Quelle belle journée ! Et comment mieux la commencer qu'en étant entouré de plantes dès les premiers rayons du soleil ? Certes, il faisait un peu froid et la plupart des élèves étaient à moitié endormis, la tête encore toute embrumé de sommeil. Mais tu n'étais pas de ce genre, du moins pas aujourd'hui. La botanique rythmais ta vie, c'est donc avec une joie à peine dissimulée que tu entre, pimpante, dans les serres, plus fraîche et éveillée que jamais. Cette journée allait être absolument fabuleuse, tu le sentais ! Fawn Hansberry, incollable sur ce sujet, c'est bien la seule fois où tu pourrais discuter passionnément de plantes sans que ton interlocuteur te prenne tout à fait pour une espèce de cinglée.
Néanmoins tu ne prends pas la parole tout de suite, préférant laisser aux autres une chance de parler sur le sujet, intéressée par leurs réponses. Il n'y avait pas qu'en écoutant les professeurs que l'on pouvait apprendre après tout.

"On les appelle souvent "Esprits de la foret" dans les mythologies moldues mais ils peuvent aussi être trouvés dans d'autres milieux boisés. D'ailleurs on appelle souvent les plantes qui poussent naturellement dans ces milieu des "plantes sylvestres" comme la grande Mauve par exemple."

Tu sais que tu as parlé de façon passionnée, tu sais également que tu as bien fait de t'arrêter là, c'est déjà bien assez d'informations en si peu de mots. Tu espère cependant que tes informations sont bonnes, tu n'aimerais pas décevoir ce professeur et encore moins ta réputation de "folle aux fleurs". Serait-ce là un soupçon de syndrome de l'imposteur ? Va savoir, en attendant, ce cours est tout à fait passionnant.

Je s'appelle Groot

Lorsqu’Anna avait pris la parole, elle n’avait pas hésité. Contrairement aux autres étudiants, elle n’avait pas dit « il me semble » et encore moins « si je ne me trompe pas », car elle savait que ce qu’elle disait était correct. Certes elle ignorait d’où provenait cette plante et elle ne connaissait que peu de choses à son sujet, mais elle était persuadée que l’information qu’elle avait donnée concernant son utilisation pour la réalisation de potions était juste. Et pourtant, il fallait croire que cela n’était pas suffisant aux yeux du professeur qui accorda des points à un Lufkin mais pas à elle.

Pis sinon, ça vous casserait le cul d’être impartial quand vous distribuez des points ?

Ça, c’est ce qu’Anna aurait bien voulu lui balancer en pleine face, mais elle garda le silence, se contentant de serrer la mâchoire et d’adresser un regard noir au professeur.  S’il lui avait fait un coup pareil deux semaines plus tôt, elle n’aurait pas été capable de se retenir. Heureusement pour lui, et pour elle aussi (sans doute), même si la Nouvelle Lune lui faisait ressentir plus fortement ses émotions, elle parvenait encore à garder ses remarques pour elle, contrairement aux périodes de Pleine Lune. C’était puéril de réagir ainsi et de s’énerver pour si peu, mais elle n’y pouvait pas grand-chose.

Se levant, elle prit une profonde inspiration pour se calmer. Ce n’était pas son genre de faire des vagues en cours… Du moins, par le passé. Beaucoup de choses avaient changées suite à l’attaque qu’elle avait subie. Se concentrant, elle parvint à afficher un air neutre sur son visage : cette même neutralité qu’elle adoptait lorsqu’elle jouait au poker et qu’elle comptait les cartes. Elle devait faire comme si de rien n'était, et elle était très forte à ce jeu-là. S’approchant des Sylvesters tout en ignorant royalement le professeur, elle observa un instant les plantes qui lui faisaient face et qui émettaient un léger piaillement.

Anna s’apprêtait à s’emparer d’un pot lorsqu’elle remarqua qu’un Sylvester semblait la fixer. Suivant son instinct, elle changea d’avis pour choisir la plante qui était apparemment intriguée par sa personne. Elle vit alors que c’était sa chevelure qui avait attiré l’attention de la plante. Prenait-elle sa tignasse frisée pour le feuillage d’un arbre ? Pensait-elle qu’Anna était un feuillu ? Cette pensée la fit sourire et la mena à oublier momentanément sa rancœur envers son professeur. Alors qu’elle retournait à sa table, elle aperçut le Sylvester qu’elle transportait porter son attention vers une table vide baignée de soleil. Elle comprit immédiatement :

« Ah ! Tu veux de la lumière ? Ok… Alors je vais changer de place ! »

Elle déposa son pot sur la place ensoleillée qui se trouvait juste à côté de la table à laquelle était assise entre autres @Elsbeth Ballarini, une brune ténébreuse aux grands yeux clairs, puis elle alla chercher ses affaires. Une fois installée, elle s’assura que le pot n’était pas trop proche du bord de la table : après tout, les plantes n’étaient pas vraiment faites pour vivre en hauteur… Tout en enfilant ses gants de protection, elle engagea la discussion avec le Sylvester qu’elle avait choisi. Elle lui expliqua en parlant tout bas qu’elle souhaitait devenir fabricante de baguettes magiques. Elle compléta cette information par ces mots :  

« Et c’est pour ça que j’ai choisi cette option : j’aimerais découvrir tout ce qu’il y a à savoir sur la flore, parce que je ne m’imagine pas vraiment capable d’arracher à un arbre l’une de ses branches… Je trouve ça barbare ! »

Elle poursuivit son monologue en mentionnant entre autres son admiration pour les arbres et le fait qu'elle tenait à les respecter autant que possible. Anna ignorait si son Sylvester comprenait ce qu’elle lui disait, mais elle imaginait que c’était comme avec les enfants : ils comprennent plus qu’on ne le pense. Tout ce qu’elle pouvait constater, c’était que sa plante semblait boire ses paroles. Elle n’aurait jamais cru que sa chevelure lui vaudrait une telle admiration de la part d’un végétal. La Grymm expliqua à ce dernier qu’elle allait, s’il le voulait bien, lui retirer les pucerons et les petits insectes qui l’affaiblissaient. Elle lui promit que cela n’allait pas lui faire mal et, ignorant encore la procédure à suivre, elle s’adressa à @Elsbeth Ballarini :

« Excuse-moi… Est-ce que tu sais si ce qui nous sert de professeur va nous expliquer comment on doit s’y prendre ? »

De toute évidence, sa rancœur envers Monsieur Fraser n’avait pas encore disparue. Son Sylvester lâcha un piaillement joyeux qu’Anna comprit comme étant un rire. Elle ignorait cependant s’il était dû à ce qu’elle avait dit ou au fait que sa tignasse avait bougé sur sa tête lorsqu’elle l'avait tournée pour s’adresser à sa camarade. Elle ne put empêcher un sourire d’apparaître aux coins de ses lèvres. La Pokeby à laquelle elle s’était adressée lui disait vaguement quelque chose… Où avait-elle bien pu la croiser ? Dans les couloirs d’Hungcalf ? A Inverness ? Ou encore à Beauxbâtons ? Elle n’en savait trop rien…