Juliet avait sursauté en sentant son téléphone vibrer dans son sac à main tandis qu’elle suivait son cours de potions du lundi matin. Puisqu’il s’agissait d’un cours théorique ce matin, elle se permis de récupérer son smartphone pour y jeter un coup d’oeil. Elle senti son coeur s’accélerer tandis qu’elle lisait le prénom qui s’affichait sur l’écran. « Elio Cooper ».

Elle hésita un instant avant de l’ouvrir. Voila près de vingt quatre heures qu’elle avait envoyé un message au jeune homme qui l’avait raccompagné chez Kaiden hier soir alors qu’elle était… très alcoolisée. Elle lui avait écrit pour s’excuser mais n’avait pas eut de retour depuis… maintenant. Elle craignait un peu ce qu’elle allait lire en ouvrant ce message… et puis elle était en cours…

La curiosité fut plus forte. Elle ouvrit le message et senti un léger poids se retirer de sa poitrine. Il ne semblait pas lui en vouloir. Elle en était rassurée parce qu’elle était un peu honteuse de la façon dont elle avait terminé son samedi soir. Et son frère en avait rajouté une couche du dimanche. Malgré le cours qui se déroulait face à elle, la jeune femme était très attentive à son téléphone. Les messages échangés se faisaient de plus en plus rapidement et il fut convenu que les deux jeunes gens se verraient dans l’après midi pour « dissiper ce léger malaise ».

Le fait est que la jeune Blackthorn n’avala rien de l’heure du midi. Elle était incroyablement… stressée ? Elle regardait son téléphone, comme si elle s’attendait à ce que le Cooper ne change d’avis. La premiere fois qu’elle avait croisé Elio il s’était occupé d’elle, la seconde, elle avait fait connaissance et apprécié l’ancien étudiant en médicomagie… la troisième avait été une catastrophe. Qu’est ce qui l’avait prit de l’embrasser ? Non pire… Elle lui avait presque sauté dessus avant de se retrouver les fesses par terre sur un sol des plus douteux.

A quatorze heures moins cinq, la jeune femme se décida à quitter la table qu’elle occupait dans la grande salle. Elle referma ses livres et rangea le tout pour se mettre en chemin vers l’entrée du château. Elle passa les grandes portes qui étaient ouvertes et croisa le regard d’Elio qui arrivait. Elle le laissa arriver jusqu’à elle, la blondinette affichait un sourire gêné quand il arriva :

- Hey..

Elle se retrouvait plantée face à lui sans savoir quoi faire… Est ce qu’elle devait lui faire… la bise ?

Un SMS. Juste un petit SMS. Mais celui ci fit plaisir au Cooper. Il ne s'attendait pas à avoir des nouvelles de Juliet. Samedi dernier il avait cru qu'il y avait un désir partagé. Il avait envisagé de passer la nuit avec elle. Mais c'était avant qu'il ne se rende compte qu'elle était complètement ivre. Et il ne passait pas la nuit avec une fille qui ne maîtrisait plus grand chose. Il n'était pas ce genre de mec. Cela s'était donc terminé devant la boutique de Kaiden, où la jeune femme était rentrée pour se reposer.

Lui, il avait eu le temps de prendre une douche, manger un bout et d'enchaîner avec le boulot.
Et la journée fut longue ! Lorsqu'il ne travailla pas, il dormit pour récupérer ses heures de sommeil perdues. Alors il ne répondit pas tout de suite à Juliet.
Il pu le faire que ce matin même. C'était bien la première fois qu'une fille s'excusait de l'avoir embrassé. Mais il connaissait ce sentiment de gêne, voir de honte, pour avoir lui même avoir eu un comportement indécent lorsqu'il abusait de l'alcool.
Elle fut pardonnée rien qu'à la réception de ce SMS. Et de toute façon, elle l'était lorsqu'il l'avait raccompagné chez si frère. Il ne pouvait lui en vouloir de l'avoir embrassé puisqu'il avait apprécié ce baiser.

Souhaitant certainement se rattraper la jeune femme lui proposa une nouvelle soirée. Mais Elio n'était pas certain que ce soit une bonne chose que de la revoir avec de l'alcool auprès d'eux. Ils echangerent plusieurs SMS jusqu'à convenir de ce voir l'après midi. Il ne savait pas trop pourquoi il lui avait proposé ce rendez vous. Certainement qu'il avait envie de la revoir. Et elle avait accepté.

Après avoir fait le ménage dans l'appartement (oui parce que Elio a beau avoir un boulot en semaine, Mateo avait du mal à y mettre du sien pour le rangement) et déjeuné, il prit la direction de l'université.
Le dispositif de sécurité avait été renforcé avec ce qui était arrivé aux elfes. On ne rentrait plus comme ça dans l'enceinte du château. Mais cela ne posait pas de problème à Elio vu qu'il bossait aux cuisines.

Arrivant à l'entrée du bâtiment, il aperçu Juliet et vint vers elle. Il était légèrement mal à l'aise. Devait il lui faire la bise ? Ne sachant que faire il préféra s'abstenir.

-Salut, lui dit il en souriant.

Vu le temps ensoleillée de la journée Elio était vêtu d' un jean, d'un tee-shirt blanc et d'une veste légère. Rien de bien extravagant.

-ça te dis que l'on se promène un peu dans le parc ?

Autant bouger pour dissiper le malaise qui planait non ?
Il lui emboita le pas.

Comment s'est passé ta matinée ?

Il fallait bien commencer par un sujet de discussion. Et il ne se voyait pas aborder de suite leur soirée. D'ailleurs allaient il en parler?

Elle le voit au loin arriver et elle esquisse un sourire. Elle ne sait pas exactement pourquoi. Elle le trouve très beau, marchant vers elle, le soleil illumine son visage et de loin elle imagine son regard se plisser pour se protéger des rayons. Elle le regarde arriver avec une certaine appréhension, ne sachant pas vraiment s’il lui en veut, s’il la méprise pour son comportement de la nuit d’avant… Parce qu’il y a quelque-chose en elle qui veut plaire au Cooper. C’est ce quelque-chose qui a créé cette petite boule de stress dans son ventre.

Elle l’attend sur le parvis du château et elle le regarde monter les quelques marches qui les sépare avant de le saluer. Elle ne savait pas trop comment réagir… En temps normal elle lui aurait sûrement fait la bise mais vu qu’ils s’étaient embrassés il y a moins de quarante-huit heure c’était bizarre non ? Voyant qu’il n’esquissait aucun mouvement, elle se contenta d’un sourire avenant.

Il lui proposa d’aller se promener et elle était contente de porter de petits mocassins noirs plutôt que des escarpins. Elle portait une robe jaune moutarde dont les longues manches la dissimulent ses poignets mais dévoilent ses jambes à la peau d’albatre. Ses cheveux sont attachés en chignon qui lui donne un air de danseuse et ses yeux bleus sont rehaussés d’une pointe de mascara. Elle hoche la tête et descend les marches à côté du Cooper pour rejoindre le chemin qui mène vers le parc.

Elle est contente qu’il rompe le silence tandis qu’ils ont commencé à marcher. Elle lui est aussi reconnaissante qu’il n’entame pas de suite leur discussion sur leur soirée ratée. Elle prend une seconde pour réfléchir à sa réponse avant de dire :

- Bien. Même si je n’ai pas été très attentive en potions… J’ai un T.P. de médicomage cette après midi et je termine avec un cours d’Etude des Runes.

Elle sourit et lui demande :

- Et ça été ta journée d’hier ?

Elle se doute qu’il n’a pas du beaucoup dormir. Elle ignore a quelle heure elle s’est retrouvée dans son lit mais elle se doute qu’il devait être tard et que le Cooper devait commencer tôt…

Lorsqu'il vit Juliet, il se remémora le collier qu'elle lui avait montré et notamment le soleil qui la représentait au sein de sa fratrie.
Elle était vraiment belle dans cette robe jaune, la nuque dégagée grâce à ses cheveux relevés en chignons.
Afin de se mettre à l'aise, Elio proposa à la jeune Blacthorn de faire quelques pas dans le parc. Il faisait beau alors autant en profiter.

Ils entamèrent la discussion sur leurs journées respectives.

Tu sais quel sera le sujet du TP cette aprem ?

Il avait vraiment apprécié les TP lorsqu'il était étudiant car ils voyaient des cas concrets. Comment soigner une plaie béante. Comment évaluer la douleur d'un patient. Comment réagir face à une crise historique etc...

Il soupira lorsqu'elle lui demanda comment s'était passé son dimanche.

La journée à été longue ! Déjà que la cuisine n'est pas de tout repos mais en plus les elfes sont stressés avec ce qu'il vient de se passer. Alors cela demande une double vigilence si on ne veut pas que les plats ne prennent feu par inadvertance.
Et à ma pause j'ai dormi, ajouta t il avec un léger rire.
C'est pourquoi je ne t'ai pas répondu de suite.


La journée passée avait eu le même rythme qu'un jour de garde en hôpital. La même intensité, la même fatigue. Heureusement ce n'était pas un gros dormeur. Il n'avait pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil pour se sentir en forme.

Elio repéra un visage connu.

Tiens regarde qui voilà...

C'était le mec qui s'était approché de Juliet lorsqu'Elio s'était absenté. Elio osa lui faire un signe de la main. Et il eu la satisfaction de se dire que c'était lui qui était encore aux côtés de la jeune femme et non ce gars là. Après tout il s'était fait passé pour son petit ami au nightclub. Et les voir ensemble pouvait que prouver le bien fondé de cette relation.
Il hésita un instant à prendre la main de Juliet, histoire de continuer de jouer le jeu, mais il se dit que cela n'était pas forcément approprié. La jeune femme était sobre et il doutait qu'elle soit dans le même type de relation que la nuit d'avant.

Le temps est doux et le soleil abonde dans cette partie du parc. Il faut dire que le mois d'avril a été particulièrement pluvieux alors tout le monde est soulagé de voir l'astre du jour pointer de nouveau le bout de son nez. Le parc du château est grand, entrelacé de divers chemins que Juliet connait par coeur pour les avoir parcouru avec Victor des centaines de fois. Pourtant cette fois, elle laisse guider le Cooper. Ils marchent sans vraiment faire attention de l'endroit où ils vont, sans but autre que celui de discuter un petit peu, d'apprendre à sa connaitre.

Parce que c'est exactement ce qu'elle espère, la douce Juliet. Apprendre à connaître Elio. Qu'il ne soit plus simplement le jeune médicomage qui l'a sauvé en mars dernier. Elle ressent cet étrange besoin d'être proche de lui, elle ignore pourquoi. Malgré les déboires de leur soirée passée ensemble, elle se sent bien tandis qu'elle sent parfois son avant bras frôler le sien. Elle discute de façon légère, racontant sa journée et répondant à ses questions.

- Les ponctions et biopsies,  je n'ai pas eu l'occasion d'en faire beaucoup en stage mais ça devrait être intéressant. Tu as du les étudier.

C'était le souci de son stage de psychomagie. Elle maitrisait parfaitement la relation patient/médecin, la médicamentation... mais elle avait quelques lacunes en gestes techniques et ce genre de travaux pratiques lui demandaient un peu plus d'effort qu'elle le rechignait pas à réaliser. Elle tourna son regard vers le Cooper. C'était une affirmation mais en réalité ça sonnait comme une interrogation. C'était malgré tout assez logique puisqu'il avait arrêté ses études bien après sa troisième année. Elle se demandait toujours pourquoi d'ailleurs...

Elle prefere l'interroger sur son propre travail et elle sourit tristement en entendant le Cooper mentionner la terrible découverte qu'avaient pu faire certains étudiants issus du monde moldu. Elle avait été scandalisée en entendant cette histoire remonter jusqu'à elle. Un summerbee de premiere année en avait été victime et elle n'avait cessé de penser à ça tout du reste de la journée. Certains disaient qu'il s'agissait d'une mauvaise farce... Juliet trouvait que tout ceci sonnait comme une nauséabonde menace.

- J'ai été affligée d'entendre ce qu'il s'est passé... est ce que les elfes avec qui vous travaillez sont tous sains et saufs ? J'ai entendu dire que c'était le cas mais l'université peut essayer de minimiser les évènements pour éviter la panique alors...

Elle lui avait adressé un sourire tandis qu'il expliquait avoir dormi avant de lui répondre. Ce n'est pas elle qui lui en voudrait. Juliet était une veritable marmotte... elle aimait beaucoup dormir et elle remerciait souvent Merlin d'avoir des facilités dans certaines matières parce que sinon elle serait obligée de passer plus de temps à la bibliothèque et moins de temps dans ses draps.

Elle regardait ses pieds quand Elio lui demanda de regarder un peu plus loin. Sur le coup, elle ne comprit pas vraiment ce qu'il voulait lui montrer jusqu'à croiser le regard de Maxence Anderson. Lufkin, futur médicomage, 8eme année. Beau comme un dieu mais prétentieux à mourir. C'était aussi le type qui l'avait abordé quand Elio était parti lorsqu'ils étaient au Vampire.

- A croire qu'il ne sort de sa tanière que quand tu es près de moi celui-ci.

Précise-t-elle en riant. Elle s'amuse du geste de la main d'Elio et du regard interloqué du Bleu. S'apprétant à passer devant lui tandis qu'ils continuaient à marcher, la blondinette chuchota :

- Tu permets ?

Et sans plus attendre, elle attrape la main du Cooper dans la sienne pour passer devant l'étudiant. Elle connait cette main et pourtant elle savoure de la même manière que les fois précédentes lorsqu'elle touche sa peau. Même si elle sait que c'est factice. Elle ajoute toujours en chuchotant :

- Je pense que le message est passé.

En lançant le sujet sur les études en médicomagie, Elio partait en terrain connu. Il est vrai que ce n’était pas dans ce domaine qu’il allait forcément en apprendre beaucoup sur la jeune femme...quoique. Après tout chaque docteur était différent. Chacun avait son approche avec les patients, chacun était plus attiré vers un domaine qu’un autre. Finalement il pouvait en savoir davantage sur Juliet avec ce qu’elle aimait ou pas dans le domaine médicomagique. A une nuance près, elle n’était qu’en troisième année. Elle avait à peine effleuré le domaine.

-Oui en effet. J’ai même pu faire des ponctions lombaires en hôpital, ainsi que des biopsies dont une sur un poumon. C’est toujours « Big eyes » qui fait les TP ?

Il s’agissait d’un intervenant extérieur qui se déplaçait que pour diriger les TP. Un vrai médicomage qui donnait de son temps aux étudiants. Il était assez bourru au premier abord mais aussi très intéressant. Et il portait des lunettes qui grossissait ses yeux, d’où le surnom.

-Mais tu auras l’occasion de faire des biopsies sur le terrain. Enfin si tu décides d’aller voir d’autres services que la psychomagie.

Il savait qu’elle était actuellement intéressée par ce domaine mais il ne savait pas ce vers quoi elle souhaitait se diriger. Mais le savait-elle ?
Il avait aussi fait un stage court dans ce service. Mais il était vite passé à autre chose. Les maladies psychomagiques étaient intéressantes, il n’allait pas le nier, mais cela manquait d’action. Il y avait beaucoup d’observation en psychomagie. Et il était plus à l’aise dans l’urgence.

La discussion s’orienta vers les mutilations des elfes. Il fut agréablement surpris par le point de vue de la demoiselle. Étant une sang pur, elle devait certainement avoir des elfes de maison au service de sa famille. Pourtant elle avait l’air de se soucier de leur condition, du moins physique.

-Oui ils vont bien. Enfin je veux dire qu’ils n’ont pas subi de mutilation. Mais ils sont terrifiés.

Il ne poussa pas plus loin le sujet des elfes de maison qui pouvait amener à un grand débat sur le thème de l’esclavage. Et il avait déjà bien écrémé ce sujet avec Kash. Il ne souhaitait pas rentrer des des sujets qui pouvaient être sensible. Du moins pas pour le moment.

Puis leur chemin croisa celui qui avait essayé d’accoster Juliet durant leur dernière soirée. Et à croire qu’elle eut lu dans ses pensées, elle lui prit la main. Il la laissa faire, l’autorisant de ce fait. Son pouce vint caresser la main de la demoiselle tandis qu’il passait à côté de l’étudiant.
Il se tourna vers l’arrière pour observer la réaction du jeune homme. Et il éclata de rire lorsque son regard croisa de nouveau celui de l’étudiant qui s’était retourné aussi, tout en continuant son chemin.

-Oui je pense qu’il ne t’importunera plus.

Il savoura encore un instant la sensation de sa main dans la sienne. Mais ils n’allaient pas continuer ainsi ?

-Je vais reprendre ma main, sinon tout ceux que nous croisons vont croire que l’on est ensemble, dit il en arrêtant le contact tactile. Et je ne voudrai pas gâcher tes chances pour des prétendants.
Ah moins que tu ne sois déjà promise ?

Il en doutait fortement, vu le comportement de la jeune femme à son égard lors de leur dernière soirée. Ou alors, il s’était vraiment trompé sur la jeune Blackthorn.
Mais elle avait peut être des vues sur d’autres hommes.

Juliet était étudiante en médicomagie par choix. C’était bien la seule partie de sa vie qu’elle avait pu choisir avec pleine et entière liberté. Elle était la petite dernière, elle n’hériterait pas de l’entreprise familiale, ni du cabinet d’avocat de son oncle. Le seul intérêt qu’elle représentait pour sa famille, c’était celle d’une union fructueuse : un mari bien né, de préférence avec un nom connu et reconnu et qui pourrait apporter richesse et prospérité à son foyer. Tout un programme… Elle avait donc choisit la médicomagie parce qu’elle aimait profondément l’idée d’être utile, de soigner, d’apaiser. C’était comme une seconde nature. Alors parler de ce métier qu’elle idolâtrait, ça lui allait parfaitement. Elle commence donc par répondre à la question du Cooper s’agissant de son professeur.

- Non, il est parti aux Etats-Unis en début d’année et c’est une jeune assistante qui a reprit le flambeau. Mercy Donovan, elle est très compétente.

Juliet appréciait beaucoup la nouvelle chargée de T.P. Elle appréciait l’ancien mais les cours avec Miss Donovan étaient vraiment dynamiques. Il arrivait même que la blondinette ose prendre la parole, un peu moins intimidée que lorsque c’était l’éminent professeur de médecine qui dispensait les cours.

Le Cooper avait d’avantage pratiqué qu’elle et ça ne l’étonnait pas. En réalité, la psychomagie ne permettait pas de pratiquer les actes médicaux. Parfois, ça lui manquait un peu et elle avait de la chance que le Docteur Kashmiri prenne ses besoins d’étudiante au sérieux et lui proposaient parfois d’aller pratiquer dans d’autres services.

- A vrai dire, j’adore cette matière mais c’est vrai qu’elle est assez pauvre en actes…

Elle hésitait un peu sur la matière qu’elle allait choisir. Il lui restait quelques semaines pour se décider et elle se laissait jusqu’au dernier jour. Au pire, il y aurait toujours le droit au remord mais… elle préférait faire le bon choix tout de suite si elle pouvait. Peut être qu’Elio pourrait l’orienter.

- Tu avais choisis quelle spécialité toi ?

La discussion tournait autour de cette sombre histoire d’oreilles coupées. Juliet n’était pas une grande défenseuse des elfes de maison, mais elle les considérait malgré tout comme des êtres doués de conscience et qui ne méritaient pas de souffrir. Surtout que l’image renvoyée par cet act était nauséabond. Elle avait lu cet article sur les anciennes pratiques de mutilations des elfes… les sangs purs le faisaient pour affirmer leur domination. Parfois, elle avait honte d’être potentiellement considérée comme telle… Mais elle n’avait pas choisit sa naissance alors… Elle faisait du mieux qu’elle pouvait. Elle était tout de même soulagée de savoir que les elfes d’Hungcalf n’avaient pas été les victimes de cet ignoble acte…

- Il y a de quoi être terrifiés… J’espère que les responsables se feront rapidement attraper… le climat actuel est vraiment délétère.

Croisant le regard de Maxence-le-prétentieux, la blonde avait attrapé la main d’Elio, poursuivant la mascarade qu’il avait commencé quarante huit heures plus tôt. La main chaude d’Elio entourant la sienne, c’était déjà quelque-chose. Mais son pouce qui caressait le dos de la main de la blondinette c’était… Elle aurait pu rester ainsi des heures mais après avoir constaté qu’il ne l’embeterait plus, il lui rendit sa main.

Elle rit tandis qu’il soulignait que c’était risqué d’agir ainsi, prétextant qu’elle pourrait perdre ses chances auprès qu’un potentiel prétendant et l’interrogeant de façon à peine détournée sur ses fiançailles. Elle rit parce que c’était … étrange. Etrange de croiser la route de quelqu’un n’ayant pas connaissance de ces récents déboires maritaux.

- Pardon. C’est rare pour moi de croiser quelqu’un qui ne connait pas le détail de ma vie maritale.

Et se sentant en confiance, elle commença à raconter.

- J’ai été fiancée le jour de mes vingt et ans. Une surprise pour moi sachant que ma soeur aînée ne l’était pas encore. On est devenu amis d’abord puis… je suis tombée amoureuse. Lui aussi. Mais… de mon cousin. Ca c’est assez mal terminé…

Mercy?!

Allons bon. Elle donnait des cours maintenant ? À l'évocation de ce prénom, son esprit se remémora la nuit passée avec elle. Et ce n'était clairement pas respectueux envers la jeune femme qui se tenait à ses côtés ! Il ignorait qu'elle avait un tel poste. Depuis quand l'avait elle au juste ? Parce qu'il pensait qu'elle n'avait plus de liens avec les étudiants lorsqu'il l'avait revu lors d'halloween.
Le regard de Juliet se fit interrogateur.

Je l'ignorais. Je l'ai connu lorsqu'elle était infirmière ici. Et c'est la sœur de mon chef cuisto, se rattrapa t il.

Il sentit ensuite l'hésitation de la jeune femme concernant le choix de son domaine.

-Medicomage urgentiste. C'est top. Tu es vraiment dans le feu de l'action. Tu fais plein de manipulation, tu dois déterminer rapidement un diagnostic, apporter les premiers soins... Quand tu as un patient qui se vide de son sang, tu as vraiment la responsabilité de sa vie entre tes mains.

À ces mots son esprit lui envoya une piqûre de rappel douloureuse : la mort de Celenne. Il avait été incapable de faire quelque chose. Traumatisme persistant.
Et pourtant il s'était occupé de Juliet et de ce mec peu avenant qui s'était fait cogné par d'autres gars. Et il avait adoré ça...

C'est vraiment intense comme discipline, dit il en se reprenant. Et il y a les urgences à l'hôpital mais aussi à l'extérieur lorsque les patients ne peuvent être déplacés.

Un sort permettait d'appeler un medicomage. Généralement il se déplaçait avec un collègue ou un infirmier.

Tu as déjà essayé ?

Au fil de leur discussion, ils croiserent l'étudiant et ils rentrèrent de nouveau dans le jeu des faux amoureux.
Mais il dû lâcher la main de la demoiselle. Après tout ils n'étaient pas ensemble.
Elio fut surpris lorsqu'elle se mit à rire alors qu'il lui demandait implicitement où en était sa vie sentimentale. Avait il à faire à une fille populaire de l'université ? Ou bien était ce parce qu'elle était une Blacthorn ?

Tu es si populaire que ça ?demanda t il sur le ton de la plaisanterie.

Et elle lui raconta ce qui lui était arrivé. Par Merlin c'était quelque chose ! Le mariage arrangé n'était pas une surprise en soit connaissant ses origines. Mais que son fiancé soit tomber amoureux de son cousin,c'était...il ne savait que penser !
Incroyable serait peut être le mot ?

Je suis désolé que tu en ai souffert.

Il n'osait imaginer ce qu'elle avait pu ressentir : la trahison, l'impuissance, la honte...

Wow, cela a dû faire l'effet d'une bombe dans vos familles. J'imagine que les fiançailles ont été rompues.

Il ignorait depuis combien de temps tout cela s'était passé. Il savait seulement qu'elle avait été promise le jour de ses vingt et un an, donc cela devait être relativement récent puisqu'il avait une idée de son âge en connaissant l'année de ses études.

Elle tourne la tête, étonnée de la réaction du Cooper tandis qu’elle mentionne la nouvelle professeur de T.P. de Médicomagie. Elle hoche la tête tandis qu’il mentionne l’ancien poste de la jeune femme. C’est ce qu’elle avait dit lorsqu’elle s’était présentée mais Juliet avait du la croire sur parole parce qu’elle même n’était pas casse-cou au point de finir à l’infirmerie de l’université. Quant au fait qu’elle soit la soeur du supérieur d’Elio, elle l’ignorait totalement. En tout cas, elle ne s’interrogea pas d’avantage sur la réaction de son compagnon de promenade.

Elle préfère se concentrer sur la discussion en ce qui concerne la spécialité qu’aurait choisit Elio s’il avait continué son cursus en médicomagie. Elle eut un sourire amusé tandis qu’il répondait l’urgence. Elle aurait pu parier quelques gallions sur cette réponse. Il avait fait preuve d’un tel sang froid quand il s’était occupé d’elle. Enfin c’est ce dont elle avait le souvenir. Alors elle n’était pas surprise. Il en parlait avec une telle ferveur, une tel passion… Elle se souvenait de ce qu’il avait dit à l’hôpital. Du pourquoi il avait arrêté ses études. Il ne lui avait pas donné de raison claire mais… Elle avait comprit qu’il avait vécu un drame.

- Tu avais l’air de vraiment aimer ça… Tu as déjà envisagé de reprendre tes études là où tu les as arrêtées ?

Sa voix est douce et son regard interrogateur. Elle sait ce que c’est d’aimer la médicomagie. Elle ne pourrait pas faire d’autre métier que de soigner en ce qui la concerne. Et quand elle écoute Elio, elle a l’impression que c’est aussi le cas pour lui. Alors pourquoi gache-t-il ses talents pour faire le repas des étudiants ? N’y voyez pas une remarque pleine de classisme, loin de là. Juliet pense que tout les métiers se valent à condition de faire ce que l’on aime… Finalement, elle répondit à sa question qu’elle avait presque oublié :

- Non, jamais d’urgence. Je ne pense pas que ce soit fait pour moi toute cette pression…

C’est vrai que Juliet a toujours vécu dans un cocon créé par sa fratrie et que du coup elle a quelques difficultés à maîtriser ses émotions et à encaisser. La preuve en était avec ses fiançailles ratées qui l’avaient envoyées au fond du trou. Et si aujourd’hui la blessure ne saignait plus, elle était encore bien visible. Pas tout à fait cicatrisée. Mais ça finirait bien par venir… Elle fut même capable de rire tandis que le sorcier lui demandait si elle était si populaire que cela.

- Pas dans le sens ou tu l’entends.

Juliet ? Populaire ? C’était plutôt la jeune femme qui rasait les murs et qui se faisait discrète. On lui avait mille fois demandé de rejoindre les Nymphes mais elle était plutôt du genre à passer ses soirées à la bibliothèque qu’à des galas. Quoi que… maintenant qu’elles sortaient beaucoup peut être devrait elle reconsidérer cette proposition ? Enfin… le fait est qu’elle pouvait sourire tandis que le Cooper était désolé de ce qui lui était arrivé. Elle lui répondit avec un sourire et un peu d’amertume malgré tout :

- Les fiançailles ont été rompues oui. Ca ne s’est pas très bien passé au sein de ma famille, ni dans la sienne d’ailleurs. Maintenant on essaye d’avancer. J’aurais au moins eut la possibilité de faire comprendre à mes parents qu’il n’était plus question de me fiancer…

Pour l’instant…

Parler de medicomagie lui rappela de bons souvenirs. Il avait aimé la vie étudiante. Non pas dans le sens de la fiesta mais dans le sens de l'apprentissage. C'était un homme qui avait soif d'apprendre et qui cherchait non pas à être le meilleur mais à se surpasser lui même. Cette notion de dépassement de soi, il la retranscrivait aussi dans le sport.
Il en avait passé des heures à la bibliothèque à réviser auprès de Celenne. Il en avait partagé des débats avec Kash dans ce parc.
Il avait été à cent pour cent dedans et du jour au lendemain (ou presque) il avait tout arrêté.
Aujourd'hui il se retrouvait dans la restauration, que ce soit dans les cuisines de Hung ou à la Moufette Enchantée.
Il aimait ce qu'il faisait mais cela ne le satisfaisait pas complètement.

-oui, lui répondit il. J'y ai pensé, notamment dernièrement. Avant il en était hors de question. Mais depuis que je me suis occupé d'une certaine crise d'épilepsie, j'y pense... Il me faut trouver le courage.

Elle n'était donc pas fille populaire de l'université d'après ce qu'il comprenait. Mais elle et sa famille avait du l'être au sein du cercle des sangpurs avec ce qu'il s'était passé.

Moi aussi j'ai été fiancé.

Pourquoi est ce qu'il s'engageait sur cette voie ? Aucune idée. Peut être parce qu'elle s'était confiée à lui et que cela engendrait une certaine confiance envers elle ? Et puis si elle était en psychomagie elle devait certainement apprécié écouter les autres. Non pas qu'il cherchait une thérapeute il en avait déjà une.

Mais par choix, précisa t il accompagné d'un demi sourire.

Peut être était ce beau temps qui le poussait à la confidence ? Ou alors c'était certainement le fait qu'il se sentait bien aux côtés de la jeune femme.

Mais une voiture moldue à retiré la vie de Celenne. J'étais présent. J'ai vu cette voiture la renverser. Et je n'ai rien pu faire.

Au fond de lui c'était encore douloureux mais aujourd'hui il arrivait à en parler.

Alors je suis parti en vrille. J'ai eu une période où je ne voulais pas faire face à mon deuil alors j'ai fait la fête à outrance et cela ne me ressemblait pas d'être dans l'abus. Cela m'a emmené jusqu'en hôpital psy.

Il se dit alors qu'il était peut être allé trop loin dans la confidence. Juliet lui plaisait et ce n'était clairement pas "vendeur" que de lui dire qu'il était passé par l'HP.

J'espère que je ne te fais pas trop peur, dit il en riant nerveusement.

Elle faisait un stage dans cette unité. Il ne voulait pas non plus qu'elle s'imagine qu'il était aliéné.

Quand Elio avait prétendu être médicomage pour la rassurer alors qu’elle était en pleine crise, elle l’avait cru. Elle l’avait cru parce qu’il agissait exactement comme tel, elle n’avait donc pas de raison de douter de cette affirmation. La jeune étudiante, la jeune patiente qu’elle était avait pu constater que sa prise en charge était irréprochable. Et pour cause, il avait presque terminé son cursus… il avait sûrement bien avancé dans sa thèse… avant de tout abandonner.

Elle ignorait le pourquoi du comment. Elle avait demandé mais la réponse vague du Cooper avait suffit à dissuader la blonde d’en savoir plus. Elle avait compris que c’était un contexte douloureux qui avait mené à cette décision. Elle n’était personne pour juger mais elle trouvait cela bien dommage, encore plus quand elle entendait Elio lui parler de sa spécialité avec tant de ferveur. Après une brève hésitation, elle lui avait demandé s’il n’envisageait pas de reprendre. Après tout, il avait pu constater lui-même qu’il n’avait pas perdu ses réflexes. Alors elle sourit tandis qu’il hoche la tête, reconnaissant avoir déjà pensé à reprendre ses études. Un rire même s’échappe de ses lèvres tandis qu’il mentionne la crise de la Blackthorn.

Si ce sont mes petits excès qui te permettent de retrouver le chemin de la médicomagie, plus jamais je ne m’en voudrais d’avoir exagéré cette nuit-là.
Elle grimace en se rendant compte qu’à deux reprises, le Cooper a dû la gérer suite à ses excès. D’abord une mauvaise gestion de son stress, de sa fatigue… et ensuite une consommation excessive d’alcool. Super… C’était quoi la prochaine du coup ? Mais elle était sincère dans le fond. Elle trouverait ça vraiment génial s’il reprenait ses études et terminait avec le titre de Docteur accroché à sa blouse. Il lui fallait juste un peu de courage, c’est lui qui l’avait précisé.

- Si t’as besoin de courage, je veux bien être ta cheerleader attitrée en médicomagie.

Encore une fois, elle est sincère. Ils arrivent près de l’étang tandis que la blonde lui raconte ses derniers déboires maritaux. C’est sûrement la première fois qu’elle en parle ainsi. D’habitude, elle minimise les choses, elle les intériorise. Elle a tellement l’habitude d’être celle qui écoute qu’elle a du mal à être celle qui parle. Pourtant avec Elio, les confidences sortent facilement. Malgré tout, une petite voix dans sa tête lui dit qu’elle devrait peut-être se taire… Le sorcier ne connait sûrement pas son monde comme elle, il pourrait trouver les pratiques des sangs-purs complètements désuètes. Ce qu’elles sont. Pourtant Juliet les accepte parce qu’elle a été élevée ainsi. Mais ses mots pourraient faire fuir le Cooper alors qu’elle réalise qu’en réalité, il lui plait.

« Moi aussi j’ai été fiancé ». Juliet qui regardait au-delà de l’étang tourne son regard azuré vers le cuisinier. Elle ne dit rien parce qu’elle devine aisément qu’il ne va pas en rester ça. L’utilisation du passé le laissait supposer. Sa voix est tintée de tristesse et pourtant il a un petit sourire aux lèvres. Il a été fiancé parce qu’il en avait fait la demande. Juliet se demanda aussitôt si cette fille avait conscience de la chance qu’elle avait avant de se rendre compte que ce ne pouvait plus être le cas… La gorge de la blonde se serre tandis qu’il lui raconte le sort qu’à connu celle qu’il devait épouser. Elle ne sait même pas quoi répondre tant tout ce qu’elle pourrait dire semble insuffisant.

- Je suis tellement désolée que tu ais dû vivre ça…

Elle hoche la tête tandis qu’il explique la suite de la vie qu’il a mené. Elle comprend. Les excès, elle sait ce que c’est. Elle n’en est pas fière mais elle le prend comme un mal nécessaire. Pour Elio, c’est aller beaucoup plus loin puisqu’il a connu jusqu’à l’hospitalisation forcée. Elle devine le calvaire qu’il a du vivre, elle fait des liens là où il n’y avait rien…

- C’est pour ça que tu as arrêté tes études…

Elle marque une pause et ajoute :

- Et pour ça aussi que tu ne bois pas d’alcool…

Juliet a toujours été intuitive mais l’histoire d’Elio fait écho à la sienne. Son vécu a été mille fois plus traumatique que le sien, mais elle comprend rapidement les mécanismes de défense qu’il a pu enclencher puisqu’elle vit à peu près les mêmes actuellement. Elle s’arrête tandis qu’il lui demande s’il ne lui fait pas peur, elle laisse une seconde passer avant de répondre.

- Pas du tout. Je n’imagine pas un instant la peine, la souffrance que tu as pu ressentir. Je n’imagine pas un instant le courage qu’il t’a fallut pour gérer ton deuil. Chacun réagit du mieux qu’il le peut et ta manière n’était pas moins légitime qu’une autre tu sais… Elle était juste plus… extrême.

Les encouragements de Juliet le touchèrent. Il ne savait pas vraiment si elle était sincère car ses propos étaient teintés d'humour mais sur l'instant il apprecia la réaction de la demoiselle. Voulait elle vraiment prendre ce rôle de "cherleader" comme elle le mentionnait ? Elle envisageait donc de se revoir et cette possibilité plaisait au Cooper.

Réellement ? Avec les pompons ? Répondit il sur le ton de la plaisanterie.

Il sait qu'il aura le soutien de ses proches s'il décide de passer la porte de Hung pour reprendre ses études. Néanmoins un soutien supplémentaire était toujours le bienvenue.

Ils arrivèrent face à l'étang lorsqu'il se confia sur son passé douloureux. Elle l'écouta attentivement et entendit de la sincérité en retour dans sa voix. Elio avait déjà remarqué cette empathie chez Juliet lorsqu'il lui avait rendu visite à l'hôpital. Il appréciait cette qualité.
Elle fit elle même le lien avec les autres informations qu'elle avait de lui. Il hocha la tête à chacune de ses affirmations.
Il fut soulagé qu'elle ne le rejette pas après ces confidences. Au contraire elle semblait le comprendre. Et pour cause...

Je sais aujourd'hui que noyer son chagrin dans l'alcool ne résoud rien. Faire la fête n'apporte pas plus de réconfort lorsque l'on va mal. La fête devrait être le symbol de la celebration et non pas de l'autodestruction.

Ces mots ils les pensaient de tout son être et ils n'étaient pas anodin. Il comprenait pourquoi la jeune femme avait fait sa crise d'épilepsie, pourquoi elle s'autorisait la fête avec l'abus d'alcool. Ce changement de comportement était dû à la rupture de ses fiançailles et tout ce qui allait avec. Il ne voulait pas lui faire la moral, ce n'était pas sa place. Mais il pouvait la conseiller ou l'avertir.

C'est moi où j'ai gâché l'ambiance la ?

Un ton un peu plus enjoué car il sentait que l'atmosphère était devenu un peu plus lourde même si bizarrement il se sentait plus léger.
Il sortir alors un sachet de la poche intérieur de sa veste. Il fallait revenir à quelque chose de plus léger.

Alors tu n'as pas aimé le Bombardia. Mais peut être aimeras tu ça ?

À ces mots il lui tend une langue de chat, le bonbon moldu.

Juliet se fend d’un sourire amusé alors que le Cooper lui demande si elle compte sortir les pompoms pour l’encourager. Aussitôt l’image d’elle même en tenue de cheerleader moldue jaune, noire et blanc, des pompoms dorés dans les mains, des couettes dans ses cheveux, s’impose à son esprit ce qu’il déclenche son hilarité. Elle trouverait ça génial qu’il reprenne ses études, mais ça serait vraiment moins génial qu’elle se retrouve dans cette tenue ridicule devant lui.

- Avec les pompoms si tu veux, mais ne t’attend pas à des chorégraphies travaillées, je suis pas une très grande danseuse.

C’était le moins que l’on puisse dire… Autant elle pouvait se faire guider sur une valse ou une autre danse de salon, elle avait apprit ça assez tôt. Autant si elle voulait qu’elle se déhanche un peu lui fallait il quelques verres bien dosés, de la musique assez forte et surtout… surtout… une luminosité au minimum. Comme ça, elle avait l’impression d’être un peu moins mauvaise.

La discussion se fait moins joyeuse mais Juliet n’aurait pas préféré qu’il en soit autrement. Parce qu’elle venait de se confier, Elio en avait fait de même. Et ses confessions étaient autrement plus douloureuses que celles concernant ses fiançailles ratées. Perdre quelqu’un, c’était terrible. Juliet le savait. Elle avait perdu sa cousine et l’une de ses meilleure amie. Elle avait faillit perdre Kiran aussi… Perdre l’amour de sa vie, elle imaginait combien ça pouvait être dévastateur. Et encore… surement ne pouvait elle pas imaginer à quel point. Comme un puzzle, elle replace les petites informations qu’elle connait d’Elio et d’un coup elle a l’impression de le comprendre un peu mieux.

Un sourire triste se dessine sur son visage tandis qu’il énonce une sorte de moralité que Juliet comprend qu’il s’applique mais qu’elle n’est pas encore prête à s’appliquer à elle même. Elle peut imaginer que ça ait été une mauvaise spirale pour le fiancé endeuillé qu’il était. La concernant, elle savait que cette période de sa vie, cette période de festivités à profusion,  lui avait apporté beaucoup de bienfaits, un certain goût pour le lâcher prise…

- Je dois y entendre un conseil ?

Sa voix est douce. Elle se demande vraiment s’il pense qu’elle abuse autant que lui a pu abusé. Certes, elle fait la fête. Certes elle boit. Certes elle s’amuse avec pas mal de jolis garçons… Bon des fois elle finit plus alcoolisées que d’autres… Elio a vraiment été témoin de la soirée où elle avait exagéré. Mais à côté de ça, elle s’en sortait plutôt bien. Elle avait les mêmes amis, elle avait sa famille, elle continuait ses études et s’e sortait même plutôt bien, elle avait toujours son stage à l’hôpital ou elle était encensée par son mentor… A priori, elle n’avait jamais été aussi heureuse que depuis quelques mois. Et elle n’avait guère l’intention d’arrêter. Elle sourit alors qu’il demande s’il a gâché l’ambiance, pour le détendre, elle se remet à marcher et lui répond :

- Non, tout va bien. Je suis contente d’apprendre à te connaitre.

C’était sincère. Il lui tendit un bonbon en mentionnant son cocktail répugnant et confiance, elle accepte le bonbon et le mange. Elle grimage aussitôt en sentant l’acidité prendre possession de sa bouche. C’est vraiment dégoutant et elle se dépêche de mâcher et d’avaler avant de dire sur un ton amusé :

- Tu cherches à m’empoisonner enfaite ? C’est ça ?

Entends ce que tu veux, prends ce que tu veux. Je te fais juste part de mon expérience.

C'était un peu plus que ça mais il ne voulait pas qu'elle le prenne mal. Il ne connaissait pas encore le niveau de susceptibilité de la demoiselle. Et encore une fois ils se connaissaient à peine. Peut être faisait il fausse route après tout. Elle était certainement différente de lui. Rien que le fait qu'elle continue les études montrait bien qu'elle ne se laissait pas couler.
Elio avait prononcé ces mots car elle avait vécu une souffrance, certes différente mais réelle. Et peut être même la vivait elle encore... Et vu son vécu il ne pouvait s'empêcher de la mettre en garde en quelque sorte.
Et s'il se trompait alors tant mieux !

Il lui tendit un bonbon de son enfance dans le but d'alléger un peu leur discussion.
Il aurait aimé savoir comment elle vivait tout ça mais une petite pause faisait aussi du bien.
Et la tête qu'elle fit en goûtant la langue de chat le fit explosé de rire. Sa remarque ne l'aida pas à se calmer.

Bon, je note que tu n'aimes pas du tout l'acidulé, dit il en calmant son rire.

Il rangea alors le sachet à sa place.

Cela m'en fera plus pour moi.
Alors que préfères tu ? Le sucré ? Le salé ?
Non attends... Je vais tenter de deviner, dit il en coupant court à une réponse possible.

Il fit mine de réfléchir intensément en frottant son menton avec sa main,puis releva la tête vers elle.

Si je devine correctement j'ai le droit à quoi ? Demanda t il, l'œil malicieux.

Puis il reprit son air faussement sérieux, tout en observant Juliet.

Je dirais... Sucré ?

I

Elle apprécia la réponse d’Elio alors qu’elle lui demandait si elle même devait entendre un conseil dans ses paroles et dans son retour expérience. Il n’était pas moralisateur non, il lui laissait le choix de prendre son expérience comme un avertissement ou simplement comme une confidence d’une personne à une autre. Juliet était assez moralisatrice avec elle même, elle avait assez subi la morale et l’éducation de son rang pour ne pas avoir besoin qu’un presque inconnu, aussi beau soit il, ne vienne lui imposer sa vision des choses. Elle n’était pas susceptible, mais en général elle préférait se remettre en question de son propre chef et pas suite aux critiques des uns et des autres.

Ils se remettent à marcher et Juliet la naïve n’inspecte même pas le bonbon qu’il lui tend pour se remettre de leurs émotions. Si elle y avait jeté ne serait ce qu’un coup d’oeil, elle aurait bien vu les petites billes de sucre qui témoignent de l’acidité. Au lieux de ça elle remercie le sorcier pour ce cadeau empoisonné qui la fait grimacé. Il se marre tandis qu’elle se débat avec l’acidité et finit par avaler le bonbon à peine mâché. Si elle avait eut un mouchoir, elle l’aurait même craché.

- Pas la peine de se moquer…

Elle grimace encore mais son ton est amusé. Elle rêve d’une bouteille d’eau la maintenant de suite pour effacer le goût. Elle frotte sa langue conter son palais, espérant au moins l’atténuer. Elle a les yeux brillant et la gorgée serrée. Non vraiment l’acidité ce n’est pas pour elle. Elle est sur le point de répondre qu’elle adore le sucre mais il l’en empêche, lui demandant ce qu’il gagnera à trouver. Elle lève les yeux au ciel, amusé par le regard espiègle du Cooper :

- Ce n’est pas si compliqué donc … voyons pas grand chose ?

Elle a un regard malicieux aussi. Elle a bien comprit que le Cooper veut jouer et pour être honnête, ça l’amuse et ça lui plait. Elle pose son doigt sur la pommette d’Elio avant de répondre.

- Un bisou là, !a me parait suffisant comme récompense.

De nouveau, elle lève les yeux tandis qu’il répond qu’elle aime le sucré. C’est vrai mais c’était si facile à deviner.

- C’est vrai. Vient là.

Elle l’attrape par la manche pour l’arrêter et lui donner son prix, elle dépose un doux bisou sur sa joue. Et puisque le jeu lui plait elle dit à son tour.

- Et moi qu’est ce que je gagne si je trouve ?

Elle réfléchit un instant. Elle a envie de rester sur un terrain léger plutôt que de revenir sur leurs drames respectifs et puisqu’elle ne sait pas grand chose sur le Cooper elle se raccroche aux branches.

- Tu n’es pas fils unique.

Elle espérait juste que le Cooper qui était dans sa classe de sortilèges et qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau n’était pas un cousin… Sinon, adieu sa récompense qu’elle ignorait encore.

N'étaient ils pas en train de rentrer dans un jeu de séduction ? Cela en avait tout l'air. Après les confidences bien lourdes et bien sérieuses, voilà que leurs âmes d'enfants refaisaient surface. Deuxième effet "langue de chat"!
Celà dit Elio ne s'était pas attendu à ce qu'elle joue le jeu à ce point ! Elle était surprenante. Il fallait être aveugle maintenant pour ne pas voir que le Cooper plaisait à Juliet.
Car après tout proposer un baiser à un presque inconnu, même sur la joue, n'était ce pas là le signe d'une certaine affection ?
Affection oui... Mais attirance ? Elio n'en était pourtant pas certain.

Il avait trouvé la bonne réponse. Il avait donc eu le droit à son bisou. C'était elle qui avait dictée la récompense, il n'avait rien demandé. Et il fut bien heureux de cette récompense car il apprécia encore une fois le contact de ses lèvres.
Il n'avait pas vraiment de mérite. Déjà il avait une chance sur deux et ensuite il avait bien observé au Vampires'Night Club qu'elle ne laissait aucun grain de sucre sur son verre.

Joueuse, elle voulu tenter son tour.
Le sourire aux lèvres, Elio haussa les sourcils ne sachant que lui répondre à sa question. Devait il, lui aussi, lui offrir un bisou ?
Peut être attendait elle cela ? Mais elle serait aussi peut être déçue s'il n'a pas plus d'imagination qu'un baiser sur la joue ?
Elio avait de l'imagination... D'ailleurs il lui fallait calmer son s'esprit qui s'emballait !

Une pâtisserie ? Vu que tu aimes le sucré...

Ainsi il ne s'aventurait pas en terrain inconnu. Et il ne pouvait lui demander un baiser sur ses lèvres. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait pourtant. Il apprecierait certainement renouveler l'expérience !
Mais ce n'était pas le lieu, ni le moment.

À l'affirmation de la jeune femme, il secoua la tête.

Non non. Ça ne marche pas. Tu sais très bien que j'ai un frère puisque je te l'ai dit au Vampire's. J'étais venu avec lui...

Un détail qu'elle avait oublié ou pas... Peut-être tentait-elle de tricher.

Il va falloir que tu trouves autre chose si tu tiens à ta pâtisserie...dit il tout en continuant d'avancer.

Ils se rapprochaient de nouveau du bâtiment universitaire.

J'ai une petite soif, pas toi ? Dit il en prenant la direction de l'entrée extérieures des cuisines.

Je vais t'aider... Devine quelles sont mes origines et tu auras ta pâtisserie.

Et si elle le souhaitait elle pourrait l'avoir de suite puisqu'il avait accès aux cuisines sans forcément y travailler aujourd'hui. Sebastián(coucou!) lui avait bien signifier qu'il y était toujours le bienvenue et qu'il pouvait se servir comme il le lui plaisait.

Elle se met sur la pointe des pieds pour déposer ce baiser sur un endroit stratégique de la joue du Cooper. Assez près du nez, là où la peau est douce. Elle s’est donc tenue au bras du Cooper pour atteindre de ses lèvres cet endroit. Un bisou d’une seconde qui la ramène plus de quarante-huit heures en arrière. Le décor à changer, elle n’est plus ivre, mais les sensations sont les mêmes. Ou presque.

Evidemment qu’un jeu de séduction s’est engagée. Et pour la première fois, la douce Juliet n’a pas l’impression d’en être la bienheureuse victime non. Elle en est également l’instigatrice. Ca change. C’est amusant. Elle se demande ce que va lui proposer Elio comme récompense. Elle retient discrètement sa respiration. Un baiser aurait évidemment été bienvenue mais elle n’y croyait pas vraiment. Au lieu de ça, une pâtisserie. Est ce que c’était une façon de botter en touche ? De faire comprendre qu’il n’y avait rien a espérer de plus ? Ou alors n’avait il pas osé ? Elle n’en avait pas la moindre idée.

Pourtant elle sourit. Une pâtisserie, c’est plutôt une bonne réponse d’après l’angélique Blackthorn. Le thé et les pâtisseries, voila qui était une excellente idée. Elle hoche la tête, acceptant le deal et tente sa chance. Ses yeux s’écarquillent alors qu’il refuse sa réponse. Elle n’a absolument aucun souvenir qu’il ait mentionné son frère mais elle fait en sorte de le dissimuler et esquisse un petit sourire en levant les yeux au ciel. Ils avaient fait le tour du parc et arrivés devant le château il emboita le pas vers le hall, annonçant qu’il avait soif.

- Oui, moi aussi.

Elle allait se diriger vers la grande salle mais le Cooper se dirigea naturellement vers la cuisine et elle le suivit tout en réfléchissant aux origines du jeune homme, puisqu’il venait de réinventer les règles du jeu en lui proposant de trouver de quelle origine il était. Elle fronça le nez, elle n’était pas très douée là dedans. Mais elle se prêta au jeu.

- D’accord mais j’ai du temps pour réfléchir.

Elle réfléchissait à haute voix tandis qu’ils entraient dans les cuisines, vides. Il était peut être trop tôt pour commencer à préparer le dîner.

- Voyons… physiquement tu as la peau plutôt claire. Des cheveux foncés… Ton frère aussi… Européen, ça va de soit. J’ai l’impression que vous avez plutôt le genre de peau qui bronze un peu… pas comme la mienne. Peut être quelque part où il y aurait du soleil…

Elle marque une pause et continue sa litanie :

- Cooper… ça sonne très anglo-saxon quand même… Si je n’avais que ça j’aurais dit anglais mais ça doit être ta nationalité, donc tu ne m’aurais pas proposé de deviner ça si c’était si évident. Elio, Mattéo…

Elle n’avait pas d’autre information qui pourrait la guider… du plus loin qu’elle puisse s’en souvenir… :

- Ton frère était à Poudlard, je suppose que toi aussi donc… ça ne m’aide pas beaucoup. Bon… Des prénoms en « o » et un pays du soleil… Je dirais peut-être… Italien ?

Elle grimaça un petit peu, vraiment pas sûre d’elle, tandis que le Cooper prenait ses aises dans sa cuisine.

La sensation de soif semblait être partagée. Il faut dire que cela faisait un petit moment maintenant que les deux jeunes gens se promenaient sous le soleil. On était loin de la canicule mais cela suffisait à donner soif. Ou alors était ce le fait de parler ? Certainement un peu de tout ça agrémenté d'un peu de stress.

La jeune Blackthorn accepta encore une fois de suivre les règles du Cooper. Il était vraiment curieux de savoir si elle allait réussir à trouver la bonne réponse.
Elle commença sa réflexion à voix hautes tandis qu'Elio utilisait sa baguette pour entrer dans les cuisines. Après les derniers événements récents, la sécurité avait été renforcé. Normalement il ne devrait pas accueillir Juliet dans ces lieux, du fait du protocole sécuritaire. Mais il avait soif et il ne voyait pas vraiment où il pourrait lui proposer de l'eau.
Et elle était bien trop occupée à chercher la réponse pour avoir vu et compris le sortilège qui permettait de déjouer la protection des cuisines.

Mais il fut étonné d'entendre parlé de son frère. Ainsi elle le connaissait ! Donc elle avait certainement tenté de tricher tout à l'heure. C'était bon à savoir. En plus elle connaissait son prénom !

Il utilisa de nouveau sa baguette pour faire venir à lui deux verres. Il alla les remplir d'eau fraîche tandis que la jeune femme continuait son monologue.
Il était vraiment amusé de la voir ainsi. Elle semblait vraiment sérieuse avec ce petit plIIissement en haut de son front.

Italien donc...dit il en lui tenant le verre d'eau.

Il garda le suspense un instant le temps de se désaltérer. Il avait vraiment soif.

Dommage, répondit il avec une moue faussement embêté, tout en reposant son verre.

Mon père est Anglais. Donc sur ce point tu as raison. Et ma mère est Espagnole.
Ainsi on peut dire que tu as une demie de bonne réponse.

Bah quoi ? On avait l'esprit scientifique ou on ne l'avait pas !

En plus j'apprends que tu connais Matéo.
Pas sûr que tu mérites ton cookie...

En espérant qu'elle aime les cookies ! Mais bon si elle était friande de pâtisseries, elle devait certainement aimer ça.

Juliet pense ne pas avoir à rougir de son raisonnement exprimé à haute voix. Elle ne tombera peut être pas tout à fait juste mais elle a fait avec les éléments qu’elle avait, c’est à dire… assez peu finalement. Elio Cooper lui plait beaucoup, c’est clair désormais, mais elle ne le connait pas si bien que ça. Le fait de la différence d’âge sûrement. Ils ne se sont jamais fréquentés avant ces dernières semaines alors… Italien ce n’était pas stupide non ?

A sa façon de répéter sa réponse, elle sait qu’elle s’est trompé. Le Cooper veut faire planer un certains suspens tandis qu’il lui tend le verre d’eau qu’il vient de lui servir, mais dans son fort intérieur, elle sait. Il boit une gorgée, elle limite mais ne le quitte pas des yeux, attendant sa réponse. Un léger rire s’échappe de ses lèvres alors qu’il énonce l’évidence. Elle s’est trompée. Faut dire que c’était bien plus dur que le coup du « sucré ou salé ? ».

Elle continue de boire son verre tandis qu’il explique ses origines. Elle fait raison sur le fait qu’il soit anglais, c’était pas trop dur à deviner. Mais sa mère était espagnol et la Blackthorn grimace. Italie, Espagne… Elle n’était pas si loin que ça finalement ! Zut ! Elle aurait pu proposer le pays hispanique mais elle était tellement contente d’avoir pensé à l’Italie.

- Une trois quart non ? Franchement l’Italie c’était pas si nul comme réponse, l’Espagne c’est pas très loin !

Elle se défend comme elle peut parce que y’a une pâtisserie à la clef quand même. Et même si elle n’a pas vraiment faim à cet instant, elle prend plutôt ça comme une excuse pour passer plus de temps avec le Cooper. Elle rit même franchement alors que le Cooper mentionne qu’elle connait Matéo en sous-entendu qu’elle avait pu tricher et qu’elle ne méritait pas son cookie.

- Je connais Matéo, on a qu’une seule année d’écart et il était dans la même promotion que ma meilleure amie à Poudlard, mais j’ignorais vraiment qu’il était ton frère, je le promet.

C’était la vérité. Il aurait pu être son cousin… Après tout, elle n’était pas la seule à s’appeler Blackthorn à l’université. Loin de là même. Et puis avec son air angélique, peut il vraiment l’accuser de tricherie et de mensonge ? Il n’oserait pas. En reposant son verre, elle voit sa montre à son poignet et y jette un coup d’oeil par réflexe.

Vent de panique pour la blondinette. Le temps est passé un peu plus vite que prévu, comme toujours en si bonne compagnie. Elle n’est pas encore en retard pour son T.P. mais si elle ne se bouge pas maintenant, elle le sera. Elle relève son regard vers le Cooper pour l’en informer :

- J’ai mon prochain cours qui va bientôt commencer ! Tu m’accompagnes jusqu’à la salle ?

Visiblement, chaque seconde en la compagnie du demi-espagnol est précieuse.

Juliet commençait à négocier sa réponse et par conséquent sa récompense. A croire qu'elle tenait vraiment à sa pâtisserie ?
Il fit une moue dubitative en guise de réponse. Il est vrai qu'elle n'avait pas mentionné un pays d'Amérique du Sud. Elle était restée dans l'Europe et il fallait admette que l'Espagne et l'Italie n'étaient pas si loin l'un de l'autre. Mais c'étaient bien des pays différents.

Lorsqu'elle mentionna Mateo, l'écart de leur âge lui fit encore comme une claque.
Il savait pourtant que la Blackthorn venait d'entrer dans la vingtaine. Sauf que lui se rapprochait serieusement de la trentaine. Il est clair que cela lui faisait bizarre de se dire qu'elle avait quasi le même âge que son frère. Pourtant lorsqu'il était à ses côtés, il oubliait ce détail. Et après tout, était ce si dérangeant d'être attiré par une femme plus jeune ? Elle était majeure, tout de même.
Et puis bon ce n'est pas comme s'il voulait s'installer avec elle non plus ! Elio tentait d'écouter les "sages" paroles de son cousin. Il fallait qu'il cogite un peu moins et qu'il profite tout simplement.

-OK, je veux bien te croire.
Surtout concernant le doute qu'il avait pu avoir sur sa tricherie un peu plus tôt.

La jeune femme changea de tête lorsqu'elle regarda sa montre. Elle sembla soucieuse tout d'un coup.
Elle le rassura en lui disant qu'elle n'était pas en retard, du moins pas encore. Il ne souhaitait pas qu'elle rate un cours de par sa faute.
Et il se figea lorsqu'elle lui proposa de l'accompagner jusqu'à la salle.
Il aurait aimé passer plus de temps avec elle. Cette entrevue était passée bien vite.

Je suis désolé, je ne peux pas.

Le stress monta légèrement en lui. Il ne voulait pas non plus la froisser.

Depuis la mort de Celenne, je n'ai pas réussis à remettre un pied dans les couloirs de l'université.

Et il ne voulait pas qu'elle lui demande de faire ce pas car il ne s'en sentait pas capable. Pas maintenant. Oui il repoussait encore mais c'était ainsi.

En tout cas, je te dois un cookie, ou une autre pâtisserie...

Oui il était bon joueur. C'était surtout une perche tendue pour lui signifier qu'il souhaitait la revoir.

Juliet était en général une assez mauvaise menteuse. Autant elle dissimulait facilement ses émotions quand elle le souhait et si ces derniers ne la submergeait pas, l’éducation Blackthorn y était pour quelque chose, autant mentir au nez de quelqu’un c’était plutôt compliqué pour elle. Elio ne semblait pas trop suspicieux quant à ses explications mais sa phrase lui arracha un sourire tandis qu’elle finissait son verre d’eau :

- Trop aimable !

Ça voulait dire qu’elle avait gagné une pâtisserie n’est ce pas ? Autant elle adorait le sucre mais ce n’était pas tant la perspective de manger qui l’enthousiasmait mais plutôt celle de revoir le Cooper qui décidément lui plaisait de plus en plus.

L’écart d’âge entre elle et Elio ne l’a dérangeait pas plus que ça. Elle avait déjà connu un homme plus vieux, plusieurs même, et de toute manière elle n’envisageait pas de relation sérieuse. De ce qu’elle en savait, le Cooper était de toute manière un sang mêlé et elle savait donc qu’il n’y aurait rien de très engageant. Il n’était pas question de revivre ce qu’elle avait vécu avec William il y a un an de ça. Elle ne voulait pas donner à ses parents la moindre raison de lui organiser de nouvelles fiançailles foireuses. En ce sens, le conseil de Kaiden n’était pas vain : « fait ce que tu veux mais soit discrète, Sunny ». Elle l’avait bien comprit que c’était dans son intérêt et pas juste pour l’enquiquiner.

Le temps était passé vite en compagnie du cuisinier. Un peu trop vite à son goût même. Un coup d’œil à sa montre et elle avait constaté qu’elle risquait d’arriver en retard pour son T.P. de medicomagie et elle ne pouvait pas se le permettre. Donovan était plutôt gentille mais elle était aussi exigeante et elle n’avait pas envie de se faire mal voir de l’assistante qu’elle fréquentait le plus souvent.

Spontanément, et pour prolonger un peu ce rendez vous improvisé, elle avait proposé à Elio de l’accompagner jusqu’à la salle sans deviner le trouble que ça lui causerait. D’ailleurs, elle l’avait à peine aperçu pour être honnête, un fait rare pour l’empathique Juliet. Il ne pouvait pas sous entendait pour elle qu’il avait a faire ailleurs ce qu’elle comprenait totalement. Et malheureusement, le timing était trop juste pour lui permettre de tergiverser. Elle lui tendit le verre vide qu’il lui avait servit quelques minutes plus tôt avant de dire :

- Pas de soucis, à une prochaine fois.

Le ton qu’elle employa sous entendait clairement qu’elle souhaitait le revoir. Pour une pâtisserie ou pour autre chose. Elle aurait bien proposé un goûter à la moufette enchantée, son salon de thé favoris, mais son ex fiancé y travaillait désormais et elle préférait éviter de le croiser.

Elle adressa un sourire au Cooper et hésita à déposer un bisou sur sa joue mais se retint. Elle l’avait fait quelques minutes plus tôt et elle ne savait pas dire s’il avait apprécié le geste autant qu’elle. Et puis... ils s’étaient juste dit bonjour à l’oral quand il s’étaient retrouvés sur le perron du château alors ça serait bizarre d’en faire plus non ?

Finalement, elle quitta les cuisines seule pour retrouver sa vie d’étudiante. Un nouveau coup d’œil à sa montre lui fit accélérer le pas et elle était contente d’avoir gardé ses affaires avec elle, lui épargnant un passage à la salle commune des Bee. Elle avait le cœur léger en quittant le Cooper, ne devinant pas qu’elle allait se faire coincer par Peter pour une discussion des plus houleuses à peine dans quelques heures...