Recevoir cette invitation avait soulevé en Ofelia de nombreux sentiments contradictoires. Tout d’abord, elle n’en avait pas tout de suite compris l’importance et ne se sentait pas concernée par cette réception en l’honneur des médicomages fraîchement diplômés, d’autant plus qu’elle n’avait aucun lien avec ce cursus mais la demande d’@Elio Cooper semblait sincèrement dénuée de toute moquerie. Il souhaitait qu’elle l’accompagne, peu importe pourquoi, et elle finit par accepter sans même comprendre d’où venait la petite voix qui avait dit “oui”. Une fois seule, Ofelia s’était attardée sur la question. Après tout, elle pouvait totalement s’amuser là-bas et porter une tenue élégante ne représentait pas un si grand effort pour elle, contrairement aux apparences qu’elle se faisait un plaisir d’engraisser auprès de ses camarades. Elle fut tout de même prise d’une hésitation en se demandant si elle était prête à retourner à ce type de fête guindée dans laquelle, ma foi, elle ne se sentait jamais vraiment à sa place. Elle qui voulait tant être regardée et admirée, redoutait à présent ces instants. Pour Elio, néanmoins, elle s’arma de courage et se présenta à son bras le soir venu, dans une tenue tout à fait convenable. Passant en revue sa penderie, Ofelia aurait pu opter pour de nombreuses robes certes élégantes, mais parfois outrageuses tant elles dévoilaient des morceaux de sa peau. “Celle-ci a trop de tissu” avait-elle pensé “et je suis à peine vêtue dans celle-ci, je risque de flasher quelqu’un par mégarde”. Le but n’était pas de mettre le médicomage célébré dans l’embarras. Elle avait donc opté pour un ensemble noir tailleur très élégant, aux épaules drapées d’un tissu transparent et respirant, ainsi que d’un pantalon fluide à taille haute marquant sa taille qui cachait ses très hauts talons à la plateforme toute aussi conséquente.

Voilà que commençait le bal des présentations durant lequel elle s’affaira à se montrer polie et bien élevée, même si elle ne connaissait quasiment personne à cette petite sauterie. @Cataleya Blackthorn n’était-elle pas médicomage ? Et sa cousine @Juliet Blackthorn également ? Quand comptaient-elles pointer le bout de leur nez pour qu’elle puisse avoir quelqu’un avec qui discuter pendant que l’on couvrait Elio d’éloge ?

« Je prendrais bien un verre » dit-elle l’air de rien à son partenaire de soirée.


Résumé : Ofélia arrive au bras d'Elio et essaye de se faire à l'ambiance. Qu'on lui serve à boire

Ofelia fut soulagée de se diriger vers le bar improvisé pour l’occasion. Elle lorgnait depuis quelques minutes déjà sur les coupes de champagne que les personnes qui lui étaient présentées tenaient en main. Lorsqu’elle eut enfin la sienne entre ses doigts, elle respira un peu mieux. La remarque d’Elio ne la surprit pas mais elle préféra rester évasive.

« Je n’y suis pas aussi étrangère qu’il y paraît. » Cette soirée était d’ailleurs bien plus facile à supporter car elle manquait de photographes, de flashs et d’appels incessants pour regarder dans leur direction. Ici, si on la regardait, ce n’était pas pour la même raison. La plupart semblaient juste surpris de voir Elio accompagné, tout simplement. Ofelia ne savait pas si elle avait bien fait de venir et de jouer cet “alibi” pour lui. N’était-ce pas un peu prétentieux que de jouer à ce jeu, comme s’il était le tombeur de ces dames ? À cette pensée, il lui chuchota le nom d’une des internes se dirigeant vers eux et qui, apparemment, posait “problème”. Elle comprit vite pourquoi. Son insistance à parler au médicomage tout en ignorant sa présence laissait entendre qu’elle était plus qu’intéressée. Ofelia cacha son rire derrière sa coupe de bulles car, plutôt que de l’inquiéter, cette situation lui donnait fortement envie de s’esclaffer. “Le ridicule ne tue pas” dit-on. Cette femme-là pouvait vivre jusqu’à cent ans à ce rythme !

« Après tout, il est possible que je l’emmène avec moi au Mexique, n’est-ce pas Cariño ? Il y a des tas d’hôpitaux en recherche de talents comme le sien. » Elle offrit son plus beau sourire à cette Amélia et porta volontairement sa main vers les cheveux d’Elio pour les caresser. « Qui sait ce qui peut se passer en quelques années… » Là encore, elle fit un geste volontairement visible en posant sa main sur son ventre, ne quittant pas Amélia du regard. Okay, peut-être pourra-t-elle s’amuser un peu au final…


Résumé : Ofélia s'amuse plus qu'autre chose du comportement d'Amélia et fait exprès de la taquiner en poussant le jeu encore plus loin entre elle et @Elio Cooper.

Elle ne pensait pas que Elio jouerait à ce point le jeu. Ofelia était même prête à parier qu’il lui en aurait voulu d’avoir poussé le mensonge aussi loin, jusqu’à prétendre avoir un enfant. Il semblait toujours si sérieux… Alors cela la fit sourire davantage. Elle se mordait l’intérieur de la bouche pour ne pas éclater de rire devant l’interne. Elle, se marier ? À son âge ? Même si sa grand-mère en rêvait (avec un hispanique de surcroît), elle ne se sentait pas du tout prête à prêter allégeance à une seule personne… Surtout qu’Elio la connaissait à peine. Mais pour son bien, elle continua la mascarade jusqu’à ce qu’ils soient enfin libres de parler comme bon leur semble, sans crainte d’être écoutés.

« Je ne serai pas toujours là pour te sauver les miches tu sais ! T’es conscient qu’elle va aller dire à tout le monde que tu es fiancé ? » Elle pensait à Juliet, son ex qui, comme par hasard, croisa son regard à quelques mètres à peine. Ofelia aimait bien la belle blonde médicomage, sublimée par sa robe blanche lui donnant un air de sainte. Dans son dos, on pouvait voir le diable en personne avec ses cheveux roux lui murmurer des paroles qui, probablement, n’allait pas en sa faveur étant donné qu’elles les regardaient l’une comme l’autre. Mais plutôt que s’en inquiéter, elle leva la main dans leur direction et leur fit signe de les rejoindre. La Mexicaine ne craignait pas une confrontation avec les cousines Blackthorn, encore moins en présence d’Elio. Elle savait que Cataleya l’adorait et que Juliet ne tarderait pas à succomber à l’attrait qui résidait entre elles. Et puis, elle n’était pas là pour faire la gueule mais bien pour s’amuser et rencontrer du beau monde. Après avoir ajusté son corset, elle posa sa main sur le bras d’Elio.

« J’espère que ça ne te gêne pas que je les ai invitées à nous rejoindre ? »


Résumé : Ofelia est surprise qu'@Elio Cooper aille dans son sens et manque d'éclater de rire. Lorsque l'interne est partie, elle aperçoit @Juliet Blackthorn et @Cataleya Blackthorn et leur fait signe de les rejoindre, pas du tout inquiète par les liens des uns avec les autres.

Comme toujours, Juliet se montra très courtoise et polie. Un ange, n’est-ce pas ? Elle conservait les apparences, que cette rencontre lui plaisait ou non d’ailleurs. Rien ne transparaissait sur son beau visage autre que la sympathie et la cordialité. Cataleya, en revanche, se montrait plus incisive. Suffisamment pour qu’Ofelia passe sa main sur ses lèvres pour cacher son rire. Pas un bonjour, rien… L’attaque directe, typiquement la Blackthorn. Et la Mexicaine adorait cette version de la rouquine.

« Jamais dans l’excès, Cat, c’est toujours un plaisir ! » Elle était prête à pousser le jeu encore plus loin avec Elio simplement pour obtenir une réaction des cousines Blackthorn mais ce dernier lui coupa bien vite l’herbe sous le pied, à son grand dam. Pourquoi mentionner l’illusion et le mensonge qui entourait la venue d’Ofelia à cette petite sauterie ? Celle-ci fit la moue alors que le médicomage dévoilait leur plan. Pas drôle, Elio… Elle aurait pu encore s’amuser un tout petit peu plus aux dépens de son amie !

« Ou il vous dit tout ça pour ne pas avouer qu’il est tout simplement raide dingue de moi ! » Elle eut un sourire joueur en regardant le jeune homme, puis les deux femmes tour à tour. Il ne souhaitait pas faire du mal à son ex et elle l’entendait bien, mais de son côté, elle n’était pas venue pour uniquement faire la potiche. Elle était d’accord pour jouer un jeu avec Elio mais pas pour être une poupée modelable. Il allait vite comprendre qu’il n’était pas le seul maître à ce jeu.

« Vous êtes canons les filles, chapeau. J’aime beaucoup ta robe Juliet. » Ofelia porta la main vers la jeune femme et frôla le tissu du bout des doigts, près de sa taille et ce, sans jamais la quitter du regard. Des avances ? Oui, possible… Ou aimait-elle seulement la mettre dans l’embarras ? Possible également. Elle aimait aussi voir l’éclat dans les yeux de Cataleya, celui de la jalousie.


Résumé : Ofelia est amusée par les propos de @Cataleya Blackthorn et aurait aimé qu'@Elio Cooper joue le jeu un peu plus longtemps sur leur faux couple. Elle complimente ouvertement la tenue de @Juliet Blackthorn.

Le froncement de sourcil de Cataleya ne passa pas inaperçu, tout comme la gêne évidente de Juliet. Décidément, les Blackthorn peinaient à cacher leurs émotions ce soir ! Et Ofelia en jouait allégrement. Elle les trouvait toutes deux formidables à leur manière et s’amusait de la possessivité dont pouvait faire preuve son hôte à son égard. Une personne qu’elle adorait pour bien des raisons et qu’il était facile de tourner en bourrique. Et puis, ne l’avait-elle pas admiré elle aussi ? Ofelia fit un petit tour sur elle-même après le retour de compliment de la jolie blonde et termina par une pose charmeuse, avant de sourire. Son naturel détonnait dans ce petit groupe, bien que la dragonne rousse n’en manquait pas dans sa manière de s’exprimer. La Mexicaine leva son verre pour accompagner ses partenaires de soirée et manqua de recracher ce qu’elle avait dans la bouche en entendant Cataleya s’exprimer.

« Eh, on dirait presque un compliment non ? » Elle s’en amusait beaucoup et Elio ne le prit pas mal non plus. Il fallait lire entre les lignes et ce qui s’y trouvait était positif. « Après rien ne t’empêche de prendre un poste ici pour te faire de l’expérience en tant que titulaire, avant de migrer ailleurs ! » De toute évidence, Ofelia ne connaissait rien au système de recrutement des médicomages et ne cherchait pas spécialement à le savoir. Elle était l’une des rares personnes à cette petite sauterie à ne pas avoir fait d’études dans le domaine et à ne pas souhaiter voir des jambes déchiquetées tous les jours (grosso modo, voilà l’image qu’elle avait des urgences). D’humeur taquine - de toute évidence - elle se tourna vers Elio, les lèvres étirées en un sourire proches du rebord de son verre encore trop plein.

« À moins que quelque chose ne te retienne ici ? Ou quelqu’un, devrais-je dire ? » Elle jouait allègrement avec le feu, consciente qu’elle pouvait se faire brûler d’un instant à l’autre. Si Elio se mettait à dire qu’il restait pour elle, dans l’espoir d’une relation sérieuse, elle ne saurait pas où se mettre… et comment lui dire que cela ne l’intéressait pas. Pas de cette façon, en tout cas. Et en même temps, le voir dans l’embarras lui plaisait…

@Elio Cooper @Cataleya Blackthorn @Juliet Blackthorn

Elle se fait peut-être des films, il est vrai. Le timing entre ses propos et le départ de Juliet de leur conversation ne peut être qu’une coïncidence comme une autre. Ofelia en pense autrement. Elle a quitté ses deux autres compères, les laissant en tête-à-tête et risquant une guerre mondiale, uniquement pour s’assurer que ses propos n’ont pas heurté la sensibilité de la Summerbee. Malgré sa grande gueule, la Mexicaine s’inquiète sincèrement. Après quelques pas, elle finit par la trouver dans la cour de l’hôpital et vient s’installer à ses côtés dans le silence. Un silence qu’elle brise bien vite.

« Est-ce que ça va ? » demande-t-elle simplement mais ces quelques mots comprennent de nombreux autres, cachés à l’abri des regards. Elle cherche le sien. « Ça va. Il y avait juste beaucoup de monde et la salle est si étroite… » répond doucement Juliet, cherchant à épargner Ofelia sur des états d’âmes qu’elle-même a du mal à comprendre. Elle fixe un point au loin, l’endroit exact où elle a transplané avec Jolan quelques mois auparavant lors de leurs retrouvailles. « C’est vrai qu’il y fait une chaleur écrasante. On aurait pu penser qu’ils auraient au moins contrôlé magiquement la température de la salle… » Discussion futile, se dit Ofelia en regardant autour d’elle. Ses talons raclent le sol quelques fois avant qu’elle n’ose de nouveau parler à Juliet et se libérer du poids qui pèse sur sa poitrine.

« J’espère que je ne t’ai pas mise mal à l’aise. Tu sais bien que je n’ignore pas que tu es l’ex d’Elio et que me voir avec lui, faire des taquineries sur lui ou toi… Enfin bon, je comprendrais que ça te gêne. Désolée. » Sa parole est sincère même si elle ne sait pas si Juliet possède réellement ces sentiments négatifs tant son expression ne laisse rien filtrer. Il est possible qu’elle n’en ait rien à faire de tout ça, qu’elle s’en fiche… Que ce soit le cas ou non, Ofelia préfère s’excuser maintenant, en prévention.

De nouveau le silence s’installe. Pesant pour la Blackthorn. Elle pourrait de nouveau mentir, esquiver, faire celle qui ne comprend pas. Celle pour qui tout va bien. La réalité, c’est que même si elle apprécie la Pokeby, c’est assez difficile d’imaginer Elio refaire sa vie alors qu’elle avait si souvent imaginé qu’elle serait celle qui serait toujours auprès de lui. Elle prend une longue inspiration avant de répondre : “ J’aimerais te dire que tu te trompes et que tout cela n’a pas d’importance. Elio a beaucoup compté pour moi. Et pour ne rien te cacher, il compte toujours. Ce n’est pas moi qui ait choisi de mettre fin à cette relation donc forcément…”. Elle a déclamé tout cela en regardant ses pieds chaussés d’escarpins mais elle relève le regard avant d’ajouter dans un sourire. “Cela dit, j’imagine que ça serait plus difficile encore s’il sortait avec quelqu’un que je n’apprécie pas”. Ofelia sourit, tout de même flattée. Elle avait raison en fin de compte, son instinct ne l’a pas trompé. Elle ne sait rien de l’histoire de Juliet et Elio, comment ça a commencé et comment cela s’est terminé. Elle ne veut pas rentrer dans ces histoires mais force est de constater qu’elle n’a plus le choix.

« Je ferai attention à l’avenir. J’ai parfois tendance à oublier que mes mots peuvent vraiment toucher les autres. Et je ne voudrais pas gâcher ton beau visage avec des larmes… » Elle lui fait un clin d'œil. Doucement, Juliet fronce les sourcils, comme perdue dans ses pensées. Elle marque quelques secondes, hésitante, avant de finalement poser la question qui la taraude. “Tu sais, parfois j’ai l’impression que tu me dragues et je trouve ça étrange parce qu’Elio semble t’interesser.” Bon ce n’était pas vraiment une question, mais elle était sous-jacente à n’en point douter. La Mexicaine ne peut qu’applaudir son audace, car d’autres préféreraient garder le silence de peur d’entendre la vérité. Mais cela ne la gêne pas d’avouer la réalité des choses à Juliet. Il est peu probable qu’elle aille cafter à qui que ce soit.

« Elio est intéressant, oui. On s’entend bien mais nous n’avons pas parlé de ce que ça impliquait. Je ne pense pas qu’il soit prêt à trouver quelqu’un d’autre, tu sais. Et tu as raison, tu me plais aussi. Dans un sens, on peut dire que vous me plaisez tous les deux. » Tout comme @Billie Shakespeare lui plaît. Son cœur est éclaté et plutôt que d’être douloureuse, la sensation est agréable.

Le silence s’installe dans la petite cour de Sainte Marie le temps que Juliet essaye de comprendre. Loin de lisser ses traits, ses sourcils se froncent un peu plus. “J’ai du mal à comprendre” avoue finalement la Blackthorn. “Tu veux coucher avec nous ? Non pas que ça soit insultant hein… mais je préfère te prévenir. Elio, c’est pas vraiment son truc…” Ofelia éclate d’un rire cristallin qui fait écho dans toute la cour. On l’a peut-être même entendue depuis la salle de réception, mais elle n’en a que faire. Bien loin de se moquer de la Blackthorn, elle relâche son stress d’avoir avoué un tel pan de sa personnalité qu’elle est supposée garder pour elle-même.

« Je me doute que ça ne l’est pas. Et non, je ne veux pas nécessairement coucher avec vous deux. Pas en même temps, en tout cas. Ou peut-être que si ? Arf, je ne sais pas… Je pense que pour l’instant, j’ai simplement envie d’apprendre à vous connaître l’un et l’autre, c’est tout. » C’est probablement beaucoup trop à encaisser pour elle. Une femme à qui elle plaît, qui semble avoir une connexion avec son ex… On serait confus à moins. Le rire d’Ofélia a arraché un sourire à la Blackthorn qui ne se trouve pourtant pas plus avancée. “Pardon, mais je trouve pas ça très clair” dit elle dans un souffle, priant pour que la mexicaine soit compréhensive. “Je vais peut-être te décevoir, mais il y a plus de chance que tu couches avec @Jolan Wauters et moi plutôt qu’avec Elio et moi…” et puis repensant au Wauters, elle balaye l’idée d’un léger revers de main “Non, oublie Jolan aussi enfaite.” Ses relations avec l’amérindien étaient au point mort, faute de se comprendre, c’était pas comme si le fait d’ajouter une tierce personne dans le tableau pouvait arranger les choses.

La brune fronça les sourcils. « Je ne tiens pas absolument à coucher avec deux autres personnes en même temps, Juliet. Je fais comme ça me vient. Si l’occasion se présente, je vais peut-être y réfléchir mais pas forcément rejeter l’opportunité. Si elle ne se présente pas, je ne me sens pas flouée pour autant. Donc pour que ce soit un peu plus clair : non, ce n’est pas parce que je te drague et que je drague Elio que je veux vous avoir ensemble dans mon lit pour un plan à trois. » Elle se passe la langue sur les lèvres, plisse le nez quelques secondes et réfléchit intensément. « Comment dire… Hum… Je fais partie de ces personnes qui peuvent… en aimer plusieurs autres en même temps. Sans faire de distinction. Je ne suis pas… exclusive dans mes sentiments. Je me permets d’aimer ou aussi de coucher avec plusieurs personnes et j’accepte que mes partenaires en fassent de même, si tel est leur désir. Mais je comprends que ce soit peu évident à comprendre. » Elle n’a pas eu besoin d’aborder cette discussion avec Billie, les choses se sont faites avec aisance et la question ne s’est jamais posée entre elles.

“ Oh…” Comme elle se sent stupide à cet instant. Pour autant, tout devient plus clair dans son esprit. Ca paraissait même un peu évident à la lumière de toutes les conversations qu’elle a pu avoir avec la Madrigal. “Je comprends mieux. Tu es polyamoureuse.” Ce n'est pas une question mais une affirmation. Elle hoche doucement la tête avant de répéter “Je comprends mieux”. Elle rit doucement avant d’ajouter “Et moi qui pensait que tu étais libertine”. Nouveau rire. Au moins connaît-elle le mot, ce n’est pas le cas de tout le monde. Juliet est bien plus informée qu’elle n’y paraît pour son statut. Un préjugé qu’Ofelia aurait préféré ne pas avoir.

« Eh non, juste poly. Je suis très romantique, très cœur d’artichaut aussi. Donc tu n’as pas à te sentir mal à l’aise pour Elio si, d’aventure, on… enfin bon. J’en discuterai avec lui en temps voulu, pour l’instant nous ne sommes que des amis. Si mon statut ne lui plaît pas, je ne lui infligerai pas une situation qui ne lui convient pas. Tout comme à toi. Comme je l’ai dit, je veux juste apprendre à vous connaître, c’est tout. Tu me l’autorises ? » demande-t-elle d’un air taquin, offrant un regard brillant à Juliet. Pas une seconde ne se passe avant que la Blackthorn n’hoche la tête pour acquiescer mais elle préfère prévenir que guérir “Mais en tant qu’amie. Si je tombe amoureuse de toi, je vais forcément en souffrir.” C’est dit avec une affirmation de soi peu commune chez la douce Juliet. Elle aussi est très romantique. “J’espère que c’est pas… offensant de dire ça ?” Ofelia pose sa main sur son bras avec douceur, sans arrière-pensée. « Non, t’en fais pas. Je ne le prends pas mal. Au contraire, tu sais ce qui est bon pour toi. Je serais très contente d’apprendre à te connaître en tant qu’amie ! Les Blackthorn ont un petit quelque chose d’unique, décidément. »

Cette fois, c’est un léger rire qui s’échappe des lèvres de la blonde. Elle n’a sûrement pas tort. “Tu n’est pas mal non plus dans le genre unique !” répond-elle simplement, comme on glisse un compliment. Et puis, soudainement curieuse, elle demande. “Comment tu as su ? Comment tu fais pour ne pas être jalouse ?” Ces questions, ce n’est pas la première fois qu’on les lui pose. En vérité, la première à l’avoir fait est elle-même. Ofelia prend le temps de réfléchir. Elle remonte dans sa mémoire jusqu’à la première relation qui lui a fait comprendre que son fonctionnement différait de celui de son partenaire de l’époque. Malheureusement, il n’y a pas d’explication concrète à tout ça. Ce n’est qu’une préférence et il est difficile de rationaliser une préférence.

« Mmmh… ça ne fait que deux ans que je sais que je veux vivre de cette façon mes histoires d’amour. C’est… difficile de te dire clairement “comment” j’ai su. Je pense que je me suis juste rendue compte que les couples monogames ne me convenaient pas parce que je tombais amoureuse d’autres personnes et que la jalousie de mon partenaire ainsi que cette monogamie m’enfermaient, m’étouffaient. Je l’aimais mais cet amour ne lui était pas complètement dédié non plus. J’avais envie de lui donner de la place dans mon cœur, mais à d’autres aussi. Au début, j’ai cru simplement être indécise dans mes choix. D’être une mauvaise personne parce que j’en regardais d’autres, j’en aimais d’autres, alors que mon partenaire était supposé me “suffire”. Ce n’est même pas qu’il ne me suffisait pas en fait, ce qu’on partageait était beau et unique. Simplement… » Elle s’arrête, peu certaine de ses mots. Il fallait les choisir avec soin pour ne pas donner une mauvaise image de son choix. « Il était jaloux mais je ne l’étais pas. J’aimais passer du temps avec lui et quand il a pris une “amante”, je n’ai pas… comment dire… je n’ai pas réussi à lui en vouloir. Je me suis dit “c’est okay. Il n’est pas obligé de n’aimer que moi.” Sauf qu’il l’a mal pris parce qu’il s’attendait probablement à ce que je sois en colère car à ses yeux, cette colère était la manifestation de mon engagement envers lui. Parce que je ne l’étais pas, il a pensé que je m’en foutais, que je ne l’aimais pas. Mais je l’aimais quand même. Je peux me mettre en colère dans mes relations de couple. Si on me ment, par exemple. Je déteste ça. Je n’ai rien contre le fait d’en aimer d’autres ! L’amour est si vaste, il a tellement de facettes et de pouvoir qu’il ne me vient pas à l’idée de ne le restreindre qu’à une seule personne. Mais mentir sur la réalité ne fait avancer aucune relation, quelle qu’elle soit. Tout repose sur l’honnêteté en vrai. Tant qu’on l’est avec l’autre, il n’y a pas de raison que les choses se passent mal. C’est pour ça que je n’ai pas peur de te dire que je t’apprécie, que j’apprécie Elio et même que j’ai des sentiments pour une autre personne encore. Quand je suis avec elle, je ne regarde qu’elle. Quand je suis avec un autre, je ne regarde que lui. Et j’imagine que c’est la même chose pour mes partenaires. Quand ils sont avec moi, ils ne regardent que moi. À partir de ce moment-là, je n’ai pas à m’inquiéter d’être jalouse. Ils peuvent bien être avec qui ils veulent, ce n’est pas ma vie, c’est la leur. Mais je t’avouerai que je n’ai jamais réussi à garder de relation amoureuse très longtemps. Certains pensent pouvoir s’y faire, se dire au contraire “youpi, je peux faire ce que je veux moi aussi !” et en fin de compte, la jalousie les rattrape. Ils me harcelaient de messages, me faisaient des réflexions pleines de sous-entendus sur mes autres histoires, parlaient de comparaison… Ce n’est pas sain. Tout le monde ne peut pas penser ainsi et c’est tout à fait logique. Désolée, j’ai beaucoup parlé… » Elle fait une grimace d’excuse.

Ignorant les excuses qui n’ont absolument pas lieu d’être si vous voulez l’avis de la douce Blackthorn , elle souffle simplement “ C’est beau…” Elle pense a Kiran, Pina et Finn. Elle a longtemps trouvé étrange le fait d’être en trouple, souvent observé la dynamique entre eux quand l’occasion lui était donnée. Mais là ça sonne encore si différent. « Moi j’ai peur d’être remplacée » avoue-t-elle simplement et humblement en pensant à la proposition faite par Jolan quelques semaines plus tôt. Le mot n’est pas utilisé à la légère et il interpelle l’attention d’Ofelia. Elle mentirait en disant que cette pensée ne lui avait pas traversé l’esprit au début, avant que tout ne devienne plus clair.

« Les monogames ont pris l’habitude de lier fidélité et exclusivité. On peut être en couple, on peut être fidèle à quelqu’un mais ne pas opter pour l’exclusivité. Être fidèle, ça ne veut pas dire “n’appartenir qu’à une seule personne”, mais offrir à cette personne des sentiments constants, fiables et lui montrer qu’elle peut compter sur nous. On parle bien d’être fidèle en amitié non ? Et pourtant, on est capable d’avoir plusieurs amis à la fois, qu’on soutient de tout notre cœur. En amour, c’est possible aussi. Et de mon point de vue, à partir du moment où je suis fidèle à maon partenaire et qu’iel m’est fidèle, alors la peur d’être remplacée s’efface. Je sais que même s’iel devait se mettre en couple avec quelqu’un d’autre, iel me garderait cette fidélité. » Elle joue de façon distraite avec le bas de son large pantalon. « Mais tu sais, toute relation peut se terminer, qu’elle soit exclusive ou non. Quand on ne peut plus assurer ces sentiments-là, par exemple. Mais pas par jalousie, non. »

“Mhmm…” l’air pensive de celle qui a beaucoup à digérer, la blondinette hoche doucement la tête. Même si elle comprend les concepts, elle a du mal à s’imaginer les appliquer. Et puis considérant qu’elle a bien trop abusé de la gentillesse et de la patience de la Pokeby, Juliet se lève et offre sa main à la jolie brune. “On peut rentrer si tu veux, même si je pourrais continuer cette conversation des heures durant. Mais j’ai peur que Cataleya ne martyrise un peu trop notre Elio…” La Mexicaine se relève dans un rire et époussette sa tenue avant de la remettre en place. Les corsets, ce n’est pas si évident à porter, même avec une petite poitrine comme la sienne. « Tu as bien raison, on risque de le retrouver la tête enfoncée dans le buffet si on ne les rejoint pas au plus vite. C’était sympa de papoter avec toi, en tout cas. Anytime. » Elle lui accorde un clin d’œil puis passe son bras autour de celui de la belle blonde pour l’accompagner jusqu’à ce duo improbable, resté là à les attendre. Si leur entrée se fait sans applaudissement tonitruant, Ofelia risque de bouder !

Arrivées vers Elio et Cataleya, elle regarde cette dernière et hausse les épaules. "Tu me crois si je te dis qu'il n'y avait pas de triton au gingembre ?"


écrit à 4 mains avec @Juliet Blackthorn
@Elio Cooper @Cataleya Blackthorn @Juliet Blackthorn

Ofelia leva les yeux au ciel face aux deux malotrus qui lui réclamaient de la nourriture. « Eh, c’est pas écrit Soupe Populaire sur mon front ! » Elio comprendra sûrement la référence. Cataleya et Juliet ? Elle en doutait fortement ! Elle aurait tout aussi bien pu faire remarquer qu’elle n’était pas leur bonniche, même si tout ceci se faisait sur le ton de la plaisanterie, bien évidemment.

Tout le monde accueillit alors l’arrivée d’un bel homme au sourire colgate et aux bouclettes saisissantes, si bien qu’Ofelia se crut dans une publicité pour du dentifrice pendant un moment. Comme n’importe quelle personne qui devait rencontrer Lucas Bennett, son coeur, sa tête et son corps firent “ohlalaaaa” de concert. Damn, elle ne saurait se concentrer avec une si belle aura dans son sillage. Présentée par tous comme “la fiancée d’Elio” - elle eut même droit à une tentative de rapprochement de la part de ce dernier - elle décida d’en jouer et tendit sa main droite en direction du fabuleux médicomage, comme dans les films. Allait-il comprendre son geste et la baiser ? Sa main, bien sûr. Même si le sourire sur ses lèvres mettait le doute.

« Enchantée Docteur. Je vois que vous êtes un amour avec tous vos collègues. Ils sont bien heureux de vous avoir à leurs côtés ! » Elle s’était pourtant promis de ne faire aucune vague mais chassez le naturel, il revient au galop ! Il lui fallait juste le temps de se faire au physique saisissant de Lucas, jusqu’à ce qu’elle passe à autre chose. De toute façon, Elio s’évertuait déjà à éloigner le beau docteur de leur présence féminine et elle mima un faux air contrarié.

« ¡Madre mía! Ils sont tous comme ça aux urgences de Sainte-Marie ? Non parce que je vais me casser quelque chose plus souvent… » fit-elle en regardant les deux hommes partir en direction du bar dans un petit pincement de lèvres. « Mais on est quand même mieux entre meufs. »

@Elio Cooper @Cataleya Blackthorn @Juliet Blackthorn @Lucas Bennett