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[Intrigue] Un grain de poussière ne souille pas une fleur - ft Octave Muller
Mer 7 Avr 2021 - 7:47
Un grain de poussière ne souille pas une fleur
Octave Muller / Emmanuel Bonnamy / Avril 2021
Octave Muller / Emmanuel Bonnamy / Avril 2021
De l’agitation avait semblé se passer au sein du quatrième étage ces derniers temps. Désormais, ça semblait plutôt calme. Malgré qu’il n’aime pas la monotonie, comme tout être humain, Emmanuel finissait par avoir des habitudes. Une d’entre-elles étaient de rechercher un peu… de nature. En fait, lorsqu’il était au sein de l’université, son stresse montait en flèche, tel un animal en cage. Il avait l’impression d’être une bête de foire face à un public en quête d’attractions. Il avait menti, utilisé son cv chargé pour son âge. Il avait triché, aidé par le nom de sa famille. Bonnamy était talentueux, créatif, courageux, avait grand cœur. Ce cœur, il le mettait à la tâche au maximum. Malheureusement, le monde actuel n’était pas fait pour lui et sa personne si particulière. La vérité, c’était qu’il ne savait pas tout à fait lire et écrire en anglais. Il mentait même à son cousin sur sa ‘’débilité’’. Il savait tout juste lire et écrire en français, sa calligraphie était un désastre, pourtant il se trouvait à l’université. Pas dans un domaine artistique ou sportif, non comme un débile, Emmanuel avait cru pouvoir continuer à aider son prochain en plus de faire des études acceptables aux yeux de sa famille. Médicomagie. C’était un cours qui demandait tant de travail et de connaissance. Comment quelqu’un comme lui pourrait réellement mériter sa place et parvenir à terminer ses études ? Déjà deux ans, et il était constamment à bout de souffle mentalement. Et pour arriver à respirer de temps en temps, il avait pris des (vilaines) habitudes.
Une d’entre-elles étaient de grimper au quatrième étage et se glisser sur le toit. Plus précisément, dans les jardins suspendus. Certes, il lui était arrivé de sortir par une fenêtre pour être seul sur un toit au risque de donner une crise cardiaque à celui qui finirait par l’y voir, mais ici ça lui rappelait un peu ces années en nature. Mais ces derniers temps, ça avait été trop achalandé pour lui. Trop de bruits, trop de mouvements ou de gens curieux. Mais ce jour-là, ça semblait beaucoup plus calme. Et quand on se sentait aussi nul que lui en ce moment, un moment de solitude et de calme, il n’y avait rien de mieux. Surtout pour sa tête qui menaçait d’éclater. C’est donc pourquoi il se glissa alors en ces lieux, découvrant celui-ci littéralement changé. De nouvelles plantes, des arbres dans des pots. Emmanuel s’était rapproché d’un d’entre eux, allant glisser une main sur son tronc, sentant l’écorce qui se dessinait sous ses doigts. Même s' il eut de la peine pour ces pauvres arbres laissés dans un si petit espace sans liberté, il ne put que penser qu’ils étaient dans le même bateau. (Dans la même prison) Soupirant, ‘Manuel décida qu’il valait mieux mettre de côté ce sentiment et profiter de l’instant. Il était rare de trouver autant de nouveautés végétales sans que cela soit dans le cadre d’un cours. Son inspection dure quelques minutes, profitant de la solitude, souriant en sentant le vent, frais du printemps, sur son visage. Cet endroit lui fit oublier un moment les tracas qui le prenait et l’anxiété résulté. S’approchant finalement dans un coin parfait pour se poser, le sorcier sortit de son manteau en cuir tanné ses écouteurs sans fils, les glissant à ses oreilles. La musique remplit toute son attention et fit balader son esprit.
Jusqu’à ce cette stupide chanson passe dans ses oreilles. Il n’avait pas pu se résoudre à la retirer. Il se souvenait comme si c’était hier. Lui, Axel, dans ce resto-bar du quartier gay de Montréal. Cette musique sonnant en ambiance lorsqu’il lui avait posé la question. Quel débile. Il avait grimpé sur le bar, et avait posé son genoux contre le comptoir et s’était exclamé en vacillant à moitié qu’il voulait qu’ils se marient. Et ensuite ils avaient un peu trop bu, enfin surtout Axel. Son copain avait jamais tenu l’alcool et était fan de ces boissons mentholé. De la menthe en général, même, au point que Manu en avait eu le mal de coeur. Il l’avait tiré devant une boutique d'artisanat local. Le pauvre homme travaillait tard ce soir-là et n’avait pas fermé la porte. Il avait vu débarquer un français ivre tirant son copain un peu moins français. Emmanuel avait bien cru qu’il allait les balancer dehors, mais Axel s’exclama d’une longue tirade qu’il faisait le tour du monde et aidait de nombreuses causes depuis des années auprès de l’homme qu’il aime et qu’il désirait une bague pour lui. En bois. Unique. L'artisan accepta contre toute attente l’argent du français. Emmanuel n’était même pas au courant du montant qu’avait économisé secrètement Axel. Il s’était retrouvé à regarder l’artisan travailler pendant plus de quatre heures pour faire une bague ‘’aux couleurs des yeux de son Nuel’’. Quelle idée débile de lui faire une bague de fiançailles lui rappelant la couleur de ses propres yeux. Ceux d’Axel, oui, pourquoi pas, mais pourquoi les siens? Et ce con s’était endormi sur la table à peine vingt minutes plus tard, laissant Emmanuel avec l’artisan.
Ce jonc, presque totalement en bois à l’anneau du centre métallique, dans lequel était gravé ‘’Je serai là’’. Tout simplement. Ce jonc restait dans la chaîne à son cou depuis plus de deux ans. Depuis qu’il n’était plus là. Depuis qu’il ne pouvait plus la porter au doigt pour lequel il avait été créé. Depuis que plus personne n’était là pour l’appeler ‘’Nuel’’. Depuis ‘’qu’il ne serait plus jamais là.’’ (Voilà, stupide chanson. Je l'adorais avant que tu la bousille, Axel. Tu fais chier)
Retirant ses écouteurs avec un soupire, il remarqua que plus d’une heure s’était écoulée. Fermant ceux-ci, les glissant dans sa poche, il observa les lieux de nouveau. Allait-il partir d’ici? Arf. Se redressant, il fit quelques pas avant qu’il ne tombe par pure hasard sur un pot aux merveilleuses Jonquilles. Cela lui rappelait des poèmes que sa mère lui lisait régulièrement. Sans doute en espérant un jour améliorer son dialecte et sa classe. Sauf que ce poème-ci, il l’avait apprit auprès d’une toute autre femme combattant un fléau qu’Emmanuel ne pouvait pas faire disparaître.
‘’Merveilleuse fleur annonçant les prémices du printemps,
Luttant contre les derniers frimas d’un l’hiver rigoureux
De ton étincelante couleur jaune tu interpelles le passant,
Claironnant l’espoir d’une maladie aux contours hideux.’’
Ses doigts allèrent effleurer les pétales, glissant en douceur sur celle-ci avant de descendre à leur tige, comme pour vérifier qu’elles allaient bien et étaient en bonne santé. Mais une douce chaleur semblait le prendre alors qu’il se rappelait de la suite du poème.
‘’Ta trompette pliant ta tige, avance fièrement dans le néant
Offrant une senteur inoubliable d’espérances les plus insensées,
Dans cette existence flétrie par les souffrances et l’isolement
Perdue dans le jardin de la vie, emblème du combat pour la liberté.’’
Il se souvient très bien n’avoir pas immédiatement vu ce poème comme il était vraiment, soit une source d’espoir plutôt que de perte. Axel lui avait alors expliqué que l’espoir était la seule magique qui pouvait sauver des êtres condamnés par la science et la société. Que sans espoirs, ils dériveraient et ne pourraient jamais exister pleinement. Qu’ils se faneraient et ne reviendraient pas fièrement l’hiver et ses tempêtes finit. Sans vraiment savoir pourquoi, son stress et ses incertitudes qui l’avait poussé à venir ici au départ semblaient s’envoler. Sa faiblesse, sa confiance qui s’était tarie semblait s’être revigorée. D’un seul coup, sans prévenir. Et même s’il ne le pensa pas, après ces deux premières strophes, la seconde allait de paire avec cette confiance soudaine qui venait de prendre possession de son être.
‘’Magique jonquille, telle une icône, nous te vénérons, pour que renaisse
L’espoir qui nous emportera dans les chemins délicieux du simple bonheur
Bonheur de vivre libre sur ce parterre de fleurs, dans une belle ivresse
Alors la vie aura un autre sens, le sens d’avoir vaincu la maladie et nos peurs.’’
Mais est-ce que cette confiance soudaine allait pas être plus… un désavantage qu’autre chose? Son moment de solitude allait bientôt être brisé… mais personne ne pouvait savoir la tournure que prendrait cette nouvelle rencontre en perspective…
- Joeïa YoonMODO - Modératrice
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» situation : célibataire
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✧ options obligatoires : / ✧ options facultatives : /
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Inventaire Sorcier
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Re: [Intrigue] Un grain de poussière ne souille pas une fleur - ft Octave Muller
Dim 11 Avr 2021 - 15:51
Un grain de poussière ne souille pas une fleur ft. @Emmanuel BonnamyOctave prend une profonde inspiration. L’air s’engouffre dans ses poumons et il le garde quelques secondes, en profitant pour se détacher du temps et de l’espace. Une expiration s’ensuit, profonde, libératrice, alors qu’il fait fi des commentaires de ses camarades de classe. Ceux-ci ont particulièrement le don de lui taper sur le système, si bien qu’il hésite souvent à jouer de ses talents de legilimens sur eux. Mais, bien conscient que cette pratique, utilisée de la façon dont il le voudrait, n’est pas recommandée, le Muller ne peut que prendre son mal en patience. Un petit effort, une dizaine de minutes et il sera libéré de ces caquetages infernaux qui lui vrillent les tympans, quand il ne demande que calme et silence. Son regard se reporte vers sa montre et il en vient à se demander pourquoi il s’obstine à faire preuve de sociabilité, quelques heures par jour. C’est déjà bien trop pour lui, qui a bien du mal à supporter ses semblables sans ressentir le besoin de leur coudre la bouche à coup de baguette magique.
It’s time. Le cours se termine et il est l’un des premiers à s’en échapper, se retrouvant alors dans une foule désagréable dont les discussions ont l’effet d’un capharnaüm. Octave envisage très rapidement de se réfugier dans la salle de Potions mais le planning lui indique bien vite qu’elle ne sera pas disponible pour son bien-être d’ici plusieurs heures. Mauvaise fortune, se dit-il, alors qu’il envisage les options qui lui sont disponibles. Il pourrait tout aussi bien rentrer au Manoir des Muller, où il trouvera calme et réconfort dans sa chambre ou son potager, mais se rappelle alors qu’il existe à Hungcalf un lieu propice à ce qu’il recherche : la solitude. Chose rare étant donné le nombre d’étudiants, certains étant pires que des poules en pleine basse-cour. Octave s’engouffre dans les escaliers, laissant ses pas le mener jusqu’au quatrième étage à une vitesse modérée mais régulière. Il croise certains camarades en cours de route, à qui il n’offre qu’un regard rempli de désintérêt et de dédain. Son entrée dans le jardin suspendu a l’effet d’une vague de réconfort, alors qu’il se trouve face aux multitudes de plantes, renouvelées pour l’occasion. Le Muller se tient à la porte quelques minutes, envisageant de nouveau ces différentes options de parcours. Il a l’embarras du choix, et décide finalement de partir sur sa gauche. Il n’a aucun but particulier à se trouver ici, simplement le bonheur de pouvoir marcher dans un silence absolu parmi des êtres vivants respectueux de ses volontés et de son caractère. Dans sa promenade, il s’arrête régulièrement pour s’agenouiller ou se pencher devant certains types de plantes, sortant alors son carnet pour y noter quelques informations supplémentaires - selon la nature de la fleur détaillée. Octave éprouve un grand sentiment de plénitude à cet instant, ignorant qu’il n’est pas seul dans ce sanctuaire qui sait remplacer la salle de potions, son habituel refuge de tous les instants.
Un virage, et il aperçoit une tête brune venant dans sa direction. Le Muller envisage aussitôt de faire demi-tour pour disparaître, peu enclin à commencer une discussion avec un parfait inconnu alors qu’il se sent enfin en paix et reposé. Mais c’est sans compter le regard de l’Autre qui capte le sien et bien vite, les conventions sautent à la gorge d’Octave, qui se sent pris au piège. Ce dernier contrebalance ses différentes options de réactions si jamais le garçon venait à lui adresser la parole, passant de la discussion détachée à la potentielle ignorance de son existence. Ce qui a le don d’être efficace pour se débarrasser de quelqu’un, mais qui renforce la réputation néfaste d’Octave. Il laisse donc à l’autre étudiant le choix de venir à lui ou non.
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