Début juin 2023

Chère Holly,

J'ai aperçu ton annonce il y a quelques jours, concernant tes besoins en cuisine. Si tu le désires, je serai ravie de te montrer quelques recettes ! Je ne vous laisserai jamais mourir de faim, Faolán et toi.

N'hésite pas à me donner tes disponibilités, je m'organiserai.

Bien à toi.

Victoria T. Blackthorn

Quel soulagement quand j’ai reçu ce hibou ! Certes, Adrian s’était déjà proposé de m’assister, mais sa vie personnelle étant remplie comme elle l’est, je n’ai guère eu le coeur de prendre davantage de son temps - déjà qu’il vient régulièrement m’apporter des repas ! Bien sûr, quand il lui prend l’envie de tenter de m’apprendre un truc ou deux, je ne le rejette pas une seconde, mais je crois que même lui peine à comprendre comment je peux être aussi catastrophique derrière les fourneaux. Tant qu’il me demande d’agir en tant que commis derrière lui, tout va bien, mais dès qu’il me demande de surveiller une cuisson, c’est un désastre, et il en est profondément dépité. Qui ne le serait pas ?

Alors évidemment, je n’ai pas vraiment hésité à répondre à @Victoria Blackthorn et à prendre rendez-vous en quelque sorte. Dès lors, mes semaines déjà partagées entre les cours, le travail, Fao, les Nymphes, les rendez-vous violon avec @Arthur Batthyány et un minimum de vie sociale auprès de mes Licornes adorées ou de quelques autres mamans de l’école se sont vues ajouter un créneau “cuisine” aussi surprenant que… quelque peu erratique. Il faut dire ce qui est, ce domaine-là n’est vraiment pas ma tasse de thé… Cela étant, je maintiens nos rendez-vous, aussi un peu parce que les Blackthorn sont un peu comme une extension de ma famille, il faut bien l’avouer, et que ça me permet de prendre des nouvelles de la troisième fille de cette grande fratrie. Et parfois, un peu, des autres aussi, par son intermédiaire.

Parce que clairement, une partie des héritiers aux épines noires se trouve être particulièrement sauvage et renfermée, et si je peine à suivre leurs mésaventures, je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour eux tous, particulièrement les plus jeunes que j’ai pour ainsi dire vus grandir.

Alors aujourd’hui, je m’apprêtais à ouvrir une fois de plus la porte à Victoria, mais me retrouve en compagnie de mon fils cette fois, comme il n’était pas au meilleur de sa forme ce matin et n’a pas été en classe. Fao oscille entre trépignements d’impatience à l’idée de peut-être voir la jeune femme qu’il sait particulièrement douée en pâtisserie et apathie due à une fièvre un peu trop prononcée, curieux mélange auquel je peine toujours à m’habituer. C’est d’autant plus difficile de rester stoïque quand ses émotions se mélangent et qu’il se retrouve au bord des larmes pour aucune raison… Autant dire que je passe ma journée essentiellement à le rassurer et le câliner, comme il a clairement besoin de ma présence. D’une main, j’élève ma baguette qui griffonne quelques mots sur un parchemin enchanté qui se plie ensuite de lui-même, formant un origami plus simple que ceux que nous nous efforçons de confectionner pour Litha et qui se dirige vers la fenêtre que j’ouvre d’un geste souple de ma baguette pour joindre ma camarade Summerbee.

Fao avait de la fièvre ce matin, il est à la maison. C’est probablement une poussée de croissance ou un petit virus, rien de dramatique, mais si tu veux reporter, je le comprendrai bien évidemment ! Sinon il sera ravi de te voir, et moi aussi ! Comme tu le sens

Holly.

J’avoue que malgré les mots écrits, j’espère tout de même voir la jeune femme frapper à notre porte. Un peu de compagnie ne nous fera pas de mal, à Fao comme à moi…

C'est avec grand plaisir que j'ai vu le mot de Victoria en retour, et Fao a clairement compté les minutes jusqu'à son arrivée. Etre patraque ne l'empêche pas d'être démesurément heureux de voir nos proches, mais ses émotions sont sens dessus dessous. Une minute à peine avant que l'on ne frappe à la porte, il pleurait encore dans mes bras, sans pouvoir expliquer pourquoi. Mais dès qu'il a entendu les quelques coups portés sur le battant, il s'est redressé sur le canapé, regardant avec impatience vers l'entrée, attendant en trépignant que j'ouvre à notre amie.

« Hey ma belle. Ça va ? »

Je rends son accolade à l'autre blonde avec tendresse, et la laisse entrer et rejoindre notre malade qui tend aussitôt les bras pour avoir un câlin de la troisième Blackthorn.

« Coucou petit chat. Alors, comme ça on est malade... T'en fais pas, tatie Vicky va te préparer de quoi te remettre. Tu aimes le chocolat toi, non ? »
- Ouiiii ! sourit-il de toutes ses dents.

Celle du bas commence pas mal à bouger, et il n'est plus qu'une question de jours avant qu'elle ne finisse sous son oreiller.

« J'ai apporté de quoi booster votre système immunitaire ! Plus forte qu'une médicomage ! »

Le rire est commun, même si j'imagine sans peine ses soeurs et cousines pester un peu contre cette affirmation. Pour l'heure néanmoins, je ne doute pas un instant que le réconfort de la présence et des douceurs de tatie puisse suffire à soigner le mauvais jour de mon petit garçon.

- Je nous prépare un peu de thé, j'arrive tout de suite.

Aucune hésitation bien sûr à laisser mon petit coeur aux bons soins de sa tatie gâteau, et quelques minutes plus tard, je reviens vers nous armée d'un plateau portant théière fumante aux effluves fleuries et tasses assorties.

- Ca me fait plaisir que tu sois venue. Et comme tu le vois, à Fao aussi.

La preuve, il ne décolle plus de tout contre elle...