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Wrong Door ♦ Bogdan
Mer 1 Mar 2017 - 19:30
Wrong Door
Un morceau de vieux rock oublié vibrait et réchauffait l'arrière-fond sonore de la salle. Les doigts de Rob tapaient en rythme avec la musique. À côté, Melody cachait ses lèvres rieuses derrière ses mains en réponse à la plaisanterie douteuse de Sarah en face d'elle. Tout à l'heure, à la fin de cette interminable journée de service, un membre de leur vaillante équipe de Médicomages avait lancé l'idée d'aller se rincer le fond de l'estomac à la Taverne du Troll. ''Pour fêter le week-end'', ils avaient dit. D'ordinaire Melody n'était pas du genre à accepter ce genre de sortie entre collègues complètement improvisée. Mais étonnamment la jolie sorcière avait décidé de suivre ses camarades, jusqu'à être à son tour contaminée par cet engouement général. Ils étaient sept en tout, accoudés autour d'une grosse table ronde. La bièraubeurre distillait une tenace bonne humeur en sein de leur joyeuse bande. C'était assez surprenant de les trouver là, des types aussi pincés qu'eux habituellement, occupés à rire sur des blagues d'un humour incertain au fin fond d'un pub aussi vieux que le monde.
Soudain deux chopes pleines d'un mystérieux mélange se posèrent avec fracas au milieu de la table. Melody sursauta au fond de son siège et s'étrangla dans ses éclats de rire étouffés. Une ardeur nouvelle traversa la petite assemblée. Sarah, minuscule bout de femme aux cheveux intensément fous et frisés, remonta ses énormes lunettes rondes sur son nez avant de lever un poing excité vers le ciel. Melody vit la silhouette de Rob se pencher vers elle, un habituel sourire mi-torve mi-malicieux aux coins des lèvres.
- Spécialité de la maison ! S'exclama-t-il en faisant d'ores et déjà tourner l'un des deux gros verres entre ses mains. C'est plus fort qu'un Whisky Pur Feu, mais ça s'boit comme du petit lait, tu peux me croire … T'es cap' de trinquer avec moi, Melo ?
Elle rit avant de lancer un regard détrompé à son collègue. Ce qu'il lui proposait-là, c'était vraisemblablement de faire la course à qui boirait l'une de ces deux coupes en entier.
- T'es pas sérieux, s'esclaffa-t-elle en soutenant ses yeux pétillants d'une malice dangereuse.
- Tu te dégonfles ma p'tite dame !
Elle le bouscula d'un coup de coude bon enfant, mais déjà une réaction émergea parmi leurs camarades. Quelques poings tapèrent en cadence contre le bois de la table, tandis que Sarah, déjà complètement ivre, s'agita avec hystérie au point de tomber à la renverse avec sa chaise. « Melo ! Melo ! Melo ! ». Elle pinça des lèvres et rentra la tête entre ses épaules. Il ne manquait plus que ces idiots attirent un peu trop l'attention et provoquent le mécontentement du propriétaire des lieux. Une main vint presser doucement son bras. La voix d'Alan chatouilla son oreille alors qu'il la couvait d'un regard chaleureux.
- Tu n'es pas obligée d'accepter …
Elle lui sourit en retour, avant de parcourir des yeux les visages attablés avec elle. Melody pouffa une nouvelle fois. Puis tendit le bras afin d'attraper la grosse chope d'alcool.
**
Les joues rouges et l'esprit trouble, la sorcière se leva soudainement de son siège, glissant à Alan qu'elle allait prendre un peu l'air. La pinte était vide depuis longtemps devant elle, jusqu'à la dernière goutte. Promettant indirectement de revenir d'ici peu, Melody attrapa néanmoins sa veste et son sac à main pour traverser la salle bondée de monde. La chaleur lui montait à la tête, si bien qu'elle en avait le tournis.
Le calme de la nuit lui fit énormément de bien. Elle resta de longues minutes plantée au milieu du trottoir, à prendre de grandes goulées d'air pour apaiser l'agitation de l'hydromel au creux de son ventre. Elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, mais soudain Melody eut envie de rentrer chez elle. Rabattant les pans de sa veste autour de son corps, la sorcière plissa les yeux en observant la rue déserte pour mieux se remémorer le chemin à prendre. Par chance son logement n'était pas très loin. Elle pouvait parfaitement y aller à pieds. Sentant alors ses souvenirs lui revenir, elle se mit en marche sans se retourner, plantant ses joyeux compagnons à l'intérieur sans la moindre explication.
Elle ne saurait dire combien de temps il lui fallut pour traverser la ville sur ses jambes un peu bancales. Ce qui était certain, c'était qu'elle avait croisé plusieurs groupes étudiants fêtards de Hungcalf en chemin. Mais au-delà de ça, Melody s'était plus ou moins déconnectée du reste de la réalité. Bras croisés autour de son buste pour se maintenir au chaud, elle marchait d'un pas paisible sur le trottoir humide, le nez levé vers les étoiles qui apparaissaient parfois entre deux paquets de nuages. Ce fut seulement lorsque la devanture familière d'une petite maison se dressa devant elle qu'elle baissa enfin la tête, découvrant alors un peu bêtement là où ses pieds l'avaient menée. La sorcière cligna des yeux avant de se retourner, comme pour vérifier la route qu'elle avait emprunté jusqu'ici. Pestant tout bas, elle se retourna franchement et s'éloigna de quelques pas pour faire marche arrière. Avant de s'arrêter une nouvelle fois. Elle passa une main sur son visage, puis dans ses longs cheveux. Elle avait beau y mettre toute la volonté qui lui restait au vu de son état, son esprit refusa de retrouver le bon chemin. Et au lieu de ça, il s'était coincé sur pilotage automatique pour mieux la conduire vers son ancienne maison. Celle qu'elle avait habité cette dernière décennie, et celle qu'elle fuyait aujourd'hui.
Contrariée, Melody fit mine de réfléchir encore un bref instant, avant de rendre les armes pour de bon. Elle se sentait épuisée. Elle n'avait plus franchement les yeux en face des trous. Et en toute honnêteté, elle avait simplement envie de se caler dans un coin chaud pour se reposer juste quelques malheureuses minutes. À ce jour, cette maison était encore pour moitié la sienne. Bogdan n'était pas obligé de savoir qu'elle était là. Elle pouvait très bien se trouver un endroit où dormir, et filer avant l'aube, avant qu'il ne la découvre là, elle et sa future gueule de bois. Partir avant qu'il ne se réveille, c'était une bonne idée ça. Elle commençait à devenir sacrément douée dans ce genre d'affaire.
Donc, c'était décidé. Elle s'avança jusqu'à la porte d'entrée, sentant son souffle se bloquer dans sa poitrine, comme lorsqu'elle essayait d'aller piquer des sucreries dans la cuisine lorsqu'elle était enfant. Pour peu, elle se serait remise à rire toute seule dans son écharpe rien qu'à ce souvenir. Mais sa mission d'infiltration lui revint bien vite en tête. Elle se força tant bien que mal au sérieux et posa doucement sa main sur la poignée de la porte. « Ne fais pas de bruit, ne fais pas bruit, ne fait pas de bruit ... ». La clenche résista franchement sous ses doigts. Melody resta un instant dubitative, juste avant de se mettre à paniquer en réalisant qu'elle n'avait pas la clé. Et voilà, elle allait devoir dormir dehors !
- Idiote, murmura-t-elle pour elle-même. Tu es une sorcière.
Elle tira maladroitement sa précieuse baguette de ses affaires et se pencha pour observer de plus près la serrure capricieuse. Ce fut probablement une mauvaise idée de se plier en deux si vite, car aussitôt le monde tangua sous ses pieds. Elle se stabilisa et loucha sur la clenche qui avait manqué de peu de l'assommer. D'un raclement de gorge, elle leva sa baguette.
- Allohomora, souffla-t-elle. Merde. Elle perdit l'équilibre à nouveau et manqua sa cible. C'était ridicule. La serrure n'était qu'à quelques centimètres minuscules de sa portée. Allez, mets-y du tien aussi … Allohomora !
Un déclic caractéristique retentit, et bientôt le panneau qui lui faisait obstacle s'entrouvrit. Réprimant un geste victorieux, la sorcière poussa délicatement la porte et tenta de s'infiltrer à l'intérieur sans y troubler l'épais silence. C'était étrange de se dire qu'elle était obligée rentrer chez elle comme une voleuse. Mais pour l'heure, elle n'avait même pas envie d'y penser. Tout ce qui importait, c'était le canapé qu'elle savait dans la pièce juste à côté. Hélas, elle ne fit pas deux pas avant de trébucher grossièrement sur quelque chose abandonné à même le sol. Melody chuta en avant. Sa hanche heurta brutalement le coin du meuble de l'entrée dont elle avait complètement oublié l'existence. Un gémissement filtra douloureusement entre ses lèvres pincées. Mais merde ! Elle avait répété des centaines de fois à Bogdan de ne pas laisser traîner ses pompes dans le passage !
Et puis, alors qu'elle se redressait maladroitement, l'éclat brutal d'une lumière un peu trop vive vint lui brûler le fond des pupilles. Melody gémit à nouveau et détourna son visage par pur réflexe. L'une de ses mains se leva devant ses yeux dans l'espoir de contrecarrer l'intensité de l'éclairage. Elle discernait plus ou moins la silhouette de son ex-mari dans le couloir. Elle était prise la main dans le sac.
- O-oh, bonsoir. Je, hm, venais récupérer quelques affaires, en fait … Et … juste m'allonger un peu sur le canapé, je crois, expliqua-t-elle en désignant vaguement le chemin à prendre vers ledit sofa en question. Ce faisant, elle posa son sac sur le foutu meuble qui lui avait encastré la moitié de la hanche et fit mine d'esquisser quelques pas en direction du salon, concentrée pour adopter un air naturel.
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Re: Wrong Door ♦ Bogdan
Mer 1 Mar 2017 - 22:02
Wrong Door
Dans le train qui menait à Hungcalf à la ville de Norwich, Bogdan relu pour la millième fois les papiers qu’il devait envoyer ce week-end à Melody. Sa décision était prise depuis un moment déjà mais la scolarité de ses élèves ne pouvait passer derrière une histoire sentimentale, aussi solide soit-elle. Plus il y réfléchissait, et plus il trouvait dans ses souvenirs des indices liés à sa situation actuelle. Il remarquait des choses qu’il aurait dû voir il y a bien longtemps. Des détails qu’il pensait absurdes, désormais emplis de significations. La douleur était encore vive et son visage en était un témoin indéniable. Ses yeux bridés étaient sombres, cerclés de noir. Son teint était gris et ses joues creusées par le manque d’appétit. Il avait perdu un peu de poids mais surtout, son énergie s’était évaporée du jour au lendemain. Plus rien n’avait de saveur, de couleur. Tout était morne, sans intérêt. Même le regard pétillant d’admiration de ses élèves le laissait froid. Melody n’était plus là pour le voir, le soutenir, il n’avait donc plus aucune raison de briller. Gatsby ronflait paisiblement à l’intérieur de sa petite cage dorée lorsque le sorcier arriva à destination. Silencieusement, il se leva et laissa les élèves surexcités descendre des wagons avant même de quitter le sien. D’un geste respectueux, il salua les deux septuagénaires avec qui il avait partagé sa banquette avant de descendre au milieu des vapeurs de train. Un minuscule sourire étira ses lèvres lorsque les silhouettes de ses parents apparurent un peu plus loin. Ces deux idiots avaient pris la décision de l’accueillir sans prévenir dans l’optique, évidemment, de clore le chapitre houleux de la dernière fois. Bogdan s’en voulait terriblement d’avoir agi comme un enfant. D’avoir sous-entendu qu’ils n’avaient pas d’importance à ses yeux puisqu’ils ne partageaient pas le même sang. Dans le fond, il n’avait qu’eux et ils l’avaient adopté alors qu’il n’était qu’un bébé pleurnichard… Un détail qui n’avait pas changé, finalement.
Natalia le serra si fort qu’il eut le sentiment de se briser dans ses bras. Cela lui fit un bien fou. « Tu as perdu du poids. » Ne put s’empêcher de remarquer sa mère, les sourcils exagérément froncés. « T’étais déjà pas bien gros. » Renchérit William, resté un peu à l’écart, comme par pudeur. Les deux hommes se regardèrent un court instant. Il y avait tellement de tendresse dissimulée dans les yeux clairs du vieil homme que le sorcier se sentit culpabiliser d’avantage. Il se mordit machinalement la lèvre avant de poser Gatsby, sa valise et de s’avancer vers son père. Ses paupières étaient rongées par le chagrin et son cœur sur le point d‘exploser lorsqu’il se pencha pour s’excuser humblement. « Je ne pensais pas tout ce que j’ai dit la dernière fois… » Murmura-t-il en releva doucement la tête. William jeta un œil entendu à Natalia, qui hocha la tête avec bienveillance. Ils savaient tous les deux que si leur fils n’était pas accompagné de Melody aujourd’hui, c’est parce qu’il s’était passé quelque chose au Manoir des Weaver. Quelque chose de douloureux certainement, que Bogdan avait souhaité garder pour lui et enterrer à jamais dans son estomac. Un sourire étira la moustache du sexagénaire, et ce dernier enlaça à son tour le jeune homme, rétablissant un ordre serein au sein de la petite famille.
De retour dans son quartier, le sorcier se tenait le ventre. Comme à chaque fois qu’il restait manger avec ses parents, il en ressortait avec la peau tendue comme un ballon. Il posa ses clés sur le meuble de l’entrée et libéra Gatsby un peu plus loin. La vieille chouette roula en avant puis attendit que son maître la prenne dans ses bras et l’amène à l’étage. Avant d’éteindre les lumières, Bogdan balaya le salon du regard… C’était relativement bien rangé, et cela faisait ressortir le vide que Melody avait laissé en partant. Ses « journaux de nana » traînaient sous la table basse. Un gilet pendait sur le perroquet et ses millions de paires de chaussures étaient encore parfaitement alignées dans l’immense placard encastré de l’entrée. Il s’obligea à interrompre sa mélancolie et monta les marches en jouant avec le bec de Gatsby. Leur chambre était intacte elle aussi. Le parfum de Melody disparaissait petit à petit, mais son maquillage traînait sur la coiffeuse et la salle de bain regorgeait de produits pour cheveux. Puisqu’il n’avait plus que ça à faire, il arrivait à Bogdan de les essayer un par un. Juste pour voir. Il n’avait jamais compris comment elle pouvait s’en sortir avec 5 bouteilles différentes et 5 utilisations différentes quand lui n’en avait qu’une. « Bonne nuit, vieille peau. » Souffla le sorcier à sa chouette, attendant qu’elle vienne se lover contre lui. Il ferma les yeux.
***
Un bruissement sourd. Suivit d’un autre. Bogdan se réveilla en sursaut, convaincu que Gatsby essayait encore de se servir dans les placards de la cuisine. Mais quand il la trouva étalée sur son oreiller, la langue pendue hors du bec, il comprit qu’elle n’avait rien à voir là-dedans. Par reflexe, il s’empara de sa baguette et enfila le premier pantalon venu ainsi que le pull qui trainait sur le dossier de la chaise de bureau. A pas de loup, il descendit l’escalier et glissa sa main le long du mur jusqu’à trouver l’interrupteur. Son cœur fit un bon à l’intérieur de sa poitrine lorsqu’un effluve du parfum de Melody mélangé à de l’alcool vint lui chatouiller le nez. Il alluma toutes les lampes du salon et trouva son ex-femme dans l’entrée, les mains plaquées sur sa hanche. « O-oh, bonsoir. Je, hm, venais récupérer quelques affaires, en fait … Et … juste m'allonger un peu sur le canapé, je crois » Dit-elle en lui passant maladroitement devant et en essayant tant bien que mal de cacher son alcoolémie. Il la suivit de regard, ahuri, et la vit s’effondrer lamentablement sur le tapis. « Le… Canapé est un peu plus à droite. » Souffla-t-il quand même, avant de se résoudre à la relever, voyant qu’elle ne réagissait plus. « Melo ? » Quand ses bras s’enroulèrent autour d’elle, sa chaleur le transperça directement et il eut le sentiment d’être un dessin sur lequel on injectait des couleurs. « Fais un effort, t’es super lourde. » Avait-il renchérit, parfaitement conscient qu’elle l’aurait déjà giflé si le contexte avait été différent. Finalement, il parvint à la hisser jusqu’à la chambre et la déposa doucement sur le lit. « Melo… Tu vas vomir ? » Lui demanda-t-il finalement, accroupit à son chevet. Ce qui le rendait fou maintenant, ce n’était pas tellement de savoir ce qu’elle fichait là, bourrée, au beau milieu de la nuit. Mais plutôt de se rendre compte qu’il l’aimait plus que tout, même verte et empestant la boisson.
Il caressa doucement ses cheveux et son visage en attendant qu’elle s’endorme… S’assurant du même coup qu’elle ne vomisse pas. Par précaution, il déposa tout de même un réceptacle au pied du lit puis il veilla encore un peu. Bogdan fit le choix de la laisser tranquille et redescendit au rez-de-chaussée. La fatigue l’emporta et il s’endormit à son tour sur le divan après avoir soigneusement refermé la porte.
***
La sonnette de l’entrée réveilla Bogdan – encore une fois - en sursaut. A moitié dans le coltard, il se redressa et manqua de renverser tout sur son passage en se précipitant vers la porte. « J’arrive… » Marmonna-t-il en tirant sur la chevillette. Ses yeux étaient ronds comme des soucoupes lorsqu’il reconnut le visage de la fille. « Salut, j’ai oublié mon gilet la semaine dernière chez toi. J’ai essayé de t’appeler 20 fois, t’étais où ? » Oh putain. Elle. La nana qui… Le gilet dans la chambre… N’appartenait donc pas à Melody. Et comme TOUTES les nanas, elle s’en rendrait compte immédiatement si elle le voyait. Bogdan eu un moment d’absence. Cette femme, il ne se souvenait même plus de son nom. Ce n’était pas contre elle, mais il avait tenté de noyer son chagrin dans de l’alcool. Elle voulait trouver un homme, elle était tombée sur la proie idéale. Ils avaient couchés ensemble et le sorcier avait regretté sa décision instantanément après avoir jouit. Foutus désinhibants.
Puisqu’il ne réagissait pas, la blonde se permit d’entrer et le nippon l’empoigna par le bras pour l’empêcher de monter. « Attends ! » Elle posa un regard intrigué sur lui. « Je vais l’chercher ok ? Reste-là, ne bouge pas. » « Ben dis, tu perds pas de temps. » Gloussa-t-elle en levant la tête en direction du haut des marches. Le sang de Bogdan se glaça. « Hey… » Melody.
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Re: Wrong Door ♦ Bogdan
Sam 4 Mar 2017 - 12:13
Wrong Door
Lorsqu'elle se réveilla, elle n'ouvrit pas immédiatement les yeux. Elle n'esquissa pas le moindre geste, comme si elle espérait encore se rendormir sous cette couette gorgée d'une odeur masculine apaisante et familière. Son esprit embrumé flottait encore au travers de l'obscure frontière entre rêve et réalité. Elle n'avait aucune idée d'où elle se trouvait, mais ce dont Melody était sûre, c'est qu'elle s'y sentait particulièrement bien. Soudain, quelque chose lui frôla doucement le front. Puis le bout du nez. Ses paupières frémirent. Recroquevillée sous les draps, elle se risqua à ouvrir un œil, puis deux. Le bec d'une petite boule à plumes lui chatouilla la tempe cette fois. La jolie brune sourit et voulut caresser la chouette qui lui souhaitait un bon matin. Elle leva sa main, posée sur l'oreiller voisin comme une vieille habitude. Geste qu'elle regretta bien vite, car si tôt son corps quitta sa position initiale qu'une violente migraine lui vrilla brutalement le crâne. Elle gémit et enfouit sa tête dans l'édredon, faisant fuir Gatbsy par la même occasion. Ça faisait un mal de chien !
Bon sang, il y avait tellement longtemps qu'elle n'avait pas eu de gueule de bois. La sensation était horrible, et elle se souvenait soudain pourquoi d'ordinaire elle refusait ces jeux d'alcool complètement stupides. Un soupir filtra à travers ses lèvres, elle ne pouvait décemment s'en prendre qu'à elle-même. Elle voyait encore le regard qu'Alan lui avait lancé, alors qu'elle avait relevé ce défi fou de finir cette pinte énorme avant Rob. Un regard faussement amusé, teinté d'inquiétude et d'étonnement. Un regard qui n'approuvait pas vraiment ce qu'elle était en train de faire, mais qui ne s'était pas permis de le lui faire remarquer. De toute façon, Melody était presque certaine qu'elle ne l'aurait pas écouté. Elle prit sur elle pour concentrer la douleur dans un coin de sa tête et mieux essayer de l'ignorer. Son visage émergea à nouveau de la couette. Elle étudia rapidement l'environnement qui l'entourait, reprenant abruptement conscience de l'endroit où elle se trouvait. Tandis que les souvenirs chaotiques de la veille lui revenaient un à un, elle se redressa précautionneusement en position assise au milieu du lit. Elle avait voulu s'introduire dans cette maison, décuver discrètement jusqu'au lendemain, et avait sérieusement espéré ne pas réveiller Bogdan au cours de cette désastreuse opération. La sorcière grimaça tant l'idée lui paraissait idiote maintenant. Mais où était passé Bogdan, justement ? De toute évidence elle était seule, et l'avait été tout au long de la nuit. Ses doigts palpèrent rapidement les vêtements qu'elle portait encore à l'heure actuelle, lui assurant qu'il ne s'était rien passé de plus fusionnel entre eux cette fois. Elle lui en aurait sacrément voulu d'avoir profité de la situation. Mais tout ce dont elle se souvenait de lui c'était sa silhouette au fond du couloir baigné d'une lumière trop vive, puis de sa voix où perçait une once d'inquiétude qui la sollicitait encore et encore. En prenant soin d'elle, l'asiatique n'avait pourtant pu tirer de son cadavre à demi assoupi que quelques propos plutôt vagues. Melody s'en souvenait à présent. Elle lui avait répondu quelque chose qui ressemblait plus ou moins à « Ne t'inquiète pas, Boogie. J'suis pas malade, je suis Médicomage. C'est incompatible, tu sais ». La jolie brune gémit une nouvelle fois. Elle se sentait tellement honteuse de s'être comportée comme ça. Ce surnom, elle ne l'utilisait qu'à de très rares occasions. Il pointait son nez lors de moments de très grandes complicités entre les deux amants, et ce juste pour le plaisir d'embêter le sorcier. Boogie, autant dire que ça faisait plusieurs années qu'elle ne l'avait pas prononcé. C'était inexplicable, mais elle s'en voulait de l'avoir utilisé.
Ça lui prit comme un coup de fusil, mais Melody eut brusquement envie de suivre son plan de la veille et de s'enfuir d'ici. Elle n'avait vraiment rien à faire là. Ça avait été une très mauvaise idée. La pire qu'elle avait pu avoir sans doute. Bogdan n'aurait même pas dû s'occuper d'elle ainsi. Elle repoussa les couvertures et se leva. Son mal de crâne hurla de plus belle. Avançant de quelques pas hasardeux, elle porta sa main jusqu'à son front tandis que son esprit tourbillonna un instant de s'être mis debout aussi vite. Ses doigts libres se levèrent pour s'appuyer contre la première chose à proximité. Sa peau effleura la laine soyeuse d'un vêtement, et lorsqu'elle rouvrit les yeux, la sorcière découvrit un gilet féminin suspendu à côté de la porte. Elle s'immobilisa complètement. Les rouages de sa mémoire mirent un temps fou à identifier l'habit, tout bonnement parce qu'il ne lui appartenait pas. Melody eut du mal à déglutir. Sa main était encore agrippée à l'étoffe. Elle se pencha, juste assez pour sentir l'arôme bien trop sucré qui en émanait. Ce n'était pas son parfum non plus. Le sol disparu peu à peu sous ses pieds. Son attention retomba sur le lit aux draps défaits. Ce même lit où Bogdan l'avait déposée quelques heures auparavant. Ce même lit au sein duquel il avait visiblement accueilli une illustre inconnue. Une femme qui n'était pas elle, et qui s'était déshabillée dans cette pièce. Et Melody venait de dormir dans ce putain de lit. Elle avait envie de vomir. Elle se sentait salie, et abusée. Il aurait été mille fois préférable de rester coucher sur le tapis du salon, ou même sur le paillasson de l'entrée, plutôt que sur le matelas où ce salaud baisait ses conquêtes. Lentement, elle décrocha le gilet du perroquet. Sa paume s'abattit sur la poignée de la porte, et à ce moment-là, le carillon résonna.
Quel ne fut son dégoût lorsqu'elle comprit que cette femme devant l'entrée avec Bogdan était justement l'heureuse propriétaire du vêtement. Ses traits manquèrent de se déformer sous l'amertume lorsque les paroles de la blonde lui parvinrent. Les dernières miettes de sa fierté lui criaient de jeter cette fille dehors d'un sournois coup de baguette, de la faire sortir de cette maison qu'elle n'aurait jamais dû violer par sa simple présence. Comment avait-il pu faire ça ici ? Dans leur chambre ? Melody savait qu'elle n'avait pas le droit de penser quoi que ce soit des relations de son ex-mari. Mais la vérité lui sautait aux yeux avec une force odieuse. Cette femme était tellement jeune. Plus jeune que la sorcière, et plus jeune que Bogdan lui-même. Une dizaine d'années devait les séparer. Une dizaine d'années qui poignardait Melody en plein cœur. Son âge avait été un facteur clé dans ce divorce. Elle avait longuement reproché à son amant de ne pas se rendre compte qu'elle vieillissait et qu'il lui serait bientôt impossible de tomber enceinte.
Et voilà qu'il s'envoyait cette fille.
Elle descendit les dernières marches de l'escalier, envahie d'une colère froide. Sans l'ombre d'un sourire, elle toisa un à un les deux protagonistes de ce méprisant regard qui caractérisait pourtant sa mère.
- Je suis navrée. Manifestement je trouble de touchantes retrouvailles, lâchât-elle d'une dureté glaciale.
Son attention tomba sur l'asiatique qui semblait presque se décomposer sur place. Elle lui lança entre les bras le gilet qu'elle tenait encore dans sa main. Sa poitrine se souleva plus vivement, Melody lutta intérieurement contre la tempête houleuse dans son ventre et contre la douleur lancinante de son crâne. Ses sourcils se froncèrent imperceptiblement. Son visage hautain sembla laisser plus de place à l'impuissance et l'incompréhension.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? Lui souffla-t-elle d'une voix bien moins assurée, cherchant désespérément une quelconque explication.
Qu'est-ce que cette nana foutait là ? Bogdan avait-il trouvé ça amusant de la faire venir chez eux parce que la Médicomage était dans les parages ? Il essayait peut-être de se venger de ce qui s'était passé deux semaines auparavant, lorsqu'il était tombé par hasard sur Alan. Ou peut-être qu'il souhaitait lui montrer qu'il n'avait pas tardé à passer à autre chose. À quelque chose de mieux. Ce n'était pas croyable. Mais tellement, tellement humiliant.
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Re: Wrong Door ♦ Bogdan
Sam 4 Mar 2017 - 23:20
Wrong Door
Tout le monde sait qu’une femme jalouse ou ayant des doutes peut s’avérer bien plus efficace qu’un détective privé. En l’occurrence, Melody se comportait comme tel. Il n’y avait aucune chance pour que ce simple gilet passe inaperçu. Elle connaissait cette maison par cœur, et elle connaissait également sa garde-robe sur le bout des doigts. Lorsque le regard de Bogdan trouva celui de son ex-femme, il eut un frisson. La jeune femme à ses côtés n’avait rien à faire là, et il lui fallait trouver un moyen de l’évincer au plus vite. Immédiatement, le sorcier reconnu le masque de sévérité qui recouvrait le visage de sa belle. Elle était inaccessible, dure et froide. « Je suis navrée. Manifestement je trouble de touchantes retrouvailles ». Bogdan ferma les yeux un court instant, pour retrouver son sang-froid. Il remit le gilet que Melody venait de lui envoyer au visage à sa propriétaire, et intima clairement à cette dernière de retrouver la sortie toute seule. La situation n’avait pas l’air de la perturber plus que ça. Elle était jeune et belle, elle n’avait certainement pas de temps à perdre avec ce genre d’histoire. La porte se referma en un claquement net, et Bogdan leva les yeux en direction de sa femme. Quelques heures auparavant, elle était joyeuse et il avait eu le sentiment de retrouver l’adolescente dont il était tombé amoureux. Cette fille trop sérieuse à qui il avait appris à s’émanciper du joug de ses parents. Cette élève modèle qu’il réussissait à piéger dans les couloirs afin de lui soutirer quelques baisers. Elle avait retrouvé le chemin de leur maison alors que son appartement était en centre-ville. Pourquoi ? Cette question restait en suspend tandis qu’ils se toisaient. A l’image de deux chats en furie mais néanmoins incapables d’initier le combat.
« Mais qu'est-ce que tu fais ? » Lui demanda-t-elle, laissant tomber un morceau de son masque impassible. Dans son regard : l’incompréhension mêlée à une profonde amertume. « Qu’est-ce que JE fais ? » Rétorqua Bogdan, visiblement agacé. « TOI ! TOI qu’est-ce que tu fais ! » Pourquoi est-ce qu’elle était arrivée ici au beau milieu de la nuit ? Pourquoi est-ce qu’elle avait bu autant ? Pourquoi est-ce qu’elle mimait la femme trompée alors qu’elle l’avait littéralement plaqué quelques mois auparavant ?! Il n’en pouvait plus de cet ascenseur émotionnel. C’était comme vivre sur une barque secouée en permanence par une tempête. Elle le rendait fou, c’était insupportable de ne jamais savoir sur quel pied danser. « Donc tu peux me narguer avec ce… Alan. » Prononcer son nom déjà lui brûlait la langue. « Tu peux demander le divorce, prendre ton appartement, mettre les voiles, m’assurer que tu ne m’aimes plus, que je ne suis plus rien pour toi… Et moi je devrais rester tranquillement chez moi en attendant que tu changes d’avis ? Que ta petite crise soit terminée ?! » Il perdait patience, elle pouvait le voir rien qu’à la façon dont il bougeait tandis qu’il l’assassinait verbalement. Ses mouvements étaient saccadés, vifs et anarchiques. Son visage trahissait sa colère mais le ton employé n’était pas désagréable. Il était incapable de la briser.
Bogdan avait tenté d’oublier l’espace d’une nuit que son cœur était en bouillie. Il avait fait semblant de ne pas souffrir, il avait mimé la séduction et ça avait fonctionné. Quelque part, c’était rassurant de se rendre compte que l’on plait encore. Que tout n’était pas mort à l’intérieur de lui. Mais quand elle s’était mise toute nue et qu’elle avait posé ses mains sur lui, le sorcier s’était sentit coupable. Il avait bu, si bien qu’elle n’avait pas eu grand-chose à faire pour l’inciter à continuer. Mais dès lors que leurs ébats s’étaient terminés, Bogdan n’avait pas pu fermer l’œil. C’était la première fois qu’il faisait l’amour à quelqu’un d’autre que Melody. En une soirée, il avait doublé un tableau de chasse ridicule. C’était comme trahir une promesse qu’il n’avait pas envie d’oublier. Trahir une union que Melody avait rompue par son seul vouloir. La colère, la tristesse… Trop d’émotions douloureuses parcouraient ses nerfs. Trop de souvenirs hantaient ses nuits. Trop de raisons d’en vouloir, de haïr, de faire du mal. Mais comment s’en sortir quand la personne que l’on voudrait voir brûler en enfer est également la seule à pouvoir apaiser ces maux ?
« Tu ressembles à ta mère quand tu fais cette tête. Ça aussi c’est pour m’énerver ? » Il soupira et glissa ses deux mains dans ses cheveux avant de les laisser tomber, blasé. « Ben c’est réussi. Tu me saoules Melo. » Il se détourna d’elle et s’appuya contre l’ilot de la cuisine. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Sa voix avait changée. Il était plus calme… Proche de l’abandon. « Pourquoi tu viens ici ? …Pour me faire du mal ? Vas pas me dire que c’était pour récupérer tes papiers, à trois heures du matin, s’il-te-plait. » Un sourire exaspéré étira ses lèvres et il secoua la tête. « A ce propos… » Il tira de sa pochette un petit paquet de feuilles qu’il tendit à son ex-femme. Son regard trouva le sien, son sourire disparu. « Pour vous… Mademoiselle Weaver. »
- InvitéInvité
Re: Wrong Door ♦ Bogdan
Dim 5 Mar 2017 - 11:14
Wrong Door
Melody avait la désagréable impression d'être prise à rebrousse-poils. Un certain soulagement allégea ses épaules lorsque l'ancien joueur de Quidditch fit sortir la blonde. Il était clair que cette dernière avait percé l'embrouille à jour, et elle n'était visiblement pas assez sotte pour aggraver la situation en assistant à ce règlement de comptes. Bien heureusement, car Melody n'aurait pas supporté sa présence dans l'entrée de sa maison bien plus longtemps. Aussi, elle avait nettement senti ses nerfs se détendre lorsque la porte d'entrée claqua dans son sillage. Mais ça n'avait pas duré. Juste une malheureuse poignée de secondes avant que Bogdan ne réagisse subitement et ne se mette à parler un peu trop fort à son goût. Essayait-il de la faire culpabiliser ? La sorcière porta une main contre sa tempe. Depuis qu'elle s'était levée, elle avait la sensation qu'un cognard se fracassait contre les quatre coins de sa boîte crânienne. Les exclamations accusatrices de Bogdan résonnèrent douloureusement dans sa tête pour accentuer mieux encore sa migraine.
- Arrête de crier, gronda-t-elle avec humeur.
Mais son ex-mari ne l'entendit pas de cette oreille-là. Elle n'eut pas l'occasion d'en placer une. Il vida son sac dans une série de gestes désordonnés qui montraient au final à quel point il était perdu. En d'autres circonstances, elle aurait patiemment essayé de prendre en considération ses ressentiments. À l'heure actuelle, elle avait juste envie de lui enfoncer le gilet de sa fameuse « amie » dans la bouche pour qu'il se taise. Ses paroles l'irritèrent. Oubliant son calme froid, Melody sentit une colère plus nerveuse lui courir dans les veines. Elle roula des yeux et fit mine de chasser les propos de Bogdan d'un geste dédaigneux de la main alors qu'il alla s'appuyer contre la table de la cuisine. Elle aussi, elle se détourna de lui. Elle attrape son sac à main toujours posé sur le meuble de l'entrée. Elle fouilla frénétiquement à l'intérieur tandis que le discours de l'asiatique continuait de l'attaquer. Sa langue claqua contre son palais lorsqu'il la compara à sa mère, signifiant son agacement. Ses doigts trouvèrent enfin la boîte de médicaments qu'elle cherchait, et elle se redressa une moitié de seconde avant que son ancien amant ne lui tende une liasse de papiers cornés. Ses yeux accrochèrent à nouveau les siens. Et si elle aurait pu y lire une foule de choses, Melody le foudroya plutôt du regard. D'un geste elle lui arracha presque le contrat des mains, comme si elle se sentait agressée.
- Merci, lâcha-t-elle sèchement.
Elle ne s'attarda pas là-dessus. Ses jambes contournèrent Bogdan sans attendre. Elle abandonna un peu trop brusquement les papiers sur la table, juste derrière lui, et alla ouvrir un placard pour s'emparer d'un verre. Lui tournant à moitié le dos, elle s'acharna nerveusement sur sa plaquette d'efferalgan.
- Je ne sais pas ce que je fais là. Je voulais juste rentrer chez moi, j'ai marché, et je me suis retrouvée devant cette maison, avoua-t-elle entre ses lèvres crispées. Le comprimé rejoint enfin le fond du verre rempli d'eau. D'un mouvement circulaire du poignet, elle agita son breuvage pour diluer plus vite son remède. Ce faisant elle accepta à nouveau de faire face à son interlocuteur. Je me suis perdue. Une fois ici j'avais complètement oublié le chemin pour retrouver mon appartement. C'est bon, satisfait ?
Elle plissa les yeux un bref instant, scrutant son visage à la recherche de la moindre moquerie et provocation sur ses traits. Finalement elle fit mine de s'intéresser à autre chose dans la cuisine pour boire quelques gorgées. Le temps que le goût amer du médicament s'imprime contre ses papilles, Melody hésita franchement à poursuivre cette conversation. Pourtant les paroles de Bogdan vibraient encore en écho sous son crâne. Elle ignorait si elle lui en voulait surtout d'avoir réveillé ses maux de tête, ou si ça concernait vraisemblablement ce qu'il avait dit, mais lorsque son bras se baissa elle contre-attaqua.
- Mais qu'est-ce que ça peut te foutre, Bogdan. Oh si ! Je vois. Mais sache que je suis tellement désolée d'avoir dérangé tes nouvelles petites habitudes, siffla-t-elle en s'avançant d'un pas au cœur de la pièce. Et arrête avec tes grands mots. Je ne t'ai jamais nargué avec quoi que ce soit. C'est TOI qui es venu de ton propre chef quand Alan était là. Tu n'aurais jamais dû le voir, figure-toi. Je ne suis pas comme toi. Je ne cherche pas absolument à m'exhiber avec ma maîtresse sous les yeux de mon ex-femme. Et pitié … Par pitié ! Si un jour encore je suis frappée d'une quelconque faiblesse et que par mégarde je reviens foutre les pieds ici … Ne me refais plus jamais dormir dans le lit où tu baises tes petites garces. C'est immonde.
Elle posa violemment le verre contre le plan de travail central. Sa hanche vint s'appuyer à son tour contre le meuble. Melody croisa les bras.
- C'était qui ? Oh attends. L'une de tes fans ? Ou l'une de tes étudiantes ? Laisse-moi deviner, tu lui donnais juste quelques cours particuliers. Histoire qu'elle comprenne comment bien manipuler un balai.
Elle se détourna brusquement de lui pour attraper les papiers qu'elle attendait depuis des semaines maintenant. Elle n'arrivait même pas à être soulagée d'avoir enfin la coopération de Bogdan. Pourtant sa situation allait pouvoir se stabiliser à présent. La sorcière allait réellement pouvoir se lancer dans cette procédure d'adoption où elle avait placé tous ses derniers espoirs. Les feuilles agrafées volèrent une à une sous ses yeux. Soudain elle plaqua sa paume contre l'une d'elles.
- Tu as oublié une signature, informa-t-elle d'une voix intraitable. Là.
Son doigt pointa sur le papier l'endroit précis où l'écriture de l'asiatique manquait, sans même qu'elle prenne la peine de le regarder.
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Re: Wrong Door ♦ Bogdan
Dim 5 Mar 2017 - 14:11
Wrong Door
« Arrête de crier » Non. Il n’allait pas s’arrêter de crier. Parce que sa vie partait en sucette. Parce qu’elle n’avait aucune compassion envers lui. Parce qu’il ne comprenait pas comment ils en étaient arrivés à se détruire ainsi. Comment ils s’étaient métamorphosés à l’identique de ces couples en fin de vie dont ils se moquaient, quelques années auparavant. Il n’allait pas s’arrêter de crier quand ses repères disparaissaient les uns après les autres. Quand se lever le matin était une souffrance inqualifiable et que chaque jour passé s’apparentait à une victoire. Quand même se regarder dans un miroir devenait une épreuve. Bogdan ne se supportait plus. Il ne supportait plus son visage, ses yeux noirs, son sourire qui n’intéressait plus personne. Il ne supportait plus sa voix, le moindre de ses faits et gestes… Il se trouvait creux. Sans intérêt. Sa valeur s’était évanouie ce jour maudit où Melody avait fait sa valise. Ce jour pluvieux où elle lui avait demandé le divorce, droit dans les yeux, faisant s’effondrer ciel et terre autour de son époux. Le jeune homme n’avait rien vu venir, coincé dans une bulle d’égoïsme et de naïveté. Cette claque lui avait arraché la tête, il était resté immobile, le souffle coupé. A vrai dire, il s’était même attendu à une mauvaise plaisanterie et avait sourit. Mais lorsque son regard trouva celui de Melody, il comprit qu’il était à côté de la plaque. Qu’elle en avait assez de lui, de cette vie, de tout. Qu’il ne lui avait pas apporté le bonheur, contrairement à ce qu’il lui avait promis le jour où elle l’avait épousé. Pourtant…. Il y croyait dur comme fer. Ses sentiments pour elle étaient si forts, si vivaces, qu’il n’avait pas songé à l’éventualité d’un divorce. Qu’il ne s’était pas dit qu’un jour, c’était elle qui ne l’aimerait plus. Pire encore : qu’elle le rejetterait violemment comme on repousse quelque chose d’écœurant. C’était là le noyau de sa douleur. Bogdan se sentait sale, laid, puant. Il se voyait comme elle le regardait. Il voulait disparaître.
Quand elle lui arracha les papiers des mains, le sorcier eut un temps de stupéfaction. Sincèrement, il ne s’imaginait pas qu’elle puisse ainsi clore le sujet. Qu’elle enterre aussi rapidement le minuscule lien qui faisait d’eux un couple. Encore une fois, elle le surprenait dans sa flegme. Elle devenait aussi antipathique que celle dont elle refusait toute comparaison. Elle lui ressemblait de plus en plus dans sa façon d’être, de se comporter. Dans sa manière glaçante de parler, et dans sa gestuelle toujours raffinée mais extrêmement prétentieuse. Finalement, chassez le naturel et il revient au galop… C’est bien ce que l’on dit ? Cette femme-là, Bogdan ne l’aimait pas. Elle se comportait en castratrice frustrée. Tyrannique et incapable de la moindre compassion. La suite de la conversation ne fit que confirmer ses propos puisqu’elle n’hésita pas à le poignarder directement dans le cœur à plusieurs reprises, touchant aux cordes sensibles. La colère vibrait dans le ventre de Bogdan. Il la sentait monter et se répandre comme un poison dans ses veines. Il brûlait intérieurement mais serra les poings pour ne pas hurler de rage. « C'était qui ? Oh attends. L'une de tes fans ? Ou l'une de tes étudiantes ? Laisse-moi deviner, tu lui donnais juste quelques cours particuliers. Histoire qu'elle comprenne comment bien manipuler un balai. » Et voilà qu’elle remettait le couvert avec ses vieilles rancœurs. Voilà bien un sujet récurent au sein du couple : les fans du nippon à l’époque où il passait plus de temps sur un balais que les pieds sur terre. Victime de son succès, en quelque sorte, Bogdan avait reçu plus d’un baiser lors des soirées organisées par les sponsors de son équipe. Mais il n’était pas le seul à jongler avec ce type de problème, et il n’avait jamais cherché à alimenter cette passion. A vrai dire, c’était un aspect de la célébrité qui l’avait toujours mis mal à l’aise… Et il était reconnaissant envers Melody, puisqu’elle vivait les choses avec légèreté et maturité. Du moins jusqu’à ce que les choses se gâtent entre eux. A ce moment-là, les vieux dossiers ressortent et tout ce qui avait été étouffé jusqu’à présent, explosait en puissance.
Que répondre à cela ? Bogdan devait-il se sentir coupable d’avoir couché avec une inconnue tandis que sa femme réclamait les papiers du divorce ? Etait-il quelqu’un de mauvais ? La sorcière était en train de le faire douter sur ses propres intentions. C’était pénible… Cruel. Puisqu’elle semblait satisfaite de s’être débarrassée de lui, quel plaisir trouvait-elle à le torturer ainsi ? « Tu as oublié une signature, Là. » L’informa-t-elle finalement en pointant son doigt sur un page blanche, mais sans daigner le regarder. Bogdan sentit toutes ses forces s’évaporer. Il vit son courage, sa détermination et sa force le quitter au même instant et demeura silencieux. Abattu. Elle réussissait si bien à le blesser que ç’en était risible. Finalement, le mariage n’est que le moyen idéal pour découvrir l’autre et ainsi mettre de côté toutes les armes pour le détruire. Le jeune professeur regarda autour de lui, et pris le stylo posé sur la table basse avant de signer à contrecœur une page qu’il avait malencontreusement laissée vierge. « Voilà. » Dit-il simplement, déposant le stylo maudit à côté. « Désolé. » De quoi ? D’avoir oublié cette page ? Ou d’avoir fait capoter leur mariage et même leur vie sans le vouloir ? Il ne saurait le dire, puisque son esprit était aussi brumeux qu’un lac au petit matin.
« Est-ce que… » Il hésita un instant et attendit qu’elle daigne lever les yeux sur lui. « Tu te sens mieux maintenant ? » Maintenant qu’elle l’avait complètement détruit et qu’elle avait piétiné ce qu’il restait de son amour-propre. Maintenant qu’elle avait la preuve qu’elle avait l’ascendant sur lui et qu’il ne pourrait rien n’y faire puisqu’il ne pouvait empêcher son cœur de battre pour elle. « Ma mère a rassemblé quelques-unes de tes affaires dans les cartons qui sont là… Si tu veux les prendre. J’ai pas touché au reste. Mais… » Il soupira et glissa une main sur son visage. « Bref. Fais ce que tu veux. Appelle un Taxi. Je monte. » Il avait clairement abandonné. Ça se lisait aussi bien sur lui que dans sa voix. Elle avait terminé de l’achever pour aujourd’hui et bien qu’il ne soit pas du genre à montrer ses sentiments, Bogdan ressentait le besoin urgent de dissimuler sa détresse. Aussi, c’est sans un regard en arrière qu’il monta l’escalier et esquiva volontairement la chambre pour venir s’assoir sur l’escalier menant au grenier, dans la laverie. Machinalement, il ramassa les quelques affaires qui traînaient et les enfonça dans la machine à laver. Quand le hublot lui renvoya son reflet, il y trouva un regard luisant de larmes. Il n’en fallut pas plus pour que l’abcès ne se perce. Ce trop-plein d’émotions implosa et il sentit plusieurs sanglots incontrôlables secouer ses épaules.
Sa peine s’évacuait silencieusement au travers de ses yeux qu’il avait beau essuyer, sans succès. Il ne contrôlait plus rien, ne voyait plus rien non plus. Il en voulait au monde entier pour ça, mais surtout à Melody. Il lui en voulait à l’image d’un enfant que l’on gronde injustement. Il se sentait humilié, bafoué, idiot. Tout ce qu’il avait construit s’effondrait et elle avait l’air de trouver ça drôle. Melody pouvait bien dire ce qu’elle voulait, la vérité c’est que son époux avait donné tout ce qu’il pouvait pour lui offrir la maison de ses rêves, et la vie la plus tranquille qu’il soit. Chacune de ses décisions avait été orientée pour elle, dans le but de la rendre heureuse. Certes, c’était beaucoup de Matériel… Mais le sorcier ne pensait pas à mal. Si bien qu’il ne comprenait pas cette foudre qui s’abattait sur lui à ce jour. Rapidement, il prit le premier vêtement qui lui passait sous la main et enfonça sa tête dedans. Convaincu que la brune avait déjà pris la poudre d’escampette, il gémit en repensant à cette matinée catastrophique… Ainsi qu’aux papiers qu’elle avait enfin récupérés. Fallait-il qu’il soit complètement abruti pour s’imaginer qu’elle serait presque déçue de les recevoir.
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Re: Wrong Door ♦ Bogdan
Lun 6 Mar 2017 - 20:10
Wrong Door
« Est-ce que … Tu te sens mieux maintenant ? » Une douche glaciale anéantit sa colère. Quelque chose se serra au fond d'elle lorsqu'elle prit abruptement conscience de tout ce qui se passait sur le visage de Bogdan. L'impact de ses mots se reflétait sur les traits de cet homme qu'elle avait aimé plus que quiconque dans sa vie. Ses lèvres s'entrouvrirent, mais aucun son ne s'en échappa. Non, elle ne se sentait pas mieux du tout. Elle se maudissait d'être venue ici cette nuit. Elle se maudissait d'avoir laissé ses ressentiments s'emporter plutôt que d'avoir écouté sa raison. Bogdan n'avait pas tort. Revenir ici ne faisait que retirer le couteau de la plaie pour mieux l'y renfoncer. Melody avait perdu le droit d'être chez elle entre ces murs, elle se devait d'aller jusqu'au bout de sa décision. Surtout, elle ne pouvait plus se permettre d'émettre le moindre avis sur le nouvel entourage de son ex-mari. Et ce quand bien même être remplacée par une femme plus jeune, alors que se voir vieillir avait tout bonnement précipité la déchéance de leur amour, lui arrachait le cœur. Melody s'était laissé guider par des sentiments contradictoires. Maintenant qu'elle en avait pris conscience, elle ferait en sorte de ne plus refaire la même erreur.
Bogdan avait disparu depuis longtemps lorsqu'elle en arriva à cette conclusion, sans qu'elle n'ait su trouver quoi que ce soit à ajouter. Le creux de ses reins vint à nouveau s'appuyer contre l'îlot central. Ses paumes se calèrent de part et d'autre de ses hanches sur le rebord de la table. Melody resta un long moment ainsi, les épaules tendues et le regard bas. Le contrat était là. Juste à côté d'elle. Quelques bouts de papier ridicules qui avaient pourtant le pouvoir de mettre un terme à la promesse d'une union éternelle. La sorcière soupira. Elle leva la main, effleura le tas de feuilles mais saisit plutôt le verre au médiocre remède qu'elle avait abandonné là. Elle se força à avaler ce qui en restait et récupéra son téléphone pour appeler un taxi. Sa mémoire récalcitrante de la veille était revenue, mais elle n'avait pas le courage de traverser la moitié de la ville en sens inverse. Le mutisme de la maison retomba, et elle le trouva bien trop pesant pour ne pas chercher à le rompre. Ses pas silencieux s'aventurèrent hors de la cuisine, puis gravirent les marches de l'escalier. Elle ne trouva personne dans la salle de bain, ni même dans la chambre. En se retournant dans le couloir, elle surprit la silhouette de Bogdan au fond de la laverie. Elle se figea un bref instant, découvrant les dommages sous-jacents de leur rupture. Si elle s'était doutée de l'état de son ex-mari ces dernières semaines, le voir de ses propres yeux alourdissait un peu plus le poids de cette décision sur ses épaules. Décision sur laquelle elle ne reviendrait pourtant pas. Ce n'était peut-être pas une bonne chose que de déranger l'isolement dans lequel s'était plongé l'asiatique, mais Melody s'avança à sa rencontre malgré tout. Elle s'abaissa doucement à sa hauteur et lui lança un regard chargé d'appréhension. Elle ne l'avait jamais vu comme ça si ce n'était après son accident de Quidditch, lorsqu'il avait compris que sa carrière avait marqué son point final. Même si elle prétendait ne plus l'aimer, la sorcière était incapable de rester froide face à ses larmes. Il fallait qu'il se remette de ce divorce. Il le fallait vraiment.
- Bogdan, je … Elle se mordit la lèvre. Sa main se leva vers lui pour presser son bras, mais elle se ravisa. Excuse-moi. Je ne voulais pas que ça se termine comme ça.
Une triste sincérité perlait dans sa voix. Melody n'avait jamais voulu ça, les violentes disputes, la séparation destructrice. Elle avait toujours préféré la perspective d'un divorce calme et ferme. C'était simplement les situations qui étaient … difficiles à gérer.
- Merci pour hier soir. S'il te plaît, remercie aussi Natalia pour moi.
Ce n'était clairement pas à elle de lui apporter un quelconque réconfort. La sorcière le savait et tout ceci la mettait mal à l'aise. Elle se redressa au moment où un klaxon libérateur retentit dans la rue. Le taxi était là. Elle hésita, mais finit par quitter la pièce d'un pas un peu trop pressé. Au rez de chaussé, elle attrapa ses papiers, l'un des cartons empilés là et ouvrit la porte. Une légère brise souleva ses cheveux défaits, mais ça ne chassa en rien l'atmosphère amère qui semblait encore lui coller à la peau.
Le nez dans son encombrant bagage, Melody se hâta pour ne pas que son chauffeur garé de l'autre côté de la chaussée ne s'impatiente. Elle traversa le trottoir et s'engouffra sur la route. Soudain un second coup de klaxon explosa violemment sur sa droite. Un tonnerre de crissement de pneus éclata l'instant d'après. Melody vit à peine la voiture lui foncer dessus. Ses bras lâchèrent le carton. Le monstre de ferraille pila de toutes ses forces. Pas assez vite. Le devant du véhicule cogna contre ses jambes. Elle tomba en avant dans une pluie de vêtements que Natalia avait soigneusement pliés. La route accueillit durement son corps. Sa tête heurta violemment le bitume.
Puis un voile noir tomba devant ses yeux.
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Re: Wrong Door ♦ Bogdan
Mer 8 Mar 2017 - 21:44
Wrong Door
« Excuse-moi. Je ne voulais pas que ça se termine comme ça. » Sauf qu’elle faisait tout pour le torturer, et ça, elle ne pouvait pas le nier. Si elle avait été plus objective, elle s’en serait rendu compte. Elle aurait admis que se rendre en pleine nuit chez son ex-mari, complètement avinée, n’allait pas aider ce dernier à tourner la page. Elle aurait admis qu’elle se comportait en adolescente idiote, bernée par ses sentiments contradictoires. Puisqu’elle prétendait ne plus l’aimer, puisqu’elle clamait haut et fort son indépendance, alors pourquoi était-elle encore ici, à piquer une crise concernant les demoiselles qui passaient dans ce lit ? Bogdan était tétanisé. D’abord par ce qu’elle venait de lui dire, mais également à cause de la situation dans laquelle il s’était mis. En vingt ans, Melody avait dû le voir verser des larmes une ou deux fois seulement. Il n’était pas l’émotif dans le couple. Il n’était pas celui qui allait essuyer discrètement ses yeux au cinéma, lors d’une scène poignante. Ni même celui que l’on verrait effondré à l’enterrement d’un proche. Ce n’était pas dans sa nature de montrer ses sentiments et il s’était endurci avec le temps, évidemment. Alors pourquoi est-ce que ces derniers mois avaient été aussi humides ? A lui tout seul, il avait dû remonter les actions de Kleenex. Comme à son adolescence…. Mais pas pour les mêmes raisons. Bref. Par reflexe, il dégagea son épaule de l’emprise de la brune avant de se rassoir sur la première marche de l’escalier et de rester immobile. Il ne la regardait pas. Il avait honte de son état et pouvait voir d’ici son image d’homme fort voler en éclat. Elle ne l’aimait plus d’une part, mais voilà qu’il se métamorphosait en ce qu’il avait toujours détesté. Une espèce de chiffe molle, presque capable de s’accrocher à la cheville de Melody pour la supplier de rester. Cette pensée lui fit froncer brusquement les sourcils et fermer les yeux. D’un geste de la main, il lui intima de s’en aller. Elle n’avait plus rien à faire ici de toute façon. N’avait-elle pas obtenu ce qu’elle voulait ?
Bogdan entendit les pas de la sorcière se diriger vers la porte d’entrée et il en profita pour essuyer ses dernières larmes dans un t-shirt. Quand il trouva son reflet dans le miroir de la salle de bain à côté, il eut un léger rictus. Sa tête ne lui revenait toujours pas, ç’en devenait problématique. Il s’aspergea d’eau froide et se cogna contre le robinet en voulant se redresser trop vite lorsqu’un bruissement sourd lui parvint. Merde !! S’exclama-t-il en plaquant sa main contre sa tempe douloureuse. Puis son esprit identifia le crissement de pneu et il réalisa d’un coup. « MELODY. » Le jeune homme se jeta dans son escalier et manqua de se casser une jambe dans la précipitation. Quand il passa le porche, il mit une demi-seconde avant de visualiser correctement la scène. Plus rien n’avait de sens et l’espace-temps lui-même semblait lui jouer des tours. Il y avait un homme complètement paniqué qui faisait de grands signes et le taxi, quant à lui, avait vraisemblablement foutu le camp. Estimant sûrement que cet incident allait lui faire perdre son temps et donc, de l’argent. Melody était allongée au milieu de vêtements éparpillés, sa chevelure en bataille autour de son crâne. Le sang de Bogdan ne fit qu’un tour et quand le conducteur fautif voulu s’expliquer il ne l’entendait plus. « Aidez-moi à la mettre dans ma voiture. » Dit-il sèchement en prenant le poult de la belle. Avec les années, la médicomage avait eu le temps d’apprendre à son mari les bases de son métier. Ils avaient souvent partagés aussi bien sur les urgences qu’elle vivait que sur les matchs de Monsieur. De ce fait, le nippon savait que le choc n’avait pas été très violent, et qu’elle avait simplement perdu connaissance. Inutile d’appeler une ambulance néanmoins, il fallait s’assurer qu’elle n’avait pas de traumatisme.
Sur le parking De l’hôpital où Melody travaillait, Bogdan eut la présence d’esprit de chercher son téléphone portable. Comme il s’en doutait, elle n’avait pas changé son code depuis son premier smartphone. Aussi, il trouva le contact d’Alan et l’appela sur le champ. La voix enjouée que prit son interlocuteur lorsqu’il répondit l’obligea à ravaler une demi-douzaine d’insultes sur le coup, mais il alla droit au but. « C’est Bogdan. Melo vient d’être percutée par une voiture […] Appelle moi débile tant que t’y es, je sais ça. Mais je suis sur le Parking là, tu… […] Non elle est inconsciente. Je ne préfère pas. […] ça marche. » A peine avait-il raccroché que la silhouette du Medicomage apparue et les urgences firent le reste du travail… Laissant le sorcier seul sur place avec ses inquiétudes. Bien sûr, il savait que tout irait bien. Cet Alan tenait trop à elle pour la laisser entre de mauvaises mains. Malgré tout, il avait un mauvais pressentiment. Comme si quelque chose lui échappait. Comme s’il venait de réaliser qu’il ne serait pas le premier visage que Melody aurait envie de voir lorsqu’elle se réveillerait. Une pointe de glace s’enfonça dans son estomac et il prit l’initiative de prévenir les Weaver afin de se détourner temporairement de ses sombres pensées.
***
« Comment vas-tu Bogdan ? » Demanda une voix grave et rassurante. L’interpellé sursauta et son regard trouva celui du père de Melody. « James. » Murmura-t-il en réalisant que ce dernier lui tendait une tasse de thé. Un sourire étira légèrement ses lèvres et il prit la tasse en le remerciant sincèrement d’un mouvement de tête. Les deux hommes s’assirent sur le banc du couloir et regardèrent les infirmières passer quelques instants avant que le sexagénaire ne repose sa question. « Pourquoi rester ici si tu n’as pas l’intention d’aller la voir ? » Excellente question… Et le sorcier ne sut trop quoi répondre sur l’instant. Il esquissa une moue de réflexion, intimidé par cet homme qu’il respectait énormément. Ils avaient passés tellement de temps à jouer aux échecs version sorcier, à discuter de tout et de rien que leur relation était digne de celle qui liait Bogdan à son père. James avait redécouvert le Quidditch avec lui et était de loin son plus grand fan puisqu’il avait enregistré tous ses matchs et s’y étaient rendu plusieurs fois. Mais tout ça… C’était derrière eux, n’est-ce pas. Finalement, il haussa les épaules et bu une gorgée de son thé. Il était fade, comme tout ce qui pouvait sortir d’une machine à boissons. « Ben… Melo et moi c’est devenu compliqué. Vous vous en doutez. » Il scruta son visage pour tenter d’y déceler une approbation quelconque… Mais rien. « Enfin, j’ai besoin de savoir si elle va bien. Si j’apprends qu’il lui est arrivé quelque chose alors que je suis tranquillement rentré chez moi… Je ne me le pardonnerai jamais. » Un silence appuya ses derniers aveux et James sembla acquiescer discrètement. C’était un homme d’une rare finesse, il devait lire les sentiments que l’asiatique entretenait encore pour Melody comme dans un livre ouvert. C’était une évidence. Mais il n’était pas là pour influer sur quoi que ce soit et bien que l’idée de leur divorce lui arrache également le cœur, il se devait de respecter les choix de sa fille aînée. De la soutenir.
Il était presque 23 heures lorsque Kathleen apparue à son tour. Elle sortait de la chambre au bras d’Alan et semblait passer un moment très agréable en sa compagnie puisqu’elle souriait comme rarement. Bogdan le prit comme une attaque personnelle mais préféra ne rien trahir. Il jeta son gobelet vide dans la poubelle et interrogea Alan du regard. « Elle sortira dès demain. Tu peux rentrer tranquille. » Quelque part, il avait espéré que Melody le réclame, qu’elle cherche à lui parler. Mais c’était un peu équivalent à croire au père Noël. La déception se moquait de son raisonnement logique et restait ancrée en lui. « Okay. » Il esquissa un sourire qui sonnait faux et enfonça ses mains dans les poches de son Jean. « Bonne soirée. »
Lorsqu’il arriva jusqu’à sa voiture, il venait de mettre le contact lorsque son regard fut attiré par le portable de Melo, sur le siège passager. Et merde. Il hésita à lui renvoyer par hiboux mais Gatsby serait tout à fait incapable de voler. Son front vint taper contre son volant plusieurs fois avant qu’il ne se décide à retirer les clés du contact et à sortir. De retour dans les locaux, il marcha rapidement dans les couloirs interminables jusqu’à retrouver le banc de tout à l’heure. Evidemment, ils s’étaient tous volatilisés. Bogdan afficha un air ahuri – presque révolté - devant tant de malchance puis finit par se diriger vers la chambre où la belle devait dormir. A pas de loup, il entra pour y déposer l’objet mais ne put que saluer bêtement Melody de la main lorsqu’elle tourna la tête vers lui.
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Re: Wrong Door ♦ Bogdan
Ven 10 Mar 2017 - 23:29
Wrong Door
Pour la deuxième fois aujourd'hui, Melody s'était réveillée avec l'horrible impression qu'on était en train de lui scier le crâne. La première chose qu'elle vit fut le visage aux traits anxieux d'Alan penché sur elle. Elle avait eu de nouveau un certain mal à reconnaître l'environnement qui l'entourait. Après tout elle n'avait pas l'habitude de voir l'hôpital sous cet angle-là. Couchée, en tant que patiente. La sorcière avait repoussé la petite lampe agressive qu'il balançait devant ses yeux, et avait porté une main contre sa tête dans l'espoir vain de calmer la douleur. Son collègue ne lui avait pas laissé le temps d'émerger. Une série de questions aussi stupides les unes que les autres lui tombèrent dessus, et Alan ne lâcha pas le morceau avant qu'elle ne lui ait annoncé la météo du jour ainsi que sa date de naissance. Melody avait eu beau soupirer et lui assurer qu'elle n'avait rien, le Médicomage n'avait rien voulu entendre et l'avait malgré tout contrainte à passer plusieurs examens complètement ridicules. Et finalement, son propre diagnostic s'était révélé exact.
- Félicitation Melo, ce n'est pas aujourd'hui tu mourras d'un traumatisme crânien. Par contre, tu risques d'avoir une grosse bosse.
Sarah remonta ses énormes lunettes sur son nez avant de griffonner quelques choses dans son calepin de consultation. Sans même lever les yeux de ses affaires, l'étrange sorcière tourna les talons et quitta la chambre pour poursuivre le travail qui l'attendait ailleurs. Melody se redressa un peu plus dans son lit d'hôpital fort peu confortable. Comme Alan à l'autre bout de la pièce, elle croisa les bras sur sa poitrine. Depuis qu'elle était arrivée ici, il ne l'avait pratiquement pas lâchée d'une semelle. Pour le peu de mots qu'il avait lâché en dehors de son professionnalisme, Melody pressentait que de nombreuses interrogations lui démangeaient la langue. L’inquiétude passée, il était désormais clairement mécontent. Est-ce qu'il allait vraiment la gronder pour avoir traverser sans regarder la route ? C'était bien plus subtil que ça, et la jolie brune n'était pas assez dupe pour ne pas le sentir. Un silence presque gênant s'étira dans la chambre aseptisée jusqu'à ce qu'il ne se décide à briser la glace.
- Il vaut mieux que tu passes la nuit ici, Melo. Juste pour être sûr que …
- Alan, c'est ridicule. Tu as bien entendu les résultats de Sarah non ?
Le Médicomage soupira. Un bref instant ses épaules semblèrent s'affaisser, mais il se redressa bien vite. En quelques pas il s'approcha du lit.
- Nous nous sommes tous inquiétés pour toi hier soir, amorça-t-il.
- Je suis désolée. J'avais besoin de rentrer. Qui a payé ma consommation ? Il faudra que je …
- Tu es vraiment rentrée chez toi ?
Les lèvres de Melody se figèrent bêtement sur des mots silencieux. Ses sourcils se froncèrent sur son front. Elle acquiesça. N'était-ce pas ce qui l'avait poussé à forcer la porte d'une demeure qu'elle n'habitait plus hier ? Ce fait plus ou moins incertain selon lequel la maison lui appartenait encore un peu. Alan souffla à nouveau et détourna les yeux.
- Alors qu'est-ce que tu faisais avec Bogdan ce matin ?
Elle fut trop surprise pour s'énerver. C'était donc ça ! Il n'avait pas apprécié qu'elle réapparaisse avec son ex-mari le lendemain d'une soirée qu'elle avait subitement déserté. Ça ne ressemblait tellement pas à Alan, lui toujours si confiant. Était-il jaloux maintenant ? Ou tenait-il Bogdan responsable de ce qui s'était passé ? Peu importait, la sorcière n'aimait pas ce comportement un peu trop pressant. Elle avait eu sa dose d'émotions pour le week-end.
- Je récupérais mon contrat de divorce. Est-ce que l'interrogatoire est fini, docteur ? Répondit-elle froidement.
Le Médicomage ne releva pas. Il savait qu'il n'avait pas les détails de l'histoire, mais semblait se douter qu'il n'aurait pas le dernier mot. Sans plus chercher à entrer en conflit, il lâcha un « très bien » résigné. Papa et Maman Weaver pointèrent le bout de leur nez juste après, chassant de ce fait l'étrange tension apparu entre les deux sorciers. Kathleen fut particulièrement ravie de rencontrer cet homme dont elle avait parfois entendu le nom dans la bouche de sa fille ses derniers temps, tandis que James se contenta d'une aimable poignée de mains. Fidèle à lui même, le père de Melody préféra se complaire dans un sage silence pour mieux pouvoir observer, et juger.
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Quand le vide se fit enfin dans la petite chambre aux couleurs ternes, la sorcière ne parvint pas à trouver le sommeil. Une anarchie sans nom régnait dans sa tête encore douloureuse. Lorsque la porte grinça faiblement dans son dos, elle ne réagit pas tout de suite, plongée dans les méandres chaotiques de ses pensées. Il fallut le discret bruit de chaussures contre le lino pour qu'elle perçoive enfin une présence derrière elle. Melody jeta un œil par-dessus son épaule. Dans la pénombre, elle devina sans mal carrure de Bogdan. Aux premiers abords elle pensa néanmoins qu'elle était en train de rêver. Étonnée, elle se redressa de quelques gestes patauds entre les draps.
- Tu … Tu es encore là ?
Elle ne comprit pas ce qu'il faisait encore à l'hôpital. Bien sûr on lui avait raconté ce qui s'était passé. On lui avait expliqué que c'était Bogdan qui l'avait conduit à l'hôpital. Pour autant, Melody ne s'était pas imaginée qu'il était resté après l'avoir confiée aux médecins. La dernière vision qu'elle avait de lui était celle d'un homme mal en point qui lui réclamait de lui foutre la paix. La logique aurait voulu qu'il rentre chez lui sans se retourner. Alors, sans la moindre arrière pensée, elle était surprise de le trouver là.
Elle avisa le geste de l'asiatique pour déposer son cellulaire sur la table de chevet. Melody cilla sans rien dire. Il était vraiment revenu pour ça ? Bogdan parut esquisser un mouvement en arrière. La brune ne chercha pas à comprendre si vraiment il s'en allait. Elle se précipita un peu trop hâtivement pour se mettre à genoux sur le matelas, à deux doigts de se pencher dangereusement en avant pour lui saisir le poignet et l'empêcher de disparaître. Mais le monde tourna un peu autour d'elle, l'obligeant à abandonner la fin de la manœuvre.
- Attends !
Elle se mordit la lèvre et trifouilla la couverture avec gêne.
- Tu … es venu en voiture ? Est-ce que … c'est trop poussé si je te demande de me ramener chez moi ? C'est sur le chemin, alors je me disais …
Melody lui lança un petit regard en biais, s'attendant à se faire envoyer paître d'un moment à l'autre. Et puis, prenant son courage à deux mains, elle agita ses mains devant elle pour s'expliquer au mieux. Après tout, pour qu'elle quémande quoi que ce soit à Bogdan après les reproches qu'elle lui avait lancé au visage ce matin, il fallait bien qu'elle ait une bonne raison.
- Je ne veux pas rester ici. C'est complètement idiot, enfin, je ne suis pas malade. Mais si je leur demande de me ramener, ils vont refuser, argua-t-elle en évoquant sa famille et ses collègues aussi butés les uns que les autres. Ils sont partis boire un café. Je les ai entendu parler dans le couloir. Alors … C'est le moment idéal pour s'en aller.
Elle grimaça et finit par soupirer. Bah … Ce n'était pas forcément la meilleure solution.