Comité de sang-purs

Ce genre de soirée, Eurydice les affectionnait. Elle a toujours vécu dans un confort de vie princier, l’espace, les moulures, l’assistance et l’influence. Au départ, cela était particulièrement déroutant pour elle, pratiquement enfermée au manoir familial à cause des médias magiques. Pendant longtemps, elle n’avait côtoyé que ses cousins comme personnes de son âge. Peut-être qu’elle avait eu du mal à s’adapter aux habitudes et aux coutumes de son sang, justement à cause de l’éloignement auquel elle était soumise. A un moment, elle avait pensé que cette vie n’était pas faite pour elle, ses parents remettant en question ses possibles compétences d’héritière. La rousse avait su relever la tête et se révéler aux yeux de ses géniteurs et depuis, elle s’était accoutumée aux galas, aux réunions et aux autres soirées exclusives à son rang. De par son nom, Bushnell, sa présence à ces cercles aristocratiques était légitime, d’autant plus qu’elle s’imposait comme le successeur des biens familiaux. Petit à petit, elle arrivait à se frayer une place parmi les ostentations des habituels conviés. Rapidement, aux yeux de son entourage, Eurydice devenait la princesse au sisymbre, en référence à la production dont la famille était le centre. Ses parents quant à eux s’étaient fait à l’idée que leur fille pouvait tout à fait faire l’affaire pour le futur de l’entreprise. Le sisymbre n’avait aucun secret pour elle et elle profitait de ces soirées pour exposer ses savoirs aux autres sorciers, tous aussi brillants les uns que les autres. Car pour la jeune rousse, il n’y a pas que l’aspect superficiel à distinguer. Certaines conversations pouvaient mener à de vrais débats, plus ou moins déplacés compte tenu du but de ces soirées. Il n’était pas rare de voir quelques personnalités extravagantes raccompagnées à la porte des hôtes pour mauvaise conduite. Après tout, les règles de savoir-vivre et de courtoisie étaient de mise.

Comme beaucoup d’habitués, la famille Bushnell se montra par transplanage. Peut-être un peu retard, la famille parcourait avec puissance les marches qui les menaient à l’entrée. La chevelure rousse des femmes Bushnell ne passait pas inaperçue, ni les tenues classieuses de ses membres. Ambroise Bushnell arborait un smoking bleue marine parfaitement lisse et de part et d’autre de l’homme, Masha qui avait sorti l’une des ses plus belles robes de soirée et sa fille, Eurydice, dans son élégance irrésistible. Les deux femmes s’étaient accordées sur la couleur : le rouge. Accompagnées par les bras du chef de famille, elles s’avançaient vers les employés qui gardaient la porte. « Madame, Monsieur, Mademoiselle. Puis-je vous débarrasser ? » A cette interrogation, les intéressés confièrent leurs fines vestes et leurs enveloppes. Ils avancèrent vers la salle de réception pour remercier les hôtes de leur invitation. « Pour les Wilson, nous serons toujours aux abonnés présents ! », dit Ambroise pour attirer l’attention du couple. Masha entra à son tour dans la conversation pour les féliciter. Eurydice, après avoir salué les maitres des lieux, croisa deux de ses intermédiaires. Bien que cette soirée soit l’occasion pour elle de se détendre, elle n’allait pas laisser passer l’occasion de surveiller les convives. Après tout, il se passe toujours quelque chose en secret dans ces soirées et elle voudrait en être au courant. « Les filles, déploiement. », dit-elle d’une voix motivée. Du doigt, elle pointa les deux salons où elles allaient tout observer. La rousse, elle, choisit le premier, apercevant Leez de loin. Elle se faufila parmi les invités, saluant ceux qu’elle daignait reconnaître. Eurydice s’intégra dans le cercle en interpellant directement la fille des hôtes. « Leez ! Quelle soirée, je suis impressionnée ! », félicita la rousse en lui adressant une chaleureuse bise. « Elle aurait pu être organisée par moi, par ailleurs. », continua-t-elle en marmonnant. La Grymm elle-même prenait du plaisir à agencer le manoir familial pour y recevoir. « Tes parents ont été fougueusement emportés par les moulins à paroles que sont les miens. Tout se passe bien entre vous ? » Le fait d’être un sang-pur implique surtout et avant tout les problèmes familiaux. Elle la questionna de manière très polie, en concordance avec l’ambiance de la soirée. Eurydice finit par se tourner vers les interlocuteurs de Leez. « Je vois que tu es plutôt bien accompagnée. » Elle attira l'attention d'un serveur passant pour lui faire une demande. « Un plateau de flûtes à champagne, je vous prie. » Elle regardait rapidement autour d'elle, à l'affût d'un potentiel fait croustillant, en attendant les boissons.