Villainous kitty queen ft. @Cataleya Blackthorn | 14.01.23

La dispute s’élevait dans le dortoir des Pokeby et l’étudiant qui tentait de réviser ses prochains examens de Sortilèges soupira bruyamment. Voilà depuis quelques minutes maintenant qu’il avait les yeux rivés sur la porte d’où émanait la longue et incessante conversation en espagnol dont il ne comprenait absolument rien. Seul le ton emprunté par la voix s’échappant des murs lui permettait de dire que cela n’avait rien d’une conversation de courtoisie. À l’instant où il allait se lever, la porte s’ouvrir avec fracas pour laisser passer une fine et petite silhouette, dont le regard noir paralysa le Pokeby sur place.

« Qu’est-ce que tu regardes ? » lui demanda la jeune femme sur un ton revêche. Elle portait sur son dos un large sac de transport noir qui semblait en contenir trois comme elle et le dépassa sans plus lui accorder d’attention. Après son départ, la salle commune retomba dans un silence de plomb mais on entendait toujours, au loin, les pas furieux de la Mexicaine. Celle-ci quitta l’enceinte d’Hungcalf avec la même intensité que pour les dortoirs des Pokeby mais plutôt que d’user de magie - ce qui n’était clairement pas son fort - elle choisit de rejoindre la ville froide d’Inverness via les transports moldus. Le trajet lui parut long mais eut au moins l’avantage de lui permettre de se calmer avant d’arriver à destination. L’air renfermé et les yeux dans le vague, Ofelia avait habillé son visage d’un large chapeau qui couvrait une partie de ses traits, lui assurant tranquillité et donc, silence. L’épaisse écharpe autour de son cou remontait jusqu’à sa lèvre supérieure et elle défiait quiconque de la reconnaître ainsi. Le bus s’arrêta à quelques mètres du cimetière Yard Chapel et, correctement campée sur ses deux pieds, le sac au bout du bras, elle regarda avec attention le paysage devant elle. L’air sinistre qui s’en dégageait lui tira (enfin) un sourire. Ses iris sombres suivirent l’étroit chemin menant jusqu’à la maison en hauteur, un parcours qui en aurait rebuté plus d’un car il demandait de franchir l’entrée du lieu de sépultures. Hissant son bagage sur son dos, l’anse venant scier son épaule, Ofelia entreprit son voyage funeste jusqu’à la porte de la résidence. Elle prit soin d’éviter de croiser le chemin des snargalouffs, passa outre les nombreuses plantes sauvages ou carnivores sur ses pas et se concentra sur la musique qui émanait de la porte d’entrée, un son aux paroles plus sordides que le lieu en lui-même. Elle frappa deux coups et apparut devant elle un elfe de maison, l’une de ces créatures que sa grand-mère se refusait à avoir dans sa maison. « Esclavitud ! Esclavitud ! » criait la doyenne à qui osait aborder le sujet devant elle. Ofelia ne reniait pas leur efficacité mais n’appréciait guère le reste. Celui-ci, à l’instar des autres, était bien élevé mais méfiant à son égard.

« Bonjour, je viens visiter la chambre à louer » commença Ofelia en prenant bien soin de faire porter sa voix jusqu’à la maîtresse des lieux, dont elle avait aperçu la flamboyante chevelure un peu plus tôt. Difficile de la manquer… Sans déloger son sac, elle entra dans la maison et en inspecta les détails avec attention. L’intérieur avait au moins le mérite de rendre hommage au lieu au-dessus duquel il se trouvait. « C’est où ? » demanda-t-elle à la girafe qui semblait un peu plus grande à chaque seconde qui la rapprochait d’elle.

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L’air fermé mais le regard vif, c’est en silence qu’Ofelia suit la maîtresse des lieux, mémorisant l’emplacement des pièces dans l’ordre dans lequel elles sont énumérées. Elle sait déjà qu’elle ne mettra pas les pieds au dernier étage, propriété de la Girafe et pour lequel elle n’a, au final, aucun intérêt. Les salles de musique et de danse, elles, l’intriguent tout particulièrement et elle profite de cette visite pour passer le nez à l’intérieur de chacune d’entre elles. C’est tout bonnement parfait, hormis l’odeur de brûlé qui ne la dérange pas plus que ça, mais elle se garde bien de le manifester directement à son hôte.

« Je peux m’y faire » répond-elle simplement à l’évocation des rats dans l’atelier. Selon la chambre qu’elle choisira, elle n’aura pas nécessairement besoin d’un espace supplémentaire pour vaquer à ses occupations, surtout avec la présence de la salle de musique. Ofelia passe la tête dans chacune des pièces qui s'ouvrent devant elle, en apprécie ou non l’aspect et la taille, puis passe à la suivante sans mot dire. Comme on visionnerait un catalogue. Le lieu présente certains avantages devant lesquels elle ne peut fermer les yeux. Idéalement placée, la maison regorge d’espaces sombres où se planquer et s’isoler à sa guise, ce qui n’est pas négligeable. Elle a le choix de la décoration et peut garder avec elle cet animal qu’à Hungcalf, elle est forcée de cacher. La rouquine ne semble pas trop chiante, mais ça reste encore à prouver. Le seul problème, c’est la présence de cet elfe qui la suit partout et dont elle trouve la présence presque honteuse.

« C’est pas trop mon truc, les plantes. Je te les laisse. » Elle continue son petit tour, passe par la cuisine et grimace devant l’état de certains ustensiles. Sa grand-mère en ferait une crise si elle voyait ça ! Petite, mal disposée, elle ne laisse que peu de place à la confection de grands et longs plats. La sorcière n’a pas dû en faire grand cas lors de son emménagement, étant donné qu’elle n’a pas à s’en servir. Finalement, Ofélia retourne à l’étage et pose son sac sur le lit de la plus grande chambre. Celle qui, également, est la moins bien éclairée. Parfaite, en somme.

« Je prends celle-là et je m’installe dès aujourd’hui, si c’est okay pour toi. » La pièce demande un peu d’arrangement et une nouvelle disposition car il est hors de question que la tête de son lit pointe vers le nord ou le sud. Elle ouvre rapidement son sac, en sort son violoncelle qu’elle pose dans un coin de la pièce puis fouille dans sa poche. Ce sont plusieurs gallions qu’elle tend à Cataleya avec détermination.

« Voici les trois premiers loyers. Je m’appelle Ofelia, au fait. Je t’embêterai pas. Tu me verras à peine, si tu veux. J’ai juste une requête : je ne veux pas que ton elfe s’occupe de moi ou touche à mes affaires, ok ? » Résonne dans le ton de sa voix des intonations espagnoles qu’elle ne peut cacher et qui trahissent ses origines, si tant est que son visage ne le fait pas déjà pour elle. C’est le moment que choisit Cornelius pour faire sa apparition, sortant de la capuche de sa veste pour gambader le long du bras tendu vers la Blackthorn, la main prête à relâcher les pièces garantissant son séjour dans cette maison.

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Sa décision est rapide et peut surprendre. Dernièrement, Ofelia agit au jour le jour et prend ses décisions sur l’instant. Emménager dans cette bicoque n’est pas la pire idée qu’elle puisse avoir. Elle y voit d’ailleurs un salut inespéré. Elle donne à la propriétaire des lieux de quoi rester quelques mois et ne s’offense pas de sa mimique méfiante. Les conditions posées, elle l’écoute marquer sa propriété sur la créature qui se tient respectueusement derrière elle, attendant son prochain ordre. Cette vision la dérange mais son rôle n’est pas de la libérer ou de mettre des bâtons dans les roues de la sorcière face à elle. Elle ne veut simplement pas être mêlée à ces affaires d’esclavage. Ce dont elle a besoin, elle peut se le procurer seule. Sa famille lui a appris à être indépendante et même si elle devait avoir un problème impossible à résoudre par ses propres moyens, elle sait qu’Elvira ou l’un de ses parents saura se montrer disponible pour lui apporter un peu d’aide, sans qu’elle ne se sente étouffée par leur présence dans sa vie. Ce dont elle a le plus besoin dernièrement, c’est du changement dans sa routine.

« Je suis mexicaine » précise Ofelia sans pour autant se montrer véhémente. La confusion n’est pas rare et, bien que fière de ses racines, la jeune femme ne dénigre jamais ses confrères hispaniques. Leur cuisine est tout aussi riche que la sienne. « Mais bon choix, l’Almojabana. » Loin d’être une experte, elle ne connaît que ce dont sa grand-mère lui a fait part lors de son enfance. Combien d’heures ont-elles passé à cuisiner dans sa petite cuisine à l’ancienne, maniant la poêle et le fouet à la force du poignet ? Si Ofelia n’est pas une cuisinière exceptionnelle et mériterait un peu plus de pratique, elle garde quelques traces de cet enseignement. Elle ne s’attend pas à ce que cette maison prenne l’aspect ou les odeurs de celle d’Elvira. Tout cela appartient au passé.

Bien sûr, elle se demande aussitôt : que se passera-t-il si j’accède à la cave ? Il n’y a rien de tel pour attiser sa curiosité. Qu’est-ce qu’une femme comme Cataleya, si soignée sur elle et accompagnée d’un elfe de maison, peut bien avoir à cacher dans une cave ? Elle commence à croire que cette histoire de cadavre n’est pas qu’une blague et qu’elle est capable de tomber nez à nez avec un corps putréfié dans les prochains mois. Quelle ambiance de rêve !

« Tout est là » dit-elle en pointant du menton le sac qu’elle a déposé préalablement sur le lit. Un sac ayant subi un sort d’extension qui lui a permis de caser ses instruments de musique et une bonne partie de sa garde-robe à l’intérieur. Elle ne compte pas s’étendre en dehors de cette chambre.

« Je préfère décorer cette chambre moi-même, si cela te convient. J’ai mon propre style. Pour le reste, sens-toi libre. Tu es chez toi après tout ! Est-ce qu’il y a autre chose que je dois savoir sur ce lieu ? » Des coins hantés peut-être ? Quelque chose en rapport avec le cimetière juste à côté ? Ofelia récupère Cornelius d’une main et le pose sur son épaule, laissant la bestiole faire sa toilette à sa guise et observer leur nouveau chez-eux. Il pourra y tisser de jolies toiles…

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Par Daphné, cet endroit regorge de puissance horrifique et d’apprendre que les précédents propriétaires ont tous fini fous ou hantés la propulse dans un état de satisfaction rarement vécu ces derniers jours. Ofelia n’est pas sotte : la demoiselle tente probablement de lui faire peur, de tester ses limites mais elle ne sait pas qu’elle se dresse face à une amatrice de l’horreur et du carnage humain, peu impressionnée à l’idée de combiner l’Esbat avec un vendredi 13 et, tant qu’on y est, el Día de los Muertos (bien que sur ce plan, les dates ne colleront jamais). Son regard parcourt encore les quatre murs qui composent sa nouvelle maison désormais, bien différente de celle de sa abuela favorie. Si celle-ci voyait l’état des plinthes et de l’isolation, elle pousserait un cri de stupeur et d’effroi. Mais la décision ne lui revient pas, Ofelia l’a bien fait comprendre en quittant le Mexique. Cette expérience est la sienne et tant qu’elle ne tendra pas la main pour se faire aider, elle refuse de voir son intimité profanée par sa famille. Ils ne sont probablement pas à même de comprendre l’importance de ce rituel à ses yeux.

« Pas de surprise pour toi dans ce cas. » En tant que locataire, elle ne risque pas grand-chose et c’en est presque décevant. Quitte à braver les forces de l’obscur, autant le faire à fond non ? Elle serait presque jalouse du destin de la rouquine face à elle, dont l’insistance à “prendre le thé” la chagrine. Elle ne comprendra jamais les Britanniques et cette obsession de l’eau fade brûlante et pleine d’herbes qui s’accrochent au palais. L’esclave qu’elle traîne fièrement à sa suite semble ravi de se voir attribuer une fonction et à l’évocation de la sucrerie qu’il peut leur préparer, leurs visages s'illuminent comme s’ils venaient d’apercevoir une licorne se désaltérer au bord d’un ruisseau. Celui d’Ofelia, lui, l’est un peu moins. Des financiers aux amandes ? N’est-ce pas aussi fade que le thé lui-même ? Peu encline à fâcher la propriétaire des lieux avant d’avoir pu signer son contrat de location, Ofelia garde ses lèvres peintes d’un rouge sombre closes. D’un geste assuré, elle ouvre son sac et en sort délicatement le violoncelle, qu’elle pose dans un coin de la pièce. Ce sera sa place attitrée. Le pauvre instrument ne semble pas avoir trop souffert du voyage malgré le manque de délicatesse dont peut faire preuve sa propriétaire. Elle l’aime pourtant, cet engin du démon, même s’il vaut son pesant de plumes le saligot.

Docile, Cornélius toujours agrippé à sa veste, Ofelia suit la maîtresse des lieux jusqu’au salon qu’elles ont passées un peu plus tôt à son arrivée. De nouveau, elle s’attarde sur l’étroitesse de la cuisine et l’inconvénient que cela représente. Cela non plus ne conviendrait pas à Abuela. Avec l’élégance d’un semi-remorque en fin de vie, la Mexicaine se laisse tomber sur le canapé et approche son doigt de l’un des chats qui lui feule au visage comme si elle était le démon en personne. Un sourire apparaît quelques secondes sur ses lèvres, puis elle se tourne vers l’hôte des lieux.

« Depuis combien de temps tu vis ici ? »

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Trois jours seulement ? Ofelia aurait parié bien plus vu l’aisance avec laquelle la jeune femme se déplace dans la demeure. C’est probablement l’effet rendu par l’impression d’être “chez soi” quelque part. Pourtant, si elle avait accordé un peu d’attention aux détails, elle aurait remarqué à l’extérieur la glycine prenant de plus en plus ses droits sur le territoire hanté parmi d'autres plantes qui, elles aussi, laissent entendre qu’elles sont seules reines en ces lieux. Peu exploitée, cette terre doit avoir une belle quantité d’humus propice à la pousse des éléments végétaux du coin. Peu adepte du défrichage, Ofelia ne compte pas y mettre les pieds ou les mains, celles-ci tenant plus du noir que du vert.

Elle ne sait si c’est sa présence ou celle de Cornelius qui fâche autant la boule de poil non loin d’elle, mais sa réaction la fait bien rire car il n’y a rien de plus distrayant qu’un chat toujours bougon. Tant qu’il ne tente pas de ne faire qu’une bouchée de son araignée, elle le laissera probablement tranquille à son tour.

« Mylord » dit-elle à la suite des explications de Cataleya, baissant un haut-de-forme imaginaire juché sur son crâne. Puis, son regard parcourt le reste de la pièce jusqu’à tomber sur celui de Pineda qui, du haut de sa tour, a l’allure et la confiance d’un cerf dégarni en pleine forêt. Il se pense probablement maître des lieux, comme tous les chats en ce monde. Aucune de ces deux bestioles ne lui cause d’inquiétude et elle est même plutôt ravie d’apprendre que, sans leurs présences humaines, ces lieux continuent d’être remplis de l’énergie de ces animaux. Autant les petits que les grands.

Ofelia se retourne vers la sorcière et répond d’une traite. « T’as pas de la pétafouère ? C’est avec ça qu’on trinque aux changements de vie dans ma famille. Mais si t’as pas, c’est pas grave. Je prendrai un soda. » Enfin, faut-il encore qu’elle en ait. La demoiselle a l’air abonnée aux breuvages à plantes, le prouvent de nombreuses inscriptions sur les pots de la cuisine. La Mexicaine manque de soupirer, consciente qu’elle va sûrement devoir se rabattre sur une infusion qui ne lui apportera aucun autre bienfait (ou méfait) que celui de se précipiter aux toilettes dans la demi-heure qui suit.

« Ou peu importe ce que tu as, en fait. » La moue s’invite sur son visage et son regard sombre passe de Pineda au Lord qui, semble-t-il, a repéré son quatre heures se balader sur le haut du crâne de la jeune femme. « N’y pensez même pas, Mylord. Ou je vous transforme en steak tartare ! Est-ce qu’il chasse ou il est du style pantouflard au quotidien ? »

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Son regard sombre observe les mouvements de la propriétaire des lieux dans un silence volontaire. Il est plus facile d’épier son prochain lorsque celui-ci ne vous entend pas. Elle assiste à l’échange étrange entre la rousse et son esclave sur un sujet des plus banals. Sa grand-mère s’en tirerait les cheveux gris si elle apprenait que Cataleya reçoit ses hôtes avec des placards vides. Si elle doit vivre ici, les choses devront changer. Non pas qu’Ofelia s'attende à recevoir du monde - loin de là même - mais sa famille est susceptible de débarquer à tout moment, sans s’annoncer (sinon ce ne serait pas eux) pour la simple raison de s’assurer que la petite Mexicaine va bien. On parle là d’une grand-mère autoritaire, d’un père angoissé et de deux autres parents surprotecteurs… le salon peut vite se remplir.

« Parfait. Mais pour le moment, un thé suffira. » Jour Un et elle doit déjà aller faire les courses avec sa logeuse ? Quel drôle de scénario mais au moins, elle s’assurera ainsi d’avoir à disposition autre chose que des plantes sorcières ou des concoctions étranges… Ofelia a été habitué à manger bien et à sa faim, et quelque chose lui dit que ce traitement pourrait faire du bien à la jeune femme qui lui fait face. Elle laisse Cornelius descendre sur son bras et joue avec lui en tournant sa main dans un sens puis dans l’autre, observant son ascension.

« Il a tout compris à la vie, en somme. » Un bref regard échangé avec Cataleya et elle retourne à sa découverte silencieuse de l’endroit. Cornelius quitte son corps pour poursuivre sa propre exploration et disparaît au détour d’un couloir. Ofelia n’est pas inquiète. Vu la bâtisse dans laquelle ils se trouvent, il saura trouver une cachette en cas de danger avant de revenir à elle. Elle se lève du canapé et commence à regarder l’intérieur des placards, avant de lever les sourcils en direction de la sorcière.

« On ne va pas avoir besoin que de boissons je crois ! Tu t’es déjà servie de cette cuisine au moins ? » Non pas qu’elle paraît un peu à l’abandon mais… un peu quand même. Elle devine facilement que le cuisinier de cette maisonnée n’est nul autre que l’esclave de maison aka elfe du nom de Nifty, qui doit probablement composer avec ce que sa maîtresse lui demande de faire. Mais Ofelia est plus exigeante et comme elle l’a évoqué un peu plus tôt, elle refuse de se faire servir par quelqu’un.

« On pourrait aller au centre commercial après avoir signé le bail, si tu veux. » Ce n’est pas une proposition qu’elle fait tous les jours et elle n’oublie pas qu’elles ont évoqué l’idée de faire leur vie chacune de leur côté. La décision peut paraître surprenante, sauf qu’Ofelia ne peut se permettre de passer toute sa scolarité à Hungcalf seule. Faire profil bas oui, mais vivre dans la solitude constante… Autant qu’elle cherche à se lier d’amitié avec quelques bonnes âmes et celle de Cataleya est prometteuse. Après tout, elle est l’heureuse détentrice d’un si beau Manoir…

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La demoiselle vient lui confirmer que la popote n’est pas dans ses attributions. Ofelia ne parvient pas à afficher un air surpris par cette nouvelle car Cataleya a tout de la jeune femme de bonne famille parfaitement entretenue par ses géniteurs. La preuve avec cet elfe de maison qu’elle renverrait bien si cela ne tenait qu’à elle.

« Tout à fait. Je peux m’en charger pour cette fois. » Elle se doute bien que, si c’est la première, ce ne sera pas la dernière ! Elle observe de ses pupilles sombres la sorcière relever le menton avec une fierté qui illumine son teint. Cette sortie risque d’être follement amusante. La voir se pavaner entre les rayons surgelés vaut forcément le détour et elle ne manquera pas de la regarder faire. Sûrement qu’elle accompagnera le moindre de ses pas avec un dédain clairement affiché et peignant son visage de déesse rousse.

« Une feuille et un stylo suffisent aussi… » argumenta-t-elle dans un rire dissimulé avant de retourner s’asseoir à table, où sera signé le bail. Car c’est décidé : c’est ici qu’elle emménage. Elle imagine bien que cette colocation ne sera pas de tout repos, vu le caractère de sa gérante mais Ofelia n’en est pas à sa première confrontation et s’il faut bousculer Cataleya au passage, elle s’en chargera avec bonheur. Il lui paraît presque improbable qu’une personne d’un âge si jeune se comporte encore comme cela. L’elfe disparaît bien vite, habité à se faire donner des ordres sans broncher - ce qui la révulse - et revient avec les effets demandés. La Mexicaine se concentre sur le bail dans un premier temps. Passant en revue chaque page qu’elle se voit obligée de parapher, elle prend son temps pour en découvrir le contenu afin de n’être soumise à aucune surprise dans un futur prochain. Quand tout lui semble correct, elle appose sa signature au terme du dossier et le referme d’un air décidé. La pile glisse sur la table en direction de Cataleya pour qu’elle en fasse de même, et que chacun ait sa copie.

« Voilà une bonne chose de faite. Maintenant, la liste des courses. Le frigo est plutôt grand, ça peut être cool de prendre quelques pizzas surgelées pour les jours où personne ne voudra cuisiner. » Elle vise Nifty du regard, comme si cela pouvait réellement arriver. Oh, la désillusion… « Fromages, pepperoni et… oh, une avec du poisson. » De la même manière, elle continue sa liste en y ajoutant tout ce qui lui passe par l’esprit : des pâtes, des pommes de terre, des œufs (beaucoup), du café (essentiel), des épices (en bonne quantité)... « N’hésitez pas à me dire si vous avez des allergies alimentaires. Je crois qu’on est bons, on va pouvoir y aller ? Tu… l’emmènes ? »