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Another sad song. ♦♦ Ceasar.
Lun 8 Mar 2010 - 18:04
Plus les jours et les semaines défilaient, plus le rythme devenait insoutenable. Dissimuler sa peine, aligner un mot devant l’autre, afficher un sourire forcé commençait à peser lourdement sur les petits bras de Bonnie, encore terrassée par sa douleur. Chaque apparition, chaque geste apparaissaient comme un obstacle impossible à franchir. Et devant la tâche qui l’attendait, la jeune femme préférait fuir. Fuir ce monde qui la répugnait de plus en plus. Personne ne paraissait affecté par quoi que ce soit. Tout le monde riait. Personne ne connaissait des épreuves douloureuses. A croire qu’on continuerait à s’acharner sur Bonnie. D’abord la rupture. Ensuite ça. Oui, ça, cette chose qui lui prenait toute son énergie, son oxygène, qui la rendait malade jour et nuit, qui l’enlaidissait de jour en jour. Lorsqu’elle l’apprit brutalement, toute la confiance qui la regagnait progressivement suite à sa faiblesse venait de s’écrouler. A plusieurs reprises, Bonnie refusait de voir l’évidence, de s’avouer une nouvelle fois vaincue, à plat de couture. Peut être qu’on trouvait du plaisir à lui infliger ces peines. Peut être qu’ils ressemblaient tous à Marie, qu’ils voulaient la pousser à bout. Oui, c’était ça. Bien sûr, en parfaite lâche qu'elle était, la jeune femme éprouvait parfois l’envie d’en finir une bonne fois pour toute. Elle trouverait un moyen, n’importe lequel, et on la découvrirait un matin étendue sur son lit, inerte. Plus de Bonnie. Seulement un corps. Mais cette solution la terrifiait. Elle ne possédait pas assez de cran pour effectuer un geste aussi morbide. Un coup de cognard dans le ventre serait mieux. Juste une affreuse douleur pendant une journée et puis plus rien. Le vide, la délivrance.
Allongée sur son lit depuis quelques heures, la jeune femme fixait le plafond, l' air indifférent. Plus rien ne possédait un intérêt quelconque. On lui avait pris son amour et sa jeunesse d’un coup, sans prévenir. On allait presque lui enlever Ceasar si tout cela perdurait. Lui aussi se trouvait allongé sur un lit. Lui aussi devait souffrir, mais physiquement. Ou peut être qu’il dormait, après tout. Oui, il dormait et ne souffrait pas. C’était le plus important. Le perdre aurait été de trop. Et Bonnie serait certainement passée à l’acte. Poussant un soupir d’exaspération, la jeune femme se tourna brusquement en direction de sa table de chevet. Son réveil affichait vingt-trois heures. Breeony dormait. Bonnie ruminait. Et se leva brusquement. Les yeux dans le vide, elle prit une veste en laine trois fois trop grande pour elle posée sur une chaise afin de protéger son corps du froid, uniquement vêtu d’un débardeur et d’un short. Son envie de le veiller se faisait de plus en plus pressante. Depuis l’attaque du loup-garou, la jeune femme n’avait pu rendre visite à Ceasar, parce que son état avait été jugé trop alarmant. Mais depuis peu, les visites à l’infirmerie venaient de reprendre, laissant quelques élèves veiller leurs proches tardivement. Et peut être qu’il se réveillerait pour lui pardonner sa bêtise. Qu’il comprendrait qu’elle ne pouvait faire sans lui. Qu'il réaliserait qu'ils seraient peut être...Trois.
A une heure pareille, personne n’osait errer dans les couloirs. Juste une dépressive vêtue d’un pyjama, c’est tout. Et pourtant, bon nombre se seraient arrêtés en voyant Bonnie au détour d’une salle. Elle ne sortait plus, passait son temps à la bibliothèque et en cours, avant de remonter dans sa chambre, pour travailler. Breeony la forçait à s’aérer juste le temps d’un repas, son alimentation devenant essentielle, même si la mort de cet être cher aurait été préférable.
Arrivant silencieusement devant l’infirmerie, Bonnie poussa la lourde porte en bois et se glissa discrètement dans l’entrebâillement. Peu de gens veillaient encore à cette heure-là, seulement les plus concernés. Les lits semblaient tous pris et la jeune femme mit du temps avant de trouver celui de son cher et tendre. Lorsqu’elle le vit allongé sur son lit, les yeux fermés, le visage un peu amoché, elle ne put se retenir d’éprouver un pincement au cœur. Bonnie aurait du venir ici depuis le début, même s’il ignorait sa présence. Il n’en saurait rien. Elle s’en irait avant qu’il ne la trouve ici. Avançant à pas de loup, la Grymm prit place sur un fauteuil disposé juste à côté de sa table de chevet. Quelqu’un avait du forcément le visiter. Et personne ne le faisait en ce moment-même, tant mieux. A la fois anxieuse et tremblante, Bonnie s’avança plus près du lit pour mieux le contempler, les yeux clos. Le faire souffrir représentait la plus grosse erreur qu’elle ait jamais commise, elle le regrettait de plus en plus. Il ne méritait pas ça, loin de là. Pourtant, elle avait tout avoué douloureusement. Et il ne la croyait pas. La jeune femme méritait sa punition. Ses mains sur le rebord du lit, Bonnie n’osait pas le toucher, de peur de sa réaction. Peut être qu’un contact tout de suite ne représentait rien de bon, à part de nouveaux sanglots. Et les pleurs, elle les trouvait de plus en plus insupportables et pathétiques.
Le bas de sa veste vint chatouiller son ventre, sortant Bonnie instantanément de ses pensées. Elle déglutit, avant d’entourer l’un de ses doigts d’une de ses mèches de cheveux. Comme une petite fille. Cette petite fille qui disparaissait prématurément. A cause de lui, de ce ventre, de ce foutu ventre qui allait certainement ruiner à nouveau l’espoir de Bonnie, de renouer avec le Lufkin. Elle ignorait quelle serait la réaction de Ceasar. Allait-il la repousser ? Se moquer d’elle ? Lui dire clairement de sortir de sa vie ? Peut être. Il possédait toutes les raisons du monde de lui en vouloir à vie.
« Bonnie, tu devrais aller voir l’infirmière.
- C’est juste un virus, ça va passer. Inutile de la déranger pour ça.
- Tu m’énerves. Ça fait deux jours que je te vois dans cet état et à part ça, tout va bien.
- Oui. Laisse-moi me reposer s’il te plait. Je n’ai pas besoin de toi. »
Allongée sur son lit depuis quelques heures, la jeune femme fixait le plafond, l' air indifférent. Plus rien ne possédait un intérêt quelconque. On lui avait pris son amour et sa jeunesse d’un coup, sans prévenir. On allait presque lui enlever Ceasar si tout cela perdurait. Lui aussi se trouvait allongé sur un lit. Lui aussi devait souffrir, mais physiquement. Ou peut être qu’il dormait, après tout. Oui, il dormait et ne souffrait pas. C’était le plus important. Le perdre aurait été de trop. Et Bonnie serait certainement passée à l’acte. Poussant un soupir d’exaspération, la jeune femme se tourna brusquement en direction de sa table de chevet. Son réveil affichait vingt-trois heures. Breeony dormait. Bonnie ruminait. Et se leva brusquement. Les yeux dans le vide, elle prit une veste en laine trois fois trop grande pour elle posée sur une chaise afin de protéger son corps du froid, uniquement vêtu d’un débardeur et d’un short. Son envie de le veiller se faisait de plus en plus pressante. Depuis l’attaque du loup-garou, la jeune femme n’avait pu rendre visite à Ceasar, parce que son état avait été jugé trop alarmant. Mais depuis peu, les visites à l’infirmerie venaient de reprendre, laissant quelques élèves veiller leurs proches tardivement. Et peut être qu’il se réveillerait pour lui pardonner sa bêtise. Qu’il comprendrait qu’elle ne pouvait faire sans lui. Qu'il réaliserait qu'ils seraient peut être...Trois.
- « Alors ?
- Je…Non.
- Quoi ? Positif ou négatif ?
- Positif.
- N…Bonnie…Je suis là, hein ?
- Ça va…ça va. C’est…rien. »
A une heure pareille, personne n’osait errer dans les couloirs. Juste une dépressive vêtue d’un pyjama, c’est tout. Et pourtant, bon nombre se seraient arrêtés en voyant Bonnie au détour d’une salle. Elle ne sortait plus, passait son temps à la bibliothèque et en cours, avant de remonter dans sa chambre, pour travailler. Breeony la forçait à s’aérer juste le temps d’un repas, son alimentation devenant essentielle, même si la mort de cet être cher aurait été préférable.
Arrivant silencieusement devant l’infirmerie, Bonnie poussa la lourde porte en bois et se glissa discrètement dans l’entrebâillement. Peu de gens veillaient encore à cette heure-là, seulement les plus concernés. Les lits semblaient tous pris et la jeune femme mit du temps avant de trouver celui de son cher et tendre. Lorsqu’elle le vit allongé sur son lit, les yeux fermés, le visage un peu amoché, elle ne put se retenir d’éprouver un pincement au cœur. Bonnie aurait du venir ici depuis le début, même s’il ignorait sa présence. Il n’en saurait rien. Elle s’en irait avant qu’il ne la trouve ici. Avançant à pas de loup, la Grymm prit place sur un fauteuil disposé juste à côté de sa table de chevet. Quelqu’un avait du forcément le visiter. Et personne ne le faisait en ce moment-même, tant mieux. A la fois anxieuse et tremblante, Bonnie s’avança plus près du lit pour mieux le contempler, les yeux clos. Le faire souffrir représentait la plus grosse erreur qu’elle ait jamais commise, elle le regrettait de plus en plus. Il ne méritait pas ça, loin de là. Pourtant, elle avait tout avoué douloureusement. Et il ne la croyait pas. La jeune femme méritait sa punition. Ses mains sur le rebord du lit, Bonnie n’osait pas le toucher, de peur de sa réaction. Peut être qu’un contact tout de suite ne représentait rien de bon, à part de nouveaux sanglots. Et les pleurs, elle les trouvait de plus en plus insupportables et pathétiques.
Le bas de sa veste vint chatouiller son ventre, sortant Bonnie instantanément de ses pensées. Elle déglutit, avant d’entourer l’un de ses doigts d’une de ses mèches de cheveux. Comme une petite fille. Cette petite fille qui disparaissait prématurément. A cause de lui, de ce ventre, de ce foutu ventre qui allait certainement ruiner à nouveau l’espoir de Bonnie, de renouer avec le Lufkin. Elle ignorait quelle serait la réaction de Ceasar. Allait-il la repousser ? Se moquer d’elle ? Lui dire clairement de sortir de sa vie ? Peut être. Il possédait toutes les raisons du monde de lui en vouloir à vie.
Je t’aime mon amour –moi non plus.
- InvitéInvité
Re: Another sad song. ♦♦ Ceasar.
Ven 12 Mar 2010 - 20:51
Vous êtes-vous déjà retrouvé au bord du gouffre de la mort ? Sans doute pas. Enfin, je ne vous le souhaite pas. Parce que c'était ce qui était arrivé à Ceasar Bougrov, parce qu'il avait bêtement voulu aller se changer les idées en allant voler dans les cieux d'Hungcalf sur un vieux Molnia tout pourri. Morale de l'histoire : ne jamais utiliser de balai russe à la Pleine Lune, on savait jamais comment ça pouvait mal se terminer. Remarquez, il était encore en vie, le couillon. À croire qu'il y avait une bonne étoile même pour les idiots. Parce que les astres lui avaient dit qu'il y allait avoir du grabuge la nuit où il était sorti. En regardant le ciel, il aurait compris qu'il aurait mieux fait de rester tranquille dans sa chambre, à ronger son frein tout seul. Mais il n'avait pas regardé le ciel, parce qu'il ne le regardait plus depuis qu'il avait l'esprit aussi noire que les nuits sans lune. On comprend donc qu'il ait enchaîné connerie sur connerie.
Résultat, le vaillant Ceasar Bougrov était cloué dans un lit d'infirmerie et se sentait bien bête. Enfin, quand il était conscient, ce qu'il n'était pas pour le moment. Pour le moment, il était plongé dans un sommeil artificiel, causé par un breuvage-somnifère, et il dormait presque paisiblement. Presque, parce qu'il avait une conscience qui le tiraillait depuis un certain temps. Au cours des quelques visites que Joas lui avait rendu sur son lit de mort, il avait fini par comprendre d'où lui venait cet étrange malaise. Mais ça ne s'était pas estompé une fois qu'il avait compris. Et sa colère due à l'aveuglement par la jalousie ne s'effaçait pas non plus. S'ensuivaient quelques discussions assez longues avec Joas qui se moquait de lui et affirmait qu'il fallait qu'il se fasse soigner autant physiquement que mentalement. Et des lettres des autres, qui se payaient sa tête en Russe, le réprimandaient. D'autres lettres encore de sa mère, qui voulait savoir comment il allait. Son père ? Il demandait des nouvelles via les lettres de sa femme. Normal quoi. Tout à fait normal.
Entre temps, une fois que son état avait cessé d'être alarmant, il avait reçu des visites plaisantes, et d'autres moins plaisantes. Joas était venu, encore et encore, pour faire des photos, taper là où ça faisait mal, lui raconter ses derniers exploits sexuels. D'autres fois, ça avait été des filles qu'il connaissait plus ou moins pour avoir parfois couché avec elles avant son accident. Certaines avaient la sottise de croire qu'elles avaient été la raison pour laquelle il se serait "jeté du haut de son balai". Ça le faisait rire intérieurement. Extérieurement, il se refermait et les priait de partir parce qu'elles l'importunaient. Des gourdes pareilles n'auraient pas dû exister. Et en attendant, il ruminait une vengeance dont Joas tentait de le détourner.
Peine perdue. Ceasar était tenace, et une fois qu'il avait une idée en tête, il avait une difficulté énorme à la lâcher. Surtout lorsqu'il s'agissait de quelque chose qui lui tenait à cœur. Notamment lorsqu'il décidait d'aller faire un tour dans le couloir du deuxième étage alors que son état ne le permettait pas forcément. Surtout que rapidement, son cœur déconnait.
Son charme avait l'air de s'être décuplé maintenant qu'il avait frôlé la mort. Oh, de là à dire qu'il était blessé gravement, c'était tout à fait vrai. Une chute de plusieurs mètres, à travers des arbres et une survie à une attaque de loup-garou, c'était toujours un truc utile. Toujours cool à raconter. Alors bon, il avait un problème cardiaque maintenant, une fracture de la mâchoire, du mal à marcher parce qu'il s'était bien cogné partout. Son visage avait quand même cicatrisé rapidement, mais il avait toujours mal quand il parlait, surtout quand il parlait en russe, en fait. Ce qui lui arrivait de temps en temps, quand Joas était là, et qu'il y avait du monde à l'Infirmerie, et que Ceasar ne mourait pas d'envie qu'on comprenne qu'il avait des cas de conscience. Cas de conscience bien vite renvoyés au fin fond de l'esprit du Lufkin, remarquez.
Il somnolait plus ou moins mal en fait, et avait donc recours à des somnifères pour s'endormir et tenter de dormir plus de trois heures d'affilée. Et là, il avait pris un somnifère plus ou moins deux heures et demie avant qu'une certaine personne vienne s'installer dans le fauteuil au chevet de son lit. Il l'avait pris après s'être fait battre par Joas aux échecs sorciers. Joas passait chaque jour pour prendre de ses nouvelles et lui filer son courrier, en fait. Un bon ami que celui-ci. Ceasar était chanceux de le connaître, ce bouseux d'Irlandais, quand même. En s'endormant, il avait entendu les mots moqueurs de Joas qui l'avait traité de "Belle au Bois Dormant". C'est vous dire. Une fois qu'il serait sur pieds pour de bon, il irait lui laminer la gueule dans les règles de l'art. Quand même !
Mais pour le moment, il sortait d'une espèce de torpeur ensommeillée. Depuis combien de temps Bonnie attendait-elle ? Nul n'aurait su le dire. Toujours est-il que sans ouvrir les yeux, il sut qu'il y avait quelqu'un. Un souffle régulier parvenait à ses oreilles, quelqu'un le veillait. Qui ? Sans doute pas Joas, il avait autre chose de plus intéressant à faire. Quelle heure pouvait-il être ? Ceasar n'en savait rien. Se souvenant d'autres soirées où il avait ouvert les yeux sur certaines filles qui étaient passées dans son lit dès les premières soirées où il s'était retrouvé célibataire de nouveau, il esquissa un sourire amusé. Et plutôt que de tenter un prénom au hasard, il finit par tourner son visage vers la personne dans le fauteuil, et ouvrit les yeux.
Ce qu'il vit n'était pas du tout ce à quoi il s'attendait.
Moqueur, joueur, amusé semblait-il. Mais ça n'était rien de tout ça. En partie, il voulait la renvoyer d'où elle venait au plus vite. Mais il voulait aussi savoir ce qu'elle faisait ici. Avait-elle un motif quelconque ?
Il persistait dans la veine moqueuse et sarcastique tandis qu'il se redressait sur son séant, histoire d'être plus ou moins assis dans son lit.
Résultat, le vaillant Ceasar Bougrov était cloué dans un lit d'infirmerie et se sentait bien bête. Enfin, quand il était conscient, ce qu'il n'était pas pour le moment. Pour le moment, il était plongé dans un sommeil artificiel, causé par un breuvage-somnifère, et il dormait presque paisiblement. Presque, parce qu'il avait une conscience qui le tiraillait depuis un certain temps. Au cours des quelques visites que Joas lui avait rendu sur son lit de mort, il avait fini par comprendre d'où lui venait cet étrange malaise. Mais ça ne s'était pas estompé une fois qu'il avait compris. Et sa colère due à l'aveuglement par la jalousie ne s'effaçait pas non plus. S'ensuivaient quelques discussions assez longues avec Joas qui se moquait de lui et affirmait qu'il fallait qu'il se fasse soigner autant physiquement que mentalement. Et des lettres des autres, qui se payaient sa tête en Russe, le réprimandaient. D'autres lettres encore de sa mère, qui voulait savoir comment il allait. Son père ? Il demandait des nouvelles via les lettres de sa femme. Normal quoi. Tout à fait normal.
Entre temps, une fois que son état avait cessé d'être alarmant, il avait reçu des visites plaisantes, et d'autres moins plaisantes. Joas était venu, encore et encore, pour faire des photos, taper là où ça faisait mal, lui raconter ses derniers exploits sexuels. D'autres fois, ça avait été des filles qu'il connaissait plus ou moins pour avoir parfois couché avec elles avant son accident. Certaines avaient la sottise de croire qu'elles avaient été la raison pour laquelle il se serait "jeté du haut de son balai". Ça le faisait rire intérieurement. Extérieurement, il se refermait et les priait de partir parce qu'elles l'importunaient. Des gourdes pareilles n'auraient pas dû exister. Et en attendant, il ruminait une vengeance dont Joas tentait de le détourner.
- « Mon vieux, tu peux pas faire ça.
- Ah ouais ? Tu veux parier ?
- Surtout pas. C'est juste une énorme connerie.
- Comment ça ?
- Bougrov, si tu as une once de cervelle qui n'a pas été broyée dans ta chute, fais-la fonctionner ! »
Peine perdue. Ceasar était tenace, et une fois qu'il avait une idée en tête, il avait une difficulté énorme à la lâcher. Surtout lorsqu'il s'agissait de quelque chose qui lui tenait à cœur. Notamment lorsqu'il décidait d'aller faire un tour dans le couloir du deuxième étage alors que son état ne le permettait pas forcément. Surtout que rapidement, son cœur déconnait.
- « Tu veux mourir avant l'heure, abruti de merde ?
- Ça serait une idée. Mais il faut que je finisse d'abord ce que j'ai commencé.
- Du genre asservir la gente féminine à ton charme d'ancien combattant ?
- Ta gueule. Plutôt te latter la face aux échecs sorciers… Mais c'est une idée. »
Son charme avait l'air de s'être décuplé maintenant qu'il avait frôlé la mort. Oh, de là à dire qu'il était blessé gravement, c'était tout à fait vrai. Une chute de plusieurs mètres, à travers des arbres et une survie à une attaque de loup-garou, c'était toujours un truc utile. Toujours cool à raconter. Alors bon, il avait un problème cardiaque maintenant, une fracture de la mâchoire, du mal à marcher parce qu'il s'était bien cogné partout. Son visage avait quand même cicatrisé rapidement, mais il avait toujours mal quand il parlait, surtout quand il parlait en russe, en fait. Ce qui lui arrivait de temps en temps, quand Joas était là, et qu'il y avait du monde à l'Infirmerie, et que Ceasar ne mourait pas d'envie qu'on comprenne qu'il avait des cas de conscience. Cas de conscience bien vite renvoyés au fin fond de l'esprit du Lufkin, remarquez.
Il somnolait plus ou moins mal en fait, et avait donc recours à des somnifères pour s'endormir et tenter de dormir plus de trois heures d'affilée. Et là, il avait pris un somnifère plus ou moins deux heures et demie avant qu'une certaine personne vienne s'installer dans le fauteuil au chevet de son lit. Il l'avait pris après s'être fait battre par Joas aux échecs sorciers. Joas passait chaque jour pour prendre de ses nouvelles et lui filer son courrier, en fait. Un bon ami que celui-ci. Ceasar était chanceux de le connaître, ce bouseux d'Irlandais, quand même. En s'endormant, il avait entendu les mots moqueurs de Joas qui l'avait traité de "Belle au Bois Dormant". C'est vous dire. Une fois qu'il serait sur pieds pour de bon, il irait lui laminer la gueule dans les règles de l'art. Quand même !
Mais pour le moment, il sortait d'une espèce de torpeur ensommeillée. Depuis combien de temps Bonnie attendait-elle ? Nul n'aurait su le dire. Toujours est-il que sans ouvrir les yeux, il sut qu'il y avait quelqu'un. Un souffle régulier parvenait à ses oreilles, quelqu'un le veillait. Qui ? Sans doute pas Joas, il avait autre chose de plus intéressant à faire. Quelle heure pouvait-il être ? Ceasar n'en savait rien. Se souvenant d'autres soirées où il avait ouvert les yeux sur certaines filles qui étaient passées dans son lit dès les premières soirées où il s'était retrouvé célibataire de nouveau, il esquissa un sourire amusé. Et plutôt que de tenter un prénom au hasard, il finit par tourner son visage vers la personne dans le fauteuil, et ouvrit les yeux.
Ce qu'il vit n'était pas du tout ce à quoi il s'attendait.
- « Tu me veilles, toi ? C'est nouveau, ça. »
Moqueur, joueur, amusé semblait-il. Mais ça n'était rien de tout ça. En partie, il voulait la renvoyer d'où elle venait au plus vite. Mais il voulait aussi savoir ce qu'elle faisait ici. Avait-elle un motif quelconque ?
- « Quel bon vent t'amène ? »
Il persistait dans la veine moqueuse et sarcastique tandis qu'il se redressait sur son séant, histoire d'être plus ou moins assis dans son lit.
- InvitéInvité
Re: Another sad song. ♦♦ Ceasar.
Sam 13 Mar 2010 - 16:54
Assise sur le rebord du fauteuil, les mains posées sur le matelas, Bonnie ignorait quoi faire. Du moins, quoi faire pour le veiller. Devait-elle aller chercher ses médicaments ? Lui apporter de quoi se divertir ? Rester là, à le regarder ? Aucune idée. Ordinairement, elle serait venue nuit et jour à son chevet et se serait occupée de lui telle une petite amie digne de son nom. Mais les choses changeaient bien rapidement. Aujourd’hui, entreprendre tout ça lui paraissait bien au dessus de ses forces. Bonnie ne possédait plus ce rôle qu’on lui avait arraché de force. Désormais, elle apparaissait seulement comme une conquête supplémentaire dans le tableau de chasse de Ceasar. Oui, une conquête, un objet de plus. Un objet qui avait eu son heure de gloire à un moment donné et qui, finalement, retombait progressivement dans l’oubli. Et cette image faisait mal, même si on tentait de le dissimuler. Mais pour le cacher, il fallait encore avoir de la dignité, ce que ne possédait plus Bonnie depuis bien longtemps. Et toutes ces choses, son comportement, son attitude face aux autres élèves ou encore face à la gente masculine soulevait de nombreuses questions. Elle était célibataire, à nouveau. Alors pourquoi ne sautait-elle pas sur le premier venu, comme avant ? Pourquoi ne pas draguer tout ce qui bouge, comme avant ? La réponse, tout le monde la connaissait. Mais tout le monde l’ignorait. La rupture ne faisait pas tout, loin de là. Certes, Bonnie avait traversé un passage à vide, légitime pour tout humain. Et puis, elle avait voulu remonter lentement mais sûrement à la surface. Elle souriait un peu, mangeait normalement, se montrait à certaines soirées. Sauf que personne ne prévoyait qu’elle se noie à nouveau. Certains essayaient de la sauver une nouvelle fois mais il fallait croire que cela ne fonctionnait plus. Sa pire crainte venait de se réaliser. Alors quel était l’intérêt de faire comme si de rien n’était ? Aucun, nous sommes d’accord. Etre enceinte signifiait beaucoup plus de choses qu’une simple rupture. Bon de nombre de femmes trouvaient cette étape de leur vie épanouissante et primordiale. Mais Bonnie n’y voyait-là que des embêtements supplémentaires. Elle n’avait jamais gardé d’enfants parce qu’elle les détestait. Ça pleure pour un oui ou pour un non, ça ne veut pas manger ses légumes, ça rit en permanence jusqu’à vous en donner la migraine, ça vous fait dépenser de l’argent pour rien. En bref, ça vous pourrissait votre vie et votre jeunesse. Bonnie aurait fait n’importe quoi pour le tuer le plus vite possible.
Mais à côté des pensées macabres de la Grymm, son ex-petit ami ne donnait pas l’impression de ressentir une once de tristesse. Certes, il refaisait sa vie sans Bonnie. Peut être que c’était mieux comme ça. Peut être qu’elle n’était qu’un boulet pour lui, finalement. Elle savait pertinemment que Ceasar recommençait ses bêtises, à coucher avec n’importe quelle fille. Et entendre ces pimbêches raconter à longueur de journée à quel point leur nuit avait été « faaaaabuleuse, parfaaaaaite, extraordinaiiiiiiire » ne faisait que renforcer les envies de meurtre de Bonnie. Enfin, tout ça, c’était au début. Parce que désormais, la simple mention du prénom de celui qu’elle aimait toujours en plein milieu d’un récit lui donnait les larmes aux yeux. Elle savait qu’il courait après toutes les filles. Mais de là à recommencer comme avant lui faisait un peu plus mal à chaque fois. Le pire, dans tout ça ? Probablement le fait de n’éprouver aucune honte devant Bonnie. Les garces. Lui sortir « tu sais quoi ? Je me suis tapée ton ex » avait le don de lui faire un peu plus mal. Et quand ça ira mieux, elle leur fera la misère, chose promise, chose due. Mais pour l’instant, ce n’était pas la question. En ce moment, la jeune femme essayait tant bien que mal de se concentrer sur Ceasar, toujours endormi. Ne sachant que faire, Bonnie jeta un coup d’œil aux autres lits, occupés pour la majorité d’entre eux. Cette attaque de loup garou avait mis Hungcalf en émoi ; le lendemain des évènements, personne n’avait osé faire un pas dehors de peur de se faire attaquer une nouvelle fois. Et avec les jours, l’université retrouvait sa sérénité habituelle. On continuait à organiser des orgies. On continuait à coucher, à boire, à fumer, tout ça dans le dos des profs, faisant semblant de ne rien voir. La routine, quoi.
Au bout de plusieurs minutes, Bonnie se décida enfin à retirer ses mains et à s’installer dans le fauteuil, prête à s’endormir. Sa grossesse la fatiguait, impossible de se coucher à trois heures du matin sans avoir des cernes sous les yeux. Il lui fallait ses dix heures de sommeil, sinon, elle était à cran et renvoyait balader tout le monde. C’était d’ailleurs pour ça que ses yeux commençaient déjà à cligner, comme essayant de chasser et de repousser l’heure du sommeil. Bonnie ne voulait pas dormir. Elle allait bien.
La jeune femme se frotta les yeux, à moitié endormie. Bon d’accord. Elle avait osé piquer un petit somme accidentellement. La voix moqueuse de Ceasar la fit sortir de sa rêverie et la jeune femme posa son regard sur lui, l’air coupable et dépité.
Bonnie baissa subitement les yeux et se mordit la lèvre, ne sachant que faire. Allons bon, on y était. Vu son air enjoué, le dire maintenant paraissait risqué. Pas un sourire. Pas un regard rempli de regret. Juste son attitude normale, moqueuse. Il était passé à autre chose et continuait à considérer Bonnie comme une moins que rien. Elle qui pensait que cette histoire l’aurait fait gagné en maturité, elle se trompait. Et dire qu’il serait le père de cette chose qui grandissait fièrement dans son ventre. C’était presque impensable. Mieux valait se faire avorter. Parce que la réponse, Bonnie la connaissait déjà. « Enceinte ? Et alors ? ». Et oui Bonnie, tu appartiens au passé désormais. Il ne t’aime plus. Passe à autre chose.
Sourire forcé, Bonnie ne put se retenir de laisser échapper un soupir d’exaspération. Elle porta ses mains sur son ventre, comme pliée en deux. Oui, ça commençait. Il avait un peu grossi mais le pyjama cachait le désastre qui s’annonçait. C’est à ce moment-là que la Grymm réalisa que la tâche allait être plus dure que prévu. Que pouvait-elle faire ? L’écrire sur un bout de papier, lui faire comprendre par des gestes ? Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Avorter sans lui dire serait la meilleure solution.
Mais à côté des pensées macabres de la Grymm, son ex-petit ami ne donnait pas l’impression de ressentir une once de tristesse. Certes, il refaisait sa vie sans Bonnie. Peut être que c’était mieux comme ça. Peut être qu’elle n’était qu’un boulet pour lui, finalement. Elle savait pertinemment que Ceasar recommençait ses bêtises, à coucher avec n’importe quelle fille. Et entendre ces pimbêches raconter à longueur de journée à quel point leur nuit avait été « faaaaabuleuse, parfaaaaaite, extraordinaiiiiiiire » ne faisait que renforcer les envies de meurtre de Bonnie. Enfin, tout ça, c’était au début. Parce que désormais, la simple mention du prénom de celui qu’elle aimait toujours en plein milieu d’un récit lui donnait les larmes aux yeux. Elle savait qu’il courait après toutes les filles. Mais de là à recommencer comme avant lui faisait un peu plus mal à chaque fois. Le pire, dans tout ça ? Probablement le fait de n’éprouver aucune honte devant Bonnie. Les garces. Lui sortir « tu sais quoi ? Je me suis tapée ton ex » avait le don de lui faire un peu plus mal. Et quand ça ira mieux, elle leur fera la misère, chose promise, chose due. Mais pour l’instant, ce n’était pas la question. En ce moment, la jeune femme essayait tant bien que mal de se concentrer sur Ceasar, toujours endormi. Ne sachant que faire, Bonnie jeta un coup d’œil aux autres lits, occupés pour la majorité d’entre eux. Cette attaque de loup garou avait mis Hungcalf en émoi ; le lendemain des évènements, personne n’avait osé faire un pas dehors de peur de se faire attaquer une nouvelle fois. Et avec les jours, l’université retrouvait sa sérénité habituelle. On continuait à organiser des orgies. On continuait à coucher, à boire, à fumer, tout ça dans le dos des profs, faisant semblant de ne rien voir. La routine, quoi.
Au bout de plusieurs minutes, Bonnie se décida enfin à retirer ses mains et à s’installer dans le fauteuil, prête à s’endormir. Sa grossesse la fatiguait, impossible de se coucher à trois heures du matin sans avoir des cernes sous les yeux. Il lui fallait ses dix heures de sommeil, sinon, elle était à cran et renvoyait balader tout le monde. C’était d’ailleurs pour ça que ses yeux commençaient déjà à cligner, comme essayant de chasser et de repousser l’heure du sommeil. Bonnie ne voulait pas dormir. Elle allait bien.
- « Tu me veilles, toi ? C'est nouveau, ça. »
La jeune femme se frotta les yeux, à moitié endormie. Bon d’accord. Elle avait osé piquer un petit somme accidentellement. La voix moqueuse de Ceasar la fit sortir de sa rêverie et la jeune femme posa son regard sur lui, l’air coupable et dépité.
« Quel bon vent t'amène ? »
Bonnie baissa subitement les yeux et se mordit la lèvre, ne sachant que faire. Allons bon, on y était. Vu son air enjoué, le dire maintenant paraissait risqué. Pas un sourire. Pas un regard rempli de regret. Juste son attitude normale, moqueuse. Il était passé à autre chose et continuait à considérer Bonnie comme une moins que rien. Elle qui pensait que cette histoire l’aurait fait gagné en maturité, elle se trompait. Et dire qu’il serait le père de cette chose qui grandissait fièrement dans son ventre. C’était presque impensable. Mieux valait se faire avorter. Parce que la réponse, Bonnie la connaissait déjà. « Enceinte ? Et alors ? ». Et oui Bonnie, tu appartiens au passé désormais. Il ne t’aime plus. Passe à autre chose.
- « J’ai appris ce qui s’était passé l’autre fois…Et je voulais voir comment tu allais. Il y a aussi autre chose…Il faut que tu saches que tu vas être…Allez Bonnie, plus qu’un mot, sûrement guéri dans très peu de temps. C’est bien, non ? »
Sourire forcé, Bonnie ne put se retenir de laisser échapper un soupir d’exaspération. Elle porta ses mains sur son ventre, comme pliée en deux. Oui, ça commençait. Il avait un peu grossi mais le pyjama cachait le désastre qui s’annonçait. C’est à ce moment-là que la Grymm réalisa que la tâche allait être plus dure que prévu. Que pouvait-elle faire ? L’écrire sur un bout de papier, lui faire comprendre par des gestes ? Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Avorter sans lui dire serait la meilleure solution.
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