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Moonlight Drive | Feat. Ekstasy
Ven 26 Nov 2010 - 21:25
La nuit était tombé depuis un bon moment déjà, le ciel avait revêtue un sombre manteau et la neige tapissait le sol. C’était l’un de mes moments préférés de l’année, celui où, le vent glacial se levait pour geler nos visages d’enfants, ce temps-là de l’année où il était préférable de resté collé sous la couette. Pourtant, l’hiver ne repose pas nos envies, nos violentes pulsions, voilà pourquoi je me tenais devant la porte du Vamp’s, clope entre les lèvres. Cet urgent besoin de boire un verre, de danser jusqu’à ce que le jour se lève. J’avais envie de vivre, j’avais envie de sortir de ma tanière pour oublier tous ses tracas, toutes ses idées qui n’arrêtait pas de pourrir mon esprit. J’écrasai ma cigarette dans la neige et salua le portier à l’entrée. Depuis la mort d’Élisa, les soirées au Vamp’s semblaient être paralysées. Paralysé par la peur qu’un autre incident comme celui-là se reproduise. Je me foutais bien qu’un vampire m’arrache les tripes, qu’il me dévore comme une rapace, je voulais simplement boire un verre, me faire une ligne ou deux et danser jusqu’à mourir. À peine ais-je mis les pieds dans le club que mon regard se posa sur les quelques élèves d’Hungcalf que je reconnaissais. Je déposai mon manteau au vestiaire, me dirigea rapidement à la salle de bain pour assouvir cette urge, ma divine poudre blanche. D’abord s’infiltre dans tes narines, puis serpente dans ton cerveau. J’esquisse un sourire en m’observant dans le miroir, mon triste reflet. Je sors finalement de la pièce, la musique tambourine de plus en plus fort dans mes oreilles, jusqu’à ce que, finalement, les lumières du club m’aveugle durant un instant. Je souris toujours, un sourire faux. Mes épaules bouges naturellement au rythme de la musique, je me faufile à travers cette foule humide qui danse. Je suis dans mon environnement, mes angoissent se tassent pour laisser place à ce sentiment familier. La mescaline m’enveloppait. Je naviguai jusqu’au bar, commanda une bière, je m’agrippai au massif comptoir de bois. « Bishop, je ne croyais pas te revoir de sitôt… » Une voix cristalline. Elle passa une main dans ma chevelure alors que, fébrile, j’agrippai nerveusement mon verre d’alcool. Fronçant les sourcils, je cherchai à me souvenir de son visage, mais étrangement, elles avaient toutes le même faciès inconnu. Elle m’esquissa un sourire, que je lui rendis avant de porter à mes lèvres ce doux hydromel. « Comme tu vois, je suis là. » Finis-je par lancer d’une voix nonchalante, haussant les épaules. Je ne comprenais pas pourquoi j’enchainais toutes ses filles, les unes après les autres, je cherchais sûrement à fuir ses doux visages qui hantaient mes nuits. Elles m’apportaient ce que je ne pouvais plus avoir de Leah et ce que je n’ai jamais été capable de faire avec la douce Ekstasy. J’esquivai rapidement la conversation en allant fumer une cigarette à l’extérieur. Le vent frais chatouillait mon épiderme, comme des millions d’aiguille traversant mon corps. Alors que je rentrai à l’intérieur, son visage me frappa d’une illumination vertigineuse. Elle était là, coincée dans la masse à onduler son corps contre ses étrangers. Pourquoi est-ce que mon corps se crispait ainsi, lorsque, la main de cet inconnu touchait les hanches de ma divine Ekstasy. J’étais jaloux. Jaloux de ne pas être à la place du jeune homme, jaloux parce que, des années auparavant, j’avais refusé le corps de la belle pour une raison qui m’échappe encore. Lentement, je retournai au bar, pour renouveler mon verre et en autant de temps qu’il fallu au serveur pour le remplit, je le vidai avec l’avidité d’un homme qui n’a plus rien à perdre. Il me fallait une autre dose, il me fallait encore inspirer cet élixir de vie. Il me fallait bien des choses, des choses qui m’étaient alors inconnues, des choses qui m’étais encore refoulées. Instinctivement, je retournais à cette oasis, ferma la porte du cabinet de toilette et sortit de nouveau mes outils. Une paille, un miroir et un sachet de poudre blanche. Un sachet de courage. J’observai un instant cette scène avant de m’exécuter. Connaissant tous les mouvements par cœur, je finis par relever la tête et fermer les yeux. Lentement, je ressenti à nouveau ce doux sentiment familier. Je fis taire cette petite voix qui me criais de retourner sur la piste de danse, d’arracher ma belle des bras de ses inconnus, de danser avec elle jusqu’à ce qu’elle apaise tous tes cauchemars. Pourtant, j’en suis incapable, je reste assis là, à fumer une clope. Je finis par sortir des toilettes au bout d’un moment. La drogue me faisait alors un drôle d’effet. Mes pas étaient lourds, la musique lointaine. Je retournai au bar, là où elle, appuyée contre le comptoir, commandait à boire. J’approchai lentement, la mescaline alourdissait mon corps, mes mouvements devenaient de plus en plus massifs et maladroits. Elle était si belle, au travers de toute cette décadence. « Besoin de s’évader? » J’esquissai alors un mince sourire, m’appuyant difficile au comptoir, nous avions l’habitude de nous lancer des vannes, à chaque fois où nous lancions des défis, c’était toujours comme ça que ça commençait. « Tu aurais du m’appeler, ça t’aurais évité d’être mal accompagnée. » Et cette fois-ci ne serait pas différente des autres. J’avais lancé les hostilités, dans l’espoir que cette fois-ci, la fin serait différente.
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Re: Moonlight Drive | Feat. Ekstasy
Sam 27 Nov 2010 - 14:04
A plat ventre sur mon lit, mes cheveux relevés en un éternel et bâclé chignon, je relisais mon cours d’études des moldus. Bien que j'obtenais des résultats moyens dans la majorité des matières, j’étais excellente en EDM. Il faut dire que ça aide, de grandir avec des parents moldus. Je révisais donc, aussi surprenant que cela puisse paraître, lorsque Jessica entra sans frapper dans ma chambre et s’affala près de moi. « Hé ! Mais t’es pas prête ! » Note à moi-même : ne plus oublier de fermer la porte à clé. Sans relever le nez de mon livre, j’arquai un sourcil ; « Prête pour quoi ? » Mon amie se releva brusquement et se mit à danser comme une folle entre mon lit et mon bureau, aussi hyperactive que moi quand j’étais de bonne humeur. Ou en colère, au choix. Mais non triste. Quand je suis triste, je n’ai envie de rien faire. « On est vendredi ! Avec Jeff, Tyron, Grey et Lucy, on a décidé d’aller faire la fête au vamp’, ce soir. Et je veux que tu viennes… » Je posai mon livre, fixant de mon visage impassible mon amie Wright qui me faisait les yeux doux pour que j’accepte de venir. Je connaissais Jessica depuis ma première année à Poudlard, et elle était rapidement devenue une de mes meilleures amies. A l’époque, nous étions identiques ; toutes les deux délurées, toutes les deux accro aux substances illicites, toutes les deux aimant danser jusqu’au beau milieu de la nuit… Mais depuis quelque temps, mes habitudes avaient changé. J’évitais de sortir faire la fête puisque je n’avais pas le cœur à ça et que je risquais avant tout de gâcher la soirée de mes amis. « Eksta… » Non. Non, Jessica, ma seule envie en cette seconde précise c’est que tu sortes de ma chambre, que t’ailles au Vamp’ avec Jeff, Lucy et compagnie. Que tu me laisses seule. Que tu me laisses respirer. « S’il te plaît. Je sais que t’as envie que je parte, pas besoin d’être légilimens pour le deviner, mais je te promets que si tu sors ce soir, tu ne le regretteras pas. Allez, fais-moi confiance. »Je voulais avant tout être tranquille. Mais peut-être que Jessica avait raison, peut-être que sortir me changera les idées… Pour une soirée, du moins. Juste une soirée. Boire un peu d’alcool pour me sentir mieux et ensuite danser comme si j’allais bien. « Hum… D’accord. » Je sens que je vais regretter, mais tant pis. Je me levai, abandonnai Jessica une dizaine de minutes le temps de prendre ma douche et de mettre une robe noire. Un trait d’eye-liner, un coup de brosse dans mes épais cheveux bruns et j’étais prête. Mon amie me prit joyeusement par le bras, me laissant juste le temps de prendre mon manteau, et m’emmena rejoindre les autres pour aller au Vampire’s Knight.
Faire la fête ne s’oublie pas. Après deux verres de tequila, je me sentais déjà bien mieux. Assise au bar, je regardais d’un œil amusé ma vieille amie se trémousser au milieu de tous. En voilà une qui ne perdait pas de temps. « Tu danses ? » Je me retournai et hésitai une seconde avant d’adresser un sourire à Jeff. J’attrapai son bras et l’entraînai sur la piste de danse, me laissant alors aller. La musique était tellement forte que je ne me préoccupai plus de rien ; je dansais, comme au bon vieux temps, mon esprit agréablement vaporeux grâce à l’alcool, et mes cheveux me tombant devant les yeux, m’empêchant ainsi de réaliser clairement que Jeff, le garçon avec qui je dansais, n’était pas celui que j’aurais voulu. Noah était mort, il fallait que j’arrête de penser toujours à lui. Surtout après deux verres de tequila. Peut-être qu’un troisième me ferait du bien, qui sait… Je tenais bien l’alcool, en plus. Je m’écartai de Jeff et, appuyée contre le bar, je passai ma commande. « Besoin de s’évader? » Je souris à Elliot, qu’à moitié surprise de le croiser ici. Après tout, le Vamp’ était un endroit plus que tendance pour les étudiants d’Hungcalf. « Tu aurais du m’appeler, ça t’aurais évité d’être mal accompagnée. » Je levai les yeux au ciel, amusée. J’aimais beaucoup passer du temps avec Elliot. Nous avions tous les deux une lueur sinistre dans le regard, lueur qui cachait les plus sombres moments de nos vies, moments dont on connaissait l’un et l’autre l’existence sans savoir pour autant de quoi ils étaient constitués. Il était différent. Je tenais à nos défis dangereux comme à nos discussions plus subtiles… Je tenais à lui, en somme. C’est pourquoi j’avais mis mon ego de côté lorsqu’il y a quelques années, il m’avait repoussée, et c’est pourquoi, en cet instant-même, j’ignorai Jeff qui m’attendait un peu plus loin pour parler avec lui. « Tu connais pas Jeff, il est …cool. » Je jetai un coup d’œil au Summerbee qui – c’était vrai- était plutôt mignon et fun, mais qui ne me plaisait pas du tout. Je riai doucement, tout en haussant les épaules. « Et puis, je ne vois pas pourquoi c’est moi qui t’appellerais toujours. » Je souris, échangeant un regard entendu avec le Lufkin. Ce dernier paraissait parfois subitement distant, sans que je ne comprenne pourquoi, et c’était la plupart du temps moi qui organisais une sortie, lorsque nous ne nous croisions pas par hasard, comme c’était le cas ce soir. « Et toi, qu’est-ce que tu fais là ? Besoin d’évasion ? »
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Re: Moonlight Drive | Feat. Ekstasy
Dim 28 Nov 2010 - 16:28
Les regrets. Ses petits détours où l’on s’accroche, les pieds dans la marge. J’en étais rempli, de ses regrets, tous ses silences qui m’ont habité depuis trop longtemps. L’accident d’Erin m’avait transformé, en cet étrange individu incapable de s’exprimer. Je m’y étais habitué, je m’étais coupé du monde, ne cherchant pas à aimer, ne cherchant pas à vivre comme un adolescent normal. Je m’étais accroché à ses écorchés de la vie, mes amis qui comme moi, sentait le poids de la vie sur leur poitrine, se serrer comme un étau. Ma belle Ekstasy, comme tu portais bien ton nom. Cette drogue qui avait fait de moi ce pantin, ce pantin qui avait refusé ton corps, parce que j’étais incapable d’obtenir ton cœur. C’était ton corps que je m’imaginais lorsque, caressant celui de ses douces inconnues, je couchais avec elles pour assouvir ma solitude. Ma douce tristesse aux yeux d’enfants, j’aurais aimé que tout sois différent, mais les regrets font de nous des êtres amers et vides. J’avais perdu l’un de deux femmes de ma vie, Leah, s’apprêtait à se marié et Ekstasy, je n’eu jamais le courage de faire ce que j’aurais du faire il y a longtemps. Être un ami, c’est la chose la plus difficile que j’ai eu à vivre. Voir ma belle danser contre d’autres hommes, la voir ailleurs que dans mes bras, était la chose la plus cruelle que je puisse m’infliger. La musique du club résonnait dans mon cerveau comme un marteau, augmentant à chaque note, la mescaline dans mon corps. Ma main posé sur le bar, j’observais Ekstasy. La chaleur de l’endroit, de ses corps qui ondulent les uns contre les autres, j’étais chez moi, dans mon élément. Pourquoi n’arrivais-je pas à m’avouer ce que tout le monde autour de nous savions. Ma façon d’agir avec elle, à l’instar de la plupart des jeunes femmes d’Hungcalf, me trahissait trop bien, mais nous étions trop aveugles pour voir la réalité en face, nous noyant dans l’alcool et la drogue. Elle était la seule à ne pas voir que, c’était elle que je voulais, et moi, j’étais trop abruti pour mettre les choses au clair. J’approchai mon visage près de celui de la Wright alors qu’elle me répondit, la musique et le bruit ambiant forçait les gens à se rapprocher pour parler entre eux, mais lorsque les effluves de son parfum arrivèrent à mes narines, je fermai les yeux un instant. Cruel plaisir, qui perçait chacune de mes cellules, mon corps se crispa instinctivement. « Tu connais pas Jeff, il est …cool. »Je mordillai ma lèvre inférieure, remerciant le ciel d’être aussi défoncé. Douce mescaline qui anesthésiait mes sensations, mes sentiments. Alors que j’agrippai le shooter de téquila que j’avais préalablement commandé, je laissai couler dans ma gorge ce doux venin avant d’approcher mes lèvres près de l’oreille d’Ekstasy. « Pas assez pour toi. » J’esquissai un bref sourire. Est-ce que je pensais vraiment que ce sympathique Summerbee n’était pas assez bien pour elle. Évidemment. Aucun homme ne serait à la hauteur de cette divine tristesse. Même pas moi. Je m’incline alors devant cette terrible vérité. J’avais la propension à être jaloux, l’entière relation que j’ai entretenue avec Leah en était la preuve. Cette jalousie malsaine se répétait encore, mon cœur battant à toute allure. Mon cœur qui ne cherchait plus à comprendre pourquoi je m’infligeais cette douleur, pourquoi est-ce que lorsque je m’éloignais d’Ekstasy, je finissais toujours par revenir vers elle, sachant très bien le mal que je m’infligeais. Parce que tu l’aime, idiot. Je secouai légèrement la tête, ignorant la seconde phrase d’Ekstasy. Je ne pouvais pas lui dire la raison de mes évasions, la raison pour laquelle je coupais subitement les ponts avec elle, pour me réfugier dans les bras d’une demoiselle. Je fis signe au serveur de remplir à nouveau mon petit shooter de téquila que j’avais rapidement, secouant la tête, sentant ce liquide me brûler la gorge. « Et toi, qu’est-ce que tu fais là ? Besoin d’évasion ? » Mon sourire s’agrandit, à cet instant, j’étais déjà bien évadé du monde. Ce divin mélange d’alcool et de drogue me transportait. « Plus maintenant. » Je n’étais pas un beau parleur, celui qui va faire la sérénade à sa douce. J’étais coincé, maladroit et il m’arrivait rarement d’exprimer ce que je ressentais. Lorsque je le faisais, par contre, on savait que c’était sincère. Je glissai ma main dans ma poche, puis la tendis vers Ekstasy. « On va danser? » Ma main tendue vers elle, dans celle-ci, un petit sachet de poudre blanche. Nos petits jeux m’amusait, mais ce soir, ce petit jeu, il était entre nous, juste nous. J’arquai un sourcil, mon sourire narquois accroché à mes lèvres de junkie. Je l’invitait à venir dans mon monde, à délaisser ses amis pour venir sombrer avec moi, dans les tristes toilettes du Vampire’s night.
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Re: Moonlight Drive | Feat. Ekstasy
Mar 30 Nov 2010 - 16:48
« Pas assez pour toi. »
Mes sourcils se froncèrent ce qui fit plisser légèrement mon front. Pourquoi me disait-il ça ? Que ce soit pour plaisanter ou non, il n’avait pas à me dire des choses pareilles. Pas depuis qu’il avait libéralement refusé les avances que je lui avais faites, il y a déjà deux ou trois ans. Que cette réplique charmeuse soit pour lui un simple jeu me dégoutait. Je n'étais pas un jouet sur lequel on pouvait s'entraîner à draguer. Je valais mieux.. j'espérais valoir mieux. Tu n’as pas le droit. Tu ne l’as plus, du moins. Je ne répondis rien, me contentant de planter mes prunelles claires dans celles d’Elliot, pour ne pas laisser transparaître mon léger trouble.
« Plus maintenant. » Le Lufkin se leva, tendant vers moi sa main qui contenait un sachet que je ne connaissais que trop bien. « On va danser? » Je fixais désormais sa main qui représentait l’entrée au paradis à court terme mais une fin bien sinistre en enfer à long terme, lorsqu’on s’y attachait trop. J’y étais déjà trop attachée, j’étais déjà trop dans l’enfer des drogues et je crois que j’aimerais arrêter. Je foutais ma santé en l’air, j’en étais consciente. Je savais aussi que si je ne me calmais pas rapidement, je crèverai d’une overdose à trente ans, comme avait du crever ma mère biologique. Et je n’avais pas enfin de mourir ainsi, aussi insignifiante, aussi perdue et aussi seule que lorsque j’étais venue au monde. « Je… »
Je croisai un instant le regard pénétrant d’Elliot avant de rebaisser immédiatement les yeux. Il pouvait sans peine discerner mon trouble et ça ne me plaisait pas. Je détestais que mes émotions se lisent aussi facilement sur mon visage, ça faisait de moi quelqu’un de faible. Et je ne l’étais pas…
Je jetai un coup d'oeil à mes amis qui dansaient, à Jeff qui nous regardait toujours, sourcils froncés, et réalisai que ce dont j’avais envie à ce moment précis, c’était d’être en bonne compagnie et qu’Elliot et sa délicate poudre blanche m’offraient ce que je souhaitais. « D’accord. » J’offris mon plus beau sourire à Elliot, attrapai sa main satanique, confinant alors le sachet entre nos deux paumes. Que le jeu commence. Fais-moi rêver, ça fait depuis longtemps que j’ai oublié à quoi ressemble un rêve . Me faufilant entre mes amis, ceux que j’abandonnais soudainement, je ne jetai un regard qu’à ma chère Jessica. Aucun à Jeff, ni même aux autres. Je passais peut-être pour une petite garce, à partir avec le Lufkin alors que je dansais il y a peu avec quelqu'un d'autre, mais je m’en fichais. C’était bon, c’était presque paisible d’être arrivée à un stade assez avancé dans la tristesse pour se foutre de tout. Entrant dans les toilettes pour hommes, on eut le plaisir de constater que nous étions seuls. Je m’adossais contre le mur, souriant à Elliot comme une gamine qui attend le père noël. Comme la gamine que j’étais il y a quelques années, qui, avec Helena et Aldéric, attendait le père noël comme si le bonheur ne se résumait qu’en ce nom. En vieillissant, on se rend compte que le bonheur est toujours quelque part mais qu’il est simplement plus compliqué de le trouver. Beaucoup plus compliqué. La drogue est une bonne alternative quand on en a assez de chercher .Je sortis de mon sac un vieux CD des Eagles, qui trouvait toujours son utilité. Je pris ensuite le sachet des mains de d’Elliot, commençant à tracer avec grande concentration quelques lignes de cocaïne sur le disque. Je maîtrisais et je dois avouer que ça faisait presque de la peine à voir. « Welcome to the hotel California, such a lovely place, such a lovely place… » Une fois la poudre séparée en plusieurs rails, je relevai la tête et, passant la main dans mes cheveux bruns, reculai légèrement. Est-ce que j’en avais vraiment envie ? Là, maintenant, oui. J’allais regretter mais je n’avais pas d’autre choix, ma volonté n’était pas assez importante pour que j’arrête tout ceci d’un seul coup. La dépendance est une des rares choses qui n’est pas éphémère. Tant pis pour moi. « A toi l’honneur. »
Mes sourcils se froncèrent ce qui fit plisser légèrement mon front. Pourquoi me disait-il ça ? Que ce soit pour plaisanter ou non, il n’avait pas à me dire des choses pareilles. Pas depuis qu’il avait libéralement refusé les avances que je lui avais faites, il y a déjà deux ou trois ans. Que cette réplique charmeuse soit pour lui un simple jeu me dégoutait. Je n'étais pas un jouet sur lequel on pouvait s'entraîner à draguer. Je valais mieux.. j'espérais valoir mieux. Tu n’as pas le droit. Tu ne l’as plus, du moins. Je ne répondis rien, me contentant de planter mes prunelles claires dans celles d’Elliot, pour ne pas laisser transparaître mon léger trouble.
« Plus maintenant. » Le Lufkin se leva, tendant vers moi sa main qui contenait un sachet que je ne connaissais que trop bien. « On va danser? » Je fixais désormais sa main qui représentait l’entrée au paradis à court terme mais une fin bien sinistre en enfer à long terme, lorsqu’on s’y attachait trop. J’y étais déjà trop attachée, j’étais déjà trop dans l’enfer des drogues et je crois que j’aimerais arrêter. Je foutais ma santé en l’air, j’en étais consciente. Je savais aussi que si je ne me calmais pas rapidement, je crèverai d’une overdose à trente ans, comme avait du crever ma mère biologique. Et je n’avais pas enfin de mourir ainsi, aussi insignifiante, aussi perdue et aussi seule que lorsque j’étais venue au monde. « Je… »
Je croisai un instant le regard pénétrant d’Elliot avant de rebaisser immédiatement les yeux. Il pouvait sans peine discerner mon trouble et ça ne me plaisait pas. Je détestais que mes émotions se lisent aussi facilement sur mon visage, ça faisait de moi quelqu’un de faible. Et je ne l’étais pas…
Je jetai un coup d'oeil à mes amis qui dansaient, à Jeff qui nous regardait toujours, sourcils froncés, et réalisai que ce dont j’avais envie à ce moment précis, c’était d’être en bonne compagnie et qu’Elliot et sa délicate poudre blanche m’offraient ce que je souhaitais. « D’accord. » J’offris mon plus beau sourire à Elliot, attrapai sa main satanique, confinant alors le sachet entre nos deux paumes. Que le jeu commence. Fais-moi rêver, ça fait depuis longtemps que j’ai oublié à quoi ressemble un rêve . Me faufilant entre mes amis, ceux que j’abandonnais soudainement, je ne jetai un regard qu’à ma chère Jessica. Aucun à Jeff, ni même aux autres. Je passais peut-être pour une petite garce, à partir avec le Lufkin alors que je dansais il y a peu avec quelqu'un d'autre, mais je m’en fichais. C’était bon, c’était presque paisible d’être arrivée à un stade assez avancé dans la tristesse pour se foutre de tout. Entrant dans les toilettes pour hommes, on eut le plaisir de constater que nous étions seuls. Je m’adossais contre le mur, souriant à Elliot comme une gamine qui attend le père noël. Comme la gamine que j’étais il y a quelques années, qui, avec Helena et Aldéric, attendait le père noël comme si le bonheur ne se résumait qu’en ce nom. En vieillissant, on se rend compte que le bonheur est toujours quelque part mais qu’il est simplement plus compliqué de le trouver. Beaucoup plus compliqué. La drogue est une bonne alternative quand on en a assez de chercher .Je sortis de mon sac un vieux CD des Eagles, qui trouvait toujours son utilité. Je pris ensuite le sachet des mains de d’Elliot, commençant à tracer avec grande concentration quelques lignes de cocaïne sur le disque. Je maîtrisais et je dois avouer que ça faisait presque de la peine à voir. « Welcome to the hotel California, such a lovely place, such a lovely place… » Une fois la poudre séparée en plusieurs rails, je relevai la tête et, passant la main dans mes cheveux bruns, reculai légèrement. Est-ce que j’en avais vraiment envie ? Là, maintenant, oui. J’allais regretter mais je n’avais pas d’autre choix, ma volonté n’était pas assez importante pour que j’arrête tout ceci d’un seul coup. La dépendance est une des rares choses qui n’est pas éphémère. Tant pis pour moi. « A toi l’honneur. »
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Re: Moonlight Drive | Feat. Ekstasy
Mer 1 Déc 2010 - 16:52
Tic. Tac. Tic. Tac. Je sens mon cœur battre. Aussi précis qu’une horloge, je compte les battements dans ma tête. Je ressens cette habituelle sensation. Celle de perdre le contrôle. Ma main toujours tendue vers Ekstasy, mon regarda valsant à la recherche d’un appui. Je sens sa main contre la mienne, après hésitation, j’avais réussis à la faire sombrer avec moi. Ma douce, comprend que ce n’est pas ce que je veux, je ne veux pas que tu sois comme les autres, une victime de mes erreurs. Victime de ma descente aux enfers. Non, en vérité, je veux pouvoir te regarder de mes yeux sobres, je veux que tu puisses me voir sans ce masque de junkie. Il est trop tard. Trop tard. Trop tard. J’attrape sa main, me faufile entre la foule. Observe d’un œil détaché les amis d’Ekstasy qui me lance des regards étranges, comme si j’étais le démon. Oui, je le suis, égoïste, vile, sans remords. J’entraine mon amie dans ses lugubres toilettes pour lui offrir cet oasis d’oublis. La lumière des toilettes est sombre, elle nous enveloppe. J’observe Eksta s’appuyer contre le mur. J’observe alors les toilettes vides et me retourne vers ma belle et douce Ekstasy. « Welcome to the hotel California, such a lovely place, such a lovely place… » La belle sort son disque des Eagles, moi je lui tends le petit sachet. Sachet de plaisir, sachet d’évasion, sachet de mort. Je ne devrais pas faire ça, ma douce. Je sais que tu ne vas pas bien. Pourtant, je n’ai jamais eu le cran de te demander pourquoi, de passer une main réconfortante sur ton dos. Non, je préfère que tu oublies, l’instant d’une soirée ta détresse. J’utilise le remède à ma vie sur toi, sans savoir qu’elle te détruit à petit feu. « Her mind is tiffany-twisted, she got the mercedes bends. She got a lot of pretty, pretty boys, that she calls friends... » J’observe les rails sur le disque. Pathétique poudre blanche. J’étais déjà bien défoncé à l’instant. Il était dangereux de mélanger mes deux amours. La mescaline et la cocaïne. Je savais que, dès l’instant où la poudre franchira mes narines, je perdrai le contrôle. J’étais fébrile. Je posai mon regard sur Ekstasy, esquissai un sourire alors qu’elle tendait vers moi, cette éphémère délivrance. Highway to hell. « À toi l’honneur. » Je penchai la tête vers les rails, attrapai la paille que je posai vis-à-vis ma narine gauche. J’attendis un instant, puis plongea. Ma première inspiration, douloureuse, je relève la tête, appuie ma main sur mon nez. Je ferme les yeux, fronce les sourcils. L’espace d’une seconde, j’ai peur. J’ai peur d’avoir franchis le cap, de me claquer une overdose. L’instant suivant, je m’esclaffe de rire la cocaïne se frayant un chemin vers mon cerveau. J’inspirai un second rail, cette fois-ci, la douleur avait disparue. Mes mains tremblèrent, je commençai à me mordre instinctivement la lèvre, puis je tendis ses deux morceaux de chair en direction du disque je j’agrippai. « C’est ton tour. » J’observai mon reflet dans le miroir. Un sourire trop grand accroché sur mes lèvres, pitoyable joker. Alors que, mes pupilles absentes se posèrent sur Ekstasy, je fis un signe de tête en direction des rails. Je suis mesquin. Vile. Je ne pense qu’à mon propre plaisir. La preuve est dans tous ses noms; Leah, Nell, Joséphine, Dolce, Ekstasy. Ses femmes de ma vie, ses femmes que je détruis pour me sentir mieux. Je suis une pauvre marionnette de la drogue. Et je suis pathétique. J’observe alors mon amie dans sa descente aux enfers. Je m’allume une clope de ma main libre. Mon sourire vague, j’assiste à la plus belle scène qui soit. L’autodestruction.
« Allez, on va danser! » Une fois que, la drogue eut prit place dans nos veines, l’envie de retourner danser fut urgente. Indescriptible. Ses toxines qui nous alimentaient, douce cocaïne, avait besoin de sortir, de s’extasier. J’attrapai alors la main de la douce Wright, à la sortie de la salle de bain les lumières du club attaquaient mon iris. Je penche la tête vers l’avant et traverse la foule. La musique devient mon battement de cœur. Bam. Bam. Bam. Mon corps, je ne le contrôle plus. Mes membres se détachent de mon corps, je danse. Les yeux fermés, je souris, ce drôle de sentiment. Je ne pense plus. J’oublie mes tourments, j’oublie que la douce Ekstasy à mes côtés est plus qu’une amie, que je refuse d’admettre. J’oublie tout. Je ne ressens que la musique dans mon corps. J’ondule au son de la musique. Je suis en transe. « Eksta… » Une voix inconnue s’interpose. J’ouvre les yeux et les pose sur un Jeff inquiet. Je suis un prédateur, je n’accepte pas qu’un autre vienne draguer mes proies. Alors, je m’interpose. « Tu vois pas qu’elle est occupée? » Je sais qu’elle va me détester pour cette intervention. Le brave Summerbee m’observe, fier et droit. Moi, mollasson et lâche. « Arrête ton jeu Bishop, ça n’amuse que toi. » J’observe alors le jeune homme, Eksta sait à quel point je peux devenir incontrôlable dans ses situations. Ce n’est pas moi qui dirige le vaisseau, c’est la cocaïne. J’approche mon visage près de celui de Jeff. « Fous le camp. » Mes menaces sont sérieuses. Je retiens mon poing, je ne veux pas cacher ce moment d’extase avec mon amie. Je me recule, lentement, mais garde le regard posé sur Jeff. Courageux Jeff, je n’ai rien à perdre moi, c’est ce qui me rend si dangereux.
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Re: Moonlight Drive | Feat. Ekstasy
Dim 5 Déc 2010 - 18:20
La seule personne blâmable dans l’histoire, c’est moi. C’est de ma faute si je suis aujourd’hui perdue, au fond des abysses des drogues. Et c’est aussi de ma faute si même la plus grande des volontés n’arrive pas à me sortir de là. Ce n’est pas la faute de la junkie qui m’a mise au monde. Les addictions, ce n’est pas héréditaire, et la seule chose qu’elle m’a donné en plus de ses gènes, c’est un prénom beaucoup trop original pour être agréable à porter. Ce n’est pas non plus la faute de William qui m’a fait découvrir en premier les plaisirs vaporeux des stupéfiants. Ni d’Aldéric, ni d’Elliot, ni de Jessica, ni de Meteora, qui m’ont souvent accompagnée à tester de nouvelles choses. Parce que j'en voulais encore et toujours plus. Il est facile de rejeter la faute sur les autres pour s’alléger la conscience. Mais je suis la seule blâmable de cette histoire. De mon histoire.
Je regardais Elliot sniffer la tentante poudre blanche. Dans quelques secondes, je serai à sa place, j’avancerai d’un pas de plus vers les ténèbres. « C’est ton tour. » Je souris, comme si ça allait m’aider à cacher les tremblements de mes mains. Je m’avançai, et, sentant la présence ironiquement rassurante d’Elliot, je le rejoignis dans un monde éphémère où tout semble différent. Où tout semble meilleur.
« Allez, on va danser! » Je souris, fermant les yeux un instant pendant que la poudre prenait possession de mon esprit. Ça allait déjà mieux ; je voulais danser. « Oui, oui, oui ! » Je riais, me laissant entraîner par Elliot sur la piste de danse. La vraie soirée commençait, Jessica avait raison ; je ne regrettais pas d’être venue, je me sentais bien. Grâce à la drogue, et sans doute aussi grâce à la présence du Lufkin. J’avais toujours aimé être avec lui et même si depuis quelques mois, je n’étais plus réellement moi-même et que je rejetais la plupart de mes meilleurs amis, être avec ceux que j’aimais me faisait du bien. La plupart du temps, je refusais de me l’avouer, pensant que si j’évacuais toutes les souffrances de mon être, j’irais mieux, et que les légers et véloces moments de bonheur que j’avais encore ne faisaient que retarder le jour où je pourrai clairement dire que oui, j’allais mieux. Si ça arrive un jour, ce dont je doute. « Eksta… » Ignorant la voix de Jeff, je continuai d’onduler mon corps au rythme de la musique. « Tu vois pas qu’elle est occupée? » Oh non. Je soupirai, arrêtai de danser, mon regard clair allant du Summerbee au Lufkin. J’avais beau être dans un état second, je restais tout de même consciente de ce qu’il se passait et je préférais éviter une bagarre inutile entre les deux garçons. Surtout si c’était pour moi, je n’en valais pas la peine. « Arrête ton jeu Bishop, ça n’amuse que toi. » Je fronçai les sourcils, mes iris sauvagement plantés sur Jeff. Allez, qu’il me laisse tranquille, qu’il nous laisse tranquille… il y a encore quelques secondes, je me sentais bien, pourquoi allaient-ils tout gâcher ? « Fous le camp. » Il était temps que j’intervienne, je savais qu’Elliot devenait vite agressif dans ce genre de situations ; « Eh, c’est bon, calmez-vous. » J’observai Jessica qui avançait de petits pas feutrés, se demandant ce qu’il pouvait bien se passer, puis je posai mon regard sur Elliot qui fusillait le Summerbee du regard. « Eksta, reste avec nous, pas avec ce taré. » La voix de Jeff était incroyablement calme et modérée, malgré la situation. Je tournai mon visage impassible vers lui, une dernière fois. Ce taré n’est pas n’importe qui, à mes yeux. Je le connaissais depuis bien longtemps maintenant, et si le Summerbee croyait que j’allais le choisir à Elliot, il était bien plus stupide que je le pensais. « Oui, Eksta, reste. » Je fis claquer ma langue contre mon palais, agacée par tout ce petit manège. Personne n’avait le droit de me dire avec qui je devais être et ce que je devais faire, je ne supportais pas. Même si j’avais souhaité rester avec eux, je serais partie avec Elliot, par pur esprit de contradiction. J’estime être assez grande pour prendre mes propres décisions. « Non. » Mon ton était à la fois sec et froid, j’en étais consciente, mais je m’en fichais. J’eus un rictus malsain et, sans un regard de plus pour eux, je m’emparai de la main d’Elliot et l’entraînai en dehors du club. Ça avait cassé l’ambiance. Je sortis de mon sac une cigarette, l’allumai, et en proposai une à Elliot. Je ne fumais pas beaucoup, seulement occasionnellement, mais j’avais toujours un paquet de clopes dans mon sac, au cas où l’envie me prendrait subitement. Comme ce soir. « L’atmosphère devenait étouffante. » J’échangeai un regard entendu avec Elliot et je mis finalement à rire en repensant à ce qui venait de se passer. « Mais je sais que tu l’aurais battu à plate couture. » Je lui fis un clin d'oeil pour lui montrer que je ne lui en voulais pas. « Tu sais quoi ? ça me rappelle les soirées quand on était plus jeunes.. Aldéric et toi vous cherchiez toujours la bagarre dès que vous aviez un peu trop bu... et j'étais là pour calmer le jeu. J'avais toujours peur que ça dégénère. » Le terrible vent de décembre me donnant froid, je me calai confortablement contre Elliot tout en tirant quelques bouffées de cigarette.
Je regardais Elliot sniffer la tentante poudre blanche. Dans quelques secondes, je serai à sa place, j’avancerai d’un pas de plus vers les ténèbres. « C’est ton tour. » Je souris, comme si ça allait m’aider à cacher les tremblements de mes mains. Je m’avançai, et, sentant la présence ironiquement rassurante d’Elliot, je le rejoignis dans un monde éphémère où tout semble différent. Où tout semble meilleur.
« Allez, on va danser! » Je souris, fermant les yeux un instant pendant que la poudre prenait possession de mon esprit. Ça allait déjà mieux ; je voulais danser. « Oui, oui, oui ! » Je riais, me laissant entraîner par Elliot sur la piste de danse. La vraie soirée commençait, Jessica avait raison ; je ne regrettais pas d’être venue, je me sentais bien. Grâce à la drogue, et sans doute aussi grâce à la présence du Lufkin. J’avais toujours aimé être avec lui et même si depuis quelques mois, je n’étais plus réellement moi-même et que je rejetais la plupart de mes meilleurs amis, être avec ceux que j’aimais me faisait du bien. La plupart du temps, je refusais de me l’avouer, pensant que si j’évacuais toutes les souffrances de mon être, j’irais mieux, et que les légers et véloces moments de bonheur que j’avais encore ne faisaient que retarder le jour où je pourrai clairement dire que oui, j’allais mieux. Si ça arrive un jour, ce dont je doute. « Eksta… » Ignorant la voix de Jeff, je continuai d’onduler mon corps au rythme de la musique. « Tu vois pas qu’elle est occupée? » Oh non. Je soupirai, arrêtai de danser, mon regard clair allant du Summerbee au Lufkin. J’avais beau être dans un état second, je restais tout de même consciente de ce qu’il se passait et je préférais éviter une bagarre inutile entre les deux garçons. Surtout si c’était pour moi, je n’en valais pas la peine. « Arrête ton jeu Bishop, ça n’amuse que toi. » Je fronçai les sourcils, mes iris sauvagement plantés sur Jeff. Allez, qu’il me laisse tranquille, qu’il nous laisse tranquille… il y a encore quelques secondes, je me sentais bien, pourquoi allaient-ils tout gâcher ? « Fous le camp. » Il était temps que j’intervienne, je savais qu’Elliot devenait vite agressif dans ce genre de situations ; « Eh, c’est bon, calmez-vous. » J’observai Jessica qui avançait de petits pas feutrés, se demandant ce qu’il pouvait bien se passer, puis je posai mon regard sur Elliot qui fusillait le Summerbee du regard. « Eksta, reste avec nous, pas avec ce taré. » La voix de Jeff était incroyablement calme et modérée, malgré la situation. Je tournai mon visage impassible vers lui, une dernière fois. Ce taré n’est pas n’importe qui, à mes yeux. Je le connaissais depuis bien longtemps maintenant, et si le Summerbee croyait que j’allais le choisir à Elliot, il était bien plus stupide que je le pensais. « Oui, Eksta, reste. » Je fis claquer ma langue contre mon palais, agacée par tout ce petit manège. Personne n’avait le droit de me dire avec qui je devais être et ce que je devais faire, je ne supportais pas. Même si j’avais souhaité rester avec eux, je serais partie avec Elliot, par pur esprit de contradiction. J’estime être assez grande pour prendre mes propres décisions. « Non. » Mon ton était à la fois sec et froid, j’en étais consciente, mais je m’en fichais. J’eus un rictus malsain et, sans un regard de plus pour eux, je m’emparai de la main d’Elliot et l’entraînai en dehors du club. Ça avait cassé l’ambiance. Je sortis de mon sac une cigarette, l’allumai, et en proposai une à Elliot. Je ne fumais pas beaucoup, seulement occasionnellement, mais j’avais toujours un paquet de clopes dans mon sac, au cas où l’envie me prendrait subitement. Comme ce soir. « L’atmosphère devenait étouffante. » J’échangeai un regard entendu avec Elliot et je mis finalement à rire en repensant à ce qui venait de se passer. « Mais je sais que tu l’aurais battu à plate couture. » Je lui fis un clin d'oeil pour lui montrer que je ne lui en voulais pas. « Tu sais quoi ? ça me rappelle les soirées quand on était plus jeunes.. Aldéric et toi vous cherchiez toujours la bagarre dès que vous aviez un peu trop bu... et j'étais là pour calmer le jeu. J'avais toujours peur que ça dégénère. » Le terrible vent de décembre me donnant froid, je me calai confortablement contre Elliot tout en tirant quelques bouffées de cigarette.
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Re: Moonlight Drive | Feat. Ekstasy
Dim 12 Déc 2010 - 18:14
- Nous avions l’habitude, pauvre de nous, de sombrer nos peurs dans la drogue et l’alcool. Au lieu de passer une main sur l’épaule de nos amis, nous lui tendions un sachet de cocaïne. Et après, on s’insurgeait de voir nos amis tomber un par un, aux mains du désespoir. Nous étions perdus et cette peur qui nous rongeait, on la partageait. J’aurais pu être un ami pour elle, j’aurais simplement pu la sortir de ce bar pourris, et on aurait marché sous la neige, complètement conscients de nos désespoirs. On aurait pu parler, mais j’avais choisis la voie de la délivrance, cette petite poudre qui nous fait oublier. Qui anesthésie nos peurs, nos angoisses, qui nous rendent cons. J’avais vu dans son regard, cet instant de doute. Et, je traitai mon amie de toujours comme toutes ses filles avec qui je partageais mes nuits, et au fond de moi… Au fond de toute cette came collée en moi, je savais que je ne devais pas… Que je ne devais pas la laisser s’enfoncer dans les ténèbres. Qu’elle, à mon instar, pouvait devenir meilleure. J’aurais aimé être plus fort, plus digne, j’aurais aimé être un homme. Mais je ne suis qu’un enfant perdu dans ses toilettes miteuses à la recherche de réconfort. Les gens qui, comme Jeff, ne me connaissent que par mes fresques obscures, s’indigne en me voyant. Les gens qui me fréquentent, comme Nell, s’accrochent à moi, parce que nous sommes pareils. Mais les gens qui me connaissent vraiment, comme Eksta, comme Leah, comme Aldéric, ses gens qui, sans connaître toute mon histoire, me respectent malgré tout. Pauvre d’eux. Je les plains sérieusement d’avoir à me supporter, car moi-même je n’y arrive pas. « Oui, Eksta, reste. » Je reviens à la réalité, les lumières m’aveuglent. Les corps qui ondulent contre moi me répugnent. Je vois rouge. Je ne vois que cet étrange individu qui s’oppose à moi. Je le regarde, mes poings serrés contre mon corps. J’avais envie de lui cracher au visage, de lui cracher toute cette haine que je porte en moi. Elle aurait du partir avec eux, elle aurait du être avec des gens qui ne la détruise pas. Pas des gens comme moi, ni même comme Aldéric. Nous ne méritions pas son regard posé sur nous. Je sentis alors sa main douce contre la mienne, m’emporter loin de ma victime. Alors que mon regard défiait toujours Jeff, la foule m’enveloppa et je disparu. L’instant d’après, j’étais dehors. Le vent perçait mes pores. Dur retour à la réalité, mes pupilles dilatés avaient toute la difficulté du monde à s’adapter à la faible lumière extérieure. Je sentais que la drogue s’estompait dans mes veines. La cocaïne, c’était intense mais court. Il nous fallait toujours une dose supplémentaire, toujours plus. Alors que mon regard s’attardait aux mains d’Ekstasy qui cherchait une clope, mes mains nerveuses rythmaient aléatoirement sur mes cuisses. J’aurais voulu lui éclater la gueule, à ce connard, qui croyait connaitre mon amie mieux que moi. Lui éclater le nez, le faire saigner jusqu’à ce qu’il perde conscience. Elle me tendit une clope que j’attrapai d’une main tremblante. M’appuyant contre le mur sale du club, j’allumai la cigarette. « L’atmosphère devenait étouffante. » J’acquiesçai d’un signe de tête, apportant la cigarette à mes lèvres. « Elle était pourrie, ils ne comprennent pas, c’est tout. » Deux mondes étaient entrés en collision, notre univers d’autodestruction n’était en symbiose qu’avec d’autres âmes perdues. Nous étions incapable d’interagir avec la normalité, du moins, pas lors d’une soirée au Vamp. « Mais je sais que tu l’aurais battu à plate couture. » Oh ma belle, ma douce, Ekstasy, je l’aurais tué simplement parce qu’il a osé poser son regard sur toi. Je lui aurais arraché les yeux pour savoir que la dernière chose qu’il aurait vu, c’était cette haine. I would die for you, I've been dying just to feel you by my side « Tu sais quoi ? ça me rappelle les soirées quand on était plus jeunes… Aldéric et toi vous cherchiez toujours la bagarre dès que vous aviez un peu trop bu... et j'étais là pour calmer le jeu. J'avais toujours peur que ça dégénère. » Je tirai une bouffée de ma clope, alors qu’elle, elle se calait contre moi. C’était plus douloureux que le froid, que le manque, son corps ainsi contre le mien, aussi innocent soit-il, était comme une lame dans mes poumons, elle m’empêchait de respirer. Pourtant, j’arrivais à rester calme, trop calme. J’esquissai un vague sourire. Aldéric, mon cousin, mon frère de sang, avec qui j’avais trop souvent l’habitude de me disputer. Le sujet de nos disputes, de nos bastons, c’était souvent toi, Ekstasy. C’était douloureux, de savoir que notre amitié, exploserait un jour, ce n’était qu’une question de temps avant que l’un de nous deux fasses un faux-pas et là, tout allait se briser. Violate all the love that I'm missin' Throw away all the pain that I'm livin' You will believe in me, and I can never be ignored « Ouais... » Je lève les yeux au ciel, cette étrange noirceur, la neige qui tombait sur nous. Je portai ma cigarette à ma bouche. « La différence entre Aldéric et Jeff, c’est que je n’aurais jamais détruit Aldéric comme je l’aurais fait avec Jeff. » Et ce, même si cette jalousie que je portais envers mon cousin me pourrissait de l’intérieur. « Eksta… » Ses mots qui s’échappaient de mes lèvres étaient des lames de rasoirs, que je voulais retenir, dans ma gorge. « On marche un peu? » J’aurais du en profiter pour tout lui balancer. Tout lui dire. J’étais incapable, c’était une douleur trop intense pour être expulser. J’aurais aimé lui dire… Qu’elle est différente des autres, qu’elle est la seule. La seule que j’aime, la seule que je respecte autant pour ne pas massacrer de l’intérieur. La seule qui apaise mes souffrances. Ses mots qui ne voulaient pas sortir, car je savais que c’était dangereux, je savais que j’allais perdre à ce jeu. They don’t love you like I love you… Je souris, vaguement, la mescaline apaise encore mes angoisses, pour un court instant. « Je m’excuse pour tout à l’heure, je ne voulais pas dire que Jeff n’était pas assez bon pour toi… C’est juste que… » Ma gorge se noue alors que j’apporte ma cigarette à mes lèvres, elle couvre ma peur, mais elle se consume rapidement, mes secondes sont comptés. « C’est juste que, tu mérites quelqu’un qui te respecte… Vraiment. » Et, qu’est-ce je savais de lui? Rien. Je m’en foutais, je savais simplement que, personne d’autre que moi ne pourrait comprendre Ekstasy. Personne d’autre. They don’t love you like I love you…
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Re: Moonlight Drive | Feat. Ekstasy
Mar 21 Déc 2010 - 0:33
Aldéric et Elliot, les deux comptaient beaucoup pour moi. Je les connaissais depuis que j’étais enfant et j’avais appris à grandir, j’avais appris la vie, avec eux. Etant fille unique, Aldéric était vite devenu comme mon frère et Elliot avait quant à lui rempli parfaitement le rôle d’ami. Il était mon ami depuis des années et maintenant encore, il était près de moi… Je regardai ses yeux clairs, pensant avec un mince sourire à la soirée ou j’avais tenté de le faire devenir plus, et où il m’avait fait comprendre que ça ne l’intéressait pas. Quand j’avais quelques années de moins, j’étais bien plus délurée et chaque fois qu’un homme m’attirait, j’allais à son encontre. En peu de temps, j’avais changé. Dorénavant, je me fichais des hommes charmants et je cherchais bien moins à séduire. Etait-ce un changement positif ? Ou était-ce un changement négatif ? Je n’en avais aucune idée. La seule chose dont je me rendais compte c’était que j’étais plus heureuse à l’époque où chacune de mes paroles et où chacun de mes gestes étaient libres comme le vent et que je vivais sans contraintes, aucune. « Ouais... La différence entre Aldéric et Jeff, c’est que je n’aurais jamais détruit Aldéric comme je l’aurais fait avec Jeff. » J’approuvai d’un signe de tête. « Hum. Heureusement, sinon, moi, je vous aurais détruit tous les deux. » Je ris doucement et me concentrai ensuite sur les flocons de neige qui tombaient féériquement sur Norwich. Je suis une sorcière ; tous les jours je peaufine certains sortilèges, j’apprends des potions originales et je vis des choses étranges et cocasses, mais cela ne m’empêche pas de trouver la neige magique. « Eksta… On marche un peu? » Je souris et me levai pour lui montrer que j’étais partante. Marchant côte à côte, je sentais la chaleur de sa présence qui m’apportait un peu de réconfort. Que c’était agréable… « Je m’excuse pour tout à l’heure, je ne voulais pas dire que Jeff n’était pas assez bon pour toi… C’est juste que… » Juste que ? Je lui jetai un regard en biais, regard étonné que je voulais discret. Juste que quoi, Elliot ? Pourquoi sembles-tu te préoccuper autant de ces histoires alors que.. alors que ce sont mes histoires ? « C’est juste que, tu mérites quelqu’un qui te respecte… Vraiment. » Je fronçai les sourcils, me mordant la lèvre. Je ne mérite personne, et pour tout dire, je ne cherche à mériter personne. Je suis seule et je m’en fiche. Mieux encore, je suis soulagée d’être seule, de n’avoir de comptes à ne rendre à personne… La solitude n’est pas un fardeau. Le manque l’est, mais la solitude est si reposante qu’elle peut vite devenir une drogue. « Je sais pas. » Depuis la mort de Noah et tous les évènements aussi macabres qui étaient survenus après, j’avais l’impression que le ciel m’était tombé sur la tête. Et, oppressée dans ce flot sinistre, je m’étais renfermée sur moi-même… Je ne voulais voir personne et j’étais peu aimable avec ceux qui étaient à ma proximité. Je redoublais ma souffrance, comme si elle allait ainsi s’apaiser plus vite. Je n’ai jamais été patiente. « Je veux dire… Est-ce que je mérite vraiment quelqu’un ou quelque chose ? Je… je pense pas. » Je suis une putain de droguée qui n’assume même plus. Avant la drogue était un bonus, un outil qui me rendait de meilleure humeur, maintenant ce n’était qu’un médicament dont je n’arrivais pas à me débarrasser. J’étais pathétique et faible par ma dépendance. « Je sais pas qui je suis. » J’aimerais clamer haut et fort que je m’appelle Ekstasy, et que je suis une sorcière accomplie. Que je suis une bonne joueuse de Quidditch, que j’ai des notes tout à fait admirables dans certaines matières et que je ferai quelque chose de ma vie. Mais la réalité semblait tellement éloignée… J’étais Ekstasy, une droguée qui perdait tous ses proches à partir du moment où elle les aimait profondément, et qui se demandait si son père adoptif n’avait pas raison, et que la vie pouvait se résumer en deux verbes ; naître et mourir. Sans forcément le verbe exister, entre ces deux-là.
S’il y avait une chose dont j’avais bien horreur, c’était de m’étendre sur des discussions gênantes à mon propos, surtout lorsque je n’avais pas les idées bien nettes. Or ce soir, je ne les avais pas. La cocaïne semblait déjà presqu’effacée mais il ne fallait pas négliger le fait que j’en avais tout de même prise, qu’il était tard et que j’avais bu, même si je tenais bien l’alcool. Souhaitant changer de sujet, j’attrapai une boule de neige et, comme l’enfant que j’avais été, la lançai sur mon ami. J’attrapai ensuite son bras, cherchant à le faire tomber dans la poudreuse. Mon rire résonnait lorsque je parvins enfin à le renverser dedans. Le maintenant à terre en étant à califourchon sur son torse, je pris de la neige que je fis glisser entre mes doigts, soudainement songeuse. En bonne compagnie, comme avec Elliot, j’étais capable un court moment d’oublier mes malheurs et d’être bien, sans poison ni artifices. Etre avec lui me faisait du bien, je ne pouvais le nier. C’était facile, presque naturel. Laissant finalement retomber la neige à côté, je pressai ma main gelée contre sa joue, souris, et roulai pour m’allonger près de lui. Je frémis, réalisant que même si je craignais peu le froid, je ne pourrai pas rester ainsi très longtemps. « Merci. » Merci d’être là parce que je me sens bien. In your name, i find meaning.
S’il y avait une chose dont j’avais bien horreur, c’était de m’étendre sur des discussions gênantes à mon propos, surtout lorsque je n’avais pas les idées bien nettes. Or ce soir, je ne les avais pas. La cocaïne semblait déjà presqu’effacée mais il ne fallait pas négliger le fait que j’en avais tout de même prise, qu’il était tard et que j’avais bu, même si je tenais bien l’alcool. Souhaitant changer de sujet, j’attrapai une boule de neige et, comme l’enfant que j’avais été, la lançai sur mon ami. J’attrapai ensuite son bras, cherchant à le faire tomber dans la poudreuse. Mon rire résonnait lorsque je parvins enfin à le renverser dedans. Le maintenant à terre en étant à califourchon sur son torse, je pris de la neige que je fis glisser entre mes doigts, soudainement songeuse. En bonne compagnie, comme avec Elliot, j’étais capable un court moment d’oublier mes malheurs et d’être bien, sans poison ni artifices. Etre avec lui me faisait du bien, je ne pouvais le nier. C’était facile, presque naturel. Laissant finalement retomber la neige à côté, je pressai ma main gelée contre sa joue, souris, et roulai pour m’allonger près de lui. Je frémis, réalisant que même si je craignais peu le froid, je ne pourrai pas rester ainsi très longtemps. « Merci. » Merci d’être là parce que je me sens bien. In your name, i find meaning.
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Re: Moonlight Drive | Feat. Ekstasy
Dim 26 Déc 2010 - 20:32
- J’étais une personne totalement différente lorsque j’étais avec elle. Je laissais tomber mon masque, je n’étais pas un monstre, mais Elliot tout simplement. C’était ça qui me faisait peur, parce que j’étais sans défense lorsqu’elle était là. Mais elle ne le savait pas, qu’à chaque fois qu’elle se collait contre moi, mon cœur s’arrêtait. Elle ne le savait pas, parce que j’avais choisis de me taire, j’avais choisis de refuser ses avances. Alors j’endurais la souffrance en silence. J’endurais tout, comme d’habitude, j’étais fort. J’avais peur de celui que j’étais en sa présence, parce que je n’avais pas le contrôle. J’étais perdu et je savais que je n’étais pas la personne qui lui fallait. Je n’étais bon pour personne. « Hum. Heureusement, sinon, moi, je vous aurais détruit tous les deux. » C’était toujours la même histoire, après toutes ses années, Aldéric et moi étions toujours en train de se disputer pour un oui ou pour un non. Toujours en train de vouloir nous prouver. Eksta, elle était toujours entre nous deux, toujours à nous séparés, mais elle ne voyait pas la souffrance qui m’animait à chaque fois qu’elle était du côté de mon cousin. J’avais choisis de me briser le cœur, à chaque fois que j’étais avec elle. J’esquissai finalement un sourire, parce qu’au fond, toute cette histoire était de ma faute. Si je n’avais refusé ses avances, tout aurait été différent. Alors je devais assumer le choix que j’avais fait, mais je n’arrivais pas à le faire. J’étais jaloux, de tout le monde autour d’elle. J’étais en colère contre moi, parce que je n’arrivais pas à être un adulte. Parce que j’étais un enfant perdu qui ne voulait qu’une main pour lui montrer le chemin. Alors, je voulais lui faire comprendre, peut-être d’une façon maladroite qu’elle méritait mieux que d’être une junkie. Elle méritait mieux que moi, mieux qu’un monstre dans mon genre. « Je veux dire… Est-ce que je mérite vraiment quelqu’un ou quelque chose ? Je… je pense pas. » J’hausse les épaules. Je comprenais, croyant moi-même que je ne méritais rien, rien d’autre que la solitude. « Je sais pas qui je suis. » « Je ne sais pas non plus qui je suis, Eksta. » Je me voulais rassurant, mais je n’avais que l’impression que je l’attirais vers le bas, que j’avais besoin des gens aussi tourmenté que moi pour être heureux. Tu es pleins de chose, Eksta. Tu es belle, tu es intelligente, tu es une amie, tu es une sorcière accomplie… J’aimerais être capable de te le dire, d’être gentil pour une fois. Je suis trop perdu pour le faire. Je suis trop amoureux pour te dire ses choses sans qu’ils ne soient une déclaration d’amour. Alors je marche en silence, je fume ma cigarette pour masquer ma peur. Je sais qu’elle n’aime pas parler d’elle, elle est comme moi et je comprends parfaitement. Alors je n’ajoute rien.
Alors que je retourne la tête, j’ai à peine le temps de voir la boule qu’elle s’est déjà éclatée sur mon visage. Instinctivement, je me mets à rire, on était deux enfants, deux enfants dans un monde trop intense pour eux. Je me penchai pour prendre de la neige entre mes mains, mais Eksta en décida autrement. Quelques secondes plus tard, j’étais allongé dans la neige, la Wright sur mon torse. « Tu vas me le payer Beansley. » Mes menaces étaient vaines et surtout peu crédibles parce que je n’arriverai jamais à lui faire du mal, du moins pas volontairement. Je ne me débattais pas, j’aimais ses petits moments, ceux qui font que la vie vaut la peine d’être vécu. La drogue avait fait son effet, laissant maintenant place à un sentiment étrangement plus fort. Le bonheur? J’étais simplement heureux d’être là, de sentir sa main congelée contre ma joue. J’étais simplement bien. Je savais que ce moment serait éphémère et que bientôt je retrouverais ma torpeur habituelle. « Merci. » J’arquai un sourcil, perplexe, puis hocha la tête. Elle était magnifique, elle souriait et moi, je souffrais toujours en silence. Pour combler ma peur, je m’allumai une cigarette, que je fumai nonchalamment. Je me tournais vers mon amie, toujours allongée dans la neige. Ses lèvres étaient tellement près, mais c’était le courage qui me manquait. Cette lacune qui me couterait la vie. Je souriais faiblement, dégageant la neige de sa chevelure de ma main forte. Ma main s’arrêta sur sa nuque, instinctivement, comme si sa place avait toujours été là. « Je… » J’étais incapable de dire quoique ce soit, j’étais incapable de coller mes lèvres sur les siennes, pour que ma torture s’apaise un peu. Faut croire que j’aimais ça. Que jamais cette torture. Alors que ses yeux perçaient mon regard, je détachai le mien, incapable de supporter ses magnifiques pupilles. Ma main était toujours installée sur sa nuque, je détachai finalement mes phalanges de son cou, réalisant que je n’avais pas le droit. Elle n’était pas mienne, elle ne le sera jamais. Aldéric avait gagné. Je devais abandonner. Alors, je reculai légèrement, reprenant la cigarette entre mes lèvres. « On devrait rentrer. » Mon ton était devenu sombre. J’étais redevenu le monstre que je suis. J’aurais aimé y croire, qu’avec toi je serais différent. Alors, dans le désespoir qui m’enveloppait, j’approchai mon visage du sien. J’accrochai mes lèvres aux siennes, l’espace d’une fraction de seconde. J’avais besoin de ça, j’avais besoin de se baiser, pour me convaincre que, mon amour pour toi n’allait pas me détruire à petit feu. J’avais mal, tes lèvres m’étaient interdites, je me l’étais juré. J’ouvre les yeux, Eksta est aussi paumé que moi. Je recule mon visage, je panique. Je me relève. « Merci… » Je bafouille, j’essuie nerveusement la neige sur mon manteau. Je tire sur ma clope. Je veux m’en aller, mais je ne sais pas par où allez. Je tourne la tête à droite et à gauche, je m’en veux. Ce baiser n’à rien régler. Il m’a encore plus foutu en l’air. Je suis une girouette, planté dans la neige, je veux m’en aller, mais je n’y arrive pas. Je lui tourne le dos. Je ne veux pas qu’elle voit mon visage perdu. Je ferme les yeux, me mordille la lèvre qui goute encore les siennes. « On rentre? » Je finis par demander, la voix tremblante. Comme si rien ne s’était passé.
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