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tu honoreras ta mémoire (amelya)
Lun 2 Nov 2020 - 15:36
tu honoreras ta mémoire,
02.11.2020, 14:00. @Amelya Delgado
c'en est fini des convoitises, des coquetteries,
de toutes les chatteries à griffes et à ronronnements.
c'en est fini. tu resteras immobile,
et tu écouteras ta mémoire.
(tenue) Ça se sent dans sa démarche. Les rebonds légèrement accentués, qu’elle laisse courir librement. Ça ressemble au bonheur, un peu, mais elle n’ose pas trop le regarder en face, de peur de le crever comme une bulle de savon qui lui exploserait en plein visage pour mieux lui piquer les yeux et se moquer d’elle – naïve, on ne peut pas avoir de nouveaux rêves. Respirer à nouveau, tendre vers un but, vers une finalité autre que l’errance au rythme des vices des entrailles du Styx. Sur sa jambe droite, le phénix tatoué par Darcy Trafalgar au cours de l’été est immobile, signe que ses nerfs sont immobiles, tranquilles (pour l’heure). Les attaques se font plus rares, ces temps-ci – surprise double de la bénédiction des visites éparses de la douleur, et de devoir se confronter à l’évidence : les potions et filtres (stupéfiants) qu’elle ingère quand même, lorsque tout va bien. (( addict )) Peu importe. L’étudiante attend sa directrice, installée avec ses recherches à l’un des bureaux ornant la salle du cours d’histoire de la magie.
Le changement de cursus lui va bien au teint, les aspirations journalistiques d’Althea ayant été tout sauf sincères. La Belge perçoit la majorité du ballet des informations médiatiques comme une distraction ou une façon quasi orchestrée de cracher les lignes de relations publiques émises par les autorités. L’habitude des chorégraphies parfaitement exécutées, et cette danse n’a rien des soubresauts d’un danseur puissant et gracieux sur scène, et tout du spectacle grotesque de quelques déhanchés à demi calculés. Devant elle, divers dossiers ont pris forme : le cadre théorique de la recherche qu’elle entreprend, tenant surtout de l’épistémologie de la science historique. Si tout se passe bien, elle pourra en tester les applications pour son mémoire dans deux contextes : l’un, contrôlé et légitime, dans la salle sur demande de l’université, et l’autre, dans les entrailles du styx, en guise d’expérience sensorielle. L’idée que ses recherches en lettres et civilisations magiques puisse servir au speakeasy plait à sa frange rebelle, et cette niche nouvelle en matière de services illicites provoque en la danseuse un mélange de vertige et d’euphorie.
La démarche féline de son enseignante lui fait lever les yeux de ses carnets, et un sourire orne son visage. « Bonjour, professeure », la salue la wright, respect et gratitude dansant au fond de ses prunelles de pluie. L’historienne lui inspire l’admiration autant qu’elle l’intimide, image puissante du féminin sacré qui a su se tailler une place de choix dans le monde magique sans compromettre sa féminité. « Je vous ai pris votre préféré », ajoute la rouge, désignant avec un sourire sincère le café noir de torréfaction locale dégageant des volutes aux notes discrètes de cacao dans la salle de classe. « Par où aimeriez-vous commencer? J’ai un début de réflexion pour mon cadre théorique, et une proposition plus concrète pour la phase d’expérimentation. Enfin – pas exactement concrète, mais j’aimerais bien parler de certaines idées avec vous », corrige-t-elle, ses doigts parcourant ses notes, prête à se montrer sous son meilleur jour à Amelya. Ce que c’est, que de vouloir plaire à sa directrice – et peut-être, de croître sous son aile.
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