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reflet comme repère. (kashmiri)
Mar 16 Juil 2019 - 19:48
— Des regrets. Dus au silence. Dus à ses gaucheries. Dus à sa disparition –ou plutôt, nous pouvions parler d’absences au pluriel. Car outre sa cavale d’une maudite faucheuse prête à moissonner une part de sa quiddité et de ses bons souvenirs, une seconde fuite marquait la mémoire du pauvre rital. Un peu moins légitime. Surement même la plus amère pour son frère d’âme. Qui s’était vue surement appuyée par le nouveau motus de ces derniers jours. Pourtant, l’apprenti guérisseur n’avait jamais souhaité se montrer si ingrat –voire indifférent- avec ses amis. Tout ceci n’était que le fruit d’une cascade de mauvais timings. Depuis, sa culpabilité hantait ses pas. Chantonnant sans cesse l’odieuse comptine qui relatait sa fugue, au moment même où son acolyte se confiait. Sur un virage non des moindres d’autant plus ; l’hispanique allait devenir père… Son ventre se contracta à la ressouvenance. Une nouvelle qui l’avait foudroyée un instant. Perplexe, et le demeurant encore. Non pas qu’il estimait le couple Sanahuja non apte à s’occuper d’un nouveau petit être. Epris même de quelques flammèches de joie dédiées à la paire dans sa poitrine. Cependant, il subsistait effrayé que le reflet de son atma ne soit prêt à cette étape. Un enfant n’avait pas le même poids qu’une alliance. Et tous deux savaient que l’engagement avait été source de récents problèmes au sein de l’idylle des deux épicuriens. C’était par ailleurs cette vérité qui fut le crochet de sa mâchoire quand l’annonce perçut. Cloué bêtement dans sa retenue. Il était délicat de remettre en question l’un de ses proches quand celui-là même s’enthousiasmait des nouveaux tournants de sa vie. Même si au fond, la réaction du doux Lufkin le rassurait profondément ; accroché à l’espoir que ses réserves n’avaient pas lieu d’être. En parallèle, le recul acquis vis-à-vis de leur dernière entrevue avait souligné un autre point dont le Belby n’était guère fier. Plongé au cœur de ses méninges, il revoyait les troupes des saintes Marie et Mangouste conjuguées dans l’entreprise de panacées du bout de leurs baguettes, et aux goulots d’élixirs. Soumises au triste devoir de panser ces innocentes victimes de la bêtise et l’incompétence de Jobberbille. Lui-même, au milieu de cette cohue, s’était retrouvé penché au-dessus de l’éclopé qu’on lui avait assigné. Vibrant sous l’adrénaline de l’angoisse et du devoir. L’éther intégralement électrifié ce jour-là. Tant même que certains de ses gestes paraissaient flous dans sa mémoire. Comme dissocié de son corps. En fin de compte, le mousse d’Asclépios ne savait même pas si l’intervention avait été efficace, puisqu’il n’avait jamais requis de nouvelles auprès son compagnon de misère. Celui qu’il avait abandonné, lâchement. Le fait étrangla son œsophage et ses artères. Pincé de toute part par la honte et cette urgence de réparer sa faute. Son principal fuel d’ailleurs le guidant au travers de ces larges escaliers de pierres. Au bout desquels se tenait le terrier de son camarade. Ses dents se resserrant sur sa lèvre plus ses pattes s’approchaient de son objectif. L’empreinte de la détresse et celle de l’hésitation dans le vermeil. Ne faisait-il pas preuve d’un toupet insolent en venant toquer chez lui de la sorte ? Redoutant au fond, non pas la colère du libanais, mais sa déception - qu’il n’aurait pu renier, ni décrier illégitime. Il n’avait été qu’un sombre abruti dans cette histoire ; et par-dessus tout, un ami effroyable. Délaissé seulement à sa nécessité de mea culpa, il prit le peu de courage qu’il avait amassé pour attirer sa carcasse jusqu’ici. Rattaché à l’idée que même s’il venait à chuter dans l’estime de son ami, il lui devait au moins des excuses de vive voix. Et s’auto-persuada de cette divine quête pour avaler les derniers pas qui le transportèrent face à sublime porte d’entrée de bois. Manufacturée avec délicatesse. Mais qu’il rossa de deux coups, sans se laisser le temps de l’observer. Il le savait : il n’aurait vu ici qu’un échappatoire pour réfléchir, et surement s’échapper. |
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Re: reflet comme repère. (kashmiri)
Mar 16 Juil 2019 - 21:46
« reflet comme repère »
Tout est censé aller pour le mieux. Mais également tout s’accélère en ce moment. C’est totalement égaré que tu te réfugies dans tes pensées. Ruminations maladives qui entretiennent avec aplomb tes symptômes névrotiques teintés d’une assonance acrimonieuse. Pas facile de s’y retrouver lorsque l’on est à quelques mois de la naissance de son propre enfant, que l’on vient de décrocher sa thèse et son premier emploi et encore plus lorsque l’on se sent délaissé de toutes parts. Esseulé, tu comptes bien faire le point sur la situation. Evelyn est très occupée avec la librairie durant l’été, les affaires scolaires sortiront bientôt et il faut donc préparer les inventaires et commandes. Toi, tu t’accordes un peu de temps, ayant réussi à négocier une prise de poste pour la rentrée.
Donc, cela fait maintenant plus d’une heure que tu travailles sur une nouvelle toile aux tournures clair-obscur sous l’œil attentif et rigoureux de votre petite famille de Niffleurs. Pour peu, tu jurerais que ta création présente reflète ton état psychique. Touche à tout, intrépide et surtout incorrigible, tu t’es mis en tête d’ensorceler les pinceaux et la palette afin que l’œuvre puisse se poursuivre tandis que tu te mets à chercher frénétiquement dans l’une de vos bibliothèques. L’on ne saurait dire ce que tu recherches vraiment. T’as l’impression de perdre la tête, de ne plus savoir où tu en es. T’es perdu. Incapable de rien. Tétanisé.
Tu te redresses, t’adosse contre le mur adjacent alors que le chevalet se colorise comme par enchantement sous ton regard avisé. Tu retournes la situation dans tous les sens : pourquoi est-il partit ? Pourquoi ne répondait-il même pas à tes injonctions ? T’en sais rien. Ça te hante depuis quelques semaines déjà sans que tu ne puisses poser de mots adéquats sur la question. Difficile à penser. Difficile d’y croire. Tant cela ne lui ressemble pas.
Pris d’une impulsion soudaine, tu allumes un diffuseur d’huiles essentielles moldu qui libère de douces fragrances mentholées. Sans comprendre, tu viens t’appuyer contre la porte d’entrée, sculptée dans le bois avec élégance. Front à même le tison tu souffles un temps. Le silence est reposant, tu peux percevoir les aléas des pinceaux sur la toile. Douce mélodie. Mains contre la paroi qui vibre d’une paire d’offenses, tu sursautes et attend une myriade de secondes avant d’ouvrir. Gorge serrée. Cœur qui fait un bond dans ton corps. « Tu tombes bien » lances-tu sans animosité. « J’avais justement besoin d’un avis. » De tes pattes tu le pousse à l’intérieur de l’appartement empli de verdure, de livres et de bois. « T’en penses quoi ? » questionnes-tu en désignant du doigt le tableau réalisé par tes soins, que tu viens corriger d’un dernier coup de pinceau. Attitude désordonnée, incohérente qui te ressembles sans t’être familière. T’es bizarre, c’est pas nouveau. Mais pas à ce point. Pas comme ça en tout cas. Aucun reproche. T'es pas du genre rancunier. T'as juste pas compris, pas intégré ce qu'il s'est passé. Il t'as manqué, Darius, cruellement manqué. Ton comportement est à l'opposé de tes cognitions : t'es heureux de le revoir. D'ordinaire tu lui aurais adressé une accolade chaleureuse. Mais là, t'as juste besoin de temps.
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Re: reflet comme repère. (kashmiri)
Sam 20 Juil 2019 - 19:33
— Les gonds se murent une paire de secondes après qu’il n’ait rossé le madrier de la porte. Stupéfait de la rapidité, l’ausonien papillonna un instant. Avant que son vermeil n’entame un tango plus rapide sous le friselis d’un sibyllin démon. L’odieux Lucifer se gaussant à tourmenter son esprit d’une possibilité qui tua tous ses vains espoirs utopistes : et s’il ne tombait pas sur la moitié masculine du couple, mais son homologue féminin ? Non-scient si Evelyn était au courant de sa disparition dernière, le rital se méfia tout de même. Epris du doute que l’ancienne Blackwood ne l’aurait accueilli avec les honneurs si c’était le cas. Prenant sous se divins traits d’Eve, ceux d’un orage grondant. Qu’il aurait certes mérité, mais pour lequel il n’avait pas la témérité de faire front puis d’essuyer un refus de son mari l’instant d’après. Par chance pour lui, ce ne fut guère le galbe de l’exquise Sanahuja qui se découpa dans l’embrassure de la porte, mais la silhouette de son époux. Une œillade s’attardant à l’examen du nouvel apparent, ses lippes se découpèrent dans un rictus gêné. Dépourvu en vérité de l’audace de sourire. De toute manière, toute envie -s’il en avait eu- aurait été shuntée par l’indolent accueil de l’ibérique. Qui se constituait d’aucun salut. Ce à quoi le Belby n’eut le courage de remédier. Optant plutôt pour une profonde docilité à la demande. « Très bien… mourut dans un souffle presque inaudible tout résilience. » A vrai dire, il accusait le ton atone qui avait mignardé sa stature. Inaccoutumé par cette stérilité dans leurs échanges, qui le peina. Le poids de la culpabilité plomba ses épaules d’Atlas. Ses coussinets alors dans le sillon des pattes du loup, la paire pénétra dans l’antre. La mangouste prenant la peine de fermer d’un mouvement de la main l’imposante et élégante porte après son passage. Après quoi, son bistre s’attarda dans un examen circulaire de la pièce. Spacieuse et verdoyante. Un fumet de menthol voletant dans l’éther. Il décompta en plus de leur présence celle d’une petite famille poilue, qui le guettait avec intérêt. Des niffleurs. Heureusement pour lui, rien de brillant n’était à décompter de sa tenue, même s’il se méfia d’eux. Légèrement apeuré à l’idée que ces petits kleptomanes ne se glissent jusqu’à ses poches pour venir lui piquer les clefs de sa précieuse bécane. Cependant, il décocha aussitôt ses égards de cette tribu animale lorsque son ami les quémanda. Des deux prunelles interrogatrices, le britannique n’appuya d’aucun mot cette demande singulière. Après tout, il s’était décidé à aucune sédition. Pourtant, le choix ne protégea aucunement ses artères - déchirées de la distance qui le séparait de son frère d’atma. Tous deux semblaient étrangers l’un à l’autre. Ce qui en soit, était pire que toute ire ou un flot de reproches. Et tout ceci n’arrivait que par sa faute. Opinant la trombine, il s’affaira à la tâche. L’œsophage tiraillé, mais impassible d’extérieur. L’italien ne voulait pas invoquer la pitié de son accointant ; il n’en avait surtout aucun droit. Ce fut alors dans cette conduite de réserve qu’il dévora la distance entre lui et l’œuvre, bien qu’embarrassé de l’exercice. Aucunement familier avec l’art, cet héritier des Colaccino avait toujours su l’apprécier, mais ne jamais le ressentir. Ou plutôt, contraint par pudeur, jamais l’homme n’avait laissé évader ses impressions et ses émotions invoquées par l’huile et l’acrylique. Pourtant, pour l’hispanique, il entreprit cet effort. « Particulier et intense, avoua-t-il d’un premier abord, alcyonien. Il y a un effet de tension. C’est beaucoup moins figé que les œuvres traditionnelles. » Trombine opérant avec lenteur une inflexion vers son interlocuteur, l’ourlet de son labre se pinça. Puis un silence s’appesantit. Infâme. Qu’il se résolut à éventrer sans plus attendre : « J’adorerais parler peinture avec toi, Kash. Mais tu te doutes bien que je ne suis pas là pour ça. » |
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Re: reflet comme repère. (kashmiri)
Jeu 25 Juil 2019 - 22:21
« reflet comme repère »
T’as bel et bien un sacré problème, Sanahuja. Tu réagies – ou tente de le faire – dans une parfaite indifférence à ce qu’il s’est passé. Tu attrapes la mangouste et la repousse dans ton antre alors que ton acolyte refermait la porte d’un revers. Cette scène ne vous ressemble en rien. En rien. Ce n’est pas vous. Cela ne vous correspond pas. A bien y réfléchir tu te demandes si Darius se sent bien chez vous. Théâtre d’une famille de Niffleur, de bibliothèques aux longueurs interminables sans parler de ces diverses plantes arborant chaque parcelle vide. D’un calme parfait il prend le temps de répondre à ta demande. Il est bien Belby. Tu souris maladroitement à ses mots – maux ? –, les termes employés conviennent à merveille. De tes yeux noisette tu scrutes l’œuvre que tu viens de terminer. L’effet de tension est palpable au-delà même du chevalet. Ton comportement en est le témoin. T’es complètement brouillé, ton esprit également. Un silence prend place entre vous. Interruption insoutenable, autant que son absence. T’as tenté de reporter le sujet, de faire comme si de rien n’était. Le potionniste ose. Tes iris fixent le sol avant de lui lancer une œillade en biais, légère esquisse entre ta barbe. « De toute façon, la peinture ça n’a jamais été ton truc » chuchotes-tu.
Tu restes interdit, préférant agir, t’occuper plutôt que ne rien faire. Tu t’empares du support sur lequel est posée la toile pour l’installer plus loin, entre deux piles de livres. Gorge serrée, tu restes immobile et regarde les gens se presser par-delà la baie vitrée. Tu préfères ne pas affronter sa silhouette, haute stature que tu as longuement cherchée du regard, appelée, espérée. Tu n’as rien vu venir ce jour-là, tu l’as supplié de revenir auprès de toi, vous aviez presque réussi à ranimer l’innocent. Tu n’as d’ailleurs aucune notion de ce qu’il a pu devenir. T’as loupé quelque chose, il te manque la suite. « J’ai pas compris » avoues-tu enfin, timbre venant ébrécher la tranquillité pesante. « Je ne t’ai pas reconnu. T’étais différent. Je t’ai appelé à plusieurs reprises. J’ai hurlé ton nom. Je t’ai … supplié … de revenir. On était au bout des soins, j’avais besoin de toi. Pas juste d’un médicomage. De toi. »
Mouvement furtif dans lequel tu te retournes. La distance entre vous est écrasante. Tu lui adresse un coup d’œil, retenant ta rage à l’intérieur. « Tu m’as abandonné, Darius. » Les lettres sont posées, tranchantes, incisives. Tu refermes tes bras sur ton torse tout en lui faisant face. « J'ai suivi ta trace vers les galeries pour me retrouver face à un Noir des Hébrides. T'aurais pu te faire tuer. » Inconsciemment, tu retournes le danger sur l'italien, témoignant de ton attachement indéfectible. En revanche t'es prêt à tout entendre. A obtenir une explication. Silence insoutenable de cette âme qui t’as continuellement été fidèle, indéfiniment dévouée et rassurante. Tu te retrouves comme dépossédé d’une part de toi.
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Re: reflet comme repère. (kashmiri)
Jeu 8 Aoû 2019 - 18:16
— L’interrogation s’envola. Soufflant sur ce voile que l’ibérique persistait jusqu’alors à maintenir devant leurs orbes. Fictive œillère, derrière laquelle se dissimulaient leurs heurts. Mais cette déviation était justement celle qui les blessait. Ere glaciaire mordant de leurs épidermes à leurs artères, pour ne serrer que davantage la gorge du fautif. Le rital asphyxiait sous sa culpabilité. Il ne tolérait d’être étranger à son propre reflet. Tant même qu’il abandonna toute couardise pour qu’enfin leurs quinquets confrontent leur divergence. Le dos paré aux admonestations qu’il savait légitimes. Pourtant, le châtiment reçu fut bien pire. Composé d’un motus, puis de doux friselis. A l’image de son compère. Dévoilant autant la peine de ce dernier que sa déception, que le semi-british accusa difficilement. N’osant protester, d’autant plus lorsque le libanais empoigna son chevalet qu’il déporta plus loin. Et dont il ne revint pas. L’hyspanique le fuyait. Un plomb se lova dans le poitrail ne l’herpestidae. Son ami ne devait même plus admettre sa vue, fallait-il croire. Déduction encouragée par sa stature prostrée à sa fenêtre. Tournant le dos à son invité inopportun dont les épaules s’affaissaient progressivement. Le masque latin s’ébrécha sur l’instant. L’apathie muta en un camaïeu de désespoir qui diffusa lentement au travers de ses traits. Sans en prendre conscience, ses paupières avalèrent son bistre. Le cou ployant en direction du sol. L’homme faiblissait. En huit-clos interne avec les reflets de ses échecs dans l’ancienne muraille de sa quiétude. Mais tant vidé qu’il ne parvenait à accumuler la force de s’énerver contre lui-même. L’instant d’abattant au cours duquel déferla le blizzard de sa honte. Roulant sur les papilles de son martyr non-voulu –et tant regretté. L’animal releva lentement le menton, mignardant du bistre la silhouette baignée des rayons d’Inverness. Et il déglutit. Cependant, son cœur rata un battement lorsque Kashmiri lui octroya les faveurs de ses orbes. Un premier coup de poignard avant que de n’enfonce l’allumelle de la vérité. Lancinant brasier au creux de ses tripes tandis que ricochaient des mots trop justes dans sa boite crânienne ; il l’avait abandonné. Dépossédant l’italien de sa voix. Même si la véracité de ces propos ne l’étonnait guère. Justement, le méditerranéen s’y était préparé. Mais il avait sous-estimé la douleur qu’engendrerait le laïus sous le timbre de son frère d’atma. « Je sais… » Zéphyr d’arpèges éraillés, comme à bout de souffle. Il inspira profondément, s’éclaircissant par la suite la gorge. Puis, se fit violence pour soutenir le regard de Kashmiri. Non pas par défi, au contraire : pour lui donner accès aux fenêtres de son âme. Et témoigner dans une absolue sincérité les tréfonds de ses regrets. « Et je me doute bien que te dire que je suis désolé ne suffira pas à pardonner ma faute. » L’appréhension abordant soudainement ses veines, il fut conscient que l’amnistie ne lui serait peut-être pas attribuée –et ce à raison aux vues du pathétique ami qu’il était. « J’ai été idiot. Et inconscient, tu as raison. C’était… sur un coup de tête impulsif. » Son excuse lui irrita ses propres tympans, grimaçant à deux doigts d’abaisser l’étreinte de leurs havanes. Mais il maintint, conscient qu’il le devait à son comparse. « Pendant qu’on s’occupait de cet homme, Jaïna MacLeòid s’est infiltrée dans les souterrains dans ton dos. Je l’ai vu faire. Et je… » Les trémolos bloquèrent néanmoins brutalement. Prenant science qu’il ne pourrait malgré toute sa volonté fournir l’intégralité de cette explication à son vis-à-vis. Non pas de crainte d’ébruiter les frayeurs de la peste écossaise, mais par respect pour la raison de ces dernières. Pour ce drame qui fustigeait assez le clan des îles de Skye. Ils ne pouvaient les trahir ; leurs morts ne regardaient qu’eux. « Des choses dans ces souterrains la terrifient. C’est bête à dire, mais je savais que si elle partait, il y avait de grandes chances que jamais on ne la revoit. Sauf à la morgue… » Et encore fallait-il qu’elle ne se fut-ce pas dévorer. Ce détail lui trotta dans la tête. Sustentant son imagination un peu trop fertile qui déballa diverses images infernales dans son esprit. Il soupira, balayant d’une négation de la tête ces parasites. « C’était ouvertement stupide. Mais aucune autorité compétente n’était présente sur les lieux et le temps manquait pour qu’on ait la chance de la rattraper ensuite si on venait à attendre. Et… J’avais aussi conscience que si je n’y allais pas sur l’instant, jamais je ne l’aurais fait. » Un fait impliquant une condamnation d’autrui par son silence, dont rien que l’idée lui picota l’échine. Il savait que jamais il n’aurait pu supporter une potentielle mort sur sa conscience. « J’aurais dû t’expliquer. Et venir plus tôt je le sais… Je suis sincèrement désolé. Mais je ne regrette pas mon silence, il fit une pause pour conclure : Tu m'aurais suivi si je te l'avais dit, et te serais mis en danger. Tu l'as d'ailleurs fait... » Reproche ultime, dont pourtant il s'en tint lui-même pour unique responsable. Ajoutant à sa culpabilité une nouvelle dimension. |