Il s'agissait peut-être du seul genre de soirées auxquels le Blackthorn aimé participer. Bien loin des affres alcooliques de ses camarades étudiants, un mariage aussi important que celui d'un fils Wakefield et d'une fille Hangbé ne pouvait que revêtir une certaine aura définitivement noble. Quelques uns avaient pu se croire marrant en début de journée, à arborer des costumes fantaisistes, mais globalement, les personnes invitées à cet événement n'était pas n'importe qui. Les plus grands noms du monde sorcier international se côtoyaient en cet instant, et en dehors de la raison de leur venue, certes bienheureuse, Edward voyait également en ce rassemblement une occasion de créer quelques contacts, non pas au nom de sa famille, mais bien en son nom propre. Car si le pouvoir passe par la connaissance et la maitrise, cela inclus celle de son réseau. Et il ne lui restait plus tant d'années d'étude avant de rentrer dans le monde sans pitié du ministère de la magie. Des alliés étaient autant d'opportunités.  

Ainsi, le bientôt trentenaire se montrait bien plus affable et sociable qu'à son habitude, du moins dans le domaine privé, car lors de telles réceptions, il avait toujours su se montrer sous son meilleur jour, ne serait-ce que pour incarner le prestige et la perfection de son patronyme. Lorsque l'on porte le nom de Blackthorn, les soirées mondaines sont un exercice auquel on devient rapidement rompu, et où l'on se doit d'être irréprochable. Pour autant, comme à son habitude, il refusa poliment tous les verres d'alcool qu'on pu lui offrir, n'en appréciant ni le goût, ni l'altération de conscience dans laquelle cela pouvait le mettre. Il était tout sauf le moment de perdre ce contrôle qu'il avait de lui même.

À cours, pour le moment, d'interlocuteur, il pris alors la décision de rejoindre un temps la table à laquelle ils avaient été assignés, lui et la quasi totalité de sa famille. Elle était presque inoccupée, à l'exception de sa plus jeune cousine et de certains de ses amis, qu'il salua d'un respectueux signe de tête. Son arrivée, néanmoins, semble avoir coupé court à la conversation qu'ils entretenaient. Il se saisit de la chaise à côté d'elle et s'y installa avec son élégance naturelle, toujours impeccable dans son costume, l'un des nombreux habits faits sur mesure par de grands stylistes sorciers qu'il possédait. C'était sa coquetterie à lui, car si l'habit ne fait pas le moine, l'apparence reste d'une importance capitale dans l'image que les gens ont d'une personne. Silencieux, il observe la jeune femme boire sa coupe de champagne tandis que lui même se sert un verre d'eau. C'était une magnifique cérémonie, n'est-ce pas ? Un échange d'une banalité écrasante, témoin de la distance qui s'était peu à peu creusée entre Nullus et Sixtine. Le coréen comprenait de moins en moins sa jeune cousine, dont le comportement semblait parfois à l'opposé des valeurs qui leur avait été inculquées. Fricotant avec des étudiants dont la réputation était plus que discutable, se donnant en spectacle lors de soirées fortement arrosées ... Comme tout le monde, il entendait les bruits de couloirs à l'université. Le brun en voulait à son ex fiancé, car selon lui, l'abandon qu'il lui avait fait subir avait altéré la pureté de la douce demoiselle. Un sujet qui le chagrinait d'autant plus que dans deux mois, si l'un ou l'autre n'avait pas trouvé de prétendant digne de ce nom, et bien, ils seraient promis l'un à l'autre. Une information que l'ainé possédait depuis quelques années déjà, mais pas sa cadette. Et si cela ne l'avait jamais dérangé, ne voyant dans le couple qu'une entité fonctionnelle dont le but était d'assurer les différents rôles d'un foyer et de donner naissance à la génération suivante, la décadence de la blonde commençait à l'inquiéter, car il ne parvenait plus à voir en elle une compagne digne de lui. Mais voilà pourtant où il en était, à rompre un silence gênant par un commentaire qui l'était tout autant, pour instaurer un semblant de discussion avec celle qui devait être sa future épouse, et qui l'ignorait encore.

Edward était très au fait de la rumeur des conversations qui s'était tue alors qu'il s'installait à la table. Il n'avait pas, il est vrai, pour réputation d'être un joyeux luron démesurément bavard. Mais tout de même, il n'était pas non plus le père fouettard, il était peut-être un peu excessif de réagir de la sorte. D'aucun pourrait même dire que cela se révélait vexant, mais à bien des égards, le Backthorn ne s'émouvait pas de l'image de pince sans rire qui lui avait été attribuée. Et puis, elle avait bien un fond de vérité.

Il se contenta de saluer sobrement les amis de sa cousine, mais ne tenta de faire la conversation qu'à elle seule. Les autres ne l'intéressaient pas particulièrement. Une approche légèrement maladroite, alors que le coréen ne savait plus vraiment comment entretenir une bonne relation avec sa cadette depuis quelques temps. Leurs visions du monde semblaient aux antipodes l'une de l'autre, et du point de vue du futur juge - du moins l'espérait-il - la jeune femme avait totalement perdu de vue les valeurs familiales. Et pourtant, il ignorait encore bien des choses à ce sujet. Un point qu'il faudrait corriger si elle devait devenir son épouse. Néanmoins, ce n'était ni le lieu, ni le moment pour une quelconque leçon.

Je leur souhaite que tes mots soient prophétiques. Commenta-t-il avec un sourire sincère. Il était mal placé pour parler d'amour romantique. D'aussi loin qu'il puisse se souvenir, c'est un sentiment qui n'a jamais pris place dans son esprit, à contrario de son penchant plus fraternel. Pour autant, il n'était pas un monstre dénué d'empathie, et il souhaitait tout à fait que le couple connaisse leur propre version du bonheur maritale. Après tout, ils avaient bien trouvé dans un mariage arrangé les sentiments puissants qu'ils démontraient aujourd'hui. Peut-être serait-ce son cas à lui aussi, bien qu'il ne soit pas spécialement à le recherche de ce genre d'émotions.

Et puis, le mariage arrangé, il y était déjà presque engagé à présent, le mois de février s'apprêtant plus que jamais à pointer le bout de son nez. La médicomage était restée très discrète sur ses relations auprès de sa famille, mais le brun souhaitait s'enquérir de la situation. Après tout, il était concerné, lui aussi. Il cherchait à en discuter depuis un certain temps, pourtant cette conversation semblait toujours tomber comme un cheveux sur la soupe, et il ne voulait pas braquer Juliet. Mais quoi de mieux qu'un mariage, où la demoiselle était sa cavalière, qui plus est, pour parler, l'air de rien, de ce sujet ? Mais pas devant cette assemblée qui n'était en rien concernée par les affaires familiales. Et bien, cela nous laisse encore du temps pour profiter de la soirée. Nullus, parler de profiter, c'était une situation bien rare. Néanmoins, chacun avait sa propre vision de ce que pouvait signifier profiter de ce moment, et à sa manière, il le faisait. La réception était des plus agréable, les échanges qu'il pouvait avoir aussi. Oui, à bien des égards, l'homme aussi profitait. L'orchestre marqua une courte pause entre deux morceaux, et lorsque les notes résonnèrent de nouveau, il se leva et tandis la main à sa cousine, dans les règles de la galanterie britannique qu'on avait pu lui enseigner. Est-ce que ma cavalière m'accordera cette danse ?

@Juliet Blackthorn

Contrairement à la douce blonde, Edward lui ne connait pas réellement les célébrités du jour. Oh, bien entendu, il sait parfaitement qui sont les Hangbé, il serait difficile de passer à côté d'une telle famille, et il en va de même pour les Wakefield, auquel il est d'ailleurs apparenté par les multiples embranchements d'un arbre généalogique complexe. Mais il ne peut se targuer de connaître personnellement ceux qui ont personnellement échangés leurs vœux en ce jour de liesse. C'est peut-être pour cette raison que la cérémonie, aussi belle soit-elle, ne lui a procuré aucune émotion particulière, si ce n'est la satisfaction de voir cette alliance de deux grands noms naître officiellement sous ses yeux, dans la plus pure des traditions des vieilles familles. À présent, il n'était qu'une question de temps avant que l'épouse n'accomplisse son devoir de procréation afin de conserver la pureté de leur lignée, et il leur souhaitait un garçon, afin que cette alliance nouvelle puisse bénéficier d'un héritier. Il avait, oui, des raisons de se réjouir du mariage, mais pas au nom de l'amour, qui pour lui n'était qu'une notion abstraite qui n'avait jamais vraiment rien signifié.

Mais si lui même ne célèbre pas l'amour, il était néanmoins d'une excellente humeur, bien que cela ne s'exprime jamais chez lui par une quelconque expansivité. Il ne prêta donc pas attention à ceux qui étaient assis à la table que sa cousine occupait, invitant cette dernière à danser, peut-être à la stupeur de ceux qui n'écoutaient pas très discrètement leur conversation, mais enfin, il n'était tout de même pas un détraqueur !

Emmenant la jeune femme parmi les couples qui se formaient sur la piste de danse, sous un œil paternel approbateur, le coréen commença à guider la valse au rythme des accords de l'orchestre, d'une main experte, offrant une démonstration, en compagnie de sa cousine, de ce que les enfants de bonne famille devraient tous être capable de faire afin de prouver une éducation digne de ce nom. Tu as raison, je ne suis même pas certain de me rappeler la dernière occasion où nous avons valsé. fit-il en rendant à la future médicomage son sourire amusé. Il doit bien admettre que à l'instar de l'éloignement qu'il a opéré avec la majorité de sa génération, celui avec sa cadette est probablement l'un des plus importants. Et pourtant, leurs destins sont irrémédiablement liés. À moins que ...? Je dois dire que je suis surpris que tu ais acceptée d'être ma cavalière. Je me suis laissais dire que, peut-être, que tu comptais inviter quelqu'un d'autre ... Prêcher le faux pour savoir le vrai. Il n'avait aucune raison de croire que sa cousine pouvait avoir songée à inviter quelqu'un d'autre, car même si il prêtait attention aux rumeurs, ce qui n'était de toute façon pas le cas, elle avait fait le nécessaire pour les faires taire. Mais en sous entendant qu'il pouvait savoir quelque chose, il saurait si effectivement, il pourrait bien y avoir quelque chose à savoir. Le cas contraire, et bien, d'ici deux mois, la demoiselle serait sa propre épouse, et il devrait jouer carte sur table avec elle en ce sens.

@Juliet Blackthorn

Leur corps se prêtent à l'exercice exigeant de la valse comme si ils y étaient familier, ce qui, dans le fond, est bien le cas, ne comptant plus les heures de formations aux diverses danses de salons qu'ils ont pu recevoir afin de toujours briller par leur apparente perfection et sophistication en société. Alors qu'ils évoluent là, au milieu des autres danseurs, une personne ne les connaissant pas pourrait les prendre pour un couple tout à fait comme les autres. Mais dans un tel événement, très peu sont ceux ne connaissant effectivement pas les héritiers d'une famille si éminente.

Bien que parfois en désaccord avec certains des siens, notamment les plus jeunes, qu'il considère parfois comme trop laxistes, il aimerait que ces derniers comprennent qu'il n'agit que par amour des siens, de sa famille, et de leurs intérêts. Ce n'est sans doute pas toujours évident à comprendre, car Edward n'est pas très doué pour laisser parler ce qu'il ressent, mais lorsqu'il croise le sourire sur le visage de Juliet, il comprend que pour elle tout comme pour lui, l'instant est plaisant, et c'est vrai, sans doute trop rare. Tu dois avoir raison, tu as une bien meilleure mémoire que moi pour se genre de chose. S'amuses-t-il alors à remarquer, avant d'aborder un sujet peut-être un peu plus épineux, mais que la réponse de la Summerbee semble infiniment simplifier, au point que Nullus ne se départie pas alors de son sourire.  

Je ne pensais à personne en particulier, mais février arrivant rapidement ... Loin de moi l'idée de te mettre la pression à ce sujet, mais il est important pour moi de savoir ce qu'il en est de ta vie amoureuse, car cela deviendra très bientôt un sujet que nous ne pourrons plus fuir. Et il temps de lui dire la vérité ? C'était peut-être, effectivement, le plus indiqué. Si il voulait croire la jeune femme, et il n'avait aucune raison de ne pas le faire, la future médicomage était toujours célibataire. Alors peut-être qu'il était un peu maladroit de sa part de remuer ainsi le couteau dans la plaie, mais à moins qu'elle ne soit transcendée par un coup de foudre, elle pourrait se retrouver en tenue de mariée avant d'avoir le temps de comprendre de quoi il en retournait, alors par égard pour elle, l'aspirant juge venait à penser que la nouvelle serait plus facilement acceptée si elle venait de lui et qu'elle avait un peu de temps pour s'y préparer. Pour lui, épouser sa cousine ne représentait pas le moins du monde un problème. Quoi qu'on trouve à en redire, ils ne partageaient pas une goutte du même sang, loin s'en faut même. Par ailleurs, les mariages arrangés étaient monnaie courante dans leur classe sociale, la preuve en était de celui auquel ils se trouvaient ce soir. N'étant lui même pas attiré par les frasques de l'amour, un tel système représentait une simplification presque providentielle dans sa recherche de compagne, puisque de recherche, il ne devait pas se charger. Tout est plus simple lorsque l'on ne s'embarrasse pas de sentiments. Et puis, qui de mieux qu'une Blackthorn pour perpétuer la grandeur de cette dynastie ? Même si, à choisir, le coréen n'aurait peut-être pas favorisé sa plus jeune cadette au rôle de compagne, mais après tout, elle lui apporterait une vision plus fraiche et moderne, qu'il saurait temporiser, afin de trouver un équilibre.  

@Juliet Blackthorn

Dans cette danse que partagent les deux Blackthorn, un œil non averti pourrai voir l'innocence de deux jeunes gens prenant cette occasion de s'amuser ensemble, de passer un moment de qualité au cœur d'une réception qui n'en manquait pas. Et pourtant, chacun des mouvements qu'ils effectuaient étés d'une précision calculée, millimétrée. La surface était parfaitement lisse, ne laissant pas la moindre aspérité possible. Cette perfection apparente, c'était le quotidien de bien des enfants portant le même héritage qu'eux, et si certains se trouvaient une volonté de se rebeller contre ce système traditionnels, d'autres, à l'image du Lufkin, choisissais de l'embrasser. Oui, choisissais. Il y avait un certain confort à suivre une ligne de conduite déjà écrite, un chemin de vie déjà tracé. Le coréen voyait dans cette perfection un moyen de se libérer des tracas inutiles, des choix futiles, afin de se concentrer sur ce qui était essentiel pour lui. Le savoir. S'il le pouvait, il passerait encore de nombreuses années entre les murs de son université afin d'en lire chaque ouvrage digne d'intérêt. Mais le revers de la médaille et qu'il devait parfois se plier aux règles qu'il avait aussi choisi d'accepter. En faisait parti les événements mondains comme celui ci, et les danses qui se devaient d'être tout aussi parfaite que son attitude.

Un autre revers était cette question de lignée, de mariage ... Bien qu'il ne soit pas celui à en avoir le plus souffert, en comparaison, par exemple, avec sa jeune cousine. Il ne releva pas son étonnement. Edward savait bien des secrets sur les membres de sa famille, et bien des manigances de leurs ainés, pour y avoir parfois prêté main forte. Mais dans le cas de la Summerbee, il n'y était pour rien. Il savait, c'est tout. Parce qu'il était directement concernait. Et cela lui fut par ailleurs confirmé par l'affirmation de la médicomage d'être célibataire. Le fait qu'elle lui retourne la question lui tira un petit sourire amusé. Je ne suis pas vraiment le type d'homme qui s'intéresse à ce genre d'amour, et je dois t'avouer que rien que l'idée de chercher une compagne me semble une perte de temps, au grand damne de père. Il ne parlait que très rarement de ce sujet en réalité, n'étant pas du genre à s'épandre sur ses propres sentiments. C'était trop dangereux pour son propre secret. De fait ... Il a été décidé que j'épouserai la femme de leur choix, si cette dernière n'a pas trouvé de prétendant sérieux à la fin de la trêve qu'elle a demandé ... Voilà, il en avait finalement parlé. Choisissant une manière un peu plus subtil. Peut-être que de cette façon, la jolie blonde comprendrait que cette décision n'appartient à aucun d'eux deux. Mais même si elle ne le satisfait pas entièrement, il n'a pas l'intention de la remettre en question. Et puis, après tout, il aimait sa cousine. Pas du même amour qu'on peut attendre d'un couple, mais cet amour là, il ne serait jamais capable de le donner, alors de bien des façons, Juliet serait la personne la plus heureuse à ses côtés.

@Juliet Blackthorn