Était-ce réellement une heure pour se rendre chez Octave Muller un samedi soir ?
La jeune femme aurait pu passer sa soirée à s’amuser en compagnie du jeune @Miguel Pajares ou bien dans les bras de @"Jefferson Gold" mais elle avait préféré donner son temps à la science. A vrai dire c’était un choix tout à fait honorable et on pourrait même penser à de l’altruisme si on écoutait ses explications sans trop faire attention.

Ses fréquents travaux chez l’apothicaire @Ambrosius Redgrave avaient porté leurs fruits. Elle avait à présent plus d’ingrédients en main mais surtout davantage de connaissances en potions. Elle pourrait être à deux doigts de changer de filière si la médicomagie n’était pas son art de prédilection.

C’est donc comme à son habitude qu’elle prit le soin de bien se préparer. Un maquillage plutôt sombre sans pour autant ternir son visage vint tout d’abord sublimer ses traits.  Elle enfila par la suite un pantalon et un haut à manche longue noir, constitués de matières très nobles. Il ne faisait pas froid en ce moment au vu des saisons mais l’air avait tendance à se refroidir en soirée. C’est donc avec une cape adaptée pour ce climat qu’elle quitta son domicile. Son majordome l’attendait en bas de l’immeuble pendant qu’elle faisait résonner les escaliers de ses hauts talons toujours noirs.

Souvent quand elle se déplaçait le soir ou dans des endroits inconnus elle se faisait escorter. C’était une condition de son père pour qu’elle puisse avoir son propre appartement. Cela ne dérangeait pas du tout Maciya, l’employé était plutôt de bonne compagnie puis c’était rassurant.  

Après une bonne vingtaine de minutes ils arrivèrent tous deux devant le manoir du Muller. C’était une grande bâtisse dotée d’une effrayante beauté. Le manoir semblait bien correspondre à la personnalité du jeune homme. L’atmosphère était étonnamment froide en cette douce nuit d’été comme si le temps sentait ce quel genre de projets allaient bientôt commencer à se faire. La jeune femme se demandait si ce partenariat allait vraiment mener quelque part … Elle était douée pour sentir qui pouvait lui être utile et généralement elle ne se trompait pas. Elle avait donc senti chez le jeune gyrmm l’énergie qu’il manquait peut-être à la concoction de sa potion. Certes ils étaient différents mais il y avait bien quelque chose qui les liait, cette curiosité pour les mystères de la magie peu importe leurs intentions ce n’était pas rien tout de même. Il est vrai que le jeune Muller pouvait en effrayer plus d’un et c’est d’ailleurs pour cela que la jeune femme restait sur ses gardes, elle ne voulait pas faire l’erreur de le sous-estimer.

Maciya sonna à la porte, son majordome la regardait au loin et elle lui avait dit qu’elle finirait assez tard, Il reviendrait donc un peu plus tardivement dans la nuit. Elle était d’une humeur plutôt sérieuse ce soir et observait attentivement l’environnement qui l’entourait. Des maisons de ce type c’était vraiment grandiose, celui lui rappelait presque celles que Nullus s’amusait à lui faire voir, vraiment un sacré prétentieux celui-là.

@Octave Muller

Spoiler:

Terribles machinations ft. @Maciya Mane | 15.06.22

Octave leva le nez de son ouvrage et posa les yeux sur l’énorme pendule qui trônait fièrement dans le salon des invités du manoir Muller. Elle sonnait les neufs coups de la soirée et chacun d’eux résonnait dans la bâtisse en se déployant dans les diverses pièces collées les unes aux autres. Il le savait, ses parents se trouvaient quelque part par là à vaquer à leurs propres occupations dont il ne se souciait guère. Chacun gérait ses affaires de son côté et tout le monde était heureux ainsi. L’étudiant se trouvait être l’un des derniers enfants de cette branche de la famille à vivre régulièrement au Manoir, les autres ayant trouvé plus d’intérêt à la vie en appartement, en Écosse, proche d’Hungcalf. Octave n’y avait pas vu l’utilité. Tout ce dont il avait besoin se trouvait ici-même et si déménager ses affaires et son potager ne demanderait que peu de peine, il appréciait l’ambiance british qui se dégageait des rues de Londres. Rien à voir avec cet accent effroyable qu’empruntaient les Écossais à longueur de temps. Le jeune homme se redressa, plaça son marque-page à l’endroit où il s’était arrêté dans sa lecture (un vieux livre sur les légendes oubliées qui donnait le ton à cette soirée) et posa l’ouvrage sur la petite table qui lui faisait face. Il tira sur son t-shirt immaculé pour en effacer le moindre pli et descendit tranquillement les escaliers jusqu’à la porte principale.

Il avait compté sur la bonne éducation de Maciya pour arriver à l’heure à leur rendez-vous et pour ce faire, il se tenait devant la porte du Manoir alors que la première minute n’était pas encore atteinte. Les bras derrière le dos et les mains jointes, son dos restait immuablement droit au fil des secondes, même lorsqu’il entendit un moteur vrombir à quelques mètres de l’endroit où il se trouvait. Il jeta un regard mauvais à l’elfe de maison qui s’empressa de défaire un à un les verrous de la porte par la magie et il alla promptement se mettre dans l’ombre pour cacher sa présence à l’invitée. Octave prenait sur lui car la personne qu’il recevait en son nom entre ces murs n’avait pas un sang aussi pur que du cristal. Il était souillé, tâché d’une immonde trace et pourtant, Maciya se tenait là. Elle semblait observer le Manoir et il ne pouvait pas l’en blâmer. Selon la personne qui se présentait en ces lieux, le bâtiment pouvait dégager une aura bien différente. Pour elle, il devait probablement dégager une sensation de mystère qui correspondait parfaitement à son hôte, lequel fit un pas dans sa direction. La voiture disparut alors même que les portes se refermaient sur la sorcière dans un son obscur de cliquetis, scellant leurs destins l’un à l’autre.

« Bienvenue au Manoir Muller. Je vois que tu n’as eu aucun mal à trouver. Veux-tu quelque chose à boire avant que nous nous mettions au travail ? » La politesse et la bienséance avant tout, il se devait de représenter correctement le nom des Muller.

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Il se tenait correctement devant elle mais ne lui accorda pas pour autant le salut qu’il réservait aux sorciers de haut rang au sang aussi pur que le sien. Un simple signe de tête accompagna ses propos et elle pouvait d'or et déjà s’en estimer méritante.

« Un thé au jasmin, très bien. » Son regard navigua jusqu’à l’elfe de maison et se fit plus dur, ce qui transmit aisément le message qu’il avait à faire passer. Cela ne dura que quelques secondes et presque aussitôt, la créature quitta son obscurité pour disparaître derrière une porte, menant elle-même aux cuisines. Il savait où l’emmener exactement et quand. Les elfes du Manoir avaient eu tôt fait de comprendre qu’Octave ne plaisantait jamais avec ces choses-là et qu’il pouvait se montrer bien plus cruel qu’on ne l’imaginait. Après tout, il avait trouvé la scène des elfes mutilés particulièrement stimulante. Un tableau digne d’un grand artiste. Et en parlant de ça, Maciya faisait traîner son regard sur les possessions artistiques des Muller, complimentant le lieu comme il se devait. Le jeune homme releva le menton, signe de sa grande fierté et ne fut pas surpris des mots de la sorcière. Il ne devait lui arriver que rarement de pouvoir entrer dans un tel domaine, sur invitation de surcroît. L’entrée n’était pourtant pas la pièce la plus ostentatoire du Manoir. Si elle la trouvait déjà impressionnante, qu’en sera-t-il du reste ?

Il lui fit signe de la suivre alors qu’ils montaient le premier escalier jusqu’à l’étage où se trouvait son laboratoire personnel. Une grande pièce fraîche que ses parents lui avaient cédé après que les autres enfants se soient évaporés du Manoir pour “aller vivre leur vie de personne indépendante”. S’il pouvait comprendre les raisons théoriques de ce choix, la réalisation le laissait perplexe. La présence - permanente ou temporaire - des autres Muller en ces lieux ne le perturbait que rarement.

« C’est bien mon intention. J’ai moi-même fait quelques recherches et inventaire de mes ingrédients pour que les choses ne traînent pas inutilement en longueur. » Il posa son pied sur la dernière marche puis traversa un long couloir plutôt sombre et garni de tableaux en tous genres, avant d’arriver devant une porte d’apparence simpliste. Bien sûr, celle-ci était trompeuse et subissait un charme qui empêchait à l’intru de remarquer les nombreuses chaînes et verrous magiques qui la gardaient. À cela s’ajoutaient quelques sorts bien trouvés. Une grande prudence, certes, mais qu’Octave pensait justifiée. Ce qu’il faisait là-dedans tenait parfois de l’illégal et il ne souhaitait pas que n’importe qui mette sa main sur ses affaires. Ainsi, la pièce dans laquelle ils pénétrèrent - après quelques mouvements discrets de sa baguette - était elle-même truffée de sorts qui l’insonorisaient et la protégeaient des attaques néfastes. La moindre intrusion lui serait aussitôt notifiée. Il sentit par ailleurs le champ de force de la pièce se modifier lorsque Maciya passa la porte derrière lui, comme si l’environnement tout entier cherchait à l’analyser et l’accepter. Ou non.

« C’est ici que nous ferons le plus gros du travail. Tu peux déposer tes produits sur la table, là-bas. » Il désigna l’un des seul plan de travail complètement nu, les autres étant déjà occupés par des outils ou ingrédients divers. Bien sûr, il ne la quitta pas du regard ce faisant.

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Il ne manqua pas de remarquer le regard de Maciya qui allait d’un point à un autre de la pièce, semblant enregistrer chaque détail de ce qu’elle voyait. Elle cherchait sûrement une porte de sortie au cas où les choses se passeraient mal entre eux et elle faisait bien de prendre cette précaution. Malheureusement pour elle, à part les fenêtres protégées par des sortilèges, il n’y avait aucune autre sortie possible que la porte par laquelle ils venaient d’entrer et qui était plus sécurisée qu’un bunker. Sa remarque le fit lever légèrement les yeux au ciel mais il n’y apporta pas de réponse, vu qu’elle coulait de source. Ses conquêtes éphémères n’avaient absolument rien à faire dans un endroit pareil. D’ailleurs, quasiment personne n’était autorisé à y mettre les pieds, même les membres de sa famille. Maciya était là à titre exceptionnel et cela lui coûtait déjà beaucoup, alors mieux valait pour elle qu’elle ne pousse pas la plaisanterie un peu trop loin. Il aurait tôt fait de la faire sortir à coup de baguette magique, ou d'user de ses capacités sur elle afin d’obtenir des informations pour mieux la faire tourner en bourrique plus tard. Octave n’avait pas qu’un plan B, il avait un plan Z au cas où les choses ne tourneraient pas à son avantage. À se rappeler que son potager ne se trouvait qu’à quelques mètres de là, qu’il était tard, que la nuit deviendrait bientôt aussi noire que du charbon et qu’il n’y aurait personne pour remarquer ses agissements, bons ou mauvais.

« Pour qui me prends-tu ? J’ai déjà sorti ce dont j’ai besoin. » Quittant sa silhouette, il posa le regard sur les instruments qui se trouvaient déjà sur la table de travail d’à côté, organisés selon leur importance, usage et potentielle dangerosité. Contrairement à l’idée qui pouvait être véhiculée lorsque l’on regardait son laboratoire d’un bref coup d’œil, chaque chose était à sa place et ne pouvait être déplacée qu’avec son consentement vocal. Très maniaque de nature, Octave ne savait pas faire autrement que méthodiquement. Le sorcier s’installa de l’autre côté de la table et ne parcourut ses notes que quelques secondes, en diagonale, ce qui lui suffit à se rappeler ce qu’elles contenaient.

« J’ai fait de nombreux tests entre les deux éléments dont parle la recette oubliée. Je les ai alliées à d’autres composants, plus ou moins basiques pour ne pas avoir à y revenir plus tard, mais cela n’a rien donné de concluant. Je ne me trompe pas en disant que ce qui permettra de réaliser cette potion est rare et ne se trouve pas facilement. » Il ne ressentit pas le besoin de préciser qu’il possédait en ces murs des ingrédients d’une grande rareté, qu’il était même parfois interdit d’avoir chez soi. Octave n’était pas avare de contacts pouvant lui trouver ce qu’il désirait pour une petite somme de gallions (grande pour les plus démunis mais à ses yeux, cela ne représentait rien) mais même ce qu’il avait en stock n’avait pas suffi à régler ce mystère.

« Néanmoins, j’ai obtenu une réaction avec du Sang de Re’em. Faible, mais bien présente comparée aux autres ingrédients. Et de ton côté ? »

« Je n’en attendais pas moins de toi. » Répondit-elle tout en jetant un œil au bazar présent autour d’elle. Maciya avait bien sûr pris le temps de chercher quelques informations sur le jeune homme. Il fallait tout de même confirmer les premières impressions qu’elle avait eu de sa personne. Elle savait qu’elle allait devoir collaborer un petit moment avec lui, elle devait donc rester sur ses gardes. Elle sentait bien qu’il cachait des choses obscures au fond de son être. Ce n’était pas quelqu’un qu’on pouvait voir à toutes les soirées du campus, il avait l’air plutôt solitaire et dans la réserve. Un vrai mystère. Tout cela était plutôt intriguant pour la jeune femme mais elle sentait que si elle s’aventurait trop loin elle se brûlerait surement les doigts.

« Très bien. » Dit-elle tout simplement après avoir attentivement écouter ses paroles concernant le travail qu’il avait effectué. Il avait été plutôt sérieux et assidu, Maciya l’avait donc bien jugé sur ce point.

Bien évidemment l’ingrédient recherché était rare et il était vraiment compliqué de trouver ce qui pouvait bien convenir. Un véritable casse-tête. Il fallait avoir de la patience pour mener à bien ce projet et étonnamment Maciya arrivait à tenir bon. Elle n’était une personne forcément connue pour sa patience mais quand quelque chose lui tenait à cœur, elle pouvait être surprenante.  

« J’ai déjà testé le sang de Re’em et je pense qu’on peut garder ça en tête. » C’était plutôt impressionnant de voir qu’il avait eu la même idée qu’elle. Cet ingrédient apportait certes une faible réaction mais c’était déjà plus concluant que beaucoup d’autres ingrédients. Il y avait peut-être un autre ingrédient à rajouter ? Ou plusieurs ? C’était vers cela que le travail de la jeune femme s’était orienté. Elle était persuadée qu’il manquait encore d’autres éléments.

« J’avais déjà dressé une liste de tous les ingrédients qui pouvaient se mélanger soit avec le sang de licorne ou soit avec la poudre de dragon. Le sang de re’em provoque une faible réaction car il se mélange bien avec la poudre de dragon mais est peu utile mélangé au sang de licorne. » Il devait déjà savoir tout cela mais il fallait qu’elle soit la plus claire possible. Elle leva sa baguette pour faire une sorte de schéma lumineux. « Je pense que c’est une combinaison, parce que le problème du sang de licorne est que c’est une potion de vie défectueuse, toute personne qui s’en abreuve sauve sa vie mais est maudit. Il faut donc trouver un ingrédient qui annihile les propriétés néfastes de ce sang. » Elle pouvait sentir la force magique de la pièce vraisemblablement méfiante face à sa magie pourtant inoffensive. « J’ai ma petite liste à ce sujet et il y a un ingrédient en particulier qui se mélange bien avec le sang de Re’em et le sang de licorne. C’est l’huile de rose, rien de très rare ou difficile à trouver. » Un quatrième ingrédient s’ajouta à son schéma lumineux. « J’ai testé les quatre ingrédients et la réaction devient beaucoup plus intéressante. » Elle abaissa la lumière faisant disparaître son croquis aérien. « Bien sûr ce n’est pas suffisant. »

Elle fît virevolter ses notes vers le jeune homme. « Il manque un dernier élément pour que tous les éléments puissent se mélanger entre eux. Enfin si ma piste est bonne …  C’est ce que j’ai trouvé à ce sujet, ce n’est pas complet, plutôt abstrait et ça ne ressemble pas à quelque chose qu’on puisse trouver en Angleterre malheureusement. » Et tout cela ce n’était que les ingrédients que cette potion avait décidemment besoin pour fonctionner. Maciya avait encore pleins de notes et d’hypothèses dans son sac … Décidemment la nuit allait être longue.

« En bref, Le sang de licorne et le sang de Re’em ne se mélangent pas vraiment, par contre l’huile de rose se mélange bien avec le sang de licorne. Quand on mélange ces deux éléments, la rose et la licorne on peut y ajouter le sang de Re’em et obtenir quelque chose. Avec ces trois ingrédients on pourra enfin y ajouter la poudre de dragon qui elle, réagit au sang de Re’em. Cela permet une réaction mais il manque encore quelque chose pour que la potion fonctionne. » Après tout cela n’était qu’une hypothèse.


@Octave Muller

Spoiler:

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Il ne connaissait pas encore les expérimentations que Maciya avait conduites à ce sujet. Il ne savait que ce qu’elle avait bien voulu lui renseigner c'est-à-dire pas grand chose. Néanmoins, cela ne l'avait pas empêché de faire ses propres tests et ses résultats les faisaient déjà avancer. Il aurait eu moins la sensation d'avoir perdu son temps si la demi-sorcière lui avait dit plus tôt que ce mélange seul n'avait pas été concluant. Il aurait pu essayer bien d'autres combinaisons au lieu de pédaler dans la semoule. Mais il ne servait à rien de s'énerver pour le moment. Octave essayait de penser au but qu'il s'était fixé et au fait qu'il serait plus difficilement atteignable s'il ne pouvait pas profiter des connaissances succinctes de Maciya sur le sujet. Tout était donc question de patience et de tolérance - ce qu'il ne possédait pas en grand nombre, il fallait bien l'admettre. Au moins, elle ne cherchait pas à le rabaisser inutilement avec un ton ridiculement supérieur, comme celui qu'elle avait pu emprunter lors de leur dernière discussion. Prenant quelques notes sur son carnet à la couverture en cuir aussi sombre que son âme, il écoutait la jeune femme pour tenter de trouver une solution à leur problème de mélange. Si elle s'emmêla dans ses explications, il ne tarda pas à comprendre de quoi il retournait et dans quelle direction ils devaient se diriger s'ils voulaient un jour obtenir une réponse positive à leurs recherches.

Lorsqu'elle lui tendit ses notes, il les lut rapidement mais elles ne différaient plus vraiment des siennes à présent que son discours s'étoffait. La conclusion à tout cela étant qu'il leur manquait un ingrédient capital pour lier les quatre autres de manière parfaite. Mais la nature leur offrait trop d'alternatives donc ils se devaient de réduire la liste plutôt que d'y aller en tâtonnant en testant tout et n'importe quoi. Les conséquences pouvaient être désastreuses avec une telle méthode et de toute manière, elle ne correspondait pas à la mentalité du Grymm. Il ne faisait jamais rien au hasard et ne comptait pas commencer aujourd'hui.

« C'est déjà une belle avancée en soi. Malheureusement, il existe bien trop d'éléments pour qu'on puisse se permettre d'y aller à la devinette. Il nous faut une logique de recherche. » Il parcourut longuement ses notes dans le plus grand des silences, tournant les pages, ratant des phrases de sa plume et reecrivant quelque chose par-dessus qu'il ne laissait pas voir à Maciya.

« De toute évidence, il manque un liant capital. As-tu déjà testé cette combinaison avec du sang de salamandre ou de l’armoise ? Je ne le vois pas dans tes notes. » Il les parcourut de nouveau du regard mais il ne vit pas mention de ces ingrédients en particulier. Peut-être une piste à suivre ?

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Ils allaient devoir se mettre d’accord sur la marche à suivre et ce n’était pas une mince affaire. Malgré leurs quelques similarités, Octave doutait que sa méthodologie et celle de Maciya puissent parfaitement s’accorder. Il suffisait de voir les différences entre leurs notes respectives pour le comprendre. Deux cerveaux aux chemins de pensées contraires qui devaient s’efforcer de ralentir la cadence pour l’autre afin qu’il n’y ait aucun quiproquo. Voilà pourquoi Octave détestait travailler en binôme autant dans sa vie personnelle qu’étudiante. Il n’aimait pas devoir s’accorder au rythme d’une autre personne car cela lui donnait l’impression de se rabaisser lui-même. Il était persuadé de pouvoir faire les choses plus rapidement seul. Malheureusement, dans le cas de cette affaire, la solitude n’avait mené qu’à plus de questions. Il s’était donc rendu à l’évidence : il devait prendre sur lui et travailler avec Maciya, sans quoi ce mystère en resterait un à tout un jamais pour lui. Il n’avait, outre mesure, pas plus de temps que ça à y accorder, le reste de son emploi du temps étant déjà suffisamment chargé. Il entamait bientôt sa toute dernière année et avec elle, le point final à une thèse de longue haleine. Il ne se faisait pas vraiment de souci pour cela. Octave savait où elle le menait et il en connaissait déjà l’issue finale. Ne manquait plus qu’à tout organiser afin qu’on ne le prenne pas pour un fou à enfermer à Azkaban au plus vite.

Une énigme ? Il plissa les yeux et regarda de nouvelles notes sortir du sac de l’étudiante, ce qui l’agaça. Bien qu’il eut décidé lui-même d’opter pour cette façon de faire, il estimait que Maciya leur faisait perdre du temps en ne donnant pas toutes les informations d’une même traite. Si elle possédait encore d’autres notes dans ce fichu sac qui pourraient les aider à trouver la solution à cette recette, il vaudrait mieux pour elle qu’elle les sorte dans la minute avant qu’il ne perde patience. La couverture du grimoire qu’elle tenait lui rappela quelque chose sans qu’il n’ait le temps de se concentrer sur cette impression. Il se pencha sur la page qu’elle lui indiquait et la parcourut du regard quelques minutes. Le Muller manqua de rebondir méchamment sur le manque d’expertise de Maciya en Potions mais eut la bienséance de se taire. Cela lui arrivait, de temps en temps.

« C’est étrange » finit-il par dire en se redressant, le regard toujours rivé sur les pages. « Il y a bien mention de la salamandre en effet, mais pas dans sa forme la plus connue : le sang. Ici, ça parle de fragments de peau, ce qui est plutôt inhabituel. Je ne crois pas que la magie soit plus forte avec la peau plutôt que le sang, mais il y a forcément une bonne raison à ce choix. Tu ne possèdes rien d’autre qui puisse compléter ces textes dans tes recherches ? » Il lui laissait l’occasion de sortir tout ce qu’elle avait tout de suite. Octave se pencha de nouveau sur les textes puis alla fouiller dans sa réserve d’ingrédients les plus ‘communs’ et qu’il laissait presque “accessibles” dans le laboratoire. Les plus rares faisaient l’objet d’un sortilège de camouflage. Il lui arrivait de mettre de côté des morceaux d’animaux dépecés dont certaines caractéristiques spécifiques servaient à des potions bien connues, mais il n’avait jamais pensé à conserver de la peau de salamandre. Too bad.

« Et ce grimoire, d’où vient-il ? »

Terribles machinations ft. @Maciya Mane | 15.06.22

Octave serra les dents. Pourquoi les garder À LA FIN du grimoire ? L’organisation de Maciya manquait d’ordre. Non mieux : c’était du grand n’importe quoi. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits. Et elle avait encore le culot de lui dire cela comme si c’était une EVIDENCE. L’étudiant tendit ses doigts pour les éviter de se former en poing et d’en foutre une à la jeune femme qui, de toute évidence, prenait un malin plaisir à se moquer et à jouer les supérieures. Une bonne baffe lui remettrait assurément les idées en place mais on lui avait interdit de se comporter ainsi avec ses homologues féminines depuis cet incident survenu à Poudlard. Octave ne comprenait toujours pas pourquoi d’ailleurs car il était toujours plus facile de les dresser par la violence que par les mots doux, mais qu’importe. Avec le temps, il avait appris à se contenir, même si celle-ci lui demandait beaucoup d’efforts. Ne se rendait-elle pas compte qu’elle se trouvait dans le lieu parfait pour disparaître de la surface de la Terre ? Une idiote en plus d’une imprudente mais en cela, elle ne se distinguait pas vraiment de ses congénères. Aussi évasive, pensant probablement conserver un secret qui n’avait d’importance que pour elle. Sauf que l’acquisition de ce grimoire n’était pas un acte anodin et on ne les trouvait pas dans les premiers rayons des boutiques ou librairies. Octave - pour contenir ses réflexes négatifs - se concentra sur ses recherches matérielles et il en vint à la conclusion qu’il ne possédait pas ce morceau de salamandre tant recherché et pourtant, si anodin. À cela, il ne répondit rien. De toute évidence, Maciya souhaitait garder ce “contact” secret et il ne voulait pas mettre ses nerfs à rude épreuve (ainsi que sa tendance à la mutilation d’autrui) en rentrant dans un tel combat avec elle. Ce qui s’avérait plus dur qu’il ne l’avait pensé car voilà qu’elle commentait sa recherche active et la qualifiait de “bruyante”. À croire qu’elle se pensait chez elle…

« Tu essayes de couvrir ce bruit avec ta voix peut-être ? » railla-t-il, ne pouvant s’en empêcher. S’il y avait quelqu’un d’agaçant dans cette salle, c’était bien elle. Octave sortit quelques fioles, des bocaux contenant toutes sortes de choses et les déposa sur la table où ils s’étaient installés.

« Je cherchais ceci : les premiers éléments nécessaires à la réalisation de la recette. Je voulais voir si j’avais de la peau de salamandre mais il faudra en prélever une autre fois. Faire une potion demande de s’activer un peu, elle ne se fera pas toute seule pendant que tu te tournes les pouces devant un bouquin. » Petite pique pour justifier qu’il se soit agité pendant cette courte recherche. Parallèlement, Octave pouvait tout aussi bien rester des heures sans bouger mais il ne montrait pas cet aspect-là aujourd’hui.

Terribles machinations ft. @Maciya Mane | 15.06.22

Au moins se mettait-elle au travail, ce qui donnait du sens à sa propre agitation et ses propos pas très commodes. Mais Octave se moquait d’être plaisant en compagnie de Maciya. Ils n’étaient pas là pour se faire des pirouettes et autres ronds de jambes. La raison de leur présence était plus mystique et importante, donc pourquoi perdre du temps à feindre de la sympathie ? Cela n’allait pas leur permettre de trouver la solution à cette énigme plus vite. Oui, nul besoin de le préciser : Octave travaillait mal en équipe. Il voulait toujours prendre la tête de l’organisation, être le leader car il n’estimait personne d’autre d’assez sérieux et capable pour le faire à sa place. Cela lui plaisait d’être dans cette position. Ils repartirent tous deux dans leurs recherches respectives et seuls les griffonnages et les mouvements de bocaux vinrent déranger le silence qui s’était installé entre eux. Un silence qui leur permettait à tous deux de réfléchir, ce qui était arrangeant pour leur problème. Plus ils activaient leurs neurones et plus ils trouveraient la solution rapidement ; du moins, c’était ainsi que le Muller voyait les choses. Pas de récompense sans réel travail.

« Un œuf de dragon ? » Octave n’aimait pas se faire répéter et n’aimait pas non plus répéter les autres mais là, il n’eut pas d’autre choix. L’idée tomba sur la table comme un cheveu sur la soupe et il s’approcha des notes de Maciya pour y jeter un œil. Surtout à ses calculs, en fait. De toute façon, elle l’y avait autorisée non ? Donc elle ne pouvait pas se plaindre qu’il fasse ce geste. Il prit une petite minute pour intégrer tout cela à ses connaissances actuelles puis fronça les sourcils.

« C’était évident que la recette ne pouvait pas être aussi simple que de la peau de salamandre, vu ses effets. Un œuf de dragon n’est clairement pas la chose la plus aisée à se procurer mais ce n’est pas impossible pour autant. » Soit ils entreprenaient d’en aller chercher un eux-mêmes, ce qui pouvait leur coûter la vie car approcher un nid de dragon se résumait à jeter sa vie à la poubelle sans autre forme de procès ; ou alors, Octave optait pour une seconde option : ses contacts. Il n’aimait pas leur demander des produits aussi spécifiques et rares que des œufs de dragons car ceux-ci ne circulaient pas sur le territoire aussi aisément que des plumes de poulet. Le contrôle de ce type de marchandise était très réglementé, voire interdit pour certaines espèces. Le Muller se mettait déjà à réfléchir à une façon de s’en procurer un sans risquer à la fois sa vie ou Azkaban. Il adorait les énigmes et les potions anciennes touchant à la magie noire, mais pas au point de démolir tous les efforts qu’il avait fait pour en arriver jusque-là.

« Il va falloir que l’on soit très prudents. Je peux peut-être contacter une ou deux personnes mais je doute qu’elles puissent mettre la main dessus. Qui ne tente rien n’a rien. Ne manquerait plus que cette recette nous demande de faire prisonnier un détraqueur tiens… »

Terribles machinations ft. @Maciya Mane | 15.06.22

Ce qu’ils s’apprêtaient à faire n’allait pas être évident. Certes, ils n’étaient plus des enfants et possédaient une bonne connaissance des sortilèges et de leur fonctionnement, mais ça ne faisait pas d’eux des dieux - Octave en était le premier désolé. Voler un œuf à un dragon demandait énormément de potentiel magique et de force. En regardant la jeune femme face à lui, le Muller se demanda si elle en possédait suffisamment. Il se savait non-invincible mais les derniers propos de Maciya vinrent lui confirmer qu’elle vivait dans la désillusion la plus totale. Et on le critiquait pour se sentir constamment tout puissant ? La bonne blague. Il eut envie de lui dire que jusqu’à présent, elle ne voulait que des choses accessibles ou gardées par des humains (corruptibles, donc, voire faibles). Mais là, il s’agissait d’un dragon. Ces créatures ne plaisantaient absolument pas avec leurs progénitures et surtout, elles ne pliaient que rarement devant des voleurs comme eux. Sa seule force de feu pouvait les anéantir en moins d’une minute et il aurait préféré partir en expédition avec une personne consciente de ses limites. Pas une poupée complètement détraquée telle que Maciya. Octave leva les yeux au ciel et remit en place les bocaux qu’il avait sortis lors de ses recherches de salamandre. Elle avait raison sur un point : ils devaient établir un plan très efficace car la moindre erreur pouvait être fatale. Il existait toujours une “chance” pour que ce dernier ne fonctionne pas mais Octave était un sorcier méticuleux et ordonné. Il ne partira pas en expédition si le plan en question ne lui convient pas ou lui semble caduc.

« Je vais nous faire apporter du café pour qu’on puisse s’y mettre dès à présent. » Il appela l’elfe de maison et sans sentiment, lui ordonna de leur apporter de quoi restaurer leur énergie. La soirée allait être longue.