Le 5 avril en tout début de matinée.

Tout était confus. Tout était flou. Une chose était certaine : Elio avait mal, partout. Son corps ensanglanté tremblait. Il était en état de choc. Des flashback accentuaient cette douleur. Il voyait @Matéo Cooper et @Kashmiri Sanahuja . Il devait délirer. Ce n'était pas possible que ce soit Mateo qui lui ai fait ça. La douleur était telle qu'il n'arrivait pas à penser.

Allongé sur une civière magique, il mit un certain temps avant de réaliser où il se trouvait. Maintenant il reconnaissait les lieux puisqu'il s'agissait de son lieu de travail. Il n'avait aucune idée de comment il était arrivé ici. Il avait dû avoir une absence. Son cerveau rationnel tentait de reconnecter les morceaux mais chose difficile en état de choc.
@Kaiden Blackthorn . Il avait vu l'aîné des Blackthorn. Était-ce lui qui l'avait amené jusqu'ici ?

Il voyait des mines inquiètes autour de lui. Il reconnaissait ces visages. Il y avait aussi beaucoup de bruit et d'agitation mais bizarrement il avait l'impression de vivre ceci de très loin. Il tourna la tête et vit sa main, son bras tailladé. Ses vêtements étaient en sang. Il avait des coupures fines et profondes partout. C'était donc ça qui faisait mal ? Non, ce n'était pas tout. Il avait aussi du mal à respirer. Il sentait ses muscles endoloris. Il avait même l'impression qu'on lui avait cassé les os et pourtant, il pouvait bouger.
Il n'y arrivait pas. Il n'arrivait pas à comprendre et cela le stressait.

Matéo, avec sa baguette pointée vers lui. Et ce rictus... Il n'avait jamais vu cette mimique sur le visage de son frère. Cela n'avait pas de sens.
Il avait du mal à tenir en place sur le brancard, agité par ce traumatisme.
Il avait besoin de réponse et son cerveau était incapable à lui en donner.

Le réveil avait été rude pour la Blackthorn mais heureusement @kath avait réussit à se lever quelques minutes avant elle et l’odeur du café flottait doucement dans l’appartement. La blondinette ne buvait pas de café avant l’internat. Mais c’était avant de se rendre compte à quel point ce liquide était plus qu’essentiel a la survie de très jeunes médicomages en formation intensive… Elle n’aimait toujours pas le goût, mais elle n’imaginait vraiment pas s’en passer désormais.

- Docteur Blackthorn… Il y a quelqu’un qui vous demande à l’accueil.  

Elle avait déjà soigné deux patients dont un particulièrement désagréable quand une infirmière avait passé sa tête dans la salle de soins ou Juliet désinfectait manu-magiquement les instruments qu’elle avait utilisé. Voila qui était étrange… Elle termina sa tâche avant de prendre le chemin de l’accueil administratif des urgences où Kaiden attendait sur l’un des fauteuil vert foncé. A peine avait il vu sa soeur arriver dans sa blouse blanche qu’il se trouvait debout, mains jointes et regard inquiet.

- Kaiden ?

Le problème dans les hôpitaux, c’est qu’on pensait tout de suite au pire. Et Juliet n’avait absolument pas géré les entrées ce matin… N’importe qui avait pu arriver et être en salle de soin a cette heure. Le coeur de la blonde s’emballa et son visage palit brutalement.

- Rassure toi, il va s’en sortir, mais il fallait que je te parler avant.
- Il ? Qui ça Kaiden ?

Sa voix s’était faite pressante alors que les mains de son frère qui se voulaient rassurantes se posaient sur ses épaules. Ses pensaient allaient vers Quartus… Ca ne serait pas le premier accident de Quidditch que leur frère subissait.

- Elio.
- Elio !?

Cette fois, sa voix se cassa et s’abima dans les limbes. Son regard s’était embué et elle faisait déjà demi-tour pour retrouver son amoureux où qu’il soit. Elle en avait oublié les règles de prudence qu’ils s’imposaient depuis des mois. Si Elio était blessé, il fallait absolument qu’elle soit auprès de lui. Mais son aîné, dont elle venait de confirmer les doutes, avait attrapé la manche de sa blouse pour le retenir. Il la maintient sur place d’une poigne ferme.

- Juliet, écoute moi. C’était eux. C’était les parents. J’en suis sûr. Et la seule raison valable pour qu’ils fassent ça c’est parce qu’ils savent pour toi et Elio…
- Je…

La réalité venait de la frapper de pleins fouet et ses jambes se dérobaient sous elle. Kaiden la guida jusqu’au fauteuil où ils s’assirent et d’une voix basse Kaiden lui expliqua ce qu’il s’était passé quelques heures plus tôt dans la ruelle avec force et détails et au plus il lui expliquait, au plus sa version semblait cohérente… C’était bien les méthodes des Blackthorn… Et Kaiden qui n’avait pas été touché par les agresseurs.

Elle était sous le choc, Juliet, quand elle fut enfin autorisée à rentrer dans la chambre d’Elio. Tout le service était sans dessus dessous de savoir qu’un de leurs résidents avait été si violemment agressé. Il avaient eut beaucoup de mal à soigner les blessures du Cooper et a contrer le sortilège. Il avaient du le transfuser à deux reprises… Mais elle ne s’imaginait pas qu’elle pouvait être encore plus sous le choc en voyant le visage pâle et endormit de l’élu de son coeur, reposant dans les draps blancs, ses bras, sa gorge tous couverts de cicatrices… Silencieuse, rongée par la culpabilité, elle se laissa tomber sur la chaise qui était prêt du lit et glissa sa main  chaude dans celle d’Elio.

Une bulle se créa autour de sa tête, et un gaz se propagea à l’intérieur. Il savait parfaitement ce que cela signifiait. Il allait s’endormir. Ils allaient le soigner. Mais non, il ne voulait pas perdre consci…
Les yeux du Cooper se fermèrent et deux de ses collègues, dont le chef des urgences le prirent en charge. Ils s’occupèrent bien évidemment de toutes les coupures qu’ils trouvèrent sur le corps du médicomage. Ils firent aussi différents tests pour établir un diagnostic. Il n’y avait rien de cassé mais les poumons et les muscles avaient subit une forte pression. Il n’y avait donc aucun doute. Elio avait non seulement subit un sectumsempra mais aussi un doloris. Qui pouvait donc bien en vouloir à cet homme ?

Perplexe, le chef des urgences demanda à une infirmière d’amener Mr Cooper dans une chambre afin qu’il s’y repose. Son devoir était d’en informer le bureau des aurors. Mais il avait aussi envie de le laisser un peu tranquille...

Elio reprit conscience. C’était calme. Il eut un instant l’impression qu’il était dans son lit. Mais il ne reconnaissait pas son matelas. Par contre, il sentait une main chaude dans la sienne.
Il ouvrit les yeux et il sut rapidement qu’il était à l’hôpital. Rapidement, tout lui revient en mémoire. Le stress revint. Son coeur s’accéléra, tout comme sa respiration. Il tourna la tête, et vit Juliet. Oh comme il était soulagé de la voir. Il avait envie de lui expliquer. Mais il ne trouvait pas les mots. Ses yeux s’embuèrent et des larmes se mirent à couler. Il avait encore mal au niveau de sa cage thoracique. Mais le plus terrible était les images qui revenaient.

-Matéo…

Sa voix se brisa. Il ne comprenait pas.

Blanche comme un linge, elle avait tiré une chaise et s’était installé silencieusement auprès d’Elio. Elle avait glissé sa main dans celle du médicomage devenu patient à cet instant. Elle se fichait bien qu’on puisse la voir au travers la vitre de la chambre… De toute façon elle avait bien compris que le pire était arrivé, que leur secret avait été dévoilé, qu’ils n’avaient plus besoin de se cacher… Ce temps était révolu désormais.

Elle était pâle comme un linge et muette comme une tombe. Elio dormait et chaque seconde elle vérifiait que son torse se soulevait, qu’il respirait. Elle scrutait ses cicatrices à l’affut de la moindre goutte de sang qui pourrait s’en échapper malgré les soins prodigués au Cooper. Elle essayait de détourner son esprit comme elle pouvait mais…

La culpabilité ne faisait que s’accentuer. A chaque respiration difficile. A chaque cicatrice qui se tendait. Elle ne pouvait nier l’évidence. tout ceci était de sa faute. Le témoignage de Kaiden avait été assez évident pour qu’elle ne doute pas de sa parole, qu’elle ne s’engouffre pas dans un bienheureux déni ou dans la thèse de l’accident. Non. C’était une agression et c’était signé Tiberius à n’en point douter.

- Elio…

Elle avait vu les larmes coulé avant même d’entendre le son de sa voix. Presque instinctivement, la douce Blackthorn envoya manu-magiquement un sortilège d’apaisement qui vint illuminer sa main d'un halo blanc. Elle y mit toute sa force, tout son amour. Parce qu’elle devinait que le réveil de son cher et tendre serait brutal. Peut être même que sa présence n’allait pas arranger les choses.

- Matéo n’est pas ici. Il va bientôt être mit au courant que tu es là. Kaiden m’a prévenue et je suis déjà là parce que j’étais de garde…

Sa voix se veut rassurante et pourtant sa lèvre inférieure tremble. D’un geste doux, elle efface une larme qui coule de son pouce. La gorgée serrée elle demande.

- Comment te sens-tu ? De quoi te souviens-tu ?

Elio sentit une douce chaleur l'envahir et son stress s'apaisa légèrement. Juliet y était certainement pour quelque chose et il lui en était reconnaissant.
Elle lui donna quelques informations lui permettant de se donner un repère temporel. Si @Matéo Cooper n'était pas encore au courant et si Juliet était présente, c'est que cela venait de se produire. Il n'avait pas dormi longtemps.
Le personnel soignant avait certainement dû l'endormir pour lui prodiguer les soins.

Juliet n'avait pas compris pourquoi il avait mentionné le prénom de son frère. Mais après tout comment aurait-elle pu ?
Même lui avait du mal à réaliser ce qu'il s'était passé. Même lui il avait du mal à croire que c'était bien réel. Et pourtant il se trouvait actuellement sur un lit d'hôpital.

Bien que Juliet avait réussi à apaiser son stress, l'émotion était toujours présente et aussi forte.

-C'est Mateo...et...Kash.

Il se mit à sangloter. Ces mots lui semblaient tellement absurdes.

-Ils étaient...sur le...bord de route. Je, je les ai suivit. Mais comment...est ce possible ?

Il plaqua ses mains sur ses yeux, probablement pour se cacher de Juliet. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été dans cet état de fragilité et cette fois ci elle en était spectatrice. En même temps, il souhaite qu'elle reste à ses côtés. Il a besoin d'elle.

-Pourquoi ? Pourquoi ils ont fait ça ? Ce n'est pas possible. C'est pas possible.

Elio ressassait ces questionnements. Impossible de s'en défaire. Les images lui revenaient sans cesse et tournaient en boucle. Il revoyait Mateo et @Kashmiri Sanahuja.

Les larmes affluent dans le regard azuré de la Blackthorn et pourtant aucune ne cède. Elle ne pleure pas. Elle ne s’en sent pas en droit de verser la moindre larme. Elles ne seraient pa légitime. A cet instant, elle se sent aussi victime que coupable. Voir Elio ainsi la brise mais elle sait qu’elle n’est pas étrangère à cette situation bien qu’elle ne l’ait pas voulu. Bien qu’elle ait cherché à l’éviter.

Alors qu’il se reveille, elle lui administre un puissant sortilège d’apaisement mais son coeur à elle bat à tout rompre. Elle efface une larme et alors qu’elles continuent de couler, l’interne quitte son siège pour s’assoir sur le lit face à son amoureux et poser ses deux mains autant de son visage.

Elle l’écoute parler. Puis sangloter. Son coeur se brise. Mille fois. Elle se penche pour le prendre dans ses bras. Elle ne l’a jamais vu ainsi mais compte tenu de ce qu’il venait de subir ce n’était pas surprenant qu’il réagisse ainsi. C’était même plutôt rassurant. Elle l’entoure de ses bras, de sa présence, de son amour. Les sanglots secouent son corps et elle voudrait tellement pouvoir le serrer pour fort mais les cicatrices qui maculent sa peau ne lui permettent pas.

- Ce n’était pas eux Elio.

Elle le relâche doucement, retrouve ce regard qu’elle aime tant. Elle essaye de prendre une voix rassurante malgré la situation dramatique. Elle essaye d’oublier la culpabilité, d’oublier la peur. Il faut absolument qu’il comprenne que son frère et son ami n’y sont pour rien dans cette histoire.

- Je sais que ça avait l’air d’être eux, mais ce n’était pas eux. J’ignore s’il s’agissait de polynectar ou d’un sortilège autre mais je peux t’assurer que ce n’était pas eux. Kaiden en est sûr et certain

Un sourire triste, forcé, s’affiche sur son visage.

- Ils ne te feraient jamais de mal, Elio.

Eux, non..

Le médicomage fit part à son amour ce qu’il avait vécut, ce qu’il avait vu. Bien que cela lui semblait invraisemblable, c’étaient les faits. Juliet, compatissante, vint prendre Elio dans ses bras. Il en avait besoin. Même la magie n’égalait le pouvoir réconfortant d’un câlin. Il sentit ses cicatrices encore fraîches au contact de la Blackthorn mais peu lui importait.
Il n’arrivait pas à stopper ses sanglots et après tout à quoi bon ? Les pleurs étaient une décharge émotionnelle qui permettait de retrouver le calme.

La douce voix de Juliet parvint à son oreille. Comment ça ce n’était pas eux ? Bien sûr que si. Ils les avaient vu.
Il l’écouta parler et tout coula de source. Comment n’avait-il pas pensé à un subterfuge magique ? Kaiden avait été présent, il en avait donc fait part à sa sœur. Et leur théorie était bonne. Elio sentit un soulagement énorme l’envahir. Une autre possibilité s’ouvrait à lui. Il se sentit bien bête d’avoir pensé qu’il s’agissait bien de Matéo et de Kash.
Mais qui était donc aussi cruel pour lui faire subir tout ça ? Et pourquoi ?

Elio ouvrit la bouche mais il fut interrompu. On toqua à la porte et une infirmière passa la tête. Sur son visage, il put lire la surprise, puis la gêne.

 -Excusez-moi de vous déranger Docteur Cooper, Docteur Blackthorn, je venais vérifier votre état. Je peux repasser un peu plus tard. 

Elio ne sut comment réagir. L’infirmière les avait vu ensemble et cela allait vite faire le tour de l’hôpital. Elle referma la porte derrière elle. Elle devait se dire qu’avec la présence d’une autre médicomage, il devait être entre de bonnes mains.

« Juliet, l’infirmière...Elle n’est pas dupe, les rumeurs vont repartir de bon train. Je suis désolé.»

Leur secret allait être mis à rude épreuve désormais.

Kaiden avait été formel. Il pratiquait assez les « incidents » qui pouvaient arriver dans l’entourage des Blackthorn pour ne pas comprendre que c’était signé Tiberius. Kaiden n’en doutait pas et Juliet n’avait pas de raison de douter de Kaiden. Les méthodes, le timing, la cible… tout désignait son père et Juliet sentait une sourde colère s’installer dans son coeur. La colère contre son père, contre sa famille, contre le système, contre elle même…

Elle gardait soigneusement ses sentiments à l’intérieur parce que tout son être était dédié à Elio qui traversait une première crise post-traumatique. L’incompréhension se lisait dans ses yeux, la peur se traduisait dans ses sanglots. Elle aurait oublier effacer la douleur, oublieter la peine mais c’était impossible.. Tout comme elle n’avait pas pu faire oublier à son père l’image d’elle embrassant l’héritier Delgado, elle ne pouvait effacer la manipulation et les cicatrices dont avait été victime Elio.

Elle n’avait pas l’intention de lui mentir. D’ailleurs, elle ne l’avait jamais fait. Au pire avait elle, parfois minimisé les faits. Pour ne pas inquiéter le Cooper, pour ne pas lui faire pitié. Mais en ce qui concernait la dangerosité des Blackthorn quant à leur couple, elle avait toujours été explicite. Et elle avait l’intention de continuer à l’être. Mais d’abord, elle voulait apaiser ses pleurs. Il s’apaisa quelque peu quand il comprit que Kashmiri et Matéo n’avaient rien à voir dans cette histoires et elle en profiter pour effacer tendrement les larmes qui maculaient ses joues.

C’est cet instant qu’une infirmière, Caroline, qu’ils connaissaient bien tout les deux fit irruption dans la pièce. Une fois passée la surprise de les voir si proche, elle expliqua les raisons de sa venue et se proposa de repasser. Elio était pantois, Juliet hocha doucement la tête et lui adressa un sourire aimable. Le-dit sourire devint triste lorsqu’elle entendit les paroles contrariés du Cooper qui n’avait pas comprit que leur secret avait atteint les oreilles de ceux dont ils cherchaient désespérément à se cacher.

- Ce n’est pas grave, Elio.

La situation l’était, par contre. Et il allait falloir le lui expliciter parce que le Cooper était sous le choc, incapable de se rendre compte de ce qui se jouait actuellement. Ses mains se glissent dans celle du Cooper et les serrent doucement, cherchant ses mots, alors que sa voix laisse transparaitre toute la culpabilité qu’elle ressent.

- J’ignore comment, mais mes parents sont au courant de notre relation… Et d’après Kaiden, ils sont à l’origine de … tout ça…

Elle n’est même pas capable de mettre un nom à ce qui vient d’arriver… Tout ce qui lui vient en tête à cet instant c’est « attentat »…

- Je suis désolée…

Le dernier mot lui arrache la gorge. Son visage se décompose, les émotions arrivant au seuil du contrôlable…

Ce n’est pas grave ? Elio fronça les sourcils. Ils se cachaient depuis des mois et parce qu’il avait subit une agression, Juliet changeait d’avis ? Il était vraiment reconnaissant et plus que soulagé que son amour se trouve près de lui en cet instant. Cependant, il ne comprenait pas pourquoi elle semblait avoir changé de positionnement concernant leur couple. Les idées confuses, les émotions encore présentes, il ne comprenait pas. Il n’arrivait pas à faire le chemin vers l’explication de lui-même. Il détestait cet état mais il n’avait pas la force ni l’envie de forcer son mental à fonctionner correctement.

Cela dit l’explication ne tarda pas. Elio tomba des nues. Son regard plongea dans celui de Juliet, toujours amoureux de ces yeux bleus. Il y eut un instant de silence. Le médicomage cherchait à savoir si elle disait la vérité. Et en même temps, pourquoi ne dirait-elle pas la vérité ? Mais c’était trop gros, trop énorme pour que ce soit le cas. Etait-ce une plaisanterie ? Une cruelle plaisanterie ?

Vu l’expression de Juliet dont les yeux étaient en train de se remplir de larmes, il prit conscience de la gravité de la situation.

-Ils sont fous, dit il dans un souffle.

Elle l’avait prévenu qu’il y aurait des représailles si ses parents apprenaient leur relation. Mais comment aurait-il pu imaginer cela ? Comment aurait-il pu s’attendre à ce qu’ils organisent une agression avec le visage de ses proches ?

-Ce sont des grands malades.

Elio avait du mal à intégrer cette information.

-Tu es en train de me dire que ce sont tes parents qui sont à l’origine de cette agression, parce qu’ils savent que nous sommes ensemble ?

Son rythme cardiaque augmenta de nouveau. L’incompréhension laissa place à la colère.

-Mais ils méritent d’être internés ! C’est complètement fou !

Vu qu’il commençait à s’agiter, ses cicatrices lui provoquaient de la douleur et il grimaçait à chaque fois que son corps bougeait, même s’il ne faisait pas de grands gestes.

-Comment est-ce qu’ils sont au courant ?!

Elle avait tenté de le prévenir. Comment avait-elle pu laisser faire ça ?

-Tu savais ce dont ils étaient capable ?

Il se sentait à la fois fébrile et incapable de contrôler ses émotions. Cela faisait beaucoup trop pour lui en si peu de temps.

Elle ne pouvait pas lui mentir. Ni même simplement dissimuler l’affreuse vérité. Parce que c’était dangereux. Et parce que c’était Elio. Leur relation était assez difficile en elle même, et ce malgré toute l’affection qu’ils pouvaient se porter, si en plus ils n’étaient pas sincères l’un envers l’autre. Et puis… Elle lui devait bien ça non ? Est ce que le fait de tout avouer allégeait le poids de la culpabilité de la douce Blackthorn ? Absolument pas. Au contraire. Chaque mot qu’elle pronoçait l’accablait un peu plus.

Elle déglutit si difficilement qu’elle craint ne plus retenir ses larmes. Elle essaye de rester de marbre mais en réalité elle est si blême, si vide à l’intérieur d’elle même. Elle ne sait plus quoi dire. Elle ne sait plus quoi faire. Elle voudrait hocher la tête, parce qu’elle aussi trouvait qu’ils étaient fous mais une certaine forme de loyauté l’en empêchait. Elle voudrait le prendre dans ses bras alors qu’il commençait à prendre conscience et à s’agiter mais elle craignait qu’il ne la repousse. Elle ne bougeait plus, ne respirait plus, car le moindre mouvement risquait de la faire craquer définitivement.

Il lui demande comment est ce qu’ils sont au courant et Juliet hausse faiblement les épaules puis secoue la tête négativement. Seul moyen pour dire qu’elle ne sait pas sans s’effondrer. Mais c’est peine perdue face à la question suivante. Cette fois elle hoche la tête et font en larmes. Ses mains quittent les avant bras d’Elio pour venir dissimuler son visage.

Elle savait. Bien sûr qu’elle savait. Elle se doutait en tout cas. Elle était encore jeune quand le petit copain sang-mêlé de Quarta avait disparu. A cette époque les deux jeunes femmes étaient déjà éloignée mais sa cousine avait voulu utiliser cette histoire pour mettre en garde Juliet. Elle l’avait entendue mais pas écoutée… Elle savait qu’il pouvait y avoir des conséquences mais elle ne pensait pas qu’ils iraient aussi loin. Elle pensait qu’elle subirait leurs pressions, pas qu’ils s’en prendraient physiquement à celui qui faisait battre son palpitant.

- Je suis désolée.. tellement désolée.. désolée..

Disque rayée, entre deux hoquets, elle n’est plus capable que de s’excuser. La culpabilité l’assaille de toute part et elle entend dans la question d’Elio une reconnaissance de responsabilité. Il lui en veut et il a bien raison. Elle lui a laissé prendre ce risque et pour… quoi ? Être avec elle ? Personne ne méritait de souffrir juste pour quelques heures dissimulées, passées à ses côtés. Personne. Il est temps pour elle de partir. Elle ne se sent plus capable de croiser le regard du Cooper.

Face à la dernière question du Cooper, Juliet s'effondra. Elle avait tenu bon jusque là bien qu'il savait qu'elle était très affectée par la situation. Il la connaissait suffisamment pour voir ô combien elle tentait de fermer les vannes des larmes. Mais les barrières tombèrent. Il la regarda hocher la tête. Elle n'avait rien prononcé mais elle le lui avait tout de même répondu. Il ne comprenait plus rien. Il ne la comprenait plus.
Quand elle avait manigancé leur fausse rupture pour les protéger, il en connaissait la raison. Mais jamais il n'aurait imaginé que les Blackthorn iraient jusque là. Une agression...de la torture... Qui sait ce qu'il se serait passé si Kaiden n'était pas intervenu ? Il aurait eu tendance à croire qu'ils ne seraient tout de même pas capable de premediter un meurtre. Et maintenant, il en doutait.

Il voyait son amour pleurer et la voir ainsi lui faisait mal au coeur. En tant normal il l'aurait pris dans ses bras. Mais il en était incapable. Il était en colère contre elle. Il avait besoin de son soutien mais elle n'était pas capable de le lui donner, la culpabilité la submergeant.
Il l'écoutait lui dire qu'elle était désolée. Il aurait aimé la rassurer mais c'était trop demandé pour lui. Il ne savait plus où il en était.
Il repositionna le dos contre son oreiller, ses cicatrices lui faisaient mal.

-J'ai besoin de repos Juliet.

Il était secoué par tout ce qu'il venait de se produire dans sa vie et ne savait comment le gérer. Il se sentait abattu. Il ne chercha pas à la retenir. Elle avait certainement aussi besoin de prendre du recul.