur ses pieds tout en nouant mes bras autour de son cou. Je m’efforce de me retenir de rire pour commenter.

- Comme ça, je devrais y arriver.

Ainsi dans les bras de Zeno, je n'ai pas d'autre choix que de suivre le rythme. Je le laisse me guider, essayant autant que possible de me relâcher pour ne pas résister aux mouvements qu'il me fait faire. Au début, ça passe. Mais dès qu'il accélère un peu et commence à enchainer plusieurs mouvements, je suis dépassée. Je perds l'équilibre et je suis obligée de me cramponner à son cou pour ne pas me casser la figure. Prise d'un fou rire, je suis incapable de continuer. Je libére les pieds de Zeno pour m'écarter le temps de me remettre. Une fois calmée, je finis par déclarer forfait pour ce soir mais non sans suggérer une nouvelle activité. Retournant vers la console et notre réserve de jeu à mon frère et moi je commence à fouiller tout en déclarant.

- Je viens de penser à un jeu sur lequel tu pourrais facilement battre tous mes records.

Je ne tarde pas à mettre la main sur ce que je cherchais et je brandis la boite de "Just Dance" en direction de Zeno.

- Tadaaam !

Sans lui laisser le loisir de refuser, je mets le jeu dans la console et navigue rapidement dans les menus pour créer un nouveau profil pour Zeno. Je lui explique rapidement le principe avant de lui confier la manette. Comme je m'y attendais il se débrouille parfaitement bien et quand le tableau des scores s'affiche à la fin du premier morceau, les scores que nous avions enregistrés avec mon frère sont risibles à côté de celui que vient de faire Zeno. Il enchaine alors sur le morceau suivant tandis que je le regarde bien installée sur le canapé, avec je dois le reconnaître une petite pointe d'admiration.

Ce n'est qu'au petit matin qu'on coupe le jeu. Il ne reste que quatre petites heures avant le début de nos cours et je propose à Zeno de regarder un film pour terminer la nuit. On s'installe donc devant un dessin animé - Zootopia pour être précise - avec un paquet de biscuits qu'on se partage devant. Il faut croire que Morphée a fini par nous rattraper parce que je ne me souviens pas d'avoir vu la fin du film et quand j'ouvre les yeux, je suis affalée en travers des genoux de Zeno et lui même est complètement tordu, la tête posée sur ma hanche. Je tends la main pour prendre mon portable sur la table basse et regarder l'heure. 13h. Et merde ! Je secoue Zeno pour le réveiller tout en essayant de me redresser sans trop le bousculer.

- Zeno, réveille-toi ! On a manqué le début de nos cours...

Il se réveille en sursaut en entendant ce que je viens de dire et il ne nous faut pas beaucoup plus longtemps pour nous lever, rassembler nos affaires et enfin transplaner aux abords de l'université pour assister aux cours que nous n'avons pas encore manqués.