Le convoi de la liberté ft. @Inès Saouli & @Vitalya Ivanenka | 02.03.22

Wyatt était un rebelle. Du moins, c’était toujours ainsi qu’on l’avait qualifié et il avait fini par y croire, grandissant en développant un comportement qui pouvait se rattacher à ce mot. Son caractère excentrique aidait à le faire passer pour un homme qui se fichait des lois, des directives et des interdictions. La vérité était un peu différente : Wyatt était tête en l’air. Il ne prenait pas le temps de s’informer sur les lieux où il allait, sur les choses auxquelles il devait faire attention, si bien qu’il était toujours en désaccord avec les circonstances. Et pour cela, on le qualifiait de rebelle.

Le couvre-feu ne faisait pas partie de ces “choses” que Wyatt oubliait régulièrement, même si ça aurait pu être le cas. Habitué des sorties de nuit - tournées des bars, soirées et autres joyeusetés - vivre de jour lui avait demandé un sacré ajustement, auquel il ne se faisait pas encore. L’Espagnol aimait la nuit pour plusieurs raisons : tout comme lui, elle pouvait s’avérer mystérieuse et pleine de surprises - plus ou moins dangereuses, soit dit en passant. Elle dissimulait les actes les plus ignobles et donnait un caractère privé à certaines interactions. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, à l’annonce du couvre-feu, Wyatt n’a pas aussitôt pensé à l’enfreindre. Par respect pour Erwin, son partenaire qui s’inquiéterait bien trop pour lui sinon. Mais le fait est qu’il ne pouvait pas s’en empêcher. Il devait aller à l’encontre des règles parce que, bien souvent, elles n’étaient pas faites pour lui, pour son mode de vie. Avec son nouveau poste d’assistant du Professeur Park à Hungcalf, il ne pouvait plus passer toutes ses journées à faire n’importe quoi avec n’importe qui. L’amusement ne pouvait se produire que le soir… à la nuit tombée.

Passer inaperçu pour un métamorphe était plus facile que pour un sorcier lambda. Plusieurs fois, il avait vu l’un des Aurors patrouiller dans son secteur et depuis, il s’était entraîné à prendre son apparence, des traits de son visage jusqu’à sa façon de marcher. En prenant le large cette nuit-là, il avait mis toutes les chances de son côté et rejoignit le speakeasy plutôt facilement. Bien sûr, il avait fait attention sur son chemin et ne gardait une rencontre avec un Auror sous sa nouvelle forme que pour les cas extrêmes. Arrivé à destination, il ne manquait plus qu’à attendre les détentrices du pass pour entrer et il fut surpris d’être là le premier, lui qui mettait toujours un point d’honneur à se présenter en retard. Il se planqua dans un coin sombre en attendant qu’Inès et Vanda rappliquent. Ses yeux s’habituèrent vite à l’obscurité si bien qu’il les vit arriver mais se rendit compte que la réciproque n’était pas au goût du jour lorsqu’Inès sursauta à sa vue. La lueur de la baguette aveugla momentanément le sorcier qui s’en cacha de ses mains.

« Désolé, désolé ! Vous en avez mis du temps… » Son regard parcourut de nouveau l’obscurité et il plissa les yeux en direction de la tête blonde qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. « Vous ne deviez pas être que deux ? Qui es-tu ? » demanda-t-il d’une voix basse à l’inconnue du bataillon.

Le convoi de la liberté ft. @Inès Saouli & @Vitalya Ivanenka | 02.03.22

L’ironie d’Inès ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd et il y répondit par une grimace. La nouvelle venue lui donna à la fois son prénom et la raison de sa présence mais contrairement à son homologue sorcière, la simplicité de la communication de Vita ne le faisait pas sourciller. Wyatt ne se compliquait jamais la vie à chercher la petite bête et, comme n’importe qui comme lui, il intégra que c’était probablement une étrangère qui avait du mal avec leur langue. Rien de plus, rien de moins. Par ailleurs, il ne comprenait pas vraiment la moquerie dont faisait preuve Inès mais ne chercha pas plus loin. Il n’avait pas creusé sa personnalité à ce point et il s’était peut-être passé quelque chose dans les minutes précédentes qui expliquait cet agissement. Étant donné qu’elle s’accompagnait de Vanda, il se posta aux côtés de Vita dans un sourire chaleureux et attendit de pouvoir la tirer à sa suite dans la fête clandestine. Cela ne le gênait pas de se coltiner Vita si tant est qu’elle savait s’amuser, ce qui restait à démontrer.

L’ambiance était parfaite et à peine furent-ils entrés que Wyatt avait déjà envie de se trémousser un peu partout - et contre tout le monde. « J’sais pas si tu mérites, on verra bien ! » Il y avait de fortes chances pour qu’il cède à ce caprice par simple envie de se donner en spectacle car l’Espagnol était un showman avant tout. Il n’en avait que faire de danser devant tout le monde, même sous les regards moqueurs, car il décidait souvent que ceux-ci ne comptaient pas pour lui. Tant qu’il prenait du bon temps, le reste n’avait que peu d’importance. Inès lui ravit Vita - apparemment, elle voulait tout de même jouer le rôle de guide dans la soirée et le sorcier en profita pour aller leur chercher des verres. Pleins, de préférence. La boisson aux reflets bleutés manquait de s’échapper du gobelet tellement il était rempli et Wyatt en prit quelques gorgées qui eurent un effet particulièrement désaltérant. Trop pour que ce ne soit pas de la magie. Lorsqu’il retrouva les trois femmes, il leur tendit à chacune leurs verres qu’il avait réussi à faire tenir entre ses deux mains sans les renverser. Avec cette foule, un désastre aurait pu vite arriver.

« J’espère que ta tolérance à l’alcool est élevée Vita ! On a l’habitude par ici… » Il lui fit un clin d’œil avant de se tourner vers Inès. « Je croyais qu’on était là pour danser ? Allez en piste les filles ! » Lui-même commençait déjà à se dandiner.