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De l'aide là où on s'y attend le moins [Dhan]
Jeu 7 Mar 2019 - 17:03
Ce soir, j'avais besoin d'un verre. Sans la présence de Levius à la ferme, tout était devenu très maussade. Je n'avais aucune nouvelle de sa part, ce qui en soit ne m'étonnais pas vraiment, mais me blessais tout de même. Les tâches s'accumulaient les unes après les autres et je n'avais pas la carrure et l'expérience pour réussir à suivre la main d'œuvre de la ferme, les commandes des plantes ainsi que mes propres affaire au ministère et à l'université. L'expression "être sous l'eau" n'avait jamais été aussi vraie. Je sacrifiais mes heures de sommeil pour que tout fonctionne au mieux, mais je commençais à sentir que je tirais sur la corde, et ça, ce n'était jamais bon. J'avais besoin d'aide, en plus d'un verre… mais je ne savais pas à qui m'adresser pour le moment. Comme une maudite, la présence de mes amis s'étiolaient, et je ne voulais pas non plus les surcharger eux. Car eux aussi ils avaient des choses à faire, pas uniquement de s'occuper de la ferme et de la serre.
Alors, sans doute étais-je l'ombre de moi-même en poussant les portes du Rainbow. Ici, je n'avais même plus besoin de me présenter puisqu'y avais travaillé pendant plusieurs mois. Ma passion pour les dragons m'ayant rattrapée, je m'étais vue obligée de tout arrêter pour mon stage au Ministère, m'empêchant alors de gagner ma vie. Voilà pourquoi j'avais déménagé chez les Bird, en échange de mon aide à la ferme.
Avec le départ de mon compagnon, ou ex-compagnon, je ne savais guère comment le définir, tout avait cependant été chamboulé et je devais revoir mes priorités. Gérer toute une propriété, je n'avais jamais été préparée à cela.
Alors, j'écrasais mon corps fatigué sur l'une des places disponibles devant une table tout en commandant un cocktail bien corsé. Non pas que l'envie de me mettre la tête à l'envers me charmais, mais j'avais surtout besoin de penser à autre chose présentement. Je perdais sans doute du temps à être ici et boire plutôt que d'effectuer mes devoirs quotidiens, mais quand trop était trop, il fallait savoir s'arrêter. C'était sans compter ma santé fragile et toutes les questions que je me posais dans ma vie personnelle…
Encore une fois, tout n'était qu'un flot continue d'informations et d'événements et je ne cessais de m'y noyer. Une fois la commande arrivée, je remerciais le serveur avant de m'accouder à la table, fixant le liquide contenu dans le verre d'un œil absent.
Un peu plus et j'allais peut-être m'endormir sur place.
@dhan chaffinch
Alors, sans doute étais-je l'ombre de moi-même en poussant les portes du Rainbow. Ici, je n'avais même plus besoin de me présenter puisqu'y avais travaillé pendant plusieurs mois. Ma passion pour les dragons m'ayant rattrapée, je m'étais vue obligée de tout arrêter pour mon stage au Ministère, m'empêchant alors de gagner ma vie. Voilà pourquoi j'avais déménagé chez les Bird, en échange de mon aide à la ferme.
Avec le départ de mon compagnon, ou ex-compagnon, je ne savais guère comment le définir, tout avait cependant été chamboulé et je devais revoir mes priorités. Gérer toute une propriété, je n'avais jamais été préparée à cela.
Alors, j'écrasais mon corps fatigué sur l'une des places disponibles devant une table tout en commandant un cocktail bien corsé. Non pas que l'envie de me mettre la tête à l'envers me charmais, mais j'avais surtout besoin de penser à autre chose présentement. Je perdais sans doute du temps à être ici et boire plutôt que d'effectuer mes devoirs quotidiens, mais quand trop était trop, il fallait savoir s'arrêter. C'était sans compter ma santé fragile et toutes les questions que je me posais dans ma vie personnelle…
Encore une fois, tout n'était qu'un flot continue d'informations et d'événements et je ne cessais de m'y noyer. Une fois la commande arrivée, je remerciais le serveur avant de m'accouder à la table, fixant le liquide contenu dans le verre d'un œil absent.
Un peu plus et j'allais peut-être m'endormir sur place.
@dhan chaffinch
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Re: De l'aide là où on s'y attend le moins [Dhan]
Mer 27 Mar 2019 - 10:46
Ce soir là, Dhan avait besoin d’un verre. Il n’était pas du genre à se morfondre dans l’alcool à la moindre difficulté, loin s’en fallait, pourtant…Il n’était pas revenu à l’appartement comme d’habitude après avoir déposé sa fille chez ses parents ; il n’avait pas prévenu Mercy de ce petit détour, mais il savait qu’elle ne lui en voudrait pas trop. Elle aussi avait besoin de se retrouver un peu seule à cet instant. Il avait choisi ce bar à moitié par hasard, à moitié parce qu’il savait que la boisson était abordable, et quelques sièges suffisamment en retrait pour pouvoir soliloquer tranquillement, sans personne pour le distraire de ses ruminations.
Ainsi donc, Mercy était enceinte. C’était un évènement en soi, pour bien des raisons. Il était de notoriété publique qu’elle n’était pas vraiment adepte des enfants, pour des raisons, en revanche, bien plus confidentielles. Elle n’avait pas vraiment de régulier dans sa vie, elle ne se plaignait pas, ne s’en félicitait pas non plus. Pour Dhan, Mercy était l’épitomé de la liberté, un courant d’air sans attache autres que celle qu’elle acceptait de s’infliger à elle-même. Aujourd’hui, elle se retrouvait avec un petit bout de plus en elle, quelque chose qu’elle n’avait pas prévu, pas anticipé, et pourtant … C’était bien là, en elle, et elle ne semblait pas décider encore de ce qu’elle allait faire pour la suite. C’était surprenant, quand on connaissait le caractère de la demoiselle. Et le voici au milieu de tout cela, support indéfectible, mais malgré tout bien embêté. Il avait déjà une fille, une enfant qui n’était pas biologiquement la sienne, et maintenant sa colocataire allait peut être garder son bébé… Ils n’étaient que tous les deux, il y avait pas plus de quelques mois. Ils allaient bientôt être quatre, si Mercy faisait ce choix. Cela faisait beaucoup, beaucoup de changement d’un coup, c’était peu de le dire.
Alors il avait poussé la porte du Rainbow sans vraiment savoir ce qu’il cherchait, ni ce qu’il allait trouver. Il avait salué d’un mouvement de menton les habitués qu’il connaissait de vue, mais ne s’était arrêté à aucune table, bien que quelques doctorants lui faisaient signe de les rejoindre. Il n’était pas d’humeur à discuter sémantique. Il n’était même pas sur d’avoir vraiment envie de discuter tout court. Au comptoir, il leva la main en direction du barman et commanda sa boisson, plus chargée que ce qu’il demandait d’ordinaire. Au pire, l’appartement de Niamh n’était pas bien loin, le sien non plus. Il trouverait toujours un endroit où dormir, même en ayant du mal à mettre un pied devant l’autre. Sa boisson servi, il en but une large rasade avant de se rendre compte – enfin-, d’une présence à coté. Il tourna la tête en se grattant le sourcil, un demi sourire étirant à peine ses lèvres.
- Je n’ai pas l’habitude de te voir de ce coté du comptoir, Abigail …
Ainsi donc, Mercy était enceinte. C’était un évènement en soi, pour bien des raisons. Il était de notoriété publique qu’elle n’était pas vraiment adepte des enfants, pour des raisons, en revanche, bien plus confidentielles. Elle n’avait pas vraiment de régulier dans sa vie, elle ne se plaignait pas, ne s’en félicitait pas non plus. Pour Dhan, Mercy était l’épitomé de la liberté, un courant d’air sans attache autres que celle qu’elle acceptait de s’infliger à elle-même. Aujourd’hui, elle se retrouvait avec un petit bout de plus en elle, quelque chose qu’elle n’avait pas prévu, pas anticipé, et pourtant … C’était bien là, en elle, et elle ne semblait pas décider encore de ce qu’elle allait faire pour la suite. C’était surprenant, quand on connaissait le caractère de la demoiselle. Et le voici au milieu de tout cela, support indéfectible, mais malgré tout bien embêté. Il avait déjà une fille, une enfant qui n’était pas biologiquement la sienne, et maintenant sa colocataire allait peut être garder son bébé… Ils n’étaient que tous les deux, il y avait pas plus de quelques mois. Ils allaient bientôt être quatre, si Mercy faisait ce choix. Cela faisait beaucoup, beaucoup de changement d’un coup, c’était peu de le dire.
Alors il avait poussé la porte du Rainbow sans vraiment savoir ce qu’il cherchait, ni ce qu’il allait trouver. Il avait salué d’un mouvement de menton les habitués qu’il connaissait de vue, mais ne s’était arrêté à aucune table, bien que quelques doctorants lui faisaient signe de les rejoindre. Il n’était pas d’humeur à discuter sémantique. Il n’était même pas sur d’avoir vraiment envie de discuter tout court. Au comptoir, il leva la main en direction du barman et commanda sa boisson, plus chargée que ce qu’il demandait d’ordinaire. Au pire, l’appartement de Niamh n’était pas bien loin, le sien non plus. Il trouverait toujours un endroit où dormir, même en ayant du mal à mettre un pied devant l’autre. Sa boisson servi, il en but une large rasade avant de se rendre compte – enfin-, d’une présence à coté. Il tourna la tête en se grattant le sourcil, un demi sourire étirant à peine ses lèvres.
- Je n’ai pas l’habitude de te voir de ce coté du comptoir, Abigail …
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Re: De l'aide là où on s'y attend le moins [Dhan]
Mer 27 Mar 2019 - 21:23
Le nez plongé dans mon verre de cocktail, je ne prenais guère attention à tout ce qui se déroulait autour de moi. Il n'y avait que la musique que j'écoutais d'une oreille distraite car je m'y plongeais totalement afin de pouvoir m'échapper. Oublier, j'étais ici pour ça, et je n'avais pas forcément besoin de me mettre la tête à l'envers pour y arriver. Simplement écouter de la musique un peu ailleurs que chez moi m'aidait. La musique était magique pour moi, mais présentement, mon cocktail était le compagnon bienvenu à tout ce mélange.
Ici au moins, mon esprit s'apaisait. Durant les mois où j'avais été employée je m'étais habituée à l'ambiance que j'avais fini par apprécier. Ça m'avait fait du bien, ça m'avait appris beaucoup de choses, et ce soir, c'était devenu un peu mon refuge.
Je m'étais toujours très bien contentée de la solitude, je l'avais été la majorité de ma vie. Mais à présent que j'avais goûté à la douceur de l'amitié et surtout de l'amour, j'avais beaucoup de mal à rester seule et à me sentir comblée. D'autant plus à cause de toutes les taches que j'avais à effectuer. Et encore, j'étais bienheureuse de pouvoir être sorcière et de pouvoir utiliser ma magie pour m'aider, surtout à la ferme. Moi qui avait un physique plutôt fragile et sans muscle, et pourtant ce n'était pas faute d'essayer d'entretenir mon corps, ça m'était particulièrement salutaire.
Puisque j'étais plongée dans mon monde et que je ressassais sans cesse, je sursautais légèrement en entendant une voix familière à côté de moi. Relevant des yeux un peu ternes sur le secrétaire d'Hungcalf, je lui souriais tout de même poliment.
- Bonsoir monsieur Chaffinch, quelle surprise, comment allez-vous ?
Dressant mon verre devant lui en un signe de salutation mais aussi pour lui souhaiter de bien savourer son propre verre, j'étirais sensiblement mes lèvres tout en passant une main dans mes cheveux pour les retirer de mon visage.
- J'ai démissionné depuis le début de l'année, pour mon stage au ministère. Je remuais un peu les épaules. On ne peut pas tout faire. Il faudra vous habituer à me voir de ce côté du comptoir du coup.
M'osant à un rire léger et un peu sarcastique, je m'accoudais tout en gardant mon verre entre mes doigts fins. Après un instant, je retrouvais un peu de sérieux et de cette lassitude qui était déjà présente lorsqu'il était venu m'aborder.
- Que faites-vous là monsieur Chaffinch ?
Ici au moins, mon esprit s'apaisait. Durant les mois où j'avais été employée je m'étais habituée à l'ambiance que j'avais fini par apprécier. Ça m'avait fait du bien, ça m'avait appris beaucoup de choses, et ce soir, c'était devenu un peu mon refuge.
Je m'étais toujours très bien contentée de la solitude, je l'avais été la majorité de ma vie. Mais à présent que j'avais goûté à la douceur de l'amitié et surtout de l'amour, j'avais beaucoup de mal à rester seule et à me sentir comblée. D'autant plus à cause de toutes les taches que j'avais à effectuer. Et encore, j'étais bienheureuse de pouvoir être sorcière et de pouvoir utiliser ma magie pour m'aider, surtout à la ferme. Moi qui avait un physique plutôt fragile et sans muscle, et pourtant ce n'était pas faute d'essayer d'entretenir mon corps, ça m'était particulièrement salutaire.
Puisque j'étais plongée dans mon monde et que je ressassais sans cesse, je sursautais légèrement en entendant une voix familière à côté de moi. Relevant des yeux un peu ternes sur le secrétaire d'Hungcalf, je lui souriais tout de même poliment.
- Bonsoir monsieur Chaffinch, quelle surprise, comment allez-vous ?
Dressant mon verre devant lui en un signe de salutation mais aussi pour lui souhaiter de bien savourer son propre verre, j'étirais sensiblement mes lèvres tout en passant une main dans mes cheveux pour les retirer de mon visage.
- J'ai démissionné depuis le début de l'année, pour mon stage au ministère. Je remuais un peu les épaules. On ne peut pas tout faire. Il faudra vous habituer à me voir de ce côté du comptoir du coup.
M'osant à un rire léger et un peu sarcastique, je m'accoudais tout en gardant mon verre entre mes doigts fins. Après un instant, je retrouvais un peu de sérieux et de cette lassitude qui était déjà présente lorsqu'il était venu m'aborder.
- Que faites-vous là monsieur Chaffinch ?
- InvitéInvité
Re: De l'aide là où on s'y attend le moins [Dhan]
Ven 12 Avr 2019 - 14:20
Abigael faisait partie de ces élèves discrètes de l’université, peu enclines aux débordements et aux éclats, qui avaient une place un peu particulière dans le coeur du secretaire. C’était peut être parce qu’il se reconnaissait un peu en eux, d’une certaine manière. Il n’avait pas été président d’association, ni un joueur émérite de quidditch, il avait simplement fait son petit bonhomme de chemin à travers ses années études, peu entouré, mais uniquement d’amis de qualité. Il n’avait rien contre les têtes d’affiche, les Muller, la jeune Rose Coldridge et autres Trejo qui défrayaient régulièrement les chroniques du Chineur, simplement il s’y identifiait moins. Abigael était le genre de filles à coté de qui il se serait assis, à la bibliothèque. Il l’aurait probablement écouté parler de dragons pendant des heures, le regard un peu dans le vague, rêvant de chevauchées épiques quand sa maladie l’interdisait purement et simplement de décoller les pieds du plancher des vaches. Dhan prit une gorgée de boisson, l’alcool descendant dans sa gorge comme une brûlure bienvenue.
- Il y a deux réponses à ta question, la poétique et la pragmatique. La poétique te dirait que je ne recherche que « les doux opiums, l’abrutissante extase : Bitter, grenat brûlé, vermouth, claire topaze. Absinthe, lait troublé d’émeraude. Versez !». La pragmatique te répondrait simplement que j’ai eu une très longue journée, qui s’est additionnée aux six précédentes de cette semaine, et que ma sobriété me demande un peu de congés. Alors je m’exécute.
Malgré l’humeur plutôt maussade, ll avait la langue plus souple, le Chaffinch, quand les heures du soir avançaient et que les bouteilles se vidaient. Il était encore un peu tôt, mais suffisamment tard pour qu’il ait abandonné cravate et chaussures vernis. Il avait bien perdu quatre ou cinq années sur sa parure, et semblait faire enfin son âge. Il écoutait la réponse d’Abigael en hochant doucement de la tête, dodelinant au rythme lent de la musique qui jouait en fond.
- Tant que le stage vous rapproche de vos rêves professionnels, c’est une bonne chose. Et ce lieu aura perdu une serveuse remarquable. Leur perte.
Le liquide ambré passa à nouveau du verre au gosier, alors qu’il ne rajoutait rien, perdu à nouveau dans ses considérations égoistes. Ce n’était pas que la présence de la douce demoiselle l’importunait, mais il ne voyait pas vraiment ce qu’il allait bien pouvoir lui apporter de pertinent dans la conversation. Dhan était un bon auditeur, il ne se sentait qu’un tribun médiocre. Une braise au milieu des feux de Bengale. Alors la seconde question d’Abi lui fit lever le nez de son verre, réfléchissant un instant au sens de cette dernière. Ici dans ce bar ? Ici à coté d’elle ? Ici … Où ? Vaste question.
- …. J’imagine que je suis venu chercher un peu de solitude dans la foule et de calme dans le vacarme. Il paraît que c’est ce que font les gens, parfois, quand leurs pensées s’accumulent et débordent … Et toi ? Nostalgique du lieu ?
A moins que cela soit des choses qu’elle y avait vécu, mais il était bien trop délicat pour le sous entendre ….
- Il y a deux réponses à ta question, la poétique et la pragmatique. La poétique te dirait que je ne recherche que « les doux opiums, l’abrutissante extase : Bitter, grenat brûlé, vermouth, claire topaze. Absinthe, lait troublé d’émeraude. Versez !». La pragmatique te répondrait simplement que j’ai eu une très longue journée, qui s’est additionnée aux six précédentes de cette semaine, et que ma sobriété me demande un peu de congés. Alors je m’exécute.
Malgré l’humeur plutôt maussade, ll avait la langue plus souple, le Chaffinch, quand les heures du soir avançaient et que les bouteilles se vidaient. Il était encore un peu tôt, mais suffisamment tard pour qu’il ait abandonné cravate et chaussures vernis. Il avait bien perdu quatre ou cinq années sur sa parure, et semblait faire enfin son âge. Il écoutait la réponse d’Abigael en hochant doucement de la tête, dodelinant au rythme lent de la musique qui jouait en fond.
- Tant que le stage vous rapproche de vos rêves professionnels, c’est une bonne chose. Et ce lieu aura perdu une serveuse remarquable. Leur perte.
Le liquide ambré passa à nouveau du verre au gosier, alors qu’il ne rajoutait rien, perdu à nouveau dans ses considérations égoistes. Ce n’était pas que la présence de la douce demoiselle l’importunait, mais il ne voyait pas vraiment ce qu’il allait bien pouvoir lui apporter de pertinent dans la conversation. Dhan était un bon auditeur, il ne se sentait qu’un tribun médiocre. Une braise au milieu des feux de Bengale. Alors la seconde question d’Abi lui fit lever le nez de son verre, réfléchissant un instant au sens de cette dernière. Ici dans ce bar ? Ici à coté d’elle ? Ici … Où ? Vaste question.
- …. J’imagine que je suis venu chercher un peu de solitude dans la foule et de calme dans le vacarme. Il paraît que c’est ce que font les gens, parfois, quand leurs pensées s’accumulent et débordent … Et toi ? Nostalgique du lieu ?
A moins que cela soit des choses qu’elle y avait vécu, mais il était bien trop délicat pour le sous entendre ….
- Spoiler:
- Les jolis vers de Dhan sont du Sonnet ivre de Jean Richepin
- InvitéInvité
Re: De l'aide là où on s'y attend le moins [Dhan]
Ven 12 Avr 2019 - 19:43
Nonchalamment appuyée sur mon coude, j'écoutais le secrétaire me raconter les raisons de sa présence ici. Un peu dubitative, je me permettais de hausser légèrement un sourcil, intriguée par tant de poésie ce soir. Était-ce à ce point la fatigue, ou alors y avait-il autre chose ? L'homme devant moi était toujours droit et juste, je l'admirais beaucoup pour cela. De manière générale, j'appréciais beaucoup les membres du corps enseignant d'Hungcalf car ils avaient tous un petit quelque chose qui faisaient qu'ils étaient spéciaux, et surtout incroyablement compétents.
Néanmoins, monsieur Chaffinch avait une place toute particulière à mon cœur, car il était le seul à avoir véritablement épluché mon dossier. Même si au début ça m'avait mise très mal à l'aise, j'avais fini par comprendre avec le temps qu'il l'avait fait pour me protéger, pour me soutenir et me proposer son aide. Aujourd'hui, je lui en étais vraiment reconnaissante, car j'avais pu me confier. Car les démarches étaient véritablement beaucoup plus faciles grâce à lui lorsque je devais déclarer mes absences incessantes à cause de ma santé fragile.
Alors, ma grande empathie me permettait de comprendre que la fatigue n'était pas la seule et unique raison qui avait poussé le secrétaire à venir au Rainbow ce soir… et je devais avouer que j'avais envie de l'aider, de l'épauler. Ici, la barrière enseignant élève tombait pour moi, et mes intentions étaient tout à fait louables. Je n'étais pas sans savoir que ce n'était pas le cas pour tous les élèves de l'université qui semblaient des fois faire un concours de celui qui aura mis le plus de professeurs dans son lit. Même si monsieur Chaffinch n'était pas un enseignant à proprement parlé, il n'en déméritait pas moins.
- Prendre son temps pour soi, c'est une habitude que notre société actuelle essaie de nous faire perdre. Pourtant c'est important d'écouter ses propres besoins.
Parle pour toi ma grande… qui étais-je pour donner des conseils alors que tout mon corps me hurlait de me reposer et de prendre au moins une journée pour moi à ne rien faire ? Dans un soupir, je noyais ses pensées dans une grosse gorgée de cocktail alors que j'entendais mon interlocuteur me vouvoyer soudainement.
Oula oui, il était vraiment fatigué le pauvre. Passer du tutoiement au vouvoiement, c'était assez déstabilisant, et il ne semblait pas s'en rendre compte, ce qui m'amusait. Avec un sourire aux lèvres, je me permettais de rétorquer calmement.
- Ho je ne suis pas irremplaçable vous savez, je suis certaine qu'ils ont trouvé une serveuse bien plus compétente que moi… mais en dehors de ça oui mon stage est très intéressant, même si ma charge de travail a encore augmenté. Je passais une main dans ma chevelure, signe que je me sentais dépassée, avant de continuer dans un regard pétillant de malice. Et vous pouvez rester au tutoiement ça ne me dérange pas.
Gloussant un peu, je cachais mon rire en buvant une nouvelle gorgée de ma boisson alcoolisée, faisant remarquer alors au secrétaire que j'avais bien compris sa fatigue et peut-être même les autres problèmes qu'il pouvait avoir. Pourtant, puisqu'il faisait partie de l'administration d'Hungcalf et qu'il était mon ainé, je ne me sentais pas à même de lui proposer de se confier à moi s'il en ressentait le besoin.
Je le jugeais assez malin pour le deviner tout seul, surtout après nos nombreux échanges déjà confidentiels. Secouant un peu la tête, je plongeais mon regard dans mon verre tout en le faisant tournoyer nerveusement entre mes doigts fins.
- Non pas de nostalgie… j'imagine… que c'est un peu similaire à vous… j'essaie de me détendre tout en oubliant… alors qu'en réalité je ne fais que remettre à plus tard les problèmes et qu'en attendant je ne gère rien et je prends du retard…
Un frisson traversa mon échine alors que je prononçais ses paroles. Me voilà stressée et presque sur le point de culpabiliser d'être là et d'essayer de prendre un peu de temps pour moi.
Pour faire passer, je buvais une nouvelle gorgée.
Néanmoins, monsieur Chaffinch avait une place toute particulière à mon cœur, car il était le seul à avoir véritablement épluché mon dossier. Même si au début ça m'avait mise très mal à l'aise, j'avais fini par comprendre avec le temps qu'il l'avait fait pour me protéger, pour me soutenir et me proposer son aide. Aujourd'hui, je lui en étais vraiment reconnaissante, car j'avais pu me confier. Car les démarches étaient véritablement beaucoup plus faciles grâce à lui lorsque je devais déclarer mes absences incessantes à cause de ma santé fragile.
Alors, ma grande empathie me permettait de comprendre que la fatigue n'était pas la seule et unique raison qui avait poussé le secrétaire à venir au Rainbow ce soir… et je devais avouer que j'avais envie de l'aider, de l'épauler. Ici, la barrière enseignant élève tombait pour moi, et mes intentions étaient tout à fait louables. Je n'étais pas sans savoir que ce n'était pas le cas pour tous les élèves de l'université qui semblaient des fois faire un concours de celui qui aura mis le plus de professeurs dans son lit. Même si monsieur Chaffinch n'était pas un enseignant à proprement parlé, il n'en déméritait pas moins.
- Prendre son temps pour soi, c'est une habitude que notre société actuelle essaie de nous faire perdre. Pourtant c'est important d'écouter ses propres besoins.
Parle pour toi ma grande… qui étais-je pour donner des conseils alors que tout mon corps me hurlait de me reposer et de prendre au moins une journée pour moi à ne rien faire ? Dans un soupir, je noyais ses pensées dans une grosse gorgée de cocktail alors que j'entendais mon interlocuteur me vouvoyer soudainement.
Oula oui, il était vraiment fatigué le pauvre. Passer du tutoiement au vouvoiement, c'était assez déstabilisant, et il ne semblait pas s'en rendre compte, ce qui m'amusait. Avec un sourire aux lèvres, je me permettais de rétorquer calmement.
- Ho je ne suis pas irremplaçable vous savez, je suis certaine qu'ils ont trouvé une serveuse bien plus compétente que moi… mais en dehors de ça oui mon stage est très intéressant, même si ma charge de travail a encore augmenté. Je passais une main dans ma chevelure, signe que je me sentais dépassée, avant de continuer dans un regard pétillant de malice. Et vous pouvez rester au tutoiement ça ne me dérange pas.
Gloussant un peu, je cachais mon rire en buvant une nouvelle gorgée de ma boisson alcoolisée, faisant remarquer alors au secrétaire que j'avais bien compris sa fatigue et peut-être même les autres problèmes qu'il pouvait avoir. Pourtant, puisqu'il faisait partie de l'administration d'Hungcalf et qu'il était mon ainé, je ne me sentais pas à même de lui proposer de se confier à moi s'il en ressentait le besoin.
Je le jugeais assez malin pour le deviner tout seul, surtout après nos nombreux échanges déjà confidentiels. Secouant un peu la tête, je plongeais mon regard dans mon verre tout en le faisant tournoyer nerveusement entre mes doigts fins.
- Non pas de nostalgie… j'imagine… que c'est un peu similaire à vous… j'essaie de me détendre tout en oubliant… alors qu'en réalité je ne fais que remettre à plus tard les problèmes et qu'en attendant je ne gère rien et je prends du retard…
Un frisson traversa mon échine alors que je prononçais ses paroles. Me voilà stressée et presque sur le point de culpabiliser d'être là et d'essayer de prendre un peu de temps pour moi.
Pour faire passer, je buvais une nouvelle gorgée.
- InvitéInvité
Re: De l'aide là où on s'y attend le moins [Dhan]
Mar 23 Avr 2019 - 14:52
Fatigué, Dhan l’était un peu . Beaucoup. Trop, probablement, pour supporter le cocktail bien dosé qu’il avait demandé sans avoir manger depuis un certain temps. Seulement voilà, il n’était pas du genre à aller voir ses copains pour s’épancher sur son malheur. Pire encore, il ne savait pas si il pouvait vraiment s’épancher sur quoi que ce soit, puisque techniquement, ce n’était pas vraiment Ses problèmes qui le tourmentaient. Il s’inquiétait pour les autres, pour ses proches, tous ses proches dont la vie ressemblait à une mauvaise émission de téléréalité, scriptée par une bande d’ados prépubères adeptes des retournements de situations dramatiques mais sans aucune logique avec la situation initiale de leurs personnages. Bien qu’il soit relativement épargné par toutes ces bêtises, il n’en demeurait pas moins qu’il allait devoir en porter sa part. Il l’avait promis à Mercy, jamais il ne la laisserait tomber. Elle était son amie, la sœur de son meilleur ami, la meilleure amie de sa … De sa quoi, d’ailleurs ? Pour l’instant, Alex était sa rien du tout. Il y avait une complicité entre eux, une forme de connexion, mais qui ne prenait pour le moment aucune forme précise. Il avait l’impression de la voir à chaque coin de rue, voilà tout. Et quand elle ne s’y trouvait pas, il ne pouvait s’empêcher d’en être un peu déçu. Il reprit une gorgée de boisson forte alors qu’Abi opinait du chef à ses remarques sur la préservation de soi… Il la connaissait un peu, elle était dure au mal et ne ménageait pas sa peine, malgré sa santé fragile. Il doutait fortement qu’elle soit du genre à s’écouter quand la fatigue lui coupait les jambes. Sa remarque sur le tutoiement lui tira un petit sourire et un ricanement gêné, alors qu’il se frottait la nuque comme pour se rappeler à l’instant présent.
- Excuse moi … J’ai parfois l’impression d’être schizophrène à alterner les deux avec tellement de gens… Rends toi compte que j’ai été étudiant avec certains derniers années de cette promotion pendant plus de six ans… Difficile de prendre des grands airs quand j’ai parfois révisé des nuits entières avec eux dans la salle commune… Je ne suis même pas sur que l’on me prenne vraiment au sérieux.
Il tourna la tête vers la jeune femme qui le dévisageait, sa joue contre son poing. Dans la pénombre du lieu, elle faisait plus âgée, plus mystérieuse … Plus mature aussi ? A croire que les soucis creusaient les visages et les rides plus surement que le temps. Heureusement pour celles d’Abi, elles disparaitraient dès lors qu’elle cesserait de froncer les sourcils.
- Sans être irremplaçable, je suis persuadé que la clientèle remarquera ton absence. Je souhaite bonne chance à celle qui devra te faire oublier, la barre est haute et la comparaison risque d’être à son désavantage.
Il avait baissé d’un ton pour que la serveuse en question ne l’entende pas, par délicatesse. Si il pensait tout ce qu’il disait, il n’était pas sadique au point de mettre volontairement la nouvelle venue mal à l’aise.
- Si tes problèmes étaient si faciles à résoudre qu’ils le seraient en une soirée, tu ne serais pas là à essayer de les oublier … Donc même si tu t’y étais attelée dès aujourd’hui, tu les aurais retrouver demain. Autant profiter un petit peu avant de récupérer le poids du monde sur tes épaules …
Il marqua un silence, avant de reprendre.
- Ton nouvel emploi du temps à la faculté te convient ? Ça ne fait pas trop lourd avec le … Traitement ?
- Excuse moi … J’ai parfois l’impression d’être schizophrène à alterner les deux avec tellement de gens… Rends toi compte que j’ai été étudiant avec certains derniers années de cette promotion pendant plus de six ans… Difficile de prendre des grands airs quand j’ai parfois révisé des nuits entières avec eux dans la salle commune… Je ne suis même pas sur que l’on me prenne vraiment au sérieux.
Il tourna la tête vers la jeune femme qui le dévisageait, sa joue contre son poing. Dans la pénombre du lieu, elle faisait plus âgée, plus mystérieuse … Plus mature aussi ? A croire que les soucis creusaient les visages et les rides plus surement que le temps. Heureusement pour celles d’Abi, elles disparaitraient dès lors qu’elle cesserait de froncer les sourcils.
- Sans être irremplaçable, je suis persuadé que la clientèle remarquera ton absence. Je souhaite bonne chance à celle qui devra te faire oublier, la barre est haute et la comparaison risque d’être à son désavantage.
Il avait baissé d’un ton pour que la serveuse en question ne l’entende pas, par délicatesse. Si il pensait tout ce qu’il disait, il n’était pas sadique au point de mettre volontairement la nouvelle venue mal à l’aise.
- Si tes problèmes étaient si faciles à résoudre qu’ils le seraient en une soirée, tu ne serais pas là à essayer de les oublier … Donc même si tu t’y étais attelée dès aujourd’hui, tu les aurais retrouver demain. Autant profiter un petit peu avant de récupérer le poids du monde sur tes épaules …
Il marqua un silence, avant de reprendre.
- Ton nouvel emploi du temps à la faculté te convient ? Ça ne fait pas trop lourd avec le … Traitement ?
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Re: De l'aide là où on s'y attend le moins [Dhan]
Mer 24 Avr 2019 - 9:44
Sans trop savoir pourquoi, je remarquais qu'en cet instant présent et précis, j'appréciais tout particulièrement parler avec monsieur Chaffinch. Ça avait globalement été toujours le cas, il était un peu l'oreille confidente que j'avais au sein de la direction de l'université, et peut-être qu'à contrario de certains étudiants, je n'en abusais pas. Il était toujours appréciable de pouvoir compter sur autrui. C'était ce qui me faisait cruellement défaut en ce moment. Si tôt que je me rapprochais de quelqu'un, que je croyais pouvoir commencer à m'appuyer contre pour pouvoir être soutenue et entendu, le pilier en question se dérobait.
J'avais beau être entourée par bien des gens, je me sentais seule au milieu de la foule. Encore plus aujourd'hui. M'accoudant au bar, je venais me masser les paupières du bout des doigts tout en écoutant ce qu'avait à me répondre le secrétaire. Un fin sourire ironique mais doux s'afficha alors sur mes lèvres.
- En effet ça doit être plutôt déstabilisant. Mais si ça peut vous rassurer, moi je vous prends au sérieux. Ça a toujours été le cas.
Rouvrant mes prunelles sombres sur l'homme, je le toisais du regard avec cette délicatesse qui m'était propre. J'ignorais si c'était parce qu'il faisait sombre, mais je croyais voir des cernes autour de ses yeux. La fatigue était donc si présente ? Ou alors était-ce un signe de lassitude ? Sans doute paraissais-je moi-même plus âgée, avec mon dos vouté et mes épaules rassemblées à l'instar d'une vieille grand-mère.
Pourtant sensible aux compliments de mon interlocuteur, je détournais mes prunelles pour les plonger dans mon verre de cocktail tout en le remuant nerveusement. Je n'avais jamais eu aucune prétention dans ma manière d'agir ou d'étudier. Mon travail au Rainbow n'avait pas été une exception. J'avais fait mon travail, motivée par ma relation avec Adoración à cette époque, puis par le simple fait que j'avais besoin d'argent et que je m'étais attachée aussi bien au lieu qu'à mes collègues. J'étais une personne appliquée lorsque je me sentais concernée, voilà tout. Mais je n'avais pas travaillé dans l'objectif d'être irremplaçable ou de mettre la barre haut, comme pouvait le prétendre le sorcier à mes côtés. Ce n'était donc pas l'effet d'une lumière qui fit rougir légèrement mes joues tandis que, d'un regard timide, je le remerciais de ce qu'il venait de dire.
C'était peut-être idiot, mais ça faisait du bien, ce genre de paroles, de temps en temps. Surtout lorsque c'était spontané, car ça venait du cœur. Moi qui travaillais toujours d'arrache-pied pour réussir à joindre les deux bouts malgré mes faiblesses, ce genre d'encouragements me prouvait que je ne le faisais pas pour rien. Parce qu'à la longue, avec le temps, je me sentais tout aussi inutile qu'invisible. Des fois, s'en était pénible.
Levant alors mon verre jusqu'à mes lèvres, j'observais discrètement ma remplaçante alors que les nouvelles sages paroles du secrétaire me parvenaient. Il avait véritablement des connaissances que je n'avais pas encore acquises pour pouvoir me parler de la sorte, et ça me faisait véritablement du bien. Sur le fil du rasoir en ce moment, je ne savais plus sur quel pied danser pour me sentir bien et réussir à comprendre ce qui m'arrivait vraiment. Dans quel ordre je devais prendre les choses. Acquiesçant, je reposais délicatement mon verre sur le bar devant moi tout en laissant une mèche de ma frange me barrer le visage.
- Vous avez raison. Ça peut attendre. Le problème étant que je ne sais pas vraiment comment me dépêtrer de tout ça. Je restais un instant silencieuse alors que je prenais conscience de la suite des questions de monsieur Chaffinch. Lui seul dans le corps enseignant et de direction savait exactement ce que j'avais, mais aussi ce qui m'était arrivé. Dans la totalité des événements. Sincère, je ne pouvais m'empêcher de soupirer légèrement. Je ne vais pas vous cacher que c'est difficile. Certains traitements m'assomment, en plus des divers maux que je subis au quotidien. Et maintenant que j'ai un travail physique à côté en plus des études et de mon stage, je puise dans mes faibles ressources.
Je n'étais pas du genre à me plaindre, mais des fois, il fallait reconnaître ne pas forcément être à la hauteur malgré les efforts fournis. Un peu triste, je regardais Dhan avec un faible sourire. J'étais un petit insecte qui se devait de gravir un mont dont je ne pouvais même pas voir le sommet. Sans impolitesse, simplement pour essayer d'avoir un objectif de partage, j'osais le questionner à mon tour.
- Et vous alors ? Comment faites-vous pour vous y retrouver dans toutes vos tâches qui vous donnent la sensation d'être schizophrène ? En plus de tout le reste ?
J'avais beau être entourée par bien des gens, je me sentais seule au milieu de la foule. Encore plus aujourd'hui. M'accoudant au bar, je venais me masser les paupières du bout des doigts tout en écoutant ce qu'avait à me répondre le secrétaire. Un fin sourire ironique mais doux s'afficha alors sur mes lèvres.
- En effet ça doit être plutôt déstabilisant. Mais si ça peut vous rassurer, moi je vous prends au sérieux. Ça a toujours été le cas.
Rouvrant mes prunelles sombres sur l'homme, je le toisais du regard avec cette délicatesse qui m'était propre. J'ignorais si c'était parce qu'il faisait sombre, mais je croyais voir des cernes autour de ses yeux. La fatigue était donc si présente ? Ou alors était-ce un signe de lassitude ? Sans doute paraissais-je moi-même plus âgée, avec mon dos vouté et mes épaules rassemblées à l'instar d'une vieille grand-mère.
Pourtant sensible aux compliments de mon interlocuteur, je détournais mes prunelles pour les plonger dans mon verre de cocktail tout en le remuant nerveusement. Je n'avais jamais eu aucune prétention dans ma manière d'agir ou d'étudier. Mon travail au Rainbow n'avait pas été une exception. J'avais fait mon travail, motivée par ma relation avec Adoración à cette époque, puis par le simple fait que j'avais besoin d'argent et que je m'étais attachée aussi bien au lieu qu'à mes collègues. J'étais une personne appliquée lorsque je me sentais concernée, voilà tout. Mais je n'avais pas travaillé dans l'objectif d'être irremplaçable ou de mettre la barre haut, comme pouvait le prétendre le sorcier à mes côtés. Ce n'était donc pas l'effet d'une lumière qui fit rougir légèrement mes joues tandis que, d'un regard timide, je le remerciais de ce qu'il venait de dire.
C'était peut-être idiot, mais ça faisait du bien, ce genre de paroles, de temps en temps. Surtout lorsque c'était spontané, car ça venait du cœur. Moi qui travaillais toujours d'arrache-pied pour réussir à joindre les deux bouts malgré mes faiblesses, ce genre d'encouragements me prouvait que je ne le faisais pas pour rien. Parce qu'à la longue, avec le temps, je me sentais tout aussi inutile qu'invisible. Des fois, s'en était pénible.
Levant alors mon verre jusqu'à mes lèvres, j'observais discrètement ma remplaçante alors que les nouvelles sages paroles du secrétaire me parvenaient. Il avait véritablement des connaissances que je n'avais pas encore acquises pour pouvoir me parler de la sorte, et ça me faisait véritablement du bien. Sur le fil du rasoir en ce moment, je ne savais plus sur quel pied danser pour me sentir bien et réussir à comprendre ce qui m'arrivait vraiment. Dans quel ordre je devais prendre les choses. Acquiesçant, je reposais délicatement mon verre sur le bar devant moi tout en laissant une mèche de ma frange me barrer le visage.
- Vous avez raison. Ça peut attendre. Le problème étant que je ne sais pas vraiment comment me dépêtrer de tout ça. Je restais un instant silencieuse alors que je prenais conscience de la suite des questions de monsieur Chaffinch. Lui seul dans le corps enseignant et de direction savait exactement ce que j'avais, mais aussi ce qui m'était arrivé. Dans la totalité des événements. Sincère, je ne pouvais m'empêcher de soupirer légèrement. Je ne vais pas vous cacher que c'est difficile. Certains traitements m'assomment, en plus des divers maux que je subis au quotidien. Et maintenant que j'ai un travail physique à côté en plus des études et de mon stage, je puise dans mes faibles ressources.
Je n'étais pas du genre à me plaindre, mais des fois, il fallait reconnaître ne pas forcément être à la hauteur malgré les efforts fournis. Un peu triste, je regardais Dhan avec un faible sourire. J'étais un petit insecte qui se devait de gravir un mont dont je ne pouvais même pas voir le sommet. Sans impolitesse, simplement pour essayer d'avoir un objectif de partage, j'osais le questionner à mon tour.
- Et vous alors ? Comment faites-vous pour vous y retrouver dans toutes vos tâches qui vous donnent la sensation d'être schizophrène ? En plus de tout le reste ?
- InvitéInvité
Re: De l'aide là où on s'y attend le moins [Dhan]
Ven 17 Mai 2019 - 23:55
Elle était attendrissante, Abi, à essayer de le rassurer comme ça, avec force de conviction. Ce n’était pas une déclaration transcendante de lyrisme, mais pour une demoiselle aussi réservée que la Dowell, l’effort était remarquable. En réalité, Dhan n’avait pas vraiment besoin d’être conforté dans son autorité, pas vraiment. S’il avait pu pécher par excès de zèle la toute première année, un peu inquiet de ne pas réussir à s’organiser sans se laisser déborder par l’ampleur de la tâche et les exigences parfois antagonistes de chacun, il s’était senti plus à l’aise cette année, malgré des horaires de travail ne respectant pas vraiment la législation en vigueur. L’arrivée d’Héma chez lui au cœur de l’automne lui avait peut être permis aussi de revoir l’ordre de ses priorités aussi, et de faire baisser un peu son niveau d’exigence envers lui-même. Quand on a une petite fille à rendormir en pleine nuit parce qu’elle a fait un cauchemar, on fait peu cas des dossiers que l’on comptait attaquer à potron minet le lendemain matin. Il prenait de plus en plus les choses comme elles venaient, relativisait un peu plus. C’était peut être quelque chose dont il avait besoin. Néanmoins, la déférence de la jeune femme lui allait sincèrement droit au cœur.
- Et bien je te remercie, ça me touche.
Enfonçant le poing contre son menton, attentif aux réponses de la jeune femme en dépit des vapeurs d’alcool qui lui montaient lentement à la tête, enveloppant ses pensées de volutes vaporeuses et cotonneuses, plus confortables que son acuité habituelle. La voix d’Abi elle-même, naturellement douce, se faisait veloutée, malgré le peu de légèreté de ses propos. Le quotidien d’Abi était probablement l’un des plus compliqués qu’il eut porté à sa connaissance parmi les étudiants. Il y avait peut être le cas de Gabriel Wilson, et il savait que ces deux là étaient relativement proches, sans avoir nécessairement de détails sur la teneur de leur relation. A croire que l’infortune et l’adversité resserraient les liens plus que l’on pouvait l’envisager. Dhan aurait voulu trouver des mots de réconfort justes, le bon conseil, l’encouragement percutant. Il était plutôt bon à cela, d’ordinaire, mais ce soir … Il n’avait pas envie de tenir ce rôle de complaisance. Il avait lui aussi ses problèmes. Et il n’était pas persuadé qu’Abi ait envie de s’entendre plaindre, ou qu’on lui dise que tout finirait forcément par s’arranger. Cela serait le cas, surement, il l’espérait pour elle, mais peut être pas tout de suite, peut être pas sans d’ultimes concessions de sa part, sans savoir si elle en était encore capable ou non. Alors à la place des jolis mots de circonstance, il reprit une gorgée de boisson, termina son verre, et en recommanda un autre. Deux, d’ailleurs, un pour lui, un pour Abi.
- Tu es l’une des personnes les plus fortes que je connaisse, d’une manière que peu de gens peuvent envisager.
Il ne rajouta rien de plus. Pas de « ça va aller » ou de « tu tiens le bon bout ». A quoi bon, elle n’avait pas besoin de lui pour répéter des banalités pareilles. Il leva son verre à sa santé, reprenant un peu d’insouciance liquide, la descente rapide pour que cela remonte encore plus vite au cerveau. Il se contenta d’hausser les épaules, sans être sur d’avoir la réponse satisfaisante.
- Je fais comme je peux.
Non, ce n’était pas assez. Il fallait un peu développer, quand même. Sa main trouva l’arrière de sa tête, se grattant le crâne pensivement.
- Le travail, ce n’est pas le plus dur à gérer. J’arrive dans mon bureau, je m’assois à ma place, cette place qui est la mienne, qui m’est dévolue, et je fais ce que l’on attend de moi dans un cadre précis. Le plus compliqué, c’est plutôt en dehors. Je ne sais pas toujours ce que l’on attend de moi en tant qu’ami. En tant que patient. En tant que père. Puis je être un bon père et un bon ami en même temps ? Suis-je un bon patient si je privilégie le bien être et la santé de ma fille en dépit de la mienne ? J’imagine qu’on ne s’y « retrouve » jamais vraiment, on est constamment un peu perdu. Le tout, c’est de garder tout de même la lune et les étoiles en vue, histoire de ne pas totalement perdre le nord…
- Et bien je te remercie, ça me touche.
Enfonçant le poing contre son menton, attentif aux réponses de la jeune femme en dépit des vapeurs d’alcool qui lui montaient lentement à la tête, enveloppant ses pensées de volutes vaporeuses et cotonneuses, plus confortables que son acuité habituelle. La voix d’Abi elle-même, naturellement douce, se faisait veloutée, malgré le peu de légèreté de ses propos. Le quotidien d’Abi était probablement l’un des plus compliqués qu’il eut porté à sa connaissance parmi les étudiants. Il y avait peut être le cas de Gabriel Wilson, et il savait que ces deux là étaient relativement proches, sans avoir nécessairement de détails sur la teneur de leur relation. A croire que l’infortune et l’adversité resserraient les liens plus que l’on pouvait l’envisager. Dhan aurait voulu trouver des mots de réconfort justes, le bon conseil, l’encouragement percutant. Il était plutôt bon à cela, d’ordinaire, mais ce soir … Il n’avait pas envie de tenir ce rôle de complaisance. Il avait lui aussi ses problèmes. Et il n’était pas persuadé qu’Abi ait envie de s’entendre plaindre, ou qu’on lui dise que tout finirait forcément par s’arranger. Cela serait le cas, surement, il l’espérait pour elle, mais peut être pas tout de suite, peut être pas sans d’ultimes concessions de sa part, sans savoir si elle en était encore capable ou non. Alors à la place des jolis mots de circonstance, il reprit une gorgée de boisson, termina son verre, et en recommanda un autre. Deux, d’ailleurs, un pour lui, un pour Abi.
- Tu es l’une des personnes les plus fortes que je connaisse, d’une manière que peu de gens peuvent envisager.
Il ne rajouta rien de plus. Pas de « ça va aller » ou de « tu tiens le bon bout ». A quoi bon, elle n’avait pas besoin de lui pour répéter des banalités pareilles. Il leva son verre à sa santé, reprenant un peu d’insouciance liquide, la descente rapide pour que cela remonte encore plus vite au cerveau. Il se contenta d’hausser les épaules, sans être sur d’avoir la réponse satisfaisante.
- Je fais comme je peux.
Non, ce n’était pas assez. Il fallait un peu développer, quand même. Sa main trouva l’arrière de sa tête, se grattant le crâne pensivement.
- Le travail, ce n’est pas le plus dur à gérer. J’arrive dans mon bureau, je m’assois à ma place, cette place qui est la mienne, qui m’est dévolue, et je fais ce que l’on attend de moi dans un cadre précis. Le plus compliqué, c’est plutôt en dehors. Je ne sais pas toujours ce que l’on attend de moi en tant qu’ami. En tant que patient. En tant que père. Puis je être un bon père et un bon ami en même temps ? Suis-je un bon patient si je privilégie le bien être et la santé de ma fille en dépit de la mienne ? J’imagine qu’on ne s’y « retrouve » jamais vraiment, on est constamment un peu perdu. Le tout, c’est de garder tout de même la lune et les étoiles en vue, histoire de ne pas totalement perdre le nord…
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Re: De l'aide là où on s'y attend le moins [Dhan]
Mar 21 Mai 2019 - 21:10
Je n’avais pas tenu mes propos pour être touchante ou pour caresser le secrétaire dans le sens du poil. J’avais simplement dit la vérité. Ma vérité. Mon entrée à l’université avait été suivie de l’obligation d’être sincère avec la direction. Monsieur Chaffinch avait fatalement été mis au secret avec le temps, ne serait-ce que par le nombre faramineux d’absences que je collectionnais. Tous pour de bonnes raisons et chacune avec des excuses venant de l’hôpital. J’essayais au mieux d’être une étudiante appliquée, car mes projets d’avenir, j’y tenais véritablement.
Fort heureusement, monsieur Chaffinch avait été un soutien inattendu, une oreille attentive et d’une compréhension de mon cas à toute épreuve. Au départ, j’avais été gênée, puis avec le temps, je m’étais habituée, et lui aussi. Je n’avais pas pour habitude d’être quelqu’un qui s’imposait ou qui dérangeait. Je ne voulais pas lui donner davantage de travail qu’il en avait déjà. Mais tout ça, on en avait déjà parlé tous les deux.
Voilà pourquoi j’avais eu de tels propos, et voilà pourquoi, à mon tour, je l’écoutais sans jugement et sans crainte. À mon tour je pouvais être un appui imprévu pour lui. Non pas que je lui demande de me raconter sa vie, mais qui sait ? Des fois le salut vient là où on l’attend le moins. J’en savais quelque chose.
Pourtant, les propos qu’il tenait quant à ma situation me touchaient profondément. Je n’avais aucunement la prétention d’être forte. Bien au contraire. À mes yeux, j’étais quelqu’un de bien faible et fragile, il suffisait de voir mon allure menue et timide. Ma maladie n’était qu’une touche en plus à cette sensibilité. Mon accident n’avait fait qu’accentuer tout les problèmes auxquels je devais déjà faire face. Il était toutefois vrai que je ne me plaignais pas. Pourquoi faire ? C’était ainsi. Le destin s’acharnait contre moi sans que je ne sache vraiment pourquoi pas. À croire que j’avais une mauvaise étoile.
Le rouge aux joues, je baissais le regard sur le liquide alcoolisé contenu dans le verre qui venait de m’être servi, mes paupières clignant nerveusement, signe de ma gêne.
- Merci… c’est encourageant. Des fois c’est difficile de garder de la volonté.
De garder le cap, de continuer toujours en avant en marchant avec un poids qui ne cesse d’augmenter. Des fois, souvent même, je songeais à tout arrêter. Mes études, mon stage, mon travail à la ferme. M’asseoir et laisser le temps s’écouler, me faire vieillir et m’abandonner. Je n’étais pas une force de la nature, j’étais venue au monde avec une tare, alors pourquoi continuer à me battre ?
Étrangement, la réponse de mon interlocuteur faisaient écho à ce que je venais de dire, aux autres questions que je me posais moi-même, et à l’évidence que je voyais aussi pour moi.
Travailler, faire ce qu’on attendait de moi dans mes études ou mon stage, c’était facile.
Être une amie et une petite amie digne de ce nom en revanche… me voilà avec presque deux ruptures sur les épaules, rien de très réjouissant alors que je m’étais attachée. Attachée si fort.
Souvent je me négligeais et on me le reprochait, et pour cause, ma maladie me rattrapait toujours.
À la conclusion du sorcier, je ne pouvais m’empêcher de pousser un long soupir tout en agitant mon verre, remuant alors son contenu, pensive.
- Comme je vous comprends… Pause, me permettant de me désaltéré un court instant. Je me pose vaguement les mêmes questions, tout du moins, je suis environ dans la même situation. Au final, le travail, c’est ce qu’il y a de plus simple et de plus claire. Mes relations sont majoritairement un fiasco, à deux ou trois exceptions près. Aedan, Gabriel, mais les autres ? Je ne sais pas non plus du coup ce qu’on attend de moi en tant qu’amie, ou petite-amie. Les gens partent sans rien me dire, souvent sans explication. Si je suis trop dévolue aux autres ou à mon travail, on me le reproche et je tombe malade. Si je suis trop égoïste, on me le reproche également et on me laisse en plan. Puisque je tombe sans arrêt malade et qu’en plus j’ai failli mourir, est-ce que je suis aussi une bonne patiente alors que mon emploi du temps ne me permet pas de prendre soin de moi comme je le voudrais ? Nouveau soupir alors que, par habitude nerveuse, je passais une main sur ma nuque pour me la masser. Ça me désespère.
Conclusion simple. Triste. Mais redoutablement emplie de vérité. Comme si je voulais l’avaler pour mieux l’accepter, j’avalais une grande gorgée d’alcool.
- Mais si je peux me permettre... vous ne devriez pas vous négliger pour le bien-être de votre fille. Elle a besoin de vous dans tous vos moyens.
Compatissante malgré ma situation, nos situations, je le regardais, lueur douce et encourageante dans le regard, sourire amical aux lèvres.
Fort heureusement, monsieur Chaffinch avait été un soutien inattendu, une oreille attentive et d’une compréhension de mon cas à toute épreuve. Au départ, j’avais été gênée, puis avec le temps, je m’étais habituée, et lui aussi. Je n’avais pas pour habitude d’être quelqu’un qui s’imposait ou qui dérangeait. Je ne voulais pas lui donner davantage de travail qu’il en avait déjà. Mais tout ça, on en avait déjà parlé tous les deux.
Voilà pourquoi j’avais eu de tels propos, et voilà pourquoi, à mon tour, je l’écoutais sans jugement et sans crainte. À mon tour je pouvais être un appui imprévu pour lui. Non pas que je lui demande de me raconter sa vie, mais qui sait ? Des fois le salut vient là où on l’attend le moins. J’en savais quelque chose.
Pourtant, les propos qu’il tenait quant à ma situation me touchaient profondément. Je n’avais aucunement la prétention d’être forte. Bien au contraire. À mes yeux, j’étais quelqu’un de bien faible et fragile, il suffisait de voir mon allure menue et timide. Ma maladie n’était qu’une touche en plus à cette sensibilité. Mon accident n’avait fait qu’accentuer tout les problèmes auxquels je devais déjà faire face. Il était toutefois vrai que je ne me plaignais pas. Pourquoi faire ? C’était ainsi. Le destin s’acharnait contre moi sans que je ne sache vraiment pourquoi pas. À croire que j’avais une mauvaise étoile.
Le rouge aux joues, je baissais le regard sur le liquide alcoolisé contenu dans le verre qui venait de m’être servi, mes paupières clignant nerveusement, signe de ma gêne.
- Merci… c’est encourageant. Des fois c’est difficile de garder de la volonté.
De garder le cap, de continuer toujours en avant en marchant avec un poids qui ne cesse d’augmenter. Des fois, souvent même, je songeais à tout arrêter. Mes études, mon stage, mon travail à la ferme. M’asseoir et laisser le temps s’écouler, me faire vieillir et m’abandonner. Je n’étais pas une force de la nature, j’étais venue au monde avec une tare, alors pourquoi continuer à me battre ?
Étrangement, la réponse de mon interlocuteur faisaient écho à ce que je venais de dire, aux autres questions que je me posais moi-même, et à l’évidence que je voyais aussi pour moi.
Travailler, faire ce qu’on attendait de moi dans mes études ou mon stage, c’était facile.
Être une amie et une petite amie digne de ce nom en revanche… me voilà avec presque deux ruptures sur les épaules, rien de très réjouissant alors que je m’étais attachée. Attachée si fort.
Souvent je me négligeais et on me le reprochait, et pour cause, ma maladie me rattrapait toujours.
À la conclusion du sorcier, je ne pouvais m’empêcher de pousser un long soupir tout en agitant mon verre, remuant alors son contenu, pensive.
- Comme je vous comprends… Pause, me permettant de me désaltéré un court instant. Je me pose vaguement les mêmes questions, tout du moins, je suis environ dans la même situation. Au final, le travail, c’est ce qu’il y a de plus simple et de plus claire. Mes relations sont majoritairement un fiasco, à deux ou trois exceptions près. Aedan, Gabriel, mais les autres ? Je ne sais pas non plus du coup ce qu’on attend de moi en tant qu’amie, ou petite-amie. Les gens partent sans rien me dire, souvent sans explication. Si je suis trop dévolue aux autres ou à mon travail, on me le reproche et je tombe malade. Si je suis trop égoïste, on me le reproche également et on me laisse en plan. Puisque je tombe sans arrêt malade et qu’en plus j’ai failli mourir, est-ce que je suis aussi une bonne patiente alors que mon emploi du temps ne me permet pas de prendre soin de moi comme je le voudrais ? Nouveau soupir alors que, par habitude nerveuse, je passais une main sur ma nuque pour me la masser. Ça me désespère.
Conclusion simple. Triste. Mais redoutablement emplie de vérité. Comme si je voulais l’avaler pour mieux l’accepter, j’avalais une grande gorgée d’alcool.
- Mais si je peux me permettre... vous ne devriez pas vous négliger pour le bien-être de votre fille. Elle a besoin de vous dans tous vos moyens.
Compatissante malgré ma situation, nos situations, je le regardais, lueur douce et encourageante dans le regard, sourire amical aux lèvres.
- InvitéInvité
Re: De l'aide là où on s'y attend le moins [Dhan]
Ven 31 Mai 2019 - 11:12
Le soupir d'Abigail raisonna dans le corps de Dhan avec une acuité surprenante. Dans ce soupir, il sentit exsuder sa propre solitude, son propre dépit, un sentiment doux amer de faire les choses au mieux, et que pourtant, mieux n'était jamais suffisamment. Bien sur, il n'était pas le plus à plaindre, tout comme Abi n'avait pas l'impression d'être dans la situation la plus inextricable, et pourtant, tout était une question de point de vue. Dhan était malade, une maladie qui lui imposait des traitements lourds, des précautions nombreuses s'il ne voulait pas finir à l'hopital tous les quatre matins. Il avait un enfant un charge, un métier exigeant, pas vraiment encore la paye à hauteur de son dur labeur, malgré tout. A présent, il avait aussi une colocataire enceinte, esseulée et pas vraiment émotionnellement stable à gérer. Probablement un déménagement, trouver de l'argent en plus pour pouvoir amortir tout cela. Il n'était pas sur la paille, il avait un petit matelas de sécurité, mais en moins de neuf mois, cela commençait à faire beaucoup pour une seule personne... Et pourtant, qui pouvait vraiment deviner qu'il luttait au quotidien avec ces pensées parasites, ses inquiétudes sur le futur qui se profilait pour lui ? Pas grand monde, probablement. Il n'en avait pas vraiment parlé avec Sebastian, une partie du sujet concernant directement la sœur de ce dernier, dont il ne savait à quel point elle avait mis son frangin dans la confidence. Il n'en avait pas parlé à Mercy non plu, bien sur, il n'allait pas prendre le risque de la culpabiliser non plus. Il aurait pu en parler à Niamh évidememnt, peut être à Alex dont il s'était rapproché dernièrement mais … Ce n'était pas si facile que cela. Dhan avait endossé ce rôle d'aîné taiseux et travailleur depuis l'enfance, qui s'était accentué avec la vieillesse rampante de ses parents, les pathologies de son propre frère... Il gardait bien des choses pour lui, finalement, et son sang pauvre se faisait sang d'encre. Cela collait bien au grand tatoué, finalement.
Il finit son verre en même temps qu'Abi. L'alcool était un réconfort temporaire, dans lequel il essaye de ne se contenter que le moins souvent possible. Il connaissait trop de gens qui avaient pris cette voie facile pour oublier les désagréments de leur vie, à tort ou à raison. Clairement, il n'avait pas le temps pour une addiction, en tout cas pas plus de temps qu'un soir ponctuel. Les confidences de la jeune femme et la boisson aidant, Dhan s'installait plus confortablement sur sa main, le coude sur le comptoir, contemplant la pièce où les habitués lui semblaient être des figurants, des fantômes d'une autre soirée peut être. Les relations humaines. Vaste sujet s'il en était.
- Vous faites probablement les choses très biens, Abigail, c'est l'humain dans sa globalité qui reste un irrécupérable et éternel insatisfait. Si ce n'était pas le cas depuis la nuit des temps, nous n'aurions ni murail de Chine, ni les pyramides. Rien n'est jamais assez.* un soupir, un nouveau * Vous devez surement connaître cette histoire, elle fait parti des quasi légendes de la faculté. J'étais en couple avec une fille pendant mes années d'université, plus jeune que moi, mais cela a duré un bout de temps. J'étais fou d'elle, je lui aurais offert le Taj Mahal si elle me l'avait demandé. Quand elle a appris que j'avais mon diplôme, que je quittais la fac, que j'allais surement partir quelques temps hors du pays, malgré nos centaines de conversations sur le sujet, malgré toutes les promesses faites, toutes les précautions prises, elle a décidé de me quitter. Comme ça. * Il claque des doigts. Il y avait de la tristesse dans ses yeux aux pupilles subtilement dilatées pas l'alcool, mais étrangement, pas de rancune* Elle ne m'a jamais vraiment expliqué pourquoi. Simplement, le jeu n'en valait plus la chandelle pour elle, à ce moment là, et je n'ai rien pu faire.
Haussement d'épaules, doigts qui jouent sur le bois. La remarque lui tira un demi sourire.
- Ma fille s'en fiche de mes cernes ou du nombre de cafés bus. Elle a besoin de ma présence, pour l'instant, mon état compte peu, cela a ses avantages. Elle ne m'a pas encore dit que j'avais une sale tête au réveil, et pourtant elle la voit chaque matin. J'imagine que cela fait un peu pareil pour tes dragons.
Il finit son verre en même temps qu'Abi. L'alcool était un réconfort temporaire, dans lequel il essaye de ne se contenter que le moins souvent possible. Il connaissait trop de gens qui avaient pris cette voie facile pour oublier les désagréments de leur vie, à tort ou à raison. Clairement, il n'avait pas le temps pour une addiction, en tout cas pas plus de temps qu'un soir ponctuel. Les confidences de la jeune femme et la boisson aidant, Dhan s'installait plus confortablement sur sa main, le coude sur le comptoir, contemplant la pièce où les habitués lui semblaient être des figurants, des fantômes d'une autre soirée peut être. Les relations humaines. Vaste sujet s'il en était.
- Vous faites probablement les choses très biens, Abigail, c'est l'humain dans sa globalité qui reste un irrécupérable et éternel insatisfait. Si ce n'était pas le cas depuis la nuit des temps, nous n'aurions ni murail de Chine, ni les pyramides. Rien n'est jamais assez.* un soupir, un nouveau * Vous devez surement connaître cette histoire, elle fait parti des quasi légendes de la faculté. J'étais en couple avec une fille pendant mes années d'université, plus jeune que moi, mais cela a duré un bout de temps. J'étais fou d'elle, je lui aurais offert le Taj Mahal si elle me l'avait demandé. Quand elle a appris que j'avais mon diplôme, que je quittais la fac, que j'allais surement partir quelques temps hors du pays, malgré nos centaines de conversations sur le sujet, malgré toutes les promesses faites, toutes les précautions prises, elle a décidé de me quitter. Comme ça. * Il claque des doigts. Il y avait de la tristesse dans ses yeux aux pupilles subtilement dilatées pas l'alcool, mais étrangement, pas de rancune* Elle ne m'a jamais vraiment expliqué pourquoi. Simplement, le jeu n'en valait plus la chandelle pour elle, à ce moment là, et je n'ai rien pu faire.
Haussement d'épaules, doigts qui jouent sur le bois. La remarque lui tira un demi sourire.
- Ma fille s'en fiche de mes cernes ou du nombre de cafés bus. Elle a besoin de ma présence, pour l'instant, mon état compte peu, cela a ses avantages. Elle ne m'a pas encore dit que j'avais une sale tête au réveil, et pourtant elle la voit chaque matin. J'imagine que cela fait un peu pareil pour tes dragons.
- InvitéInvité
Re: De l'aide là où on s'y attend le moins [Dhan]
Ven 7 Juin 2019 - 11:24
L'atmosphère devenait peut-être un peu étrange entre nous. Cette étroitesse que je pouvais ressentir avec une personne de l'administration d'Huncgalf. Je savais que je devais me méfier, surtout après mon vécu avec l'enseignante de Sortilèges, pourtant, je savais très bien que ce que je faisais-là n'était pas du même bord. Non, simplement, se confier à quelqu'un qui, par professionnalisme, connait tous mes secrets, qui ne faisait pas partie de mon entourage proche comme ma famille, avait quelque chose de… de rassurant. Il m'était cependant étrange de constater que nous nous ressemblions beaucoup tous les deux. Malgré nos nombreuses discussions depuis son entrée à l'université, je n'avais jusque-là pas ressenti une telle proximité avec lui. Non pas sentimentale, mais bel et bien émotionnelle. C'était peut-être idiot, mais je me retrouvais un peu dans les paroles qu'ils prononçaient, dans les situations que nous vivions tous les deux. Depuis mon agression, j'en étais persuadée : il n'y avait pas de hasard.
Et si ce soir l'occasion de nous rencontrer, nous rapprocher et nous confier était arrivée, ce n'était pas du fait du hasard. C'était parce que nous en avions besoin et que nous avions besoin l'un l'autre, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Le temps d'un verre, accoudé à un bar.
Oreilles attentives, yeux rivés sur le liquide alcoolisé contenu dans mon verre, posture concernée et sans jugement, j'accueillais les paroles du secrétaire avec humilité et un petit sourire compatissant.
- Pour tout dire, non je n'étais pas aux faits de cette histoire. Je venais me gratter le haut de mon oreille, comme nerveuse. L'amour est un jeu. On gagne, ou on perd… enfin, j'en suis arrivée à cette conclusion.
Relevant mon verre, je le sirotais, tranquillement, plongeant un instant dans mes pensées. Au moins, le témoignage de monsieur Chaffinch me démontrait que je n'étais pas un cas isolé. Sans doute devrais-je me sentir rassurée, mais j'ignorais si c'était une bonne chose.
Nous devions donc tous passer par le même genre d'épreuve plutôt que de vivre simplement, apaisés et amoureux ? Était-ce une obligation de passer par des épreuves terribles pour le cœur ?
Encore une fois, j'en vins à me souvenir du mythe de l'androgyne, histoire que j'affectionnais tout particulièrement.
Mes pupilles sombres se tournant en direction du sorcier, je secouais légèrement la tête alors qu'il me parlait de sa fille.
- Évidemment qu'elle s'en fiche, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. La petite n'avait sans doute pas conscience de l'état émotionnel de son père, et c'était bien normal. Disons que… vous retrouver dans un lit d'hôpital parce que vous avez trop forcé ne répondra pas à son besoin de vous avoir auprès de vous, vous voyez ? Il faut prendre soin de vous… pour pouvoir prendre soin d'elle. Comment peut-on souhaiter à quelqu'un amour, joie et santé si nous-même nous sommes en conflit avec cela ?
Il n'était pour moi pas possible de transmettre quelque chose à quelqu'un si nous n'y étions pas nous-même en parfaite osmose. Ça n'avait pas de sens. Un professeur ne pouvait transmettre sa matière que s'il y croyait véritablement, avec ses tripes. Celui qui n'y croit pas ne transmet que de l'ennui et l'envie de fuir sa salle de classe.
Il en allait de même pour la vie de famille, et sans doute avec les amis et peut-être encore avec les amoureux.
Commandant un nouveau verre, je me permettais de continuer à discuter de tout et de rien avec monsieur Chaffinch. Le questionnant de temps en temps sur ses curieux tatouages, moi-même en ayant un, essayant de trouver de temps à autre des sujets plus légers, mais nos cœurs semblaient vouloir se confier et se faire du bien l'un à l'autre.
Les soucis de notre entourage, ceux qui nous pesaient indirectement. La frustration de ne rien pouvoir y faire, d'être impuissant, cette mission que nous nous donnions d'aider notre prochain malgré des maladies handicapantes et contraignantes.
Une bonne soirée en somme. De celles qui soulage. Qui aide. Qui soigne. Qui rassure. Qui apporte de l'aide, là où on s'y attend le moins.
Et si ce soir l'occasion de nous rencontrer, nous rapprocher et nous confier était arrivée, ce n'était pas du fait du hasard. C'était parce que nous en avions besoin et que nous avions besoin l'un l'autre, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Le temps d'un verre, accoudé à un bar.
Oreilles attentives, yeux rivés sur le liquide alcoolisé contenu dans mon verre, posture concernée et sans jugement, j'accueillais les paroles du secrétaire avec humilité et un petit sourire compatissant.
- Pour tout dire, non je n'étais pas aux faits de cette histoire. Je venais me gratter le haut de mon oreille, comme nerveuse. L'amour est un jeu. On gagne, ou on perd… enfin, j'en suis arrivée à cette conclusion.
Relevant mon verre, je le sirotais, tranquillement, plongeant un instant dans mes pensées. Au moins, le témoignage de monsieur Chaffinch me démontrait que je n'étais pas un cas isolé. Sans doute devrais-je me sentir rassurée, mais j'ignorais si c'était une bonne chose.
Nous devions donc tous passer par le même genre d'épreuve plutôt que de vivre simplement, apaisés et amoureux ? Était-ce une obligation de passer par des épreuves terribles pour le cœur ?
Encore une fois, j'en vins à me souvenir du mythe de l'androgyne, histoire que j'affectionnais tout particulièrement.
Mes pupilles sombres se tournant en direction du sorcier, je secouais légèrement la tête alors qu'il me parlait de sa fille.
- Évidemment qu'elle s'en fiche, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. La petite n'avait sans doute pas conscience de l'état émotionnel de son père, et c'était bien normal. Disons que… vous retrouver dans un lit d'hôpital parce que vous avez trop forcé ne répondra pas à son besoin de vous avoir auprès de vous, vous voyez ? Il faut prendre soin de vous… pour pouvoir prendre soin d'elle. Comment peut-on souhaiter à quelqu'un amour, joie et santé si nous-même nous sommes en conflit avec cela ?
Il n'était pour moi pas possible de transmettre quelque chose à quelqu'un si nous n'y étions pas nous-même en parfaite osmose. Ça n'avait pas de sens. Un professeur ne pouvait transmettre sa matière que s'il y croyait véritablement, avec ses tripes. Celui qui n'y croit pas ne transmet que de l'ennui et l'envie de fuir sa salle de classe.
Il en allait de même pour la vie de famille, et sans doute avec les amis et peut-être encore avec les amoureux.
Commandant un nouveau verre, je me permettais de continuer à discuter de tout et de rien avec monsieur Chaffinch. Le questionnant de temps en temps sur ses curieux tatouages, moi-même en ayant un, essayant de trouver de temps à autre des sujets plus légers, mais nos cœurs semblaient vouloir se confier et se faire du bien l'un à l'autre.
Les soucis de notre entourage, ceux qui nous pesaient indirectement. La frustration de ne rien pouvoir y faire, d'être impuissant, cette mission que nous nous donnions d'aider notre prochain malgré des maladies handicapantes et contraignantes.
Une bonne soirée en somme. De celles qui soulage. Qui aide. Qui soigne. Qui rassure. Qui apporte de l'aide, là où on s'y attend le moins.
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