27.10.20 | confide in me, you know you can trust me ft. @juliet blackthorn

La fin du mois approchait à grands pas et Peter n’avait toujours pas revu sa cousine Juliette. Les deux compères passaient pourtant d’ordinaire la majeure partie de leur temps ensemble. Les choses avaient décidément bien changé depuis que la blondine s’était vue promise à un bellâtre français dont les dents étaient plus blanches que la neige immaculée un soir de pleine lune. La jeune fille avait sans doute moins de temps à accorder à son cousin le libertin (les joies des fiançailles arrangées, que voulez-vous ?). Bien sûr, le Drummond savait pertinemment qu’il se voilait la face en se racontant ces mensonges ; il souhaitait se donner bonne conscience, rien de plus. Si le garçon avait été en mesure de rencontrer le fiancé de la belle épine, il n’était pas inenvisageable de l’avoir retrouvée elle aussi. Alors pourquoi avait-il tant tardé à lui envoyer un message ? Lui qu’il fallait souvent freiner tant ses élans étaient nombreux et précipités ! Sans doute parce qu’une petite voix lui susurrait chaque soir à l’oreille qu’il était un fieffé menteur juste avant que ses yeux ne se ferment. Ils étaient amis, rien d’autre ! Le cousin protecteur avait surtout voulu tâter le terrain et voir si ce Maximilien était digne de confiance. Il n’était qu’un preux chevalier pris du complexe de l’imposteur. Yes, that must be it!

Il y avait d’abord ce message d’Elsje qui l’avait interpellé ; la blondine avait proposé un rendez-vous à quatre. Peter avait dû relire le message deux fois afin de s’assurer qu’elle parlait bien d’un dîner en compagnie de Juliette et de Maximilien. Les petits ressentiments entre les deux jeunes filles les avaient suffisamment tous amusés pour qu’il ne puisse en nier l’existence et il était bien étrange que la belle De Booij fasse une telle proposition – pire encore, qu’elle réponde oui pour eux deux ! Anguille sous roche, éléphant sous feuille, bref, quelque chose ne tournait pas rond depuis que Leroy avait mis ses deux sabots et était entré les deux pieds dans le plat !

Incapable de faire le mort plus longtemps, le garçon avait promptement répondu au message de Juliet. Elle lui avait déclaré avoir passé une journée délicieuse en la compagnie de son fiancé et la nouvelle l’avait fait grimacer. Allez savoir pourquoi… Malgré tout, Peter s’était efforcé de paraître enjoué pour elle et lui avait demandé quelques explications. Réservée – même pour lui – elle s’était contentée de lui répondre que c’était une chose indescriptible avant de lui demander de l’aide pour l’annonce à William. Les yeux du jeune homme avaient roulé dans leurs orbites sitôt qu’il avait terminé de déchiffrer son sms ; autant dire de suite que si elle n’avait pas été sa cousine préférée, Peter l’aurait laissé se débrouiller toute seule, très peu pour lui. Au lieu de cela, il avait tardé... Un peu trop pris ses aises et puis lui avait répondu quelques semaines plus tard. Le cousin ingrat lui avait alors proposé de se rencontrer (comme au bon vieux temps…), argumentant que ce serait peut-être plus simple pour eux d'en discuter. Ses doigts avaient à peine terminé de pianoter sur le grand écran illuminé de son téléphone que la réponse de Juliette se fit savoir : elle était partante.

Shit! Peter venait de jeter un coup d’œil autour de lui. Il n’avait pas mis les pieds dans son antre depuis plusieurs jours – le garçon avait été très occupé à squatter ici et là dans la colocation pour ne jamais se trouver seul. Il était grand temps de sortir sa baguette magique pour faire un brin de rangement.

1 à 3 Le sortilège ne fonctionne pas et Peter se retrouve à devoir ranger son bazar tout seul, à la Moldu. Autant dire tout de suite qu’il va être bougon le garçon ! Et dire qu’il faut encore qu’il leur trouve de quoi manger. Non parce que le frigo est plus vide que cette relation factice et forcée (#MariageArrangé), bien évidemment !
4 à 6 Le sortilège du Récurage nettoie l’appartement tout entier et Peter se lève de justesse avant que le canapé ne l’avale tout entier pour se défroisser. Il ne lui reste plus qu’à commander un bon petit piquenique et le tour sera joué.
Ce dé n'est pas existant.

Levant les yeux au ciel, le jeune homme implora sa cousine d’avoir une demi-heure de retard et transplana dans une ruelle non loin de là ; il fallait commander et vite. Elle n’allait pas tarder à arriver.

Un bruit sec annonça son retour soudain dans l’appartement muré de briques factices. Il faisait doux ce soir. Aussi, Peter décidé d’enfiler une petite laine bleue par-dessus sa chemise rose poudrée. Les pieds nus et en tailleur sur le canapé, le garçon avait abandonné le panier de victuailles sur le comptoir de sa cuisine ; elle ne servirait pas non plus ce soir. One day, maybe…

27.10.20 | confide in me, you know you can trust me ft. @juliet blackthorn

Un nouveau craquement annonça l’arrivée de quelqu’un dans l’appartement ; Peter put entendre le bruit du parquet qui craquait, lui aussi, derrière lui alors que ses yeux s’attardaient sur l’immense horloge accrochée sur le mur entre deux fenêtres. She’s on time. Of course, she always is. Contrairement à lui, la jeune fille prenait bien garde à l’image qu’elle renvoyait au monde et faisait partie des personnes les plus ponctuelles qu’il lui ait été donné de rencontrer à Hungcalf. Ses poumons se gonflaient encore un peu trop rapidement pour qu’il ait totalement regagner son calme mais il sourit franchement en l’entendant marcher vers la cuisine. Il n’eut pas besoin de mentir lorsqu’il déclara sa joie de la voir.

“Hello you… I’m so happy too.”

Peter se redressa sur le canapé et l’invita à le rejoindre après qu’elle ait déposé ses petits cadeaux sur l’îlot central de la cuisine. Sentant l’étreinte de sa cousine debout derrière lui, il oublia un instant la raison pour laquelle il l’avait quelque peu évitée ces dernières semaines et respira son parfum sucré et fleuri. Le jeune homme porta sa main sur le coude de la jeune femme, il pivota sa tête pour déposer un baiser sur sa joue rosée.

“Make yourself comfortable! Can I offer you a drink?”

Il ne se leva pas tout de suite mais déplia ses jambes pour les ancrer au sol tandis qu’elle prenait place à ses côtés.

“You look stunning”, il commença, “but also like you need to talk. Let me pour you some wine!”

Le garçon ébouriffa les cheveux de sa cousine préférée et sauta du canapé pour marcher sur le parquet chaud jusqu’à la cuisine où il saisit deux verres à pied.

“Long time no see! I think the last time I saw you was at your engagement party! How’s school going?”

Small talk… Avant tout, il s’agissait de briser la glace et de retrouver l’aisance avec laquelle ils discutaient et se confiaient d’ordinaire.

“Maybe you’d like a lemonade instead?”, demanda-t-il en voyant les bouteilles qu’elle avait déposées là.

Il prit un autre verre et fit apparaître des glaçons dans le verre avant d’y verser la boisson gazeuse. Une bouteille de bière dans la main – il changeait d’avis plus vite que son ombre – et le verre de la belle dans l’autre, il la rejoignit sur le canapé.

“Are you okay, Sweet Pea?”

Elle semblait plus réservée que jamais.

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Peter émit un grognement en riant lorsqu’il entendit sa cousine affirmer que l’alcool ne ferait pas bon ménage avec elle ce soir. D’aussi loin que sa mémoire d’homme s’en souvienne, le jeune homme ne l’avait jamais vu boire déraisonnablement ; elle incarnait à elle seule toutes ces valeurs chéries par les membres les plus conservateurs de leur grande famille. Il avait toutefois tendu le verre frais à la jeune fille cachée derrière son coussin avant de s’asseoir à ses côtés et de trinquer pour faire tinter leurs deux récipients en verre. Aussitôt, il renversa le cul de la bouteille pour engloutir une longue gorgée du liquide blond et malté. Les bulles chatouillèrent sa gorge en glissant dans son œsophage mais Peter reporta très vite son attention sur une toute autre bulle ; l’étudiant s’enquit d’abord de ses études pour détendre l’atmosphère. La rentrée avait eu lieu près d’un mois auparavant et les premières semaines étaient souvent décisives sur le reste de l’année. Peter ne se faisait pas tellement de soucis pour sa cousine chérie qui figurait parmi les meilleures élèves de son cursus mais les événements récents auraient pu secouer la jeune fille et lui faire passagèrement perdre pied. Le garçon hocha la tête en l’entendant affirmer que tout se déroulait comme sur des roulettes mais ferma les yeux de manière théâtrale lorsqu’elle s’exclama en riant que c’était sans doute la seule chose qui allait encore dans sa vie avant de lui retourner la question.

“Aren’t I supposed to be the Drama Queen for this entire family? Like… Come on! I’m sure things aren’t so depressing…”, il lui mit un petit coup de coude dans l’aile avant de répondre à son tour : “Well, I’m doing alright. Mother still is completely panicked at the idea of me doing anything else than what she’d expected – like fours years from now – but otherwise, things have been doing alright.”

Rien de neuf sous les étoiles, en somme. Apart from me meeting up with your boyfriend and having a drink with him without your approval… Nope, everything’s completely alright! Le garçon l’imita, rit et but une gorgée de sa bouteille élancée pour se donner une contenance. Même sous ses rires cache-misère, Peter avait perçu un malaise plus grand qu’elle ne voulait bien le laisser paraître. Il était de son devoir de cousin et ami de lui demander comment elle se sentait vraiment. Les pièces du puzzle retrouvaient leurs places et tout s’imbriquait à nouveau ; qu’il était bon de retrouver Juliet !

“Oh, Sweet Pea!”

Peter fit rouler la bouteille dans son autre main et passa son bras dorénavant libre sur les épaules de sa cousine tout en épiant la nuit par la fenêtre fermée qui leur faisait face.

“You don’t know how to feel… That’s alright. It makes sense, actually. Is it about Leroy? You said you went on a date, haven’t you?”

Il déglutit pour faire passer le chat dans sa gorge et tourna les yeux vers elle pour mieux l’observer. She knows… She hates me… I was out of line. Does she know?

“How was it? More than alright if I recollect your texts perfectly! It’s okay to feel bad about William and all… You guys shared something and now you’re… well, engaged to someone else. Can I just say that I support you and all but that it’s pure madness?”

De son propre point de vue, il était difficile de savoir qui des deux il tentait de convaincre le plus.

“Not helping, sorry. Well… Is that it? Isn’t he gorgeous? You can’t see yourself with him?”

Être avec lui, l’aimer, ce n’était pas tout à fait la même chose. Même Peter aurait dû s’en rendre compte. Il l’avait d’ailleurs fait lorsqu’ils avaient échangé quelques confessions autour d’une eau tonique qui lui semblait maintenant plus amère à la seconde.

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Cul et chemise il y a encore deux mois, il était bien plus aisé de retrouver le jeune Drummond en compagnie de Juliet que dans son propre appartement ou dans feu sa chambre d’étudiant sur le campus. Le garçon avait la bougeotte, prétendait avoir mille choses à faire quand il fuyait simplement la solitude à tout prix. Juliette faisait partie des rares personnes à réussir à l’ancrer à bon port ; elle captait son attention qui sans cesse changeait et virevoltait d’une branche à l’autre, fragiles. Content d’avoir mérité la réputation qu’il s’était sans aucun doute créée dans la famille, le jeune homme gloussa de nouveau en entendant les réconforts de sa cousine.

“What do you mean? I’m a god! That’s the end of it!”

Le jeune homme prit une gorgée, gloussa et manqua de s’étouffer avec la mousse qui s’infiltrait dans ses poumons et le narguait sur le goulot de la bouteille. Ses éclats se calmèrent bientôt pour lui permettre d’interroger la jolie tête blonde perturbée qui se tenait presque recroquevillée sur son canapé. Peter voulait comprendre et fit la liste des choses qu’elle pouvait reprocher à son fiancé. The lad took her twice on a freaking date already? What’s he? Just gone out of prison, hasn’t he? La future mariée avait même eu le droit au meilleur du romantisme : une visite privée de la ville la plus romantique du monde faite par un bel Apollon français. Vraiment, il avait du mal à comprendre où Juliette voulait en venir. Maybe it’s just too good to be true… She’s probably got into her hear she’d have a miserable marriage or something. Après tout, rares étaient les unions arrangées qui débouchaient sur un amour véritable. Peter repoussa l’idée d’une telle association entre Juliette et son Français pour songer plutôt à Evan – le lucky chap avait trouvé dans cet arrangement une fiancée des plus incroyables et ne se trouvait pas défavorisé dans l’affaire. Sweet Pea avait peut-être encore un peu de mal à entendre que cette abomination n’en était tout simplement pas une. Heureusement pour elle, le jeune homme n’était pas le dernier à comprendre cette incohérence ; lui-même refusait d’admettre que les arrangements matrimoniaux avaient parfois du bon. L’évidence s’était pourtant présentée à lui lorsqu’il avait accompagné sa cousine aux fiançailles qui s’étaient tenues en France dans la maison de famille des Leroy. La justesse de cette réalisation l’avait frappé en plein visage et son cœur s’était accéléré en apercevant le promis.

“And?”

Le sorcier buvait les paroles de la jeune femme, la bouteille de bière figée sur ses lèvres endormies. Elle réfléchit et se ravisa pour préciser la teneur de ses compliments, lui donnant le baiser de la mort. Nice… He’s nice? The poor fella! Cela ne présageait jamais rien de bon pour le pauvre garçon qui s’était vu affublé de ce sobriquet enjolivé. Maximilien ne la soulevait pas de Terre, ne l’emportait pas suffisamment dans son monde pour faire cesser de battre son cœur timide. But… he’s… He is charming! What’s wrong with you? Peter fronça des sourcils en silence et termina sa bouteille pour se donner une contenance alors que ses méninges remuaient à la vitesse de la lumière pour tirer cette histoire au clair. Le grand brun s’étira et retira un instant son bras des épaules de sa cousine pour se pencher en avant et déposer la bouteille vide sur la table basse. She really is infatuated with the Lufkin, isn’t she? Peter s’en voulut de ne pas l’avoir compris plus tôt. Son cœur lui criait d’aider Juliette à creuser la tombe de sa relation naissante avec Maximilien mais son cerveau le rappelait à l’ordre.

“Wow… all that, uh?”, demanda-t-il presque aussi gêné qu’elle. “So why is it you look so disappointed? No butterflies?”

Le jeune homme ramena ses genoux à son torse et pivota vers elle pour se nicher sur le canapé.

“They can take some time to fly, you know?”

Sa main vint masser son épaule dégagée du canapé d’une poigne forte et enveloppante, rassurante.

“At least, that’s what I heard”, il plaisanta. “How has William reacted? Don’t you think this has to do with the way you feel now? Was he hurt? I mean, for real?”

27.10.20 | confide in me, you know you can trust me ft. @juliet blackthorn

Une réputation à défendre pour briller plus fort et les faire rire jusqu’à oublier sa nature, celle-là même qui lui avait sûrement valu des jugements par centaines de la part des patriarches de la famille. Dans sa malheureuse bonne fortune, Peter avait pu compter sur la présence exceptionnelle et souvent indiscrète de sa mère – elle-même semi-vélane, la maman avait redoublé d’ingéniosité et de charme pour faire accepter à tous le statut si particulier du garçon et les placer là où ils ne seraient plus en mesure de faire douter Peter. La harpie ne connaissait que trop bien la malédiction qu’encourait tous les descendants d’une Vélane ; jamais sûrs, jamais certains qu’on les aimait pour ce qu’ils étaient, ils étaient en proie au désespoir jusqu’à ce qu’un beau jour leur désigne l’être aimé et exceptionnel, capable de les aimer dans leur entièreté. Aucun Blackthorn n’avait jamais craché le secret ; jamais devant âme qui vive. Le garçon n’avait fait que rejoindre la liste sûrement impressionnante des secrets de l’illustre famille. Alors, même si son pouvoir d’attraction agissait autrement sur les membres de sa famille attirés par la gente masculine, Peter appréciait de passer du temps avec les plus ouverts d’esprit d’entre eux. Sous ses airs de jeune ingénue, de gentille jeune fille, bien sur tous les points, Juliette avait un cœur en or et était la fille la plus tolérante qu’il ait jamais rencontrée.

Elle lui concéda son titre de divinité sur Terre et tout rentra finalement dans l’ordre. Le jeune homme ne put retenir un regard qui, triomphant, lui criait qu’il avait toujours raison. La diva se redressa pourtant dans le canapé pour tenter de mettre un terme au tourbillon glacé qui secouait sa cousine. Le jugement fut sans appel, sans pitié. Tués les papillons avant même d’avoir eu le temps de se métamorphoser et de se parer de leurs plus belles ailes. A Danaus Gilippus, that’s what butterfly the French laddie probably is. Un je ne sais quoi and so much dignity in the man. Chassant les papillons envahissant de sa tête, le sorcier fit la moue pour accompagner la réaction découragée de sa cousine. Il avait lui-même posé sa bouteille sur la table et le claquement du verre sur la surface plane l’avait arraché à la bulle dans laquelle Peter s’était perdu – en suspend.

“Mmmh… I see…”

Il s’apprêtait à la rassurer, lui dire que les cocons mettaient parfois du temps à éclore et qu’elle se précipitait peut-être un peu. Elle l’interrompit avant qu’il ne puisse piper mot et se justifia presque en déclarant que le sentiment (or lack thereof) était mutuel. Le palpitant s’activa démesurément pour rattraper le battement qu’il avait manqué. La nouvelle, aussi invraisemblable lui sembla-t-elle, lui réchauffa le corps et étira ses lèvres sur son visage qu’il déguisa en sourire triste. Peter n’y prêta pas attention et choisit la porte de sortie facile : la taquinerie.

“Did he say that, though? He does not look to me the sort of fella who just blurt out what they really think about. Did he say you two were nonsense and do you want me to beat his ass?”

Pour toujours (ou presque) pacifiste, le sorcier s’amusa de sa dernière question ; elle était bien plus jolie et bien plus rayonnante lorsqu’elle riait aux éclats. La plaisanterie tourna court lorsqu’il les fit suivre la piste sinueuse de William. Il lui fallu éteindre les feux d’artifice dans sa tête pour rester empathique. La chose fut moins difficile lorsqu’il la vit se frotter le nez avec habitude. Elle eut à peine commencé sa phrase que Peter tourna la tête vers elle et se pencha en arrière. Guuuurl? What did you do? Une seconde seulement, le sorcier s’imagina Juliet déclarer au garçon – qui était sûrement fou d’elle – qu’elle allait se marier par message ; et avec un autre de surcroit ! Maybe you’re not so innocent aft… Oh. Oh, okay. That’s more like it. William l’avait découvert dans la presse à ragots locale. Le torchon animé faisait le bonheur de ses lecteurs et le malheur de ses trophées. Quitte à souffrir sous la plume ensorcelée, autant la lire et s’octroyer un moment de plaisir – aussi futile et discontinu put-il être.

“Feck… And… Have you two been in touch since then?”

Peter pressa son index sur le petit nez de la jeune fille et sourit.

“You know you don’t have to go through this if you don’t want to… alright? I’ll fight your mother if your need me to – scarier! I’ll fight my mother if I have to!”

Juliet n’était pas sans savoir tout l’amour, le respect et la très juste peur que Peter avait de sa mère en colère. Par le plus grand miracle connu du monde sorcier, il avait échappé au courroux incendier de sa harpie de mère mais avait déjà pu l’observer à l’œuvre. Pire qu’un dragon avec un bras dans la gueule quand elle s’y mettait ! Ses cheveux n’avaient pas la couleur du feu soufflé par les bestioles écaillées pour rien.

“Things will eventually calm down. He will too. You’ll see. Mother told me once you cannot control others – funny eh, coming from the woman! – but you can control how you react to them.”

Il jeta un coup d’œil à la fenêtre et d’une énergie fraichement retrouvée, attrapa la main de Juliet pour l’entraîner sur ses pieds.

“And I say we react to them with stars. What do you think? Let’s have this picnic on the roof? I can summon a blanket and cushions up there. Maybe hot chocolate too.”

27.10.20 | confide in me, you know you can trust me ft. @juliet blackthorn

Les traditions et l’honneur étaient des outils exceptionnels pour manipuler les âmes et les mener exactement là où on les voulait. Les familles de sang-pur usaient et abusaient de cet art depuis des siècles ; il y avait bien sûr eu quelques ratés, il y en avait toujours, mais les réussites étaient telles qu’elles auraient bien eu du tort de ne pas poursuivre la méthode efficace. Juliet Blackthorn et @Maximilien Leroy étaient, malgré eux, sujets à ce procédé qui jouait sur la corde sensible et menaçait de leur faire tout perdre s’ils n’écoutaient pas comme de gentils enfants soldats. Peter se retirait bien vite de la mêlée, trop fier de ne pas avoir déjà été promis à une inconnue pour voir que sa vie avait été toute tracée à l’encre inaltérable. Le semi-Vélane se réconfortait et se berçait d’illusions, pensant naïvement qu’il aurait la force de se désengager de fiançailles dont il n’avait jamais voulu. Une poignée de mois et de semaines suffiraient à faire taire et reconsidérer son orgueil et toute son arrogance. La personnalité du garçon lui donnait toutefois un avantage certain ; il n’avait jamais démesurément cru au Prince charmant, ne s’était jamais véritablement amouraché à l’idée même qu’on puisse lui trouver la perle rare – celle qui le ferait trébucher et tomber.

“Arrrrhh, it doesn’t count! @Ailla Blackthorn wants to kick just about anybody’s ass! I’m making an exception for you here!”, il lui fit un clin d’œil.

Sa cousine était connue pour son caractère d’acier, que rien ne pouvait ébranler – sauf peut-être les agissements disgracieux de Peter.

“No, you couldn’t… We both know that’s a very bad idea anyway. Do you want my mother to teach you a few tricks? Because that evidently worked out very well for her in the course of time!”, il ironisa, paré de son plus beau sourire.

Il faisait référence aux nombreuses histoires que leur avait raconté sa mère, Alice, à l’intimité d’un feu de cheminé ; sa jeunesse avait été ponctuée de nombreux prétendants beaucoup trop audacieux et qu’il avait parfois été difficile de lourder.

“It sounds like a plan… A very tragic one but a plan still.”

Il fit un toast avec sa bouteille vide, pour l’occasion, et éclata de rire pour répondre au ton morose de la petite blonde résolue. What a shame… How wretched… Les yeux embués de larmes, Juliet poursuivit ses explications et mentionna la réaction virulente de William qui, à ses dires, ne voulait plus rien à voir avec elle ; Peter grimaça. One understands the poor lad… Sa situation n’avait rien à envier non plus. Le chagrin dans les deux pupilles tremblantes de sa cousine lui donna du mal au cœur et le jeune homme enlaça la jeune fille pour lui proposer une issue de secours. Elle ignora la remarque et rebondit plutôt à l’idée de grimper à l’étage pour contempler son destin dans les étoiles. Sans plus de cérémonie, la jeune fille se prépara à monter les marches, le panier fermement empoigné et le plaid chaleureusement enroulé autour de ses épaules ; le garçon laissa échapper un gloussement d’aise en la voyant ainsi dressée et s’affaira à son tour pour rassembler les quelques douceurs qu’il lui avait promises. Ils grimpèrent les escaliers et déverrouillèrent la porte qui menait au toit aménagé par la colocation. Peter laissa d’abord passer Juliet et puis fit un geste de sa baguette magique pour faire surgir du néant une grande nappe molletonnée et confortable, une petite dizaine de coussins de tailles et d’épaisseurs diverses. Un nouveau geste, plus franc cette fois, accompagna un Accio maîtrisé et sa bouteille de gin, deux verres et un citron les rejoignirent en planant. Était-ce @Susan Dubois qu’il venait d’entendre râler dans le hall ? Elle avait sûrement évité la carafe bleutée de justesse. Sorry Monica! Peter récupérait le panier des mains de Juliet pour disposer les victuailles sur la nappe mais s’arrêta net pour laisser un rire secouer son corps tout entier ; le liquide transparent s’écrasait en vagues sur les parois de le bel objet en verre.

“What? You don’t seem too pleased! You could try to hide it better, don’t you think?”

Il secoua la tête et dirigea un nouveau Accio en direction de la cage d’escalier ; un autre plaid – il venait de la chambre de @Riley Fraser, celui-ci – vola à sa rencontre et Peter l’attrapa de sa main libre.

“I don’t know what came over her. She just wanted a laugh, I guess. I don’t know, I thought it was funny, the look on all your faces!”, il dut s’interrompre dans son geste car il manquait de renverser le verre qu’il essayait d’emplir. “You and I both know I’m nowhere ready to get married. Or engaged. I prefer leaving that to you lot. I’m what Mother likes to call a Free Spirit!”

Juliet l’avait sûrement joint à l’unisson pour l’affubler du sobriquet qu’Alice aimait tant lui donner et qu’ils avaient entendu un milliard de fois depuis l’enfance.

“And Juliet? I’m very glad you’re there.”

Il lui offrit une nouvelle bouteille de limonade fraîche et s’emmitoufla dans le plaid de @Riley Fraser ; il sourit en sentant l’odeur de cigarette qui s’était sûrement déposée sur la couverture quelques heures plus tôt.

“So, there’s a bit of everything. I got you cookies – you know the ones you like so much. And there’s also savoury things – Vietnamese foods, sushi, pasta from that Italian place down the road… I panicked”, il avoua en souriant. “Are you sure this isn’t a ‘gin night’? There’s no better potion to forget your problems – trust me, tested and approved by yours truly.”

27.10.20 | confide in me, you know you can trust me ft. @juliet blackthorn

Une parle parmi les rochers, Juliet rayonnait d’un sens aiguisé de la justice et se conformait aux attentes dépassées d’une tradition vieille comme le monde débordé. Le garçon s’était proposé pour l’aider ; il pourrait sûrement faire entendre raison à sa propre mère, l’indiscrète tante qui s’était mise en tête de marier la nièce préférée de la famille – as if she needed help! – et qui se croyait toujours dans un roman de Jane Austen. Peter écarquilla les yeux et admira sa cousine qui – finally – faisait une petite remarque coquine et se dévergondait ; c’était sans doute là le travail du sucre qui avait rendu du baume au cœur à la jeune fille désespérée. That limonade must be strong!

“You’re a naughty girl! I was not referring to their… union! GROSS. I was simply thinking they might have good advice! You know, on how to make things do and have a happy marr… okay, this is all coming out wrong now! Thanks for the horrific image.”

Il aimait ses maladresses presque autant que sa candeur ; elle apportait un peu de fraîcheur dans un monde qu’il avait construit sans tabou, sans pudeur.

Dans la fraicheur de l’été qui touchait à sa fin, les deux jeunes gens s’installèrent sur une nappe convoquée pour l’occasion et s’enroulèrent dans la chaleur réconfortante de couvertures plus épaisses l’une que l’autre. L’immeuble offrait une vue incroyable sur la voie lactée et leur promettait une intimité quasi complète, à l’écart des regards indiscrets et du vis-à-vis auquel il était difficile d’échapper dans les rues d’Inverness. Voir sans être vu, boire sans être bu.

“Much better”¸ il commenta non sans ironie.

Boucle d’or était bien plus jolie parée de son plus beau sourire ; la remontrance sembla pourtant fausse tant elle avait roulé sur la langue de Peter qui, d’ordinaire, prenait bien garde à ne pas intimer à une femme de sourire. Foi d’Hilda, il n’imposerait pas de diktats à ses consœurs, l’amie de la famille (et employée de maison) avait veillé au grain.

“And I don’t understand what she did to you!”¸ répondit-il en riant. “This hostility of yours is frankly entertaining! What do you hold against the girl? She’s beautiful, oh so very nice and she loves me.”

And I her, il essayait de s’en convaincre. La cousine semblait plus interessée par le contenu du panier que par sa question et faisait déjà festin dans sa tête ; ses yeux trahissaient une boulimie de sushi naissante et Peter se sentait obligé.

“Here you go… Wait, sweet soy sauce? What are you? Twelve? It’s time to grow up, sweet pea!”¸il s’écria avant de lui donner de la sauce sucrée.

Il détestait cela et préférait autant lui faire plaisir. En échange, le jeune Drummond proposa un verre d’alcool qu’elle refusa tout net. I’m sort of persistent, aren’t I. Elle finit par l’accepter à contre-cœur.

“Ahhhhhhh that’s my girl!”, il la congratula en se servant un shot. “I’d never leave you, sweet pea!”

Il trinqua avec son verre et bascula la tête en arrière pour avaler d’une gorgée le liquide amer qui lui réchauffa la gorge.

“Don’t worry. Raw fish and alcohol, what could possibly go wrong?”, il souligna en lui faisant son plus beau clin d’œil. “Hand me the Vietnamese rolls, will yeh?”

Sitôt dans sa main, sitot dans sa bouche.

“Did you two… kiss ?”

The feck are you asking???? La question s’était échappée de sa bouche pleine sans qu’il ne parvienne à la retenir.

27.10.20 | confide in me, you know you can trust me ft. @juliet blackthorn

Le rire franc et témoin de son ignorance emplit la nuit étoilée ; il n’avait aucune idée de l’aversion profonde que partageaient les deux blondes. À ses yeux ingénus, elles se partageaient uniquement l’attention du cousin de l’une, du petit-ami de l’autre. La compétition lui apparaissait sans péril et la menace si menue qu’il ne fallait pas lui donner plus d’importance. C’était sûrement la première fois que les deux cousins en discutaient ouvertement, se confrontant à la réalité de l’autre comme une voiture se heurtait au mur. Dans les débris grinçants, il riait davantage.

“Oh come one! You can’t possibly think she hates you! I’m sure she’s just being overly competitive – she knows I love you very much”, il observa sa cousine un instant avant de demander devant sa mine fatiguée : “Have you two tried to talk this through?”

Innocents mais pas aveugles, ses yeux avaient décelé une lassitude surprenante qu’il n’aurait su laisser passer. Le garçon se persuada que le danger résidait dans cette confrontation et qu’elle n’avait rien à voir avec @Maximilien Leroy. La difficulté semblait très surmontable tant elles se ressemblaient à ses yeux : les deux jeunes filles étaient pleines de vie, épousaient la vie et en faisaient son amante, souriaient comme deux soleils radiants. Il fallait simplement leur donner l’opportunité, une énième, de se rencontrer et de se comprendre. Lui tendant à contre cœur la sauce sucrée et se demandant pourquoi il en avait pris dès le départ, le garçon réclama des rouleaux de printemps et approcha sa main du sac en papier où les sauces reposaient sagement ; les doigts experts trouvèrent leur chemin jusqu’à l’accompagnement adapté et il en retira le couvercle pour tremper un rouleau frais. Le liquide dégoulinait du bâtonnet savamment embobiné et Peter dut placer sa main comme un réceptacle en-dessous pour qu’il ne tache pas le plaid de @Susan Dubois. Le garçon dévora la douceur salée comme l’animal affamé qu’il était : en quelques crocs ; il se léchait les doigts quand Juliet s’indigna devant la question de son cousin. Un sourire carnassier s’étira sur ses lèvres ; la réponse lui faisait bien trop plaisir pour son bien.

“You literally didn’t just meet. I was there when you met, remember?”, lui s’en souvenait très bien. “And OMG Juliet, just because you guys’d have kissed doesn’t mean you’d have slept together! Who does that, anyway?”

Lui, il faisait ça ; l’ironie ne devait pas l’avoir épargnée et il la suivit dans un éclat de rire.

“You don’t think the boy’s kissable?”

Nouveau rouleau dans la bouche pour cacher son indignation.

“When are you getting married by the way? Will you have time to finish this year or do you think you’ll be up and pregnant before that?”

Qu’il était bon de la voir se décomposer ! La vision lui provoquait toujours un éclat de rire sonore et incontrôlable. Pourtant, la réponse lui faisait peur et lui tordait les boyaux.

“Have you picked a dress yet? WAIT! Are you moving to France?”

Le garçon était français, après tout.

27.10.20 | confide in me, you know you can trust me ft. @juliet blackthorn

Les deux panthères blondes ne s’étaient ainsi jamais beaucoup appréciées ; elles avaient voulu donner le change pour ne pas le peiner, l’une plus douée que l’autre dans cet exercice. Pour faire honneur à ses racines écossaises, le garçon ne montra pas une once de déception sur son visage, se contentant d’acquiescer paisiblement lorsqu’elle l’implora de ne pas lui en demander davantage. Peter ne souhaitait pas la mettre plus mal à l’aise encore en soulignant à quel point son avis comptait pour lui ; les quelques aveux de la jeune femme lui laissaient déjà penser qu’elle ne serait pas une admiratrice de leur couple.

“It’s okay, you know? I’ll talk to her. Maybe get her to ease down on the jokes. I’m sorry you feel uncomfortable around her – you know I’d never want to hurt you in any way.”

Comme étouffée par le riz qu’elle enfournait dans sa bouche, la jeune fille rougit lorsqu’il lui demanda si les deux fiancés avaient scellé le pacte en s’embrassant ; pour son plus grand soulagement, Juliet avait répondu que leurs lèvres ne s’étaient pas touchées. Pour s’en assurer peut-être, le corbeau curieux s’était indigné de l’abstinence de sa cousine qui consentit enfin à reconnaître l’élégance séduisante de la couronne de ses lèvres françaises. Well, I know I would! Peter la fixa quelques instants, accentuant les mouvements de sa mâchoire pour s’économiser le temps nécessaire et trouver une réponse plus appropriée.

“Of course, not. You should never feel like you have to kiss someone”, il la rassura. “It simply means that you probably won’t mind too much.”

Peter sursauta et éclata de rire en voyant l’ustensile s’agiter sous ses yeux et quelques perles sucrées venir tacher sa figure ; il nettoya d’un coup de langue une des gouttelettes qui avait atterri sur sa lèvre supérieure. Il vivait pour l’expression qui étirait son visage.

“Well I don’t know that, but you seem awfully sure yourself, so there’s that. The whole no-premarital-sex thing, uh?”, il articula, comme si Juliet n’avait pas été suffisamment claire. “It’s a shame. Urgh, I guess you’ll be married soon enough, right?”

Le gloussement étouffa dans sa gorge lorsqu’elle l’informa que non seulement sa robe avait été choisie (sans qu’il n’ait son mot à dire !), mais qu’ils avaient de plus choisi de vivre en France.

“You what? How could you do this to me? You chose your wedding dress without me? And you’re moving to France? What is this? An abandonment picnic?”

Comme d’habitude, il fonçait la tête baissée, ne voyant pas l’étincelle réjouie dans ses yeux fuyants. Lorsqu’elle révéla qu’il s’était fait avoir, le garçon fit la moue et s’allongea sur la couverture pour mieux observer le ciel. Elle ne tarda pas à le suivre et à s’étendre près de lui. Ils restèrent silencieux, profitant un instant du calme avant la tempête.

“Feck Juliet… You’re getting married.”