3 février 2024 – outfit

T'as regardé le classement, un peu amer, une brève seconde seulement. T'as vu le nom de Max, tout en haut, et d'autres Capes Noires. Un brin de fierté pour eux, malgré le goût de la défaite sur ta langue. Puis t'as surtout cherché son visage, parmi la masse des Challengers arrivés avant toi, tournant la tête de tous les côtés à la recherche de sa chevelure rousse, tes doigts effleurant nerveusement la poche dans laquelle se trouve son bracelet.

C'est pas la silhouette de ta cousine que t'as remarqué en premier lieu, mais celui de cette soeur de coeur. Elle va bien, as-tu songé, en la voyant littéralement te foncer dessus. Serrer fort ton cou comme pour assurer sa présence. T'as l'air si défait que ça pour qu'elle se sente obligée de venir te réconforter ainsi ? Sans doute...
Et au fond peu importe. Tes bras se sont refermés autour d'elle, savourant l'étreinte, le temps qu'elle dure. Tout va bien, a-t-elle murmuré à ton oreille, et t'as doucement hoché la tête.

- Oui. C'est terminé.

Pour elle, pour toi. Pour d'autres de vos entourages respectifs. Le visage d'@Apsara Chankimha ne s'est pas détendu pour autant, et tu l'as laissée rejoindre un autre asiatique visiblement moins bien loti que vous. Comme quoi... Comme quoi tout ça ne restera pas sans conséquence. Au fond tu en es conscient, quoi que tu tentes encore de passer ça sous le tapis. Et tu reprends ta recherche parmi les autres arrivées. Mais nulle trace de @Cataleya Blackthorn. Le nom de la Lufkin n'apparaît pas non plus dans le classement, et l'inquiétude monte graduellement, à mesure que les minutes s'écoulent. Ta baguette descelle la poche où git encore le bijou récupéré au troisième tour de ce labyrinthe glacé, et tu joues nerveusement avec les étoiles qui le composent, les faisant glisser une à une entre tes doigts.

Où es-tu Fire ? te répètes-tu en boucle, jusqu'à ce qu'enfin, une éternité plus tard, tes prunelles glacées arrivent à croiser l'azur des siennes.

Une main posée au mur pour ne pas trébucher, Cataleya chancela jusqu’à la sortie. Escarpins en main, tremblante comme une feuille, ses longs cheveux roux goutait à grande eau sur une robe ruisselante qui, bien loin de sa superbe, lui donnait des airs de noyée. Mais à dire vrai, l'étrange manière dont elle se tenait -un peu tordue sur le côté- couplé à son teint diaphane et ses yeux perçant lui accordait déjà sous l'éclairage de la dernière salle l'allure d'une liche réchappé de son cercueil. Incapable d’apercevoir @Charlie Keir parmi la foule et peu convaincu par le caleçon exposé de @Lewis Barghest , la lufkin balaya l'assistance en quête d'un visage familier qu'elle trouva en la présence de James. Ni une, ni deux, c'est sur la pointe de ses pieds nu qu'elle progressa lentement jusqu'à lui.

-Suis-je en vie, ou dans le déni de ma mort ? Osa t’elle dans un murmure, le regard posé sur l’épaule de James car incapable de viser plus haut : son corps entier lui semblait figé par le froid mordant. Parce que je reste convaincue de m’être noyée au moins trois f-

Éternuant subitement, la lufkin frisonne une dernière fois. Elle éprouvait l’affreuse sensation de voir sa robe fusionner avec sa peau et rentrait désespérément le ventre pour fuir le contact de ce tissu poisseux. En vain. L’espace d’une seconde ses doigts tremblant virent à soulever légèrement les pans de son étoffe mais réalisant qu’elle ne pouvait décemment pas la retirer, c’est dans une grimace qu’elle se contenta de l’essorer. Un couinement singulièrement capricieux pris entre ses lèvres. Jamais elle n’aurait dû s’essayer aux épreuves : la perspective de se rire des challengers, parfaitement au chaud puisque niché à la taverne du troll, se faisait maintenant bien plus séduisante. Elle aurait dû suivre Miguel, et clairement renoncer au choix des talons hauts. Quoi que…

-J’ai poignardé un chaporouge.

Marque t’elle enfin, soulevant mollement le bras auquel pendait ses escarpins comme pour justifier leur présence hautement improbable. Le corps pourtant s'abaisse jusqu'à s'accroupir, rejoignant avec lenteur le sol puisque l'équilibre semblait de plus en plus dur à maintenir maintenant que l'adrénaline fuyait. Bon sang, les inféris lui semblaient aujourd'hui une partie de plaisir en comparaison de ces vulgaires et infernaux robinets. Plongeant brutalement le visage dans les bras qu'elle venait de croiser sur ses genoux, la Blackthorn inspira profondément pour s'assurer que ses poumons se réhabitue à un peu d'air.

-Mens moi et dit moi que je ne suis pas la dernière.

Ton regard finis par accrocher la silhouette de ta cousine, détrempée. Plus morte que vive, te souffles une petite voix au fond de ton esprit, qui insuffle une bouffée de colère au fond de ton coeur. Elle aussi a fini dans l'eau, à l'évidence pas la seule au vu des tenues (ou absence de tenues) de nombre d'autres concurrents. Tu y as échappé. Finalement, tu ne t'en es peut-être vraiment pas si mal sorti. Elle avance lentement vers toi, sur la pointe de ses pieds nus, et tu combles la distance de ton côté aussi, comme pour ménager ses efforts. Il semble qu'ils soient devenus insurmontables, tant son énergie a dû être usée par le Challenge en lui-même.

- Suis-je en vie, ou dans le déni de ma mort ? Parce que je reste convaincue de m’être noyée au moins trois f-

Les mots te glacent le sang avant qu'elle n'éternue subitement, puis ne s'acharne à essorer cette robe poisseuse qui lui colle au corps. Tu aurais voulu répondre qu'elle était bien en vie, là, face à toi, mais les mots se heurtent au fond de ta gorge. La voir ainsi défaite te vrille le coeur.

- J’ai poignardé un chaporouge.

L'affirmation incongrue te laisse pantois. Les escarpins aux talons acérés aussi, d'ailleurs. Tu sais ta cousine particulièrement soigneuse de son apparence, mais... Pour le Challenge ? En d'autres circonstances, tu aurais sans doute ri. Pas là. Là, ton regard ne la quitte plus, laissant sans peine transparaître tes inquiétudes. Noyade et chaporouges... Quels autres scènes d'horreur a-t-elle subies ? Quelles autres as-tu toi-même évité ? Tu la vois se rejoindre le sol et s'y recroqueviller, et tu suis le mouvement, t'accroupissant devant elle, sans toutefois oser un contact.

-Mens-moi et dis-moi que je ne suis pas la dernière.
- Tu n'es pas la dernière.

L'affirmation ne souffre d'aucune hésitation. Est-ce vraiment un mensonge au fond ? Ceux qui ont déclaré forfait seront classés derrière les derniers après tout.

- Tu m'autorises à lancer un sortilège pour te réchauffer un peu ?

Tu as hésité à lever ta baguette d'office, mais prends finalement le parti de lui demander son accord préalable. Quoi que tu aurais du mal à comprendre un refus. Elle grelotte, trempée jusqu'aux os, et tu crains de la trouver alitée à l'article de la mort dans les prochains jours.
A vrai dire, tu es bien placé pour savoir qu'une pneumonie carabinée, ça n'a rien d'une partie de plaisir non plus.

Mmh ? Redressant un regard qui s’était perdu contre les aspérités de la pierre, Cataleya se laisse surprendre par la soudaine proximité de James. Ils ont l’air un peu ridicules, ainsi accroupis au sol, mais cette petitesse face à un monde devenu soudainement trop grand accorde à la scène des airs d’antans. Comme lorsqu’ils étaient enfants et qu’ils venaient à se perdre aux confins des jardins Blackthorns, tout près des rosiers dont Cataleya avait toujours pris grand soin. Cette étrange réminiscence parvient à tirer au terrible dragon Blackthorn un timide sourire, tout juste dégagé par une main venu replacer les mèches qui le masquait jusqu’alors. Ne pas être dernière n’était pas suffisant, pire, l’idée même de s’en satisfaire révulsait l’esprit de compétition de Cataleya qui, trop ambitieuse, se rêvait tordre le monde sous ses soudaines lubies. Pourtant la voix de James se posait avec tant de douceur sur sa cousine qu’elle en apaisait les sursauts furieux de son légendaire égo. Ainsi, c’est étrangement calme que la rousse vint à poser son menton sur ses bras croisés. Une moue insatisfaite coincé sous ses lèvres mais l’air plus désolé que hostile.

-”C’est gentil Jamie”, ose t’elle en réponse à la proposition, cherchant un instant son regard avant de se résoudre à poser les fesses au sol. Un instant seulement, puisque la nécessité de trouver place à genoux et poser ses mains jointes au dessus de ses cuisses la frappa lorsqu’un regard s’attarda sur elle. “Est-ce que…”

Lessivé par les douches forcées, l’impériosité de Cataleya s’en est allé. La voix n’ose pas même terminer sa phrase mais la posture que prend aussitôt la sorcière, tournant un peu le visage pour présenter ses cheveux plutôt que sa robe, laisse entendre son envie de les voir sécher en premier. Peut être plus pour réapprendre à souffler que par réelle nécessité puisque le soin apporté à sa si précieuse capillarité s’était toujours fait hautement rassurant, voir réconfortant. Il n’y avait qu’à la voir tendre sa brosse à cheveux à Nullus lorsqu’il débarquait dans sa chambre pour comprendre que cet étrange rituel constituait à ses yeux un moment privilégié. Privilège que @Miguel Pajares lui avait toujours refusé, se moquant ouvertement des rares demandes osées avant de se manger un coussin en plein visage. Réajustant aussitôt sa posture pour retrouver un semblant de noblesse, quand bien même cette allure d’enfant sage ne lui sied guère, Cataleya inspire profondément. Ses poumons la brûlent encore, tout comme sa trachée.

-”Tu es sorti il y a longtemps ?” Reprend t'elle doucement, comme si de rien n'était.

Il n’y a plus rien d’autre, à cet instant, que le corps recroquevillé de la rousse juste devant toi. Le reste n’a plus la moindre espèce d’importance. Elle a l’air si fragile, là, trempée et transie de froid, que tu craindrais presque qu’un mot plus haut que l’autre n’achève de la briser.

- C’est gentil Jamie.

Un instant, ton coeur manque un battement, comme elle lève un regard qui te semble terriblement las vers toi, bien loin des furies de la plupart de vos dernières entrevues. Ce surnom, c’est celui que Jeremiah te donne d’ordinaire, et tu peines à masquer le trouble qu’il génère alors pourtant que tu cherches à te montrer rassurant.

- Est-ce que…

La question se meurt sur ses lèvres, mais le mouvement qu’elle amorce ne laisse aucune place au doute dans ton esprit, rappelle des souvenirs enfouis dans un passé qui te semble définitivement trop lointain. Un pâle sourire étire tes lèvres, et si tu ne t’exécutes pas immédiatement, c’est seulement parce que tu cherches autour de toi un élément dispensable. Un de tes lacets fera l’affaire, aussitôt métamorphosé en brosse à cheveux, avant que ta baguette ne vienne réchauffer un peu la Lufkin, à commencer par sa si précieuse chevelure. L’ustensile transfiguré remplace bientôt le vecteur magique dans ta main directrice, démêlant peu à peu, avec une douceur infinie, les ondulations de feu.

- Tu es sorti il y a longtemps ?
- Il y a quelques temps… Mais pas tant que ça, il y avait déjà beaucoup de Challengers devant moi…

Mais tu as attendu, le coeur battant, de la voir paraître enfin. Un brin de dépit sonne sans doute au fond de ta voix, un aveu d’échec, une fois de plus. Un bref instant seulement. Qu’importe. Vous êtes sortis, c’est tout ce qui compte. Et ce moment hors du temps te semble à même de contrebalancer dans ton souvenir les minutes interminables face à ce foutu épouvantard. Les outils échangent de place, tour à tour, entre tes doigts, spectacle incongru au milieu de l’espace d’arrivée. Tu t’en fous éperdument. Seuls comptent l’apaisement que le geste peut procurer à ta cousine, et les sortilèges de réchauffements pour tenter de la sécher un peu.

- Ironie du sort, j’ai dû me frayer un chemin à travers un labyrinthe de glace trois fois de suite… D’ailleurs…

Tu achèves ton geste, ramenant les mèches de ses cheveux que tu coiffais en une seule masse soigneusement lissée, avant de pointer ta baguette vers ta poche toujours scellée. Avec une infinie précaution, tu en sors le bijou récupéré à ton troisième passage dans le dédale gelé, délicatement roulé au creux de ta main, et le porte à hauteur de son visage.

- Je crois que tu as perdu ça…

Non tu ne crois pas, tu en es absolument certain.

Sursautant malgré elle au contact de la brosse, le visage s’incline pour observer les gestes du Pokeby un long moment avant de reprendre sa posture initiale. Droite, infiniment droite en dépit du ridicule de la situation, les muscles se délient pourtant sous le passage répété de l’objet sur son crâne et des mains sous ses cheveux, pris d’un léger frisson lorsque la baguette leur offre un redoux plaisant. Contrastant furieusement avec la morsure de Février et d’une eau omniprésente. Nouveau frisson. Cette fois-ci Cataleya ne résiste pas au besoin de se courber un peu, se laissant même aller à croiser les bras sous ses seins pour tenter de se réchauffer plus encore puisque les sorts lui semblaient insuffisants. Le sourire se désole pourtant un peu devant l’échec de son cousin, et si le regard cherche à le croiser pour le réconforter, force est d’admettre que la fille de Claudia se concentre bien plus sur l’abandon de ses muscles à cette douce chaleur qu’au spectre d’une épreuve qui lui laissait un affreux goût en bouche. Les sourcils se froncent pourtant à l’évocation du labyrinthe qu’elle avait essuyée par deux fois, mais avant même que ses lèvres ne s’entrouvrent, la suspension qui suit les mots de James la redresse lentement.

-D’ailleurs ? Répète telle, comme si cela pouvait compresser le temps ou accélérer les mouvements du blond duquel elle se rapproche doucement, craignant presque qu’un mouvement trop brusque ne lui tire un “aïe” bref et un poil surjoué. C’est qu’elle se faisait rapidement précieuse, miss Blackthorn, lorsqu’on lui rendait ses airs de parfaite petite princesse. Le dos se courbe tant en arrière que la nuque vient reposer sur l’épaule du botaniste le temps qu’il tire de sa poche un objet qu’elle ne voit pas tout de suite, et certainement parce qu’elle avait placé ses mains sur ses propres yeux. Comme à chaque fois qu’on daignait lui offrir quelque chose et qu’elle en faisait toute une cérémonie.

En dépit du froid, le sourire prend une allure malicieuse et tout doucement les doigts s'écartent pour permettre à l'oeil de lorgner sur ce bijoux lové dans le creux d'une main trop longtemps répudiée. Discret et fin serpent d'or blanc, des étoiles pendant à ses écailles. La malice s'effondre brutalement, tout comme les mains, et déjà la terreur se grave sur la rétine de la lufkin quand elle réalise ce qui manquait à son poignet directeur. Comment diable…
Si le geste se fait précautionneux en le récupérant, il gagne un empressement certain à le ramener à sa poitrine, disparu sous des mains jointes qui ne desserraient plus.

-C-Comment …? Où ?

Presque effrayée à l'idée d'avoir pu perdre ce trésor offert il y a tant d'année par sa mère, la voix de Cataleya se fait blanche. Presque cassée. Pourtant les secondes cristallisés entre les deux Blackthorns finissent par chasser les tentions et, enfin, les doigts daignent doucement se rouvrir pour observer les cinq étoiles de diamants qui scintillaient entre ses paumes ouvertes. Plus qu'une pierre précieuse, le diamant revêtait des propriétés magique indéniables et nobles, mais s'était un peu ternit devant les expérimentations pas toujours belle de la rousse. C'était certainement la raison pour laquelle elle retirait aujourd'hui systématiquement son bracelet dès lors qu'elle partait jouer les savants fous pour le compte des capes noires.

-James ! Si tu ne l'avais pas retrouvé je.. Si.. Je m'en serais voulu pour le restant de mes jours... Merci infiniment !

Le sursaut ne t’échappe pas, et fige un instant tes gestes. Elle t’observe, la rousse, petit chat sur la défensive. Avec une précaution infinie, et des gestes empreints d’une tendresse tout aussi immense, tu oeuvres en silence. Comme avant. Il n’y a plus rien, là, autour de vous, qui n’attire encore ton attention. Seulement ses cheveux entre tes doigts, et l’eau que tu t’acharnes à en extraire, peu à peu. Trop peu, pourtant, tant les frissons l’étreignent encore. Peu importent les résultats du Challenge à présent, quoi que tu évoques ton propre échec. Tu digèreras ça plus tard, moins difficilement que celui de la première épreuve à vrai dire.

-D’ailleurs ?

Elle se rapproche, ta cousine, avec une lenteur tout aussi précautionneuse que tes gestes jusqu’alors. Un sourire se dessine pourtant sur tes lèvres, comme elle reprend ces airs de princesse qu’elle avait si facilement par le passé, dès lors qu’un présent lui était annoncé. Entre mille autres occasions. Les mains sur ses yeux ne dissimulent en rien le trouble qui l’étreint lorsqu’elle reconnaît le bijou que tu tiens au creux de la paume de ta main. Il en disparaît rapidement pour s’effacer entre ses doigts, subitement ramené contre sa poitrine comme pour le protéger du monde extérieur.

-C-Comment …? Où ?
- Le labyrinthe de glace. La troisième fois.

Le temps se suspend encore, tandis qu’elle délie enfin les doigts pour observer les étoiles de diamant. Immobile, comme si le moindre geste pouvait rompre cet instant presque volé à tes yeux, tu l’observes en silence.

-James ! Si tu ne l'avais pas retrouvé je.. Si.. Je m'en serais voulu pour le restant de mes jours... Merci infiniment !
- Je sais.

T’esquisses un sourire, incapable de trouver des mots supplémentaires. Quoi dire de toute façon ? Inutile de verbaliser ce qui a étreint ton coeur lorsque ton regard est tombé sur le bijou, ou ce qui tambourine encore, là, au creux de ta poitrine, alors que tes doigts se referment à nouveau sur ta baguette. Ton amour n'est pas consenti, il est déplacé et en devient obsessionnel. A défaut de parvenir à s’éteindre, qu’il reste enfoui sous cette glace qui s’effrite chaque jour un peu plus, ça vaudra mieux pour tout le monde.
Ou presque.

- Tu grelottes, Cat… Attends…

Attendre quoi, toi-même l’ignores, mais cette fois tu élèves d’office ta baguette, dirigeant sur l’ensemble de son être les sortilèges de réchauffement qui ciblaient précédemment sa chevelure, espérant ainsi lui éviter le mal que tu as subi l’an passé.

Réfractée par les diamants, la lumière disperse de minuscules arc en ciel sur les mains ouvertes de Quarta Blackthorn et, si ses pupilles tremblent encore devant ce trésor presque perdu, elles se laissent peu à peu charmer par ce doux spectacle. “Le labyrinthe, hein.” Si les lèvres se pincent pour ne pas sourire, les zygomatiques s’étirent tout de même un peu sous la malice caractéristique de Quarta. C’est tout de même un peu drôle. “Un royaume de glace, pour le grand James Blackthorn.” Murmure t’elle doucement, presque hypnotisée par ces diamants scintillant contre sa peau trop claire.

D’un mouvement lent elle tente de le raccrocher à son poignet mais, peinant dans son ouvrage, c’est sa baguette de saule blanc qui s’exécute à sa place. Le bijou retrouve sa place, mais Cataleya demeure ainsi, un peu tordue en arrière, la tête posée sur l’épaule de James et l’oeil fiché dans son âme.
Si elle étudie chaque contour de ce visage rendu étranger par l’Egypte, les gestes ont cette essence nostalgique que @Miguel Pajares ne parvenait pas à faire naître en elle. Aussi confortables étaient des bras qu’elle aimait clamer forts, puisqu’ils parvenaient à l’arracher au sol pour lui donner des ailes, le madrilène s’était toujours opposé à lui offrir ce genre de petit instant qui revêtait tant de symbolique à ses yeux. Exit les danses où l’on se murmurait des confidences au creux de l’oreille, exit les soirées passées au coin du feu à se faire coiffer lorsqu’elle s’appliquait, quant à elle, à conter à voix haute les lignes de ses romans ; ils avaient constitué une routine toute autre, quoique infiniment délicieuse.  Mais un an d’idylle véritable pesait bien étrangement face à vingt années exclusives, elle devait bien l'avouer, aussi entrouvrit-elle les lèvres. Hélas, James fut le plus rapide.
Frissonnant sous cette baguette qui s'acharnait à la réchauffer, la Blackthorn prit pourtant son courage à deux mains.

“Ça m'a manqué, tu sais. Miguel se moque toujours de moi quand je lui demande de me brosser les cheveux.” Mais il se rattrapait en lui préparant des sandwichs de qualités qu’il lui tendait, presque nonchalamment, après qu’elle se soit souplement hissé sur un plan de travail. Les habitudes étant bien ancrée : elle croquait toujours dedans avant de daigner le prendre à deux mains et cette simple réminiscence de leur bonheur conjugal renforça significativement le sourire de la rousse qui redressa le dos pour retrouver sa posture initiale. “Beaucoup de participants du challenges risquent de terminer leur course à la taverne du troll : tu devrais venir..”

“Le labyrinthe, hein. Un royaume de glace, pour le grand James Blackthorn.”

Si son regard reste perdu sur les diamants presque perdus, tu devines sans peine le sourire malicieux qui se dessine à peine à cette mention. Tu en riras sans doute toi-même plus tard, quoi que pour l'heure, le coeur n'y soit pas vraiment. Tout au plus as-tu un petit reniflement ponctuant cette remarque, qui te laisses quelque peu mitigé. Le grand James Blackthorn. Qui d'autre qu'elle a jamais pu voir en toi tant de grandeur ? Tu ne doutes pas un instant de l'amour, qu'il soit charnel ou fraternel, de Tia, Apsara ou Jeremiah, mais voient-ils en toi le souverain que tu as, quelque part, toujours fantasmé devenir un jour, quand bien même tu n'as guère la fibre d'un meneur d'hommes ? N'est-ce pas cette confiance aveugle qu'elle a si longtemps placée en tes capacités qui t'a permis de tenir, toutes ces années ? Ton coeur ce serre alors que cette question insidieuse se fraie un passage dans les méandres de ton esprit : Qu'en reste-t-il, aujourd'hui ?

La tête de Cataleya repose encore sur ton épaule après que le bijou a retrouvé sa place, son visage tourné vers le tien, ses prunelles claires sondant ton âme. Que peut-elle bien y trouver qui ne finisse pas par la rebuter à nouveau ? Tu détournes tes iris glacés pour te concentrer sur la tâche que tu t'es assignée. Un geste qui ne nuira pas à ce moment volé, hors du temps. N'est-ce pas ?

“Ça m'a manqué, tu sais. Miguel se moque toujours de moi quand je lui demande de me brosser les cheveux.”
- A moi aussi... réponds-tu naturellement, presque surpris toi-même de cette spontanéité.

Ca n'en reste pas moins vrai, mais qui pourrait bien en douter ? Et ne commets-tu pas déjà de nouvel impair en laissant ces mots passer la barrière de tes lèvres ? Si la rousse songe aux routines différentes que les mois passés ont vu instaurer entre Miguel et elle, tu songes sans peine à la façon dont il doit la repousser lorsqu'elle tente une telle demande, mais te garde de tout commentaire. Ta cousine se redresse pourtant, et tu crains avoir eu un geste, un mot déplacé. Encore.

“Beaucoup de participants du challenge risquent de terminer leur course à la taverne du troll : tu devrais venir..”

La proposition te surprend, autant qu'elle te place dans une position délicate. Le geste de la Lufkin envers toi te ravit, toi à qui elle manque si cruellement depuis des mois à présent, mais... Tu secoues doucement la tête, pinçant quelque peu les lèvres.

- Je doute que me retrouver dans la même pièce que ton petit-ami soit une très bonne idée, qu'importe la foule présente...

Triste constat posé avec une étrange neutralité. C'est un fait établi, que vous ne vous supportez pas lui et toi, et tu doutes fortement que ta seule présence ne génère pas immédiatement une certaine animosité chez l'ancien Grymm. Quand bien même tu t'efforcerais de rester à distance. Et d'autant plus s'il apprenait que c'était Cat qui t'avait convié.

- Et puis, tu me connais. Après une défaite, je ne serai pas de très bonne compagnie.

Une autre vérité, au fond. Tu n'as jamais été très bon perdant, et chaque match non remporté a toujours engendré une soirée morose à ruminer ton échec. La première épreuve du Challenge n'a pas échappé à la règle, et tu doutes fort d'être capable de la moindre jovialité pendant les prochaines vingt-quatre heures...

La tête se secoue doucement et, le buste tourné à demi pour continuer d’observer au mieux son ancien fiancé, Cataleya se laisse aller au sourire. L’espace d’un instant le dos revient à la rencontre de James pour initier un rapprochement mais puisque la posture n’est pas la plus agréable qui soit, car en un sens tordue, la lufkin daigne finalement se retourner. Retrouvant sagement place sur ses genoux, face au blond. Par habitude sans doute, c’est mue d’une douceur ineffable que les mains de Cataleya entourent celles de James, temporisant un peu ses sorts pour tenter d’accaparer sa pleine attention. Le détourner de sa tâche pour le rassurer.

- Il s’en moque, James. Lui souffle t’elle le plus franchement du monde puisque @Miguel Pajares ne se sentait menacé que par la présence d’un Alexander que Cataleya avait cherché du regard avant l’épreuve, sans néanmoins le trouver. Tout au plus l’espagnol marquerait son territoire en pinçant le fessier de sa dulcinée.

Le visage de la lufkin penche pourtant doucement sur le côté, comme si elle cherchait encore à plonger au plus profond de cet océan arctique et y ramener l’âme de celui qu’elle avait aimé, et timidement le sourire s’efface. Tristement tordu. Peut être n’était-ce pas les colères de Miguel que craignait le blond, mais bel et bien sa propre présence. Elle, terrible dragon Blackthorn, puisqu’il est vrai que la complicité s’était depuis longtemps gommée. Alors, prenant appui sur les derniers mots de son cousin, Cataleya s’enhardit sur une brève inspiration.

-C’est pourquoi tu devrais venir. Rester seul ne te va pas au teint, surtout après une défaite. Le visage se rapproche pour le prendre entre quatre yeux, et c’est malicieux que le sourire revient. Comme une éclaircie après le passage de gris nuages. “Ca me ferait plaisir, et si tu ne le fais pas pour moi, fait le peut être pour ton meilleur ami ? Je suis certaine que la proposition d'un verre le ravira au plus haut point. ”. De son menton elle pointe @Maximilien Leroy qui, solaire et souverain, se tenait non loin, avant de reprendre avec un aplomb caractéristique.  “Mais je ne t'oblige à rien. Vous êtes maître de votre destin, sir Blackthorn. ” Conclue t'elle sur une ultime phrase théâtrale.

Le rire qui s'en suit est doux, foncièrement beau, et si Cataleya a un bref mouvement en avant comme pour s'essayer à un contact, c'est un peu surprise qu'elle se reprend. Pour un peu elle aurait frotté le bout de son nez au sien, comme avant. Si le fait la perturbe, le rire redouble subitement d'ardeur. Plus nerveux cette fois. Les mains se relâchent et enfin le dragon se redresse, étirant ses écailles sous les derniers rayons du jour en faisant craquer ses doigts. Le geste se cristallise pourtant dans le temps puisque, sous cet angle, son bracelet brillait de milles feux et que le regard qui s'en amourachait s'en émerveilla plus encore.

Un sourire, et la voilà qui se redresse pour te faire à nouveau face. Ses doigts viennent doucement enserrer les tiens, et dans le même mouvement, c'est ton coeur qui se serre inexorablement. Les sortilèges cessent alors, tous tes sens tournés vers la douceur de ces mains sur les tiennes, sur ce contact si longtemps refusé.

- Il s’en moque, James, souffle-t-elle, et si tu ne doutes pas un instant de sa sincérité à elle, tu peines à imaginer que @Miguel Pajares partage son avis. Qu'il s'agisse de jalousie ou non, il est évident que l'hispanique ne peut pas souffrir ta présence. Et puis, si elle a l'occasion de passer un moment agréable en compagnie de celui qui fait à présent battre son coeur, tu n'as pas vraiment envie d'être celui qui viendra plomber l'ambiance. Tu sais bien comme tu es capable de mauvaise humeur après un tel échec.

“C’est pourquoi tu devrais venir. Rester seul ne te va pas au teint, surtout après une défaite.”

La proximité de son visage et son sourire percent ton coeur, forcent un sourire que tu n'aurais pas imaginé pouvoir avoir en ces circonstances.

“Ca me ferait plaisir, et si tu ne le fais pas pour moi, fais-le peut-être pour ton meilleur ami ? Je suis certaine que la proposition d'un verre le ravira au plus haut point.”

Ton regard suit le sien et le geste du menton en direction du champion du jour, le sourire doux toujours présent sur tes lèvres.

- C'est le meilleur, souffles-tu presque pour toi-même, quoi qu'il ne fasse aucun doute qu'elle puisse t'entendre tout près comme elle peut l'être.

“Mais je ne t'oblige à rien. Vous êtes maître de votre destin, sir Blackthorn.”

Le regard revient trouver les prunelles azurées, cherche une proximité à jamais perdue. Le rire est beau, d'une douceur infinie, résonne à tes oreilles comme une musique jadis oubliée. Le geste se suspend, pourtant, quand le visage approche et s'interrompt, évitant un geste si longtemps forgé par l'habitude et à jamais plongé dans l'ombre des souvenirs. L'instant de grâce s'efface et la gêne prend sa place. L'éclat se fait plus nerveux avant qu'elle n'étire les bras vers le ciel, s'écartant de toi pour accrocher les étoiles scintillant à son poignet. A jamais loin de toi pour s'accrocher à nouveau au pas de Claudia. Tu baisses tes iris glacés sur cette brosse abandonnée, lui rend sa forme originelle pour lacer à nouveau, méthodiquement, ton soulier lâche.

- First things first, finis-tu par lâcher dans un soupir qui pourtant se veut confiant. J'ai d'abord besoin d'une bonne douche et de me changer.

Et à vrai dire, tu n'es probablement pas le seul.

Tu te redresses à ton tour, conscient que ce petit moment hors du temps touche déjà à sa fin - trop tôt à ton goût, comme tu doutes fortement de pouvoir profiter d'un instant de grâce comme celui-là avant longtemps, si toutefois il arrive jamais. Tu ranges ta précieuse baguette puisqu'il semble qu'elle ne soit plus utile pour le moment, et finis toi par te relever.

- Mais je peux toujours proposer à Max, c'est une bonne idée. Et puis à @Apsara Chankimha et son ami aussi, il semble qu'il ait bien besoin d'un remontant...

Difficile d'imaginer autrement vu la tête de l'asiatique @Luan Nguyen dans les bras de la thaïlandaise. Tu ignores ce à quoi il a fait face, mais à l'évidence, cette épreuve lui aura laissé des marques, et lui changer les idées ne serait peut-être pas inutile, pour la peine. T'es prêt à partir, à la laisser tranquille comme tu t'efforces de le faire depuis des mois, maintenant que tu as accompli la mission que tu t'étais auto-assigné. Pourtant tu marques une hésitation, brève, mais pourtant bien présente, alors que tu esquissais un premier pas vers le large.

- Hey Cat... deux petits mots pour détourner son attention des étoiles scintillante ou de l'abeille solaire là-bas, bien plus brillant que tu ne le seras jamais. Tu seras toujours ma famille, tu sais ?

La question n'attend pas vraiment de réponse, au fond, ou peut-être que tu redoutes ce que tu pourrais entendre. A vrai dire, après un pâle sourire comme pour mettre un point final au sujet avant même, presque, qu'il ne soit lancé, sans doute par peur irrationnelle d'un rejet tant redouté, tu reprends ce mouvement que tu avais laissé en suspens, pour aller féliciter @Maximilien Leroy. Un pas, puis deux, tout d'abord, avant que tu ne stoppes ton geste. Trop de chauffes-plat autour de lui, et le mouvement est avorté. C'est finalement vers ta soeur de coeur que tu iras te tourner, pour lui de rentrer avec son ami, avant de ressortir tous ensemble, décompresser après cette rude épreuve.

– Terminé pour moi –

“First things first” Le soupire de James attire inexorablement l’attention de sa cousine, peut être plus que ses mots eux même puisqu’elle devine déjà qu’il ne viendra pas. Le constat était un peu décevant, mais elle le comprenait parfaitement puisque consciente des tensions qui avaient pu naître entre les deux hommes ou sous ses propres assauts. Cependant, si la moue se pince un peu tout d’abord, le sourire renaît aussi facilement qu’il était parti puisque l’idée semble séduire le blond et faire son petit chemin entre un esprit qu’elle devinait déjà hanté par l’Imperfection de ses résultats. Ca leur fera du bien, songe t’elle, craignant presque que les derniers mois les aient éloignés puisqu’elle ne les voyait plus interagir ensemble. Peut-être du fait de son absence de proximité avec James, cependant. Elle n’ignorait pourtant pas que Maximilien était le meilleur remontant que n’ai jamais eu besoin le quatrième de Tibérius, et qu’il était infiniment ressourçant de se poser quelques minutes ou heure sous le soleil de son sourire. Elle n’en fit pourtant rien, elle, tremblant encore un peu sous le froid, observant un peu étonnée James ranger sa baguette, puisque sur le départ. Avait-elle dit quelque chose de vexant ou tenu des gestes déplacés ? Le pas s’amorce en sa direction puisque celui du botaniste s’avance, mais c’est une expression foncièrement surprise qui la fige sur place. Elle finit par éclater de rire, ne sachant pas tout à fait comment l’interpréter.

-J’espère bien ! On… Mais le sourire de James est si triste qu’il en saisit aussitôt ce bref éclat. Comprenant que la discussion était close, et que lui courir après serait inutile, le sourire de celle qui lui avait été destiné se fait plus poli. L’air si enjoué se ravise, et c’est dans une discrète révérence elle signe le départ de son cousin. Ne sachant définitivement pas quoi penser de l’échange tant sa fin lui avait semblé brutale. S’attendait-elle à ce qu’ils marchent un peu pour délier les tensions accumulés dans leurs jambes ? Peut être un peu, mais James avait sans doute raison ; une douche s’imposait en premier lieu alors, sondant longuement l’assistance en quête de @Charlie Keir , Cataleya lui ouvre les bras. Il est aussi blanc qu’elle ; un verre lui fera certainement beaucoup de bien.