double corbeaux
ft. @kaiden blackthorn

Anormal. L’oiseau ne bouge pas, ne bronche pas. Observe sans émotions, sans bruit. Une ombre qui s’écroule, que la détresse malmène. Mon cœur se fend, se tort. Pas lui. L’amitié pure entre la compagnie d’un aitre aimé, chéri et celui d’une âme en détresse. Mes doigts glissent sur le plumage sombre, tente de capter l’attention du corbeau au plumage nuit. Mauvais présage dans l’âme. La détresse irrigue, frappe. Mes repères glissent, vibrent. Le mental n’est pas préparé à une telle chose, une telle évidence. Le corbeau n’est plus tout jeune, mais la vieillesse n’est pas encore sur le point de l’achever. Pas encore. Trop tôt. J’ai encore besoin de cette oreille attention, de ce silence, de ce confident qui jamais n’ose révéler les secrets les plus sombres. Il est temps de bouger, de trouver la solution à mes problèmes. Un prénom vient frapper, toquer à la porte de mon esprit. Kaiden. Il possède également un animal semblable, un oiseau de mort, de nuit. Une qualité que nous partageons, que nous avons en communs. Ça ne m’enchante pas, que du contraire, mais la famille passe avant toutes choses, avant tous soucis. Il est probablement le rare à pouvoir réagir et comprendre l’affection que je porte à mon ami.

« Viens. » Murmurais-je, laissant la bête grimper sur mon épaule, à bout de force, incapable de voler. Ses ailes tremblent un peu. Une blessure, peut-être, une maladie, probablement. Qu’importe, je ne peux tarder, ne peux fermer les yeux. Quiconque peut tomber sans que je ne daigne bouger, mais pas lui. Rapidement, ma décision est prise. Je balaye les rancœurs, les émotions pour me diriger vers cette boutique où il travail, où je suis certain de pouvoir le trouver. Quitte à me battre corps et âme, Kaiden va m’aider, se plier. Je refuse de rester sans bouger, sans me battre pour le peu qu’il me reste d’humanité. La noirceur n’a pas encore pris possession de mon âme, ne laissant que quelques tâches sombres, quelques tâches indélébiles qui pourrissent mes tripes. Mais la lumière, elle est là, quelque part entre les idées et l’éducation. Blackthorn. Risible. Enfants adoptés, d’autres non, destinés à s’aimer, engendrer. Robots qui se rebelles, d’autres qui se plient, qui restent. Je suis de ces derniers, je me tais, je rentre dans les rangs…parfois, souvent, peut-être. Les idées sont quelques fois floues, l’épuisement mental trop vigoureusement présent. Je suis fatigué, de plus en plus.

Ma main se pose sur la poignée de porte et j’entre, dans une clochette annonciatrice. Le corbeau reste sur mon épaule, s’appuie trop sur mon corps, comme pour garder cet équilibre menaçant. Mes iris percent les environs, jusqu’à le trouver. L’espace d’une seconde, je garde le silence, je jauge avec froideur avant d’avancer de plusieurs pas. Tête haute, dos droit, élégance de la famille qui coule dans des veines infestées de poisons et de secrets. « J’ai besoin de toi. » Mots qui coutent, mots qui blessent mais tellement réels. Je ne suis pas un pro des animaux magiques, des créatures qui courent dans ce monde. « Il ne va pas bien. » Et sans un mot de plus, je glisse ma main sur les pattes fines du corbeau qui s’y accroche, se laisse guider. Regard vitreux, pas assez actif.