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Reconnaissance éternelle - Eden Sykes
Mer 16 Jan 2019 - 22:54
« C'est pas possible ! » Prudence était en train de s'agacer toute seule et de ruminer dans son coin. Enervée, la jeune femme venait de traverser le parc, la cour au pas de course. Elle était littéralement trempée, ses chaussures pleines de boue, ses cheveux emmêlés lui tombaient sur le visage. Elle venait d'achever l'un de ses cours, et elle n'aurait su expliquer pourquoi ni comment cela était arrivé, mais un orage s'était abattu dans les serres. Oui DANS les serres et non pas sur les serres. Cela avait été violent et soudain. Tous les élèves s'étaient rués vers la sortie tandis que Prudence avait essayé de gérer la catastrophe. En quelques minutes – deux tout au plus – elle était parvenue à mettre un terme au sortilège qui sévissait. Parce que oui, il s'agissait d'un sortilège lancé par un élève, la jeune femme le savait. En colère, elle était sortie brusquement de ses serres pour faire face à ses élèves qui regardaient tous fixement leurs pieds. Après avoir hurlé sur le groupe elle avait attendu que le coupable se dénonce. Ce dernier ne s'était pas fait prier. Il avait expliqué qu'il avait voulu gagner du temps en arrosant plusieurs plantes en même temps mais qu'il n'avait pas pensé qu'il pourrait déclencher un orage. Prudence lui avait fait un sermon qu'il n'était pas prêt d'oublier et l'avait mis en retenue pendant deux semaines. Tous les soirs, le jeune homme la rejoindrait dans les serres afin de remettre de l'ordre. C'est pourquoi la jeune femme venait de pousser les portes de l'établissement tout en maugréant un : « C'est pas possible ! » de dépit et d'irritation. Bien consciente qu'elle laissait des traces de terre sur son passage, la jeune Bellevue se dépêchait de rejoindre ses appartements afin de pouvoir prendre une bonne douche chaude. Son regard était sombre et sans doute devait-elle lancer des éclairs puisque tous ceux qui croisaient son regard détournaient le leur rapidement. Alors qu'elle espérait que le concierge ne débarque pas pour lui faire une leçon de morale quant à la propreté des lieux, Prudence passa devant le bureau du professeur de métamorphose. La porte était ouverte et instinctivement elle regarda à l'intérieur et vit qu'Eden Sykes était installée derrière son bureau. Prudence continua son chemin sur quelques mètres et finit par s'arrêter brusquement. L'eau continuait de goutter de ses cheveux mais la jeune enseignante était incapable de faire un pas de plus. Elle devait faire demi-tour, elle le savait. Alors sans réfléchir davantage, elle revint sur ses pas et passa la porte du bureau de sa collègue.
La professeur de botanique avait dû faire du bruit puisque la jeune femme assise derrière son bureau leva la tête. Prise au dépourvu, Prudence ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit. Quel piètre spectacle elle devait renvoyer, là plantée dans l'embrasure de la porte, dégoulinante, les pieds pleins de boue. C'est lorsqu'elle regarda ses chaussures qu'elle murmura un : « Désolé pour la terre... Je nettoierai. » Elle se sentait ridicule, faible et démunie. Elle détestait cette sensation, elle détestait l'image qu'elle renvoyait. Mais si elle était autant déstabilisée c'était parce que face à elle se trouvait l'ancienne aurore : Eden Sykes. C'était elle qui était intervenue après le massacre qui avait eu lieu au Brésil, massacre durant lequel son père, sorcier diplomate anglais, avait été assassiné. Des années plus tard, Prudence avait appris que les responsables avaient pour la plupart été arrêtés, tandis que d'autres avaient disparu. Elle avait lu de nombreux articles concernant cette action coup de poing du gouvernement, et à maintes reprises, elle avait lu le nom de sa collègue. Elle savait qu'elle avait joué un grand rôle dans la justice qui avait été – en partie – rendue à son père. La jeune Bellevue ne pouvait en être que reconnaissante. Elle n'avait encore jamais discuté avec Eden, elle n'était même pas sûre que cette dernière sache qui elle était. Doucement elle s'approcha du bureau et lui tendit la main : « Je suis Prudence, professeur de botanique. » Et alors qu'elle attendait que sa collègue lui sert la main, elle précisa : « Prudence Bellevue, mon père était Davies Woods... » Sa voix se brisa légèrement à la fin de sa phrase. Eden allait-elle faire le lien ? Allait-elle se souvenir de son père et de son histoire ? Prudence l'ignorait. Après tout, l'ancienne Aurore avait du gérer de nombreuses affaires, elle avait dû arrêter de nombreux criminels, pourquoi se souviendrait-elle en particulier du cas Woods ?
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Re: Reconnaissance éternelle - Eden Sykes
Jeu 17 Jan 2019 - 2:09
« La métamorphose est une magie artistique » ma plume craquait dans ma main se brisant en petit morceau. Quel bande de… Argh ! Je soufflais, la débâcle intérieur me hurlant tantôt de coller un troll à la lecture de cette horreur, une autre de revoir mes méthodes d’enseignement. Ma nuque craquait lentement au geste de ma tête pour tenter de relaxer mes cervicales, massant lentement mes tempes en soupirant, laissant ma tête s’écraser sur la copie.
Me redressant vaguement, en un besoin immédiat d’une fumée, de la saveur du tabac rajustant l’actuel ennui de mes papilles, le besoin des effets de la nicotine sur mon cerveau, de la fumée s’engouffrant dans mes poumons, de cette odeur de tabac chaud… Attrapant une cigarette dans mon sac, je m’arrêtais devant le seul miroir de la pièce pour me contempler quelques secondes à peine, un coup d’œil rapide sur ma jupe crayon noire, mon chemisier rouge et ma paire de bottines.
Mes cheveux attachés en une queue de cheval dégageait mon visage, d’apparence celui d’une jeune adulte. Mais comme à son habitude, mon regard témoignait l’expérience. La vie, la mort, l’amour, l’amitié, la famille, les larmes, les pleurs, la violence. Un tout. Je ne suis pas une personne accomplie, loin de là, mais mon enfance partie trop tôt se ressent plus en mon comportement qu’en mes prunelles pâles. Remarquer mes cernes me fit un bref instant soupirer une première fois, d’un simple clignement des yeux, celles-ci disparaissaient purement et simplement. La métamorphomagie… La meilleure malédiction et le pire don qu’il puisse être.
Un sens de l’esthétique assez… Contrasté. En un sens, songeais-je en allumant ma cigarette avant de retourner m’asseoir pour me replonger à mes copies, me focalisant sur celles-ci quelques instants. Mes corrections avançaient et je semblais me détendre sans pour autant atteindre le stade de la sérénité… Et puis… splotch, splotch, splotch.
Clignant des yeux je redressais la tête pour entrevoir par la porte la jeune femme, peut-être un peu longue à réagir. Une collègue je crois ? Elle parait du moins trop âgée pour être une élève, et… « trop », pour ne pas être une prof’. Je dois faire partis des seules énergumènes qui n’espèrent que pouvoir faire cours en jogging avec un gros pull, emmitouflée dans un plaid avec un mug de café. Mais non.
Apparence, que je te hais.
En la regardant donc évoluer, je lisais en ses yeux un mélange de frustration et de détresse, mais aussi une part de regret, de nostalgie ou de tristesse. Posant ma cigarette dans mon cendrier, un sourire crispé naquit à mon minois, alors que je me redressais tranquillement pour lui faire face, la cigarette à moitié consumée continuant de se consumer lentement, la fumée virevoltant lentement.
La terre… ? Je me tournais vers ses chaussures, clignant des yeux. Sa réflexion était… Etrangement agréable. Juste, en réalité. Tu dérange quelque chose, tu le range. Pour peu qu’elle aille chercher un seau et une serpillère, et ces quelques gestes me suffiraient à l’apprécier. J’apprécie les gens capable de prendre soin d’autrui, et même si ses occupations semblent tournées vers elle-même, elle pourrait paraître agréable.
« C’est gentil, je vous remercie. »
Comme tout le monde, elle utilisera la magie. Je n’en mettrais pas ma main à couper, mais c’est fort à parier. L’idée me déplaisait un peu plus, mais soit. Machinalement, en la voyant tendre la main, je lui offrais la mienne, frissonnant vaguement à son contact. Même si, de plus en plus, j’accepte le contact des gens, notamment grâce à Cléopatra, c’est quelque chose qui est encore loin d’être acquis chez moi.
Contemplant quelques instants la frimousse de celle qui me confirmait bien être ma collègue, je souriais vaguement, notant ses cheveux humides. Elle portait ce… Eumh… « Une autre journée de merde ». Ca la rendait à la fois triste et attendrissante, m’obligeant à réprimer une expression de compassion pour ne pas être vexante ou infantilisante…
Enfin ; lors de notre poignée de main, je ne serrais guère ses doigts, mais mon regard ne quittait pas le sien. La signification d’une souplesse, une versatilité certaine, mais d’une volonté et une forme de sincérité bienveillante, surement. Je buvais lentement ses paroles. Oui, professeur de botanique, et… ? Nous ne nous sommes pas parler de l’année, quel intérêt maintenant ?
Mon sang se glaçait à ce nom. « Davies Woods », l’affaire Woods… Mes yeux changeaient de couleur, soudainement, mes pupilles s’emparant d’une couleur rouge sang. Difficile à interpréter sans un peu d’aide sur le reste de mon visage. J’étais… Touchée, affectée. Son père ? Prise d’un flashback, je revoyais la scène de cette ultime confrontation… « Nous subissons trop de perte, ils ne veulent pas en démordre, envoyez-là ! » Une lignée de mages, tous à couvert, battant en retraite à mon avancée, mes deux saphirs plantés vers mes opposants, respirant la mort, la haine. Un geste. Pas un mot. Une explosion. Puis une deuxième, une troisième. D’une envergure rappelant un torrent magique effrayant.
La haine est le sentiment le plus corrompu, mais surtout le plus puissant, et c’est bien pour ça qu’il ne quittera jamais le cœur de l’Homme.
Je baissais les yeux, me mordillant lentement la lèvre inférieure. Je ne suis clairement pas habituée à ce qu’on vienne me parler de mes réussites, mais surtout, Prudence à l’air d’en avoir bavé… Etrangement, ce qu’elle me montrait contrastait avec son prénom. Pour parler couramment français… Elle venait bien de franchir cette porte, alors qu’elle aurait pu continuer sa route, l’air de rien. Malgré ses chaussures boueuses et ses cheveux humide, son nom porte, comme elle, quelque chose d’élégant. Elle respire un charisme naturel qui ma foi lui va bien.
Tâchant de me ressaisir, je reculais pour attraper ma cigarette dans le cendrier et ne pas la laisser se consumer tout en reprenant.
« Eumh… Enchantée de vous rencontrer, Madame Bellevue, je… Eumh... »
Je cherchais mes mots, malgré ce « Madame Bellevue » avec un accent français irréprochable, sous-entendant que je maîtrisais la langue. M’approchant de la fenêtre, non trop lointaine pour garder un peu d’intimité en cette discussion pour finir ma cigarette sans la polluer de ma fumée, avant de reprendre, d’un sourire un peu crispé. C’était un fait évident. Je ne suis clairement pas à l’aise avec les gens quand il s’agit de choses tristes ou profondes. Avec les enfants, à la limite, ça va. Ou les adolescents, voir mes élèves, de jeunes adultes. Pas avec des individus ayant un recul similaire au mien.
« J’admire votre courage de vous présenter ainsi… Enfin, je ne parle pas de vous, physiquement, mais… Même si les mots sont difficile, vous avez fait l’effort de passer la porte pour les prononcer… En cela, je vous témoigne tout mon respect. »
Un silence bref, le temps d’une latte.
« Eden Sykes, professeur de métamorphose, mais vous le savez déjà surement au vu de vos mots. Désolée pour… L’odeur, le comportement que reflète le fait que je sois en train de fumer alors que vous vous présentez à moi. Mais j’ai autant de respect pour vous que j’en ai pour la plante qui a donné ses feuilles pour les laisser s’envoler au vent, je suppose qu’au vu de votre profession, c’est tolérable… Enfin.
Je vous offre un thé, un fruit, quelque chose ? Loin de moi la volonté d’être intrusive, mais… Vous faites mine d’avoir besoin de lever le pied, au moins quelques instants. »
Me redressant vaguement, en un besoin immédiat d’une fumée, de la saveur du tabac rajustant l’actuel ennui de mes papilles, le besoin des effets de la nicotine sur mon cerveau, de la fumée s’engouffrant dans mes poumons, de cette odeur de tabac chaud… Attrapant une cigarette dans mon sac, je m’arrêtais devant le seul miroir de la pièce pour me contempler quelques secondes à peine, un coup d’œil rapide sur ma jupe crayon noire, mon chemisier rouge et ma paire de bottines.
Mes cheveux attachés en une queue de cheval dégageait mon visage, d’apparence celui d’une jeune adulte. Mais comme à son habitude, mon regard témoignait l’expérience. La vie, la mort, l’amour, l’amitié, la famille, les larmes, les pleurs, la violence. Un tout. Je ne suis pas une personne accomplie, loin de là, mais mon enfance partie trop tôt se ressent plus en mon comportement qu’en mes prunelles pâles. Remarquer mes cernes me fit un bref instant soupirer une première fois, d’un simple clignement des yeux, celles-ci disparaissaient purement et simplement. La métamorphomagie… La meilleure malédiction et le pire don qu’il puisse être.
Un sens de l’esthétique assez… Contrasté. En un sens, songeais-je en allumant ma cigarette avant de retourner m’asseoir pour me replonger à mes copies, me focalisant sur celles-ci quelques instants. Mes corrections avançaient et je semblais me détendre sans pour autant atteindre le stade de la sérénité… Et puis… splotch, splotch, splotch.
Clignant des yeux je redressais la tête pour entrevoir par la porte la jeune femme, peut-être un peu longue à réagir. Une collègue je crois ? Elle parait du moins trop âgée pour être une élève, et… « trop », pour ne pas être une prof’. Je dois faire partis des seules énergumènes qui n’espèrent que pouvoir faire cours en jogging avec un gros pull, emmitouflée dans un plaid avec un mug de café. Mais non.
Apparence, que je te hais.
En la regardant donc évoluer, je lisais en ses yeux un mélange de frustration et de détresse, mais aussi une part de regret, de nostalgie ou de tristesse. Posant ma cigarette dans mon cendrier, un sourire crispé naquit à mon minois, alors que je me redressais tranquillement pour lui faire face, la cigarette à moitié consumée continuant de se consumer lentement, la fumée virevoltant lentement.
La terre… ? Je me tournais vers ses chaussures, clignant des yeux. Sa réflexion était… Etrangement agréable. Juste, en réalité. Tu dérange quelque chose, tu le range. Pour peu qu’elle aille chercher un seau et une serpillère, et ces quelques gestes me suffiraient à l’apprécier. J’apprécie les gens capable de prendre soin d’autrui, et même si ses occupations semblent tournées vers elle-même, elle pourrait paraître agréable.
« C’est gentil, je vous remercie. »
Comme tout le monde, elle utilisera la magie. Je n’en mettrais pas ma main à couper, mais c’est fort à parier. L’idée me déplaisait un peu plus, mais soit. Machinalement, en la voyant tendre la main, je lui offrais la mienne, frissonnant vaguement à son contact. Même si, de plus en plus, j’accepte le contact des gens, notamment grâce à Cléopatra, c’est quelque chose qui est encore loin d’être acquis chez moi.
Contemplant quelques instants la frimousse de celle qui me confirmait bien être ma collègue, je souriais vaguement, notant ses cheveux humides. Elle portait ce… Eumh… « Une autre journée de merde ». Ca la rendait à la fois triste et attendrissante, m’obligeant à réprimer une expression de compassion pour ne pas être vexante ou infantilisante…
Enfin ; lors de notre poignée de main, je ne serrais guère ses doigts, mais mon regard ne quittait pas le sien. La signification d’une souplesse, une versatilité certaine, mais d’une volonté et une forme de sincérité bienveillante, surement. Je buvais lentement ses paroles. Oui, professeur de botanique, et… ? Nous ne nous sommes pas parler de l’année, quel intérêt maintenant ?
Mon sang se glaçait à ce nom. « Davies Woods », l’affaire Woods… Mes yeux changeaient de couleur, soudainement, mes pupilles s’emparant d’une couleur rouge sang. Difficile à interpréter sans un peu d’aide sur le reste de mon visage. J’étais… Touchée, affectée. Son père ? Prise d’un flashback, je revoyais la scène de cette ultime confrontation… « Nous subissons trop de perte, ils ne veulent pas en démordre, envoyez-là ! » Une lignée de mages, tous à couvert, battant en retraite à mon avancée, mes deux saphirs plantés vers mes opposants, respirant la mort, la haine. Un geste. Pas un mot. Une explosion. Puis une deuxième, une troisième. D’une envergure rappelant un torrent magique effrayant.
La haine est le sentiment le plus corrompu, mais surtout le plus puissant, et c’est bien pour ça qu’il ne quittera jamais le cœur de l’Homme.
Je baissais les yeux, me mordillant lentement la lèvre inférieure. Je ne suis clairement pas habituée à ce qu’on vienne me parler de mes réussites, mais surtout, Prudence à l’air d’en avoir bavé… Etrangement, ce qu’elle me montrait contrastait avec son prénom. Pour parler couramment français… Elle venait bien de franchir cette porte, alors qu’elle aurait pu continuer sa route, l’air de rien. Malgré ses chaussures boueuses et ses cheveux humide, son nom porte, comme elle, quelque chose d’élégant. Elle respire un charisme naturel qui ma foi lui va bien.
Tâchant de me ressaisir, je reculais pour attraper ma cigarette dans le cendrier et ne pas la laisser se consumer tout en reprenant.
« Eumh… Enchantée de vous rencontrer, Madame Bellevue, je… Eumh... »
Je cherchais mes mots, malgré ce « Madame Bellevue » avec un accent français irréprochable, sous-entendant que je maîtrisais la langue. M’approchant de la fenêtre, non trop lointaine pour garder un peu d’intimité en cette discussion pour finir ma cigarette sans la polluer de ma fumée, avant de reprendre, d’un sourire un peu crispé. C’était un fait évident. Je ne suis clairement pas à l’aise avec les gens quand il s’agit de choses tristes ou profondes. Avec les enfants, à la limite, ça va. Ou les adolescents, voir mes élèves, de jeunes adultes. Pas avec des individus ayant un recul similaire au mien.
« J’admire votre courage de vous présenter ainsi… Enfin, je ne parle pas de vous, physiquement, mais… Même si les mots sont difficile, vous avez fait l’effort de passer la porte pour les prononcer… En cela, je vous témoigne tout mon respect. »
Un silence bref, le temps d’une latte.
« Eden Sykes, professeur de métamorphose, mais vous le savez déjà surement au vu de vos mots. Désolée pour… L’odeur, le comportement que reflète le fait que je sois en train de fumer alors que vous vous présentez à moi. Mais j’ai autant de respect pour vous que j’en ai pour la plante qui a donné ses feuilles pour les laisser s’envoler au vent, je suppose qu’au vu de votre profession, c’est tolérable… Enfin.
Je vous offre un thé, un fruit, quelque chose ? Loin de moi la volonté d’être intrusive, mais… Vous faites mine d’avoir besoin de lever le pied, au moins quelques instants. »
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Re: Reconnaissance éternelle - Eden Sykes
Lun 28 Jan 2019 - 10:27
« C’est gentil, je vous remercie. » Prudence acquiesça d'un signe de tête. Evidemment qu'elle nettoierait. Qui ne le ferait pas ? C'était une question d'éducation, mais surtout de savoir vivre. La jeune enseignante ne supportait pas les gens qui ne se préoccupaient que de leur confort et de leur bien-être. Elle détestait qu'on la dérange, et faisait par conséquent en sorte de ne pas déranger les autres. Malheureusement, aujourd'hui cela avait été plus fort qu'elle. En voyant Eden, c'était comme si une force invisible l'avait poussée à pénétrer dans le bureau. La jeune Bellevue n'avait pas réfléchi quant à son apparence physique du jour. Très rapidement, elle balaya du regard la salle, à la recherche d'un balai ou d'une serpillière. Bien sûr, il n'y en avait pas. Elle se trouvait dans une école de magie, entourée de sorciers pour la plupart brillants, pourquoi aurait-elle trouvé ce genre d'objet moldu ? Elle se mordilla doucement la lèvre en faisant ce constat. Malgré le fait qu'elle était une sorcière douée, elle avait encore des réflexes de moldus. Sa mère en était une, et pour ne pas qu'elle se sente mise à l'écart pour tout, lorsque sa famille vivait encore tous ensemble, son père, son frère, sa sœur et Prudence elle-même, faisaient de nombreuses tâches sans utiliser la magie. Le ménage, la cuisine, et d'autres tâches ménagères se faisaient ainsi à la « sueur » du front. C'était sans doute pour cela qu'il n'était pas venu à l'esprit de la jeune Bellevue de nettoyer ses vêtements plein de boue, ou de sécher ses cheveux à l'aide d'un sortilège. Non, elle attendrait d'être dans ses appartements pour pouvoir se changer.
Prudence sortit de ses pensées lorsque l'enseignante qui lui faisait face lui serra la main. La douceur de sa poigne mais le fait qu'elle n'hésite pas à la saluer provoqua un léger frisson chez la botaniste. Elle sentait une force de caractère chez la femme qui se dressait devant elle, rien de bien étonnant lorsque l'on connaissait son passé. Lorsque Prudence donna le nom de son père, elle sentit un changement chez Eden. Elle sembla se figer quelques instants tandis que ses yeux changèrent de couleur. Prudence fronça les sourcils quelques secondes, cherchant à comprendre ce qu'il se passait. Rapidement, elle en vint à deux conclusions : Premièrement l'enseignante était métamorphomage. Deuxièmement, elle n'avait rien oublié du Brésil et savait parfaitement de quoi parlait l'ancienne serdaigle. La jeune Bellevue ne savait pas si elle devait se sentir soulagée ou au contraire gênée. Peut-être n'aurait-elle pas dû venir la voir. Après tout, elle ne connaissait pas Eden, peut-être que lui parler de son père la ramenait des années en arrière et lui rappelait de mauvais souvenirs. Peut-être qu'en agissant ainsi Prudence remuait un passé qu'Eden souhaitait oublier. La botaniste se maudissait de ne pas avoir plus réfléchi. Elle aurait dû prendre du recul au lieu d'agir de façon si impulsive. Mais cela avait été plus fort qu'elle. Elle avait eu besoin de se présenter, elle avait eu besoin de lui parler. Mais pour lui dire quoi ? Elle l'ignorait. « Merci » sans doute. Oui, certainement. Prudence laissa la temps à sa collègue de reprendre ses esprits, et lentement, elle put observer le regard de sa collègue changer peu à peu de couleur, comme si elle reprenait ses esprits, comme si elle domptait les sentiments qui l'envahissaient. La jeune Bellevue se questionnait quant à la couleur rouge de ses yeux. A quoi cela correspondait-il ? Etait-ce la douleur ? Ou bien la colère et la haine ? Elle n'en avait pas la moindre idée.
Finalement la jeune Sykes détourna le regard pour saisir à nouveau sa cigarette. « Eumh… Enchantée de vous rencontrer, Madame Bellevue, je… Eumh... ». Un petit sourire surpris apparut sur le visage de Prudence. Alors comme ça, elle parlait français ? Plutôt bien d'ailleurs. L'accent était parfait. Cela n'était finalement pas si étonnant que cela, après tout, Eden avait dû parcourir le monde avec son poste d'Auror, c'était sans doute ainsi qu'elle avait dû apprendre de nombreuses langues. Prue observa sa collègue se lever et se diriger vers la fenêtre. Un sentiment de culpabilité commença doucement à s'insinuer en elle. Elle la dérangeait clairement, elle était en train de perturber sa tranquillité, elle s'imposait à elle sans l'avoir prévenue avant. Elle aurait dû continuer sa route, n'aurait pas dû s'arrêter ici... Mais Eden reprit la parole : « J’admire votre courage de vous présenter ainsi… Enfin, je ne parle pas de vous, physiquement, mais… » Un petit rire échappa à Prudence tandis qu'elle observait à nouveau son propre accoutrement. « Même si les mots sont difficile, vous avez fait l’effort de passer la porte pour les prononcer… En cela, je vous témoigne tout mon respect. » La botaniste fronça les sourcils. Du respect ? Mais elle n'avait rien fait de spécial, c'était elle qui respectait – qui admirait – la jeune Sykes. C'était elle qui avait risqué sa vie à de nombreuses reprises afin de protéger le monde des sorciers, afin de rendre la justice à ceux qui avaient souffert de terribles pertes. Elle n'eut pas le temps de lui dire le fond de sa pensée puisque la professeur de métamorphose poursuivit : « Eden Sykes, professeur de métamorphose, mais vous le savez déjà sûrement au vu de vos mots. Désolée pour… L’odeur, le comportement que reflète le fait que je sois en train de fumer alors que vous vous présentez à moi. Mais j’ai autant de respect pour vous que j’en ai pour la plante qui a donné ses feuilles pour les laisser s’envoler au vent, je suppose qu’au vu de votre profession, c’est tolérable… Enfin. » Un petit sourire apparut à nouveau chez la brune. Tolérable ? Elle n'en était pas certaine. L'amour qu'elle portait aux plantes était tel que s'en servir pour fumer n'était sans doute pas la meilleure chose à faire. Mais... Prudence ne pouvait rien reprocher à sa collègue, elle-même fumait. Habitude qu'elle tenait de sa mère. Et même si elle connaissait les effets du tabac sur le corps humain, elle ne pouvait s'empêcher de le faire. C'était l'un de ses petits péchés qu'elle n'avait jamais réussi à rayer de son quotidien. « Je vous offre un thé, un fruit, quelque chose ? Loin de moi la volonté d’être intrusive, mais… Vous faites mine d’avoir besoin de lever le pied, au moins quelques instants. » « Un whisky ? » Voilà la première pensée qui traversa l'esprit de l'enseignante. Mais heureusement, elle avait réussi à tenir sa langue, quelle image aurait-elle renvoyée après une telle demande ? Elle adressa un sourire poli à sa collègue et lui demanda avec douceur – une douceur qu'elle n'avait pas eu depuis une éternité – et en souriant : « Je ne dirai pas non à une tasse de thé ». Et puis elle sortit de l'une de ses poches son paquet de cigarettes et demanda : « Comme vous fumez, m'autorisez-vous à faire de même dans votre bureau ? » Comme cela ne semblait pas déranger Eden, et après avoir obtenu son accord, Prudence alluma une cigarette et se dirigea vers la fenêtre. Un silence s'installa, mais pour une fois, il n'était pas pesant, du moins, pas pour Prudence. Elle observait le parc et les étudiants qui déambulaient, tout en cherchant ses mots. La première chose qui lui vint en tête concerna la catastrophe qu'elle avait dû gérer quelques minutes plus tôt. « Un élève a déclenché un orage dans les serres... Selon lui, c'était plus simple et efficace pour arroser toutes les plantes. » Une pointe de sarcasme se fit entendre tandis qu'elle levait les yeux au ciel. Par moments, Prudence était affligée. Elle était à l'université pas à Poudlard. Ce genre « d'accidents » n'était pas sensé arriver. Elle nota dans un coin de sa tête qu'il fallait qu'elle vérifie les résultats de cet étudiant dans les autres disciplines. Sans doute n'avait-il pas sa place dans cet établissement. Alors qu'elle expirait une nouvelle bouffée de tabac, elle poursuivit : « Veuillez m'excuser pour l'intrusion. Je dois admettre que je n'ai pas réfléchi avant de pénétrer dans votre bureau, mais... » la jeune femme marqua une pause afin de choisir les bons mots. Elle n'osait pas regarder Eden dans les yeux, bien trop intimidée mais aussi gênée. Finalement, elle poursuivit : « mais j'avais besoin de vous voir, de mettre un visage sur votre nom. Et puis, je crois que j'avais besoin de vous remercier. » Finalement, elle tourna son visage en direction de la métamorphomage, la regarda dans les yeux et avec sincérité, acheva : « Donc merci, mademoiselle Sykes. Du fond du cœur. » Et un poids sembla s'échapper de la poitrine de Prudence.
- InvitéInvité
Re: Reconnaissance éternelle - Eden Sykes
Mar 5 Fév 2019 - 12:26
C’est en la voyant chercher un balai du regard que je comprenais le sérieux de son engagement. Bien, soit, elle fait au moins preuve de bonne foi, je ne lui ferais pas l’affront de la regarder nettoyer ma salle. Je m’en occuperai plus tard. En tous les cas, le temps m’a appris à être moins exigeante en termes de propreté. Passer des nuits en filature dans des bois humides, dormir dans des campements vétustes, des entraînements difficiles, m’ayant presque fait supplier le mot « douche » tant l’hygiène manquait. Avoir passé d’une part les concours d’entrée au poste d’Auror, d’autres part, les entraînements militaires de pays extrêmement rudes. Russie, Japon, Chine, Israël, légion étrangère française, forces spéciales américaines, forces armées révolutionnaires de Colombie… L’expérience du « sale » ne me dérange plus, depuis le temps.
J’étais cependant intéressée par le fait que spontanément elle n’ait usé de magie. Elle aussi, à sa manière, sait « se salir les mains », ou du moins à le gout de l’effort. A ma poignée de main, j’observais non pas une collègue, mais un individu pour lequel ma curiosité vient de se poser inexorablement. Malgré son état certes peu… Enviable. Sa main était un peu moite, et son regard peut-être perdu. Que cherche-t-elle ? Du réconfort ? A communiquer quelque chose ?
A communiquer, bien évidement. Elle acceptait donc ce thé, preuve peut-être d’une curiosité réciproque. Ma foi… Tandis qu’elle demandait l’autorisation, je ne pu reteindre un rire, léger, mais doux et relativement bienveillant, bien loin de toute forme d’ironie ou de sarcasme.
« Faites donc, je vous en prie. »
Venant lentement me rapprocher de mon bureau, je clignais des yeux, en humant lentement les odeurs de sa cigarette, acquiesçant vaguement avant de m’agenouiller pour aller farfouiller dedans, des bruits de bouteilles se faisant entendre alors que je finis par relâcher le fruit de mes recherches.
« Ah, la voilà. »
Fis-je en sortant la bouteille, sans marque, rempli d’un liquide brun, couleur bois. Une couleur élégante, pour une bouteille pourtant trop simple, montrant un travail artisanal, sortant deux verres pour en remplir le fond, venant ensuite les poser sur le rebord de fenêtre, venant m’y asseoir, largement assez grand pour deux, mes jambes se balançant dans le vide.
« C’est du fait maison, ça fait ressortir à merveille les arômes de tabac. C’est peut-être un peu… Costaud, mais j’ai l’impression que vous en avez besoin. J’ai eu ça en Normandie il y a quelques années. »
Je ne pu m’empêcher de rire en écoutant la suite. Un élève qui déclenche un orage… Le sarcasme de la jeune femme m’amusait, alors que je buvais une gorgée du breuvage, fermant les yeux à la brûlante douceur qui se répartissait à mes papilles, et que je sentais s’écouler dans ma gorge. Tirant une nouvelle latte sur ma cigarette, je redécouvrais de nouveaux arômes plus subtils. Cet alcool me surprenait à chaque fois…
Le temps de réagir, elle avait déjà changé de sujet. Plus sincère. Elle n’a pas réfléchit… ? Son cœur s’est exprimé pour elle, donc. Je laissais disposer un silence, posant mon regard vers elle, un peu avant. Son minois paraissait un peu perdu, timide, peut-être. Le mien était tendre. Disposait de quelque chose de presque maternelle. Elle est certes, surement plus jeune que moi, mais… Comment dire…
Lorsque notre regard se croisait, à nouveau, ce sourire attendris s’élargissait, vaguement. Mais là, les choses se complexifiaient. Comment agir ? Comment rebondir ? Devais-je me montrer maternante, ce qui pourrait être extrêmement insultant ? Ou ferme, ce qui pourrait se montrer inhumain ? Je ne suis plus ce genre de personnes qui réfléchissent les relations humaines avec l’esprit, naturellement, j’avais envie de l’enlacer. De murmurer à cette femme que je ne connaissais clairement pas « je vous en prie, reposez-vous, maintenant ». Mais rien n’en fit, pas une question de timidité, mais de bienséance.
Lentement, ma main vint effleurer son épaule, d’une rare douceur venant de moi, chaleureuse, consciente par les expressions de son visage de son soulagement, mes prunelles, elles, soudainement, se mirent à émettre une lueur blanchâtre et mon visage semblait se détendre. Cette lumière, malgré son absence de chaleur, avait quelque chose de beau, quelque chose de doux, semblable au brillant d’un diamant, émettant sa propre lumière, éclairant vaguement Prudence.
« Même si on ne se connait que peu, vous n’imaginez pas à quel point votre soulagement me touche, Madame Bellevue. Je vous remercie à mon tour, de vous permettre de continuer d’avancer face à une épreuve si rude, peut-être pour une petite partie grâce à moi. Cela me permet à mon tour d’alléger les affres d’un passé trop lourd, bien que… Je pense très différent. »
Détournant un instant le regard, je tirais une taffe sur ma cigarette tout en libérant son épaule, avant de me replonger inexorablement vers elle, mon regard un peu plus terre à terre, peut-être, évitant de me laisser envahir par mes émotions.
« Si… Vous ressentez le besoin, d’en savoir plus, de détails, quels qu’ils soient, n’hésitez pas. Mais sachez surtout que mon bureau est toujours ouvert. Je ne vous ferai pas l’affront de chercher à vous comprendre en votre regard. Mais… Tant une peine gigantesque semble vous ronger, il semble en aller de même pour une grande forme de solitude. Alors, si je peux vous aider d’une façon quelconque… Je veux dire… Je ne crois pas que beaucoup d’autres membres du corps enseignant ne soit fumeurs, et je ne crois pas au hasard, peut-être qu’une part de vous émet un léger appel à l’aide ? »
Secouant la tête, lentement, je reprenais en buvant une gorgée du breuvage.
« Veuillez accepter mes excuses, j’ai pourtant dis que je ne chercherais pas à vous comprendre… Une curiosité naturelle, je crois. Malsaine, j’en conviens. »
J’étais cependant intéressée par le fait que spontanément elle n’ait usé de magie. Elle aussi, à sa manière, sait « se salir les mains », ou du moins à le gout de l’effort. A ma poignée de main, j’observais non pas une collègue, mais un individu pour lequel ma curiosité vient de se poser inexorablement. Malgré son état certes peu… Enviable. Sa main était un peu moite, et son regard peut-être perdu. Que cherche-t-elle ? Du réconfort ? A communiquer quelque chose ?
A communiquer, bien évidement. Elle acceptait donc ce thé, preuve peut-être d’une curiosité réciproque. Ma foi… Tandis qu’elle demandait l’autorisation, je ne pu reteindre un rire, léger, mais doux et relativement bienveillant, bien loin de toute forme d’ironie ou de sarcasme.
« Faites donc, je vous en prie. »
Venant lentement me rapprocher de mon bureau, je clignais des yeux, en humant lentement les odeurs de sa cigarette, acquiesçant vaguement avant de m’agenouiller pour aller farfouiller dedans, des bruits de bouteilles se faisant entendre alors que je finis par relâcher le fruit de mes recherches.
« Ah, la voilà. »
Fis-je en sortant la bouteille, sans marque, rempli d’un liquide brun, couleur bois. Une couleur élégante, pour une bouteille pourtant trop simple, montrant un travail artisanal, sortant deux verres pour en remplir le fond, venant ensuite les poser sur le rebord de fenêtre, venant m’y asseoir, largement assez grand pour deux, mes jambes se balançant dans le vide.
« C’est du fait maison, ça fait ressortir à merveille les arômes de tabac. C’est peut-être un peu… Costaud, mais j’ai l’impression que vous en avez besoin. J’ai eu ça en Normandie il y a quelques années. »
Je ne pu m’empêcher de rire en écoutant la suite. Un élève qui déclenche un orage… Le sarcasme de la jeune femme m’amusait, alors que je buvais une gorgée du breuvage, fermant les yeux à la brûlante douceur qui se répartissait à mes papilles, et que je sentais s’écouler dans ma gorge. Tirant une nouvelle latte sur ma cigarette, je redécouvrais de nouveaux arômes plus subtils. Cet alcool me surprenait à chaque fois…
Le temps de réagir, elle avait déjà changé de sujet. Plus sincère. Elle n’a pas réfléchit… ? Son cœur s’est exprimé pour elle, donc. Je laissais disposer un silence, posant mon regard vers elle, un peu avant. Son minois paraissait un peu perdu, timide, peut-être. Le mien était tendre. Disposait de quelque chose de presque maternelle. Elle est certes, surement plus jeune que moi, mais… Comment dire…
Lorsque notre regard se croisait, à nouveau, ce sourire attendris s’élargissait, vaguement. Mais là, les choses se complexifiaient. Comment agir ? Comment rebondir ? Devais-je me montrer maternante, ce qui pourrait être extrêmement insultant ? Ou ferme, ce qui pourrait se montrer inhumain ? Je ne suis plus ce genre de personnes qui réfléchissent les relations humaines avec l’esprit, naturellement, j’avais envie de l’enlacer. De murmurer à cette femme que je ne connaissais clairement pas « je vous en prie, reposez-vous, maintenant ». Mais rien n’en fit, pas une question de timidité, mais de bienséance.
Lentement, ma main vint effleurer son épaule, d’une rare douceur venant de moi, chaleureuse, consciente par les expressions de son visage de son soulagement, mes prunelles, elles, soudainement, se mirent à émettre une lueur blanchâtre et mon visage semblait se détendre. Cette lumière, malgré son absence de chaleur, avait quelque chose de beau, quelque chose de doux, semblable au brillant d’un diamant, émettant sa propre lumière, éclairant vaguement Prudence.
« Même si on ne se connait que peu, vous n’imaginez pas à quel point votre soulagement me touche, Madame Bellevue. Je vous remercie à mon tour, de vous permettre de continuer d’avancer face à une épreuve si rude, peut-être pour une petite partie grâce à moi. Cela me permet à mon tour d’alléger les affres d’un passé trop lourd, bien que… Je pense très différent. »
Détournant un instant le regard, je tirais une taffe sur ma cigarette tout en libérant son épaule, avant de me replonger inexorablement vers elle, mon regard un peu plus terre à terre, peut-être, évitant de me laisser envahir par mes émotions.
« Si… Vous ressentez le besoin, d’en savoir plus, de détails, quels qu’ils soient, n’hésitez pas. Mais sachez surtout que mon bureau est toujours ouvert. Je ne vous ferai pas l’affront de chercher à vous comprendre en votre regard. Mais… Tant une peine gigantesque semble vous ronger, il semble en aller de même pour une grande forme de solitude. Alors, si je peux vous aider d’une façon quelconque… Je veux dire… Je ne crois pas que beaucoup d’autres membres du corps enseignant ne soit fumeurs, et je ne crois pas au hasard, peut-être qu’une part de vous émet un léger appel à l’aide ? »
Secouant la tête, lentement, je reprenais en buvant une gorgée du breuvage.
« Veuillez accepter mes excuses, j’ai pourtant dis que je ne chercherais pas à vous comprendre… Une curiosité naturelle, je crois. Malsaine, j’en conviens. »