I know that it's dumb but God I'm so afraid. Could've been the one until I pushed away. Now everything is numb and it all feels the same.

⋆ ☽ ⋆ ◯ ⋆ ☾ ⋆

Un retour de hibou et voilà que mon samedi s'était rempli en un rien de temps. Je souriais à l'idée de retrouver mes amies pour prendre le thé et faire un peu les magasins, ça me changerait les idées. J'oscillais entre l'envie de partir en vacances à l'autre bout du monde et le désir de rester auprès de mes frères et sœurs, Kaiden ayant besoin d'un coup de main de temps en temps à la boutique. Ça arrangeait bien mes parents qui m'avaient dit de rester chez lui quelques jours, sans même lui avoir demandé au préalable. Je détestais quand les gens prenaient des décisions pour les autres, se fichant de perturber leur emploi du temps, mais j'avais de la chance que mon aîné soit toujours heureux de me recevoir.
Il savait à quel point la vie au manoir était difficile depuis le décès d'Eleanor, mais encore plus depuis la découverte de son fantôme et tout ce que cela impliquait au sein de la famille. Souffler un peu me faisait du bien et je me levais tôt ce matin-là pour choisir ma tenue.

Optant pour une jolie robe rose qui faisait ressortir mes cheveux dorés, je prenais le temps d'essayer plusieurs maquillages d'un coup de baguette, trouvant quelque chose de naturel et doux après avoir joué avec des looks improbables. J'étais déjà en ville mais je pris de l'avance, afin de pouvoir profiter de la douceur des lieux avant l'arrivée de mes copines et de tous les bavardages que nous allions avoir. La Moufette Enchantée était un de mes endroit favoris à Inverness et je m'y rendais toujours avec le sourire.

Installée à une petite table près de la fenêtre, j'étais une heure en avance, mon livre entre les mains et un thé glacé dont il me fallait la recette pour le transformer en gâteau. Ce serait divin ! J'étais en pleine lecture lorsqu'une présence me sortit de cette romance que je lisais, adorant vivre des histoires par procuration à défaut de le faire dans la vie. « Oh Alexander ! » soufflais-je en sursautant de surprise, ne m'attendant absolument pas à le trouver ici. Je le regardais s'installer à ma table, me redressant dans mon fauteuil un peu embarrassée. « Je vais bien, merci. Et toi ? »

J'étais contente de le voir, mais un peu perplexe également. On se connaissait depuis Poudlard et je l'avais repéré de loin, ce joli jeune Serpentard qui rôdait dans les cachots. On se croisait souvent, il cherchait toujours à charmer son monde et bien entendu, j'étais tombé dans le panneau, comme d'autres avant moi. Il dégageait quelque chose de particulier, je n'ai jamais su dire quoi, mais Alec avait ce petit truc qui m'avait fait craquer au collège et qui continuait de marcher. Son culot devait y être pour beaucoup je dirais, sa façon d'imposer sa présence en vous envoyant un sourire charmeur, c'était perturbant. Sa petite fossette également.. Chut Vicky !
Je n'avais jamais cédé à ses avances, bien trop apeurée à Poudlard pour oser approcher un sang-mêlé. Aujourd'hui, c'était plutôt sa réputation qui n'en faisait pas un homme sérieux avec les filles qui me faisait reculer. Mais il essayait quand même et je me sentais comme une adolescente face à son intérêt. « Qu'est-ce qui t'amène en ville ? » Il ne devait pas être venu spécialement pour me faire les yeux doux, il le faisait déjà bien assez à l'université. Non, je ne céderai pas ! Je ne devais pas...

I know that it's dumb but God I'm so afraid. Could've been the one until I pushed away. Now everything is numb and it all feels the same.

⋆ ☽ ⋆ ◯ ⋆ ☾ ⋆

Moi qui pensais pouvoir terminer mon livre tranquillement avant l'arrivée de mes amies, voilà que j'étais interrompu par un jeune homme que je ne pensais pas voir avant la rentrée scolaire. Surprise, je n'avais pas eu le temps de dire à mon camarade que j'attendais quelqu'un et lui ne semblait pas s'en inquiéter non plus. C'était tout Alexander ça, il n'en faisait qu'à sa tête, ses désirs passant avant le reste. Je devais bien admettre que j'admirais sa capacité à s'incruster sans gêne quelque part, il osait et ça payait puisque, en étant la preuve vivante, je ne le repoussais pas à son assise.

Il faut dire que le jeune homme me rendait toute chose depuis le collège de magie. Son assurance m'avait subjuguée autant que sa plastique attrayante, ses cheveux aux reflets mordorés semblant si doux, ses yeux océans plus profonds que les miens, son sourire charmeur dont il ne se défaisait jamais, du moins lorsqu'il venait se jouer de moi. Je savais bien qu'il n'était pas le gendre idéal, que pour ses manières que pour la nature de son sang, autant à l'aphélie du nom des Blackthorn que Neptune l'est du soleil.
Je lui souris tout de même, parce qu'il avait cet effet-là malgré tout, mais espérait qu'il ne resterait pas trop longtemps, mes amies pourraient se faire des idées ! « Toujours aussi flatteur à ce que je vois. » répondis-je en souriant, puisqu'il aimait voir mes lèvres s'étirait. Je n'étais plus une enfant depuis longtemps et bien que n'ayant aucune expérience de la vie, je me sentais moins paniquée à l'idée d'être seule avec Alexander.

« Tu t'occupes d'un bateau ? Cela doit te prendre du temps, c'est un travail minutieux. » Cela reflétait une certaine dose de sérieux, c'était tout à son honneur. Bien plus que sa façon de me faire comprendre qu'il allait rester, commandant quelque chose à boire avant que j'ai pu dire au serveur qu'il allait s'en aller. Bon, bah... D'accord. Je n'avais pas vraiment de volonté, je me laissais souvent faire, comme le docile petit chien de mes parents qui m'avaient pratiquement mise à la porte cet été mais dont je cherchais en permanence l'admiration. Chaque compliment, même minime, me faisait tourner de grands yeux joyeux vers eux, comme attirer par ce soleil et j'étais leur tournesol, en quête de cette lumière dans mon cœur.

J’observais mon camarade d'un sourire timide face au sien si conquérant. Souhaitait-il sincèrement connaître mes projets d'été ? « Oui, j'essaie de passer du temps avec mes proches. Je ne vois pas souvent mon grand frère en période scolaire, son animalerie lui prend autant de temps que moi mes cours alors je passe la semaine chez lui, dans le centre. Et je dois retrouver des amies toute à l'heure. Et toi ? À part ton bateau, que fais-tu pour passer le temps ? »

Son jus d'orange arriva et nous coupa le temps d'une seconde. Je bois une gorgée de mon thé, profitant qu'il parle pour serrer dans ma main mon pendentif en pierre de jaspe héliotrope. j'avais besoin de ses vertus d'ancrage et de stabilité à cet instant et me raccrochais à la chaleur qui émanait de ma pierre. Pourquoi est-ce que je me retrouvais aussi fébrile face au sorcier ? Je n'avais plus quinze ans mais il me troublait toujours autant, s'en était ridicule de ma part. Les mots de Charlie me revinrent en mémoire, l'été est l'occasion de vivre de beaux sentiments... Est-ce que c'était ce qui était en train d'arriver ? N'avait-il pas déjà une multitude de filles bien plus intéressantes que moi à se mettre sous la dent ? Ce béguin adolescent n'était-il pas parti, attendant d'être consommé pour s'estomper ?

I know that it's dumb but God I'm so afraid. Could've been the one until I pushed away. Now everything is numb and it all feels the same.

⋆ ☽ ⋆ ◯ ⋆ ☾ ⋆

J'écoutais Alexander me parler de son bateau et je devais bien admettre que je ne me souvenais pas qu'il en avait un, encore moins qu'il y vivait. Je croyais que c'était une rumeur à l'époque et n'y ai pas prêté plus attention que ça, mais à présent qu'il le disait, ça semblait si différent de tout ce que je connaissais dans la vie. Nous n'étions pas du même monde, il avait une fibre un peu plus sauvage que moi, ce qui, malheureusement pour moi, lui faisait marquer des points à mon égard. Je ne connaissais que les murs du manoir Blackthorn, cette prison que nos camarades trouvaient fascinante, sans jamais comprendre ce qui se passer derrière les hautes murailles, sans se douter de tout le mal que l'on a subi depuis notre plus tendre enfance. Je l'envie de se sentir aussi libre, d'avoir une habitation capable de l'emmener où il voulait et je ne pu me retenir de lui dire. « Comme ce doit être agréable, ce sentiment de liberté. Je n'oserai rêver d'une telle expérience. » dis-je en replaçant une mèche derrière mon oreille, songeuse.

J'étais loin de me douter du genre d'existence qu'il menait, de tout ce qu'il devait endurer pour subvenir à ses besoin quand moi, je n'avais à me soucier de rien. Lui travaillait alors que je pouvais flâner tout l'été, que je venais au salon de thé toutes les semaines en m'offrant tout ce dont je désirais en ville. Certains se démenait pour pouvoir ne serait-ce que manger à leur faim. J'avais pris conscience de cela à mon entrée à Hungcalf, de voir autant de mes camarades prendre des emplois pour payer leur année parce que leurs parents – quand ils aidaient – ne pouvaient pas tout assumer. De notre côté, nos parents avaient financé bon nombre de nos projets et tant qu'on filait droit, rien ne nous arrivait. C'était mon cas, car j'étais bien trop peureuse pour les défier comme Kaiden l'avait fait en envoyant tout bouler.
« Planche à voile ? Ce sont ces choses que l'on voit près de la côte ? Ça semble dangereux, non ? Tu fais attention ? » me surprise-je à dire, m'inquiétant pour lui car j'avais aperçu de loin ces planches se retourner sous l'effet du vent, emportées au loin et je n'étais vraiment pas rassuré. Tout comme je détestais voler sur un balais et m'inquiétait dès que James avait un match de Quidditch.

Alexander ne fit pas de remarque sur le fait que j'attende des amies, il s'en fichait sûrement, tout ce qui comptait pour lui était d'être là, pour je ne sais quelle raison mais l'adolescente en moi appréciait cette attention qu'il me portait et je ne pouvais pas m'arrêter de penser à ce que Keir m'avait dit avant la fin de l'année scolaire. C'était agaçant. Je mourrais d'envie de m’immiscer dans l'esprit du beau brun face à moi, mais j'avais peur de ce que je pourrais y trouver...

S'il y avait bien un sujet que nous avions en commun, c'était la littérature et je me détendis un peu plus lorsqu'il s'orienta sur ça, heureuse d'échanger avec lui sur un terrain moins glissant. « Les hauts de Hurle-vent. » fis-je en lui montrant la couverture. « C'est un roman d'amour tragique, écrit par une moldue, tu connais ? C'est vraiment fascinant, je l'ai presque terminé. » J'avais bien conscience que ma question sur le fait qu'il connaisse une autrice moldue juste parce qu'il était sang-mêlé était stupide de ma part, mes mots avaient dépassé ma pensée et je rougis bêtement de cet amalgame, tout autant du fait que je me plonge à corps perdu dans des romances alors que je n'en avais jamais vraiment vécue. Alexander était un des rares – pour ne pas dire seuls - garçons pour qui j'avais eu le béguin et je comptais sur les doigts d'une main ces beaux jeunes hommes que je n'avais pas osé approcher. Je me sentais si  idiote,  mon âge, cet âge où toutes mes amies avaient déjà vécu plusieurs expériences en tout genre.

I know that it's dumb but God I'm so afraid. Could've been the one until I pushed away. Now everything is numb and it all feels the same.

⋆ ☽ ⋆ ◯ ⋆ ☾ ⋆

Je rigole de ma bêtise alors qu'il évoque le fait qu'être moniteur de voile n'a rien à voir avec les planches à voile. Bon, au moins il ne se met pas en danger avec ces engins et ça a quelque chose de... Est-ce que je me sentirais soulager de le savoir en sécurité ? Pourquoi me mettait-il dans cet état chaque fois que ses yeux se posaient sur moi ? J'étais vraiment une quiche, j'en avais bien conscience, mais je savais bien que dans son esprit, j'étais toujours une cible potentielle, pour l'avoir lu une fois, ce qui m'avait un peu tétanisé je dois bien dire... Je n'avais rien d'extraordinaire à mes yeux, j'étais la gentille petite Tertia Blackthorn, douce et invisible...
Mais si j'avais envie d'être plus, j'étais certaine de trouver de l'action auprès d'Alexander, il semblait avoir une vie tellement remplie, c'était fascinant ! « Ooohh... je vois. » fis-je en comprenant ce qu'était son travail, ainsi que la différence entre une planche à voile et une planche de surf. Pas de voile pour la deuxième, ce qui semblait logique en soit ! « On peut tous apprendre à naviguer ? Tu piques ma curiosité... Je viendrais peut-être te voir prochainement sur la plage. »

Je ne m'imaginais pas du tout dans cet univers, mais j'avais envie de le découvrir, tout pour ne pas rester au manoir, mais également pour passer du temps avec mes amis. Comme les filles qui devaient arriver dans une quinzaine de minutes normalement. Je mettais un oint d'honneur à faire tout un tas de choses nouvelles cet été, parce qu'il me fallait trouver de quoi ne pas finir folle à la maison, cette demeure qui me file le bourdon et où je n'ai personne à qui parler si ce n'est ma défunte cousine quand elle daigne se montrer ou que j'ose passer la porte de la tour... Donc pas souvent ! Le surf me paraissait moins dangereux tout à coup ! Et je percevais ce désir de la part de mon camarade. Stop ! Je m'interdis d'entrer dans son esprit et reporte mon attention sur ma boisson au plus vite.

Cela ne fonctionne pas longtemps puisque la voix d'Alexander me parvient à nouveau, s'intéressant à mes lectures. J'ignorais si c'était réel, mais il ne m'avait jamais donné l'impression de ne pas m'écouter alors je lui confiais l'objet de ce livre et ma passion pour les histoires d'amour qui faisait vibrer mon cœur. Il n'en lisait pas, ce qui n'était pas une surprise mais je lui souris tout de même. S'il savait à quel genre de personnage il ressemblerait dans ces romans, il changerait peut-être d'avis... « Je comprends. Moi, j'adore ça, m'identifier à ces personnages et trouver des ressemblances avec mon entourage dans chaque livre que je lis. » Et je savais très bien qui il pouvait être dans un univers littéraire, ce dandy charmeur avec qui je l'avais comparé en lisant Autant en emporte le vent...
Un jour, il saurait... Mais si Alexander commençait à me parler pâtisserie, on en avait pour l'éternité ! « Oh oui, je cuisine toujours. C'est une véritable passion. Si j'avais su que je te croiserais, je t'aurais amené ma dernière création pour avoir ton avis... Si ça te dit, je t'en ferais parvenir par hibou. » Si mes confections l'intéressaient autant, je saurais partager mes résultats. « Ou si tu es libre plus tard, je pourrais te les amener sur ton bateau, tu me montreras ce que tu fais. » Par Merlin ! Ai-je osé proposer ça à voix haute ? Je sentis mes joues rosir sans pouvoir le contrôler. Moi qui pensais que ça sonnerait comme une invitation à disparaître pour attendre mes amies, voilà que c'était une invitation à se retrouver en tête-à-tête ! Zut, je suis fichue.