- InvitéInvité
Interlude - [2019]
Dim 28 Fév 2021 - 17:10
Assis dans le fauteuil le plus inconfortable qu’il lui eut été donné de tester – visiblement, c’était le critère de choix pour finir dans un hôpital – Nathanael regarda l’aide-soignante pénétrer dans la chambre de son père avec un chariot rempli de langes et surmonté d’une bassine d’eau. Comme si un signal avait été donné, ses frères et sœurs se levèrent d’un seul mouvement, déliant des jambes engourdies.
« Un café, Nathi ? » lui demanda Zavah, la main à son portefeuille, déjà à moitié dans le couloir.
Et soudain ils eurent tous quelque chose à faire. Un quelque chose qui existait toujours en dehors de cette pièce et parfois même en dehors de cet hôpital. Epuisé, il refusa la proposition d’un geste indifférent de la main, sans prétendre qu’il s’agissait d’une surprise.
Sans s’en formaliser non plus, sa mère posa sa main sur le bol à savon pour rasage de son mari. Il s’en dégageait une odeur boisée ; une odeur qui n’avait jamais quitté son père, aussi loin que remontaient ses souvenirs. Et très vite, ils ne furent plus que deux.
« Donne, je vais le faire » proposa Nathanael avec douceur en rejoignant la silhouette frêle de sa mère. Depuis quand ses épaules étaient-elles devenues si... fragiles ?
Rachel posa sa main sur celle de son fils, lui cédant sa place au chevet de son mari. Il l’entendit lui souffler un « Merci » d’une voix humide, avant de s’effacer dans l’ombre d’un tremblement et Nathanael ne lui répondit rien, ne la regarda pas pour l’abandonner à son religieux silence.
Tout avait commencé par la cuisine. Un jour, pour une énième fois, une ambulance avait emmené Jacob à l’hôpital, emportant Rachel avec lui, à la seule différence que cette fois-ci, ils n’étaient pas revenus. Les plaques s’étaient alors éteintes et personne n’avait songé à les rallumer. A la place du fait-tout, de l’odeur des épices et d’un brouhaha d’ustensiles, une collection de flyers s’était accumulée sur la table de la cuisine et l’on avait pris pour habitude de manger de l’emporté, dans de l’aluminium, avec des couverts en plastique. Avec leurs parents, c’était toute la famille qui s’était vu dépouiller de son essence et Nath s’était déjà demandé plusieurs fois si tout n’avait pas tenu à la seule autorité de leur père et à la volonté de leur mère…
Ses mains, usées à force de faire la vaisselle, à force d’éplucher seule de quoi nourrir toute sa tribu en toutes circonstances, avaient revêtu maintenant la seule usure contre laquelle on ne pouvait pas luter : la mort. C’était pourtant la seule usure qu’il lui restait à endurer et qu’elle endurait encore une fois, presque seule. Durant les trois semaines et demie de soins palliatifs, hormis Rachel, aucun des membres de la famille Cohen n’avait voulu faire la toilette de l’homme décharné qu’ils veillaient pourtant consciencieusement. Mais Nathanael commençait à sentir leur patience se tarir : doucement, des excuses, des justifications commençaient à tenter d’expliquer des absences toujours plus longues.
Sans hésitations et par un geste devenu presque mécanique, Nathanael trempa un gant en tissus dans de l’eau tiède et entreprit de nettoyer le corps inerte de son vieux père. Sans accepter, il comprenait ses frères et sœurs : s’occuper d’un proche était toujours plus demandant que de promulguer des promesses. Mais aucun d’eux n’avait été capable de soutenir un coup d’œil vers leur propre avenir. Il aurait fallu supporter le contact direct avec une peau blêmissante, aussi fragile que l’aile d’un papillon, de constater une force qui sans cesse déclinait, des escarres qui commençaient à apparaitre. Il aurait fallu aussi s’approcher de tous ces fils, de la voie centrale posée en jugulaire, du bip incessant des machines, de la sonde urinaire…
En dehors d’une poignante fragilité qui avait progressivement dépossédé son père de toute sa force splendide, Nathanael lui avait découvert des détails auxquels il n’aurait jamais songé et qui, tragiquement, le rapprochèrent un peu plus de lui. La finesse de ses mains, l’ossature large de ses poignets, les fins plis de peau sous ses aisselles, les grands lobes d’oreille, puis toutes ces tâches, multiples, grains de beauté ou rousseurs, qui ponctuaient une peau marquée par la vieillesse.
« Tu as son coupe-choux, maman ? demanda-t-il en étalant la mousse à raser sur les joues creuses et le cou aussi plissé qu’un accordéon.
- Oui. Oui, bien sûr mon chéri, s’exclama-t-elle avec émotion en se dirigeant vers l’armoire. Il déteste les rasoirs, tu as raison. »
Il y avait certaines choses qu’on ne s’imaginait jamais faire avec ses parents. S’occuper d’eux sur leur lit de mort en faisait généralement parti. Une image s’imposa d’elle-même alors que Nath passait un coup de rasoir sur le papier de sa mâchoire horriblement blême : à sa main se superposa celle de son père, tentant de lui apprendre l’art délicat du rasage au coupe-choux lorsqu’il avait treize ans.
« Excuse-moi papa, je n’ai jamais été très doué…
- Ca va Nathi… Tu t’en sors très bien. »
Une main s’était mise à lui fouiller la poitrine et à lui tordre le cœur.
« Nathi ? l’interpella plus tard Zavah dans le couloir, avec cette voix qui sonnait comme une question, mais qui avait tout d’un ordre. On parlait de maman. Elle a besoin de soutient et on se disait… le poste que tu as pris, il n’est pas très loin d’ici je crois ? »
Il était à l’autre bout de la ville, mais Nath savait que ce n’était pas le sujet. Elle savait très bien qu’il n’était pas à côté, qu’il n’avait pas encore acheté de voiture et qu’il devait compter sur la relative inconstance du réseau de transport en commun londonien pour espérer conserver sa ponctualité névrosée. Ce qui était à côté en revanche, c’était sa disponibilité.
« Ecoute, continua-t-elle sans attendre sa réponse, j’ai deux enfants, Nathi. Adam va se marier. Yaël a un cabinet d’avocat à faire tourner à l’autre bout du pays. Sarah et Jonas sont sur le point d’expandre leur société à l’étranger, ils ne peuvent pas déménager le siège. D’entre nous tous, tu es le mieux placé pour venir aider maman. En prenant la ligne 14 jusqu’à Mayfair, tu as quoi, trois arrêts du bus A ? »
Nathanael, comme à son habitude, contempla le sol pendant qu’elle tentait, encore et encore, de justifier leur absence jusqu’à la rendre moralement acceptable. Comme si sa présence à l’hôpital pouvait être la compensation de leur absence collective.
« En plus tu cherchais un appartement, non ? intervint tout à coup Jonas qui jusqu’alors avait passé son temps à pianoter sur son téléphone sans relever les yeux. J’en ai parlé avec mon agent immobilier, un gars très sympa. Il t’a trouvé des appartements pas loin d’ici, et… il regarda ailleurs, semblant chercher ses mots, ou bien l’approbation de sa sœur : Maman ne devrait pas rester toute seule quand… Enfin tu sais. On s’est dit que comme t’es tout seul, vous pourriez emménager ensemble ? En plus tu lui as manqué, tu reviens à peine des Etats-Unis où tu as passé trois longues années.
- Après tout ce temps, tu pourrais faire cet effort pour nous soutenir, Nathi. Il est temps que tu endosses les responsabilités de la famille à ton tour. » intervint sévèrement Zavah, concluant le subtil chantage sentimental qu’avait entamé Jonas.
Nathi avait gardé les yeux baissés, attitude que les membres de sa famille avaient prise pour de la soumission et qui souvent, par manque de répondant, avait scellé son destin. Il ne comprenait pas comment l’état de leur père avait pu les réduire à ça : à se déléguer le gardiennage de leur mère, à songer à la vente de la maison familiale, à parler d’héritage alors que personne n’était encore mort. Le meilleur moyen d’éviter un « Tu crois que l’on ne préférerait pas tous être à ses côtés ? Tu crois que c’est facile pour nous ? » c’était encore de ne rien dire et d’accepter. Autant il éprouvait de la colère en songeant à leur hypocrisie, autant ce n’était pas l’endroit, ni le moment pour se disputer, pour savoir qui habitait le plus loin, qui avait le plus de choses à faire, qui voulait le vase chinois dans l’entrée, qui préférait donner de son argent plutôt que de sa personne, qui prétendait en avoir déjà trop fait, mesurant sans cesse la générosité de leur cœur dans la balance contre la plume de Maât. Et de toute façon, il voulait bien le faire…
Lorsque sa mère se fut enfin endormie sur le lit d’appoint gentiment fourni par l’hôpital, Nathanael avait déplié du maudit fauteuil ses jambes douloureusement trop longues. Un parfait silence accompagna son évasion, s’immisçant dans sa vie comme une parenthèse dans une phrase que l’on n’était pas obligé de lire. Elle fut guidée par besoin si vital et primitif que Nathanael ne se donna, pour une fois, pas la peine de remarquer les détails. Il sortir simplement avec la conscience de vouloir s’oublier ailleurs, là où son père n’était pas malade et où sa mère n’était pas en train de mourir avec lui, là où la vie battait dans chaque veine avec la force d’une basse. Les fêtes étudiantes bénéficiaient d’une acoustique souvent bien médiocre, mais au moins il n’y avait pas de videurs, ni de vieux désespérées tentant de se trouver une seconde jeunesse. Ses souvenirs de la capitale ne mirent pas longtemps à trouver un pareil endroit sans surveillance, vomissant déjà dans la rue les premières éponges à alcool.
Sa jeune âme baignée par la détresse, qui avait trop lu et trop peu vécu, voyait s’évanouir les mirages brillants qui s’étaient levés devant ses yeux quand il avait ressenti les premières douleurs d’une existence selon sa condition. La douleur de voir ses parents souffrir et sa famille se déchirer paraissait avoir désinhibé ses craintes et retenues habituelles. Ce qui lui faisait peur lui fit envie : la caresse des gens, leurs regards passionnés… La salle était dans cette atmosphère particulière, cette sorte de transe, d’osmose, où chacun avait plongé à sa mesure, selon son rythme, suivant celui de la mélodie, sombrant dans un subtil délire musical. Dans cette pénombre stellaire, où la lumière se manifestait sous la forme de faisceaux ou d’astres passagers, Nathanael se glissa entre les étudiants, dont la chaleur avait accentué la moiteur et l’humidité ambiante, excitant corps et esprits, neurones et nerfs, travaillant lentement à exaspérer, exhorter le public le plus réticent à plonger lui aussi avec les autres. C’était de ces endroits où on transpirait, même sans rien faire et les verres en plastique remplis de bières fraîches ne changeaient rien à la chose, les eût-on posées contre son front ou descendu d’un trait. Pour l’instant à contre-courant, la tête encore rythmée par l’électrocardiogramme de l’hôpital, Nathanael s’aventura à se trouver une bière dans l’espoir que l’alcool au moins le mette au diapason. Les gens autour de lui étaient chauds, complètement survoltés ; il les comprenait, mais n’étais pas de ceux-là : timidité ou absence du rythme dans la peau, Nathanael ne le savait guère. Il était capable d’assister à un concert totalement statique, sans ressentir le besoin de bouger.
Après deux solides gorgées qui vidèrent la moitié de son verre, il se dirigea vers la délimitation incertaine de la piste de danse, s’enfonçant là où suivre le rythme allait être simple, là où il allait être comme tout le monde. Sans grande difficulté, parce qu’il suffisait de suivre, le bruit dans sa tête se substitua par celui de la salle jusqu’à ce qu’il se retrouve en dehors de lui-même, dans la musique.
- Peter DrummondOldieㄨ experimented wizard
- » parchemins postés : 1701
» miroir du riséd : Ezra Miller
» crédits : © avatar: the-curious-corvidae - strange-hell - unknown ; id-gifs: brasillovers - BryceH - rdhoods - ; signature-code: magma ; signature-gifs: keiynan-lonsdale - soletear; signature-text: calum scott 'you are the reason'
» multinick : isabelle d'essenault (la bg)
» âge : 27 yo (12.09.1996)
» situation : en couple
» année d'études : 9ème année
» options obligatoires & facultatives :
ㅡ options obligatoires :
▣ DCFM, Potions, Étude des Runes.
ㅡ options facultatives :
▣ Métamorphose, Sortilèges et Littérature Magique.
ㅡ objet de thèse :
▣ Fruit de l'hybridation : sa reproduction magique en laboratoire et la réattribution de ses particularités dans le domaine cosmétique.
Mes blases :
▣ Rends-nousvisite!
» profession : employé chez Becs et museaux (animalerie)
» particularité : semi-vélane
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 1475
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: Interlude - [2019]
Dim 14 Mar 2021 - 19:00
10.2019 | interlude ft. @nathanael cohen
L’insouciance écrasante de la bande d’amis tonnait dans les rues londoniennes, jurant effroyablement avec la peine que pouvait ressentir des milliers de cœurs endeuillés ou sur le point de l’être. Elle se déversait dans les caniveaux et, emportée par la pluie, rejoignait un océan d’indifférence et de détachement accoutumé des fêtes universitaires. Ils ne pouvaient souffrir, ces êtres innocents et immaculés qu’aucun malheur n’était encore venu tacher ; ils se pressaient alors les uns contre les autres, essayant de se faire mal quand tout allait bien, pour essayer de ressentir quelque chose sous la lame engourdie d’une vie espérée tranchante. Les rires rebondissaient sur les murs en briques et s’écrasaient sur le bitume comme le corps d’un garçon qui avait raté son envol ; la brebis galeuse ne sachant pas sauter aussi bien que le mouton s’était pris les pattes dans la chaîne et avait perdu l’équilibre. Très vite, ses amis étaient venus lui porter secours – on n’abandonnait pas Danny, lui qui aurait vite fait de se faire tondre par de petites frappes moldues. Le troupeau se sépara quelques secondes plus tard, les plus valeureux souhaitant profiter de la nuit quand les plus fatigués voulaient reposer leurs visages égratignés par l’alcool, la fatigue et le goudron. Attirés par la lumière, ils se collaient aux vitres et y laissaient leurs empreintes boueuses, prêts à éclabousser de leur lumière surnaturelle les simples mortels qui dansaient sous l’éclairage suffocant de la pièce plongée dans le crépuscule. Les gobelets rouges avertissaient pourtant du danger imminent dans la rue londonienne ; des miettes de pain rieuses, déposées là pour inviter le danger à s’immiscer dans la soirée. Sitôt leurs pieds eurent foulé le sol collant que les regards commencèrent à caresser la peau lissée de tout défaut ; la valse indécente aurait fait rougir le derme du plus chevronné mais elle peinait à chauffer ses pommettes dorées. Spectral et pourtant plus vivant que les étudiants qui sautaient et trépignaient sur le battement minimal d’un cœur commun, la créature avançait, entourée de ses amis qui ne se doutaient de rien, eux non plus. La brise insensible balayait des cheveux autrement étincelants, captivant les yeux des moins prudents pour les capturer dans sa toile. Une étoile dans la nuit noire ; sa peau brillait sous la lumière qui pulsait sur la piste de danse.
« On devrait prendre à boire », proposa un ami. « Pour se fondre dans la masse. »
La petite troupe ivre s’avança vers le bar, ne se souciant guère des pauvres mortels qu’ils venaient troubler dans leur insouciance. Gobelets en mains, leurs yeux curieux détaillaient bientôt les corps embrasés ; leurs terrains de jeux. Le challenge amoindri par une naissance fortunée, la jeune créature cherchait continuellement à le corser. Elle avait sauté sur l’occasion de risquer son pouvoir de persuasion sur les hommes et les femmes peuplant un groupe auquel ses capacités magiques l’avaient longtemps dérobé. Enivré par l’envie de goûter aux plaisirs de la vie étudiante, le garçon avala distraitement la gorgée de houblon que lui avait flanquée son ami dans les mains. Ses yeux étaient dors-et-déjà occupés à rencontrer le regard le moins attiré.
« Old Pete’ va encore le faire. Attends, attends, si tu veux jouer, choisis au moins une proie de taille. Tiens, elle… ou lui. Ou elle. Non, non attends ! Attends-ttend-s-ttends ! LUI. Carrément lui ! »
Le sorcier riait à gorge déployée devant le garçon qui dansait seul les yeux fermés ; comme emporté par la musique et le tempo, il avait pénétré une bulle où seul lui était le roi. Peter y voyait l’épreuve servie sur un plat d’argent par ses camarades toujours autant bluffé par son pouvoir de séduction. Il n’avait pas ri, lui, le lion provoqué, son sourire amusé, jamais moqueur et s’apprêtait à tester l’étendu de son charme tandis qu’il déposait le gobelet rouge sur le bar de fortune. Que ses amis n’aient jamais découvert son hybridité fut un miracle que Peter ne s’expliquât jamais ; les mortels eux-mêmes finiraient par suspecter quelque chose cette nuit-là, et le pousseraient à quitter la soirée plus tôt qu’il ne l’avait envisagé. Se frayant un chemin dans la foule pour tourner autour de sa proie, le félin embrassait la même musique que lui. Il ne fallait plus qu’il ouvre les yeux, qu’il quitte son monde – rien qu’une seconde – pour que le charme opère. Une jeune femme se présenta devant lui, prétendant avoir composé et enregistré elle-même le beat sur lequel ils vibraient ce soir. Lorsqu’il n’y prêtait pas attention, le puissant sortilège qui faisait son bonheur comme sa bénédiction poussait les plus délicats à mentir pour se faire valoir aux yeux de la créature. Le jeune homme éclata de rire et la remercia pour la précision avant de la contourner. Son parfum envoûtant se propageait au fur et à mesure que la température de son corps grimpait. La sirène chantait pour le marin perdu, l’attirant vers les côtes rocheuses. Peter ferma les yeux, laissant l’énergie courir sous l’épiderme et dansa à reculons jusqu’à s’approcher suffisamment pour que sa présence soit impossible à ignorer.
HJ : Enfin ! Je suis désolé, j'espère que ce n'est pas trop court. Je sais que je ne t'offre pas beaucoup pour continuer mais je ne voulais pas anticiper tes réactions.
┗ February Showers ┛
ஃ There goes my heart beating, cause you are the reason I'm losing my sleep. If I could turn back the clock, I'd spend every hour of every day keeping you safe. I'd climb every moutain just to be with you. (c) C. Scott ஃ
- InvitéInvité
Re: Interlude - [2019]
Sam 20 Mar 2021 - 14:07
Dans l’océan agité de la foule, à travers la myriade de couleurs des tissus de tous les étudiants, Nathanael cru apercevoir le bref éclat d’un regard que l’on posait sur lui, étincelle d’attention au milieu des rayons de lumières épileptiques de la table de mixage. Cela ne dura pas assez longtemps pour qu’il en identifie la source mais juste assez de secondes pour venir lui brûler la nuque. Perdu ainsi dans la foule, l’astrophysicien en oublia de s’inquiéter : il avait déjà tellement à faire de tous ces corps qui se frottaient imperceptiblement à sa grande silhouette, des doigts qui frôlaient parfois ses hanches, des pieds qui butaient contre les siens. Les contacts étaient partout et nulle part à la fois : ils agissaient comme de simples molécules d’air, petites structures gazeuses qui ballotaient dans une chorégraphie dissipée, sans organisation ni volonté, au gré d’un espace à combler. Rien ne fixait son attention, mais tout l’exaltait : c’était un cocon de tiédeurs et de souffles, d’arômes sucrés d’alcool et saturé de différents parfums chimiques, tantôt boisés ou fruités, souvent âcres. Les danseurs étaient comme des formes ondoyantes et désarticulées, presque chimériques, clignotant sous la volonté des kaléidoscopes...
Il se sentait déjà un peu plus vivant. Peut-être qu’être perdu au milieu d’autres, c’était déjà appartenir à quelque chose. Comme les tentacules multiples d’un même être, ils s’agitaient les uns et les autres sans autre but précis que celui de ne pas en avoir. C’était plaisant, ça aussi : de n’avoir rien à faire, rien à penser, rien à rétorquer à qui que ce soit. Mais il savait que bientôt, il allait devoir revenir à lui, s’incarner à nouveau dans le cours de son existence…
Parfois, il fallait savoir ouvrir les yeux, mais l’on se doutait peu de les ouvrir sur un Eden terrestre…
Moins commun était-il encore de mirer son propre abyme dans le regard d’autrui. Cette fois, il fut ébloui pour de bon, arraché à sa transe, arraché à lui-même. L’iris jumelle, fuligineuse, avait cependant en plus une opacité énigmatique qui jurait avec les nuances sans secrets de ses prunelles impitoyables. Un détail appartenant à cet ordre de révélation qu’accompagnait le sentiment immédiat d’une réalité qu’on reconnaissait. S’il se laissait faire, ce beau regard allait l’absorber en entier, regard éloquent, ambré, limpide, aux longs cils émouvants, diadème d’un noir bleuté dont la courbe s’allongeait sur la commissure des paupières, ajoutant ce que l’on appelait jadis l’« oblique arlequine » ; un noir brusque et onctueux, comme tout l’ensemble de sa personne. Personne qui ne se distinguait pas d’abord, ou qui au contraire se distinguait si bien dans la seule corole expressive de ses yeux qu’on ne pouvait se résoudre à abandonner, et que l’on transcendait pour découvrir la substance de cet étrange absolu. Il devinait, sous l’iris qui paraissant plus haut placée qu’à l’ordinaire, dans le demi-cercle blanc entre son bord inférieur et l’humide paupière qui le soulignait, la peau défendue si blanche et voluptueuse de ses membres. Dans la voussure aiguë de sa pointe lacrymale, il retrouva l’incisif de ses hautes pommettes, l’arc délicieux de sa lèvre supérieure qui, éclairé par en dessous, retenait à ses sommets deux points de lumière argentée. La voûte généreuse et lasse de la paupière supérieure était comme l’anglaise bleuâtre de ses mèches, lourdes, souples, éparses, élevant la houle d’un océan de cheveux sous un tumulte désordonné, comme les pointes pénétrantes de ses cils, la netteté agreste de son regard, l’impérieuse insolence de sa mâchoire… L’élégante et effilée cambrure des sourcils, qui révélait le velouté et taillait dans la brusquerie de ses traits, paraissait se prolonger en son cou charmant et onduleux, plongeant infiniment une courbe déliée et suave jusqu’à la rencontre de deux clavicules en ogive, clef de voûte de toute sa gorge vertigineuse, aussi vertigineuse que son regard, que le vide de l’existence et sa plénitude. Et du blanc ! comme le blanc infatigable, étincelant de ses yeux, comme sa peau d’un pâle de craie, mystérieusement ombrée par la cascade de ses cheveux noirs en accroche-cœur, par les épis lascifs de ses cils obscures et l’arcade muscadine dédaigneuse, délicieuse de son expressivité. Une brûlante blancheur et un noir pénétrant… Sa pâleur était lumière, son noir une nuit resplendissante.
Son visage n’était que lames blessantes et beauté lisse, longue et franche. Sa richesse antinomique suffisait à résumer toute la magie de l’existence. A l’instar de son regard, partagé entre la violence impénétrable de son iris pleine et la douceur allongée de son éloquente tournure, il avait lui aussi l’expression facilement lasse, mais assez vigoureuse pour s’abandonner à la joie soudaine et dans un sourire émaillé de dents régulières, se fendre dans une rondeur que la joie rendait piquante. Une lumière stroboscopique s’attarda, et une même étincelle dorée joua sur le blanc de ses yeux, les perles de ses dents et la saillie humide de ses lèvres.
Enervante et désespérante beauté.
Il était exaspération, il était torture. Parce qu’entre lui, Nathanael, maladroit et médiocre spécimen, et cet éphèbe précoce, affecté, impénétrable, c’étaient un vide de lumière et un voile d’ombre que nul effort ne pouvait abolir ni déchirer. De la musique, il ne garda sous sa peau que les éclairs lumineux qui hâlaient le visage d’albâtre d’une couleur sans cesse renouvelée, trompeuse, pommelant ses pommettes de rousseurs fantasques, toujours plus belles, toujours plus fauves. Il ne dansait plus, il ne pouvait plus ; il était écrasé par le sublime transcendé, fait leste créature, à la bouche carmin, au yeux corbeaux et au corps d’ivoire. Avec lui, il ne pouvait y avoir qu’instinct, que pardonnable cécité d’un plaisir montant. En perdant sa constance et sa contenance, Nathanael ne tenta pas de modérer son attention scrupuleuse, admirative. Il lui parut naturel alors, autorisé, de s’abreuver de cette figure aux sourcils royaux, à la plissure voluptueuse des paupières, comparativement incapables de rester grands ouvertes, au regard, qu’il discerna davantage à force de ne pas le quitter et qui dévoila subtilement des couches successives de tristesse et de taciturnité accumulées, voilant à demi la pupille, tandis que dans leurs orbes adorablement allongées les globes d’émail se délaçaient avec une mobilité plus inquiète : « dont les regards ne se posent jamais sur vous et cependant vous transpercent ». Par contraste, on n’en ressentait qu’avec plus de force le choc de la beauté vivante, entre délicatesse et brutalité, rouge, blanc, noir, tristesse, assurance, bonheur, provocation, plaisir et désespoir. Les cheveux se répandaient librement et dans les intervalles de ces ondes noirs et lustrées apparaissait la blanche, la tiède, l’incomparable grain de peau, ou le trésor gourmand, éclatant, ample et riche de ses lèvres grenat. Il lui fallut beaucoup de temps pour découvrir le défaut de son nez, singulièrement accusé, se perdant en un léger sillon vertical discontinu.
« Tu en veux plus ? » entendit-il hurler à sa gauche.
S’il en voulait plus ?
Non, il n’en voulait pas plus, il voulait l’intégralité. Des cheveux savamment tourmentés au délicieux arc de cupidon qui dominait ses lèvres abondantes, des yeux brillants de promesses jusqu’à la vallée savoureuse de la clavicule que dévoilait parfois le rythme de la musique... Tout.
Il voulait tout.
Mais l’inconnu à sa gauche ne lui parlait pas de l’incarnation charnelle qui dansait à ses côtés, mais bien d’une bière supplémentaire. Alors Nael secoua la tête pour refuser, sans quitter des yeux l’apparition, de peur que le mirage ne s’évanouisse tout aussi vite qu’il était apparu. Dans un doute qui persistait à son émerveillement accort, il se pencha alors légèrement pour compenser sa taille et la musique, puis demanda, immobile, suppliant et rompu :
« Vous êtes un ange ? Parce que j'ai terriblement envie de vous embrasser. »
@Peter Drummond
Il se sentait déjà un peu plus vivant. Peut-être qu’être perdu au milieu d’autres, c’était déjà appartenir à quelque chose. Comme les tentacules multiples d’un même être, ils s’agitaient les uns et les autres sans autre but précis que celui de ne pas en avoir. C’était plaisant, ça aussi : de n’avoir rien à faire, rien à penser, rien à rétorquer à qui que ce soit. Mais il savait que bientôt, il allait devoir revenir à lui, s’incarner à nouveau dans le cours de son existence…
Parfois, il fallait savoir ouvrir les yeux, mais l’on se doutait peu de les ouvrir sur un Eden terrestre…
Moins commun était-il encore de mirer son propre abyme dans le regard d’autrui. Cette fois, il fut ébloui pour de bon, arraché à sa transe, arraché à lui-même. L’iris jumelle, fuligineuse, avait cependant en plus une opacité énigmatique qui jurait avec les nuances sans secrets de ses prunelles impitoyables. Un détail appartenant à cet ordre de révélation qu’accompagnait le sentiment immédiat d’une réalité qu’on reconnaissait. S’il se laissait faire, ce beau regard allait l’absorber en entier, regard éloquent, ambré, limpide, aux longs cils émouvants, diadème d’un noir bleuté dont la courbe s’allongeait sur la commissure des paupières, ajoutant ce que l’on appelait jadis l’« oblique arlequine » ; un noir brusque et onctueux, comme tout l’ensemble de sa personne. Personne qui ne se distinguait pas d’abord, ou qui au contraire se distinguait si bien dans la seule corole expressive de ses yeux qu’on ne pouvait se résoudre à abandonner, et que l’on transcendait pour découvrir la substance de cet étrange absolu. Il devinait, sous l’iris qui paraissant plus haut placée qu’à l’ordinaire, dans le demi-cercle blanc entre son bord inférieur et l’humide paupière qui le soulignait, la peau défendue si blanche et voluptueuse de ses membres. Dans la voussure aiguë de sa pointe lacrymale, il retrouva l’incisif de ses hautes pommettes, l’arc délicieux de sa lèvre supérieure qui, éclairé par en dessous, retenait à ses sommets deux points de lumière argentée. La voûte généreuse et lasse de la paupière supérieure était comme l’anglaise bleuâtre de ses mèches, lourdes, souples, éparses, élevant la houle d’un océan de cheveux sous un tumulte désordonné, comme les pointes pénétrantes de ses cils, la netteté agreste de son regard, l’impérieuse insolence de sa mâchoire… L’élégante et effilée cambrure des sourcils, qui révélait le velouté et taillait dans la brusquerie de ses traits, paraissait se prolonger en son cou charmant et onduleux, plongeant infiniment une courbe déliée et suave jusqu’à la rencontre de deux clavicules en ogive, clef de voûte de toute sa gorge vertigineuse, aussi vertigineuse que son regard, que le vide de l’existence et sa plénitude. Et du blanc ! comme le blanc infatigable, étincelant de ses yeux, comme sa peau d’un pâle de craie, mystérieusement ombrée par la cascade de ses cheveux noirs en accroche-cœur, par les épis lascifs de ses cils obscures et l’arcade muscadine dédaigneuse, délicieuse de son expressivité. Une brûlante blancheur et un noir pénétrant… Sa pâleur était lumière, son noir une nuit resplendissante.
Son visage n’était que lames blessantes et beauté lisse, longue et franche. Sa richesse antinomique suffisait à résumer toute la magie de l’existence. A l’instar de son regard, partagé entre la violence impénétrable de son iris pleine et la douceur allongée de son éloquente tournure, il avait lui aussi l’expression facilement lasse, mais assez vigoureuse pour s’abandonner à la joie soudaine et dans un sourire émaillé de dents régulières, se fendre dans une rondeur que la joie rendait piquante. Une lumière stroboscopique s’attarda, et une même étincelle dorée joua sur le blanc de ses yeux, les perles de ses dents et la saillie humide de ses lèvres.
Enervante et désespérante beauté.
Il était exaspération, il était torture. Parce qu’entre lui, Nathanael, maladroit et médiocre spécimen, et cet éphèbe précoce, affecté, impénétrable, c’étaient un vide de lumière et un voile d’ombre que nul effort ne pouvait abolir ni déchirer. De la musique, il ne garda sous sa peau que les éclairs lumineux qui hâlaient le visage d’albâtre d’une couleur sans cesse renouvelée, trompeuse, pommelant ses pommettes de rousseurs fantasques, toujours plus belles, toujours plus fauves. Il ne dansait plus, il ne pouvait plus ; il était écrasé par le sublime transcendé, fait leste créature, à la bouche carmin, au yeux corbeaux et au corps d’ivoire. Avec lui, il ne pouvait y avoir qu’instinct, que pardonnable cécité d’un plaisir montant. En perdant sa constance et sa contenance, Nathanael ne tenta pas de modérer son attention scrupuleuse, admirative. Il lui parut naturel alors, autorisé, de s’abreuver de cette figure aux sourcils royaux, à la plissure voluptueuse des paupières, comparativement incapables de rester grands ouvertes, au regard, qu’il discerna davantage à force de ne pas le quitter et qui dévoila subtilement des couches successives de tristesse et de taciturnité accumulées, voilant à demi la pupille, tandis que dans leurs orbes adorablement allongées les globes d’émail se délaçaient avec une mobilité plus inquiète : « dont les regards ne se posent jamais sur vous et cependant vous transpercent ». Par contraste, on n’en ressentait qu’avec plus de force le choc de la beauté vivante, entre délicatesse et brutalité, rouge, blanc, noir, tristesse, assurance, bonheur, provocation, plaisir et désespoir. Les cheveux se répandaient librement et dans les intervalles de ces ondes noirs et lustrées apparaissait la blanche, la tiède, l’incomparable grain de peau, ou le trésor gourmand, éclatant, ample et riche de ses lèvres grenat. Il lui fallut beaucoup de temps pour découvrir le défaut de son nez, singulièrement accusé, se perdant en un léger sillon vertical discontinu.
« Tu en veux plus ? » entendit-il hurler à sa gauche.
S’il en voulait plus ?
Non, il n’en voulait pas plus, il voulait l’intégralité. Des cheveux savamment tourmentés au délicieux arc de cupidon qui dominait ses lèvres abondantes, des yeux brillants de promesses jusqu’à la vallée savoureuse de la clavicule que dévoilait parfois le rythme de la musique... Tout.
Il voulait tout.
Mais l’inconnu à sa gauche ne lui parlait pas de l’incarnation charnelle qui dansait à ses côtés, mais bien d’une bière supplémentaire. Alors Nael secoua la tête pour refuser, sans quitter des yeux l’apparition, de peur que le mirage ne s’évanouisse tout aussi vite qu’il était apparu. Dans un doute qui persistait à son émerveillement accort, il se pencha alors légèrement pour compenser sa taille et la musique, puis demanda, immobile, suppliant et rompu :
« Vous êtes un ange ? Parce que j'ai terriblement envie de vous embrasser. »
@Peter Drummond
- Peter DrummondOldieㄨ experimented wizard
- » parchemins postés : 1701
» miroir du riséd : Ezra Miller
» crédits : © avatar: the-curious-corvidae - strange-hell - unknown ; id-gifs: brasillovers - BryceH - rdhoods - ; signature-code: magma ; signature-gifs: keiynan-lonsdale - soletear; signature-text: calum scott 'you are the reason'
» multinick : isabelle d'essenault (la bg)
» âge : 27 yo (12.09.1996)
» situation : en couple
» année d'études : 9ème année
» options obligatoires & facultatives :
ㅡ options obligatoires :
▣ DCFM, Potions, Étude des Runes.
ㅡ options facultatives :
▣ Métamorphose, Sortilèges et Littérature Magique.
ㅡ objet de thèse :
▣ Fruit de l'hybridation : sa reproduction magique en laboratoire et la réattribution de ses particularités dans le domaine cosmétique.
Mes blases :
▣ Rends-nousvisite!
» profession : employé chez Becs et museaux (animalerie)
» particularité : semi-vélane
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 1475
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: Interlude - [2019]
Jeu 15 Avr 2021 - 20:21
10.2019 | interlude ft. @nathanael cohen
Animée et instable sur des pieds qui sautaient au rythme de la musique sur le sol en feu, Médusa perçait de ses yeux la victime imprudente et qu’elle souhaitait modeler de ses longs doigts de rapace ; comme les serpents, les cheveux sifflants semblaient retomber avec un retard remarquable sur la gravité que les boucles refusaient d’épouser. Un moment d’égarement était tout ce qu’il lui demandait ; un seul petit fragment de temps, un grain de sable tombé à côté du récipient en verre et l’homme se ferait statue. L’anticipation alléchante suffisait à remuer son corps autrement soulevé par les mains égarées et l’impulsion de ses chaussures sur le parquet taché ; le sol collait et refusait lui aussi de le laisser partir. Elle lui résistait pourtant, la créature avisée par les nymphes ombrageuses qui tremblaient toutes face à son pouvoir. Jalouse, elle aussi, Athéna guidait sûrement ses yeux et lui soufflait de les garder clos. Impatient, le jeune homme se léchait les babines ; il y avait bien longtemps qu’il n’avait pu tester la magie dont il avait hérité sur un pareil jouet. Le pantin se mouvait, incontrôlable sur le rythme minimal du morceau qui accompagnait le battement de son cœur, et promettait un peu plus chaque seconde d’ouvrir les yeux pour accepter son sort. Quelques femmes se pressaient autour des deux corps élancés sur la piste de danse et les regardaient, hypnotisées par le spectacle qu’elles jugeaient messéant. La lumière de l’éclair mécanique pâlit à côté de l’étincelle qui scintilla dans ses yeux à l’instant même où les paupières du garçon se soulevaient et que ses iris imprudents rencontraient les siens. Deux disques noirs dévorants, ses pupilles s’étaient dilatées plus encore pour absorber la lumière qui irradiait dans son dos ; Peter sut la flèche décochée et tirée en plein cœur. Le même arc lui avait causé bien du tort par le passé et sa mère l’avait maintes fois mis en garde contre les excès du fils de Vénus, mais il s’en réjouissait ce soir. La belle éclairci dans ces deux grands yeux sombres avait proclamé haut et fort la chance incroyable qu’il avait d’avoir capté son attention. Il continuait de danser, flamme indocile et incandescente, quand lui s’était arrêté. Dépourvu de son bouclier, le valeureux garçon s’était oublié sur la piste de danse et n'avait pu anticiper son emprisonnement. Habillée de lumière, la créature accueillait avec beaucoup de plaisir la douceur du regard minutieux sur son épiderme échauffé. Le poitrail adolescent et sportif ondulait sous le tissu fin et blanc de son tee-shirt, les hanches fines et sculptées épousaient les vagues de son qui s’écrasaient comme l’écume sur le corps dressé et immobile du garçon, un phare dans la tempête qui se détachait lui aussi de la foule. Étouffés par le son, les cris d’encouragement de ses quelques amis ne parvinrent pas à leurs oreilles et le jeune homme cessa de sauter et de danser. Les notes de musique pouvaient bien les emporter tous ; il le voulait lui, maintenant. Peter ne prêta pas attention au producteur de bière qui offrait une nouvelle tournée et étira ses lèvres en réalisant qu’il ne voyait que lui. Le nez cassé, la courbure de ses lèvres fines sous l’ombre d’une empreinte de l’ange qu’il tardait au sorcier de dévorer, de longues mèches rebelles ornant un corps mince et presque trop grand pour lui ; le spectacle l’intriguait à son tour. Rien ne semblait témoigner de son appartenance au groupe dans lequel sa petite bande et lui s’étaient eux-mêmes invités. Un parfum boisé s’échappa de ses vêtements alors que l’homme se penchait en avant pour lui parler. La voix chaude et grave du garçon gémit sensuellement et Peter nota qu’il pouvait entendre la fumée de cigarettes souffler entre ses cordes vocales. Fier de lui, il se mordit la lèvre en souriant et s’approcha à son tour.
“Quelque chose du genre, oui…”, souffla-t-il suffisamment fort en le fixant droit dans les yeux. Guidé par sa respiration, il inspira une dernière fois son parfum avant de mettre fin à son supplice et lui en faire découvrir mille autres. La fée Morgane exauçait son vœu le plus cher et Peter lui promit de perdre la tête dans un baiser. Puissant, la chaleur de leur embrassade les secoua tous deux.
“Et qu’est-ce que tu es, toi ?”
Dans la bouche du sorcier, la question prenait un tout autre sens, mais ni lui ni les autres moldus aux alentours ne pouvaient s’en douter. Secoué d’un rire libéré, le jeune homme vint embrasser la pointe de son menton parsemée d’un duvet piquant et empoisonné d’une poison tentatrice.
“Ton monde… celui dans lequel tu t’étais retiré… Il m’intrigue.”
La main serrée sur son col, Peter l’attira en avant pour que leurs corps se touchent.
“Emmène-moi.”
Le large sourire ne quitta pas ses lèvres alors qu’il embrassait à nouveau le garçon dont il ne connaissait toujours pas le nom. Il pouvait bien l’appeler comme il voulait, il pouvait l’appeler par son propre prénom, tant que ses lèvres ne quittaient pas sa peau en le faisant. S’arrêtant soudain, Peter fit volte-face et entama sa traversée de la foule avant de tourner la tête vers l’inconnu, l’invitant à le suivre dans le couloir. Ils y trouveraient certainement une chambre laissée imprudemment déverrouillée, ou un placard à balais. Muggles do have broom cupboards, don’t they?
┗ February Showers ┛
ஃ There goes my heart beating, cause you are the reason I'm losing my sleep. If I could turn back the clock, I'd spend every hour of every day keeping you safe. I'd climb every moutain just to be with you. (c) C. Scott ஃ
- InvitéInvité
Re: Interlude - [2019]
Ven 23 Avr 2021 - 11:55
Durant les brèves secondes noyées de lumière artificielle où son regard avait glissé sur le jeune homme, dont le corps épousait la musique comme une liane, le gouffre désert de sa tendresse s’abreuva des moindres détails de sa beauté radieuse, irréelle. Si bien que son appétence lui parut naturelle, tel un prolongement instinctif, imposé par sa rayonnante splendeur ; telle la faim ou la soif étaient les extensions de la vie, cette créature poussait à l’agonie de la possession, au désir d’étreinte et d’appartenance complète, dévouée, à cet éclat qui avait tous les droits et méritait tous les dus. Hégémonie pure et simple d’un pouvoir qui se perdait au-delà de l’objectivité ou de la subjectivité et qui était presque de l’ordre du hasard : une merveilleuse fatalité face à laquelle il ne pouvait y avoir d’autre choix que la soumission. La beauté n’était pas une idée absolue, et s’éprouvait d’autant plus par le contraste, et davantage encore si la beauté était dans les yeux de celui qui regardait…
« Quelque chose du genre, oui… »
Sa flatterie excessive lui était moins apparue que la suffisance de cette réponse, et pourtant Nathanael n’eut pas le goût de s’y opposer, trop obnubilé par le regard qui fixait et gouvernait déjà l’empire de ses sens. Aisément, il se subordonna à l’évidence, au premier instinct, ne voyant bientôt qu’un oiseau de mer voler vers lui, lèvre supérieure aux deux ailes déployées, déjà ouvertes sur le couchant de dents luisantes et d’une langue de satin rouge. Il eut seulement le réflexe de fermer les yeux, traversé par le velours brûlant de sa bouche comme les vibrations lointaines de signaux de détresse, trouvant une saveur délectable dans le contraste entre la caresse ailée de l’idylle visible et la congestion brutale de la chair celée. Contre ces lèvres, il soupira d’abord, puis gémit, alors qu’un frisson secouait son dos jusqu’à la nuque : comme chez Rembrandt, la remembrance était une fête au milieu des ténèbres et lové au creux de cette douceur, Nathanael se souvint soudain à quel point elle lui avait manqué. La musique étrangla sa supplique et il n’en resta qu’une faible vibration qui grelotta entre leur étreinte. Asservi par la prodigalité du baiser, il se sentit encore une fois tétanisé par le charme remarquable de toute sa personne, par l’indulgente tendresse dont il était à présent redevable, comme touché par une grâce sublime.
« Et qu’est-ce que tu es, toi ? » avait-il demandé d’une voix que faisait grésiller une rondeur dans la gorge ou sur la langue, contre le palais…
Rien. Prosaïque, il pensa « rien ».
« Ton monde… celui dans lequel tu t’étais retiré… Il m’intrigue. »
Cette créature, à la joie vivace et désinvolte, allait pénétrer son univers poisseux de deuil et de remords, avec une curiosité trop impudente pour ne pas s’en détourner avec un sentiment frisant la franche répulsion. Il n’était que misère et brutalité, maladresse et dureté, de sa mâchoire trop droite à l’arête cassée de son nez, des paupières trop basses sur ses yeux naturellement las à sa bouche étroite comme une meurtrière…
A côté de l’éclat de sa délicate jeunesse, doucement agréable et à l’autorité barbare, il n’était rien. Rien du tout. N’existant qu’à l’orée de sa bouche, sous ses baisers, ourlé de ses lèvres soyeuses qui exigeaient des redditions agenouillées, des supplices d’adorations irréductible.
As I'm bruising my knees,
Whispering please, please…
Whispering please, please…
Et peut-être n’avait-il envie d’exister qu’ici, au creux de sa bouche, là où tout n’était que feu grenat, passion et tendresse. Le jeune homme se savait souverain, par instinct ou principe, et son autorité ne l’étonna guère : Nathanael savoura seulement avec un choc l’existence de son propre corps, qui se révélait en épousant celui d’un autre. Il ordonnait, encore, et le dévorait, l’embrassait, l’aimait sans le connaître, comme s’ils s’étaient l’un l’autre envoûtés. Et peut-être qu’à baisers jamais rompus et regards toujours croisés, Nathanael n’aurait pas eu l’intuition que sa fascination était en train de largement dépasser la réalité ; si l’ange ne lui avait pas fait dos, peut-être n’aurait-il jamais compris suivre un fantasme...
Ils traversèrent la foule, lui avec détermination, Nathanael avec fascination : tout, dans son allure et sa démarche, était péniblement attirant et le désir capitonné côtoyait la spontanéité de leur élan en toute impunité. Les yeux rivés quelque part entre ses reins, Nathanael était hypnotisé par le mouvement balancé, dansé de ses hanches, alors qu’il en jouait pour les extraire de la foule de corps, tous plus moites les uns que les autres. C’était un océan de frôlements sur sa peau à vif. C’était une chaleur capiteuse, comme ces étés floridiens : une fine pellicule crêpue recouvrait les peaux brûlantes et chaque inspiration paraissait laborieuse, jusqu’à l’excessif soupire lascif en quête d’un peu d’oxygène. Mais l’air était saturé d’humidité, saturé de lui. Tout était brûlant, étouffant, mais il était le seul astre responsable de toutes ces ardentes morsures : il était l’éternel coup de soleil qui enflammait la peau jusqu’aux frissons et rendait le moindre effleurement aussi sensible qu’une corde trop tendue.
Lorsqu’ils atteignirent le recoin du couloir dans lequel ils s’étaient enfoncés, seulement nimbé par les éclats rougeoyants de quelques néons, Nathanael cru voir l’air crépiter, comme agité par des arcs électriques. C’était un brasier irréel en sursis : si quelqu’un craquait une allumette, tout partirait en fumée. Fébrile, passant et repassant ses propres lèvres désespérément vides de lui les unes contre les autres, Nathanael eut l’impression de perdre la notion du temps. Son étreinte était urgence, son absence douleur. Il n’aurait su dire s’il avait de lui-même cherché à plaquer son dos contre le mur en quête d’un peu de fraîcheur, ou si l’impétueux inconnu s’était montré dominateur. Peut-être s’étaient-ils rejoint quelque part au milieu.
Le dos soutenu par un mur lui aussi trop chaud, Nathanael ne sut plus où s’arrêtaient les soupires et où commençaient les gémissements de son caprice insistant. Ses pensées étaient floues et brumeuses, épaisses, alors que ses lèvres se faisaient conquérir par ce qui lui avait inexplicablement, tragiquement manqué. A cause de l’absence peut-être, mais il se sentit plus lucide et n’osa pas se laisser aller, n’osa pas l’embrasser vraiment, frôlant seulement avec dévotion les lèvres brûlantes qui s’ouvraient. Il eut soudain peur d’aller trop loin et de le voir reculer en un sursaut de terreur et de dégoût, rattrapé par une réalité désespérément banale, si éloignée de la nimbe sublime qui couronnait sa personne. C’était pressant, presque dérangeant, bouillonnant, plus émouvant que tout ce qui l’avait jusqu’alors embrasé. Tout était tellement lourd : de ses mains qui s’agrippaient désespérément à la taille étroite à sa respiration laborieuse qui se perdait entre deux élans passionnés.
« Stop » souffla-t-il faiblement, alors que sa propre bouche rebroussait encore sa jumelle d’un désir presque insupportable.
« Stop, stop... » supplia-t-il cette fois un peu de pitié à cette ange terrible, serrant pourtant fébrilement les vêtements entre ses phalanges tremblantes.
Qui implorait-il ? Le fantasme, ou lui-même ? Il ne savait plus, mais quelque chose en lui se fit suppliant : à part la réalité tangible de leurs corps, il n’y avait rien de vrai dans cette brusque soumission et cet invraisemblable don qui lui était offert sans aucun mérite. Il se sentit odieux, caricature d’un personnage qui n’existait pas, ou par accident dans les yeux de son tentateur. Il n’y avait rien de normal dans cette folie, dans ce besoin incontrôlable, presque animal. Il y avait quelque chose de douloureux, soudain, dans ces lèvres abandonnées qui aimaient sans raison, sans rien savoir, dans cette odeur enivrante contre laquelle il était autorisé à se lover sans rien avoir fait pour la mériter, dans cette fièvre réconfortante. Il éprouva l’adoration comme un mensonge, un égarement passager à l’achèvement inévitable et l’asphyxie se fit tout autre. Le bel inconnu allait bientôt se rendre compte de son extrême médiocrité et le dépouiller de tous ces lauriers. Et bientôt, quelque chose lui gela soudain le coeur. La tendresse se gerça, se changea en honte et en désolation et Nathanael caressa à l’aveugle les lèvres humides comme l’esclave qu’il était devenu, implorant muettement un peu de clémence. Mais dans cette vague d’humilité et de déchirement, avec une ironie abominable, le désir s’enflait, irrépressible, porté par la singularité d’être entre Ses bras charmants. Haletant, rompu, frissonnant de plaisir, Nathanael s’immobilisa.
C’était tellement absurde, navrant. Il savait mourir si l’inconnu s’éloignait, mais il mourrait s’il continuait à accepter de s’abandonner sans savoir pourquoi, ni à qui. Et dans cette religieuse folie, la supplique se fit prière :
« S’il-te-plaît, s’il-te-plaît, chuchota-t-il. S’il-te-plaît, je t’en prie, s’il-te-plaît, arrête... » s’érailla-t-il douloureusement la voix.
Il s’affaiblit entre le mur et l’autre corps, celui qui n’était pas tout à fait le sien, comprenant qu’il ne voulait pas être aimé comme ça, avec la certitude soudaine d’être aussi médiocre, pas même pour une nuit. Mais sa tendresse était trop lâche, et il renversa sa tête en arrière, déployant l’opale de sa longue gorge pour souffrir son mal soudain dans le vide, là où Lui n’était pas. Mais à sa bouche encore, tout contre son palais, Son goût persistant… Il s’agrippa aux-avants bras du jeune homme et, soupirant au ciel, parut vouloir s’échapper sans conviction et force en s’y appuyant, tel un oiseau tentant de prendre son envol.
« S’il te plaît, j’ai l’impression de n’être rien… Tu me tourmentes.»
@Peter Drummond
- Peter DrummondOldieㄨ experimented wizard
- » parchemins postés : 1701
» miroir du riséd : Ezra Miller
» crédits : © avatar: the-curious-corvidae - strange-hell - unknown ; id-gifs: brasillovers - BryceH - rdhoods - ; signature-code: magma ; signature-gifs: keiynan-lonsdale - soletear; signature-text: calum scott 'you are the reason'
» multinick : isabelle d'essenault (la bg)
» âge : 27 yo (12.09.1996)
» situation : en couple
» année d'études : 9ème année
» options obligatoires & facultatives :
ㅡ options obligatoires :
▣ DCFM, Potions, Étude des Runes.
ㅡ options facultatives :
▣ Métamorphose, Sortilèges et Littérature Magique.
ㅡ objet de thèse :
▣ Fruit de l'hybridation : sa reproduction magique en laboratoire et la réattribution de ses particularités dans le domaine cosmétique.
Mes blases :
▣ Rends-nousvisite!
» profession : employé chez Becs et museaux (animalerie)
» particularité : semi-vélane
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 1475
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: Interlude - [2019]
Ven 25 Juin 2021 - 17:53
Trigger Warning:
Cette réponse contient des éléments qui peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ; description d'une scène passionnelle et les prémices d'une relation charnelle.
10.2019 | interlude ft. @nathanael cohen
Suppliques sourdes et invraisemblables, elles se heurtaient aux rochers de l’ignorance et amplifiaient l’effervescence d’un corps si jeune qu’il n’était pas avisé, et si éclatant qu’il aveuglait les regards audacieux. Il n’entendait que son cœur accélérer et battre plus fort dans des veines trop étroites et gonflées par l’effort. Peau contre peau, le cavalier apocalyptique s’élançait contre l’enveloppe ardente et frénétique adossée sur le mur. Prise au piège, elle l’entourait de ses bras et l’implorait de réduire encore l’espace intenable qui écartait leurs mouvements d’une imminence effrayante. Elle intimidait les deux âmes entrelacées, qui savaient toutes deux que chaque baiser les approchait du précipice infranchissable : il ne leur resterait plus d’autre choix que de plonger. La tête la première et les yeux fermés, ils se noyaient dans une lumière rougie par une concupiscence partagée à l’abri des oreilles investigatrices ; elles auraient entendu et puis conté les gémissements s’échappant du couloir. Tantôt rompue à l’exercice de son pouvoir, tantôt rieuse, sa bouche ne pouvait, ce soir-là, se satisfaire de quelques minutes, de quelques grains de sable, et voulait plutôt allonger les heures comme on allongeait un amant sur sa couche. Narcisse se perdait dans la contemplation de son reflet, dans l’image que l’inconnu peignait de lui. Sa mâchoire insatiable réclamait la fin à du supplice et puis, revenait à la charge, l’assaillait de toute part, essayant de l’asphyxier - pour émousser, le seul espoir de se soustraire à sa beauté tranchante. L’ange sourd embrasait le ciel du jeune homme qui voyait ses propres lèvres baiser sa peau avec un embrasement sans feu. La supplique se répétait et bouillonnait dans sa gorge enrouée par tout autant de râles contenus. “Okay… Okay…”, il promit une première fois, avant d’être attaqué de nouveau par la bouche assoiffée et d’oublier, lui aussi, ses convictions tout juste trouvées. Comment les entendre lorsqu’elles étaient si bien dissimulées par l’enthousiasme tonitruant du pauvre mortel, persécuté par une alchimie renforcée par la magie, dont il ignorait tout. La prière, plus forte cette fois, souffla comme une brise dans ses oreilles rougies par l’excitation. Les murs étaient moites, effarouchés par leur appétit montant ; ils se faisaient spectateurs d’un oisillon, pris au piège derrière les barreaux de sa cage. L’oiselet n’y parvenait pas : il battait des ailes, mais retombait sans cesse sur ses pattes maladroites et trop grandes pour lui. La créature pandémoniaque riait de sa proie, touchante dans sa faiblesse : elle était comme prise dans un filet d’or et de lumière, et rien ne pouvait l’en tirer. Si ce n'était qu'un énième baiser, cette fois brûlé au creux de son cou : la marque rouge, violacée, prit quelques secondes à se dissiper. La menace terrible courait de la naissance de sa barbe, accentuée par une langue venimeuse, jusqu’à la cime de ses oreilles dressées :
“Je pourrais m’arrêter… Je pourrais te laisser. Disparaître.”
Les doigts ondulaient à contre-sens, sous le haut du garçon, s’infiltrant dans une toison qu’il devinait entretenue, taillée comme son corps resserré. Le bourreau respectable affûtait ses armes sur la peau humide qu’il comptait épuiser de ses mains.
“Mais ce n’est qu’un songe…”
La Vélane, ivre de sa magie, recula et se laissa glisser le long du mur, elle aussi, pour découvrir une porte à sa droite. Abandonnant le rempart, mettant à mal sa carapace, elle attrapa le jeune homme par le tee-shirt et l’attira vite contre lui, dos contre la porte, qu’il essayait d’ouvrir avec sa main. Le panneau de bois céda bien vite et s’ouvrit sur la chambre d’un étudiant imprudent. Prenant le soin de tirer le verrou derrière lui, Peter abandonna l’inconnu au milieu de la pièce, dévoilant ses dents luisantes dans la pénombre ; elles appuyaient sur ses lèvres et pressaient sur le lambeau de chair. Agile, l’amant s’empressa de retirer la taie d’oreiller, la plia en deux sous les yeux étonnés de la victime et s’approcha de lui, le bandeau entre les mains.
“L'amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l'imagination ;
aussi représente-t-on aveugle le Cupidon ailé.”
Il voulait s’amuser, l’Apollon, et tester l'étendue de ses pouvoirs. Doucement, il leva le bandeau à la hauteur de ses yeux pour qu’il épouse les traits du Moldu. Le tissu appuya sur son nez busqué, mais couvrit sans peine les yeux de la victime.
“L'amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l'imagination”, reprit-il, en nouant le bandeau dans ses cheveux bruns.
Attrapant ses deux mains, Peter l’invita à abandonner toute sa confiance ; il le guida avec lenteur jusqu’au pied du lit, mais ne l’y fit pas tomber tout de suite. Au lieu de cela, le jeune Écossais entreprit de retirer son tee-shirt, et de retirer le sien. Pour l’aider, il attrapa la main aveugle du jeune homme et la plaça sur son propre torse, dénudé et chaud d’avoir dansé. Sans un mot, la nuque de l’inconnu accueillit d’abord son souffle, et puis ses lèvres, brûlantes de désir et de jeu.
┗ February Showers ┛
ஃ There goes my heart beating, cause you are the reason I'm losing my sleep. If I could turn back the clock, I'd spend every hour of every day keeping you safe. I'd climb every moutain just to be with you. (c) C. Scott ஃ
- InvitéInvité
Re: Interlude - [2019]
Ven 16 Juil 2021 - 18:59
« Je pourrais m’arrêter… Je pourrais te laisser. Disparaître. » avait-il consenti tout en lui expliquant ce que sa requête lui faisait perdre ; certain qu’entre ses doigts, aucune chair ni volonté ne pouvaient résister.
Et Nathanael avait l’une exaltée et l’autre épuisée. Son esprit faiblissait, vagabondait à l’extérieur de ses propres paroles et à l’intérieur de celles de son interlocuteur. Ordinairement, cette assurance outrecuidante en sa faiblesse aurait suffi à provoquer sa détermination, mais peut-être qu‘à cause du deuil qu’il faisait déjà de son père, ou du charme extravagant de l’inconnu, il avait compris à l’instant où Ses doigts avaient glissé contre son corps que personne n’allait partir ou disparaître. Il n’y avait qu’une seule chose à faire : cesser de luter et se laisser broyer par son insupportable beauté, comme on se laissait submerger par le sublime d’un infini océan ou d’une insurmontable montagne.
Bien sûr, il n’avait jamais été assez passionné pour être parfaitement aveugle. Il avait compris le plaisir, l’orgueil qu’avait nourri sa résistance, ou son absence. Que la créature qui dansait devant lui dans cette chambre d’étudiant, le blanc de ses yeux et de ses dents reflétant simultanément le peu de lumière, n’était pas dénuée de vices. Il tirait satisfaction à voir les autres ivres de lui et s’en enivrait, comme si le monde entier était son miroir. Il s’agitait comme un beau diable, gris sur fond de pénombre, avec un collier de perles luisantes à la bouche et deux boucles d’oreilles dans le regard, parlant par énigmes et rimes avec des airs de sphinx, auréolant son esprit d’un mystère aussi impénétrable que la singularité de sa figure.
« L'amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l'imagination ;
aussi représente-t-on aveugle le Cupidon ailé. »
Abandonner toute résistance, c’était peut-être encore la seule chose à faire ; la première raison pour laquelle il était venu ici.
Là, les yeux bandés Nathanael se rendit compte que la beauté était absolue, qu’elle s’éprouvait non seulement par le regard, mais aussi par le coeur, par l’épiderme électrisé de ses doigts, par l’attention émue de ses oreilles, par la sensibilité accrue de son nez, par le zèle impatient de sa langue.
Sa peau avait, il la sentait sous sa pulpe, à cause de la sueur et de la chaleur, pris une carnation vaporeuse et enflammée, une touche de rose botticellien ; une érubescence doucereuse suspendue au bord d’un abîme de volupté. Elle était tendre et lisse, comme le suggérait le souvenir de sa beauté, aussi émouvante sous sa main que l’était toute sa personne sous son regard : un éternel trait de soleil devenu presque froid dans sa moite pellicule, exhalant contre sa paume une splendeur trempée et soyeuse. Le misérable cache-misère avait peut-être condamné sa vue à la cécité passagère, mais elle n’avait fait qu’exacerber ce qu’il demeurait de sa sensualité. Si bien que son regard n’était plus saisi par le charme de sa perspective, mais éparpillé à travers l’imagination de ce que l’obscurité lascive commandait, exigeait, soumettait de lui et de sa chair vouée à un abandon inéluctable. Car sa bouche et sa langue étaient dans son cou comme une eau vivante, mobile, enchantée ; multiforme, qui se creusait et s’enroulait, qui se retirait et s’étirait, plus caressante qu’une main, plus expressive que n’importe quel regard, fleur qui s’arrondissait en pistil ou s’amincissait en pétale, chair qui se raidissait pour frémir ou s’amollissait pour lécher, animée de toute sa tendresse et de sa fantaisie passionnée. Car son odeur amenait une sombre jouissance, si vivante qu’elle recelait tout un panache d’images, de récits et de fictions, si riche qu’elle rendait pantelant, submergeait comme une mer d’évocations plus capiteuses les unes que les autres. Car son existence était la vibration continue dans un intervalle élastique qui frappait son ouïe d’un choc tonal, fut-ce le froissement grave de ses vêtements, le soupir mourant de son souffle, le murmure humide de ses lèvres, le glissement sourd de ses mains contre sa peau. Car il goûtait presque sa présence du bout de la langue, contre ses lèvres et sa bouche, telle une présence incertaine puisqu’insaisissable, mais aussi prenante que s’il avait arraché son corps à pleines dents.
Même indistinct, ce jeune homme était une allégorie de sa propre grâce, car tout en lui, de son toucher à son silence, était l’éternel récit de sa beauté. Bientôt, Nathanael s’était surprit à ne plus vraiment écouter, voir, toucher ou goûter, à ne plus vraiment percevoir cet homme en tant que sensation de son oreille, de sa bouche, de son nez ou de sa peau. Sa présence elle-même lui faisait oublier les sens et se changeait si promptement, si exactement en vérités animées et en universelles impressions, ou en abstraites combinaisons, qu’il n’eut plus connaissances des intermédiaires sensibles. Il était partout à la fois une passerelle vers l’entièreté de ses propres secrets et comme dans un jeu de perspectives, Nathanael percevait la plénitude de son éclat en même temps que ses moindres ornements. Il s’abîma encore plus vite, plongé dans cette réalité enivrante contre laquelle ses yeux obnubilés l’avaient protégé.
Devenir aveugle, c’était se soustraire à une censure volontaire, à l’inconnu, pour acérer une perception amputée de son contact avec le monde. Un jeu commun qui exaltait l’incertitude, mais il ne pouvait s’empêcher de penser que ce beau garçon voulait bien disparaître pour continuer à être désiré. Il aurait pu imposer une perfection qui faisait doucement souffrir, cultivant avec arrogance la conquête d’un monde qui ne pouvait pas lui résister. Mais il lui avait clos les yeux, avec jeu, avec moquerie, avec philosophie. Avec indulgence.
Lutant contre un long frisson, ses doigts aveugles, hagards, longèrent avec précaution et lenteur le buste sans vraiment le toucher, avançant par frôlements indicatifs jusqu’à la naissance de son cou, sa gorge, son menton… Sous son masque, Nathanael ferma les yeux tandis que ses phalanges dessinaient à son esprit ce qu’il pensait déjà avoir vu, mais qui retraçait une réalité banale de détails merveilleux. Sa peau n’était qu’une peau, membrane avec ses pores, ses nerfs et ses veines, ses poils naissants, rêches et nombreux, mais elle était aussi dorée sous la main, fine et fraîche, pleine de broderies qui lui étaient propres, banales et uniques en même temps, de ses rides, ses creux et ses blessures. Ses lèvres n’étaient que lèvres, fines et busquées sous ses doigts en pleine esquisse, une rude fossette fermant l’arc de sa bouche étroite, mais d’un charme unique et fragile. Son nez n’était qu’un nez, avec un exaspérant grain de beauté sur son flanc droit qui brusquait sous une exploration devenue progressivement caresse. Bientôt, Ses joues s’étaient naïvement retrouvées contre les paumes de Nathanael ; pommettes brisées et autoritaires, se logeant mal contre sa main, comme les deux pans d’un coquillage vide.
Ses doigts avaient tissés sur son visage la toile de sa curiosité et de sa soif, absorbant et assimilant jusqu’à la dernière particule de corps et d’âme de l’autre, traçant dans sa mémoire et dans ses sens l’image de ce visage hanté par le fardeau de l’irrévocable attraction.
« Je te vois maintenant. dit-il avec un début de sourire. Mieux qu’avant. »
Une de ses phalange était en train de longer son étroit sourcil, discontinu dans son expressivité, à l’humeur assez franche et longue, quoi qu’impatiente. Il s’approcha, pressa leurs ventres nus et éprouva comme un choc la chaleur vivante qui accusait les muscles obliques, et cette aspiration qui remuait nerveusement le bouclier de son torse. Les yeux toujours clos et sa vision limitée à la pulpe de ses doigts, Nathanael continua à cartographier son visage, s'éternisant sur sa bouche dont il sentait encore le goût sucrée tout contre son palais, comme l’écho étrange de ses gestes. Miel de ses baisers tout autant que de ses paroles. Espérait-il attirer l'astrophysicien en lui donnant désespérément soif de tous ses charmes ? Très certainement. Et comme toute créature prisonnière d'un parfum entêtant, la conscience de Nael s'était éparpillée en autant de senteurs que le jeune homme lui avait offrait. Il lui fallut toute sa volonté pour essayer de recentrer ses observations. Sa beauté était sa note de tête, celle qui frappait les sens en premier, mais qui se faisait éclipser au fur et à mesure que l'exploration venait confronter l'extraordinaire première impression : l'ange n'était qu'un humain. Sa note de coeur, elle, perdurerait des heures, il en était certain : c'était son charme qui se faisait l’élixir de sa personne, dans les inflexions doucereuses de sa voix, dans les mouvements languides de ses hanches, dans les caresses voluptueuses de ses lèvres.
Mais ce qui intéressait Nathanael, et qu’il pouvait enfin se permettre sous son masque, c'étaient les notes de fond : celles qui persistaient des jours après, celles qui demandaient le plus de réflexion pour déceler la composition exacte de la fragrance. Alors, lentement, très lentement, ses doigts gagnèrent son front, puis s'éparpillèrent sur son visage, paumes ouvertes en étoile, contre lequel il glissa comme un voile éthéré. Avec une lenteur exaspérante, il en redessina une nouvelle fois le contour, fébrilement, avant de s'approcher avec une toute aussi exaspérante lenteur. Son souffle caressa ses paupières, ses joues, se lova dans l’arc de cupidon, alors qu’il savourait sans le toucher l’auréole ardente de sa peau, cherchant à rejoindre le coquillage nimbé de son oreille. D’un long mouvement, sa main ouverte et souple avait enlacé les hanches, longé les reins, remonté le lit de sa colonne jusqu’à son cou, contre lequel son geste s’échoua.
« Y'a t-il déjà eu quoi que ce soit en travers de ton chemin ? » soupira-t-il languissamment, son souffle quelque peu erratique alors que leurs torses s'épousaient par la pression devenue solide de sa main.
Les doigts à la naissance de sa nuque se perdirent un instant à la lisière des cheveux bouclés, y glissèrent, prirent appui contre sa tête pour l’immobiliser tout en le serrant contre soi. Aveugle, il regardait ailleurs, mais sentait non loin le souffle de sa bouche, la chaleur moite de ses lèvres et l’écarlate de sa langue ; dans son imagination sombre, il voyait ce trésor tout en éprouvant seulement son aura suave. Il était là, la nuque lovée contre son bras, la tête épousant ses longues phalanges, serré contre son torse, à seulement un mouvement d’un baiser qui préférait son propre fantôme.
« Je me demande bien, soupira-t-il en humant du bout des lèvres le spectre dont il récoltait seulement le souffle savoureux. Oui, je me demande, déglutit-il, suspendu au-dessus d’un désir onctueux, embaumant et délectable, si quelqu’un, chuchotait-il par saccades mourantes, donnant toujours l’air d’être enfin prêt à succomber sans jamais le faire, t’as déjà, un souffle encore qui s’échouait contre les lèvres sans les toucher, dit non ? »
Immobile, presque impassible, flottant, il n’hésitait pas, mais cultivait seulement cette distance qui, dans sa subtile caresse, semblait les éloigner plus qu’une quelconque séparation. Ce vide, c’était l’inatteignable beauté qu’on supportait qu’avec les yeux clos, c’était l’orgueil d’être irrésistible et en même temps de demeurer intouchable, c’était ce qu’il fallait franchir lorsqu’on voulait être désiré et aimé malgré tout, surtout malgré sa propre perfection.
« Est-ce que quelqu'un... t'as déjà vu... comme ça ? »
Et Nathanael avait l’une exaltée et l’autre épuisée. Son esprit faiblissait, vagabondait à l’extérieur de ses propres paroles et à l’intérieur de celles de son interlocuteur. Ordinairement, cette assurance outrecuidante en sa faiblesse aurait suffi à provoquer sa détermination, mais peut-être qu‘à cause du deuil qu’il faisait déjà de son père, ou du charme extravagant de l’inconnu, il avait compris à l’instant où Ses doigts avaient glissé contre son corps que personne n’allait partir ou disparaître. Il n’y avait qu’une seule chose à faire : cesser de luter et se laisser broyer par son insupportable beauté, comme on se laissait submerger par le sublime d’un infini océan ou d’une insurmontable montagne.
Bien sûr, il n’avait jamais été assez passionné pour être parfaitement aveugle. Il avait compris le plaisir, l’orgueil qu’avait nourri sa résistance, ou son absence. Que la créature qui dansait devant lui dans cette chambre d’étudiant, le blanc de ses yeux et de ses dents reflétant simultanément le peu de lumière, n’était pas dénuée de vices. Il tirait satisfaction à voir les autres ivres de lui et s’en enivrait, comme si le monde entier était son miroir. Il s’agitait comme un beau diable, gris sur fond de pénombre, avec un collier de perles luisantes à la bouche et deux boucles d’oreilles dans le regard, parlant par énigmes et rimes avec des airs de sphinx, auréolant son esprit d’un mystère aussi impénétrable que la singularité de sa figure.
« L'amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l'imagination ;
aussi représente-t-on aveugle le Cupidon ailé. »
Abandonner toute résistance, c’était peut-être encore la seule chose à faire ; la première raison pour laquelle il était venu ici.
Là, les yeux bandés Nathanael se rendit compte que la beauté était absolue, qu’elle s’éprouvait non seulement par le regard, mais aussi par le coeur, par l’épiderme électrisé de ses doigts, par l’attention émue de ses oreilles, par la sensibilité accrue de son nez, par le zèle impatient de sa langue.
Sa peau avait, il la sentait sous sa pulpe, à cause de la sueur et de la chaleur, pris une carnation vaporeuse et enflammée, une touche de rose botticellien ; une érubescence doucereuse suspendue au bord d’un abîme de volupté. Elle était tendre et lisse, comme le suggérait le souvenir de sa beauté, aussi émouvante sous sa main que l’était toute sa personne sous son regard : un éternel trait de soleil devenu presque froid dans sa moite pellicule, exhalant contre sa paume une splendeur trempée et soyeuse. Le misérable cache-misère avait peut-être condamné sa vue à la cécité passagère, mais elle n’avait fait qu’exacerber ce qu’il demeurait de sa sensualité. Si bien que son regard n’était plus saisi par le charme de sa perspective, mais éparpillé à travers l’imagination de ce que l’obscurité lascive commandait, exigeait, soumettait de lui et de sa chair vouée à un abandon inéluctable. Car sa bouche et sa langue étaient dans son cou comme une eau vivante, mobile, enchantée ; multiforme, qui se creusait et s’enroulait, qui se retirait et s’étirait, plus caressante qu’une main, plus expressive que n’importe quel regard, fleur qui s’arrondissait en pistil ou s’amincissait en pétale, chair qui se raidissait pour frémir ou s’amollissait pour lécher, animée de toute sa tendresse et de sa fantaisie passionnée. Car son odeur amenait une sombre jouissance, si vivante qu’elle recelait tout un panache d’images, de récits et de fictions, si riche qu’elle rendait pantelant, submergeait comme une mer d’évocations plus capiteuses les unes que les autres. Car son existence était la vibration continue dans un intervalle élastique qui frappait son ouïe d’un choc tonal, fut-ce le froissement grave de ses vêtements, le soupir mourant de son souffle, le murmure humide de ses lèvres, le glissement sourd de ses mains contre sa peau. Car il goûtait presque sa présence du bout de la langue, contre ses lèvres et sa bouche, telle une présence incertaine puisqu’insaisissable, mais aussi prenante que s’il avait arraché son corps à pleines dents.
Même indistinct, ce jeune homme était une allégorie de sa propre grâce, car tout en lui, de son toucher à son silence, était l’éternel récit de sa beauté. Bientôt, Nathanael s’était surprit à ne plus vraiment écouter, voir, toucher ou goûter, à ne plus vraiment percevoir cet homme en tant que sensation de son oreille, de sa bouche, de son nez ou de sa peau. Sa présence elle-même lui faisait oublier les sens et se changeait si promptement, si exactement en vérités animées et en universelles impressions, ou en abstraites combinaisons, qu’il n’eut plus connaissances des intermédiaires sensibles. Il était partout à la fois une passerelle vers l’entièreté de ses propres secrets et comme dans un jeu de perspectives, Nathanael percevait la plénitude de son éclat en même temps que ses moindres ornements. Il s’abîma encore plus vite, plongé dans cette réalité enivrante contre laquelle ses yeux obnubilés l’avaient protégé.
Devenir aveugle, c’était se soustraire à une censure volontaire, à l’inconnu, pour acérer une perception amputée de son contact avec le monde. Un jeu commun qui exaltait l’incertitude, mais il ne pouvait s’empêcher de penser que ce beau garçon voulait bien disparaître pour continuer à être désiré. Il aurait pu imposer une perfection qui faisait doucement souffrir, cultivant avec arrogance la conquête d’un monde qui ne pouvait pas lui résister. Mais il lui avait clos les yeux, avec jeu, avec moquerie, avec philosophie. Avec indulgence.
Lutant contre un long frisson, ses doigts aveugles, hagards, longèrent avec précaution et lenteur le buste sans vraiment le toucher, avançant par frôlements indicatifs jusqu’à la naissance de son cou, sa gorge, son menton… Sous son masque, Nathanael ferma les yeux tandis que ses phalanges dessinaient à son esprit ce qu’il pensait déjà avoir vu, mais qui retraçait une réalité banale de détails merveilleux. Sa peau n’était qu’une peau, membrane avec ses pores, ses nerfs et ses veines, ses poils naissants, rêches et nombreux, mais elle était aussi dorée sous la main, fine et fraîche, pleine de broderies qui lui étaient propres, banales et uniques en même temps, de ses rides, ses creux et ses blessures. Ses lèvres n’étaient que lèvres, fines et busquées sous ses doigts en pleine esquisse, une rude fossette fermant l’arc de sa bouche étroite, mais d’un charme unique et fragile. Son nez n’était qu’un nez, avec un exaspérant grain de beauté sur son flanc droit qui brusquait sous une exploration devenue progressivement caresse. Bientôt, Ses joues s’étaient naïvement retrouvées contre les paumes de Nathanael ; pommettes brisées et autoritaires, se logeant mal contre sa main, comme les deux pans d’un coquillage vide.
Ses doigts avaient tissés sur son visage la toile de sa curiosité et de sa soif, absorbant et assimilant jusqu’à la dernière particule de corps et d’âme de l’autre, traçant dans sa mémoire et dans ses sens l’image de ce visage hanté par le fardeau de l’irrévocable attraction.
« Je te vois maintenant. dit-il avec un début de sourire. Mieux qu’avant. »
Une de ses phalange était en train de longer son étroit sourcil, discontinu dans son expressivité, à l’humeur assez franche et longue, quoi qu’impatiente. Il s’approcha, pressa leurs ventres nus et éprouva comme un choc la chaleur vivante qui accusait les muscles obliques, et cette aspiration qui remuait nerveusement le bouclier de son torse. Les yeux toujours clos et sa vision limitée à la pulpe de ses doigts, Nathanael continua à cartographier son visage, s'éternisant sur sa bouche dont il sentait encore le goût sucrée tout contre son palais, comme l’écho étrange de ses gestes. Miel de ses baisers tout autant que de ses paroles. Espérait-il attirer l'astrophysicien en lui donnant désespérément soif de tous ses charmes ? Très certainement. Et comme toute créature prisonnière d'un parfum entêtant, la conscience de Nael s'était éparpillée en autant de senteurs que le jeune homme lui avait offrait. Il lui fallut toute sa volonté pour essayer de recentrer ses observations. Sa beauté était sa note de tête, celle qui frappait les sens en premier, mais qui se faisait éclipser au fur et à mesure que l'exploration venait confronter l'extraordinaire première impression : l'ange n'était qu'un humain. Sa note de coeur, elle, perdurerait des heures, il en était certain : c'était son charme qui se faisait l’élixir de sa personne, dans les inflexions doucereuses de sa voix, dans les mouvements languides de ses hanches, dans les caresses voluptueuses de ses lèvres.
Mais ce qui intéressait Nathanael, et qu’il pouvait enfin se permettre sous son masque, c'étaient les notes de fond : celles qui persistaient des jours après, celles qui demandaient le plus de réflexion pour déceler la composition exacte de la fragrance. Alors, lentement, très lentement, ses doigts gagnèrent son front, puis s'éparpillèrent sur son visage, paumes ouvertes en étoile, contre lequel il glissa comme un voile éthéré. Avec une lenteur exaspérante, il en redessina une nouvelle fois le contour, fébrilement, avant de s'approcher avec une toute aussi exaspérante lenteur. Son souffle caressa ses paupières, ses joues, se lova dans l’arc de cupidon, alors qu’il savourait sans le toucher l’auréole ardente de sa peau, cherchant à rejoindre le coquillage nimbé de son oreille. D’un long mouvement, sa main ouverte et souple avait enlacé les hanches, longé les reins, remonté le lit de sa colonne jusqu’à son cou, contre lequel son geste s’échoua.
« Y'a t-il déjà eu quoi que ce soit en travers de ton chemin ? » soupira-t-il languissamment, son souffle quelque peu erratique alors que leurs torses s'épousaient par la pression devenue solide de sa main.
Les doigts à la naissance de sa nuque se perdirent un instant à la lisière des cheveux bouclés, y glissèrent, prirent appui contre sa tête pour l’immobiliser tout en le serrant contre soi. Aveugle, il regardait ailleurs, mais sentait non loin le souffle de sa bouche, la chaleur moite de ses lèvres et l’écarlate de sa langue ; dans son imagination sombre, il voyait ce trésor tout en éprouvant seulement son aura suave. Il était là, la nuque lovée contre son bras, la tête épousant ses longues phalanges, serré contre son torse, à seulement un mouvement d’un baiser qui préférait son propre fantôme.
« Je me demande bien, soupira-t-il en humant du bout des lèvres le spectre dont il récoltait seulement le souffle savoureux. Oui, je me demande, déglutit-il, suspendu au-dessus d’un désir onctueux, embaumant et délectable, si quelqu’un, chuchotait-il par saccades mourantes, donnant toujours l’air d’être enfin prêt à succomber sans jamais le faire, t’as déjà, un souffle encore qui s’échouait contre les lèvres sans les toucher, dit non ? »
Immobile, presque impassible, flottant, il n’hésitait pas, mais cultivait seulement cette distance qui, dans sa subtile caresse, semblait les éloigner plus qu’une quelconque séparation. Ce vide, c’était l’inatteignable beauté qu’on supportait qu’avec les yeux clos, c’était l’orgueil d’être irrésistible et en même temps de demeurer intouchable, c’était ce qu’il fallait franchir lorsqu’on voulait être désiré et aimé malgré tout, surtout malgré sa propre perfection.
« Est-ce que quelqu'un... t'as déjà vu... comme ça ? »
- Peter DrummondOldieㄨ experimented wizard
- » parchemins postés : 1701
» miroir du riséd : Ezra Miller
» crédits : © avatar: the-curious-corvidae - strange-hell - unknown ; id-gifs: brasillovers - BryceH - rdhoods - ; signature-code: magma ; signature-gifs: keiynan-lonsdale - soletear; signature-text: calum scott 'you are the reason'
» multinick : isabelle d'essenault (la bg)
» âge : 27 yo (12.09.1996)
» situation : en couple
» année d'études : 9ème année
» options obligatoires & facultatives :
ㅡ options obligatoires :
▣ DCFM, Potions, Étude des Runes.
ㅡ options facultatives :
▣ Métamorphose, Sortilèges et Littérature Magique.
ㅡ objet de thèse :
▣ Fruit de l'hybridation : sa reproduction magique en laboratoire et la réattribution de ses particularités dans le domaine cosmétique.
Mes blases :
▣ Rends-nousvisite!
» profession : employé chez Becs et museaux (animalerie)
» particularité : semi-vélane
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 1475
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: Interlude - [2019]
Mer 28 Juil 2021 - 11:22
Trigger Warning:
Cette réponse contient des éléments qui peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ; description d'une scène passionnelle et les prémices d'une relation charnelle.
10.2019 | interlude ft. @nathanael cohen
Les paupières papillonnaient lentement tandis que l’Adonis s’évertuait à prodiguer les meilleurs sévices à ce cou fragile ; il semblait qu’un rien pût le briser et la peau se colorait déjà d’un carmin pulsant et enfiévré. Sans défense, l’inconnu caressait toujours le cuir de son torse nu, encouragé par les mains qui les avaient placées là ; les doigts de la créature insolente se pressaient en douces étreintes sur les métacarpes affolées, effilaient les phalanges longues et osseuses, une après l’autre, et cueillaient la pulpe de ses doigts qui voulaient monter. Le visage se libéra de l’adret séduisant pour laisser la pluie d’aiguilles tomber soigneusement sur ses traits amusés. Elles le piquaient délicieusement. Elles éraflaient ses joues enflammées. Elles cuisaient sa peau lisse. Elles dessinaient son museau dans la chair. Puis, avec une douceur cruelle, elles enveloppèrent son visage, comme pour empêcher le mirage de s’évanouir. Peter sentait encore le chemin qu’elles avaient emprunté et tremblait d’impatience. Les yeux ancrés aux lèvres qui remuaient voluptueusement devant lui, le garçon frissonna de plus belle en les entendant murmurer quelques mots ; l’étranger voulait sourire, secouant le monstre d’une terrible envie de se presser contre sa bouche pour l’empêcher de dire. L’amaurose n’arrivait pas à triompher de sa beauté glorieuse et surréelle ; même à travers le bandeau, Ulysse, trompé, ne résistait point aux appels de la sirène qui le laissait tracer la courbe de son sourcil légèrement arqué - il le désirait tant que l’attente tourbillonnât sur son front - en imbibant ses lèvres d’un nectar exaltant. L’aventurier désarmé pressa son ventre sur le sien pour faire grincer leurs chairs robustes et nervurées. Coexistants, leurs torses se gonflaient et s’entrechoquaient ; c’était comme un déchirement de se séparer encore et encore. Bien qu’absorbé par la sensation prodigieuse, le garçon sentit les doigts courir sur ses lèvres ; il les embrassa avec violence, manifestant son empressement en les invitant effrontément à l’intérieur. Le diable savait entraîner les âmes les plus vertueuses dans les profondeurs de son enfer ; il le dévorait des yeux, lui qui ne pouvait pas le voir. Provoquées, les mains querelleuses recouvrirent le visage incandescent et s’en allèrent l’aveugler à son tour ; les yeux ouverts sous la paume de ses mains, Peter pouvait sentir le souffle chaud enfler sur ses joues et bientôt sur sa bouche qui s’était aussitôt entrouverte pour accueillir l’effluve de vie. La douceur aiguë de sa main sur sa hanche le tourmentait autant qu’il l’avait obsédé et Peter pressait son bassin contre le sien pour étancher la soif grandissante. Elle remontait sur ses reins et varappait sur son dos vallonné, menaçant de faire effondrer la montagne à tout instant. Logé dans sa nuque, le geste s’interrompit enfin pour se durcir dans ses cheveux et l’attirer fermement contre lui, agitant le désir en lui. Les yeux écarquillés, le sorcier restait figé par la déduction irréfragable ; le moldu doué de Légilimancie détaillait l’interrogation qui l’avait menée à lui. Il fallait les faire taire, ces lèvres ardentes, mais elles se refusaient à lui, le tourmentant de leur proximité, l’effleurant sans cesse tandis que les mots se bousculaient dans leurs pliures, dans leur articulation tendre. L’écume de ses murmures échouait sur sa peau attentive ; ils dressaient les poils sur sa peau nacrée. Nobody ever did. Nobody I’ve wanted. I don’t want you to be the first one… I want you. I want you excruciatingly! Peter pressa plus fort toute sa ferveur contre lui et tenta de l’embrasser, mais l’inconnu se déroba, joueur aveugle sur ce plateau d’embuscade. « Est-ce que quelqu'un... t'as déjà vu... comme ça ? » Il avait dit vrai, le voyait plus que quiconque ne l’avait jamais vu auparavant ; il interprétait ses intentions avec une clarté pénétrante ; il l’effrayait. Les pupilles assombries fixaient la pupe de ses lèvres fines et rougies par l’appétit. Is it because you’re a muggle? Is this why you can reconcile your feelings… this magic? La respiration hâtive, Peter secoua lentement la tête pour rassembler ses esprits.
« Tu veux dire non ? », il expira.
Il retrouva la mobilité de son corps, mais le garçon ne souhaitait pas rompre la promesse de leurs peaux mélangées. Au contraire, une de ses mains vint s’accrocher à l’étendoir de sa virilité tandis que l’autre appuyait dans le creux de son dos pour l’inviter plus près. La boucle de la ceinture refléta la lumière de dehors lorsqu’elle plia pour se retirer. Un à un, les boutons du pantalon cédaient pour libérer le chemin que la Vélane voulait emprunter avec enthousiasme. Alors, sans crier gare, le sorcier lui fit perdre l’équilibre et l’humain se retrouva étendu sur le matelas, le pantalon entrouvert et encourageant.
« Dis-moi comme tu me veux. Dis-le-moi et je serais tien. »
L’affirmation décupla ses pouvoirs ; l’aura scintillante renforçait son emprise sur l’âme innocente. Retirant ses chaussures par la pression répétitive d’un pied sur l’autre, le garçon fit grincer le matelas en appuyant ses genoux et ses mains sur le drap défait par la chute. La bête insatiable avançait sur la silhouette longiligne et vint baiser ses mains.
« Montre-moi… Montre-moi. »
Ses jambes et son bassin frôlaient, brossaient contre les siens.
« Montre-moi comme tu me vois. », lui demanda-t-il avec audace, deux lueurs incandescentes dans les yeux.
┗ February Showers ┛
ஃ There goes my heart beating, cause you are the reason I'm losing my sleep. If I could turn back the clock, I'd spend every hour of every day keeping you safe. I'd climb every moutain just to be with you. (c) C. Scott ஃ
- InvitéInvité
Re: Interlude - [2019]
Mar 31 Aoû 2021 - 14:29
Comme cela lui arrivait parfois – bien que ce fut plus profond cette fois que jamais auparavant – Nathanael avait ressenti subitement, dans cette obscurité transparente, l’étrangeté de la vie, l’étrangeté de sa magie, comme si un coin en avait été tourné pendant un instant et qu’il en eût entrevu sa doublure insolite. Cela pour découvrir dans son revers une folle impatience : après avoir ouvert une source de frénésie, d’admiration, une fureur de la chair, une irritation insatiable, après avoir allumé un feu qui allait probable laisser une empreinte sur le point le plus vulnérable et sensible de son corps, l’inconnu s’abandonnait de plus en plus à un état d’ivresse physique et de quasi-vertige insatiable, de sa bouche demandant grâce sans jamais rien dire. Avec le bandeau déjà, mais plus encore maintenant, Nathanael sentait la fragilité humaine apparaitre sous un épais verni pourtant usé d’être une œuvre d’art admirée de loin ; d’être un Dieu qui descendait de son olympe que sous une forme animale. Comme si à force de se tenir éloigné des choses, il rêvât qu’elles l’enlacent.
« Tu veux dire non ? » demanda-t-il sans rien répondre, détournant attention et sensibilité en pressant sa paume contre son aine pour s’assurer sa coopération. Lui au moins n’allait pas dire non, quoi que Nathanael eut pu balbutier, les doigts de l’inconnu en pouvaient être certains. Nathanael lâcha l’un de ces soupirs de surprise qui venaient du fond des poumons, avec un à-coup, comme si on lui avait brutalement donné un coup sur la poitrine ; avec la douleur, vint une forme de soulagement, parce qu’il brûlait enfin à raison et avec soulagement.
« Dis-moi comme tu me veux. Dis-le-moi et je serais tien. »
Le bandeau sur les yeux, cette chute qui n’avait plus de fin… l’espace d’un instant, alors que son corps était en apesanteur, perdant docilement un équilibre qu’il pensait en un sens déjà avoir égaré sur la piste de danse, Nathanael redevint lucide. Ou au contraire, son esprit se dilata parmi la multitude de détails que la vue de l’inconnu lui avait refusée. En essayant de se le représenter, tout ce qu’il voyait n’était qu’une vague esquisse à laquelle sa voix derrière le voile était incapable de donner vie. Il n’y avait qu’en l’incarnant par le toucher qu’il pouvait le saisir à nouveau.
« Montre-moi… Montre-moi. » chuchotait-il, avide, en glissant contre lui comme un lierre sauvage et pressé d’atteindre la cime.
Cette sublime et étrange créature suppliait d’être vue par d’autres yeux que les siens ; des requêtes qui naissaient non pas par les voies de la raison, mais par la porte arrière du délire, avec une ivresse folle et longuement prolongée. Insidieusement, il sentait son regard, pas tellement par les pupilles de ses yeux que par leur éclat mercuréen qu’il savait dardé sur lui.
« Je… je suis loin d’être un poète, tu sais… » hésita-t-il en ayant peur de ne pas faire grâce à ce qui lui était demandé.
Sa chair, il la connaissait sans savoir mettre de mots dessus, sans être capable de dire exactement ce qu’il y avait de si étrangement ordinaire dans cette extraordinaire enveloppe. Mais il doutait de pouvoir satisfaire le désespoir qui rainurait les accents de son assurance. Le jeune homme soupirait comme quelqu’un qui croyait parler et agir avec cette maîtrise de soi et cette clarté d’énonciation qui avaient dus effrayer et hypnotiser bon nombre de fantômes avant cela, d’étudiants soumis et de femmes sous le charme, mais Nathanael croyait y sentir le goût du manque, sachant qu’il avait été poussé sur le lit pour ne surtout pas pouvoir résister, ni se débouter, et probablement même pour renverser le pouvoir qui s’était penché sur lui comme une cage chaude aux barres brûlantes. Sa beauté enfermait quiconque était avec lui dans un bloc de cristal où la neige tombait, tombait comme pour l’éternité. Mais Nathanael avait le privilège d’être dans ses propres ténèbres et d’entendre comment le jeune homme l’étreignait et balbutiait en remuant à peine ses lèvres entrouvertes dans une hébétude agitée, faisant de son mieux pour l’empêcher de réfléchir, de dire non. Une précipitation qui était comme la vieille patine qui se découvrais sous le vernis de sa pâle splendeur ; la signature de l’artiste qui avait toujours été là, sous la tromperie d’une écrasante beauté qui le serrait comme si elle s’était toujours sentie laide.
Sans hâte, parce qu’il avait pris ses paroles au sérieux et pour irriter un peu son impatience, Nathanael déploya une longue aile et dans la frénésie de cette vigne qui essayait de l’étouffer dans la certitude de son désir, il enlaça simplement sa nuque en rabattant sur lui son bras. Il le serra contre soi, immobilisa un temps sa détresse au sein d’un silence tranquille, puis murmura :
« Je te veux comme une éclipse. »
Il laissa ses mots s'échouer entre leur silence, alors que sa main continuait à conjuguer ses envies, s'égarant entre les mèches éparses de sa nuque pour s'y amarrer. Toujours dans sa propre obscurité, l'irradiant soleil qui était niché tout au dessus de lui était une métaphore suffisante à cette divagation poétique, qui exigeait tout autant de mots que de gestes. Montre-moi, dis-moi, exigeait celui qui devenait peu à peu l’adorable tyran qu’était déjà sa beauté, dont Nathanael voulait bien supporté tout autant les chaînes que les caprices :
« Tu as déjà vu des éclipses je suppose ? questionna-t-il alors que d'un mouvement plus prononcé, il inversait leur position, s’allongeant contre le jeune homme comme lui l’avait fait. Lorsque la Lune se glisse tout contre le soleil, pour voler l'espace de quelques instants à la terre toute la chaleur de son cœur et de son corps. »
L'astrophysicien avait ponctué chacune de ses syllabes d'un souffle brûlant venu lécher cette peau contre laquelle ses lèvres ne venaient jamais totalement se poser : quelques mots murmurés dans le creux de ses clavicules, quelques autres articulés avec passion le long de sa jugulaire, et la fin de son explication s'échouant dans la corolle de son oreille où il pressa sa bouche en poursuivant sa métaphore :
« Ce que je préfère dans les éclipses, c'est le moment où elles sont presque totales. Le seul instant où l'on peut vraiment les observer sans risquer de se brûler les yeux, éblouis que l'on est par les rayons du soleil. »
De ses doigts déliés, Nathanael remonta la gorge soyeuse pour venir poser l'une de ses phalanges sur les lèvres entrouvertes de celui dont il ignorait toujours le nom.
« Je ne veux pas être l'un de ces badauds qui se contente de constater que le soleil est beau, sans jamais vraiment être capable ni curieux d’aller au-delà de sa lumière, confia-t-il dans une complainte doucement douloureuse. Moi, ce que je veux, c'est ce qu'il y a si on le fixe un peu plus longtemps, fit-il avant de dessiner du bout de sa langue le contour de sa lèvre inférieure, puis repris, l’épousant presque : Je veux tes lèvres sèches d'avoir trop attendu, comme par un après-midi aride en plein désert. Je veux tes coudes, rêches comme des la pierre, tes pommettes trop hautes, tes yeux de chat, ton ventre creux, et ton impatience incertaine, que je trouve particulièrement émouvante… Ces petites parcelles de toi..., soupira-t-il avec langueur en enroulant ses bras autour de son corps étroit dans une étreinte un peu plus ferme, épousant ses courbes et ses contours avec les siennes : ...qui désespèrent peut-être d'être l'une de tes seules imperfections. C'est ça que je veux : ces choses que personne ne regarde lorsque tu les éblouis. Les cheveux désordonnés, les cicatrices dissimulées dans les ombres de tes membres graciles, les aspérités dans la voix qui s’étouffe, les balbutiements dans tes paroles hésitantes, les ratés dans ta respirations, les rougissements lorsque tu t’abandonnes, les rires étouffés de maladresse. Toute une constellation de tes charmants défauts que l'on ne peut regarder qu'au moment où tu consens à faire nuit en plein milieu de ton jour. C'est comme ça que je te veux, répéta-t-il, ses doigts s'enroulant et se déliant autour des poignets qu'il avait enfermés dans un étau. Dans toute l'imperfection que tu représentes derrière l'éternel zénith de ta beauté. Je veux connaître ce qui te rend véritablement sublime. »
@Peter Drummond
« Tu veux dire non ? » demanda-t-il sans rien répondre, détournant attention et sensibilité en pressant sa paume contre son aine pour s’assurer sa coopération. Lui au moins n’allait pas dire non, quoi que Nathanael eut pu balbutier, les doigts de l’inconnu en pouvaient être certains. Nathanael lâcha l’un de ces soupirs de surprise qui venaient du fond des poumons, avec un à-coup, comme si on lui avait brutalement donné un coup sur la poitrine ; avec la douleur, vint une forme de soulagement, parce qu’il brûlait enfin à raison et avec soulagement.
« Dis-moi comme tu me veux. Dis-le-moi et je serais tien. »
Le bandeau sur les yeux, cette chute qui n’avait plus de fin… l’espace d’un instant, alors que son corps était en apesanteur, perdant docilement un équilibre qu’il pensait en un sens déjà avoir égaré sur la piste de danse, Nathanael redevint lucide. Ou au contraire, son esprit se dilata parmi la multitude de détails que la vue de l’inconnu lui avait refusée. En essayant de se le représenter, tout ce qu’il voyait n’était qu’une vague esquisse à laquelle sa voix derrière le voile était incapable de donner vie. Il n’y avait qu’en l’incarnant par le toucher qu’il pouvait le saisir à nouveau.
« Montre-moi… Montre-moi. » chuchotait-il, avide, en glissant contre lui comme un lierre sauvage et pressé d’atteindre la cime.
Cette sublime et étrange créature suppliait d’être vue par d’autres yeux que les siens ; des requêtes qui naissaient non pas par les voies de la raison, mais par la porte arrière du délire, avec une ivresse folle et longuement prolongée. Insidieusement, il sentait son regard, pas tellement par les pupilles de ses yeux que par leur éclat mercuréen qu’il savait dardé sur lui.
« Je… je suis loin d’être un poète, tu sais… » hésita-t-il en ayant peur de ne pas faire grâce à ce qui lui était demandé.
Sa chair, il la connaissait sans savoir mettre de mots dessus, sans être capable de dire exactement ce qu’il y avait de si étrangement ordinaire dans cette extraordinaire enveloppe. Mais il doutait de pouvoir satisfaire le désespoir qui rainurait les accents de son assurance. Le jeune homme soupirait comme quelqu’un qui croyait parler et agir avec cette maîtrise de soi et cette clarté d’énonciation qui avaient dus effrayer et hypnotiser bon nombre de fantômes avant cela, d’étudiants soumis et de femmes sous le charme, mais Nathanael croyait y sentir le goût du manque, sachant qu’il avait été poussé sur le lit pour ne surtout pas pouvoir résister, ni se débouter, et probablement même pour renverser le pouvoir qui s’était penché sur lui comme une cage chaude aux barres brûlantes. Sa beauté enfermait quiconque était avec lui dans un bloc de cristal où la neige tombait, tombait comme pour l’éternité. Mais Nathanael avait le privilège d’être dans ses propres ténèbres et d’entendre comment le jeune homme l’étreignait et balbutiait en remuant à peine ses lèvres entrouvertes dans une hébétude agitée, faisant de son mieux pour l’empêcher de réfléchir, de dire non. Une précipitation qui était comme la vieille patine qui se découvrais sous le vernis de sa pâle splendeur ; la signature de l’artiste qui avait toujours été là, sous la tromperie d’une écrasante beauté qui le serrait comme si elle s’était toujours sentie laide.
Sans hâte, parce qu’il avait pris ses paroles au sérieux et pour irriter un peu son impatience, Nathanael déploya une longue aile et dans la frénésie de cette vigne qui essayait de l’étouffer dans la certitude de son désir, il enlaça simplement sa nuque en rabattant sur lui son bras. Il le serra contre soi, immobilisa un temps sa détresse au sein d’un silence tranquille, puis murmura :
« Je te veux comme une éclipse. »
Il laissa ses mots s'échouer entre leur silence, alors que sa main continuait à conjuguer ses envies, s'égarant entre les mèches éparses de sa nuque pour s'y amarrer. Toujours dans sa propre obscurité, l'irradiant soleil qui était niché tout au dessus de lui était une métaphore suffisante à cette divagation poétique, qui exigeait tout autant de mots que de gestes. Montre-moi, dis-moi, exigeait celui qui devenait peu à peu l’adorable tyran qu’était déjà sa beauté, dont Nathanael voulait bien supporté tout autant les chaînes que les caprices :
« Tu as déjà vu des éclipses je suppose ? questionna-t-il alors que d'un mouvement plus prononcé, il inversait leur position, s’allongeant contre le jeune homme comme lui l’avait fait. Lorsque la Lune se glisse tout contre le soleil, pour voler l'espace de quelques instants à la terre toute la chaleur de son cœur et de son corps. »
L'astrophysicien avait ponctué chacune de ses syllabes d'un souffle brûlant venu lécher cette peau contre laquelle ses lèvres ne venaient jamais totalement se poser : quelques mots murmurés dans le creux de ses clavicules, quelques autres articulés avec passion le long de sa jugulaire, et la fin de son explication s'échouant dans la corolle de son oreille où il pressa sa bouche en poursuivant sa métaphore :
« Ce que je préfère dans les éclipses, c'est le moment où elles sont presque totales. Le seul instant où l'on peut vraiment les observer sans risquer de se brûler les yeux, éblouis que l'on est par les rayons du soleil. »
De ses doigts déliés, Nathanael remonta la gorge soyeuse pour venir poser l'une de ses phalanges sur les lèvres entrouvertes de celui dont il ignorait toujours le nom.
« Je ne veux pas être l'un de ces badauds qui se contente de constater que le soleil est beau, sans jamais vraiment être capable ni curieux d’aller au-delà de sa lumière, confia-t-il dans une complainte doucement douloureuse. Moi, ce que je veux, c'est ce qu'il y a si on le fixe un peu plus longtemps, fit-il avant de dessiner du bout de sa langue le contour de sa lèvre inférieure, puis repris, l’épousant presque : Je veux tes lèvres sèches d'avoir trop attendu, comme par un après-midi aride en plein désert. Je veux tes coudes, rêches comme des la pierre, tes pommettes trop hautes, tes yeux de chat, ton ventre creux, et ton impatience incertaine, que je trouve particulièrement émouvante… Ces petites parcelles de toi..., soupira-t-il avec langueur en enroulant ses bras autour de son corps étroit dans une étreinte un peu plus ferme, épousant ses courbes et ses contours avec les siennes : ...qui désespèrent peut-être d'être l'une de tes seules imperfections. C'est ça que je veux : ces choses que personne ne regarde lorsque tu les éblouis. Les cheveux désordonnés, les cicatrices dissimulées dans les ombres de tes membres graciles, les aspérités dans la voix qui s’étouffe, les balbutiements dans tes paroles hésitantes, les ratés dans ta respirations, les rougissements lorsque tu t’abandonnes, les rires étouffés de maladresse. Toute une constellation de tes charmants défauts que l'on ne peut regarder qu'au moment où tu consens à faire nuit en plein milieu de ton jour. C'est comme ça que je te veux, répéta-t-il, ses doigts s'enroulant et se déliant autour des poignets qu'il avait enfermés dans un étau. Dans toute l'imperfection que tu représentes derrière l'éternel zénith de ta beauté. Je veux connaître ce qui te rend véritablement sublime. »
@Peter Drummond
- Peter DrummondOldieㄨ experimented wizard
- » parchemins postés : 1701
» miroir du riséd : Ezra Miller
» crédits : © avatar: the-curious-corvidae - strange-hell - unknown ; id-gifs: brasillovers - BryceH - rdhoods - ; signature-code: magma ; signature-gifs: keiynan-lonsdale - soletear; signature-text: calum scott 'you are the reason'
» multinick : isabelle d'essenault (la bg)
» âge : 27 yo (12.09.1996)
» situation : en couple
» année d'études : 9ème année
» options obligatoires & facultatives :
ㅡ options obligatoires :
▣ DCFM, Potions, Étude des Runes.
ㅡ options facultatives :
▣ Métamorphose, Sortilèges et Littérature Magique.
ㅡ objet de thèse :
▣ Fruit de l'hybridation : sa reproduction magique en laboratoire et la réattribution de ses particularités dans le domaine cosmétique.
Mes blases :
▣ Rends-nousvisite!
» profession : employé chez Becs et museaux (animalerie)
» particularité : semi-vélane
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 1475
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: Interlude - [2019]
Mer 3 Nov 2021 - 13:50
Trigger Warning:
Cette réponse contient des éléments qui peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ; description d'une scène passionnelle et les prémices d'une relation charnelle.
HJ : Pardonne-moi pour l'attente. Ta réponse était époustouflante.10.2019 | interlude ft. @nathanael cohen
Étendus dans un champ de coton tressé, les éphèbes se regardaient sans se voir. Ils se trouvaient bien trop bercés par les mots insouciants qui sortaient de leurs bouches et par l’étourdissement de toucher ce corps interdit pour prêter attention à ce que leurs yeux tentaient de leur dire à voix basse. Léger de ce qu’elle avait encore à apprendre, la jeune créature se jetait contre la chair hasardeuse qui s’engageait dans un jeu dangereux ; elle présumait peut-être orgueilleusement avoir l’avantage, mais elle se méprenait sans précédent. La supplication libéra un démon plus redoutable que toute la magie dont il était pourvu ; il l’enveloppa dans la chaleur de ses bras et scella silencieusement le destin funeste de son ignorance. Peter ne le réalisait pas encore, mais la sentence était irrévocable. Il ne pourrait plus nier l’inévitable réalisation qui, malgré tout le réconfort qu’elle apporterait, engendrerait aussi inévitablement des craintes que le jeune Écossais avait mis des années à oublier. Le calme emplissait la pièce qui se mit à trembler de détresse ; elle ne comprenait pas cette tranquillité soudaine et voulait tourner pour l’animal séquestré derrière les barreaux de chair et d’os. Une sensation prémonitoire faisait frémir sa peau alors qu’il attendait les vers d’un poète qui se déclarait ne pas en être un.
Les syllabes échouèrent fatalement en échos sur la peau pâle et frissonnante ; elles ne faisaient d’abord aucun sens, mais prenaient peu à peu forme dans son esprit, aidées par les gestes tendrement cruels de l’inconnu qui se perdait en caresses dans sa nuque. Les sourcils épais se pressaient l’un contre l’autre alors qu’il voulait entendre sa question ; elle paraissait lointaine, comme étouffée par un bandeau placé sur ses oreilles ; il se la répétait pour ne pas l’oublier et la fredonnait encore et encore pour en peindre le plus petit détail. La bouche entrouverte, il sentit son corps s’élever comme une plume retournée par le vent ; Peter pouvait dorénavant sentir la pression capiteuse de son corps s’exercer comme celle de l’interrogation qui émergeait lentement. Toutes les deux réussissaient là où de nombreuses aventures avaient échoué et dévoilaient un émoi plus grand que le désir adolescent qui pulsait dans ses veines. Les prunelles aveuglées voyaient clair à travers la bande de tissu et s’amusaient peut-être de l’effet que sa langue produisait. Elle s’affairait à ouvrir plus grand sa bouche en sifflant l’histoire d’une rencontre céleste ; il contait là leur conjonction inévitable - sur ses lèvres d’abord, puis sur la chaleur rayonnante de sa peau, de sa gorge et de son lobe. Lorsque ses dents griffèrent la veine vitale, il voulut le sentir mordre de toutes ses forces pour mettre fin au supplice, mais le serpent coula jusqu’à son oreille pour abuser de son contrôle. Il décrivait avec élégance l’accomplissement que leurs corps souhaitaient trouver. Plus encore, le monstre traçait les contours du spectre qui le hantait depuis toujours. Peter sentit la peur l’envahir et ne parvenait pas tout à fait à se rassurer : l’inconnu ne faisait certainement que tâtonner sans savoir qu’il s’approchait du précipice. La main meurtrière remontait jusqu’à sa gorge, mais elle ne tint pas sa promesse et envisagea plutôt la bouche affolée qui tremblait sous les mots enivrants. L’instrument reposa un instant sur ses lèvres. Peut-être voulait-il faire taire les peurs muettes de la créature prise au piège par sa propre proie. L’inconnu le détrompa presque aussitôt, affirmant ses désirs et sa curiosité périlleuse. You can see me for what I am, can’t you? Si le moldu ne pouvait pas définir sa véritable nature, il paraissait toutefois en saisir les conséquences jalousement gardées secrètes. Il énumérait bientôt, un à un, les ornements que le commun des mortels avait toujours été bien incapable de discerner, l’emplissait d’une joie terrorisée, et envahissait son corps ardent de ses bras solides. Peter ne s’était jamais senti aussi vulnérable que dans son étreinte ; il la désirait presque autant qu’il la redoutât. Incapable de s’y soustraire, le garçon resta interdit dans l’expectative de ce qui devait se produire. You can see me. Inéluctable, la réalisation explosait en lui comme une constellation. Ses poings se développaient sous la sujétion de ses doigts fermes. Pris dans son propre piège, l’animal réclamait l’absolution, ne supportait plus les murs de silence qui empêchaient son langage. « Dans toute l'imperfection que tu représentes derrière l'éternel zénith de ta beauté. Je veux connaître ce qui te rend véritablement sublime. »
Ébloui à son tour, il regardait les phares alarmants se rapprocher de lui. Pire encore, il les espérait avec toutes ses forces.
« Tu… » Les mots peinaient à se dégager de sa gorge serrée. « Tu es le premier. »
Il savait qu’il n’avait pas besoin de s’expliquer, qu’il comprendrait la gravité de ses mots et qu’il s’en emparerait dans une telle étreinte qu’elle en serait ineffable. Le sorcier devenu homme s’empara de ses lèvres tortueuses et les embrassa avec une tendresse nouvelle. I want you to be the first…, pensait-il résolument. Dans l’obscurité de ses paupières fermées, il voulait se dévoiler pour la toute première fois.
┗ February Showers ┛
ஃ There goes my heart beating, cause you are the reason I'm losing my sleep. If I could turn back the clock, I'd spend every hour of every day keeping you safe. I'd climb every moutain just to be with you. (c) C. Scott ஃ
- InvitéInvité
Re: Interlude - [2019]
Lun 13 Déc 2021 - 12:40
Pourquoi ce jeune homme plaisait ? Nathanael aurait pu simplement dire que c’était parce qu’il le trouvait joli, mais cela n’aurait ni suffi à l’orgueil de l’inconnu, ni à son infini scrupule. Il était rare qu’il fût sans mots ni adjectifs, et pourtant cet Ange l’avait laissé sans voix, tétanisé, subjugué, ce qui était autre chose que de seulement être « joli ». Pourquoi on pouvait l’aimer ? Parce que ces yeux et ses cheveux étaient faits du même métal, petite statue aux traits de bronze devenue chair, parce que ses gestes rudes accompagnaient bien sa voix douce, parce que sa sauvagerie s’humanisait pour autrui, parce qu’il était empreint d’une assurance qui rougissait de ses pensées intimes qu’on devinait ou qui s’échappaient, comme si une main effrontée s’était glissée sous sa ceinture… Et il prévint trop de résolutions tendres en l’embrassant, impétueux, à pleine bouche pour le faire taire. Ce n’était pas la première personne qu’il sentait se rider à un compliment très sincère. Cet Ange, malgré ses airs du tumulte pétulant, manquait résolument d’orgueil. Aiguisés par le bandeau, ses sens avaient éprouvés la tension de sa chair à chaque mot supplémentaire qu’il avait prononcé, comme si chaque son avait été un coup de lame dans le tissu de ses certitudes. Pourtant, il lui était demeuré encore un peu de courage, malgré la raideur et les contorsions nerveuses d’un corps d’oiseau en cage, pour murmurer un aveu précieux :
« Tu… Tu es le premier. »
Fébrile, il résistait à cette première fois tout en s’y abandonnant. Membres hostiles mais bouche aimante, à la saveur sucrée d’un renoncement que l’on faisait non pas volontairement, mais parce qu’on n’avait simplement pas le choix. Nathanael avait accepté ce baiser avec une émotion troublée, mais un abandon égal si ce n’était plus dévoué encore, car il lui avait rendu sa navrance avec un mouvement de réconfort. En répondant à son baiser, il lui promit d’être doux et prodigue, suave et généreux, patient et attentif, pour le protéger de ce qu’on pouvait appeler un grand naufrage. A demander beaucoup l’on se destinait à beaucoup de dangers et Nathanael savait qu’à ouvrir ainsi un cœur de ses propres mains, il risquait de le faire souffrir. Alors il l’embrassa aussi pour ça, avec la promesse de ne pas lui faire de tort. Cette soudaine responsabilité l’exhorta à être indulgent et il cessa naturellement de penser à la complétion de son propre bonheur, trouvant son comble dans celui de son Ange, allongé et vulnérable, fragile entre l’étau de ses mains.
Il lui rendit d’ailleurs sa liberté, doucement, pour y habituer ses bras cabrés et farouches. L’inconnu désinvolte avait fini par devenir pudique lorsqu’il fut question de peut-être révéler ce qu’en lui il craignait d’être faible et laid. Sa beauté avait longuement gardé autrui à distance et Nathanael refusait maintenant de fouler les jardins secrets de son intimité simplement parce qu’il en avait trouvé l’entrée. Doucement, il cessa leur baiser et s’accoudant contre le questionnable matelas, et eut son propre trait de courage en défaisant le nœud de son bandeau ; les pans glissèrent contre ses tempes et parce qu’il faisait encore face à l’inconnu, le ruban épousa lentement ses paupières déjà closes. Nathanael lui sourit dans un soupir, et embrassa à nouveau cette bouche aveugle avec une lenteur étudiée et tentatrice.
« Alors pour ta première fois, c’est toi qui ne verras rien » susurra-t-il ensuite contre son oreille.
Il demeura néanmoins lâche encore un peu à l’abri de cette cécité, et demeura bien trop proche du jeune homme pour en contempler les reliefs, se dissimulant dans sa myopie pour ne pas revenir à ce qui l’avait si facilement tétanisé. Il se renfrogna contre le creux de son cou chaud, alors que la timidité et un sourire câlin passaient sur son visage en ondes comme l’ombre des nuages courant sur un pré. Mais il était stupide de demeurer ainsi et Nathanael se redressa bientôt, juste assez pour admirer la mâchoire bleuie, lentement, un détail resplendissant après l’autre… Il finit par clore les paupières et par déposer quelques baisers pour dessiner dans sa mémoire ces contours saillants et déjà un peu rêches. Sa gorge se noua, mais ce fut tout, alors que son souffle tiède butait contre la joue haute. Il cligna des paupières, et songea qu’il ne souhaitait au fond jamais s’habituer à une telle beauté, et éprouver à chaque fois ce haut-le-cœur absolument vertigineux, mais d’un délice parfait. De ses deux mains, il prit finalement appui contre son torse et se redressa à califourchon sur son corps de velours. Son charme était inconscient et se passait sous le nez comme un bouquet, se parant, à peine voilé, devant quiconque était là pour s’y soustraire.
Nathanael renversa néanmoins bientôt sa tête vers le plafond avec un sanglot sourd, regrettant momentanément son aveuglement abandonné, mais revint tout de suite à l’Ange allongé en se forçant à ne pas errer ailleurs que contre son corps. Il le regarda, consola son torse de ses doigts maladroitement caressants ; sa peau pâle resplendissait sous les lueurs de la lune et des néons de la rue. La lueur blanche le couvait et le traversait, le nimbant de flammes opalines par ses cheveux envolés, les lignes de sa silhouette dévorés et fondues dans le nacre et l’ivoire de l’astre nocturne. Il eut du mal à ne serait-ce que soupirer, pris à la gorge, incapable de retenir un souffle tremblé, une lamentation trouble. Il esquissa finalement un sourire las ; qu’il était fatiguant de se battre contre sa pudeur et ses propres faiblesses ! Le jeune homme le rendait faible, démuni et pâle ; sa présence était comme contempler l’infini de l’océan : on s’effrayait, empli d’admiration, de se faire engloutir. Il eut un rire humide, désaccordé ; malgré son trouble et son désarroi constant, tout en lui brûlait et son pantalon ouvert n’était qu’une fente vers un enfer absolument grisant.
« Personne ne peut te résister, dit-il d’une voix rompue mais câline où, de temps en temps, s’attardait et roucoulait un « r » rebelle. On peut être aveugle, ou sourd, ou muet, sans mains pour te toucher, sans langue pour te goûter, que tu t’imprègnes quand même dans les sens et grises toute lucidité. »
Nathanael posa ses paumes contre se ventre creux et palpitant, mesurant son souffle, et déployant ses doigts en éventail, qu’il laissa glisser contre les lames de ses côtes jusqu’à son torse :
« Ta peau court contre les doigts et leur échappe comme de la soie… il s’allongea contre lui dans un mouvement de résignation langoureuse, et enfouit son visage contre sa gorge pour en sentir le parfum avant de poursuivre d’une voix rendue roque par une sensualité qu’il provoquait : Tu fleure comme ce qu’on aime, un fragrance simple mais hors d’atteinte, comme un secret qui nous rappelle en tout point ce qu’on connaît sans pourtant y ressembler. Et ta chair… il ouvrit sa bouche et marqua de sa langue une trace humide sur son buste, elle goûte une âcreté agreste, barbare, et même si tout en toi est un souvenir, tu n’es à personne, car tu te trahis avec tous les bruits, toutes les odeurs, tous les visages retrouvés, et chaque ombre, chaque éclaircie te possède. C’est très injuste… se lamenta-t-il en caressant tout son corps contre celui de l’inconnu. Parce qu’il y a bien plus que tout ça, mais je suis incapable de te l’expliquer. »
Sa crainte avait doucement muée en un besoin viscéral de consolation. D’abord il y avait eu sa propre fascination, indicible et paralysante, mais à force de voir son petit corps vibrer à ses paroles comme de la musique, il n’y eut à son esprit que l’image d’une beauté en carapace qui protégeait un caractère qu’on n’aimait jamais assez. Et il se comprit être possiblement incapable de lui prouver quoi que ce fut, par sa propre possession, ou par la sienne. Donner, s’offrir, souffrir de n’être jamais assez, ou d’être trop… Connaissait-il seulement le secret d’une volupté donnée et ressentie, ou avait-on toujours tout tiré de lui sans rien offrir ? Savait-il la détenir, et en jouir avec passion, comme un enfant d’une arme mortelle ? Lui avait-on révélé le véritable pouvoir, sûr et fréquent, de son corps long, souple et musclé ? Le vénérait-on ou se laissait-on faire avec égoïsme par ses caresses mordantes ?
Nathanael enlaça le visage aux yeux voilés dans la coupe de ses mains et, le regardant dans ses yeux aveugles, avec fièvre il chuchota contre sa bouche :
« Est-ce que je serai banal si je te dis que je t’aime ? Ni à la vie, ni à la mort. Pas pour toujours, mais pour maintenant. Pas parce que tout en toi me séduit. Je t’aime parce que tu as peur et que tu doutes. Parce que malgré tout, je peux encore te blesser. »
Il soupira, frotta le front contre le sien, son nez contre ses joues, sa bouche contre ses lèvres, dans un sens, puis à rebours, lissant, polissant cette chair qui lui faisait tendrement obstacle.
« Donne-moi… donne-moi ton nom, ordonna-t-il avec une fermeté qui évanouit ses réticences. Avant que je ne te donne tout de moi, laisses-moi quelque chose à murmurer quand tu ne seras plus là. »
@Peter Drummond Désolé d'avoir pondu un truc aussi long, mais tu m'inspires, okay ?
« Tu… Tu es le premier. »
Fébrile, il résistait à cette première fois tout en s’y abandonnant. Membres hostiles mais bouche aimante, à la saveur sucrée d’un renoncement que l’on faisait non pas volontairement, mais parce qu’on n’avait simplement pas le choix. Nathanael avait accepté ce baiser avec une émotion troublée, mais un abandon égal si ce n’était plus dévoué encore, car il lui avait rendu sa navrance avec un mouvement de réconfort. En répondant à son baiser, il lui promit d’être doux et prodigue, suave et généreux, patient et attentif, pour le protéger de ce qu’on pouvait appeler un grand naufrage. A demander beaucoup l’on se destinait à beaucoup de dangers et Nathanael savait qu’à ouvrir ainsi un cœur de ses propres mains, il risquait de le faire souffrir. Alors il l’embrassa aussi pour ça, avec la promesse de ne pas lui faire de tort. Cette soudaine responsabilité l’exhorta à être indulgent et il cessa naturellement de penser à la complétion de son propre bonheur, trouvant son comble dans celui de son Ange, allongé et vulnérable, fragile entre l’étau de ses mains.
Il lui rendit d’ailleurs sa liberté, doucement, pour y habituer ses bras cabrés et farouches. L’inconnu désinvolte avait fini par devenir pudique lorsqu’il fut question de peut-être révéler ce qu’en lui il craignait d’être faible et laid. Sa beauté avait longuement gardé autrui à distance et Nathanael refusait maintenant de fouler les jardins secrets de son intimité simplement parce qu’il en avait trouvé l’entrée. Doucement, il cessa leur baiser et s’accoudant contre le questionnable matelas, et eut son propre trait de courage en défaisant le nœud de son bandeau ; les pans glissèrent contre ses tempes et parce qu’il faisait encore face à l’inconnu, le ruban épousa lentement ses paupières déjà closes. Nathanael lui sourit dans un soupir, et embrassa à nouveau cette bouche aveugle avec une lenteur étudiée et tentatrice.
« Alors pour ta première fois, c’est toi qui ne verras rien » susurra-t-il ensuite contre son oreille.
Il demeura néanmoins lâche encore un peu à l’abri de cette cécité, et demeura bien trop proche du jeune homme pour en contempler les reliefs, se dissimulant dans sa myopie pour ne pas revenir à ce qui l’avait si facilement tétanisé. Il se renfrogna contre le creux de son cou chaud, alors que la timidité et un sourire câlin passaient sur son visage en ondes comme l’ombre des nuages courant sur un pré. Mais il était stupide de demeurer ainsi et Nathanael se redressa bientôt, juste assez pour admirer la mâchoire bleuie, lentement, un détail resplendissant après l’autre… Il finit par clore les paupières et par déposer quelques baisers pour dessiner dans sa mémoire ces contours saillants et déjà un peu rêches. Sa gorge se noua, mais ce fut tout, alors que son souffle tiède butait contre la joue haute. Il cligna des paupières, et songea qu’il ne souhaitait au fond jamais s’habituer à une telle beauté, et éprouver à chaque fois ce haut-le-cœur absolument vertigineux, mais d’un délice parfait. De ses deux mains, il prit finalement appui contre son torse et se redressa à califourchon sur son corps de velours. Son charme était inconscient et se passait sous le nez comme un bouquet, se parant, à peine voilé, devant quiconque était là pour s’y soustraire.
Nathanael renversa néanmoins bientôt sa tête vers le plafond avec un sanglot sourd, regrettant momentanément son aveuglement abandonné, mais revint tout de suite à l’Ange allongé en se forçant à ne pas errer ailleurs que contre son corps. Il le regarda, consola son torse de ses doigts maladroitement caressants ; sa peau pâle resplendissait sous les lueurs de la lune et des néons de la rue. La lueur blanche le couvait et le traversait, le nimbant de flammes opalines par ses cheveux envolés, les lignes de sa silhouette dévorés et fondues dans le nacre et l’ivoire de l’astre nocturne. Il eut du mal à ne serait-ce que soupirer, pris à la gorge, incapable de retenir un souffle tremblé, une lamentation trouble. Il esquissa finalement un sourire las ; qu’il était fatiguant de se battre contre sa pudeur et ses propres faiblesses ! Le jeune homme le rendait faible, démuni et pâle ; sa présence était comme contempler l’infini de l’océan : on s’effrayait, empli d’admiration, de se faire engloutir. Il eut un rire humide, désaccordé ; malgré son trouble et son désarroi constant, tout en lui brûlait et son pantalon ouvert n’était qu’une fente vers un enfer absolument grisant.
« Personne ne peut te résister, dit-il d’une voix rompue mais câline où, de temps en temps, s’attardait et roucoulait un « r » rebelle. On peut être aveugle, ou sourd, ou muet, sans mains pour te toucher, sans langue pour te goûter, que tu t’imprègnes quand même dans les sens et grises toute lucidité. »
Nathanael posa ses paumes contre se ventre creux et palpitant, mesurant son souffle, et déployant ses doigts en éventail, qu’il laissa glisser contre les lames de ses côtes jusqu’à son torse :
« Ta peau court contre les doigts et leur échappe comme de la soie… il s’allongea contre lui dans un mouvement de résignation langoureuse, et enfouit son visage contre sa gorge pour en sentir le parfum avant de poursuivre d’une voix rendue roque par une sensualité qu’il provoquait : Tu fleure comme ce qu’on aime, un fragrance simple mais hors d’atteinte, comme un secret qui nous rappelle en tout point ce qu’on connaît sans pourtant y ressembler. Et ta chair… il ouvrit sa bouche et marqua de sa langue une trace humide sur son buste, elle goûte une âcreté agreste, barbare, et même si tout en toi est un souvenir, tu n’es à personne, car tu te trahis avec tous les bruits, toutes les odeurs, tous les visages retrouvés, et chaque ombre, chaque éclaircie te possède. C’est très injuste… se lamenta-t-il en caressant tout son corps contre celui de l’inconnu. Parce qu’il y a bien plus que tout ça, mais je suis incapable de te l’expliquer. »
Sa crainte avait doucement muée en un besoin viscéral de consolation. D’abord il y avait eu sa propre fascination, indicible et paralysante, mais à force de voir son petit corps vibrer à ses paroles comme de la musique, il n’y eut à son esprit que l’image d’une beauté en carapace qui protégeait un caractère qu’on n’aimait jamais assez. Et il se comprit être possiblement incapable de lui prouver quoi que ce fut, par sa propre possession, ou par la sienne. Donner, s’offrir, souffrir de n’être jamais assez, ou d’être trop… Connaissait-il seulement le secret d’une volupté donnée et ressentie, ou avait-on toujours tout tiré de lui sans rien offrir ? Savait-il la détenir, et en jouir avec passion, comme un enfant d’une arme mortelle ? Lui avait-on révélé le véritable pouvoir, sûr et fréquent, de son corps long, souple et musclé ? Le vénérait-on ou se laissait-on faire avec égoïsme par ses caresses mordantes ?
Nathanael enlaça le visage aux yeux voilés dans la coupe de ses mains et, le regardant dans ses yeux aveugles, avec fièvre il chuchota contre sa bouche :
« Est-ce que je serai banal si je te dis que je t’aime ? Ni à la vie, ni à la mort. Pas pour toujours, mais pour maintenant. Pas parce que tout en toi me séduit. Je t’aime parce que tu as peur et que tu doutes. Parce que malgré tout, je peux encore te blesser. »
Il soupira, frotta le front contre le sien, son nez contre ses joues, sa bouche contre ses lèvres, dans un sens, puis à rebours, lissant, polissant cette chair qui lui faisait tendrement obstacle.
« Donne-moi… donne-moi ton nom, ordonna-t-il avec une fermeté qui évanouit ses réticences. Avant que je ne te donne tout de moi, laisses-moi quelque chose à murmurer quand tu ne seras plus là. »
@Peter Drummond Désolé d'avoir pondu un truc aussi long, mais tu m'inspires, okay ?
|
|