Le réveil était douloureux. Ils l'étaient tous. Dès qu'elle ouvrait les yeux, dès que la mémoire lui revenait, elle aurait tout fait pour... effacer. Simplement effacer cette douleur. Dormir était sûrement l'un des meilleurs remède qui pouvait exister contre ces peines que rien d'autre que le temps ne pouvait combattre. Parfois elle essayait de se rendormir. Pour grapiller quelques heures d'oubli providentielles. Quelques minutes même parfois tant elle était desespérée. Elle avait supplié @Lucrece De Gray de lui prescrire de quoi dormir mais elle avait refusé. A raison.

Le réveil était douloureux et les journées n'étaient pas amusantes. Elle avait fait négocier avec le Docteur Sanahuja pour avancer ses congés et ainsi elle n'avait pas été dans l'obligation d'expliquer son absence à l'hopital. Parce qu'elle était clairement incapable de travailler. Que ce soit physiquement ou mentalement, elle était très très affaiblie. Cette fausse couche avait malmené son esprit autant que son corps. Elle avait repoussé les draps et s'était levée. Son bas ventre était douloureux mais Luce avait dit que ça risquait de l'être plusieurs jours. Mais le pire, c'était ce ventre qui s'était arrondis d'un coup et qui aujourd'hui était vide.

Elle portait un pyjama et elle avait les cheveux attachés en nattes. Voila quelques jours qu'elle dort dans cette chambre qui n'est pas la sienne. Luce ne lui a pas vraiment laissé le choix. Elle était trop inquiète pour laisser la cadette Blackthorn crécher à droite à gauche comme elle le faisait du temps où tout allait bien. Et Juliet avait rendu sa chambre au château...

Elle était seule comme souvent le matin. Elle se levait le plus tard possible... @Lorcan Tamaharu et Lucrèce travaillaient tout les deux. Et Juliet occupait ses journées comme elle le pouvait. elle dormait beaucoup, pleurait souvent... Elle essayait de lire, de dessiner mais elle était incapable de se concentrer sur quoi que ce soit... Ce matin, elle avait sorti un grimoire de médicomagie en esperant trouver un sujet à réviser. Elle s''était faite une tasse de thé et elle s'était installée dans le canapé. Et c'est sûrement dans cet état que Lorcan la retrouverait en rentrant ce soir...

En cette matinée ensoleillée, Elio foulait les ruelles d'Inverness. Un short long blanc et un tee-shirt gris suffisaient amplement comme habits, avec la température déjà bien douce, annonçant une journée incroyablement chaude.
Qu'est ce qu'il faisait dans cette rue ? Il n'en avait aucune idée. Enfin si. Il ne savait juste pas si c'était une bonne chose. Je vous explique....
Pour faire bref, il a eu une réponse positive pour la reprise de ses études. Il a donc fêté ça avec sa famille, ses amis. Il a aussi voulu en faire part à Juliet puisque c'était grâce à elle qu'il avait osé franchir le pas de la porte de la célèbre université. Mais pas de réponse. Nada. Elle avait coupé court à leur relation amicosexuelle. Pourtant cela lui avait plu, et il avait eu l'impression que cela avait été partagé.

Ensuite, il partit en vacances avec son frère et passa quelques jours en Espagne, en compagnie aussi de leur cousin.
Cela lui permit de se changer les idées. Mais en revenant, la réalité le rattrapa. Il fallait qu'il se prépare à être de nouveau medicomage, alors il alla prendre rendez vous avec la direction de l'hôpital de Sainte Marie pour tenter d'avoir un poste. Il avait entendu dire que l'hôpital manquait de medicomage urgentiste, les jeunes préférant partir vers les grandes villes.
En ce qui le concernait, cela lui allait très bien d'aller dans un hôpital plus petit pour reprendre ses fonctions. Nouveau départ, nouvel hôpital.
Il fut choisi pour le poste. Peu de temps après il reçut tout un tas de documents.

Et il tiqua sur l'un d'eux : la liste des étudiants internes. Un nom lui sauta aux yeux : Juliet Blackthorn. Ils allaient se retrouver collègues. Était elle seulement au courant ? Une raison de plus pour stresser lors de son premier jour de reprise ! Il se voyait mal faire impasse sur ce qu'ils avaient vécu, faire semblant et en même temps il ne souhaitait pas la mettre dans l'embarras.

Voilà pourquoi il se retrouva devant la porte de la maison de Lucrece et Lorcan. Grâce à Matéo, il savait qu'elle vivait avec eux. Et il avait besoin de mettre les choses au clair avant de la retrouver en tant que collègue.

Il toqua. Rien. Il sonna. Il commença à douter. Est ce qu'elle était la ? Et la porte s'ouvrit sur une Juliet encore en pyjama.... Il fut quelque peu surpris mais après tout c'était les vacances.
En tout cas, même en pyjama, il se fit la réflexion qu'il la trouvait belle. Décidément...

-Bonjour Juliet, je suis désolé de venir ainsi à l'improviste. Je ne souhaite pas te déranger longtemps. J'ai juste besoin de te parler.

Il se demanda comment elle allait réagir. Est ce qu'elle allait lui claquer la porte au nez, ou allait elle l'inviter à entrer ?

Elle avait sorti plusieurs livres de médicomagie. Certaines étaient les siens. D’autres étaient ceux de Lucrèce. Elle espérait trouver un sujet, n’importe lequel, qui puisse la sortir de sa peine. Qui puisse l’empêcher de trop cogiter, de trop penser. Elle avait besoin de concentrer son attention que quelque-chose d’autre que sur elle même. N’importe quoi. Elle espérait que la médicomagie puisse l’aider à faire ça…

Sauf que ce n’était absolument pas le cas. Elle avait pourtant un livre de médicomagie d’urgence qu’elle avait acheté quelques semaines auparavant, juste après avoir accepté d’intégrer l’internat de Sainte Marie d’Inverness. Elle l’avait ouvert, elle avait commencé à le lire mais… elle était incapable de fixer quelque notion que ce soit. Elle lisait presque sans comprendre. Les mots défilaient sous ses yeux…

Elle venait de se rendre compte qu’elle avait oublié sa tasse et que l’eau était sûrement tiède. Ou froide. Elle allait la réchauffer quand on frappa à la porte. Juliet s’arrêta dans son geste d’intention et hésita à se lever. C’était la première fois que ça arrivait et franchement elle ne savait pas trop quoi faire. Elle n’était pas chez elle après tout.

On toqua une deuxième fois et Juliet finit par se lever sans plus se poser de question. Elle ouvrit et ne fut pas sûre de croire ce qu’elle voyait quand c’est le visage d’Elio qui apparut derrière la porte. Elle était tellement surprise qu’elle ne réussit pas à refermer la porte au nez du Cooper. Elle resta quelques secondes complètement immobile à écouter le Cooper lui demander pour parler.

- Je n’ai rien à te dire.

C’était la stricte vérité. De toute façon elle ne savait même pas quoi lui dire. Elle était très bien dans la relation qu’ils avaient convenu d’avoir. Mais quand elle l’avait vu passer la soirée avec une de ses enseignante, elle avait laissé couler même si ça avait été difficile. Elle avait assez pensé à lui. Elle ne pensait plus à lui. Alors elle n’avait plus rien à lui dire.

En plus de ça, elle n’était vraiment pas dans ce genre de dispositions… Elle n’était pas présentable. Elle n’était pas chez elle. Elle avait mal au ventre rien qu’à être debout à tenir cette porte.

- Désolée.

Elle commença à refermer la porte.

Juliet avait mauvaise mine. Elle qui était si rayonnante d'habitude, paraissait bien triste. Tout un tas de questions submergea sa pensée. Était elle malade ? Ou peut être l'avait il réveillé ? Est ce qu'elle avait vécu quelque chose de difficile ? Ou peut être se faisait il des films. Il détestait avoir des questions sans réponses. C'était bien pour ça qu'il était là. Outre le fait qu'ils allaient devoir se côtoyer de nouveau dans le cadre professionnel, il se demandait bien pourquoi elle avait coupé les ponts avec lui.

"Je n'ai rien à te dire". Vlan !
OK c'était clair. Elle n'avait pas envie de le revoir. Sauf qu'elle allait devoir s'y faire.
Et désolée de quoi ? De quoi embrouiller le Cooper.
Alors quand il vit la porte se refermer, il mit sa main pour l'empêcher de continuer son geste.

-Tu n'as peut être rien à me dire, mais moi si.

Le ton restait doux bien qu'il soit ferme. Il n'avait pas envie d'attendre plus. Il avait fait le chemin pour lui parler. Au moins lui dire qu'ils allaient travailler ensemble.

-Tu ne veux plus me voir, OK. J'ignore pourquoi mais écoute c'est ton choix.

Et cette ignorance le rongeait plus que ce qu'il voulait bien admettre.

-Je viens juste te dire que ma demande a été accepté. J'ai voulu te le dire plus tôt mais tu n'as pas répondu à mes SMS.

OK là le ton était un brin amer malgré lui.

-Et je vais travailler à Sainte Marie. Nous serons donc collègues. Je ne sais pas si j'ai fais quelque chose qu'il ne fallait pas. Et j'avoue que j'aimerai bien le savoir un jour. Mais en tout cas, il faut t'attendre à ce que l'on travaille ensemble puisque tu as choisi la medicomagie urgentiste.

Allaient ils se retrouver dans une impasse ? Il aimerait tellement avoir son point de vue, savoir ce qu'elle pense. En cet instant, il enviait les legilimens.

-Si tu ne veux pas me parler de suite ok. Au moins tu es au courant. J'aurai juste...

Il hésita un moment avant de reprendre.

-J'aurai juste voulu être certain de continuer sur de bonnes bases avec toi.

Il ne savait pas trop si c'était clair. Etre en mauvais terme avec elle lui paraissait inconcevable.

Elle avait voulu fermer la porte et se retourner dans le canapé mais le Cooper attrape la porte et l’en empêche. Apparement, lui avait des choses à lui dire… Et franchement, elle ne voyait pas quoi. Pourquoi parler de ce qu’il s’était passé il y a plusieurs mois ? Pour Juliet, tout ceci n’avait plus d’importance. Ca l’avait rendu triste mais depuis elle avait eut mille autres raisons d’angoisser… Elle ne comprenait pas pourquoi le Cooper se réveillait maintenant alors qu’elle avait désespérément attendu un pauvre message au mois de juin…

Juliet n’est pas du genre violente. Même si l’envie de forcer la fermeture de la porte lui avait traversé l’esprit, elle n’imaginait pas écraser les doigts d’Elio. Alors elle se retient et le regarda parler avec cet air moitié perdu, moitié triste. Au moins pouvait elle écouter. Et quand il aurait finit, il s’en irait. Et elle pourrait se retrouver seule avec ses problèmes. Elle avait presque envie de souligner que peut être n’avait elle pas envie d’écouter. Mais le Cooper était déjà lancé…

Elle ne voulait pas le voir aujourd’hui, c’était vrai. Mais elle arque un sourcil alors qu’il explique qu’il ne sait pas pourquoi. Vraiment ? Genre… Peut être parce qu’il l’avait complètement nextée pendant plus un mois ? Juste après avoir finit la nuit avec une autre femme ? A priori, elle n’avait rien demandé. Et puis le temps était passé…

- Félicitations…

Lâche-t-elle d’un ton morne, alors qu’il lui apprend que son dossier avait été accepté. Elle le savait. Il lui avait dit. Elle était sincèrement contente pour le Cooper même si elle n’avait pas répondu à son message. Elle l’avait lu mais elle n’y avait plus pensé. Elle avait la tête dans ses propres problèmes… elle avait été incapable de se réjouir pour Elio.

Ce n’est qu’après qu’elle comprend pourquoi il est là. Ce n’est pas pour elle. Ce n’est pas pour eux. C’est pour le travail enfaite. Elle ne s’y attendait pas mais cette information lui fait mal. Vraiment très très mal. Elle déglutit difficilement en apprenant qu’ils seront dans le même hôpital, dans le même service à la rentrée. Il veut savoir s’ils pourront travailler de concert.

- Les bases sont bonnes. Ca ira. On n'aura qu'a se parler juste pour le boulot. Ca ira...  

Elle force un sourire mais sa voix tremble et elle sent ses yeux s’humidifier. Il faut qu’elle coupe court à cette conversation parce qu’elle n’est même pas sûre d’avoir assez de larmes pour pleurer. Elle est perdue dans ce qu’elle ressent. Complètement larguée. D’un côté elle le déteste de ne pas avoir rappelé, d’un autre côté elle s’en fiche, elle croyait être passée au dessus de tout ça. Elle croyait que ses problèmes avaient pu effacer cette peine. Mais il faut croire qu’ils n’ont fait que s’empiler. Pas se remplacer.

Non mais qu'est ce qu'il se passait ? Elio avait loupé quelque chose ? Pourquoi cet air détaché ?
Ses félicitations lui firent mal au cœur. Elle avait pourtant était présente lorsqu'il avait déposé son dossier. Elle l'avait soutenue. Et ensuite, ils avaient vécu quelque chose de fort dans la salle de danse. Se retrouver face à cette Juliet qui paraissait complètement indifférente lui faisait plus de mal qu'il ne l'aurait cru. Pourtant il avait envisagé ce scénario mais il ne pensait pas être à ce point touché.
Il ne comprenait rien. Et cela commençait à l'agacer.

Ça ira...ah oui ? Vraiment ? C'était aussi simple que ça ? Peut être pour elle mais pas pour lui. Son frère lui avait pourtant prévenu... Il ne l'avait pas écouté, faisant confiance à la jeune femme, s'accrochant même à elle, plus qu'il ne le voulait.
Les Blackthorn n'étaient ils pas digne de confiance finalement ? Car il pensait réellement qu'il y avait au moins de l'amitié entre eux.

-Ça ira ? J'ignorai que tu pouvais être aussi froide.

Sa voix trahissait son émotion, son agacement.

-Alors on fait comme si de rien n'était ? Comme si on n'avait rien vécu ensemble ? C'est si facile pour toi ?

Il se rendait compte qu'il commençait à s'emballer mais il faut croire qu'il en pincait vraiment pour elle. Et ce comportement l'insupportait.
Il avait passé son été à tenter de mettre de côté Juliet dans son esprit. Mais elle revenait toujours. Et maintenant qu'il se trouvait face à elle, quelle déception.
Il se rendit compte qu'il était toujours sur le palier et il avait l'impression de se donner en spectacle. Il n'aimait clairement pas ça.
Il ne voulait pas non plus repartir avec d'autres questions. Il pensait pouvoir lui donner encore du temps,il en était incapable. Alors il décida d'entrer. Il prit Juliet par les épaules et la poussa gentiment pour qu'il puisse passer. Oui il avait conscience de la forcer mais il ne voulait pas faire d'esclandre dans la rue. En plus, chose surprenante, elle se laissa faire.

-Je me suis vraiment trompé sur toi ?

Était elle une manipulatrice experte ?

-Donne moi au moins une réponse. Dis quelque chose. Au moins je saurai à quoi m'attendre...Dis moi pourquoi ce silence ? Explique moi, s'il te plaît. Et après je te laisse tranquille. On fait notre vie chacun de notre côté, et on joue les collègues de boulot.

Juliet n'avait pas fermé la porte alors il s'en chargea. Il ignorait si elle était seule dans la maison. Si ce n'était pas le cas, il était prêt à expliquer la raison de sa présence.

-Du jour au lendemain, rien. Tu crois pas que je méritais quand même une explication ?

En realite, c'était ça la grande question. Pourquoi avait elle plus donné signe de vie alors qu'ils étaient si bien ensemble ? Même s'ils n'étaient pas en couplé, il estimait qu'il avait le droit à une explication. On ne jetait pas les gens comme de vieilles chaussettes.

Froide ? C’était bien la première fois qu’on lui reprochait d’être froide. Être mélodramatique, être une chouineuse, être trop sensible… Ca oui. On lui avait reproché mille fois. Mais être froide. Ca jamais. Ses parents auraient été fiers d’elle, sa soeur aussi… Quelle ironie que ce fusse Elio qui lui reproche ça. Quelle ironie que ce soit avec celui avec qui elle avait été la plus authentique, la plus elle-même, qui puisse lui dire ça.

Elle n’est pas froide. En réalité, Juliet est complètement à côté de la plaque. Elle n’est même pas capable de réagir en réalité. S’il pensait ça alors … il pouvait bien penser ce qu’il voulait. Elle n’avait pas la force morale ni physique de s’expliquer avec le Cooper. Il y avait trop de choses à dire. Il s’était passé trop de temps. Et elle avait trop souffert depuis. Elle n’était plus capable de gérer d’autres souffrances. Même si la plus grande, celle qui l’avait mise par terre, n’avait rien à voir avec le Cooper et qu’il n’y était absolument pour rien.

Elle allait fermer la porte mais de nouveau le Cooper prend la parole, lui demandant si c’était facile de faire comme si rien ne s’était passé entre eux. Encore une fois, elle n’a pas le temps de répondre ni de réagir. Elle aurait vraiment du fermer cette porte. Parce qu’elle se retrouver poussée par Elio à l’intérieur.

Les mots s’alignent les uns derrière les autres et Juliet se sent complètement dépassée par la situation. Il referme la porte derrière lui et Juliet croise les bras sur sa poitrine comme pour se protéger. Elle n’a pas peur d’Elio, mais elle se sent désemparée. Elle ne sait pas quoi répondre. Elle ne se sent pas prête à avoir cette discussion et son visage se décompose alors qu’elle retient ses larmes.

- Je pensais qu’on était rien l’un pour l’autre. Qu’on se voyait comme ça. Sans conséquences.

Elle sort la carte joker. C’est lui qui avait proposé cette relation sans attache, sans obligation. Ca lui allait bien à l’époque. Très bien même. Elle avait souffert de la fin de sa relation avec Maximilien et elle n’avait pas vraiment envie de souffrir de nouveau. Mais au final, elle souffrait quand même…

Pourtant elle avait souffert de voir Elio avec la Donovan. Plus qu’elle ne voulait se l’avouer. Mais si ce n’était que ça… Le pire ça avait été le silence après. Ces heures, ces journées à regarder son téléphone, à attendre un appel… un message du Cooper. Ce message, tant attendu, il était arrivé trop tard. Bien trop tard.

- Que veux-tu que je te dise de plus ? Ca te convenait comme situation. En tout cas ça en avait tout l’air.

Le ton est légèrement accusateur alors qu’elle revoit Elio et Mercy au bar du Vampire. Elle fait demi tour. Elle n’a pas envie de rester face à lui. Elle a très mal au ventre et elle a l’impression que les émotions la submergent. Elle se met à chercher sa baguette pour réchauffer son thé… elle s’agite, incapable de remettre la main dessus…

Elle allait loin la Juliet. Évidemment qu'il s'agissait d'une relation sans conséquence. Mais à priori ils n'avaient pas eu la même notion. Car même s'ils s'étaient mis d'accord pour une relation sexfriend, il ne pouvait pas dire qu'elle n'était rien ! Il avait à faire à une tout autre Juliet, il se demandait bien ce qui avait pu se passer pour qu'elle soit ainsi.
Ils avaient convenus implicitement de ne convenir de rien vis à vis de l'autre.

-OK. Mais j'attendais un minimum de respect.

Le fait qu'elle coupe toute communication sans explication était pour lui une forme de non respect.

Oui cela lui convenait comme relation. Pas d'attache. Sauf qu'il ne fallait pas se leurrer, i s'était attaché à elle. Pauvre imbécile qu'il était. C'était certainement lui qui en souffrait le plus des deux.

-Et pas toi ?

Mais il n'eut pas de réponse. Au lieu de cela, elle lui tourna le dos pour chercher quelque chose. Il l'observa. Elle avait un comportement étrange, ce qui fit apaiser un peu la colère qu'il avait pu éprouver au fond de lui.
Elle semblait toute chancelante. Alors il ne put s'empêcher de s'inquiéter. Ouai, même si elle venait de le rejeter. Brave Elio...

Il se rapprocha d'elle se demandant ce qu'elle pouvait bien chercher. Il vit alors la baguette de la jeune femme en plein milieu de la table.

-c'est ça que tu cherches ?lui demanda t il en lui tendant l'objet magique.

Si c'était ça, elle était vraiment paumé. Sinon, il aurait juste l'air ridicule car elle avait été vraiment visible.

-Qu'est ce qui se passe Juliet ? Qu'est ce que tu as ?

Il reprit un ton plus doux. Mais elle ne répondait pas. Il vit sa main trembler. OK, il y avait quelque chose de louche.

Il l'a prit de nouveau par les épaules, cette fois ci pour lui faire face.

-Qu'est ce qu'il y a ?

L'inquiétude reprenait le dessus. Était elle fiévreuse ? Avait il été négligent sur certains détails ? Il descendit ses mais le long des bras de la jeune femme et s'arrêta sur ses poignets. Mine de rien il en profita pour vérifier son poul.

Du respect… Juliet était estomaquée. Froide et irrespectueuse ? Si c’était vraiment ainsi qu’il la voyait, elle comprenait bien mieux pourquoi il lui avait préféré Mercy. Parce qu’elle n’était pas froide. Ni irrespectueuse. Des deux, c’était plutôt lui qui pouvait correspondre à cela non ? Après tout… Il n’avait donné aucune nouvelle après avoir terminé la soirée avec son enseignante. Il aurait pu lui dire peut être, qu’il ne souhaitait plus la voir. Elle n’avait eut qu’un pauvre message pour dire que son dossier avait été réaccepté à Hungcalf. Et il se pointait là parce qu’il s’inquiète de leurs relations professionnelles à venir…

Elle ne répond même pas. Bien sur que cette relation lui convenait. Elle lui convenait même très bien jusqu’à ce qu’elle le voit flirter avec la Donovan. Et encore… elle aurait certainement pu passer au dessus de cela si il avait daigné la contacter après. Mais là, c’était trop tard. La rancoeur avait été décuplée par ce qu’elle avait vécu ces derniers jours. Douleur et rancoeur ne faisaient jamais bon ménage.

- Si, c’était très bien. Mais j’aurais préféré être tenue au courant que tu avais décidé de ne plus me voir parce que tu sortais avec Mercy Donovan. Je pense que le respect aurait pu commencer ici.

Le ton est pleins de rancoeur. Elle chasse ses larmes alors qu’elle se met à chercher sa baguette. Elle était persuadée de l’avoir laissé dans le canapé et voila le Cooper qui la retrouve. Elle lui arrache presque des mains sans lui répondre mais le Cooper lui demande sur un ton doux ce qui ne va pas. Pendant une seconde, juste une seconde, elle s’imagine craquant. Elle s’imagine le visage baigné de larmes. Elle s’imagine lui dire qu’elle était enceinte. Qu’elle avait cru qu’il était de lui avant de se rendre compte que ce n’était absolument pas le cas. Elle s’imagine lui raconter comment Octave l’a blessée. Comment Jolan l’a soutenue. Elle s’imagine lui raconter sa fausse couche. Elle s’imagine lui raconter aussi à quel point elle avait attendu un signe de sa part après cette soirée à le voir avec Mercy. Elle s’imagine lui raconter qu’elle avait reçu son message alors qu’elle venait d’apprendre pour sa grossesse…

Mais non. Les mains du Cooper descendent jusqu’à ses poignets. Il y a encore quelques semaines un tel geste aurait fait battre son coeur un peu plus vite. Lui aurait même arraché un sourire tendre. Mais elle aussi, est médicomage en formation. Elle est sur le point d’entamer son internat et elle a passé deux semestres en psychomagie. Prendre des constantes de façon discrète, elle savait le faire elle aussi.

- Je ne suis pas ta patiente, Elio !

Elle retire ses bras dans un mouvement colérique après lui avoir crié dessus. Ses mains tremblent, elle vient de laisser sa baguette tomber par terre.

- Je vais bien.

Mensonge que ses yeux brillants de larmes venaient invalider.

Estomaché. C'était bien le mot. Mercy ? Mais de quoi elle parlait ? Elio du réfléchir un peu avant de comprendre. C'est alors que cela lui fit tilt. La dernière fois qu'il avait vu Juliet était au Vampire et elle avait passé la soirée aux côtés du pote de son Matéo : Niven. Et d'après ce qu'il avait vu, elle avait eu l'air de bien s'amuser avec lui ! Et d'être très proches ! Alors pourquoi lui parler de Mercy ?
Pourquoi lui parler de respect ?
Il avait passé la soirée avec elle, certes, mais leurs chemins s'étaient séparés une fois être sorti du nightclub.
Mais au moins il avait un bout de l'explication. Elle lui en voulait d'avoir passé la soirée avec elle. Il était tout de même décontenancé. Il avait eu l'habitude que ce soit très clair avec Célenne, ayant un caractère fort et étant franche. Avec Juliet, il fallait lui tirer les vers du nez.

La surprise étant telle qu'il ne su quoi répondre sur le moment. Il observa Juliet chercher quelque chose et il lui tendit l'objet potentiellement recherché.
Tout en se rendant compte qu'elle avait été jalouse. Et il se dit alors qu'elle devait tenir à lui. Il y avait peut être encore moyen de communiquer.
Il reprit alors un ton plus doux et tenta de comprendre son comportement du point de vue du medicomage. Il prit son poul mais elle ne le laissa pas faire, s'en offusquant.
Il recula d'un pas surpris par cet élan de colère, elle qui était si passive jusque là.
Malgré ce qu'elle disait, elle n'allait pas bien. Et ce n'était clairement pas sa seule présence qui provoquait ça.

-Non clairement pas. Tu es plus que ça.

Ses mots lui echapèrent presque. Elle était clairement plus qu'une patiente, restait à savoir ce qu'elle était pour lui.

-Et non tu ne vas pas bien. Pas besoin d'être medicomage pour s'en rendre compte.

Il attendit qu'elle dise quelque chose mais rien ne vint. Alors il reprit la parole.

-Je ne sais pas ce que tu as imaginé mais jamais je n'ai plus voulu te voir parce que j'avais décidé de sortir avec Mercy. J'étais avec elle pendant que tu étais avec Niven. Et il ne s'est rien passé ensuite.

Il était en train de se justifier alors qu'ils n'étaient même pas en couple. Cela lui fit bizarre mais il trouvait cela nécessaire.

-Je pense que tu t'es aussi bien amusé durant cette soirée !

Et oui il fallait le reconnaître, ce soir la il avait ressenti de la jalousie et cela lui avait fait peur.

Cette nuit là, elle avait deviné que quelque-chose clochait dans leur relation. Si vraiment il était question d’une relation sans attache et sans obligation, pourquoi avait elle ressenti cette jalousie alors qu’il avait vu Mercy prendre le visage d’Elio dans sa main sous les lumières des stroboscopes ? Pourquoi avait elle ressenti le besoin de le rendre jaloux à son tour alors qu’avec Niven il n’y avait jamais rien eut d’autre qu’une profonde amitié ?

Mais elle n’avait pas envie de parler de ça. De toute évidence, cette relation était inexistante. Il n’y avait rien à en faire, rien à en dire… Et comme elle regrettait de s’être attachée au Cooper. Comme elle aurait préféré qu’il n’y ait rien d’autre que du sexe entre eux. Elle n’aurait pas du s’attacher mais en réalité elle ne l’avait pas du tout vu venir. Et elle ne savait même pas ce qu’elle aurait du faire pour l’éviter…

Elle était triste mais la colère commençait à pointer le bout de son nez depuis que le Cooper l’avait accusée d’être irrespectueuse. Elle n’était pas parfaite. Elle était loin d’être la fille idéale et elle en était bien consciente. Mais à cet instant précis, elle ressentait une terrible injustice qui venait s’ajouter à la souffrance d’avoir perdu l’enfant qu’elle portait.

Elle n’avait pas envie de discuter. Elle avait envie qu’il parte. Elle avait envie d’être seule et de guérir sa peine. Elio, c’était de l’histoire ancienne. Ce n’était pas la plaie la plus béante qu’elle ait à panser. Mais réouvrir cette cicatrice encore jeune ce n’était vraiment pas pour l’aider. Encore moins quand il se la jouait médicomage en carton comme ça… Elle n’était pas sa patiente. Elle ne l’était plus. Et elle n’avait clairement pas envie de le re-devenir.

« Plus que ça ». Elle n’était même pas capable de s’attarder sur ces mots. Tout ce qu’elle essayait de faire c’était de lui dire qu’elle allait bien en espérant qu’il s’en aille. Et il avait raison. Elle n’allait pas bien. Elle n’allait vraiment pas bien. Et qu’il reparle de Mercy, de Niven… Et ce qu’elle s’était bien amusée à cette soirée ? Non. Fiasco total. Elle en a marre, elle veut qu’il parte.

- Non vraiment. Cette soirée a été un calvaire de A à Z, si tu veux tout savoir. Te voir avec Donovan, franchement, c’était déjà une surprise en soit. Et j’aurais pu passer au dessus de tout ça, si seulement t’avais daigné appeler, ou je ne sais pas, n’importe quoi. Donner signe de vie. Mais rien. Alors j’en ai déduit que t’étais avec elle et que c’était très bien comme ça. Et j’ai tourné la page.

Les larmes coulaient à n’en plus finir sur ses joues. Pourtant elle parlait particulièrement distinctement. Oui, elle avait été blessée. Oui cet instant avait été douloureux. Mais franchement, y’avait pire dans la vie. Vraiment pire. Pourtant, le voir là et en reparler ça n’aidait en rien la douce Juliet parce qu’elle savait dans le fond qu’elle avait été touchée et malheureuse.

- Je suis navrée. Je sais qu’on avait dit pas d’attache, rien. Et franchement si j’avais pu faire autrement, je l’aurais fait.

Son coeur saigne et son bas-ventre se tord. Elle ne sait pas ce qui est le plus douloureux à cet instant. Elle lutte pour rester debout et terminer le cheminement de sa pensée.

- J’ignorais que tu avais postulé à Sainte Marie. Je peux encore demander au Docteur Sanahuja de me redonner ma place s’il ne m’a pas encore remplacée.

Elle saigne… Elle le sent. Elle se remet à saigner. Comme si ce curtage n’aurait jamais finit de guérir… Il faut qu’elle s’assoit au risque de le regretter. Elle prend donc la direction du canapé, laissant sa baguette au sol et attrapant un plaid pour s’en envelopper, lui donnant ainsi une bonne raison d’appliquer ses bras sur son ventre pour espérer faire refluer la douleur.

Enfin il avait une explication. Enfin les morceaux se recollaient et il comprenait. Il avait vu autre chose pourtant lors de cette soirée. Il l'avait vu aussi flirter avec Niven. Et elle n'avait pas montré de signe envers Elio. A priori le voir avec Mercy n'avait vraiment pas plu à Juliet. Aurait elle réagit ainsi si cela avait été une autre femme ? Il savait bien que la Donovan intervenait en cours. Alors peut être qu'en effet cela lui avait fait drôle de le voir en compagnie d'une "prof". Sauf qu'il la connaissait avant d'avoir connu Juliet. Et même si cela n'avait pas été le cas, il avait le droit de fréquenter une autre femme.

Malgré cet accord qu'ils avaient convenus, il fallait croire qu'ils s'étaient fait avoir tous les deux.
Il écoutait la jeune femme, touché de la voir dans un tel état.
Et c'était assez fou de constater qu'elle lui reprochait exactement ce qu'il lui reprochait.
Elle confirma qu'elle s'était attachée à lui. Et il ressentit étrangement un soulagement. Sauf que maintenant, ses mots disaient clairement qu'elle avait tourné la page mais son corps exprimait autre chose. Alors qu'en penser ?

-Ce n'est vraiment pas ce que je te demande...
Je ne vais quand même pas t'empêcher de faire ton internat où bon te semble.

Elle alla s'assoir sur le canapé. Elle semblait vraiment éprouvée. Il garda le silence un moment. Il avait besoin d'intégrer ce qu'elle venait de dire. C'était la premiere fois qu'il la voyait pleurer et il n'était pas indifférent à sa détresse.
Pour le moment il ne savait comment envisager le travail. Il ne souhaitait pas forcément trouver une solution, pas maintenant. Il lui fallait être honnête envers elle, envers lui même.

-J'ai l'impression que nous avons vécu la même chose lors de cette soirée. Cela ne t'a pas plu de me voir avec Mercy. Et moi, je ne supportais pas de te voir flirter avec Niven. Mais je me disais que tu avais le droit, que je n'avais pas mon mot à dire puisqu'en effet on avait dit pas d'exclusivité.
Il ne s'est rien passé avec elle, une fois que nous sommes sortis du Vampire. Et je ne l'ai pas revu depuis.

Il fit une pause, passant sa main dans sa fine barbe.

-Ce que j'ai éprouvé ce soir là m'a fait peur. Car j'étais clairement jaloux. Je bouillonnais rien que de penser que tu puisses être aussi bien avec un autre homme. Alors c'est vrai que je ne t'ai pas contacté après. Parce que je me disais de toute façon que c'était OK. Je n'avais pas de nouvelle de ta part non plus. Je me rendais compte que je m'attachais sérieusement à toi et c'était pas ce qui avait été convenu...

Il vint s'assoir sur le canapé, ses avant bras posés sur ses jambes.

-Après j'ai voulu reprendre contact avec toi car même si cela me faisait peur, tu me manquais. Sauf que je n'ai pas eu de réponse. Donc j'en ai déduis que tu étais passée à autre chose, que tu ne souhaitais plus me voir. Cela me faisait mal car je n'ai pas compris ce silence, mais je devais faire avec. Je suis parti en vacances en Espagne pour me changer les idées, je me suis remis dans mes révisions, mais lorsque j'étais à Hung, je n'avais envie que d'une chose c'était de te croiser à nouveau.

Il se redressa et tourna la tête vers elle.

-Je pensais être capable d'avoir une relation détachée, d'être dans une relation sexfriend. C'était ce que je voulais. Mais faut croire que je me suis trompé car je veux te voir tous les jours. J'aimerai pouvoir être près de toi, de te toucher, de t'embrasser, de te dire combien tu es belle, et ce sans envisager qu'un autre puisse prendre cette place.

Son cœur s'emballait. Il avait joué carte sur table.
C'était quitte ou double.

-Maintenant si tu me dis de sortir, je le fais. Et je trouverai une solution pour l'hôpital.

Maintenant qu'il avait tout dit, si elle voulait vraiment qu'il sorte de sa vie, il le ferait. Parce qu'il ne pouvait pas être plus explicite.

Assise sur ce canapé, la blonde hausse les épaules alors qu’il précise qu’il ne va pas lui demander de retourner à Sainte Mangoust. Honnêtement, elle s’en ficherait un peu. Elle était particulièrement excitée à l’idée de rejoindre Ciri à Sainte Marie. Travailler au services de urgences et apprendre la traumatologie. Tout ceci la rendait particulièrement enthousiasme mais là elle se demandait si elle n’avait pas fait une erreur. En dehors du fait qu’Elio y serait aussi… Elle avait abandonné un service ou elle se sentait bien, ou elle était douée pour… l’inconnu version XXL. Il y a quelques semaines elle se sentait de taille à tout braver. Aujourd’hui… ce n’était pas vraiment le cas…

Elle a mal au ventre et au début, elle a bien du mal à se concentrer sur les mots qui sortent de la bouche du Cooper. Sa gorge de se serre pourtant alors qu’il lui raconte que c’était difficile pour lui de la voir flirter avec Niven. Instantanément elle regretta d’avoir poussé un petit peu sa relation avec Niven pour rendre Elio jaloux. Parce qu’elle ne pouvait pas dire le contraire… Même si Niven n’était qu’un ami, elle avait quand même joué de leur proximité.

- Je suis désolée… Niven est un ami. On est très proches. Mais il n’y a rien d’autre que de l’amitié entre nous.

Juliet adorait Niven. En quelques mois, il était passé du statut de vague connaissance à celui d’ami incroyable. Il était vrai que le Wright était du genre tactile et taquin et en apprenant à la connaitre Juliet l’était devenue aussi. Mais il n’y avait jamais rien eut de romantique entre eux. Une fois ils avaient essayé de s’embrasser. Juste pour voir. Et ça avait été l’un des plus gros fou-rire de la vie de la douce Blackthorn. Ce genre de fou rire qui fait mal aux côtés et qui essouffle comme rien d’autre.

Le ton est las, fatigué. Elle essuie ses larmes. Elle se sentait stupide d’apprendre qu’il ne s’était rien passé avec Mercy. Mais elle se sentait soulagée de savoir qu’il n’y avait rien de plus entre eux. Elle hoche doucement la tête alors qu’il annonce avoir eut peur de ses sentiments. C’est exactement ce qu’elle ressentait. Elle avait vraiment eut peur de s’attacher alors qu’ils avait expressément prévu de ne pas le faire. Enfaite… Non… Elle s’était rendue compte qu’elle était déjà attachée.

- Je n’aurais pas du profiter de la présence de Niv pour te rendre jaloux. C’était stupide… Au début tout allait bien et puis quand Mercy a commencé à se rapprocher de toi je me suis sentie très mal… Je n’ai pas osé venir te voir, te déranger… Je suis désolée…

Elle soupire. Ignore une crampe. En réalité, elle attendait des nouvelles d’Elio. Elle n’était pas passée à autre chose. Mais quand le Cooper avait décidé de prendre de ses nouvelles, elle venait d’apprendre qu’elle était enceinte et elle était au trente-sixième dessous. Pourtant elle ne le contredit pas. Elle est absolument incapable de lui parler de sa grossesse, de sa fausse-couche… D’une certaine façon, elle a honte. Elle n’a pas envie qu’il sache. L’avis qu’il se fait d’elle est déjà compliqué… si en plus il savait ça…

La douce Juliet se sent fébrile alors qu’Elio poursuit. Et tout ce qu’il raconte, c’est exactement tout ce qu’elle ressent. Elle aussi, elle se languit de lui les jours où ils ne se voient pas. Elle aussi, elle rêve de pouvoir le toucher et l’embrasser chaque jour sans se demander si elle est légitime à le faire. Quand à lui dire qu’il est beau et à l’entendre lui susurrer qu’il la trouve magnifique … Elle reste silencieuse plusieurs secondes. Parce qu’elle ne sait pas quoi dire… Enfin si, elle sait. Mais elle ne sait pas comment l’exprimer.

- Reste…

Elle déglutit. Elle ne sait pas quoi dire. D’un côté elle voudrait tout dire… Tout raconter. Mais elle ne s’en sent pas capable. D’un autre côté elle voudrait pouvoir effacer ces dernières semaines…

- Je ne veux pas de quelqu’un d’autre Elio…

Un ami. Seulement un ami. Elio espérait que tous ses amis ne se comportaient pas tous de cette façon avec elle ! Parce que oui, Elio était jaloux. Bon, ce n'était pas maladif non plus. On n'était pas sur un cas extrême. Il n'était pas non plus possessif. Mais clairement, s'ils étaient comme ça, il le vivrait assez mal.
Mais il fut rassuré par ses propos. C'était bête mais il avait convenu avec elle une relation toute sauf exclusive. À part pendant ses vacances, il n'y avait eu que Juliet. Il se demanda alors s'il y avait eu d'autres hommes pour elle...

Des excuses. Revirement de situation. Elle qui était si fermée au début, s'ouvrait de nouveau. Les tensions s'appaisaient. Elle avoua qu'elle avait joué le jeu pour le rendre jaloux. Et cela avait fonctionné.

-Tu as réussis ton coup,dit il en souriant légèrement.

Il expliqua ensuite ce qu'il avait sur le cœur. Il voulait qu'elle comprenne qu'elle comptait beaucoup pour lui, plus qu'il ne l'avait imaginé. Il ne voulait plus se passer d'elle. Bien que cela lui faisait peur, il voulait simplement être en couple avec elle.
Il lui laissa le choix. Si elle ne voulait plus de lui, il quitterait cette pièce et ferait en sorte de lui faciliter la sienne par la suite. Il s'en remettrait même si cela allait être une période difficile.
Les quelques secondes furent interminables.
Et enfin elle lui répondit. Son cœur s'allegea d'un coup. Non seulement elle ne le chassait pas mais en plus elle ne voulait que lui.

Alors il s'approcha d'elle, ouvrit son bras et l'invita à venir contre lui. Les mots n'étaient plus nécessaires pour le moment. Il profita de cet instant de retrouvailles. Il posa sa joue sur sa tête, humant son odeur. Comme il était bien à présent.
Mais il finit tout de même par briser le silence au bout de longues minutes.

-Qu'est ce qu'il se passe Juliet ?

Il savait que quelque chose n'allait pas. Et la voir ainsi, si fragile et si perdue le touchait vraiment.

Il y avait bien une raison si Juliet avait été si contrariée de voir Elio passer sa soirée avec une autre femme. Il y avait une raison si son esprit s’était emballé et avait imaginé le pire. Si elle avait regardé son téléphone des heures durant en espérant un appel ou un message de lui… Juliet n’était pas du genre jalouse. Elle était de celles qui étaient capable de confiance. Peut être de trop. Mais le fait est que la relation qu’ils avaient définit ne convenait pas à ce qu’elle ressentait.

Elle se pensait capable de coucher avec un homme sans qu’il n’y ait pas de sentiment mais c’était faux. Quand c’était arrivé, elle l’avait regretté. Elle n’avait jamais regretté les moments passés avec le Cooper. Pas un seuls. Même pas cette fois au Vampire où elle s’était ridiculisée… Elle avait chérit tout ces moments, elle chérissait encore ceux-ci comme des souvenirs précieux.

Elle s’était entichée de lui avec douceur. Comme lorsqu’on s’endormait pour glisser vers de beaux rêves. Elle ne l’avait pas contrôlé mais dans le fond ça ne la surprenait pas vraiment. Comment résister ? Il avait tout pour lui plaire, absolument tout. Elle se sentait en phase avec lui quand ils n’étaient rien qu’à deux. Ce qui lui faisaient faire n’importe quoi quand elle avait cru le perdre. Elle sourit pauvrement quand il lui dit qu’elle a réussit son coup. Ce n’était pas la chose dont elle était la plus fière.

Elle n’a pas envie de voir qu’il voit d’autres filles, mais en réalité, elle n’avait pas vraiment envie de voir d’autres garçons. En réalité, elle n’avait partagé le lit d’aucun homme depuis qu’elle avait connu ses draps. Elle aurait pu mais elle n’en avait ni le besoin ni l’envie. Et puis l’annonce de la grossesse lui était tombée dessus… Elle avait cru a tort être enceinte du Cooper.. Elle aurait préféré. Peut être.

Elle ne voulait que lui et c’est aussi simplement qu’elle l’exprime. Elle ne sait pas exactement ce que cela signifie pour eux mais… elle n’a pas vraiment envie de redéfinir les termes de leur relation maintenant. Pas alors que le Cooper ne lui ouvre son bras, laissant la douce Juliet s’y lover comme si la place avait toujours été la sienne. Elle sent la pression du bras et de la joue du Cooper qui l’étreint et elle ferme les yeux quelques instants. Son coeur s’apaise.

Ca ne dure pas longtemps malheureusement. Parce que son malheur la rattrape alors qu’Elio lui demande ce qu’elle a. La blonde garde les yeux fermés et déglutit. Elle se donne quelques secondes de réflexion. Si elle lui disait tout ça, est ce qu’il resterait là auprès d’elle ? Ou est ce qu’il quitterait cette pièce ? Elle ne voulait pas connaitre la réponse.

- Je t’expliquerais… mais pas aujourd’hui.

Elle n’a pas bougé. Elle n’ose même pas regardé le médicomage de peur de se remettre à pleurer. Elle pose une main sur son ventre vide. Ce ventre qui la tiraille. Mais ce n’est rien comparé a son esprit qui pleure encore cette perte.

- Je sais que je te demande beaucoup mais… s’il te plait. Pas aujourd’hui…

La demoiselle était loin d'être dans sa meilleure forme. Cela devait expliquer la tenue de nuit qu'elle portait encore en cette fin de matinée.
Et maintenant que c'était plus clair entre eux, il s'inquiéta légèrement. Que s'était il donc passé pendant leur éloignement ?
Il posa la question à Juliet mais elle préféra reporter l'explication. Il sentait que c'était un sujet lourd pour elle alors il respecta son choix. Maintenant il était présent et le moment venu, elle saura trouver une écoute auprès de lui.

-OK, lui répondit il d'une voix douce. Tu as besoin de quelque chose ?

Il vint lui poser un baiser sur le haut de sa tête pour lui faire comprendre qu'il ne lui en voulait pas, qu'il patienterait.
Ils restèrent ainsi un long moment en silence, savourant cette étreinte.
Il ne pensait pas s'enticher d'une personne aussi rapidement après le décès de Celenne. Certes, cela faisait deux ans, mais cela ne faisait pas si longtemps qu'il avait vraiment sortit la tête hors de l'eau.
Clairement cela lui faisait peur. Il ne savait pas ce que l'avenir lui réservait. Il ne savait pas ce qu'il pouvait se passer entre eux. Tout ce qu'il savait c'est qu'il se sentait vraiment bien aux côtés de Juliet. Alors autant essayer et ne pas trop se poser de questions. Il n'allait pas non plus la demander en mariage dans les jours à venir ! Ce n'était que le tout début et ils prendraient leur temps.

-Excuse moi si je t'ai blessé.

Il lui avait tout de même dit qu'elle était froide et irrespectueuse. Mais c'était sur le coup de la colère. Et lorsqu'il n'avait plus eu de nouvelles, il avait eu le temps de se faire des films.

-Dis moi, lors de cette soirée au Vampire. C'est le fait de me voir spécialement avec Mercy qui t'a déplu ? Est ce que tu es en mauvais terme avec elle ?

Il avait appris grâce à Juliet que la Donovan participait à l'enseignement. Mais il ne savait pas vraiment si elle l'appreciait ou non. Cela dit, maintenant qu'il avait vu Niven se comporter ainsi avec la Blackthorn, il ne savait pas vraiment comment il allait réagir en le revoyant. Il était certain qu'il n'aurait pas le même rapport.
Et il savait que de toute façon, vu que Mercy était dans la même branche de métier, il serait amené à la revoir.

Juliet n’est pas du genre à se laisser aller. Elle n’est même pas une lève tard. Trainer en pyjama c’était franchement pas dans ses habitudes. Mais il fallait avouer qu’en ce moment elle se laissait un peu aller… Ne pas se laisser submerger par le chagrin lui demandait toute son énergie et l’idée même d’enfiler une jolie tenue et de mettre du mascara semblait un concept inaccessible. Ceci dit… Elio l’avait déjà vu malade, ivre… le voila qui voyait la Juliet malheureuse comme les pierres.

Elle se sent un peu mieux depuis que le Cooper lui a ouvert son bras et qu’elle s’est lovée contre lui. Elle avait pourtant été particulièrement soutenue depuis qu’elle avait perdu son bébé. Elle avait vraiment des amis formidables. Mais à cet instant, tout contre le Cooper, elle se sentait un peu mieux. Pas au point d’être capable d’en parler. En réalité, elle craignait sa réaction. Et elle n’était pas prête à sacrifier les petites secondes de bien être qu’elle ressentait à cet instant…

- Non…

Elle n’avait besoin de rien si ce n’est de temps. Elle finirait par s’en remettre. Il y aurait toujours cette cicatrice mentale. Mais elle pourrait vivre avec une fois que celle-ci serait bien refermée. Ce n’était pas la première, ce ne serait pas la dernière non plus..

La blonde sort son bras du plaid et le passe en travers du torse du Cooper alors qu’il l’embrasse dans les cheveux. Elio agit comme un baume sur le coeur de la blondinette. Pourtant, elle sait qu’elle n’aurait pas du s’attacher à lui. Il ne correspondait absolument pas aux standards imposé par ses parents… Mais elle n’avait pas la force de réfléchir à ça. Tout ce qu’elle était capable de certifier aujourd’hui, c’est qu’elle se sentait beaucoup mieux quand il était près d’elle. Elle lève les yeux vers lui alors qu’il s’excuse. En réalité, elle l’a déjà mille fois pardonné. Elle s’est déjà excusée alors. Elle se contente d’un sourire et d’un regard tendre avant de se nicher de nouveau contre son épaule.

La question qui lui pose demande quelques secondes de réflexion à Juliet. Est ce que c’était parce que c’était son enseignante ? Est ce qu’elle aurait réagit de la même façon avec n’importe qu’elle femme ? Elle se mord la lèvre avant de répondre :

- Je… pense qu’avec n’importe qu’elle femme j’aurais eut un pincement au coeur. Mais ça m’a fait bizarre que ce soit Mercy Donovan… le fait que ce soit mon enseignante… oui c’était étrange pour moi.

Elle marque une pause. Elle hésite entre la curiosité naturelle qu’elle ressent et son goût pour la politique de l’autruche. Elle a envie de savoir quels sont les liens qui les lient mais d’un autre côté elle a peur d’être blessée par la réponse. Sans regarde le Cooper, toujours dans ses bras, elle demande simplement :

- Tu… la vois souvent ?

Le sujet revint sur la soirée au Vampire. Elio l'avait relancé car il était curieux de savoir si c'était Mercy le problème ou si elle aurait réagit de cette façon avec une autre femme.
Clairement, cela l'aurait aussi blessée s'il avait été en compagnie avec une autre femme. Mais le fait qu'elle connaissait la Donovan accentuait le pincement au cœur le rendant plus mordant.
Et il pouvait le comprendre...

-Non.

Il se doutait que derrière cette question, elle désirait en savoir plus sur leur relation. Alors autant être franc avec elle, chose qu'il faisait depuis le début de leur relation.

-Je l'ai connu lorsque j'étais étudiant, et elle infirmière. Elle a certainement été la première personne à être face à ma détresse après la mort de Celenne.
Puis il y a plusieurs mois de ça, pour la soirée Halloween au Vampire, mon frère et mon cousin m'ont poussé à y aller. Je n'avais pas remis les pieds en soirée depuis mon retour de mon hospitalisation.
J'avais peur puisque je savais que j'allais me retrouver dans un milieu avec de l'alcool et je ne savais pas comment j'allais reagir. Je craignais aussi de devoir me retrouver face à des personnes avec qui j'avais traîné en soirée.
Ça n'a pas loupé. J'ai retrouvé un pote de soirée, Peter, mais bizarrement j'étais heureux de le revoir.
Bref, les gars se sont mis en tête de me trouver charmante compagnie. Matéo a commencé à aborder une fille que je ne connaissais pas. Et puis j'ai vu Mercy. Je la connaissais, elle. Et j'étais plutôt heureux de la revoir.
Elle a été en quelque sorte ma bouée de sauvetage de cette soirée puisque me voyant en compagnie d'une femme, les gars m'ont laissé tranquille.
Et je ne m'y attendais pas du tout, mais cette fois là, on a passé la nuit ensemble.

Il fit une pause. Sa main caressait les cheveux de Juliet.

-Ce fut la seule fois. Et je ne l'avais pas revu jusqu'à cette fameuse soirée ensemble.

Autant dire qu'elle avait été la première femme à passer dans son lit depuis le décès de Celenne.
Et cela lui avait fait un bien fou,apres un an d'abstinence.

-Après le décès de Celenne, j'ai vraiment fait de la merde et j'ai couché avec pas mal de femmes. Je ne suis même pas certain de m'en rappeler de toutes, tellement j'étais à la ramasse.
Après mon hospitalisation, enfin un an après, il y a eu Mercy. Puis toi. Et toi. Et encore toi, termina t il en souriant.

Lovée dans le creux de ses bras, Juliet se sent un peu mieux. Au moins se sentait elle en sécurité et entourée d’une affection qui prenait des proportions telles qu’elle n’aurait même pas osé l’espéré. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir comme une menteuse. Comme une dissimulatrice. Elle aurait aimé pouvoir tout déballer, tout dire, tout raconter. Mais égoïstement, elle était incapable de renoncer à la petite bulle réconfortante qu’il lui proposait ainsi, depuis qu’il lui avait ouvert son bras et son coeur.

Pourtant, elle ne peut s’empêcher de l’interroger sur ce qui le lie à Mercy Donovan. C’est amusant… elle appréciait beaucoup la chargée de T.D. en Médicomagie. Elle appréciait sa bonne humeur, sa pédagogie, ses méthodes innovantes. Elle n’avait pas eut de cours avec la jeune femme depuis, mais Juliet avait l’impression que désormais ces T.D. seraient… particuliers.

Comment ne pas avoir confiance en le Cooper alors qu’il se met à tout raconter dans les moindres détails… Peut être un peu trop même. Alors elle l’écoute raconter sa « relation » avec la Donovan. Elle se sentit légèrement mal à l’aise quand il annonça qu’il avait effectivement couché avec elle il y a plusieurs mois de ça. Donc elle n’était pas complètement folle. Il y avait bien eut quelque-chose entre eux, tout ceci n’était pas seulement le fruit de pensées jalouses.

- Ca se sentait… qu’il y avait eut quelque-chose entre vous.

Elle revoit encore comme si c’était hier la Donovan attraper entre ses gr… ses doigts le visage d’Elio et être prêt… si prêt que Juliet avait cru une seconde qu’ils s’étaient embrassés. Elle aurait préféré oublié cette image.

Elle savait que le décès de Celenne avait précédé une phase auto-destructrice chez le Cooper. Elle en connaissait es détails au fur et à mesure qu’elle le fréquentait. Elle mesure à cet instant le gouffre qui les sépare. Elle n’a eut que quelques aventures qui étaient encore très fraiches dans sa mémoire tandis qu’Elio ne se rappelait pas de toutes ses conquêtes. Il avait finit à l’hopital et elle… avec le fantôme d’un enfant…

Elle lève les yeux vers lui alors qu’il lui explique que depuis Mercy, il n’y a eut qu’elle. Elle entendait le sourire dans sa voix et elle avait besoin de le voir de ses propres yeux. Le visage souriant d’Elio lui fait un peu de baume au coeur, si bien qu’elle esquisse un sourire à son tour malgré que les sillons de larmes soient encore visible sur ses joues.

- Il n’y a eut que toi aussi… depuis… depuis…

Elle ne sait pas exactement comment le dire. Depuis leur première fois ? Ce n’était pas sa première fois à elle, encore moins à lui. Depuis « eux » ? Elle ne sait même pas exactement à quoi se résume ce « eux » aujourd’hui. Et comme pour sa fausse couche, elle ne se sent pas assez courageuse pour aborder la question.

- … les cookies.

Elle se sent un chouilla ridicule mais au moins peut-elle se targuer d’être explicite.

Elio se mit à rire lorsqu'elle fit référence aux cookies. Cette soirée resterait certainement gravée dans sa mémoire, à moins qu'il subisse un jour un sort "oubliettes" mais inutile de penser l'impensable.
Mais il se rendit compte très vite qu'elle avait certainement mal compris ses propos. Oui elle avait été la seule finalement lorsqu'ils se fréquentaient. Mais ce fut loin d'être le cas pendant ses vacances. Il était pourtant soulagé et flatté d'avoir été le seul à partager la couche de la jeune femme depuis cette fameuse soirée "cookies",alors pourquoi ce sentiment désagréable qui venait pointer le bout de son nez ?

-J'aimerai être plus précis sur un point...
Tu as été la seule tant que nous étions en relation. Lorsque je me suis dit que tu ne voulais plus de moi, je suis parti en vacances et, comment dire, j'en ai profité...

Il n'allait pas lui donner de détails, elle comprendrait toute seule. Et puis il se voyait mal préciser qu'il avait même passé une nuit avec deux femmes.

-J'essayais de passer à autre chose.

Pourquoi tenait il à se justifier ? Il avait l'impression de la trahir alors qu'il n'y avait rien de justifié.
Il ne voulait pas ternir son image aux yeux de la belle. Et il ne souhaitait pas lui mentir non plus. La franchise était pour lui quelque chose d'essentiel dans une relation, qu'elle que soit celle ci.
Il décida de passer sur un autre sujet qui le mettait moins dans l'embarras.

-Tu vis ici depuis un moment ? Moi j'étais resté à l'époque où tu vivais chez ton frère...

Peut être s'était elle disputé avec lui. Ou alors il y avait eu quelque chose au sein de la famille pour que Juliet décide de trouver refuge chez des amis. Car clairement, cela avait tout l'air d'un refuge.

Il vit la tasse sur la table basse, encore pleine.

-Tu as mangé ? Si tu veux je te prépare un petit dej.

Elle avait repris quelques couleurs. Peut être était ce sa propre chaleur corporelle qui lui permettait de retrouver un peu de rose aux joues. Mais elle paraissait tout de même affaiblie. Alors il cherchait ce qu'il pouvait faire de plus pour son bien être.

Elle avait beau avoir profité, elle avait beau avoir pas mal papillonné… Juliet n’avait ressenti ni le besoin ni l’envoie de cotoyer un autre homme depuis qu’elle était devenue intime avec Elio. Malgré leur accord, celui de ne pas s’engager, elle n’avait tout simplement pas eut l’occasion. Et peut être même que si elle l’avait eut, elle ne l’aurait pas saisit.

Puis ils n’avaient plus eut de contact, puis elle avait su pour sa grossesse. Autant dire que la douce Blackthorn n’avait plus vraiment la tête à ça depuis des semaines. Visiblement, ce n’était pas le cas d’Elio qui avait bien profité de ses vacances. Silencieuse, elle l’écoute lui expliquait qu’il essayait de passer à autre chose. Elle ne savait pas vraiment quoi penser de tout ça. Evidemment, imaginer Elio avec une autre femme est douloureux. Mais elle ne lui en voulait pas. Comment le pourrait elle ? Elle l’avait ghostée. Ils n’étaient pas ensemble. Elle n’avait rien à dire.

- Je vois…

Elle hausse les épaules. Elle ne pose pas d’avantage de questions. A vrai dire, elle n’a vraiment pas envie d’en savoir plus. Comme toujours… la politique de l’autruche. Ce qu’on ne sait pas ne peut pas blesser n’est ce pas.

- Je suis désolée… J’aurais aimé que ce soit plus simple.

Elle se sent tellement de mauvaise foi à demander ça alors qu’elle même n’est qu’à moitié sincère. Elle ne ment pas mais elle omet clairement les événements dramatiques qu’elle a pu traverser. Elle a peur. Peur de son jugement peut être. Peur qu’il ne se dise que finalement, elle n’était pas vraiment la fille qu’il voulait cotoyer.

Elio lui demande si elle habite ici et encore une fois, elle ne peut pas vraiment être totalement sincère parce qu’elle ne peut pas lui dire pourquoi. Luce voulait garder un oeil sur elle. Tant sur son état de santé mental que sur les suites physiques de sa faute couche.

- Disons que je vivote ici et ailleurs. Mais en septembre j’aurais mon appartement. J’en avait un peu marre de vivre au château.

Elle sourit pour dissimuler son malaise. C’était Ciri qui lui avait proposé de prendre la place de sa colocataire qui était diplômée et qui partait travailler ailleurs. Elle était vraiment contente de vivre avec son amie, d’avoir son chez elle. Mais il fallait encore attendre Septembre.

- On sort plutôt ? J’aimerais bien prendre l’air.

Répond-elle alors que le Cooper lui propose de lui faire un petit-déjeuner. Elle a beau vivre ici, elle ne se sent pas chez elle et elle préférerait éviter de faire le bazar dans la cuisine de Luce. D’ailleurs, elle était à peu près sûre que la jeune femme ne serait pas très contente de la voir ici avec Elio. Et elle avait vraiment envie de sortir, sans compter son envie de prolonger cet instant avec le médicomage.