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[CHAPITRE FINI] ces lucioles qui pleuvent sur nos têtes. ✯ érether
Sam 6 Juin 2020 - 22:24
Yūgen
Froisser sa retenue, déchirer l'inconnu. Laisser flâner sa danse, s'autoriser l'errance. Disparaître ses peurs, exhiber ses erreurs, chuchoter sa lumière. Évanouir ses codes, s'offrir l'évidence. Se penser sans tricher, se partager cent secrets. S'encrer là au creu de soi, se rire se perdre dans son onde, suspendre son chant du monde. Plonger sa vérité, dire, ne plus cacher. Suspendre son simplement. S'autoriser le soi, se deviner, s'aimer, s'intimiser.
Qu’ils eurent été de toutes les couleurs terrestres, calomniant le monochrome fignolé des discriminations et opinions épicées, fleurs de cerisiers s’écoulant de l’arbre enchanté pour se perdre sous leurs souliers. Qu’ils pleuvent comme des perles, des larmes, lavant tous les pêchés, pluie diluvienne dont tant espéraient, feraient taire les âmes enceintes de ses blessures d’injustice. Ils étaient somptueux, ses pétales au vent teintés d’arc-en-ciel et en tendant sa main, il en vit une petite poignée enlacer ses doigts lorsque la paume tendue en appela au réconfort. Tout était propice à la poésie et à l’art, tout n’était que le calme rassérénant d’une agitation prodigieuse, dans laquelle chaque atome deviendrait une étoile arrachée au ciel et métamorphosée en Homme. Le vent lui effeuilla les joues, sur le blond blé de sa crinière quelques légers vinrent s’y perdre, décorant le front d’une tiare multicolore luisant sous les faibles lumières. Le spectacle était somptueux et au delà de toutes les lueurs-lucioles, l’odeur du cerisier fut jumelée à celle de sa peau s’étant collée à la sienne. Jadis. Or, jadis ne s’était jamais rendu aussi familier de lui, car cela c’était déroulé chez lui, il y avait de cela une heure. Une heure que ses lèvres s’étaient mêlées au nacré-sucré de sa peau, proche de la nuque, sentant la carotide pulser et la pression sanguine trahir l’effet de sa présence sur le cadet. Les touchers s’étaient volatilisés aussi vite qu’ils étaient arrivés, les phalanges avaient pressé chaque muscle tendu par le sport magique et ainsi rasséréné l’ange avait plongé dans le sommeil de Morphée. S’arrachant à lui pour mieux lui revenir, en public, cette fois-ci. Ses pas traînant auprès des siens, les dernières lueurs du jour mordirent sa peau terriblement pâle et les yeux teinté du bleu de la mer — précieuses arme-lentilles qu’il aimait user pour appréhender son propre rôle — il fixa le galbé de sa silhouette ferme. Ces vêtements lui allaient à la perfection, Érèbe se satisfaisait de le voir porter une de ces chemises choisies pour raffermir encore plus ses bras endurcis. Il lui sourit timidement, leurs poignets se frottant l’un contre l’autre sans que jamais leurs doigts ne s’enlacent.
Au dehors, tout n’était que féerie et il s’amusa d’esquiver la foule, d’écouter les moindres murmures et témoignages prononcés par ceux dont la différence n’était qu’un détail parmi tant d’autres. Cette vision qu’il avait toujours partagé à sa manière et voir son entourage le réaliser qu’en cet instant lui délaissa un goût amer aux lèvres. Cette réunion ne changerait pas ce qui se passait dehors. Peut-être était-il trop acariâtre de penser ainsi, mais telle était sa réalité et ses pensées. Toutefois alors qu’il aurait pu feindre un faux sourire, il distingua le faciès de l’ange auprès de lui et se décida qu’en cette seule et unique fois, il pourrait tenter de croire, ne serait-ce qu’une heure à ce changement. « J’ai entendu dire qu’on pourrait entendre des témoignages directement venus de personnes ayant vécu ce genre de discrimination. Puis, il y aura des écrivains et historiens, je ne pouvais pas ne pas venir. » Il prononça de sa voix désormais moins grave et plus enjouée, portant un immense bouquet de diverses fleurs entre les paumes afin de le déposer sur un des stands un peu moins colorés. « Je dois juste donner ça à un ami et ensuite je serai à toi, il y a quelque chose que tu voudrais faire ? Est-ce que... » Les mots s’arrêtèrent et freinèrent avant de dépasser la barrière de ses lèvres, il craignait ainsi de raviver certaines plaies, alors que son seul objectif était de les soigner. « Tu voudrais en écouter un ? Ou bien tu préfères plutôt te concentrer sur l’aspect plus festif de l’événement ? » Un rien lui irait, il n’était pas là pour choisir ni critiquer, pas là pour juger ou entendre juger. Uniquement là pour savourer la présence de l’éther métamorphosé en créature humaine ; et ainsi sentir son souffle l’exalter.
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Re: [CHAPITRE FINI] ces lucioles qui pleuvent sur nos têtes. ✯ érether
Dim 7 Juin 2020 - 17:23
幽 玄 — ces lucioles qui pleuvent sur nos têtesDes petits pixels familiers portant son surnom, il ne lui en avait pas fallu beaucoup plus pour sentir son coeur chavirer une nouvelle fois et s'ouvrir comme une fleur au milieu du printemps. Si seulement Erèbe se doutait tout le manque qu'il provoquait sans cesse et qu'Ether se détestait d'éprouver, douce torture, le manque qui lui avait d'ailleurs claqué violemment sous les côtes la nuit dernière, le manque et l'envie cruelle de ses bras et de sa voix sans oser même y songer, les cauchemars et les perles d'eau salée échouées sur son front enfiévré, la respiration brutale et les doigts férocement agrippés aux draps comme un naufragé. Rêver de son frère, encore, le monstre blanc aux yeux couleur de flammes qui peuplait ses songes les plus noirs depuis trop d'années déjà en lui sifflant à chaque fois "regarde-moi !", ce démon, prince maléfique pourtant tant aimé, mémoire d'un passé qu'il lui faisait encore peur alors qu'il le souhaitait apaisé. Habitude difficile à effacer, il s'était tourné vers son colocataire de chambrée, profondément endormi, triste de ne pas y trouver un visage familier, le sien peut être, qui aurait irrémédiablement pu le rassurer. Quelques lettres sur son téléphone donc, et le manque est balayé, la nuit blanche amnistiée et c'est son souffle qui s'arrête, coupé. L'invitation est suggérée et il accepte, Ether, s'empresse ensuite de quitter son entrainement de Quidditch pour sortir de l'enceinte du campus et transplaner jusqu'à chez lui. Chez Lui. Erèbe. Le retrouver.
« J’ai entendu dire qu’on pourrait entendre des témoignages directement venus de personnes ayant vécu ce genre de discrimination. Puis, il y aura des écrivains et historiens, je ne pouvais pas ne pas venir. » Ether, émerveillé par le spectacle saisissant des lieux, tourne enfin son visage vers lui, les paupières éblouies et les lèvres entrouvertes, fascinées, drapées d'un léger sourire. Il l'écoute, l'observe, s'étonne de cet air si intimidé qu'il arbore pendant quelques secondes, lui si confiant d'habitude, lui dont la beauté diaphane n'avait su trouver d'égale jusqu'alors; il le redécouvre. Il est beau. Et il sait pertinemment qu'il ne devrait pas, mais il ne voit que lui au milieu de cette foule. Pourtant, il se tait, se persuade qu'il n'y a rien, se contente de jouer le bon ami malgré le souvenir de ses lèvres chaudes posées innocemment contre sa nuque une heure seulement auparavant et de ses doigts fins et habiles parcourant son dos pour en dénouer les muscles un à un. La tête tournée dans sa direction, il réalise soudain qu'il est bien plus proche de lui qu'il ne l'avait pensé, les autres corps autour prenant tout l'espace, frisson électrique qui lui dévore l'échine lorsqu'il sent leurs poignets se frôler. Puis le dos de la main, sans que leurs doigts ne se rencontrent jamais avant de tout éloigner, le regard qui se fixe ailleurs pour éviter de lui montrer son embarras. Garder contenance, toujours. Ne rien montrer. Jamais. Lutter, lutter et lutter encore. De toute façon, c'était sa spécialité, à Ether: ne jamais se dévoiler. Il ne sait pas réellement où ils sont, pour dire la vérité. Enfin, il en a vaguement entendu parler dans les couloirs du campus, de cette réunion pour les minorités persécutées, mais il ne s'y était pas plus intéressé que ça. Alors il écoute son ami, se laisse un peu guider par ses mots, hoche la tête, le regarde à nouveau et laisse ses pupilles s'accrocher aux pétales scintillants dans ses cheveux. Il remarque rapidement qu'il y a d'ailleurs une mèche qui se balance au vent léger contre la peau de son front et l'espace d'un instant, il hésite à y perdre ses doigts pour la remettre en place. L'hésitation est trop longue, l'inspiration trop profonde, le trouble trop intense. Finalement il ne fait rien et se détourne pour avancer un peu plus loin. « Je dois juste donner ça à un ami et ensuite je serai à toi, il y a quelque chose que tu voudrais faire ? Est-ce que... tu voudrais en écouter un ? Ou bien tu préfères plutôt te concentrer sur l’aspect plus festif de l’événement ? » Il se penche vers lui pour essayer de tout entendre au travers de la musique ambiante, son parfum vanillé qui le pousserait presque à s'approcher d'avantage. Pourtant il s'arrête en l'entendant hésiter. Peut être parce qu'il sait, Erèbe, la nature de son sang, connait à demi-mots les souffrances subies, les paroles qui lui ont écorché le coeur à Mahoutokoro, les coups parfois, les amitiés brisées, et l'amour bafoué. Pourtant Ether lui sourit, les yeux rieurs qui se plissent en demi-lunes comme à chaque fois. « Comme tu veux, moi je te suis ! » Parce que tant qu'il est avec lui, le reste n'a pas réellement d'importance. Il l'observe s'éloigner alors, le suit du regard, avant qu'une main ne s'abatte violemment sur son épaule. Vivement il se retourne, avant de sourire timidement. Un camarade de classe qu'il ne connait pas vraiment le salue, lui demande s'il va bien, lui dit qu'il est venu avec une bande d'amis et que s'il est seul, il peut les rejoindre. Il décline poliment, Ether, les yeux qui viennent à nouveau se greffer sur Erèbe qui s'approche enfin. Et son coeur qui pulse trop fort de le savoir enfin plus proche. Ou peut être que c'est à cause de la musique. Oui, c'est ça. A cause de la musique.
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Re: [CHAPITRE FINI] ces lucioles qui pleuvent sur nos têtes. ✯ érether
Dim 7 Juin 2020 - 21:43
Yūgen
Froisser sa retenue, déchirer l'inconnu. Laisser flâner sa danse, s'autoriser l'errance. Disparaître ses peurs, exhiber ses erreurs, chuchoter sa lumière. Évanouir ses codes, s'offrir l'évidence. Se penser sans tricher, se partager cent secrets. S'encrer là au creu de soi, se rire se perdre dans son onde, suspendre son chant du monde. Plonger sa vérité, dire, ne plus cacher. Suspendre son simplement. S'autoriser le soi, se deviner, s'aimer, s'intimiser.
Pupilles illuminées sous le chant de son sourire, Érèbe s’attendrit sous le croissant de Lune de ses yeux plissés. Qu’elle était belle cette mélodie légère venant des tréfonds de sa gorge et au combien il l’entendait, ce n’en serait jamais assez. Ether se résumait à l’idéal d’une pureté jamais éphémère. Il comblait son avidité en l’attisant toujours un peu plus, sans jamais le réaliser. Et sa réponse, ce fût digne de lui et de toute sa flexibilité, à son image magnanime. « D’accord, on voit ça dès que j’ai posé ces fleurs. Je le vois déjà un peu plus loin, je reviens dans une petite minute. » Et aussitôt il partit, la démarche paisible, sans presser le pas, ce n’était pas un homme à courir inutilement, Érèbe. En arrivant sur les lieux, il salua amicalement son ami, lui tendant ce qu’il lui avait promis tout en prenant de ses nouvelles. Le stand s’installait tout juste et il était arrivé de bonne heure pour l’illuminer des pétales hybrides. Il s’arma des mêmes plantes, s’écorchant presque les doigts à cause des épines puis d’un mouvement de baguette les plaça dans le vase, aidant avec quelques décorations multicolores. Ce ne fût qu’une fois qu’il eut fini, devant couper à court une discussion qu’il savait serait trop longue qu’il s’évapora dans la nature. Il aimait les belles discussions, l’aspect philosophique mais il n’était pas venu pour l’aide au stand, mais bel et bien pour combler ce désir qu’il avait d’avoir sa présence à ses côtés. Puis, il lui avait déjà fait trop attendre, seul, dans un amas d’êtres, sans protection aucune. Malgré sa carrure et ses capacités en duel, Érèbe le voyait toujours aussi fragilisé, comme un miroir scintillant encore mais dont d’innombrables fragments avaient été arrachés et volés. Il en ramassait chaque jour un de plus, s’écorchant parfois, mais ne s’en souciant jamais. Revenu sur ses pas, l’image d’un homme posant sa paume sur l’épaule du ciel le surpris quelque peu. C’était tout naturel, Ether était apprécié par beaucoup dans l’école, seulement il n’avait pas imaginé que quelques minutes suffissent pour qu’il se fasse capturer par un autre. De ce fait, il attendit au loin de voir comment le plus jeune réagirait et ne s’approcha que lorsqu’il vit la silhouette de l’inconnu se distancier du sang-mêlé. « J’ai terminé, pardonnes-moi pour le retard. Qui était-ce ? Un ami à toi ? » L’attention lui fut toute offerte, présent qu’il ne se voyait pas à présenter à un autre que lui, car son regard ne parvenait à se détacher de sa silhouette. Il ne connaissait que très peu ses amis, sachant cependant que Mikhail lui était proche et qu’Unju était la prunelle de son regard. Ces connaissances lui suffisaient tant qu’elles étaient fiables, hors, il se serait fait un plaisir de rencontrer cet autre être étant venu l’accoster un peu avant. « Tu voudrais le rejoindre ? Ça ne me dérange pas de rencontrer tes amis, bien au contraire, je serai curieux de savoir tout ce qu’ils pourront m’apprendre de toi. Tu es... un homme assez énigmatique. » Bien qu’il eût été d’une douceur de velours, c’était son honnêteté qui lui rapportait prestige et ainsi proche de lui, Ether ne pourrait qu’entendre des mots sincères et des sentiments menés avec le plus de clarté possible. N’était-ce là que la vérité concernant le sang-mêlé et toute la beauté de son caractère, mêlant complexité et secrets qu’il ne se lassait pas de creuser.
Le bout du pouce légèrement écorché par les épines des roses qu’il avait apporté, il traversa la forêt vierge de sa joue en chatouillant la crevasse de sa cicatrice, plongeant dans l’océan ébène de ses fils soyeux jusqu’à en saisir un qu’il glissa doucement derrière son oreille. Le charme de ses fils longs était indéniable et lui donnaient une allure plus masculine qu’il ne pourrait jamais nier le concernant. « Toutefois, j’admet que je préférai mille fois tout apprendre de toi. Personne ne pourra mieux m’enseigner les limites à ne pas franchir et toutes les erreurs que je ne devrais pas commettre. » Tout n’est que velours lorsque la voix devint ronronnante et si peu audible qu’Ether devrait tendre l’oreille pour l’entendre. Les derniers mots furent des secrets à ne pas partager mais également les réverbères qui l’entraveraient auprès de lui. Délicatement, sa main dégoulina jusqu’à son épaule, il réajusta le col de sa veste puis de sa chemise, presque paternel et fraternel tant chaque geste fût fait avec un soin inébranlable. Son index frôla un des recoins de sa nuque sur son passage, Érèbe remonta le fixer, lui et ses yeux du plus intense obscur mais également d’une inéluctable clarté. Ses longs cils s’emmêlèrent, il baissa ses orbes en direction du bout de son nez, puis s’arrêta un court instant sur ses lèvres qu’il dévora d’un regard brasier. Ce n’était nullement l’envie qui lui manquait, mais ce n’était ni le lieu, ni le moment adéquat pour expérimenter quoique ce soit. « Tu es parfait comme ça. » Les longs doigts se courbant en une révérence au centre de son torse, il aurait aspiré à saisir son col pour perturber sa respiration mais encore une fois, plutôt que de le rapprocher de lui, il l’éloigna tout doucement des paumes de ses mains. Cette proximité dérangerait Ether si elle était trop poussée et il ne désirait pas le perturber de si bonne heure. « On m’a dit qu’ils faisaient de très bons cocktails alcoolisés ici. Puis, j’aurai bien envie de gratter quelques potions. Intéressé ? » Son visage se détendit en une expression tendre, il referma le bouton proche du poignet de sa chemise, sentant les tissus ruisseler le long de sa chaire et un pétale coulisser le long de son torse.
Il la ramassa alors avant qu’elle ne se perde sous le tissus, constatant sa couleur d’un violet lavande, il attrapa ensuite la main de l’éther pour la poser au centre. C’était une offre, un présent ridicule mais au combien doucereux, c’était une fleur qui s’était aventuré à toucher les ténèbres puis désormais remontait au ciel des dieux pour se faire cajoler. Érèbe referma doucement la main du cadet, doigt à doigt, jusqu’à ce que sa paume soit pleinement close. « Garde le en souvenir. On pourrait presque croire que c’est une partie de moi. » Puis il eut ce sourire singulier, rectangulaire, unique en son genre le ramenant des années en arrière. Il lui sourit comme si cela avait été la plus grande des plaisanteries mais aussi le plus intime des présents. « Si tu ne le perd pas je t’offrirai un vrai présent plus tard, dans la soirée. » Le pari était lancé et son corps s’extirpa dans la foule, en direction des divers stands de nourriture et de boissons, allant en contre-courant tant il paraissait que la masse naissait de ses mêmes. Érèbe marcha quelques temps, devant parfois se distancier de lui pour laisser passer un jeune trop exalté par un des innombrables bonbons, l’apparence pâle et la rivière sanguine coulant de son sang le permit aisément de comprendre lequel il avait bien pu ingurgiter. Les Nougats Néansang. Quelle idée. Mais seul l’odeur du sang hérissa ses poils en le faisant intérieurement réagir. Ainsi, il revint auprès de lui, son bras se frottant au sien un instant alors qu’en tournant la tête, il sentit la douce odeur de cerise émanant de sa peau. C’était un parfum subtile, mais si plaisant qu’il asphyxia petit à petit le cruor de ses narines. Il demeura avec lui quelques minutes, jusqu’à finalement atterrir sur un de ses stands préférés. « Ah je le cherchais ! Ils font les meilleures boissons par ici. Je t’en prend une, soft ou alcoolisée ? » Qu’il demanda alors que leurs doigts s’effleurèrent que le temps d’un minuscule instant ; un battement d’aile de papillons. Qu’il demanda, lui déjà commandant la sienne, un nectar de fruits venus d’ailleurs et de potion magique faisait presque bouillir un liquide pourtant froid. Une lueur d’alcool entre l’ananas et la fruit de passion, un brin de cerise, citron et de la purpurine faisant briller sa boisson.
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Re: [CHAPITRE FINI] ces lucioles qui pleuvent sur nos têtes. ✯ érether
Lun 8 Juin 2020 - 10:45
幽 玄 — ces lucioles qui pleuvent sur nos têtesVertige troublant au fond du palpitant, le précipice est grand. Il y a souvent ce vide insaisissable qui s'installe lorsqu'il est loin de lui. C'est stupide, il en a bien conscience, et il se maudit intérieurement d'être si désarmé à chaque fois, se promettant toujours de ne plus se laisser aller à de tels sentiments. Mais c'est plus fort que lui, instinct primitif, il le cherche toujours dès qu'il s'éloigne. Il est d'ailleurs allé un peu trop loin à son goût, Erèbe, pas tant que ça pourtant mais juste assez pour que le froid de son absence lui morde la peau et que le manque reprenne ses droits. Désir refoulé, besoin contenu, l'envie féroce qu'il le remarque enfin et qu'il lui dise qu'il est là, ancrée sous sa peau. Il le voit au loin et c'est son phare en pleine tempête, repère au milieu d'une foule qui l'angoisse un peu; puis il revient, Erèbe, et c'est tout le corps d'Ether qui se détend, ignorant désormais la main sur son épaule. L'invité impromptu accueille d'ailleurs le refus et s'éclipse dans une indifférence qu'Ether ne tente même pas de camoufler. Les gens ne l'intéressent pas, ou du moins il a appris à les garder à distance, lui dont le coeur avait suffisamment souffert pour prendre le risque de le proposer en offrande sans garantie de le retrouver en bon état. Mais avec lui, c'était différent. Avec lui, tout était différent. « J’ai terminé, pardonnes-moi pour le retard. Qui était-ce ? Un ami à toi ? » Ether hausse les épaules, la tête qui s'active de droite à gauche et la bouche sertie d'une moue univoque. Il le connait à peine en vérité, ce type; peut être l'a t-il vu une fois ou deux sans véritablement en être certain, bien plus absorbé par ses études que par les relations humaines. Il plonge alors dans le regard d'Erèbe qui lui offre tout son attention, l'entend aussi supposer qu'il puisse avoir envie d'altérer leur instant en allant rejoindre ces autres qui les empêcheraient de n'être que tous les deux. Non, il ne veut pas, il veut rester avec lui et c'est dans un nouveau hochement de tête qu'il le lui fait comprendre. Altruisme qu'il ne lui connaissait pas encore, paisible considération, il sent une douce brûlure s'agiter derrière ses côtes. A t-il dit qu'il le trouvait énigmatique? Est-ce un compliment? Il lève les sourcils un instant, surpris par cette révélation, lui qui se trouvait banal au possible. Mais au contact de son pouce contre la peau de sa joue il sursaute imperceptiblement, pris au dépourvu, tremble et oublie tout, jamais réellement habitué à ces contacts si sincèrement exprimés. Immobile, il l'observe pour tenter de saisir le sens de ce geste qu'il voudrait pourtant ne jamais voir se terminer, s'accroche à ses yeux comme s'il plus rien d'autre ne comptait, nécessité vitale de ne pas flancher. Paradoxe obsédant, il sait également que s'il ne le quitte pas des yeux rapidement, son coeur était littéralement capable d'exploser. Ses doigts dévient, viennent replacer une mèche derrière son oreille et il baisse alors la tête, Ether. « Toutefois, j’admet que je préférai mille fois tout apprendre de toi. Personne ne pourra mieux m’enseigner les limites à ne pas franchir et toutes les erreurs que je ne devrais pas commettre. » Sentant sa voix mourir il approche rapidement sa tête de la sienne, pommette contre pommette sans les faire se toucher pour autant. Espace profondément indispensable pour éviter le pire. Il l'écoute et ça y est, son coeur a explosé. Il le sent à la douce chaleur qui s'écoule à l'intérieur de son thorax. Il relève alors lentement des yeux tendres vers lui mais l'alarme subitement se met à sonner tout au fond de ses instincts; proches. Ils sont beaucoup trop proches. Vulnérable au possible, l'esprit plongé jusqu'à immersion totale dans un bain d'émotions qu'il peine à contrôler, il déglutit mais ne recule pas, le souffle qui prend une pause. Son odeur subtile de vanille l'enrobe de partout, pénètre en lui comme un élixir envoutant et s'il ne se retenait pas, il serait tout à fait capable de l'embrasser, ici, devant tout le monde. Pourtant, fidèle à lui-même, Ether ne répond pas, perclus, incapable d'agir. Alors par simple réflexe et pour censurer le silence, il ouvre enfin la bouche, intimidé. « D'accord.. » Lâché dans un souffle. A l'occasion, il lui dira ce qu'il veut savoir de lui, lui livrera les coffres et les clés, les portes et les codes de tous les verrous si c'est ce qu'il souhaite. Il ne bouge pas plus lorsque qu'Érèbe réajuste sa tenue, frissonne à chaque frôlement. Hypnotisé, son regard en miroir glisse jusqu'à ses lèvres humides qu'il se retient de goûter, persuadé qu'une fois la barrière franchie il aura atteint ce point de non retour qu'il souhaite à tout prix éviter. Peut être qu'il l'a observé avec trop d'instance, la lascive contemplation prenant fin par une main qui l'éloigne, les oreilles sourdes au compliment évoqué. Confus, il reprend contenance en se raclant la gorge, la main qui vient masser sa nuque. Érèbe le met vraiment dans tous ses états. Charismatique, envoutant, magnétique, captivant.. comment faisaient les autres autour pour ne pas avoir l'envie irrepressible de le contempler dans ses plus insaisissables détails ?
« On m’a dit qu’ils faisaient de très bons cocktails alcoolisés ici. Puis, j’aurai bien envie de gratter quelques potions. Intéressé ? » Il accepte et l'observe, mutique, se délecte de chaque mouvement jusqu'à ce qu'il ne parle à nouveau en lui déposant un pétale magique au creux de sa main, présent surprenant qu'il accepte, le regard empli d'une voûte céleste, Ether, gosse à qui on venait d'offrir le monde. A nouveau il le touche en refermant délicatement ses doigts un à un pour être certain qu'il a bien compris la consigne: prendre soin de cette "partie de lui", de ce petit morceau d'inédit. « Si tu ne le perd pas je t’offrirai un vrai présent plus tard, dans la soirée. » Interdit il esquisse un sourire amusé en réponse au sien, si unique. D'accord, il accepte ! D'un hochement de tête vers le bas et les yeux plissés dans une expression juvénile, il lève doucement le poing sans trop serrer le précieux cadeau. « Challenge accepté ! » qu'il lance, le ton enjoué, avant de le suivre au travers de la foule. Plusieurs fois, il ressent l'envie de glisser sa main dans la sienne, ou de remonter ses doigts le long de son bras pour venir s'imbriquer dans la pliure de son coude, mais il n'en fait rien parce qu'il ne faut pas s'aventurer sur ce chemin-là, se contente de suivre sa lumière et de rester suffisamment proche de son ombre pour se délecter de sa présence à ses côtés. Plusieurs fois leurs bras se touchent puis se distancent, magnetique polarité inversée, avant de finalement croiser le stand recherché. « Je t’en prend une, soft ou alcoolisée ? » A nouveau leurs doigts se frôlent et cette fois, sans réfléchir, Ether autorise ses phalanges à pousser le geste un peu plus loin, le bout de son index qui vient se frotter le temps d'un battement de paupière de Billywig contre un des doigts de son ami, avant de s'éloigner à nouveau. Sans se démonter, il affronte, le fixe, l'écoute encore comme il le fait toujours si bien. S'il ne boit pas en temps normal, ce soir, Ether a envie de se laisser aller même s'il n'a pas besoin de ça pour se sentit totalement envoûté. Sans réfléchir, le pétale toujours paisiblement endormi dans son cocon de chair, il lui adresse un sourire en grand. « Alcoolisée. » Il lui indique alors un cocktail que tient un homme non loin d'eux, bleu argent recouvert d'une fine couche de fumée magique. Il n'y connait rien en alcool, alors il pointe le verre du doigt. « Ca, s'il te plait. ». Leurs boissons dans la main, Ether attrape le bout de sa manche quelques secondes pour attirer son attention puis la relâche avant de lui indiquer un emplacement libre contre le tronc du sakura enchanté avec son menton. « Viens ! » Il se pose au sol, en riant, des pétales coincés dans ses cheveux d'ébène, puis boit une gorgée de son verre en grimaçant. Alors qu'Érèbe prend place à ses côtés il en profite pour observer son profil parfait, puis reporte son attention sur la foule. L'alcool qu'il a bu commence déjà à faire effet. Il se sent bien. « Merci de m'avoir invité, au fait. J'avais envie de te voir, en plus. J'ai dit que Salem me manquait, mais toi aussi, un peu. » Il retient un sourire amusé et pousse son épaule avec la sienne dans un geste amical. Et toi, Érèbe, tu penses à moi, parfois?
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Re: [CHAPITRE FINI] ces lucioles qui pleuvent sur nos têtes. ✯ érether
Mar 9 Juin 2020 - 2:34
Yūgen
Froisser sa retenue, déchirer l'inconnu. Laisser flâner sa danse, s'autoriser l'errance. Disparaître ses peurs, exhiber ses erreurs, chuchoter sa lumière. Évanouir ses codes, s'offrir l'évidence. Se penser sans tricher, se partager cent secrets. S'encrer là au creu de soi, se rire se perdre dans son onde, suspendre son chant du monde. Plonger sa vérité, dire, ne plus cacher. Suspendre son simplement. S'autoriser le soi, se deviner, s'aimer, s'intimiser.
the stars are out
but he’s burning brighter.
but he’s burning brighter.
si vif et si ardent qu’il lui brûlait les rétines.
si réel et si vivant qu’il embrasait ce qui était mort et qui supposément ; à jamais ne dort. la paille pourrait s’enfoncer dans les tréfonds de la purpurine afin d’y gratter des vestiges argentés, rien ne brillait plus que cette lueur indescriptible dans les yeux de l’éther. et soudainement, en un toucher, le souffle prend feu, la gorge parcourue du liquide glacé s’enflamme lorsque sa psyché quémande secrètement un baiser. serait-il goût cerise ou alcoolisé ?
la vérité se résumerait à une pensée comique et indicible.
éther mêlé à lui, devenait le breuvage le plus éthylique et l’alcool le plus idyllique.
et de là, naissait leur ineffable alchimie.
Ainsi, comme si chaque astérie s’était incrustée en leurs veines, créant une constellation infinie et une toile néanmoins finie par les mains expertes d’un peintre au pinceau-magie — comme si chaque planète était née de la prononciation de leurs lèvres, lorsqu’il l’observa, contempla, il lui parut que la lune était bien terne en comparaison. (( et cela ne se comparait pas. )) Ce serait comme vouloir égaler l’or et le plomb, un ventricule de dragon et la mandragore sous prétexte que quelques lettres soient jumelées et semblables. Et si jadis il y avait eu une lune, désormais n’était-elle que l’une des précieuses pierres qu’il pourrait contempler voguant dans l’Ether. Toucher prescrit mais dont le goût était proche de l’excellence, l’index se fraya un chemin entre les regards trop peu curieux, le contact si agréable le fit tourner les orbes en sa direction et ce ne fût que l’espace d’un instant, court instant, mais sa pupille se dilata, fébrile, le temps du geste vivifiant ses moindres sens surexcités. Trahison. Douce trahison équivoque. Cependant, sa maîtrise de lui étant forte, si forte au gré des années, ce fut elle qui l’empêcha de mordre fermement la paille entre ses crocs jusqu’à la déchiqueter de violence et il reprit très vite contenance en se contentant d’hocher la tête et de lui commander son verre. (( alcoolisé. )) Événement qu’il n’avait jamais pu assister, leurs accolades se déroulant dans l’esprit le plus sobre possible, rares, trop rares étaient le fois où il avait vu le cadet ne serait-ce que se rapprocher d’un contenu rendant ébrieux. Après avoir fait sa commande, Érèbe paya les deux boissons, sentant la fumée particulière et les quelques bulles éclater à la surface de son verre fruité. Il n’eut que le temps de ranger les restes de ses pièces que sa manche fût timidement tirée.
C’était une des premières fois qu’il le voyait si intimidé, tel un enfant quémandant l’attention d’un parent mais n’osant admettre que son regard le faisait scintiller. L’espace d’un instant, il se demanda s’il ne l’avait pas délaissé trop longtemps, mais sa seule invitation le fit rejeter ce fait. Et parce que finalement aucun mot ne répondrait mieux que sa présence, il se tut le temps du trajet, revenant s’installer auprès de lui en guise de la plus authentique des réponses. Les mots n’étaient parfois pas essentiels, savait le poète qui en jouait dans des rimes et des vers, n’attendant que l’emballement d’un cœur en guise de écho-riposte. L’appel de la nature le fit se poser sur l’herbe, il sentit quelques brins lui chatouiller l’intérieur du poignet alors qu’il s’installait et la pluie de pétale multicolores jumelée par la grimace sans prix d’Éther lui extirpèrent un sourire qu’il ne cacha pas. « Ah. Toi tu n’aimes pas l’alcool. » Remarque anodine, plus lancée dans la douceur de connaître davantage plus de lui que dans un quelconque désir de moquerie. C’était un peu comme un énième secret qu’il lui dévoilait, sans crainte de sa réaction — une très belle preuve de confiance. Et tout aurait pu continuer sous cette note de sucre, si seulement il n’avait pas entendu l’écho de ses mots ; si seulement ils n’avaient pas éveillé la malice ensommeillée en lui. Son dos rencontra le bois de l’arbre et Érèbe sirota sa boisson quelques instants, le regard en coin posé sur l’astre, le souriant intérieur éclosant comme une fleur sauvage.
oh doux éther, savais-tu ce que tu faisais?
Lorsque tes mots dégoulinent de dépendance non cachée. Lorsqu’ils hurlent à ce qu’il te les arrache un à un, jusqu’à déterrer une forme de vérité.
exquis.
Il revint attraper le gobelet bleu-argenté et le tira d’entre ses lèvres, désireux de connaître une réponse immédiate et ainsi lui ôtant toute échappatoire de se terrer dans l’alcool afin de ne pas lui répondre. La voix se modela plus grave, les cordes vocales vrombrirent sous le sifflement du serpent d’Eden. « Vraiment ...? Dis-moi, il n’y a que de la place pour la sincérité entre nous, n’est-ce pas ? » Puis la main serpenta vicieusement l’herbe jusqu’à saisir un morceau de sa manche, il faufila son majeur et son index contre sa peau, recherchant l’exaltation des sens par une nuée de frissons traites. La tonalité ne ronronna pas, néanmoins il y eût un brin de chaleur roulée sous la prononciation des premiers mots ; anticipation de réponse, coupure de l’herbe sous le pied pour mieux en récolter sa nervosité. (( le dé - vo — rer )) « Dans ce cas, répond seulement à une question : lequel de nous deux t’a le plus manqué entre Salem et moi ? » Souffle chaud sur la bordure de sa peau qu’il cajola du bout de son nez, parcourant ainsi un des profils de sa mâchoire, puis soufflant contre sa nuque. La musique autour d’eux était si forte qu’elle devint un tintamarre, qu’il se rapprocha, comme si comptait ainsi se faire entendre, alors que la réalité était qu’il voulait le faire fondre. Et ce ne fut que cette fois-ci, qu’il se permit de ronronner à son oreille, la voix caverneuse. « Avoue-moi la vérité hm ? Je pourrai tout te pardonner Éther, cependant, je n’aime pas les mensonges. Je ne veux qu’un seul mot en réponse. » L’ouragan qui dévala la nuque ornementée d’un grain de beauté, inspirant son odeur pour se distancier aussitôt, mais d’une lenteur qui fit durer son plaisir. Il aspirait à jouer avec ses sens comme il pouvait se divertir des siens. Il désirait lui ôter chaque souffle accéléré, lui extirper chaque frisson, provoquer une tachycardie qui le ferait davantage plus planer que sa boisson aux pépites d’argent. Néanmoins, sa patience n’était pas d’or mais de diamant et il se contenta de cette approche pour le moment, redevenant l’ange et le protecteur qui une fois qu’il se permit de délicatement passer ses ongles le long de son pouls, s’appuya contre les clématites et les lierres tout autour d’eux. En soulevant le crâne, il huma l’air sentant quelques pétales ruisseler jusqu’à son nez et ses épaules. Les nuages se profilaient à l’horizon, apaisés, calmes, se mêlant sans jugement de formes l’un à l’autre. Il lui semblait que le ciel lui-même avait appris à délaisser le temps d’une journée tout jugement afin de se mêler en une mélasse duveteuse. Bientôt, le soleil partirait valser dans les coulisses et la lune elle viendrait chanter à la mer ; et lui en tant que descendant de nuit, n’attendait plus qu’elle. Érèbe referma ses paupières, savourant le moment lorsque les gorgées de liqueur piquèrent son gosier — le calme naissait de l’agitation la plus intense lorsqu’il plongeait dans l’introspection. « Ensuite, tu pourras me parler de toi. Des choses que tu voudras me dire, que je voudrais savoir. Savoir d’autres éléments du style le fait que tu aimes plus m’écouter que parler, que tu craques des doigts lorsque tu es gêné et que tu ne tiens, probablement pas l’alcool. » Des détails sans importance pour beaucoup soucieux de son apparence, mais lui, l’âme artiste, intéressé par l’essence même de l’être, ne voyait nullement en ses questions un instant de sans importance. Les détails mêmes, sans importance n’existaient que pour ceux qui ne savaient pas les sauvegarder. Mais il ne lui dit pas cependant Érèbe, qu’après cela, il le regarderait à nouveau, dans les yeux et s’en éblouirait.
encore une fois.
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Re: [CHAPITRE FINI] ces lucioles qui pleuvent sur nos têtes. ✯ érether
Mer 10 Juin 2020 - 17:15
幽 玄 — ces lucioles qui pleuvent sur nos têtesIl plane, frôle les cimes du ciel avec son âme, s'élève au propre mais aussi au figuré, se demande si ce n'est pas sa présence qui l'amène à un autre niveau, bien plus céleste encore, séraphique, transcendant. Il découvre ce que c'est que d'être à ses côtés dans un moment d'une rareté si douce, apprend ce que c'est que d'être au milieu de la foule mais de n'être vu que par lui, réalise sa chance, aussi, que l'invitation lui ait été adressée. A lui et à personne d'autre. A lui.. Qu'il est chaud et affable, ce sentiment d'être unique à ses yeux même s'il n'est peut être qu'illusion et chimère fantasmée. Qu'il est déroutant, ce clair-obscure d'émotions, enivrant vertige qu'est celui de l'amour que l'on se persuade à sens unique. Ether ignore tout de ce qui peut bien se passer derrière les côtes d'Érèbe, s'il pense à lui parfois, s'il lui manque seulement un peu quand ils sont éloignés, si son palpitant s'affole de manière aussi despotique que le sien quand ils se retrouvent enfin tous les deux, n'est toujours pas parvenu non plus à mettre des mots sur ces rapprochements et ces gestes élégamment esquissés. Parfois contre sa nuque, parfois contre sa joue, parfois contre sa peau, souvent au fond des yeux. Cette balade pourrait paraitre terriblement anodine aux yeux d'autres, mais pour Ether elle ne l'est pas. Ils sont déja sortis pourtant tous les deux, se sont perdus dans les grandes plaines des Highlands certains week end pour lancer à haute voix leurs poèmes aux grands vents et déverser leur lyrisme éthéré à la pluie, ils ont déja grimpé aux arbres pour s'approcher un peu plus près des cieux et sentir le vide sous eux, ont couru dans des champs de blé jusqu'à ne plus avoir d'air; douce et fallacieuse liberté. Ils ont partagé beaucoup au coeur de leurs silences en l'espace de trois années, les regards qui se racontent toujours tout un tas d'histoires que personne d'autre qu'eux n'aurait su entendre. Mais jamais il n'y avait eu tout cas. Jamais il n'y avait eu la joue et la nuque, la peau, la voix et les yeux. Jamais en une seule journée. Jamais en une seule soirée. Il pourrait tenter d'analyser, Ether, se torturer avec des idées byzantines et dédaléennes, mais pas maintenant. Pas ce soir. Ce soir, il se laisse aller à autre chose, sort de sa zone de confort sans trop comprendre pourquoi, s'essaye à des pratiques qui ne lui sont pas coutumières, tente de garder la face devant lui mais il est piètre menteur. Et tandis qu'il goûte la boisson qu'il a lui-même choisi pour sa couleur azurée, son visage parle à sa place. « Ah. Toi tu n’aimes pas l’alcool. » Un sourire vient étirer les lèvres et les yeux du cadet, sourire qu'il vient confronter à celui d'Erèbe probablement amusé de le voir si peu habitué à boire. « Ce n'est pas ce que je préfère, c'est vrai. Mais... » Il s'autorise une nouvelle gorgée pour confirmer ses dires, puis dans une grimace moins prononcée, esquisse un rire muet. « .. mais cet elixir n'est pas si mauvais. » Il remonte son verre au niveau de ses yeux pour en admirer la couleur, se concentre sur le mouvement régulier des vagues irisées piégées dans leur cage éphémère qui s'abattent sur les rebords en rythme avec la musique. Et alors qu'il s'apprêtait à déposer à nouveau ses lèvres sur le verre pour en capturer l'essence céruléenne, celui-ci lui est retiré. Interdit il se tourne, le coeur chamboulé et les yeux étonnés. Il n'a pas l'habitude de ce genre d'interruptions impromptues mais ce n'est pas un jeu, pas même un moyen d'attirer son attention, il le sent dans chaque inflexion de sa voix grave et le perçoit dans l'intensité du regard qu'il lui jette. Il l'impressionne, Erèbe. Sa puissance de séduction est grande et quand il parle, Ether ne peut s'empêcher d'écouter, de goûter chaque syllabe lui étant adressée. Il parle de sincérité et Ether tente vraiment de voir où il cherche à en venir, quand un courant électrique vient subitement interrompre ses pensées, étourdissant frisson qui lui corrode avec violence la peau, parcoure ses veines et atrophie ses poumons.boom.
Il y a deux doigts juste là, posés contre sa peau. Le contact le fait trembler de haut en bas, la griffure du désir bien présente sous son thorax et il baisse alors les yeux pour observer le bout de cette main venue se glisser sous la manche de son manteau et de sa chemise. Il s'est glissé sous le tissu, Erèbe, s'est infiltré un peu plus loin, a franchi une barrière restée jusqu'alors encore vierge de toute intrusion et c'est une vision qu'Ether a du mal à quitter des yeux, subjugué. « Dans ce cas, répond seulement à une question : lequel de nous deux t’a le plus manqué entre Salem et moi ? » Il n'a pas le temps d'aller s'accrocher à son regard pour lui montrer à quel point le sien se trouve troublé par cette question, que déjà le corps entier de son ami se penche pour venir lui effleurer la mâchoire avec le bout de son nez. Mâchoire qu'il contracte alors sous le coup de l'émotion. Erèbe, mais qu'est ce que tu fais ? Il aurait comme réflexe premier de le repousser des deux mains, de ne pas le laisser s'approcher si près de lui parce qu'il a bien conscience qu'il ne tiendra pas longtemps s'il reste là mais il ne fait rien, comme toujours, fasciné, éperdu. Les autres ont disparu. Evanouis. Fanés. Il n'y a plus qu'eux. Et alors qu'il est au comble d'une agitation interne, Erèbe l'achève en venant faire rouler sa voix suave jusqu'au fond de ses tympans, le souffle chaud. « Avoue-moi la vérité hm ? Je pourrai tout te pardonner Éther, cependant, je n’aime pas les mensonges. Je ne veux qu’un seul mot en réponse. » Un mot? Tétanisé il ne bouge pas d'un millimètre, le sent toujours là, trop proche, trop proche, perd toute notion de temps et d'espace tandis que son souffle s'accélère subrepticement. Respire. Enfin, il s'éloigne et Ether détourne le regard, les pupilles perdues quelque part dans la foule, le coeur qui explose à chaque battement. Vient-il vraiment de le faire décoller si loin sans même avoir rien fait de concret? Il se sent stupide, se maudit intérieurement d'être aussi faible face à son arrogante témérité, se demande s'il s'amuse ou s'il fait tout ça pour de vrai. Il tourne un peu la tête vers lui et l'observe en coin sans oser y aller plus franchement, remarque qu'il a les yeux fermés. Il est serein, paisible, comme si à lui, ce rapprochement n'avait eu aucun effet. A quoi penses-tu, Sora? Il ne ressent rien pour toi. Et puis pourquoi s'intéresserait-il à quelqu'un comme lui de cette façon-là, lui le sang-mêlé, lui le bon ami, lui qui n'a rien en commun et ne partage aucune de ses habitudes. Il s'apprête à répondre, mais Erèbe l'interrompt, suggère qu'il a envie d'en apprendre un peu plus sur lui, avant d'énumérer des faits qu'il avait pu observer. Tu m'observes donc ? Timide, Ether baisse le visage vers son verre bleuté que tient toujours son ami et sans lui demander la permission, vole le sien pour le goûter à l'endroit même où ses lèvres à lui s'étaient déja posées. Il ne grimace plus, l'observe en silence, déglutit, la paume toujours resserrée autour du précieux bien. Et dans un geste qu'il n'avait pas anticipé il s'approche alors, téméraire, la bouche qui vient se glisser à quelques millimètres de son lobe, plus proche qu'il ne l'avait surement été de lui-même, le buste qui s'avance, torse contre son épaule. Au coeur de ses effluves vanillées inénarrables il se perd, avant de reprendre ses esprits. Dans un souffle il répond alors « toi .. » en réponse à sa question, un mot qui se meurt dans un soupir, parce que c'est lui qui lui a manqué au point de sentir son coeur en crever parfois, lui qu'il avait envie et besoin de voir, lui, lui, lui, confidence d'une sincérité bouleversante qu'il avait décidé de ne pas camoufler cette fois. Et dans ce simple mot il y en a tant d'autres camouflés qu'il retient malgré lui, incapable d'en dévoiler trop, pudique. Rapidement il se recule, les pommettes roses et les yeux gênés, se replace contre le tronc et y laisse sa tête reposer, tournée dns sa direction. « Que veux tu savoir de moi? Il n'y a rien d'intéressant, vraiment. Rien que tu ne saches déjà. » Une autre gorgée dans ce verre volé et l'esprit qui fourmille sous l'effet de son contenu. Ca tourne un peu mais il se sent si bien qu'il en reprend une lampée. « J'aime le noir, en porter surtout, je dors mal, j'aime la nuit et la pluie, j'aime écrire et lire, le Quidditch. Ma mère est moldue, mon père sorcier de sang-pur. J'ai un grand frère, j'ai peur des chats, j'aime être seul, je danse, je cours, je m'épuise parfois. Je pense trop, à tout, tout le temps. » A toi. « Rien d'intéressant, tu vois. » Il rit alors un peu plus fort, la pomme d'adam qui glisse sous la peau de son cou basculé en arrière et les yeux qui se plissent tandis qu'il s'abreuve à nouveau du liquide alcoolisé. Et comme emporté dans ses confessions, incapable de maitriser le flux de paroles qui semblent vouloir s'extirper de sa bouche, il se calme et lance d'une traite, la voix assurée. « Dis, Erèbe, tu as déja embrassé un garçon, toi ? » Et étrangement, il ne regrette pas une seule seconde de l'avoir demandé. Quitte à lui faire savoir qu'il lui plaisait, autant commencer par là.
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Re: [CHAPITRE FINI] ces lucioles qui pleuvent sur nos têtes. ✯ érether
Jeu 11 Juin 2020 - 1:14
Yūgen
Froisser sa retenue, déchirer l'inconnu. Laisser flâner sa danse, s'autoriser l'errance. Disparaître ses peurs, exhiber ses erreurs, chuchoter sa lumière. Évanouir ses codes, s'offrir l'évidence. Se penser sans tricher, se partager cent secrets. S'encrer là au creu de soi, se rire se perdre dans son onde, suspendre son chant du monde. Plonger sa vérité, dire, ne plus cacher. Suspendre son simplement. S'autoriser le soi, se deviner, s'aimer, s'intimiser.
éther.
qu’érèbe observe, statue muette, la langue arrachée mais la douleur ne pèse lorsque l’entité mère est captivée. éther.
sora ayant jadis été, renommé ciel éternel que nulle piètre humanité ne pourrait contempler. l’éclat surpassant le firmament des aveuglés, pour n’éblouir que le panthéon des divinités. éther.
et Et alors que l’âme artiste s’enivra des tracés ciselés d’une entité trop peu comprise, trop peu approfondie — seulement crevassée par des outils de spéléologie dépassés, Érèbe revint vers lui dans une candide curiosité. Car il ne bercerait ses écoutilles de quelconques paroles dévoilant des désirs secrets ostensibles ; n’avait-il que trop parlé et désormais, aspirait-il au repos de l’écoute. Écouter tout ce que le silence des lippes prononcerait et entendre tout ce que l’essence et la plastique diraient ; pour ainsi le trouver merveilleux.
Ether portrait de l’artiste-mage — les iris ruisselèrent sous l’absence de rides sur le front, l’océan albâtre teintant son squelette de porcelaine et de marbre, ravivant une jeunesse trop longtemps égarée pour cause d’inlassables brûlures. L’albâtre doucereux, le blanc de la peau appelait à ses caresses les plus discrètes mais également les plus secrètes, la censure des paroles et gestes n’empêchant l’inconscient d’imaginer la promiscuité. Cependant, elle s’érigeait déjà sous les monts de son doigté, l’ondulation de la chaire qui frémit sous le toucher, les poils se dressant comme les cordes d’une harpe qu’il se serait aventuré à combler, si seulement il l’avait pu. Le paroles en écho, son regard s’échoua dans la marrée de ses yeux, contemplant le maigre tracé rendant la forme intérieure de son œil noisette, puis la lueur s’illuminant sous la combustion de leur peau. Il ne su comment l’expliquer, Érèbe, mais ce seul regard, son regard était porteur des clés d’un univers qu’il n’avait jamais jadis exploré. Avant lui. Tout ne s’était jamais fait — avant lui. Tout n’avait été qu’effleuré, survolé ; alors que lui, dans son authenticité muette, le fait survolter. Ses phalanges enserrèrent le gobelet faussement bouillonnant, la fumée lui gratta le bout du nez mais Aramis ne s’en offusqua pas, bien plus occupé à l’observer s’ouvrir et éclore, tel une fleur sauvage intimidée par la terre-carnage. L’attention suivit le geste, aimantée par la forme des pommettes s’amincissant sous le rapprochement des lèvres, et quelles lèvres. Érèbe n’ayant jamais été faussement humble, il ne s’était jamais courbé devant de fausses excuses et fausses déclarations de surprise. Savait-il qu’il plaisait et que le charisme suintait ses pores comme les gouttes de pluie s’écoulaient des nuages. Or, en cet instant, lorsqu’il le vit plonger ses lippes contre la paille de sa boisson, ce ne fût ni l’audace du vol ni sa précédente gêne enterrée sous l’alcool qui le marquèrent. Mais bel et bien l’esthétique, le geste, l’épiphanie d’une citation qu’il avait lu et cru comprendre des milliers de fois mais qu’il n’avait réellement compris qu’en cette seconde là et les prochaines ; La parole éblouit et trompe, parce qu’elle est mimée par le visage, parce qu’on la voit sortir des lèvres, et que les lèvres plaisent et que les yeux séduisent. Car ses yeux séduisent. Car ses lèvres, elles, ne pouvaient pas mieux confirmer ses plus profondes pensées — c’était bel et bien dans le plus innocent des gestes que se dessinait le plus indécent des désirs.
Et ces pensées n’auraient jamais pu être mieux appuyées que par les gestes qui suivirent.
La proximité de leurs corps lorsqu’Ether se rapprocha, jonglant entre audace et espièglerie, soufflant contre sa nuque aucun mot précis, mais cela suffit à faire tendre ses muscles. Dis-le. La conscience interne ordonna presque, assoiffée de la liqueur qui lui serait offerte, s’il avouait. Dis-le. Les cils s’entremêlèrent, l’expression renarde trahissant pour la première fois un réel désir de lire entre ses lignes. "toi." Le rictus carnassier plissa imperceptiblement ses lèvres, il s’extasia de cet aveu qui loin d’être aisé ou simple, représentait beaucoup pour l’avancée de leur relation précaire. Les mots encore, qu’importe qu’ils furent un. Érèbe qui aurait pu le retenir sur sa lancée, le maintenir contre lui le laissa filer cependant, la satisfaction calma la faim de vérités, il s’adossa pour profiter des toutes dernières nuées de soleil. La nuit naissait déjà et avec elle, les confessions nocturnes prononcées plus tôt que prévu. Ses lèvres mordirent pour une première fois la paille de la boisson pailettée, il fut surpris du goût qui lui sembla plus amer et plus délicieux que celui de sa liqueur originelle mais, derrière toute les effluves il savait que ce breuvage était beaucoup moins investi d’alcool que celui que le cadet savourait au même moment. Qu’importe. Puisqu’il aimait l’entendre parler et se dévoiler, Érèbe. Il aimait voir peu à peu les feuilles de son existence perdre en opacité jusqu’à lui livrer des détails précieux. Et ce fût ce qui le fit finalement sourire à nouveau, buvant la boisson jusqu’à sa moitié, chaque indice étant préservé en son crâne lorsque lui en contrepartie vérifiait ses acquis.
Car il l’avait déjà tant de fois vu habillé en noir qu’il s’était posé la question, qu’il avait tenté par cette chemise de redonner les couleurs correctes à son aura multicolore.
Car il l’avait déjà vu parfois marcher sous la pluie et l’avait lui-même un jour ou deux rejoint, avec un parapluie.
Car il ne savait pas,
Et tout, tout, peu à peu fût gardé dans un dossier immense portant le doux nom du ciel.
La jambe pliée calée contre le vert du sol, il se retourna pour le fixer, comme attentif à ses moindres mimiques, plongeant l’esprit dans le fond de ses prunelles afin d’y déterrer chacun de ses secrets. Et enfin, car l’aveu, les détails, la parole, Ether tout entier le rendaient d’humeur joyeuse, il se permit de rajouter. « Je sais. Je sais pour certains points, je ne savais pas en revanche que tu dormais mal. Si mal que ça ? Également, je sais que tu réfléchis trop, tout le temps. Je ne sais pas vraiment comment mais ça se voit, tout simplement. Les âmes silencieuses ont tendance à penser bien plus que la moyenne. » Il y eût une telle clarté dans sa voix et dans son raisonnement que l’on ne pouvait pas douter que cette réflexion lui était déjà venue auparavant, bien avant cette discussion. Érèbe resta silencieux quelques secondes, les doigts remontant caresser et frotter l’écorce de l’arbre. Son odeur était si omniprésente qu’elle se mélangea à celle du cadet, rendant l’air parfumé. « Tu as une allure... ? Je ne sais pas si je peux dire ça ainsi, mais de personne qui réfléchit énormément. Je m’en rend compte surtout dans tes silences, lorsque je te parle, tu sembles parfois t’éveiller, comme si tu sortais d’un long dialogue interne avec toi-même. Puis, il faut beaucoup réfléchir pour écrire, les associations d’idées doivent bien venir de quelque part. Il faut réfléchir et surtout, beaucoup ressentir. » Ces choses qu’il savait pour les avoir apprises, tel un engrenage retenu dans lequel parfois il se permettait d’y glisser une grain de sable, comme pour étayer sa théorie. Bien que de nombreuses choses, pratiquement toutes, n’étaient que l’effet de l’alchimie, de la logique et du calcul, il retrouvait en l’art et les liens interpersonnels quelque chose de bien plus profond ; à savoir un mélange ou bien l’absence de tout.
Toutefois, la question suivante le prit de court et étonné, il se permit de pencher la tête vaguement sur le côté, faisant danser ses mèches blondes. C’était sans doute l’effet de l’alcool qui déliait les langues, mais il retrouvait un Ether qu’il ne connaissait que trop peu, malheureusement. Son sourire se transforma en léger rire, attendrit et particulièrement aimant. Il se plaça comme un parent devant la question remplie d’ingénuité d’un enfant et c’était cela ; Ether avait une ingénuité curieuse qui rafraîchissait l’essence même de ses journées. Ainsi, dans un soucis de répondre le plus simplement possible mais également de ne pas lui offrir de réponse concise directement, Érèbe tendit le bras et effleura du pouce la cicatrice présente sur le bord de sa joue. Il la frôla comme un présent, observant avec curiosité cette zone irrégulière qui loin d’enlaidir son profil, lui rajouta le charme d’un vécu lui échappant totalement. « Je me suis souvent demandé comment et où tu t’étais fait ça, ça m’a toujours intrigué. » L’aménité édulcoré de son geste passa sur son faciès comme de la soie, il y eût là toute la tendresse dédiée qu’à lui, mais également aussi toute la patience de celui qui ne forcerait jamais la confidence. C’était un choix qu’il lui laissait, celui de lui raconter ou de simplement ignorer sa demande. Mais enfin, son pouce courtisa tout le galbé des sa mâchoire ferme, aux tracés parfaits et une fois qu’il atterrit sur la berge de son visage, il en saisit le menton, le gratifiant d’un gratouillement amical vu de l’extérieur, mais bien plus personnel en vérité. Érèbe le rapprocha de lui, légèrement, à peine, dans le simple désir de le faire le regarder. Puis sa surveillance fût captivée par les lèvres colorées de vermeil, accentuées par la liqueur couleur hémoglobine de son sang.
Instinctivement il passa sa langue sur ses propres lèvres, humectant leur entrebâillement et pour répondre au courage dont avait fait preuve de sang-mêlé auparavant, il se permit en un petit geste, avec son pouce, de tirer sa lèvre inférieure juste assez pour l’écarter de la supérieure, dévoilant à peine sa rangée de dents. C’était une première invitation aux embrassades, car il ne pouvait nier le concerto de ses cellules vibrant dans son corps entier par sa seule faute. Sa voix s’élança dans les marrées rauques, il lui présenta un sourire malicieux, en coin, dans un élan de séduction assuré par ses quelques mots : « Pourquoi tu n’essaierais pas de deviner la réponse ? Ou mieux, pourquoi ne créerais-tu pas cette réponse ? » Provocation ouverte, ses crocs plongèrent en sa propre chaire inférieure, il manifesta un semblant de faim à son égard, enfin, finalement démontré. Ether ne pourrait plus hésiter ni encore penser se leurrer, l’incitation était claire et elle le serait plus encore. « Mais si tu veux une ébauche de réponse, je sais qu’actuellement certaines lèvres me donnent envie de le tenter. » Il y eût toute l’assurance de l’homme sachant pertinemment ce qu’il désirait, toute l’envie de rassurer le plus jeune à ses côtés, visiblement trop confus pour comprendre ses réelles intentions. Toutefois, aussitôt les mots furent dits et il relâcha son étreinte, reprenant son gobelet en main pour se redresser lentement. Son corps entier s’étira en un ballet silencieux de muscles, il tendit ses bras pliés vers le ciel, puis bascula son corps vers l’avant, attrapant un de ceux d’Ether pour l’inviter à le suivre. « Tu as déjà pas mal bu je crois, Sora. On devrait rentrer ? J’ai promis à Salem que tu reviendrais le voir encore aujourd’hui, lorsque tu t’es endormi. » Semi-vérité, immense mensonge — le fait accablant étant que cela lui donnerait encore une occasion de l’avoir chez lui, une chance de le captiver un peu plus et d’ainsi, l’ensorceler.
I’ll swallow you whole.
- InvitéInvité
Re: [CHAPITRE FINI] ces lucioles qui pleuvent sur nos têtes. ✯ érether
Jeu 11 Juin 2020 - 21:52
幽 玄 — ces lucioles qui pleuvent sur nos têtesL'ineffable ne s'exprime pas, ne se conte pas, ne se chante pas, ne s'écrit ni ne se danse. Il n'est pas objet à être partagé puisqu'il en perdrait de sa superbe et à ce titre, sa propre nomination. Le sublime se garde secret, jalousement, précieusement, s'observe avec attention et se vit intensément, se respire, aussi, moment clandestin que l'on tenterait de saisir par peur qu'il ne s'échappe déja au loin. Il y a de ça, dans Erèbe. Il se vit, ici. Dans l'instant. Et il prend Ether, de ses deux mains il prend tout ce qu'il lui offre, les regards et les mots, les sourires et les considérations. Il prend parce qu'il en a besoin et qu'il n'attendait que ça, peut être, il prend parce qu'il voudrait savoir donner en retour aussi fort, alors il se nourrit de son authenticité pour renforcer sa propre audace. Il le sait, il pourrait passer des journées entières juste à l'écouter, allongé dans l'herbe, les yeux perdus dans l'azur du céleste ou fermés, bercé par sa voix caverneuse ô combien sensible et rassurante. Il pourrait passer ses jours et ses nuits à l'apprendre, par coeur, à retenir les moindres détails pour savoir le combler, à le regarder sans jamais mot dire, à maudire le temps passé loin de lui et à glorifier leurs rencontres. Il pourrait tout lui offrir et lui tout entier s'il le lui formulait clairement, s'il le lui demandait. Mais il ne l'avait jamais fait. Il aurait peut être eu peur, Ether, lui qui se pensait irrémédiablement attiré par les filles. Il aurait peut être reculé mais les certitudes ont le pouvoir merveilleux de savoir se briser, vulgaire caillou que l'on aurait fracturé pour en déloger la gemme, intacte et pure, symbole de nouvelle vérité. Il n'aime pas les garçons, Ether, ou peut être que si finalement, il ne sait plus. Sa seule certitude c'est de l'aimer lui, juste lui, envers tous les principes et contre tous les idéaux, envers et contre les dogmes et son éducation hétéronormée. Il en est certain, qu'il l'aime pour de vrai, parce que son coeur ne ment jamais, qu'il meurt un peu dès lors qu'il est trop loin, qu'il meurt aussi lorsqu'il est trop près, de peur, de passion, d'interdits effrayants, le désir et l'envie enfermés pour le moment à double tour dans des caissons scellés pour éviter tout débordement. Un jour, tout ça va exploser. Il le sait. La maitrise, le contrôle.. avant lui, il pensait qu'il savait, qu'il pouvait tout dompter, qu'il avait la force nécessaire pour garder tout enfermé. Erèbe a atomisé ses chaines sans le faire exprès, a limé les cordages jusqu'à les rompre et désormais il sait, Ether, qu'il ne pourra plus jamais rien dominer comme il l'avait toujours si bien fait. Il sait que quand il le regarde, la certitude prend tout l'espace; il n'y a plus de place pour le doute, désormais. Pour la peur et l'appréhension peut être, mais le doute, plus jamais.
Assis à même la terre et le dos contre l'écorce, mouillés par une pluie de pétales aux couleurs chamarrés, quelque chose se forme et se modèle, quelque chose qu'il n'avait pas anticipé: un rapprochement. Ce n'est pas un baiser déposé contre la nuque. Ce n'est pas seulement physique, c'est dans l'éther, dans l'aura, leurs âmes qui dialoguent alors que leurs yeux se caressent. Il est troublé, mais il n'en laisse rien paraitre et c'est avec douceur qu'il se confie, qu'il autorise enfin quelques mots à sortir, après trois années d'un mutisme plus ou moins volontaire. Il se raconte, se dévoile -surement aidé par l'alcool- et Érèbe écoute d'une oreille attentive et intéressée. Il dit qu'il sait, mais qu'il ignorait pour ses nuits. « Si mal que ça ? » l'épaule se hausse l'air de dire "pas tant que ça" alors que ce n'est pas tout à fait vrai mais il ne veut pas gâcher cet instant si propice aux rapprochements en évoquant un passé un peu trop trouble, vase poisseuse encore bien trop collée contre sa peau et aux méandres de ses souvenirs. Alors il chasse rapidement le monstre aux yeux de sang qui hante ses songes et se reconnecte avec Erèbe, phare au milieu de la tempête, ne peut empêcher ses joues de se teinter d'une tendre couleur rosée alors qu'il accueille les compliments et les mots qu'il lui adresse. C'est surement cette bienveillance qui le pousse en avant, qui l'encourage à laisser sa pudeur au fond du lac, à s'approcher, à s'accrocher, à murmurer contre son oreille d'une voix qu'il ne se connaissait pas, "toi". Toi. Toi, seulement toi. Et la témérité s'envole au galop sous ses derniers mots, questions innocemment posée pour lui faire comprendre un peu maladroitement qu'il avait envie de l'embrasser.
Mais la réponse se fait attendre...
Au lieu d'un mot, il y a un geste, un sourire. Il ne bouge pas lorsqu'il sent la pulpe de son doigt venir caresser le relief creux de sa cicatrice. Electrisé. Comment pouvait-il lui faire tant d'effet sans même essayer? « Je me suis souvent demandé comment et où tu t’étais fait ça, ça m’a toujours intrigué. » Son regard et le contact de son pouce sur sa peau le brûle littéralement et il ferme un instant les yeux pour canaliser les émotions qui s'éparpillent comme un feu d'artifice sous ses côtes. Il aimerait répondre, retourner dans les souvenirs et en revenir indemne, y pénétrer rapidement et en ressortir aussi sec pour tout lui raconter, mais tout tout est encore trop douloureux, alors il déglutit simplement et sourit en grand, comme il le fait chaque fois qu'il se sent triste. « Oh, c'est une longue histoire. Mais je te la raconterai. » Promesse lancée avec sincérité face à son attendrissante considération. Oui, il la lui racontera, cette longue histoire. Un coup de trop, le sang et l'épiderme qui craque sous le poing. Il n'avait pas su se défendre, trop jeune surement, le champ des possibles était vaste mais l'origine portait un nom, Chikyū. Et alors qu'il se sent déjà troublé au possible - l'alcool ayant fait correctement son travail et les souvenirs, aussi - il devine le doigt d'Erèbe contourner son visage et lui flatter le menton avant de le tirer un peu à lui du bout des doigts. Dans un geste réponse il s'avance d'avantage, rien qu'un peu, inconsciemment persuadé qu'il allait lui donner un baiser ou qu'il pourrait peut être, lui, tenter. Lorsqu'il réalise qu'aucune lèvre n'est venue toucher les siennes et qu'il a bien trop peur de se faire repousser pour essayer, il se sent ridicule, la bouche pincée dans une moue gênée. Mais il comprend vite qu'il s'est fourvoyé et c'est un gouffre d'appréhension qui s'ouvre tout au fond de son ventre, une doline d'exaltation qui se forme dans son coeur car tandis que le regard d'Erèbe glisse jusqu'à ses lèvres il ne peut s'empêcher d'humidifier les siennes, statufié mais les cellules en mouvement, le coeur qui pulse au rythme d'une danse tribale que lui seul savait entendre. Alors c'est à ça qu'il ressemble lorsqu'on a la chance se l'observer d'aussi près, Erèbe? Un instant, le cadet se perd totalement dans la contemplation de sa peau si claire, diamantine, les pupilles qui courent partout comme si elles redoutaient de manquer un détail, et il aurait envie de la toucher pour vérifier sa texture qui semblait si tendre, aurait presque besoin de s'approcher encore afin d'y coller sa propre peau, yeux fermés, pour s'enivrer pleinement des effluves de la sienne. Reflexe animal. Mais il est brusquement sorti de ses pensées par un doigt qui vient tirer sur sa lèvre inferieure. Sensuellement. Lentement. Voluptueusement. Délicatement. Il sursaute à peine en lui tout vacille. Par ce geste, Erèbe lui ouvre la bouche volontairement, rien qu'un peu mais suffisamment pour que le geste sois univoque. Et il inspire d'un coup, Ether, surpris par la décharge et par la signification qui s'impose désormais à lui. Il ne s'est pas trompé, Erèbe veut l'embrasser... Sa langue qu'il aurait presque envie de démuseler pour qu'elle aille rencontrer ce doigt fin et doucereux, il ne peut détacher ses yeux du velouté de sa bouche à lui, pleine, comme esquissée par les plus grands peintres, oeuvre dont il ne pourrait jamais se lasser de contempler. Aucune bouche ne lui avait jamais procuré tant d'émoi, aucune bouche de lui faisait cet effet-là. « Pourquoi tu n’essaierais pas de deviner la réponse ? Ou mieux, pourquoi ne créerais-tu pas cette réponse ? » Ca y est, les barrages ont explosé. Les caissons ont cédé. Eclaboussure incontrolable derrière son nombril, il fronce des sourcils lourdement empreints de désir, les yeux mi-clos, le souffle qu'il ne contrôle plus et la bouche restée entrouverte par l'intervention de l'ainé. Est-ce qu'il a bien entendu ? C'est une invitation férocement exprimée, et alors qu'Erèbe se mord la lèvre il se rend compte qu'il serait tout à fait capable, là, de lui sauter dessus pour l'embrasser. S'il n'était pas si effrayé. S'ils étaient seuls. Si le monde pouvait les oublier. si c'était autorisé.. « Mais si tu veux une ébauche de réponse, je sais qu’actuellement certaines lèvres me donnent envie de le tenter. » Le vertige est gargantuesque et il a l'impression que l'univers s'ouvre sous lui, le chute est douce et le temps se suspend pour le laisser décider. Essayer de l'embrasser comme le lui a demandé Erèbe, ou esquiver. Vient-il bien de confirmer une nouvelle fois que la voie était ouverte et qu'il lui avait donné la clé ? Il le fixe, incapable de bouger. Surement qu'il a attendu trop longtemps, ca déjà Erèbe se lève, le corps qui se déplie en entier et les mains qui viennent se saisir de son bras pour l'aider à se redresser. Pantin mechanique encore sous le choc de ce qui vient de se dérouler il se laisse mener, l'écoute et accepte de le suivre chez lui. Bien sûr que l'idée d'y dormir lui passe par la tête, bien sur qu'il y a tout un tas d'images impudiques qui défilent derrière ses paupières, bien sûr que son bas ventre le réclame plus fort que jamais. Mais il n'exprime rien, contrôler encore et encore même si en lui tout est déja en lambeaux. Ils quittent doucement la fête, la musique s'estompe, les voix et les corps disparaissent et le silence retombe sur eux comme une brume épaisse. Alors qu'ils traversent le parc dans une semi obscurité, il se surprend à le frôler un peu trop, le dos de sa main qui cherche la sienne avant de la trouver, les doigts qu'il glisse d'abord un à un avant de venir tout encercler, chaleur contre chaleur, désir contre désir, paume contre paume, sans jamais oser le regarder. La soirée ne faisait que commencer...