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Stranger thing ▲ ft. Esben
Ven 23 Juin 2017 - 1:33
Stranger thing
Esben & Jöran
La fatigue tiraille les muscles de ma nuque après plusieurs nuits passées loin d’un véritable lit. Alors, autant dire que j’ai hâte de pouvoir me prélasser dans le confort de ma chambre, afin de rattraper les heures de sommeil en retard que j’ai accumulées. Peu importe le recul que je tente de prendre, pour essayer de me détacher de cet endroit, je finis toujours par revenir. Comme si je ne pouvais pas vraiment vivre ailleurs. Pourtant, j’y ai souvent songé. Parce que je vivais déjà dans cet appartement avant l’accident, dans cette autre vie que j’ai décidé d’ignorer. Et dans chacune de ses pièces se cachent des souvenirs que je souhaite éviter. Mais ce n’est pas tout… Il y a un sujet que j’évite toujours soigneusement d’aborder. Il y a quelqu’un que je feins d’ignorer. Néanmoins, je sais qu’il est là, même lorsque je fuis son regard. Je sais qu’il dort dans la chambre d’à côté, sans pour autant savoir qui il est vraiment. Parce que je refuse d’en apprendre davantage à son sujet. Parce qu’il vivait avec mon frère et moi, parce qu’il ne s’est pas remis de sa mort, alors je refuse de m’aventurer sur ce terrain. Esben est bien trop ancré dans mon passé pour que je puisse apprendre à le connaître sans dévoiler des morceaux entiers de mon existence. Il est dangereux, il est nocif. C’est ce que je ne cesse de me répéter lorsque mon regard s’égare sur sa silhouette. Il est beau aussi, bien plus que je ne pourrais jamais l’admettre. Et lorsque je passe la porte de l’appartement, j’espère secrètement qu’il ne s’y trouve pas. Parce que c’est plus facile de nier son existence quand il ne gravite pas autour de moi, comme une ombre, un fantôme de mon passé. Et sans un bruit, j’avance dans le salon, posant mes clés sur le comptoir avant de réaliser qu’une créature étrange et poilue est posée dessus. Elle n’a pas l’air réellement vivante et pourtant, elle bouge en émettant des bruits étranges. « Qu’est-ce que c’est que cette horreur ?! »
Et pour une fois, je ne parle pas du vieux chat qui s’étale aux quatre coins de l’appartement et qui vient se vautrer sur moi à la moindre occasion. Au fond, je commence à l’apprécier cette vieille bestiole envahissante. Même si je le nie farouchement en lui donnant des surnoms ridicules, juste parce que l’affection que j’éprouve en le caressant semble émaner de mon autre vie. Sinon pourquoi est-ce qu’il viendrait dormir contre moi, le ventre à l’air, comme s’il était en terrain conquis ? Mais cette affreuse chose posée sur le comptoir n’est pas un chat. C’est bien trop moche et bien trop petit pour ça. Curieux, je le soulève afin de le retourner dans tous les sens, à la recherche d’un indice. « A quoi tu peux bien servir… ? » Agacé, je m’apprête à le balancer sur le canapé quand, j’aperçois Esben. Pour être honnête, j’avais espéré qu’il serait en train de dormir quand je rentrerais, mais il est là, debout au milieu du salon et je me retrouve un peu désorienté, comme à chaque fois que je me retrouve seul, en tête à tête avec lui. Alors je fais la première chose qui me passe par la tête et je lui tends l’horrible créature. « Est-ce que cette chose… T’appartient ? » Du bout des doigts, je la rapproche, comme pour l’encourager à la prendre. Non pas qu’elle me fasse peur, mais j’ignore ce que s’est et je n’ai aucune envie de la voir m’épier depuis le comptoir de la cuisine. Je ne saurais pas vraiment expliquer pourquoi, mais elle me met mal à l’aise. « Si c’est le cas, tu devrais le mettre dans ta chambre. Il est moche et il me casse les oreilles... » Oui, je suis un peu ronchon le matin. Ou plutôt tout le temps, puisque l’effet ne se dissipe pas au cours de la journée. Mais pour une fois, j’ai peut-être une raison d’être contrarié, parce que j’ai trouvé un drôle d’envahisseur dans le salon et que je ne suis pas certain d’être d’accord pour vivre avec. Ou peut-être que c’est juste une excuse pour pouvoir repartir d’où je viens parce que je ne m’attendais pas à croiser Esben de bon matin. Non pas que la vision soit désagréable. Bien au contraire.
Et pour une fois, je ne parle pas du vieux chat qui s’étale aux quatre coins de l’appartement et qui vient se vautrer sur moi à la moindre occasion. Au fond, je commence à l’apprécier cette vieille bestiole envahissante. Même si je le nie farouchement en lui donnant des surnoms ridicules, juste parce que l’affection que j’éprouve en le caressant semble émaner de mon autre vie. Sinon pourquoi est-ce qu’il viendrait dormir contre moi, le ventre à l’air, comme s’il était en terrain conquis ? Mais cette affreuse chose posée sur le comptoir n’est pas un chat. C’est bien trop moche et bien trop petit pour ça. Curieux, je le soulève afin de le retourner dans tous les sens, à la recherche d’un indice. « A quoi tu peux bien servir… ? » Agacé, je m’apprête à le balancer sur le canapé quand, j’aperçois Esben. Pour être honnête, j’avais espéré qu’il serait en train de dormir quand je rentrerais, mais il est là, debout au milieu du salon et je me retrouve un peu désorienté, comme à chaque fois que je me retrouve seul, en tête à tête avec lui. Alors je fais la première chose qui me passe par la tête et je lui tends l’horrible créature. « Est-ce que cette chose… T’appartient ? » Du bout des doigts, je la rapproche, comme pour l’encourager à la prendre. Non pas qu’elle me fasse peur, mais j’ignore ce que s’est et je n’ai aucune envie de la voir m’épier depuis le comptoir de la cuisine. Je ne saurais pas vraiment expliquer pourquoi, mais elle me met mal à l’aise. « Si c’est le cas, tu devrais le mettre dans ta chambre. Il est moche et il me casse les oreilles... » Oui, je suis un peu ronchon le matin. Ou plutôt tout le temps, puisque l’effet ne se dissipe pas au cours de la journée. Mais pour une fois, j’ai peut-être une raison d’être contrarié, parce que j’ai trouvé un drôle d’envahisseur dans le salon et que je ne suis pas certain d’être d’accord pour vivre avec. Ou peut-être que c’est juste une excuse pour pouvoir repartir d’où je viens parce que je ne m’attendais pas à croiser Esben de bon matin. Non pas que la vision soit désagréable. Bien au contraire.
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