Inès Saouli ㄨ Inespérée

Dernière édition par Inès Saouli le Lun 2 Sep 2024 - 3:22, édité 25 fois

Auparavant dans la vie d'Inès...

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→ Naissance 30 avril 2001
→ Études à Poudlard (Poufsouffle) Septembre 2012 à juin 2019
→ Rencontre avec son père Décembre 2018
→ Voyage en Europe avec son copain Tarek Août 2019 à mars 2020
→ Test de maternité positif 21 janvier 2020
→ Avortement 7 février 2020
→ Arrestation à Toulon et rapatriement à Londres Mars 2020
→ Retour à Inverness et acceptation à Hungcalf Avril 2020
→Travail d'été en attendant la rentrée Mai-septembre 2020
→Départ de la maison familiale pour le campus 15 juillet 2020
→Relation avec Luigi Août à novembre 2020
→Début du trimestre 1er septembre 2020
→Officialisation de la rupture avec Tarek 5 septembre 2020
→Dépression Décembre-janvier-février 2021
→Cours de conduite moldue et job au Cochon à plumes Été 2021
→Nomination à titre de présidente de l'AECES Août 2021
→Début de sa deuxième année 1er septembre 2021
→Couvre-feu? C'est pour les peureux Hiver 2022
→Organisation d'une première Pride Mai 2022
→Début de sa troisième année Septembre 2022
→Organisation d'un speed dating Février 2023
→Décrochage scolaire Juin 2023
→Recherche d'un nouveau logement, d'un local, serveuse au Vampire's Night Club été 2023
→Naissance de son demi-frère Charlie 12 octobre 2023
→Ouverture de sa boutique érotique 8 décembre 2023

Les amis PNJ

Les amis d'Inverness, certains sorciers, la plupart moldus

Nadia, Joe, Samira : moldus, avec qui elle perd de plus en plus le contact.

Sasha et Padma (officiellement en couple depuis 2022). Padma est illustratrice et dessine régulièrement pour la boutique d'Inès. C'est elle qui a conçu le logo du Loch d'Inès.

Amir (un peu vantard et qu'Inès aime taquiner) et Ted (un ex), deux amis sorciers qui sont copropriétaires du pub, le Drunken Duck.

Logan (cet idiot congénital avec qui elle a couché UNE FOIS), un moldu.

Tarek, un ami de son oncle Salim. Elle a fugué un an avec lui en sortant de Poudlard et elle en est tombée enceinte avant d'avorter sous sa pression. Il vit désormais à Glasgow ou à Liverpool

Oìsin, son petit ami et amant actuel. Il l'aide souvent à la boutique.

La dynastie Saouli

Le Loch d'Inès

L'idée a travaillé Inès un bon moment avant qu'elle décide de quitter l'université à la fin de l'année scolaire 2022-2023 et se lance officiellement dans l'aventure. Inès souhaite aider les sorcières et les sorciers (mais surtout les sorcières) à se libérer des carcans imposés par la société quant à leur sexualité. Elle veut que les gens aient du plaisir! Elle a installé son commerce à l'automne 2023 dans un placard à balais à proximité du Vampire's Night Club, où elle travaille encore à temps partiel pour payer les factures.

Le Loch d'Inès déborde de produits et de prototypes de produits érotiques pour tous les styles et tous les goûts. La plupart ont été imaginés par Inès elle-même ou par ses ami-es, et testés par ces derniers.

Ouvert jeudi au dimanche, 20h à 3h, Myrddin Wyllt District.

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Activités du mois de...

Hiver 2024

★ 19 février 2024 Nouvel An lunaire - TERMINÉ
Inès s'éclate avec sa robe et ses cocktails. Elle finit même la nuit dans un placard en bonne compagnie.

★ 16 mars 2024 Ding dong the bitch is gone ft Andrea de Valois
Inès répond à l'invitation d'Andrea pour mettre le feu aux possessions de son ex. Incendio!

★ 17 mars 2024 Nous sommes la jeunesse féline ft Apsara Chankimha - TERMINÉ
Inès se porte à la défense d'Apsara face à un lourdeau dans la rue, et finit par l'inviter à manger un morceau et à boire une pinte au Drunken Duck pour fêter la St. Patrick.

Printemps 2024

★ 20 au 28 avril 2024 Expo happening AECES - Équations - TERMINÉ
Inès, Andrea, Luan, Apsara, Brunelle et des membres de l'AECES organisent une exposition événementiel au centre Lovingblow sur le thème des équations.

★ 29 juin 2024 Greater the storm, brighter the rainbow ft. Erawan Chankimha
Inès reçoit la visite inopinée d'un fiscaliste consultant... mais peut-être n'est-il là que pour acheter un cadeau?

★ Mi juin 2024 Au pied de l'arc-en-ciel avec Cameron Dullahan
Le deuxième défilé du Mois des Fiertés au Loch d'Inès s'est bien passé. Cameron aide Inès à ramasser alors qu'ils parlent de leur relation... d'affaire.

Été 2024

★ 29 juin 2024 Village des Nymphes - Not a woman, a god - TERMINÉ
Inès tient un kiosque à l'événement féministe organisé par les Nymphes où elle offre des produits du Loch aux enchères.

★ Début juillet 2024 Il est où ton blanc destrier?
Est-ce qu'Inès aurait trop bu? Peut-être. En tous les cas, elle aurait bien besoin de l'assistance d'un preux chevalier...

Automne 2024

★ Date Titre
Description

★

Chronologie 2023

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Chronologie 2022

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Chronologie 2021

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Chronologie 2020

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Flashback

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Dernière édition par Inès Saouli le Sam 27 Jan 2024 - 5:55, édité 22 fois

Quel charabia!

Comprendre Inès

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Aye (mate) : oui (mon ami)
Bevvy : a drink/une boisson
Bird : girlfriend/petite amie
Bizzies : police
Boss : incredibly awesome/incroyable
Cob on : bad mood/mauvaise humeur
Naw : no/non
Dae : do
Dinnae : don't/ne pas
Hullo : allô
Made up : happy/heureux
Scran : food/nourriture
Yaldi : cri de joie
Mockit, rank : sale
Nane : none
Wellies : boots
Coorie : câliner
Clipe : rapporter
Drookit : trempé jusqu'aux os
Tattie : patate
Bampot : fauteur de trouble, idiot
Hackit : laid
Howlin' : puant
Naff' : inintéressant
Whitey : vomir
Booze : alcool
Tanked-up, buckled, wrecked : soûl
Steaming : être extra soûl
Fizzie juice : soda
Peely-wally : pâle et maladif
Shan : injuste
Muggae : moldus
Wee : petit
Bonnie : pretty
Bawbag : peut à la fois être une interpellation familière et gentille... et une insulte (scrotum)
The Scotts are out : (cri de guerre, de ralliement)
To go out on the skite : sortir boire (en soirée)
We’re a long time deid : arrête de déprimer, t'auras tout le temps pour ça après ta mort
Pure dead brilliant : c'est fantastique
Keep the heid : reste calme
Gies peace man, wheesht : laisse-moi tranquille, la ferme
Buzz off : dégage
Pure class min : fantastique, brillant
Yer aff yer heid : tu as perdu la tête
Yer oot yer face : tu es super soûl
Heid doon arse up : cesse de tergiverser et fais-le
Ye mak a better door than a windae : enlève-toi de mon chemin
Having a blether : jaser

Habibi : mon amour, mon chéri
Habibti : ma chérie
Albi : mon coeur
Yoonie : mes yeux
Hayaat Hayaati : life of my life
Tayyeb : ok, délicieux
Hasanan : ok
Wallah : je te jure
Wesh : yo, what's up
Yemma : mamie
Sahbi : mon ami
Chwiya : un peu ou doucement
Baraka : arrête
Arhul : dehors!
Shukran : merci
Ghoor min wijji: dégage de mon chemin, get lost
Ana uhibukka : je t'aime

Candidature d'Inès Saouli

Privileged Scolarship for Promising Students (PSPS)

Dossier ᚬᚡᛊSAOI

Nom : SAOULI
Prénom : Inès Neïla
Naissance : 2001-04-30

Scolarité

CINQ ASPIC (4 optimal)
HUIT BUSE (4 optimal)

Trophée Merlin (sortilèges) 2018, 2019
Trophée Bathilda Tourdesac (histoire de la magie) 2019
Trophée Archimède (astronomie) 2018
Trophée Jocunda Sykes (vol) 2014, 2015, 2018
Membre du club de vol sur balai et du club d’histoire de la magie de Poudlard

Dear Board Members of the Privileged Scolarship for Promising Students (PSPS),

Je souhaite, par la présente, porter à votre connaissance ma candidature à la bourse d’études PSPS – Plan mérite. Actuellement en année sabbatique après l’obtention de mes ASPIC à Poudlard, j’ai pour projet de poursuivre mes études en justice magique à l’Université Hungcalf. À l’issue de mes études, je souhaite travailler comme avocate pour des organismes de défense des droits sorciers ou au Parlement d’Édimbourg.

Ma situation et mes ressources financières ne me permettent pas de mener à bien un tel projet. Pour l’instant, en raison de circonstances personnelles difficiles, je vis chez ma grand-mère et je suis sans emploi. Mes expériences de ces derniers mois et mon engagement social m’ont fait réaliser qu’une carrière dans le domaine de la justice répondrait à mon besoin de défendre des causes qui me paraissent justes et essentielles. Cette bourse me permettra de poursuivre mes études dans des conditions plus favorables et ainsi de pouvoir me concentrer sur mes cours.

Vous trouverez joints à cet envoi par hibou postal recommandé tous les documents justifiant les critères d'obtention de cette bourse.

En espérant obtenir une réponse favorable de votre part, je vous prie de croire, Mesdames, Messieurs, à l’expression de mes salutations magiques.

Inès Saouli
64b Perceval rd
Myrddin Wyllt District
Inverness IV3 5QP, UK

Résultats BUSE:

Résultats ASPIC:

Lettre de recommandation Vitoreia Gallo :

Lettre de recommandation Professeur Abhainn Abernathy:

19e anniversaire

I'm old now but I don't want to be anymore

Il s'en était fallu de peu qu'Inès soit debout aux aurores en ce 30 avril 2020. Il s'en était fallu de peu, car à l'heure où d'honnêtes travailleurs quittent leur lit pour aller gagner leur croûte, la jeune Écossaise rentrait discrètement dans la maison familiale pour aller, sur la pointe des pieds, rejoindre le sien.

La "c'est qu'une petite fête entre amis, je rentrerai pas tard" promise à grand-mère Dounia, bouche en coeur, s'était dans les faits étalée sur toute une nuit et dans plusieurs bars d'Inverness. Pour ne pas dire, dans tous les bars d'Inverness ou presque. Inès avait un peu perdu le fil après la troisième ou quatrième pinte... ou était-ce après le dixième shooter? Tout ce qu'Inès savait, c'est qu'elle allait avoir terriblement mal aux cheveux au réveil, mais qu'elle ne regrettait rien.

Plus de six semaines après son retour en ville, après un nombre incalculable d'heures à étudier et à se racheter auprès de Dounia, de Zahia, de Mehdi... Inès n'avait pas encore eu l'occasion de véritablement sortir s'amuser avec ses amis. Sasha, Nadia, Padma, Amir, Ted, et même cet idiot congénital de Logan, ils lui avaient tous manqué pendant son voyage en Europe. Les revoir, boire et danser et même faire un karaoké lui avait fait un bien fou. Elle n'aurait pas pu imaginer meilleure soirée d'anniversaire, même s'il y avait un grand absent, son Tarek, dont elle n'avait toujours eu aucune nouvelle depuis leur arrestation. Aucune réponse à ses trois tentatives de prises de contact, parfaitement illégales, mais moralement nécessaires. Était-il dans l'impossibilité de lui répondre? S'était-il déjà trouvé une nouvelle fille? Salim non plus n'avait eu aucune nouvelle, ou mentait-il pour épargner sa nièce?

La nuit avait passé si vite qu'au moment où Inès avait regardé l'heure, le bar lançait déjà le last call. Rendue à ce stade de la nuit (et de retard), Inès s'était dit qu'elle pouvait bien suivre ses amis dans un after hour. Et ainsi avaient-ils couru sous une fine pluie froide de printemps en riant trop fort, mais de bon coeur.

Ce fut cette image-là qui vint en tête de la jeune sorcière lorsqu'elle se réveilla aux sons de Dounia qui préparait le déjeuner. Le tapage signifiait à lui seul l'humeur massacrante de la grand-mère, elle qui s'était fait remplacer au pub pour passer la journée avec sa petite fille et sa fille, si elle trouvait le temps de se pointer entre deux cours. Inès repoussa les draps et sauta dans la douche pour se rafraîchir les idées et tenter de chasser le mal de tête, mais elle prit tout de même son temps pour bien faire son maquillage. Pas question de ne ressembler à rien le jour de son 19e anniversaire!

En passant la tête dans la cuisine, elle vit que non seulement sa grand-mère, mais aussi deux de ses oncles, Akim et Mehdi évidemment, son grand-père et sa mère Zahia l'attendaient. Patiemment? Pas tant, Akim s'était déjà servi une généreuse portion de purée de pommes de terre et trois saucisses, qu'il dévorait au moment où il vit entrer Inès. Son sourire était rempli de petits bouts de chair à saucisse, ce qui fit éclater de rire Inès et relâcha un peu la tension que la jeune fille... non jeune femme sentait pulser du côté de sa grand-mère. Zahia s'était déjà levée pour aller embrasser sa fille et la serrer dans ses bras. « Mooom... » lâcha Inès sur le ton de l'adolescente embarrassée par les effusions maternelles, avant de rire à sa propre jérémiade.

Le dîner fut, bien sûr, exquis. Malgré l'absence de Tarek, et celle de Malik. Un jour peut-être Inès aurait un repas d'anniversaire autour duquel toute sa famille serait réunie. Mais la surprise vint plutôt du gâteau : Zahia le posa sur la table en annonçant qu'elle l'avait fait elle-même. Passant la main au-dessus de la table, Inès alla serrer la main de sa mère, reconnaissante de la savoir à ses côtés malgré tout, non sans sentir monter insidieusement en elle une petite angoisse. Zahia l'aurait-elle si bien accueillie à son retour à Inverness si elle avait su vraiment tout ce qui s'était passé ces derniers mois? Inès jeta un coup d'oeil furtif à Mehdi, puis sourit à la ronde, avec des remerciements sincères adressés à tous, mais les yeux déjà fixés sur les cadeaux, posés sur la table du salon.

Dans la plus petite boîte tendue par Dounia (« De la part de grand-père et de moi ») se trouvait un joli pendentif en forme de croix celte sertie de petites pierres azur, qu'Inès attacha autour de son cou. Il tombait à merveille. Le sac-cadeau que Mehdi glissa dans sa direction contenait le premier tome de la série Outlander. En réponse au regard outré qu'Inès lança à son oncle, celui-ci leva aussitôt les mains pour se dédouaner de toute responsabilité. « C'est de Salim! Pour mon cadeau, tu devras être un peu plus patiente... » Reconnaissant là l'humour douteux de Salim (et un peu son désintérêt pour les anniversaires), Inès mit le livre de côté en l'oubliant aussitôt. Quant à sa mère, sa seule présence constituait aux yeux d'Inès un cadeau en soi, pour les quelques anniversaires que sa carrière lui avaient fait manquer, mais Zahia lui tendit tout de même un paquet, impeccablement emballé.

Lorsqu'elle défit les rubans et souleva le couvercle pour jeter un oeil sur son contenu, Inès sentit son coeur rater un battement. Décidément, cet anniversaire était tout ce qu'elle avait pu espérer.

Suite : pensine de Zahia

Dernière édition par Inès Saouli le Sam 18 Nov 2023 - 5:26, édité 1 fois

Lendemain de veille décisif

Get the f*** off of my back

15 juillet 2020
Il y avait quelque chose sur son visage. C'était chaud, mou... de la peau... un bras. Un bras était étalé de tout son long en travers de son épaule, de son cou, de sa joue. Et il était poilu, donc ce n'était pas le sien. L'esprit embrouillé et douloureux d'Inès continua son analyse à tâtons. S'il ne s'agissait pas de son bras, ça ne pouvait être que celui de quelqu'un d'autre. Logique. Si le bras de quelqu'un d'autre se trouvait sur son visage, qui se trouvait lui-même posé sur un oreiller, c'était que la personne à qui se rattachait ce bras se trouvait dans le même lit qu'elle. Mais où se trouvait ce lit exactement? Un oeil entrouvert ne la renseigna guère tant le décor qui s'offrit à elle lui parut tout d'abord outrageusement flou et foutrement trop lumineux. Un élancement terrible lui traversa le cerveau. Super, une gueule de bois. Il fallut quelques secondes supplémentaires pour qu'Inès se décida à rouvrir prudemment un oeil. La commode lui était familière, c'était la sienne.

Bien, elle était donc chez elle, même si elle ne se souvenait absolument pas comment elle avait fait le trajet du retour depuis... depuis où déjà? Ça lui revint par bribes, le verre, l'autre verre, la table couverte de pintes, le plancher collant, l'air frais dehors, un autre pub, une autre table, d'autres verres, d'autres pintes, les visages souriants de Sacha, Padma, Joe, Samira, William, Lorcan, une belle bande, le beau gars au comptoir, l'air sombre du doorman sexy. Le reste était encore plus morcelé, plus flou, jusqu'à un trou dans ses souvenirs, pas tout à fait. Samira et Joe qui quittent ensemble, les gloussements de Sacha, le baiser langoureux de Padma et la douceur d'une langue dans sa bouche, la main de William sur son coude, sa voix dans son oreille qui suggère de rentrer.

Plusieurs minutes avaient passé quand Inès tenta de se redresser en repoussant le bras de son visage. Son regard remontant le bras jusqu'au propriétaire... Lorcan, torse nu, couché de travers par-dessus la couette, souriant même dans son sommeil. Entre tous le plus improbable. Inès souleva le drap, par acquit de conscience, et se vit tout habillée, mais dans un t-shirt qu'elle ne reconnaissait pas.

Le mouvement lui tira des gémissements quand la douleur lui frappa les yeux, la tête, et la nausée remonta aussitôt. Le bruit tira Lorcan des bras de Morphée. Lui aussi avait le teint un peu vert, mais c'était peut-être d'avoir dormi de travers.

« Si tu te pousses pas tout de suite, je te vomis dessus » prévint Inès sans délicatesse avant de se précipiter vers la salle de bain, sur la pointe des pieds tout de même, au cas où ses grands-parents auraient encore été endormis. Mais le soleil était déjà haut et le nid Saouli complètement vide.

L'estomac vidé, le visage rafraîchi, Inès dut quand même faire appel au soutien du mur pour rétablir son assiette et faire arrêter le monde de tourner, le temps de retrouver sa chambre, et Lorcan, assis sur son lit, la mine encore un peu bouffie par le manque de sommeil mais le sourire ravi et les cheveux en épis.

« Bien dormi? » la taquina-t-il. Inès, aussi froissée que sa literie, s'empara mollement de son oreiller pour lui en assener un coup qui fit à peine pouf. Le monde entier était trop lumineux en cet instant, jugea la jeune sorcière en allant tirer les rideaux pour empêcher le soleil de continuer de la tourmenter.

« Ok, je veux que tu me racontes dans le détail tout ce qu'on a fait avant d'arriver ici. Pour quelle raison, j'ai ton t-shirt sur le dos et que tu es torse nu dans ma chambre, ce matin. »

Soulagement et déception se disputèrent la place dans le coeur d'Inès quand Lorcan lui rembobina le fil de la soirée et de la nuit en passant par l'accidentel déversement d'Inès sur son haut à paillettes, le prêt de t-shirt du serviable Lorcan, les titubements jusqu'à la maison Saouli. Ils n'avaient rien fait, c'était un soulagement. Ils n'avaient rien fait, c'était aussi une déception. Inès aurait bien voulu savoir ce que Lucrèce avait réussi à réveiller chez son vieil ami. Et pour qu'une telle pensée lui vint, il fallait bien, réalisa l'Écossaise, que ce long célibat commença à lui peser.

À cet instant, la porte d'entrée s'ouvrit, sur un tintement de clefs entre mille autres reconnaissable: le trousseau de Dounia. L'air paniqué, mais l'esprit un peu plus réveillé tout à coup, Inès se mit à chercher une porte de sortie : transplaner malgré la gueule de bois? Sortir par la fenêtre? Passer Lorcan par la fenêtre? L'enfermer dans le placard? Le métamorphoser en patère? Si Dounia trouvait un homme dans la chambre de sa petite-fille, c'en était fini de la trêve signée au début du printemps. Grand-mère avait été stricte comme jamais sur les règles de la maisonnée, et Inès les avait plus d'une fois testées depuis l'été : les fêtes plus fréquentes, les retours plus tardifs, les fréquentes démissions de ses jobs sans intérêt.

Restait la porte arrière, par l'ancienne chambre de Mehdi. Mais le sixième sens de Dounia avait dû la prévenir d'une entourloupe, car Inès eut à peine le temps de saisir Lorcan par la main pour l'entraîner, d'un « Viens! » autoritaire, vers la porte de sa chambre que celle-ci s'ouvrit brusquement, dévoilant une Dounia dont l'air surpris vira vite à la colère lorsqu'elle analysa la situation.

Les mots arabes qui sortirent de la bouche de la femme à la porte firent l'effet d'une gifle à Inès, dont les doigts se serrèrent sur ceux de Lorcan. Elle aurait pu, bien sûr, clarifier la situation, expliquer le t-shirt, le garçon, leurs visages à tous les deux, mais entendre sa grand-mère la traiter encore comme si elle était une enfant sotte et irresponsable, après tous les efforts faits ces dernières semaines pour garder profil bas, faire des économies, étudier? Avec en plus la nausée et le mal de tête qui ne la lâchaient pas, c'en était trop.

La fierté piquée au vif, l'esprit de confrontation gorgé d'émotion, Inès lâcha la main qu'elle tenait toujours, croisa les bras et releva le menton.

« Ça concerne que moi qui je ramène dans mon lit! » Rendu là, qu'importait la vérité? C'était la liberté de jouir de son espace, de son corps comme elle l'entendait qui primait. Elle était majeure, elle avait certes fait quelques bêtises (mais pour une bonne cause et par amour!) en France, mais ça ne donnait aucun droit à sa famille de lui dicter sa vie. La vieille génération encore qui voulait les écraser de son autorité!

« Y a pas moyen de respirer ici! »

La colère de Dounia atteignit des proportions épiques, si bien que ce qui jaillit ensuite n'était qu'une succession de mots arabes qui alimentèrent la révolte d'Inès. Le souffle coupé par son indignation, Inès se tourna vers Lorcan pour chercher un soutien du regard face à ce qu'elle considérait comme une injustice pure et simple, lui remettre sur le nez ce qui était arrivé à sa mère et ce que son père avait fait endurer à sa famille, c'était bas, vraiment bas. Mais le jeune homme paraissait plutôt avoir envie de transplaner illico ailleurs, n'ayant sans doute rien compris à l'engueulade. Et Inès craignit d'ailleurs un instant qu'il passa de la parole aux actes en l'abandonnant là face à la furie de sa grand-mère. Dounia dut avoir le même pressentiment, car elle se précipita en direction de Lorcan et l'attrapa par le collet pour le faire sortir de la chambre.

« Dehors! Dehors! اخرج من هنا »

S'il ne fut pas sorti à grands coups de balai, c'était tout juste. Ç'aurait été tout à fait le genre de Dounia d'enchanter un balai pour l'occasion. Inès fulminait en regardant Lorcan partir, son ami lui jetant un regard d'excuse par dessus l'épaule avant de déguerpir. Sur le pas de la porte, il vit soudain apparaître son t-shirt sur lui. Un étage plus haut, dans la chambre d'Inès, la jeune fille croisa les bras sur son soutien-gorge, furieuse, devant la baguette pointée de sa grand-mère.

« Vous voyez, c'est pour ça que je suis partie! Il faut toujours marcher droit avec vous! Être la meilleure! Être digne des Saouli. Faut pas vous demander hein pourquoi même votre petit parfait Mehdi fait une dépression! Faut pas vous demander pourquoi votre fille s'est tapée le premier venu! »

La claque, elle l'avait vue arriver. Elle l'avait même un peu souhaitée. Les yeux pleins d'eau, en partie à cause de la claque, mais surtout à cause des élancements de douleur qu'elle venait de réveiller dans sa tête. Inès ravala la boule qui se formait dans sa gorge et se mit à remplir rageusement son sac magique, un cadeau de Mehdi, une éternité plus tôt, avec tout ce qu'elle pouvait trouver de vêtements.

Dounia, elle, avait tourné les talons et claqué la porte de sa chambre.

« Sur le campus au moins j'aurai la paix. J'aurai pas tout le temps la famille sur le dos » marmottait Inès, les dents serrés, en bouclant ses affaires et oubliant momentanément que sa propre mère travaillait et vivait sur le campus. Elle attrapa sa baguette sur la commode et la glissa dans sa poche de jeans, à côté de son téléphone. Une fois son sac rempli, elle prit une profonde inspiration, et le regretta aussitôt quand elle sentit la nausée remonter. Transplaner était hors de question dans cet état. Elle prendrait plutôt son vélo. Après s'être assurée d'avoir enfilé sa veste préférée et glissé son balai miniaturisé autour de son cou, la jeune sorcière ne s'attarda pas davantage.

Elle prit soin, à son tour, de claquer vigoureusement la porte d'entrée en quittant la maison familiale. Au coin de la rue, elle fut surprise de retrouver Lorcan, assis sur un banc, l'air décontracté, cigarette au bec. Sans un mot, elle appuya son vélo contre le mobilier urbain, se laissa tomber aux côtés de son ami et lui piqua sa cigarette pour en tirer quelques bouffées. Elle ne fumait pas la cigarette d'ordinaire, mais elle pouvait bien faire une exception, et puis ça chasserait peut-être le goût amer dans sa bouche, un arrière-goût pas seulement dû à la gueule de bois...

Mer 16 Sep 2020 - 4:27

Un soir, un bar, un gars

La plus belle fille de la Terre

5 août 2020
22h15
À un moment, il y en avait marre.

Inès se regardait dans le miroir de la chambre qu'elle partageait avec Iara depuis quelques jours. Iara qui s'était éclipsée juste après le dîner pour aller étudier sûrement, quelque part. Et qui n'était pas encore rentrée. Les filles sages, vraiment...

Dans le miroir, Inès observait sa silhouette. Sa robe verte lui moulait parfaitement les fesses, à défaut de lui faire pousser une poitrine. Le décolleté descendait plus bas que les seins, ça lui donnait un look qu'elle trouvait cool, mais qu'aurait sans doute désapprouvé sa grand-mère. Ses cheveux foncés, patiemment aplatis, lui encadraient le visage. Sa frange, bien droite, s'arrêtait au-dessus des sourcils. Elle avait passé plusieurs minutes à peindre l'amande de ses yeux avec son eyeliner préféré. Mais quelque chose clochait encore.

Aux pieds, elle portait des bottes massives, à même de botter des culs au besoin, et qui lui montaient à mi-mollet, ce serait parfait pour la nuit fraîche qu'on annonçait. L'été attendait rarement le calendrier des saisons en Écosse pour déclarer forfait face à l'automne qui s'installait.

Tout de même, quelque chose ne satisfaisait pas Inès Saouli. Elle continuait de s'observer sous toutes les coutures, détaillant ses nombreuses taches de son autant que les plis de ses vêtements. Enfin, elle sut. Elle se précipita sur sa trousse de maquillage, attrapa le rouge à lèvre le plus rouge qu'elle put trouver et l'étala consciencieusement sur ses lèvres. Avec ses cheveux sombres et son teint clair, le rouge tranchait comme une tache de sang. Parfait.

À un moment, il y en avait marre d'attendre.
Attendre que Salim réponde à ses textos au sujet de Tarek.
Attendre que Tarek redonne signe de vie. Ce qu'il n'avait pas fait depuis des semaines.
Attendre que Padma lui pardonne ses mots durs, lancés dans le vif d'une discussion.
Attendre que Lorcan arrête de la fuir (par gêne?).
Attendre que ses nouvelles amies se décident à aller faire la fête pour de vrai dans un bar.
Attendre Tarek, lui rester fidèle, flirter juste assez, mais repousser les propositions.
Attendre de comprendre.
Attendre de se pardonner aussi.

Cette fois, elle en avait assez. Mentalement, elle avait besoin qu'on l'enveloppe, qu'on l'enlève, qu'on lui fasse oublier la date du jour où elle aurait dû... Physiquement, elle avait besoin qu'on la tienne, qu'on la prenne. Et c'était ce soir-là que ça se passerait. Et *il* avait intérêt à avoir une piaule à lui, car pas question de le ramener dans la chambre du campus.

Ses clefs tintèrent joyeusement quand Inès les attrapa sur son bureau puis les fourra dans sa poche de veste. Un instant plus tard, la porte claquait. Inès avait laissé sa baguette sur le lit, cela éviterait les questions ridicules si *il* se révélait être un Moldu.

En traversant le terrain devant l'université, Inès souriait pour elle-même. Heureuse de franchir le pas. Tant pis pour Tarek. Elle avait voulu garder le contact, malgré les ordonnances de la cour, malgré l'opposition de sa famille. Elle l'avait défendu devant le juge. Elle l'avait suivi à cette manifestation. Elle... Elle avait accepté de... Elle... s'était débarrassé de... pour lui. Son sourire menaça de tourner à l'eau et elle de tourner les talons pour regagner sa chambre, mais elle serra les poings et franchit le portail. Fuck Tarek.

23h
Le vent soufflant sur le Ness se glissait malicieusement sous sa robe tandis qu'elle traversait le pont Greig, mais cela ne l'empêcha pas de faire un large salut du bras et de la tête quand trois quidams lui sifflèrent leur appréciation. Elle cherchait mieux que trois pauvres types déjà un peu chauds. Tournant à droite sur Bank puis à gauche sur Fraser, Inès rejoignit vite le quartier des bars. Elle aurait pu se rendre jusqu'au Myrddin Wyllt district, mais elle en avait assez de voir toujours les mêmes gens et ne voulait pas tomber sur un futur camarade de classe. Elle voulait quelque chose de plus aventureux, de différent. Elle passa devant le Hootananny sans s'arrêter, poussant plutôt la porte du Malt Room, question de trouver un peu plus classieux. Il était encore tôt. Elle s'installa au bar dans un angle parfait pour observer qui entrait.

Il fallut attendre deux verres de whisky, un «modest» et un «magnificient», avant que les choses ne deviennent au moins un peu intéressantes. Il prit la forme d'un homme aux cheveux sombres et dont les muscles se devinaient sous la chemise. Le menton bien découpé, l'oeil brillant, il avait parcouru les lieux du regard comme si la place lui appartenait déjà. Inès s'était fendu d'un sourire accueillant, levant son verre de Craggamore en guise de salutation avant de lui tourner le dos pour adresser quelques mots au barman.

My Lucifer is lonely
Look at you needing me
You know I'm not your friend without some greenery

Ses pieds sous le tabouret battaient la mesure de la chanson, comme destinée à résonner en cet instant précis.

Suite : pensine de Luigi

Sam 2 Jan 2021 - 20:01

Sous la lune féconde

Party girls don't get hurt

24 décembre 2020
Il devait faire 25 degrés à l'intérieur du Cochon à plumes, sinon plus, rien pour faire regretter à Inès d'avoir abandonné son veston en cuir sur le dossier d'une chaise quelques deux heures plus tôt. Elle portait sa plus récente acquisition, une robe à paillettes bourgogne qui s'arrêtait juste au-dessus de sa plate poitrine; sans bretelles, c'était à se demander si elle tenait en place par magie, ce qui était probablement le cas. Un collier doré s'enroulait plusieurs fois autour du cou fin et gracieux de la jeune fille. En y regardant de plus près, on distinguait une multitude de ce qui ressemblait à des écales d'or. Quelques centimètres plus haut, la bouche d'Inès resplendissait d'un rouge écarlate qui tranchait avec la chevelure sombre de la donzelle. Pour une rare fois, ses yeux n'étaient pas peints en amande, mais plutôt parsemés de brillants dorés. Le réveillon se passait peut-être en famille et entre amis, mais ce n'était pas une raison pour ne pas impressionner tout le monde avec style!

Assise sagement, pour le moment, à côté d'une femme qu'elle ne connaissait pas, mais qui était probablement une amie de bridge de Dounia et qui s'éventait avec un éventail aux allures orientales, Inès observait les déplacements dans la salle. Il y avait beaucoup à apprendre de qui se tenait avec qui, de qui pivotait autour de quel noyau et de quelle manière les alliances se faisaient et se défaisaient au fil des conversations et des plats. Dounia était évidemment la reine de la veillée, en maîtresse des lieux, elle s'assurait que chacun mangeait à sa faim, qu'aucun verre ne demeurait vide, que personne ne se retrouvait isolé et que chaque invité était chaudement accueilli dès qu'il arrivait. Inès admirait la grâce et le naturel avec lesquels sa grand-mère présidait l'événement. Elle avait encore elle-même beaucoup à apprendre. Par comparaison, Zahia était l'aimant qui faisait venir tout le monde à elle. Elle se retrouvait en permanence entourée d'une petite cour admirative ou d'une bulle aimante. Inès lui avait fait l'accolade en arrivant, mais n'avait pas eu l'occasion de lui parler depuis. Il serait toujours temps avant minuit.

Finalement ennuyée par cette femme qui tentait de la faire parler de ses histoires de coeur et de ses études, Inès prétexta devoir aider en cuisine pour s'éclipser en douce dans la cour arrière, sans manteau, le temps de griller une cigarette. Fumeuse occasionnelle, Inès en grillait presque deux par jour depuis le début du mois. Le stress des examens l'avait fait développer cette vilaine habitude, notamment pour chasser les nausées (étrangement, ça fonctionnait), et elle avait continué à s'acheter des paquets, et donc à fumer. Elle se promettait de revenir à sa normalité dès le premier jour de l'année. En attendant, il lui restait deux paquets pleins.

Grelottante, elle écrasa sa cigarette contre le mur de briques de la cour et jeta son mégot dans la poubelle envahie de contenants de toutes sortes, avant de retrouver la chaleur de la salle de réception. L'heure qui suivit se passa en conversations anodines (Dounia lui avait expressément interdit, ainsi qu'à son grand-père, d'aborder des questions politiques) et en petites pauses pour grignoter les délicieux plats préparés par la maisonnée Saouli, car oui, Inès avait mis la main à la pâte, quoique beaucoup moins que les autres années, par manque de temps.

Profitant du passage de Sebastian, l'Écossaise échappa à sa tante Stella qui l'assommait de questions sur TakTik, cette sorcellerie moldue dont elle avait entendu parler cette année, pour aller s'accouder stratégiquement à la surface du bar qui séparait d’office la salle à manger du royaume des chaudrons. De là, on pouvait observer les arrivées et les départs, ainsi que la table de buffet et les cuisines, en plus de profiter d'un remplissage quasi continu de sa coupe. Elle avait de fait les yeux brillants quand son regard croisa celui de Sebastian. Depuis quand était-il arrivé et que faisait-il en cuisine? Elle opta plutôt pour une question espiègle, comme il se devait : « Alors Bazbouz, il est où mon cadeau? »

En toute complicité, le chef cuisinier la taquina à son tour, et Inès fit mine de prendre la boutade très au sérieux, remplissant ses yeux de larme de crocodile quand Sebastian la déclara enfant pas sage. Deux minutes plus tard, Inès repartait triomphalement avec une bouteille de whiskey et un cadeau pour sa mère. Elle les glissa dans les poches dissimulées dans sa robe, où ils semblèrent disparaître complètement ; l'avantage numéro un d'être une sorcière était d'avoir des poches à grande capacité dans ses robes... Sebastian ne lui avait pas laissé l'occasion de placer une question sur sa relation avec Zahia. Il serait toujours temps avant minuit.

Un cousin déclara que la piste de danse était ouverte, et bien sûr Inès fut une des premières à se jeter corps et âme dans la mêlée. Ses longs cheveux volaient dans tous les sens, tandis que ses souliers à talon haut avaient rapidement volé au sol. Inès brûla toute son énergie pendant une bonne heure avant de devoir prendre une pause pour aller saluer Salim, qui venait enfin d'arriver, en compagnie de sa copine du moment et de deux amis esseulés pour Noël.

« Saliiiiiiiiiiiiiim! » Inès lui tomba dans les bras, heureuse de voir que son oncle avait fait le voyage depuis Londres pour venir la voir. Parce que c'était bien pour elle qu'il était là, n'est-ce pas? Salim le lui confirma en riant et en la serrant très fort contre lui, mais ses yeux fixaient déjà le buffet. Ce fut donc autour d'assiettes bien remplies que la conversation se poursuivit, avant qu'Inès retourna sur la piste de danse. Entre Salim et elle, un seul sujet n'avait pas été abordé. Il serait toujours temps avant minuit.

Quand, une heure plus tard, et alors que l'horloge annonçait 23h32, Inès se laissa choir sur une chaise à côté de ses talons haut et des deux amis de Salim, qui s'étaient apparemment chacun trouvé une belle cousine à courtiser, elle observa les convives une nouvelle fois. Les plus âgés avaient battu en retraite sur les sièges les plus confortables, les plus jeunes dansaient sur la piste, Zahia et Baz parlaient ensemble, ce qui fit naître un sourire narquois sur les lèvres d'Inès, et certains gravitaient encore autour des desserts. Inès soupira, même si elle l'avait voulu, plus aucune bouchée de gaufre tiède n'aurait pu se faufiler jusqu'à son estomac.

Salim vint la rejoindre, le front luisant de sueur et s'appropria aussitôt la coupe de sa nièce pour la vider, essuyant les protestations bruyantes de celle-ci du revers de la main. Pendant un moment, nièce et oncle regardèrent la piste de danse sans parler. Puis surgit une phrase qui chavira le coeur d'Inès au point de la figer sur place pendant une bonne minute, à l'inquiétude grandissante de Salim, qui ne pensait pas que la nouvelle allait lui faire un tel effet. Après tout, Tarek et elle étaient séparés officiellement depuis septembre, et ils ne s'étaient même pas vus depuis le printemps. Salim voulait simplement qu'Inès apprenne la nouvelle par lui et pas par la bande, un jour ou l'autre. Il tendit la main pour la poser sur le bras de sa nièce, mais Inès se dégagea fermement, enfila ses chaussures sans un mot et sortit sa baguette pour rappeler vers elle son manteau. Sa veste de cuir, elle, demeura sur le dossier de chaise, oubliée de tous.

Une minute plus tard, elle était de retour dans le froid, cette fois devant le pub, cigarette à la main. Sans larmes, mais les yeux rougis et le regard obstinément fixé sur les Highlands au loin. Elle n'entendit pas les bruits de pas venant derrière elle, et ne répondit pas quand Sebastian la salua, puis s'approcha d'elle avec une certaine inquiétude. Elle craignait d'ouvrir la bouche et de perdre le contrôle de ses paroles. Elle tenta de se composer un visage quand elle lâcha « Tarek and his new girlfriend... they're expecting. » Voilà, en énonçant plutôt un fait, banal, simple, elle pouvait peut-être s'en sortir. Sebastian penserait que c'était de savoir que Tarek avait poursuivi sa vie sans elle qui la bouleversait. Mais cette vérité énoncée, les mots se pressèrent tant dans sa gorge qu'elle ne parvint plus à respirer et dût se résoudre à cracher dans la foulée ce morceau de vie qu'elle gardait bien enfoui depuis des mois, pour elle, pour elle toute seule. « We... I... had an abortion back in February. » Elle inspira d'un coup sec dans ce qui ressemblait davantage à l'inspiration courte d'un noyé en devenir, et agrippant Sebastian par le bras, plongea ses yeux dans les siens. « Don't tell mom! »

Dernière édition par Inès Saouli le Sam 18 Nov 2023 - 5:28, édité 1 fois

Confidences très matinales

Take me to church

25 décembre 2020
Dire qu'elle avait froid relevait de l'euphémisme. En quittant rapidement la taverne familiale sans dire au revoir à quiconque sinon en glissant à Akim qu'elle devait rentrer, elle n'avait pas pensé que le froid mordant de la nuit écossaise percerait si rapidement son manteau léger. Il n'avait jamais été au programme non plus qu'elle passerait une bonne heure sur un banc de parc en pleine nuit de Noël.

Au texto inquiet de sa mère quelques cinquante minutes plus tôt, Inès avait répondu sur un ton rassurant, disant qu'elle était retournée au campus, qu'elle était bien rentrée (il n'en était bien sûr rien, mais Inès n'en était pas à son premier mensonge à sa mère) et qu'elles se verraient le lendemain au brunch chez jeddi et yemma. Quoique Inès allait avoir bien du travail pour se remettre présentable après une si courte nuit.

La jeune femme se trouvait à quelques mètres de Friars Church, sur un banc glacé qui transperçait les deux maigres couches de tissu entre la pierre et les fesses d'Inès. Elle fumait sa dernière cigarette et se maudissait de ne pas avoir piqué un paquet à Salim pendant qu'il roucoulait aux oreilles d'une jeune voisine, accoudé au bar. Elle fumerait celle-ci jusqu'au filtre pour profiter du peu de chaleur qu'elle lui procurait. Son téléphone reposait sur le banc, à côté d'elle. Elle s'en saisit de la main gauche quand il vibra une nouvelle fois.

La lumière de l'écran rendit visibles les traces de larmes et de mascara entremêlé sur ses joues, au milieu des taches de rousseur. Inès pinça la cigarette entre ses lèvres pour mieux répondre à Lorcan.

By Friars chuch come and get me
plz

C'était subtil, mais en observant bien, on pouvait voir trembler la lèvre inférieure de la jeune femme. Ce pouvait être le froid, ce pouvait aussi être la détresse. Inès se dit qu'elle n'avait vraiment pas bu assez, et se fendit d'une claque sur la cuisse en se souvenant de la bouteille offerte quelques heures plus tôt par Sebastian. Comme ce whisky aurait été le bienvenu en cet instant!

« Screw this! » Inès se leva d'un bond pour aller attraper quelques branches humides autour et revint s'asseoir sur le banc. En s'assurant que les environs étaient bien déserts, elle sortit sa baguette magique et murmura un incendio qui enflamma immédiatement le branchage. Si une patrouille venait à passer, elle trouverait bien moyen d'éviter la contravention.

Un quart d'heure passa avant que des bruits de pas tirent Inès de sa contemplation des flammes. Ses yeux se remplirent de larmes quand ils se posèrent sur son ami. Elle n'attendit pas qu'il la rejoigne pour lui sauter dans les bras et enfouir son nez glacé dans son cou.

« Loki! Sorry! J'voulais pas... but I needed you, sahbi! » Les mots déboulaient à toute vitesse et les langues s'entremêlaient tout autant dans un sabir qu'elle laissait à Lorcan le soin de déchiffrer. « Du calme, sweethart, je comprends rien. » Après un gros reniflement et une inspiration chevrotante, Inès parut reprendre un tant soit peu le contrôle sur sa voix.

« Sorry, I'm sorry. T'as une clope? »

Inès attrapa Lorcan par le bras puis le ramena avec elle vers le banc et le petit feu qui brûlait toujours, malgré le bois qui se transformait en braise. Les mots débordèrent avant qu'elle puisse les retenir, dans une certaine précipitation, mais avec un ton plus contrôlé et des émotions qu'Inès gardait en laisse. « Quand on a su pour le bébé, avec Tarek, on savait pas quoi faire. Je voulais pas... comme ma mère, tu sais? Mais je voulais pas non plus m'en débarrasser, pas aussi vite, pas comme ça. Mais Tarek, il... il m'a demandé. Tu comprends? Alors on a... alors je suis allée à la clinique. Et maintenant, Tarek, il attend un bébé avec sa nouvelle copine! » Il n'avait pas voulu d'un bébé avec elle quelques mois plus tôt, il l'avait amenée à la clinique, il était avec elle jusqu'au bout. Mais depuis plusieurs semaines à présent, voire même quelques mois, Inès se demandait de plus en plus si elle n'avait pas commis une terrible erreur, si elle ne s'était pas laissée convaincre par Tarek plutôt qu'elle n'avait pris une décision commune avec lui. Non, elle ne voulait pas de ce bébé, pas plus qu'elle ne se sentait prête à être mère, mais le doute la tenaillait insidieusement, et la nouvelle que Salim lui avait apprit en toute innocence avait bouleversé la façade qu'elle entretenait jalousement depuis des mois et qui avait déjà commencé à se fissurer.

Point de vue de Lorcan

D’ordinaire, Lorcan ne faisait que deux choses à une heure pareille de la nuit : La fête, ou ronfler. Il n’avait pas spécialement prévu de se cailler les miches dehors le soir de noel, et pourtant, le voici, à chercher la petite silhouette d’Ines dans l’obscurité d’une rue déserte. Finalement, il l’avait retrouvé à jouer avec une flammiche, petite pyromane dans les flammes dansaient dans les yeux pour se battre avec l’humidité des larmes. Il avait spontanément ouvert les bras pour accueillir la jeune femme, frissonnant quand son nez gelé percuta son cou : il était pas parfait, le Tamaharu, mais il était du genre fidèle en amitié.
- It’s ok, Nessie, it’s ok … Du calme, sweetheart, j’comprends rien.
Entre les larmes et son accent à couper au couteau aiguisé par un peu d’alcool, en tout cas il le présumait, les paroles de la Saouli étaient à peine entendables. Pourtant, il fit l’effort. Sortit même de la poche de sa veste doublée un paquet de clopes non entamé et un briquet frappé d’une impression de dragon dégueulasse. Elle pouvait les garder, il avait de quoi s’en racheter de toute façon. Il l’avait suivi sur le banc, avant sorti de son sac à dos deux bières, les décapsula d’un revers de dent, une mauvaise habitude, mais on ne se refait pas. Il en avait tendu une à Ines, alors qu’elle se mettait à lui raconter son histoire. Terrible histoire. Les mains entre ses jambes écartées, les coudes sur les cuisses, Lorcan écoutait, sagement, dans le froid, sans rien dire. Il n’était pas franchement à l’aise avec ce genre de sujets, comme tous les sujets persos en général d’ailleurs. Il avait bu quelques gorgées, soupiré, aussi, passé le bras autour des épaules frêles de l’autre wright, frottant son bras dans une tentative de réconfort.
- C’est naze. C’est vraiment, vraiment naze, mais … C’est passé, Nessie, tu peux pas revenir en arrière, ce qui est fait est fait, et lui … Il s’en mordra les couilles, un jour.

Inès Noël (23 décembre 2021)

Joyful moment

I'M NOT LATE!
Ce fut ce que Dounia entendit en réponse à une innocente remarque en direction de sa petite fille, qui peinait depuis près de deux heures à emballer une flopée de cadeaux rassemblés sur la table de la cuisine familiale. Il ne restait que quelques heures avant le grand jour, la plupart des étudiants étaient déjà rentrés dans leur famille, et Inès avait manqué de temps pour compléter ses achats de Noël. Bon. Ça arrivait à tout le monde, non? Condor aurait un petit surplus de travail dans les prochains jours, voilà tout.

Pas très habile en travaux pratiques, Inès avait commencé par les cadeaux aux formes les plus faciles à emballer. Pour Sebastian, à qui elle remettrait son cadeau en main propre, elle avait dégoté une boîte plate dans laquelle placer une nouvelle écharpe bien chaude, confectionnée par une amie de Dounia. Pour sa cochambreuse, Inès avait opté pour une sélection de crèmes et de savons délicatement parfumés. Le cadeau de Lorcan, Inès ne l'emballerait même pas. Avec un sourire, elle regarda le morceau de charbon qu'elle avait pu trouver dans une quincaillerie moldue. C'était tout ce qu'il méritait. Pour Ciàran, Inès était assez fière de son idée : un ensemble de grandes feuilles à dessin et une boîte de 20 beaux stylos de graphiste attendaient sagement dans un sac de plastique au sol. Elle avait l'intention d'agrandir une boîte par magie, car elle n'en avait trouvé aucune de la bonne taille. La boîte de macarons destinée à Elsbeth était déjà emballée et reposait au frigo en attendant de s'envoler sur les ailes de Condor. Pour Andrea, qui n'avait certainement besoin de rien qui s'achète avec de l'argent, Inès avait opté pour une paire de billets pour un concert à Glasgow le mois prochain. Elle espérait que son amie aimait le rock de Duke Chartwell... Quant au cadeau d'Ymkje, vu la nature délicate du cadeau en question, Inès l'avait sagement emballé en privé dans sa chambre. Il n'aurait pas fallu que Dounia tombe par hasard sur ce jouet particulier, mais Inès était plutôt certaine qu'Ymkje apprécierait la plaisanterie. À son oncle Salim, elle avait acheté une casquette (le cadeau qui justement faisait jurer Inès comme un charretier à l'instant où Dounia passait dans le corridor). Le cadeau de sa mère était déjà parti par hibou postal, car il était plutôt volumineux. Inès avait envoyé un sac de voyage de bonne facture, message sans doute peu subtil à sa mère qu'elle s'ennuyait et souhaitait la voir plus souvent. June avait droit à une bonne bouteille de gin et une invitation à la partager lors d'une soirée au grenier. Enfin, Charly, le pauvre Charly à l'humeur volatile, Inès lui avait trouvé une veste en cuir en friperie, du genre qui avait du vécu tout en restant chic et de bon goût.

@Ymkje de Booij @Sebastian Donovan @Charly Booth @June Reynolds @Alba Santiago @Salim Saouli @Elsbeth Ballarini @Andrea de Valois-Xavier @Ciaran O'Donnell @Lorcan Tamaharu @Zahia Saouli

Sam 9 Sep 2023 - 5:51

La dynastie Saouli

La dynastie Saouli

famille Arezki : Nour Arezki, née Draï, sang-pur, décédée en 1998, femme au foyer - Abel Arezki, décédé pendant la guerre civile d'Algérie, en 1992, membre du ministère de la magie Algérien, bureau de surveillance et protection des secrets magiques - cinq enfants : Afia, Hadj, Nadir, Dounia et Leila - pratiquent tous la magie sans baguette. (tous les enfants, excepté Dounia, habitent en Algérie, entre Oran et Alger)
famille Saouli : Neïla Saouli, née Thari, sang-pur, retraitée, propriétaire d'une boutique de chaudrons & cuisine à Oran - Jahid Saouli, sang-pur, décédé en 1958, membre du ministère de la magie Algérien, dans la brigade de police magique envoyé aider l'ALN durant la guerre d'Algérie - ont eu un seul enfant : Noham - pratiquent tous la magie sans baguette.
famille Najar : Nourdin Najar et Lucie Najar, née Lejeune (famille française) - trois enfants : Sofia, Zahid et Saïd - informations sur la famille manquantes.
famille Kalfa : Les informations sur la famille Kalfa sont manquantes. On sait seulement qu'ils sont allés s'installer en France pour fuir le climat hostile de l'Algérie. Il semblerait que Jade Kalfa ait été envoyée à Uagadou plutôt qu'à Beauxbâtons afin de rejoindre ses soeurs restées en sécurité à la montagne de la lune, loin d'Alger, où la guerre faisait rage.

Dounia Arezki, Noham Saouli, Jade Kalfa et Saïd Najar ont tous été ensemble à Uagadou dans les années 1960/1970. Ils entretiennent de très bonnes relations amicales, puis amoureuses, les deux mariages ayant lieu à seulement quelques mois d'écarts. Dounia et Jade ont été enceintes en même temps, Zahia et Malik se connaissant depuis toujours.

La famille Saouli a déménagé d'Oran à Inverness en 1993, Noham ayant trouvé un poste au ministère de la magie anglais en tant que briseur de sort. La famille Najar a déménagé à Inverness entre 93 et 95, grâce aux Saouli, Noham ayant dégoté un poste au ministère pour Saïd Najar, afin qu'ils puissent quitter Alger, prise d'assaut par la guerre civile, par un réseau de cheminée mis en place par les différents ministères.

Dounia et Noham Saouli sont arrivés en 1993 à Inverness grâce à une campagne de rapatriement des sorciers Algériens en territoire neutres pendant la guerre civile en Algérie ; Zahia avait dix ans. Ils ont vécu pendant quelques années dans un petit logement à côté du Cochon à plumes, partageant deux chambres entre eux et leurs quatre enfants, Dounia travaillant aux cuisines en échange de leur loyer, les revenus de Noham étant principalement mis de côté pour pouvoir racheter le pub. Zahia, Akim, Mehdi et Salim ont tous été à Poudlard pour leurs études, et maitrisent de ce fait la magie avec baguette ainsi que certaines bases de la magie sans. Tous parlent anglais avec un accent écossais plus ou moins prononcé, l'arabe algérien, et plus ou moins de français. (A la maison, Noham ne parle presque que l'Arabe).

La relation entre les Saouli et les Najar était telle qu'ils se considéraient comme d'une seule et même famille, fêtant les anniversaires, les graduations, les emplois et les aménagements ensemble. Même quand Zahia annonça être enceinte de son meilleur ami (meilleur amour) à seulement dix-sept ans, tout le monde se mobilisa pour faire en sorte que la jeune mère puisse offrir à sa fille une vie douce et pleine d'amour. Seulement, le départ de Malik à l'aube de la naissance de sa fille cassa quelque chose entre les deux familles. Et même si Jade et Saïd restaient tout aussi confus du départ de leur fils que la famille Saouli, Zahia refusa tout contact avec les Najar, coupant ainsi un lien vieux de plusieurs décennies entre les deux familles.

La carrière de Zahia en tant que joueuse professionnelle de Quidditch pour les Pies de Montrose lui permet de subvenir aux besoins de sa famille, et rachète, avec sa mère, le Cochon à plumes en 2010. Son statut de capitaine en 2011 permet à Zahia de pouvoir participer à la vie financière de la famille d'offrir à son père la possibilité de prendre une retraite anticipée, celui-ci ne se décide quand même à lever le pied qu'en 2014. Zahia s'est remariée avec Sebastian Donovan en 2022 et ils ont eu un garçon, Charlie, en octobre 2023.

Chaque été, les enfants et petits-enfants Saouli sont rapatriés au service, à l'hôtellerie ou en cuisine au Cochon à plumes afin d'avoir le droit, le restant de l'année, à une liberté quasi totale.

Dernière édition par Inès Saouli le Sam 18 Nov 2023 - 5:29, édité 1 fois

Aucun besoin de brandir la pureté de son sang quand on appartient à une famille aussi affirmée que les Saouli. Enracinée à Inverness depuis les années 1990, elle n'attend que toi pour briller encore plus fort!
©ANAPHORE

Inès Saouli ㄨ Inespérée