Merci.

Ni un murmure, ni une parole. Juste tes lèvres qui dessinent ce mot. Merci. Tu remerciais ton hote quelque peu forcée de ce moment privilégié que tu venais de passer. Parce que malgré cette jambe qui t'emprisonne peut-être quelque peu, tu n'as pas réellement été invité. Et tu es loin de souhaiter réitérer l'expérience d'une colocation complexe et tumultueuse.

Au dela de ça, elle avait calmé l'animal en toi. D'une certaine manière, tu voulais y croire. Tu voulais imaginer qu'il soit possible qu'Akhela soit plus calme, plus docile d'ici quelques nuits. Et pourtant, sans la potion, tu savais que c'était tout bonnement impossible. Mais t'étais de cette espèce de gens naifs, capable de croire encore au Père Noel et aux lutins.

Une main, ta main, se porte sur une de ses mèches de cheveux, et tu la déplaces. N'était-ce pas ainsi que tout avait commencé, la première fois ? N'était-il pas poétique de conclure sur le même geste ? Parce que pour toi, il n'y avait que la conclusion de possible. Tu ne pouvais croire l'impensable. Pas après tout ce qui avait été dit, ce qui s'était passé... Pas après Elio et la potion...

Juliet, je... voudrais te dire que je suis désolé ? Allons Wauters, qui te croira ? Qui croira que tu puisses l'être, toi qui avait fui ? Tes yeux se ferment un instant et tu aurais presque envie de laisser une seconde une larme aller, d'ouvrir réellement ton coeur sur ce que tu ressens et éprouve, mais une profonde inspiration plus tard, tu ponctues : Il faut que j'y aille. Parce qu'elle aurait des ennuis sinon. N'était-ce pas la la réelle ritournelle ? La vérité définitive ?

Et pourtant, tu ne parviens pas à bouger. Malgré que tu énonces un fait, ton corps ne bouge pas. Il le faut mais... J'ai pas du tout envie...

Tes yeux dans les miens, j’avais compris sans mal le mot que tes lèvres ont mimé. Un remerciement dont je ne sais pas vraiment quoi faire. Je ne répond pas, essayant plutôt de lire dans ton regard ce que tu essayes de me dire vraiment. Ton visage s’est apaisé mais tu gardes dans tes iris cette sévérité que je ne saurais interpréter.

Ta main se fait douce. Sans toucher à ma peau, comme si tu risquais de t’y brûler, tu déplace doucement une mèche de mes cheveux. Celle qui risquait de glisser devant mes yeux. Le geste est lent, contrôlé. Mon regard ne cille pas, je ne tressaille pas. Pourtant je devine… « Juliet, je… » J’apprécie quand tu utilises mon prénom. Moins quand j’entends ce ton grave. Tu sembles chercher tes mots alors que moi-même je sais ce que tu vas dire. « Il faut que j'y aille. »

- Je sais.

Je savais. Je savais que cette jambe, que ce geste était inutile. Je ne sais pas pourquoi tu dois partir. Mais je sais que tu penses vraiment devoir me quitter. Encore. Je crois que je m’étais préparée à cela. C’est pour ça que je t’ai dis toutes ces choses… avant. Parce qu’attendre c’était prendre le risque que tu ne fuis et que tu ne puisses pas entendre ce qui meurtrissait mon coeur depuis de trop nombreuses semaines. Tu ne bouges pas, pourtant. « Il le faut mais... J'ai pas du tout envie… »

- Pourquoi ?

Je n’ai pas l’intention de te forcer à rester. Je t’ai déjà forcé à m’écouter et c’était plus que ce que je me pensais capable de faire. Mon visage ne semble pas exprimer d’émotion particulière et pourtant mon regard souligne a quel point j’aimerais comprendre. Comprendre ce qui t’arrives. Ce qui nous arrive. Ma main vient doucement se poser sur celle qui tu as laissé sur l'oreiller.

Parce que t'es belle... Parce que je te trouve belle. Ce compliment, ce n'était pas comme celui que je pouvais sortir à une femme lambda pour la séduire. Juliet, elle faisait partie à mes yeux des quelques rares pour qui je pouvais ressentir quelque chose : de l'attachement. Alors que sa main se posait sur la mienne, mes doigts se refermaient sur celle-ci. Parce que quelque part, je ne voulais pas partir, même si je refusais de m'imposer une nouvelle fois.

Mais il sera toujours là. Je ne parlais pas de @James Blackthorn ou de tes autres possibles colocataires. Je ne parlais pas non plus d'@Elio Cooper et de ce que je pouvais imaginer que tu ressentes pour lui. Ce il, c'était celui qui me pourrissait la vie depuis tellement de temps, et qui aujourd'hui était libre. Et il le savait. J'étais persuadé qu'il le savait que trop bien. Akhela.

Je devrais partir, pourtant je suis toujours là. Je devrais m'enfuir et pourtant ta jambe me retient toujours. Ta main est toujours dans la mienne. Ton visage reste ce que j'admire. Je devrais partir, mais je n'ai aucune envie de te voir pleurer, ou souffrir. Alors si ma main se libère finalement de la tienne, ce n'est que pour glisser sous ta nuque et venir t'enserrer plus près de moi. Je suis désolé d'être parti. La dernière fois ? Pas seulement. J'étais désolé d'être parti cette fois là, face a Lucrèce. D'avoir disparu lors des évènements d'Inverness.De ne pas avoir pris ta potion et d'avoir dû partir lorsque je m'étais battu avec Elio. Je te demande pardon pour tout ça, Princess.

Pourtant, même lorsque je prononçais le nom du Loup, j'avais peur. Et ces larmes que je ne voulais pas voir sur tes joues se dessinaient finalement sur les miennes. Parce que chaque fois que je me rappelais qu'il était dangereux, je ne pouvais que penser à elle. A ce que je lui avait fait.

Les battements de mon coeur ne s’apaisent pas. A croire qu’il est destiné a battre plus vite tant que tu es là. Le désir d’abord. Puis l’angoisse qui s’amoncelle sous chaque cellule de ma peau parce que je te vois déjà quitter ce lit, cet chambre, cette maison… Je serre les dents pour ne pas que ma contrariété ne se voit. Pour ne pas te contrarier toi même. Je voudrais, tellement, comprendre.

« Parce que t'es belle... Parce que je te trouve belle. » Ca, c’était la raison pour laquelle il ne voulait pas partir, m’arrachant une oeillade. Bien que flattée par le compliment, je ne sais qu’en faire. Belle… Ce n’est pas vraiment sur mon physique que j’ai ce besoin viscéral d’être rassurée.

« Mais il sera toujours là. » Ca, c’était la raison pour laquelle il devait partir. Pour laquelle il croyait devoir partir. Nos doigts se serrent doucement l’un contre l’autre. Je n’espère pas qu’une telle prise puisse avoir la moindre emprise sur toi. Mais je serre un peu plus fort quand tu te crois obligé de préciser « Akhela.»

- Je sais.

Je sais… Je n’ignore rien. Depuis que tu m’as avoué être atteint de lycantropie, essayant vainement d’expliquer ton comportement envers Grâce et puis aujourd’hui envers moi même. Je n’ignore rien. Même quand tu étais partis, je surveillais le cycle lunaire. J’avais toujours une pensée pour toi quand l’astre était à son apogée. Ta main abandonne la mienne mais se glisse sous ma nuque. Je me rapproche volontiers de toi mais mon regard céruléen reste ancré dans le tiens. « Je suis désolé d'être parti. »

- Je suis désolée que tu sois parti.

Comme je lui en avais voulu. C’était à n’y rien comprendre. Comme j’étais en colère contre moi-même qu’il me manque autant. Et puis les jours, les semaines étaient passés. Elio était toujours là. J’avais finit par laisser ton souvenir m’abandonner à son tour. Ma main se glisse aussi au niveau de ton cou. Pas pour te rapprocher de moi mais pour caresser doucement ta peau.

- Tu as peur de me faire du mal ? La pleine lune n’est que dans quarante-huit heures.

En aurions-nous assez pour nous dire tout ce que nous n’avons jamais su nous dire ? Essayerions nous seulement ?

Doucement, tu hoches la tête. Cette peur, elle était là effectivement. Depuis toujours, alors que la malédiction t'avait pris, happé dans son sillage. La peur de faire mal, de mutiler, de tuer... Malheureusement aujourd'hui, cette peur, elle s'était déjà...

D'un mouvement de poignet, tu viens frotter tes yeux. Sera-t-elle naïve, la Blackthorn ? Pensera-t-elle à une poussière ? Tu ne le crois pas alors... Je le sais... Tu le savais. Tu savais de quoi le Loup semblait capable. Au point d'avoir précédemment ordonné à Juliet de contraindre Elio à rester enfermé. La seule... la seule chose dont je suis sur avec Akhela, c'est que...C'est que je n'ai plus aucun controle sur lui, Juliet. C'était compliqué à avouer. Et peut-être ou surement compliqué à comprendre pour qui ne le vivait pas.

Déjà avant que je parte, il est devenu plus fort. D'après quelqu'un que j'ai croisé, Akhela a tout d'un Alpha. Il... J'ai... Les mots s'ettouffaient dans ta gorge. Parce qu'il était compliqué de le dire, de l'avouer. J'en suis pas sur mais... je crois qu'il marque ses cibles les nuits du cycle. Et après... L'image qui te parcourt l'esprit, le souvenir qui s'invite, tu le ne supportes pas. Tu te redresses alors, fuyant le regard de la blonde, t'asseyant au bord du lit tout en cachant tes yeux dans tes doigts. Et tu cèdes... Tu cèdes à l'émotion. Tu laisses les larmes aller, les sanglots venir. Jamais en venant ici ce soir tu aurais cru te retrouver face à ce souvenir que tu fuyais.

Je n’étais pas inquiète, a cette heure-ci. Même si la phase ascendante de la lune arrivait à son paroxysme menstruel, je savais que tu avais encore un peu de temps devant toi. Mais je savais également également qu’à l’approche de la pleine lune tu étais plus… fébrile. Plus lunatique, n’est ce pas ? Cette dernière heure en était une parfaite illustration : il y a quelques minutes tu étais plus sûr de toi, plus déterminé que jamais. Et à cet instant, je sens que tu es sur le point de perdre pied.

« La seule... la seule chose dont je suis sur avec Akhela, c'est que...C'est que je n'ai plus aucun controle sur lui, Juliet. ». Tu personnifies ton loup, comme refusant d’admettre qu’il était un aspect de toi même. Je n’ai jamais compris ce besoin, mais je le respecte. Ce que j’ai du mal à accepter, néanmoins, c’est que tu dis abandonné l’idée que tu puisses un jour garder le contrôle sur ta forme lupine.

- Sans les potions, c’est presque mission impossible…

Toutes les recherches menées sur la lycantropie considéraient la potion tue-loup comme la manière la plus efficace de lutter contre l’instincts primaires qui ressurgissent les nuits de pleine lune. Je sais a quel point celles-ci te rendent malade, mais je reste persuadée que c’est la seule option envisageable, bien qu’imparfaite.

« Déjà avant que je parte, il est devenu plus fort. D'après quelqu'un que j'ai croisé, Akhela a tout d'un Alpha. » Je fronce doucement les sourcils bien que ma main reste douce dans ton cou. Alors que je me demande qui a pu t’embobiner de la sorte, tu t’extrais de mes caresse. « J’en suis pas sur mais... je crois qu'il marque ses cibles les nuits du cycle. Et après… » Ton impuissance me brise le coeur même si je ne comprends pas vraiment ce que tu essayes de dire. Je te laisse quelques secondes, le temps de t’assoir sur le bord du lit et tirant sur le drap pour me couvrir, je viens te rejoindre. Ma tête se pose doucement sur ton épaule alors que des sanglots secouent ton corps. Tu me donnes envie de pleurer moi aussi mais j’essaye de rester forte et de ne pas me laisser envahir par ta peine.

- Je ne comprends pas… Qu’est ce que tu veux dire ?

Te sentir t'approcher. Te sentir revenir près de moi, le contact de ton épiderme sur ma peau... Malgré ma tristesse, j'aime ça. J'aime te savoir la, tout près de moi. Ça me rassure quelque part, ça apaise ce ricanement qui se terre quelque part dans les tréfonds de mon esprit. Du coin de l'oeil, je t'aperçois. Je sens tes cheveux sur mes épaules. Je sens ton odeur dans mes narines.

Comment te l'avouer, même alors que tu me le demandes ? Comment faire face a ma honte, et t'informer que je crains autant pour toi aujourd'hui ? Je ne veux pas te faire de mal, Juliet... Je... ne pouvais plus au final. Plus garder ce secret pour moi ou même pour m'enchainer au service d'un travail. La dernière personne que j'ai aimé comme toi, il... Il l'a ... le mot n'existait pas. Et s'il existait, il ne voulait pas sortir. Cependant, je venais aussi d'avouer ce que Grace m'avait toujours reproché : nourrir des sentiments pour son amie summerbee. Comment m'en cacher, alors que je la désirais finalement autant que le loup?

Comprendrait-elle maintenant pourquoi je me moquais de ses parents et de ce qu'ils pouvaient faire ? Au mieux il tuerait un assassin, au pire il ne ferait qu'imiter la famille de Maria.

Tu l'a dis tantôt Juliet. Si on continue, je finirais par nous tuer. Et je m'inquiétais de la tournure que pouvait prendre cette phrase. Terriblement. Et cela même si ma main cherchait à nouveau un contact avec elle.

« Je ne veux pas te faire de mal, Juliet… » Je n’en avais jamais douté. Pourtant tu l’avais fait. Et pas sous ta forme lupine. Mais tu ne l’avais pas fais volontairement. C’était de la maladresse. Mais je sais qu’à cet instant tu parles de ta crainte de me blesser un soir de pleine lune. Pas la peine de lui souffler qu’elle sait, c’est une évidence. Elle aimerait revenir sur le fait qu’il semble avoir abandonné l’idée de se contrôler lors de sa transformation… Elle craint qu’un jour la brigade de régulation des loup-garous ne s’en prenne à lui. Ce groupe d’intervention n’est pas connu pour faire prisonnier les lycanthropes qu’ils retrouvent dans la nature…

« La dernière personne que j'ai aimé comme toi, il... Il l'a … » Croyez le où non, ce qui me frappe en premier c’est l’utilisation du mot aimer. Et j’ai envie de t’inonder de questions. Aimer comment ? Mon coeur à fait un bond. Il bat un peu plus fort même si je m’évertue à garder mon calme… Presque aussitôt ensuite, mon esprit est frappé par le fait qu’on ne parle pas que de moi. D’une autre… Aussitôt, me reviens en mémoire la jolie brune aux yeux de biche du souvenir ce Jolan. Déjà au confessionnal, j’avais compris qu’elle n’était plus de ce monde. Et maintenant, je réalisais pourquoi.

- Elle est morte… Je suis vraiment désolée…

Dit elle tout doucement, restant proche du Wauters. Elle ne corrige pas le « il a » par « tu l’as » parce qu’il n’est clairement pas en état de l’entendre. Elle sait qu’il n’a pas fait exprès, même si elle ne connait pas les circonstances exactes. Elle devine a quel point il doit être traumatisé. A croire qu’il fallait toujours qu’elle s’entiche des hommes qui ont perdu la femme de leur vie. Condamnée au rôle de remplaçante. Pourtant ma main vient rejoindre la tienne sans hésiter. Nos doigts se croisent. Je reste tout contre toi.  

- Tu ne l’as pas fait exprès.

Je ne pouvais pas dire que tu y étais pour rien… Ca serait mentir. Mais je savais bien que ce n’était pas volontaire. « Tu l'as dit tantôt Juliet. Si on continue, je finirais par nous tuer. » Je ne peux réprimer une grimace. Evidemment, la métaphore peut être réutilisée contre moi. Ce n’est absolument pas ce que je voulais dire et tu le sais pertinemment.

- Je serais une idiote si je disais que je ne craignais pas ta lycanthropie. Je connais cette affection, je sais quel danger tu représentes. Mais je suis prête a me renseigner encore davantage. Et je peux t’aider  à retrouver le contrôle. Je sais que je prends un risque. Mais je le prends en conscience. La décision me revient. Alors s'il te plait, arrête d'utiliser pour ta condition pour me repousser.

J'avais de la chance de t'avoir. Je le savais, mais peut-être sans mesurer à quel point. Pourtant, ton amitié, et plus, c'était précieux à mes yeux. Je n'étais pas capable d'un amour traditionnel, mais je t'aimais réellement. Comme j'avais aimé Maria et Grace. Parce que toi, je te désirais plus que je n'avais envie.

Je ne te repousse pas... Une phrase, pour la rassurer peut-être. Ou me rassurer. Je ne savais pas vraiment. Mais un moyen de lui dire qu'elle n'était pas fautive. Si je cachais le loup, c'est parce qu'un Lycanthrope, c'est souvent ce qu'on lui apprend. Souvent parce qu'il y a quand même les bargos qui laisse l'animal sortir, se fichant simplement des conséquences. Mais ces bargos, je devais reconnaitre que je les avais un temps rejoint. Et pouvais-je réellement ignorer la menace qui m'avait ramené ici, dans cette ville ?

Je t'aime trop pour te repousser... Ca, c'était une vérité. Une vérité que j'acceptais, pour laquelle je laissais choir les barrières. Pour laquelle je laissais ma tête retomber sur la tienne, appréciant juste un instant ce moment.

« Je ne te repousse pas… » Menteur. Bien sûr que tu me repousses. Si ce n’était pas le cas, on aurait du cette discussion avant de finir dans mon lit. C’était plus facile pour toi de coucher que de parler. Je n’étais pas un modèle en terme de communication de mes émotions mais au moins savais-je assez bien les gérer. Là où je suis organisée tu es… chaotique.

Je ne répond pas, si je répondais, je me lancerais de nouveau dans un nouveau monologue et ce n’est pas ce dont j’ai besoin. Je t’ai dis de ne pas me répondre mais la vérité c’est que j’ai mille questions et qu’un jour il faudra qu’elles trouvent des réponses. Mais tu n’es pas en état, moi-même, je ne sais pas si je suis en état.

« Je t'aime trop pour te repousser… » Mon coeur s’arrêterait il de battre a chaque fois que tu me dirais que tu m’aimes ? Oserais-je un jour te demander de qu’elle manière je dois envisager cette amour ? Ta tête s’appuie sur la mienne et mon bras vient se poser sur ta joue un instant comme pour t’étreindre.

- Alors reste dormir.

Merlin merci, il ne la contraria pas sur ce point. Glissés sous les draps, Juliet savoura l’étreinte de l’amérindien qui vient se coller à son dos. Et elle ne déplaça pas la main qu’il avait posé sur son ventre.