- InvitéInvité
You'll miss the magic of these good old days
Lun 25 Juil 2022 - 13:40
22 juillet 2022 - seule face à soi-même
Liam est en visite avec Caël chez ses parents, on ne peut pas dire que tu te réjouisses de voir le clan Muller au complet, alors tu le laisses gérer seul la majorité des visites a sa famille. Chacun sa galère, n'est-ce pas ce qu'on dit ? Tu profites de ta journée de liberté totale pour faire quelque chose que tu n'as plus fait depuis plus d'une année : prendre du temps pour toi. Tu commences par un bain, long, chaud, débordant de mousse. Tu as oublié à quel point c'est agréable, toi qui n'a jamais été pour te prélasser, te voilà a deux doigts de sombrer dans cette eau délicieusement réconfortante, mais tu as encore d'autres choses à faire. Après un petit-déjeuner léger, tu te prépares pour passer au Lovingblow, Otello ne te contacte plus autant qu'avant, ton ancien professeur de théâtre semble confiant pour la survie de son centre et tu fais tout, comme toujours, pour qu'il n'ait rien a te reprocher à son retour. Les salles du centre sont vide. Evidemment, c'est la pause estivale, les premiers stages pour enfants sont terminés, bientôt les petites fourmis se remettront au travail, mais pour l'instant tout est paisible. Tu te surprends à observer cet endroit avec nostalgie, une pointe de tristesse pointant même le bout de son nez. Evidemment que tu es heureuse, tu as épousé l'homme que tu aimes, vous avez un merveilleux petit garçon, ton affaire fonctionne bien; mais il te manque quelque chose. Ton oxygène. Ta raison d'être. Ce qui fait vibrer ton corps depuis que tu sais te tenir debout; la danse. Avant la venue de Liam, tu trouvais encore le temps pour danser, tu ne cessais jamais de te perfectionner et d'après ton meilleur amie, tu avais toutes les capacités pour faire de grandes choses au sein des ballets les plus prestigieux, mais tes chois t'ont mené jusqu'ici. Tu ne regrettes pas une seconde ton fils ou ton mariage, ou même ton travail, mais parfois, tu as cette désagréable impression d'étouffer, il te manque cet ingrédient vital pour toi.
Alors que tu es seule, tu prends la direction de ton bureau, enfin, celui d'Otello, mais voilà un moment que tu as investi les lieux. Tu récupères une paire de chaussons dans l'une des armoire, ainsi qu'un legging et un tee-shirt; tu gardes toujours des vêtements en cas d'urgence, on ne sait jamais qu'un professeur soit absent, tu te fais toujours une joie de prendre le relais. Une fois changée, tu lances une musique sur ton téléphone, commence par t'échauffer un peu, mais rapidement tu entres dans le vif du sujet. Ton corps bouge sans même que tu ne réflechisses. Tu te laisses porter par la musique, constatant avec joie et fierté que même une grossesse n'aura pas eut raison de ta condition physique et de ton aisance. Bien entendu, tu fais attention a la précision de tes mouvements, répétant inlassablement ce qui pourrait sembler parfait aux yeux novices, mais qui pour toi manque de justesse.
Les minutes, les heures, passent, tu ne t'en rends même pas compte. C'est comme si c'était hier, tu revis les crampes et les courbatures avec plaisir, c'est quasiment du masochisme, mais ça libère tellement d'endorphines que tu ne peux qu'être heureuse en ce moment. Et pourtant, après une énième pirouette, un dernier saut, tu t'effondres au sol, fatiguée, mais pas seulement. Ton corps tout entier se crispe, ton cœur se laisse enfin aller. Ton dos vient a la rencontre du grand miroir et tu ne peux retenir un violent sanglot. Cette sensation d'être passée à côté de ta vie, de ta passion, t'as l'impression de t'être trahie toi-même durant ce chemin. Comment est-ce que tu as pu laisser de côté une chose aussi merveilleuse, aussi belle, mais surtout aussi importante pour toi, durant tout ce temps ? Qu'en est-t-il de la promesse que tu t'étais faite a toi-même ? Et si tu n'as pas été capable de respecter cette promesse, est-ce que toutes celles que tu as faite depuis ce jour-là peuvent subir le même sort ? Toute ta vie semble être remise en question et tu es si fatiguée...