(mood board) (music) Friends and beer go together like hops and barley, creating a brew of laughter, memories, and unforgettable moments.

07.09.23. Le téléphone avait tant et si bien vibré que Peter avait fini par répondre ; ses mains étaient enfin libres pour qu’il puisse lui dire tout ce qu’il pensait de son harcèlement textuel. Fort heureusement pour elle, Inès faisait partie des rares personnes qui pouvaient interrompre le garçon dans ses élans de passion et rester vivante à ses yeux. La barmaid l’avait toujours fasciné. Sa beauté n’avait d’égal que sa force d’esprit et son entêtement à se fâcher lorsqu’elle n’obtenait pas ce qu’elle désirait. Les cocktails filaient toujours dans sa direction lorsqu’il les commandait au bar, mais elle évitait de lui parler comme à la pègre. Le petit jeu était rondement mené ; Peter avait fini par se demander ce qu’il avait bien pu faire pour la mettre en colère. Naïf comme au premier jour - il ne fallait pas trop compter sur lui pour changer - Peter n’avait pas fait le rapprochement. Les deux compères avaient partagé bien des choses pendant de nombreuses années. Il n’était pas si étonnant de voir que la réalisation d’une amitié en déclin l’avait fortement inquiété. Parfois, il n’y croyait pas totalement. Le corbeau aimait voler librement et la fille des propriétaires du Cochon à Plumes pouvait être tête de lard. D’autre fois, il se trouvait paralysé à l’idée de perdre une personne qui savait apporter autant de légèreté dans sa vie. C’était peut-être parce qu’elle était plus jeune. Elle lui rappelait l'insouciance dont il était capable et qui l’avait caractérisé pendant de très nombreuses années ; l’étiquette lui collait encore à la peau, et il n’était pas tout à fait prêt à s’en débarrasser.

Quelques mots sur un écran de téléphone, deux ou trois visages jaunes et Peter quittait son logement pour frapper les dalles du trottoire de ses baskets blanches. Le faux-cuir de boursouf commençait sérieusement à se rabougrir et à s’étioler. Il avait justement donné rendez-vous à sa rebelle préférée à la boutique de Madame Blansec. Il voulait parfaire sa garde-robe de quelques pièces, bien que le budget fut plus serré, maintenant qu’il devait payer sa part du loyer. Emménager dans la petite fermette n’avait pas été sans mauvaise surprise. La tuyauterie laissait à désirer, mais un matin comme celui-ci, Peter crierait à qui voulut l’entendre que sa vie était parfaite. Le garçon sourit en rangeant son téléphone portable dans la poche de son short vert sauge. Les poches étaient profondes, pourtant l’objet moldu menaçait de tomber à chaque enjambée ; elles étaient sûrement plus longues que le short lui-même.

Il retrouva sa frange noire devant la vitrine et la salua sans attendre ; ses ailes se refermèrent autour de sa silhouette menue avant qu’elle n’ait eu le temps de s’y soustraire et il l’embrassa sur la tempe.

(anglais) “Hello, mon petit cafard. J’suis content que tu sois venue. Je t’ai pas trop fait attendre ?”

Il faudrait reporter la faute sur @Maximilien Leroy, cet adonis.

(mood board) (music) Friends and beer go together like hops and barley, creating a brew of laughter, memories, and unforgettable moments.

Peter était l'illustre capitaine du Titanic, qui naviguait en eaux troubles sans le savoir, et qui, s'il ne faisait pas un peu plus attention, risquait de se heurter à un iceberg à frange noire. Le jeune homme écarta vivement tout risque en éclatant de rire dans la touffe fournie de la ravissante demoiselle. Il se promit silencieusement de lui acheter une babiole en boutique pour entrer dans ses bonnes grâces. Inès le détailla avec minutie, comme un professeur de mode magique l'aurait fait, et s'attaqua d'abord à son short. Peter fit mine d'être vexé et pencha simultanément la tête et le buste d'un air circonspect.

(anglais) « Quoi ? T'aimes pas ? »

Il était convaincu du contraire. Elle l'attrapait par l'épaule pour le faire pivoter et mieux mater son boule rebondi ; les deux coussins de chair pulpeuse soulevaient sans équivoque le coton et laissaient clairement peu d'imagination aux moins étourdis. Peter se fit un malin plaisir de se cambrer davantage en tournoyant sur lui-même ; elle avait payé le spectacle en l'attendant malgré son retard, et Inès serait servie !

(anglais) « Ne me dis pas que tu as oublié mon boule qui chamboule ! »

Le corbeau grailla sans retenue et attrapa le sac à main d'Inès pour s'extasier dessus.

(anglais) « Mais où est-ce que tu as déniché cette merveille ? »

Il passa en revue la collection Printemps 2023 de la marque de vêtements de sa cousine, mais il ne trouva pas un seul article similaire.

(anglais) « On y va ? »

La question rhétorique s'ensuivit d'une main qui tira fortement Inès à l'intérieur de la boutique tandis qu'une autre poussait le panneau de bois vitré. Une petite clochette annonça leur arrivée. Des centaines d'articles attendaient pliés sur les rayonnages et trois silhouettes de mannequins prenaient des poses successives et exagérées pour dévoiler tout le potentiel de la tenue qu'ils étaient forcé de porter. Un doux parfum de citrouille sucrée embaumait l'air et caressa ses narines.

(anglais) « J'ai grave besoin de ton avis sur un truc en plus. Tu cherches quelque chose en parti- »

Le corbeau s'arrêta et écarta le bras théâtralement, comme s'il ne voulait pas qu'elle avance et qu'elle tombe dans un fossé qui n'existait pas. Il avait posé son regard sur un mannequin que la magie animait ingénieusement ; celui-ci portait une combinaison à l'allure aussi géniale que confortable ; un écriteau invitait les clients à toucher le tissu. Une chose que bien d'autres avaient dû s'amuser à faire, en témoignaient les diverses traces de peinture qui étaient restées fixées sur le tissu. Peter courut pour y poser les mains à son tour. L'écriteau indiquait aussi : « Jouez-moi un air de musique. » Alors, Peter fredonna la chanson qui restait inlassablement bloquée dans sa tête et le tissu pulsa de couleurs, comme si la musique voguait sur les vagues du tissu.

(anglais) « JE LA VEUX ! », cria-t-il à son amie.

(mood board) (music) Friends and beer go together like hops and barley, creating a brew of laughter, memories, and unforgettable moments.

La mine boudeuse accueillit le retrait de sa main de l’étoffe aux couleurs changeantes. Il soupira sous une moustache inexistante et fit le serment silencieux de la faire changer d’avis. Il y parvenait généralement à grands renforts de sucreries chuchotées à l’oreille et de Bièraubeurre acidulée ; ce jour-là ne marquerait pas la fin d’une victoire incontestée et pour toujours indiscutable. Le satin obscur frappa sa joue tandis qu’Inès se retournait avec perte et fracas, son attention verrouillée sur divers articles que Peter n’avait même pas envisagés. L’oiseau se laissa distraire un instant par l’odeur gourmande et sursauta de la voir déjà revenir ; elle se tenait à ses côtés, les bras et les mains faisant de grands gestes pour lui montrer ce qu’elle avait choisi pour lui. Le Rouge grimaça de ces étirements qui ne croient pas en eux-mêmes et plissa les lèvres ; la tenue, bien qu’épousant parfaitement les qualificatifs étiquetés par Inès, ne vibrait pas suffisamment du panache qu’il était venu acheter. Le dieu grec cherchait parfois comment abreuver ses adorateurs lorsqu’il perdait confiance en lui. L’onctuosité du pull-over crémeux le déconcerta toutefois et, victime de ses premiers amours pour le beau, Peter caressa de la pulpe de ses doigts l’onguent opaque qu’un sorcier ingénieux avait réussi à tisser.

(anglais) « Wow, mais c’est super doux ! »

Sans réfléchir, il le porta à bout de bec pour en humer le parfum terreux et épicé qui s’était déjà insinué dans les fibres du vêtement chaud. La sensation d’une eau filante entre ses doigts était trompeuse, car déjà, Peter pouvait sentir ses doigts se réchauffer au contact du tissu. L’œil du connaisseur estima le prix de l’article avant de découvrir une approximation à la hausse sur l’étiquette parfaitement découpée dans un papier cartonné ; le prix écrit à l’encre doré confirmait fièrement la rareté de la matière. Il la fit couler sur son bras pour attraper le pantalon très ajusté que lui tendait Inès. L’étiquette, plus grande, chuchotait à l’oreille des sorciers et des sorcières qui portait le vêtement à leurs oreilles.

(anglais) « Sans effort ni couture : un ourlet dansant avec magie sur les hauteurs. Un ajustement parfait à celui qui le porte. » Le sourire de Peter ne parvint pas à assourdir le reste de l’argument enchanté. « Plus que ce que les yeux peuvent voir : les poches s'étirent et se plient aux désirs de leur propriétaire, offrant un espace infini pour les trésors et les secrets les plus précieux. »

Gloussant bêtement à la mention de ses trésors et de ses secrets les plus précieux par un pantalon, Peter accepta finalement de les essayer. Inès était déjà repartie pour trouver de quoi rivaliser avec le style qu’elle voulait imposer au joueur de Quidditch. Il fit passer le textile bleu sur son bras et attrapa à pleine main la ceinture. Celle-ci se mit à parler si fort que Peter regarda hâtivement autour de lui pour découvrir finalement qu’il était le seul à l’avoir entendue. L’étiquette était attachée à l’aide d’une ficelle fine et plus douce que les autres, comme si la vendeuse avait eu peur d’égratigner l’accessoire. Sur celle-ci, Peter lut avec amusement les précautions d’usage : Dites adieu aux soucis de taille avec notre ceinture enchantée, parfaite en toutes circonstances ! Acolyte fidèle, elle accompagne vos régimes alimentaires et vous chuchotera amicalement d’arrêter de manger. Peter fronça des sourcils. Avait-elle vu l’argument de vente avant de lui porter l’accessoire ?

Il sortait tout juste de derrière le paravent enchanté de divers sortilèges de transfert quand Inès accourut.

(anglais) « Je crois que ta ceinture de chasteté vient de me dire que je mangeais trop de Patacitrouilles. Si elle n’surveille pas un peu son ton, je vais le lui faire regretter, j’te préviens ! »

L’enchantement était certainement jaloux de son postérieur royal.

(anglais) « Qu’est-ce que tu as trouvé ? »

L’ombre d’une moquerie assombrit ses yeux marron.

(anglais) « Le pantalon, c’est pour aller pêcher le Rémora dans l’océan Indien ? »