Ce moment allait sûrement être le pire moment de ma vie, et je le redoutais sincèrement. Alors que je déambulais dans cette allée remplie de moldus en tout genre – oui oui en tout genre, il y en a vraiment de toutes les sortes, des grands, des minces, des bouclés, des frisés, des chauves, encore pire que chez les sorciers, vraiment bizarre …. non je n'ai rien contre les moldus ! - je me demandais sincèrement quelle idée m'avait traversé. Noël approchait et à Londres, les rues commençaient déjà à se mettre en tenue pour les fêtes, les employés municipaux installer les sapins encore nues de toute décoration ainsi que les décorations lumineuses. Je me demandais encore pourquoi se fatiguer à accrocher ces fils si haut alors qu'il suffisait de faire léviter des bougies, avant de me souvenir qu'ils n'étaient que des moldus. Et pourtant, je n'avais pas vraiment le choix que d'être ici. Car qui dit Noël dit cadeaux et je m'étais dit que je pouvais faire un petit cadeau à Niamh, bon pas un gros truc qui sous-entende je ne sais quel message subliminal, mais vu les dernières épreuves, je me suis dit que ça pouvait peut-être lui faire plaisir. Sauf que je ne savais pas du tout quoi lui acheter, et j'étais pourtant sûr qu'elle préférerait un objet moldu que sorcier... Sauf que je n'y connais rien en produits moldus, et cela m'oblige à fréquenter ce genre d'endroit. Presque naturellement, faisant cette fois-ci attention à ce qu'aucun bicycle ne me fonce dessus, je traversai la rue pour me rendre dans la galerie marchande où elle m'avait emmené cet été. Je m'arrêtais quelques instants devant cette porte bizarre, attendant qu'elle s'ouvre, droit comme un piquet, et c'est lorsqu'un enfant passa à travers que je m'engouffrais à sa suite. Je le voyais, il m'attendait, la terrible épreuve de l'escalier qui bouge. Je pris mon courage à deux mains – quelle folie cette idée – et je pris la première marche d'un air décidé, mais toujours aussi raide. Me voici dans l'allée de la galerie commerciale, et cette allée était pleine de monde. J'avisais tout de même les différents visages, je ne voulais pas qu'on me voit ici, j'étais bien un des seuls Muller qui ne fréquentait pas les lieux moldus et je ne voulais pas avoir à expliquer pourquoi j'étais là et pour qui j'achetais un cadeau.

J'avais tout prévu pour ne pas être reconnu, j'avais mis un long manteau gris et j'avais noué mon écharpe de sorte que la moitié inférieure de mon visage soit caché. Et je déambulais dans la galerie marchande, regardant les vitrines. Je ne savais vraiment pas quoi prendre … Un livre ? Mais à quoi servaient ces livres moldus, il n'y avait même pas d'images animées et les livres ne parlaient même pas tout seul ! Un vêtement ? Je ne connaissais pas sa taille, et je trouvais ça terriblement indélicat. Peut-être devrais-je retourner dans cette boutique où elle avait acheté son miroir parlant ? Ou un bijou ? Oui enfin là c'était casse-gueule car elle pourrait l'interpréter de bien des manières. Par dépit, je rentrais dans une boutique de parfums, il était rempli de femmes âgées d'une cinquantaine d'années ayant perdu leur première fraîcheur, et regardai les parfums pour femme.

Mais quelqu'un était en train de me regarder … et j'allais rapidement en avoir la mauvaise surprise...

Je me suis engouffré dans cette boutique mais je regrette déjà mon choix, il y fait une chaleur à mourir et j’ai beaucoup de mal à supporter mon épais manteau et l’écharpe qui me cache la moitié du visage. Il fait chaud et en plus les odeurs sont entêtantes. Je suis déjà rentré dans une boutique de parfums magiques et ça n’a rien à voir avec les boutiques moldues. Dans les boutiques sorcières, cela ressemble bien plus à l’antre d’un alchimiste, avec de nombreux flacons qui volent dans tous les sens, avec des tuyaux, des vapeurs, et cette immense dragon multicoloe qui souffle un vent de parfum délicat sur chaque nouvel arrivant. Tout y est bien plus gai, ici dans la boutique moldue, on peine à marcher et à réussir à atteindre les étalages, avec de petits flacons insignifiants dans des boites rectangulaires sans aucun charme. La plupart des clients sont en réalité des clientes d’âge mûr, d’au moins une cinquantaine d’années, dont les traits de visage semble être maintenus par des agrafes invisibles, que le moindre sourire provoquerait un effondrement désastreux, t encore ce ne serait rien s’il n’y avait pas cette épaisse couche de maquillage semblable à du plâtre et ce rouge à lèvre écoeurant. De là où je me trouvais, je voyais une de ces dames, petite, courte sur pattes, assez forte, au point que je n’en distinguais le cou qu’à son rang de perles, mais le comble était ce même rouge à lèvre qui avait bavé sur ses dents… Peu ragoûtant.

J’essayai de me fondre dans la masse et de me faufiler entre ces dames pour regarder les parfums pour femme. Beaucoup de choix, mais je n’y connaissais rien, je voyais déjà ces vendeuses à dents de requin s’approchaient à grands pas de talons aiguilles vers moi, tels des charognards ayant trouvé leur petite proie à dévorer. Mais elles marquèrent un arrêt soudain que je ne saisissais pas jusqu’à ce que j’entende une voix que je ne connaissais que trop bien. Fiona ? Sérieusement ? Mais que fait-elle ici, et comment m’a-t-elle reconnu ? Je croyais m’être assez emmitouflé pourtant… Je ne peux pas faire semblant de ne pas l’avoir entendu ni même vu car à peine mes yeux se détournent sur elle que je perçois une différence notable, et malgré le fait qu’Aedan m’ait déjà prévenu, je suis tout même surpris par son ventre, signe d’une grossesse bien avancée. Après un raclement de gorge, j’essaie de m’en sortir sans trop me vendre. J’aurai préféré ne croiser personne que je connaisse, mais après tout, elle m’a sauvé d’une attaque de vendeuse donc …

Fiona ! C’est une sacrée surprise oui, à croire qu’il fallait que j’arrête de te courir après pour que tu me tombes dessus (je rigole d’un rire gras, c’est tout moi). Eh bien figure-toi que suite à un défi je dois tenir 10 minutes dans un magasin moldu, une vraie torture tu vois le genre !

Bon d’accord, je ne suis pas très convaincant, et après une courte pause, je lâche quand même quelques indices, mais pas trop.

Non en réalité, c’est bientôt Noël donc je viens faire quelques cadeaux, et je me suis dit qu’un cadeau moldu pourrait être original…

Oui bon, pas pour Niamh, mais ça Fiona ne pouvait pas le savoir, car je n’avais pas – encore ? – divulgué la destinataire du cadeau. Et j’avais le pressentiment que Fiona ne se gênerait pas pour creuser dans cette direction…

Je ne suis vraiment pas à l'aise dans cette boutique, et la présence de Fiona n'arrange rien à vrai dire, bien au contraire. J'avais tout fait pour passer incognito, et à vrai dire j'avais plutôt l'air déguisé qu'autre chose, mais en soi je ne me trouvais pas si vêtu étrangement que ça en me comparant avec les moldus. Il y avait bien une femme avec des sortes de boursouf en boucles d'oreille,s bien que je sache que ça n'était pas des boursoufs justement. J'avoue à Fiona être en train de chercher un cadeau original, et elle semble vouloir dire que le parfum n'est pas un cadeau très original.

Un cadeau moldu n'est pas déjà le pire qui puisse exister ? Mais toutes les femmes aiment le parfum non ? Il n'y a qu'à voir ici, je suis clairement en infériorité numérique !

Pour toute réponse, j'ai le droit à un éclat de rire de Fiona. Je n'aime pas qu'on se moque de moi. Pourtant, elle vise juste, je n'ai vraiment aucune idée du cadeau que je pourrais faire à Niamh sans que cela soit mal interprêté.

Ah ? … Je pensais que toutes les filles aimaient ça du parfum, vu comment elles s'extasient devant ces flacons. Comme avec les bijoux.

Elle lève les yeux au ciel. Bah quoi ? C'est pas évident, les seuls cadeaux que je fais d'ordinaire c'est pour ma famille, et autant dire que mes sœurs ont parfaitement compris comment faire pour me faire comprendre ce qu'elles voulaient, c'est limite si je n'avais pas droit à un post-it avec le cadeau voulu sur le coin du miroir de ma salle de bain. Elle me prend le bras et je grommelle.

Tu m'emmènes où ? Tu ne sais même pas pour qui est le cadeau de toute façon…

Soit j'en ai trop dit, soit elle est legilimens en plus d'être métamorphomage. Je n'ai pas trop envie qu'elle sache la destinataire de ce cadeau, surtout qu'elle s'entend plutôt bien avec Niamh, au point que cette dernière est un peu responsable du nouveau couple que forme Aedan avec Fiona. Je reste méfiant et suspicieux. Je traîne un peu les pieds d'ailleurs, car j'ai l'impression que tout le monde est en train de nous regarder. Je consens à lui lâcher quelques petits indices, sans en dire trop.

T'as raison, c'est pas pour une fille de ma famille. Sinon ça aurait simple. Non en fait c'est pour une fille avec qui on s'entend bien. Mais elle ne sait pas que je lui fais un cadeau, je ne veux pas qu'elle se sente gênée. Et puis de toute façon ça ne veut rien dire, c'est juste une amie, enfin même pas, mais je veux dire je ne cherche rien avec elle, va pas t'imaginer quoique ce soit.

Sérieusement Caël Muller ? Je m'embrouille tellement dans mes explications que je suis littéralement en train de me vendre.

Bref, c'est pour une fille qui aime bien la culture moldue. Hors je n'y connais rien du tout là-dedans, et la dernière fois que j'ai fait confiance à un vendeur moldu, je me suis retrouvé enserré dans une combinaison en latex rouge. Elle a fait son effet, mais pas que des bons.

Je m'arrête deux secondes, interrompant le rythme fou imprimé par Fiona – elle marche vite pour une femme enceinte.

Toi t'es une femme pas vrai ? Tu aimerais quoi comme cadeau ? Je veux dire un cadeau qui veut dire « je t'aime bien » sans donner l'impression d'être un gros lourdingue de dragueur. Juste un cadeau, comme ça.

Trop de moldus. Oui voilà, il y a beaucoup trop de moldus, et je ne suis vraiment pas à l’aise dans cette galerie commerciale, alors que Fiona elle semble parfaitement à l’aise, malgré son ventre qui a pris des proportions depuis la dernière fois que je l’ai vu. Quand je repense à la conversation que j’ai eu avec Aedan, ça me fait rire. Etonnamment, malgré mes maladresses, elle ne pose pas trop de questions et ne se montre pas trop intrusive, ce que j’apprécie même si cela m’étonne. La grossesse la rendrait-elle mesurée ? Mais elle ne manque pas de répartie. Un cadeau qui lui corresponde ? Dans quelle galère est-ce que je me suis encore une fois fourré, à croire que se glisser dans l’enclos d’un dragon est moins dangereux qu’offrir un cadeau à une fille. Je réponds comme je peux, avec ce que je sais de Niamh. L’art, la danse, je sais qu’elle a fait des concours de danse, mais je me dis que les cadeaux en rapport avec ce domaine sont assez restreints, je ne me vois pas lui offrir une tenue de danse par exemple, d’ailleurs je ne sais même pas à quoi ça ressemble, je l’imagine mal en tutu et ballerine la Niamh. La famille, le côté moldu… Ca devrait aider le commun des mortels, mais moi ça me perd, je galère déjà à offrir un cadeau à mes sœurs et mes cousines, alors pour une fille qui n’est pas de la famille… Pour Scylla, c’était simple, un pyjama en pilou me semblait tout indiquait vu sa situation, même si ce serait un tue-l’amour pour Thomas, mais au moins ça retardera l’arrivée du deuxième. Pour mon cousin Sasha, ce n’était pas compliqué non plus, une bonne bouteille de whisky pur feu écossais de quinze ans d’âge ou un nécessaire de quidditch conviendrait. Mais pour Niamh, je séchais un peu. Je ne me voyais pas pâtisser, même si elle aimait la cuisine de sa mère, je n’en avais pas le temps, contrairement à elle ou même à Donovan.

La phrase suivante de Fiona me fait réagir. Aller avec Niamh à un ballet ? Ce serait terriblement gênant, elle se demanderait forcément quelque chose, après tout je ne suis pas censé m’intéresser à elle, et récemment on ne s’entendait pas encore très bien, c’est donc assez délicat. Je réagis donc comme un mâle blessé dans sa virilité, comme d’habitude.

L’idée des billets peut être une bonne idée j’avoue, mais on trouve ça où ? Et puis ça ne fait un peu fragile ? Quand j’allais voir des spectacles de vélanes ballerines, je ne me suis jamais embêté à prendre les billets avant, mes parents réservaient toujours le balcon, je n’avais qu’à me pointer avec le nœud pap et mon sourire à tomber. Et j’en ai fait tomber des ballerines…

J’hésite sur la reste de sa question.

Elle n’est pas mon amie dans le sens où on n’est pas assez proches pour qu’elle sache qu’elle peut me faire confiance, enfin je crois, même si j’ai essayé de lui convaincre de l’inverse… Mais attention hein, c’est pas une déclaration d’amour le cadeau ! Je ne suis pas amoureux d’elle, quoique tu en penses et sous-entendes. Je ne suis pas fou quand même. De tout façon, elle voudra sûrement y aller avec un autre.

Oui parce que déjà si je lui fais un cadeau elle va être surprise, alors si en plus je lui impose ma présence, elle va se douter de quelque chose non ?

Et euh … il n’y a rien d’autre ? Parce que c’est un peu maigre un billet pour un ballet non ?

Quelle misère que d’être riche … et de ne pas savoir quoi faire de ses gallions.

Qui pouvait croire que partir à la recherche d’un cadeau s’avèrerait plus compliqué qu’un interrogatoire de sorciers un peu mafieux trafiquant des objets moldus ensorcelés ? Certainement pas moi, et pourtant, je m’apercevais bien du trouble dans lequel je m’étais jeté sans faire attention. Et en guise de bouée de sauvetage, je n’avais que Fiona. Maigre réconfort… Je n’avais rien contre elle, à part peut-être son refus face à mes avances, mais tout ça c’était du passé, je ne voulais pas batifoler autant qu’avant, surtout que maintenant, elle était avec Aedan, mon ami. J’avais fait une fois l’erreur de coucher avec la copine d’un ami, on ne m’y reprendra plus, ça c’est sûr. Fiona m’écoute silencieusement, et finit par me répondre. Je ne sais pas si ce sont ses hormones, mais je la trouve un peu agressive, à moins que ça ne soit mon ego surdimensionné qui prenne mal des paroles innocentes. Je ne suis pas en état pour démêler la vraie version de l’histoire de toute façon, alors je réagis au quart de tour, comme à l’accoutumée.

Pourquoi profiter du nom de mes parents ? Ou encore de leur fortune ? Déjà je ne cherche à séduire personne, et si vraiment tel était mon but, ce n’est sûrement pas mon nom ou mon argent qui lui plairait. Loin de là, ça serait même plutôt un repoussoir je pense. Et puis je n’ai pas à me justifier. Je suis né riche, on ne peut pas m’en vouloir ! Si ça peut te rassurer, dis toi que je paie ça avec l’argent que le Ministère m’a donné comme indemnisation de stage au Bureau des Aurors, si ça t’aide à avoir l’esprit tranquille…


Oui j’ai débité à une vitesse folle, ne lui laissant même pas la place pour répondre. Car je me suis emporté, comme d’habitude, au point d’en oublier presque de lui répondre à la deuxième partie de sa phrase.

Oui je veux lui faire plaisir. Car elle le mérite, mais je ne veux pas lui plaire, donc stop à ta grande imagination. Je ne veux pas forcément dépenser plein d’argent tu sais … Du cœur ? Parce que tu penses que j’en ai un ? Tu serais bien une des seules !

Je rigole, mon rire est gras mais en réalité je suis persuadé qu’elle fait partie de ces personnes à me croire sans cœur et seulement obnubilé par le sexe.

Oui, tu as raison, je te suis. Ca te dérange de parler au vendeur, je ne saurai même pas quoi demander …

Je suis connu pour être sanguin. Oui c’est comme ça c’est plus fort que moi, j’ai un ego surdimensionné, comme une autre partie de mon anatomie, alors forcément, dès qu’on me titille un peu trop je pars au quart de tour, et Fiona vient d’en être la témoin privilégiée. Je ne vais pas m’excuser elle m’a quand même presque accusé de vouloir acheter l’affection d’une fille avec l’argent de mes parents. Devrais-je m’excuse d’être riche et de vouloir faire plaisir ? Non, et puis si je le devais ça ne serait pas à elle. Je n’ai rien contre Fiona, du tout, d’ailleurs elle m’aura été d’une grande aide finalement, si elle n’avait pas été là j’aurai sûrement été manipulée par une moldue prête à me faire acheter la première babiole venue, un parfum ou un bijou extravagant, les moldus ont cette tendance-là quand ils voient beaucoup d’argent, quoique certains sorciers également. Je suis sur la défensive et je suis surpris que Fiona ne rétorque pas, elle m’avait habitué à davantage de répartie. Serait-ce le bébé ou Aedan qui la rendent si calme ? Etonnant, mais appréciable, faire une scène ici ne serait pas une bonne idée. Et d’ailleurs son ventre proéminent nous permet de dépasser tout le monde, tant mieux, je n’aurai pas à attendre au milieu de tous ces moldus, plus vite je retrouvais mon milieu naturel et plus vite je serai à l’aise. Fiona demande deux places pour l Lac des Cygnes. J’ignore s’il y a de vrais cygnes dans la pièce et par quel miracle les moldus parviendraient à les contrôler sans magie, mais je ne pose pas de question, le vendeur me regarderait avec de trop gros yeux pour que je ne passe pas pour un imbécile.

Merci beaucoup Fiona…

Mes remerciements sont courts, mais sincères. Nous nous éloignons un peu, et elle s’enquit de savoir si j’ai encore besoin d’aide ou non.

Ca devrait aller Fiona, sans toi je pense que j’aurai fait le mauvais choix. Si mon cadeau lui plaît, je t’en devrais une. Et je tiens mes promesses, comme tout Muller. « Un Muller paie toujours ses dettes ». Allez, je te laisse vaquer à tes occupations, je vais me réfugier dans un endroit plus normal pour moi. Salut !

Et je lui fais la bise. Après tout, elle sort avec mon meilleur pote non ? Et puis, elle m’a vraiment rendu un fier service.