Une histoire de fesse  ft. @Elio Cooper | 02.06.23

Hors de question de poser les pieds dans un hôpital. Ils n’effrayaient pas Ofelia, loin de là, mais elle ne pouvait pas se permettre de faire la Une des journaux à potins juste parce qu’elle avait une tâche sur le cul ! Sa grand-mère en deviendrait folle et elle-même n’était pas assez stupide pour se dire que c’était une bonne idée. En tout cas, si elle pouvait l’éviter, elle n’allait pas se gêner. Fort heureusement pour elle, elle s’était souvenue des derniers médicomages qu’elle avait rencontrés - des exs soit dit en passant - mais dont elle n’avait le numéro que d’un seul. C’était déjà bien suffisant. La conversation avec Elio fut brève car l’étudiante sut se montrer persuasive, ou le croyait-elle. C’était ça ou alors le médicomage s’avérait particulièrement malléable. Peu importe. Elle l’attendait de pieds fermes derrière la porte du Yard Manor et lui ouvrit à peine eut-il fait part de sa présence sur le perron grinçant. Vêtu de façon peu élégante, elle remarqua tout de suite qu’il venait de faire un effort et sa confirmation lui apprit qu’elle n’en était pas la raison principale. Tant mieux. Elle-même ne portait qu’une jupe courte (vu sa taille, il valait mieux) et un large t-shirt “I’m in my unicorn mood” avec une licorne fâchée sur le devant.

« T’as fait plus vite que ce que je pensais, c’est cool ! Entre entre. » Elle se poussa pour qu’il puisse passer mais plutôt que de lui répondre tout de suite, prit le temps de refermer la porte et de désigner la cuisine. « Tu veux peut-être un verre d’eau avant, non ? » Tout ça avait un but : l’installer pour qu’il ne pense pas à repartir tout de suite une fois qu’elle lui aura “exposé” son problème. En plus, elle pouvait être une hôte pas si dégueulasse que ça quand elle s’en donnait les moyens. Elle avait su être charmante avec Billie, même si les circonstances ne se comparaient pas.

« Ou café, thé… c’est la maison qui offre ! »

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Sentant sa présence derrière elle, Ofelia continua son chemin jusqu’à la cuisine qu’elle pratiquait maintenant quotidiennement. Autant dire que sa maîtrise du lieu n’était plus à prouver. Elle sortit deux verres, qu’elle remplit d’eau fraîche sortie du frigo. Elle eut un sourire à la question d’Elio et attendit de lui avoir servi son verre pour y répondre, les mots devant être choisis avec soin pour ne pas porter préjudice à sa propriétaire. Si elle ne connaissait pas le background précis entre Elio et les Blackthorn, elle sentait une étrange atmosphère et préférait se fier à son instinct plutôt qu’à n’importe quoi d’autre.

« En fin de compte, deux c’est bien suffisant. » Elle ne fit pas mention des activités en sous-sol de Cataleya, dont elle préférait ne pas connaître les tenants et les aboutissants. « Nous avons chacune un besoin vital d’espace personnel et trop de personnes ne ferait que nous retirer ce privilège. » La Mexicaine trempa ses lèvres pulpeuses dans le verre, puis le posa avec soin. Une fois encore, les mots tournèrent longuement dans son esprit avant qu’elle ne les formule à voix haute.

« Le mieux, c’est qu’on ne perde pas trop de temps et que je t’explique pourquoi t’es là ? » Elle jeta un regard sur son verre déjà bien consommé. « J’ai une tâche qui est apparue sur ma peau et je ne sais pas ce que c’est. Je ne suis pas plus inquiète que ça mais dans un souci de sécurité, je préfère tout de même demander l’opinion de quelqu’un de compétent. » Elle aurait évidemment pu demander à Cataleya directement mais la pauvre semblait déjà bien absorbée ces derniers temps, inutile d’aller l’embêter avec ça…

« Tu veux bien y jeter un œil ? »

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Elle se rappela les mots de Juliet alors qu’elle trouvait face à elle un Elio très accommodant et patient. Mais le sera-t-il autant lorsqu’il découvrira l’endroit où se trouve son “problème” ? Se basant uniquement sur des préjugés, Ofelia se disait qu’un homme cisgenre aussi hétérosexuel que le Cooper n’aurait aucun inconvénient à regarder cette partie de son corps, mais c’était sans compter son caractère. Et en même temps, en tant que médicomage, il en avait forcément vu d’autres n’est-ce pas ? De toute façon, elle était prête à prendre le risque et ne pensait même pas qu’il pouvait y en avoir un. C’était comme être une femme et montrer son cul à Wyatt : on ne pouvait pas s’attendre à ce qu’il soit un danger d’ordre sexuel…

« Il y a quelques jours, moins d’une semaine. Elle n’a ni rapeticé ni grossi, mais elle ne part pas pour autant quand je me lave ou que je mets des produits dessus, donc je ne pense pas que ce soit un bleu. Attends, je te montre. » Elle quitta l’endroit où elle s’était à moitié assise et fit un nœud à sa taille avec son t-shirt pour ne pas qu’il la dérange dans les secondes à venir car, relâché, il lui arrivait quasiment à mi-cuisses.

« Oh, au fait » dit-elle en direction d’Elio avant de se retourner « elle est sur ma fesse droite. Regarde. » On serait dans un film que l’on pourrait croire qu’elle se servait d’une excuse bidon pour montrer à un mec qui l’intéressait une partie sensible de son corps, mais il n’en était rien en réalité. Elle n’avait pas ce genre d’intention envers le Cooper et la tâche existait vraiment, ce qu’il pu conclure de lui-même lorsqu’elle releva le pan de sa jupe. Elle était bien là, d’une circonférence d’environ trois centimètres, légèrement violacée et détonnant sur sa peau hâlée.

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Elle eut juste le temps d’apercevoir l’expression de surprise sur son visage et oui, elle s’en amusa un peu. Il ne s’attendait pas à ça et Ofelia aimait conserver un certain élément de surprise dans ses relations avec les autres. Peut-être la jugeait-il déjà pour son comportement mais elle s’en moquait bien. Au contraire, elle comptait sur sa bienveillance pour faire partie des rares à ne pas la cataloguer pour un simple geste jugé déplacé.

« Un léger inconfort, oui. Ce n’est pas vraiment une brûlure, mais plutôt… comme de la peau trop tirée, tu vois ? » Elle guettait ses mouvements du coin de l’œil car, même si la position était intéressante et la situation en elle-même particulièrement drôle, Ofelia se montrait prudente. Le moindre geste déplacé pouvait valoir à Elio une baffe monumentale que la Mexicaine au sang chaud ne se gênerait pas de lui donner. Elle ne voyait pas ce genre de chose arriver avec lui, sauf qu’il serait mal avisé de sa part de baisser trop rapidement sa garde juste parce qu’on ne lui en avait dit que du bien lors d’une soirée un peu trop arrosée.

« Oui. Tu peux toucher aussi, mais juste “ça” et un petit peu autour si tu veux. Pas plus. » Elle ne devrait pas avoir à le dire mais le fit par précaution. De nos jours, le consentement s’élevait en priorité et elle souhaitait établir le sien en ses termes, et non celui d’un docteur qu’elle connaissait à peine. Certes, elle l’avait fait venir chez elle pour une consultation privée plutôt qu’à l’hôpital où elle serait plus en sécurité ; et oui, elle n’avait pas hésité à montrer ses fesses, mais ce n’était pas une raison pour prendre des libertés.

« Je t’ai sorti des gants si tu veux, ils sont juste là, sur la petite table. » Elle désigna de l’index la table basse où trônait en effet une paire de gants de médicomagie empruntés (vite fait) à @Cataleya Blackthorn.

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Son instinct s’avéra bon : Elio, sans même être informé, ne comptait pas aller plus loin. Ofelia se détendit un peu et le laissa l’examiner. Elle ne se manqua pas de se faire remarquer à elle-même que les mains du médicomage sur sa peau lui procuraient une petite sensation agréable mais elle n’en pipa mot. Inutile de rendre la situation plus bizarre qu’elle ne l’était déjà.

« Je n’en ai trouvé aucune autre, aux dernières nouvelles. Mais faut dire que je ne me suis pas inspectée dernièrement… Peut-être quelques légères migraines, mais je ne sais pas si c’est dû au temps, aux études ou à ça. » Elle haussa les épaules alors qu’il se relevait et ne se fit pas prier pour remettre sa jupe correctement, cachant cette fesse qu’il ne saurait voir plus longtemps. Il demanda à examiner ses yeux, ce qu’elle trouva un peu étrange mais lui faisait suffisamment confiance pour se plier à son expertise. Avant cela, elle lui désigna du menton la poubelle qui se trouvait dans le placard sous l’évier, dans lequel il alla jeter ses gants usagers.

« Pourquoi mes yeux ? À quoi tu penses ? » Il ne voulait sûrement pas faire cet examen sans raison et devait avoir une petite idée derrière la tête : elle tenait absolument à savoir quoi. Il s’agissait de sa santé après tout ! Elle méritait d’être au courant, surtout qu’elle lui avait donné un bel aperçu au passage… Bien plus petite que lui, elle opta pour rester debout et leva même un peu la tête, écarquillant les yeux pour lui donner un meilleur visuel de ses pupilles. Elle ne se souvenait pas avoir constaté quoi que ce soit d’anormal ce matin au réveil, devant la glace de la salle de bain mais, encore une fois, elle n’avait pas cherché non plus. Et surtout, elle n’y connaissait fichtrement rien.

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« J’sais pas trop, je n’ai pas vraiment fait attention en fait… » Impossible de dire si elles étaient arrivées en même temps, pendant ou après. Elio ne semblait voir aucune corrélation entre ces deux maux alors elle n’insista pas. Ne restait plus qu’à examiner ses yeux, geste qu’elle ne comprenait pas. Il allait falloir qu’il l’éclaire sur le sujet. Quelle sensation étrange que de laisser un étranger vous toucher les paupières ! Il avait eu le malheur de se laver les mains à l’eau froide et elle ressentit un frisson à son contact. Ofelia écouta attentivement ses explications et suivit ses indications à la lettre. Elle s’était tournée vers la lumière pour qu’il ait un meilleur aperçu de ses pupilles et attendit, avec hâte, qu’il reprenne la parole. Elle ne connaissait pas la Mûroise ni ses symptômes et n’avait aucune envie de se balader avec une maladie… Elle remarqua pour la première fois la couleur des yeux d’Elio alors que leurs regards se croisaient, presque bien trop longtemps à son goût. Elle se demanda, bien sûr, s’il ressentait la même sensation étrange…

« En vois-tu un ? » Faites que non, faites que non ! Et il le lui confirma plus tard. Une allergie, voilà tout ce que c’était pour lui et la Mexicaine se sentit aussitôt soulagée de ne pas souffrir d’un mal plus important qui lui vaudrait des visites à l’hôpital et un traitement assez lourd sur le court terme. La jeune femme fit une petite moue pour accompagner sa réflexion et soudainement, son regard s’éclaira.

« J’ai changé de moyen de contraception, est-ce que ça peut avoir un rapport ? On peut être allergique à un onguent ? » Quelle question, bien sûr que oui ! Et elle se sentit bête de ne pas y avoir pensé plus tôt. Ofelia, dans son insouciance, n’avait pas pensé à s’informer sur les composants de la crème qu’elle s’appliquait maintenant depuis presque deux semaines.

« Tu saurais déterminer à quoi je suis allergique exactement ? » dit-elle en s’éloignant du médicomage pour aller chercher l’onguent en question dans la salle de bain. Elle revint moins d’une minute plus tard, le petit pot en mains qu’elle tendit à l’étudiant d’un air inquisiteur.

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Alors qu’elle constatait son regard sur elle, Ofelia se demanda si Elio n’en avait pas vu plus qu’il ne l’aurait dû. Pas vraiment pudique, elle s’inquiétait plutôt des marques qui régnaient en Maîtresses sur la peau fine de l’intérieur de ses cuisses. Elle avait fait attention à bien serrer les jambes pour qu’il ne puisse jeter aucun œil perdu de ce côté-là. Sauf qu’elle trouvait son regard un poil trop insistant pour que le doute ne subsiste pas. Pourtant, il ne posa aucune question à ce sujet ni ne fit d’allusions, ce qui poussa la Mexicaine à croire qu’il était ignorant du châtiment qu’elle s’infligeait et qu’elle pouvait donc se détendre.

« Et j’imagine qu’il serait trop te demander de faire un prélèvement sanguin ici ? Cat est médicomage, je suis sûre qu’à deux vous pouvez vous arranger pour rendre une pièce stérile. » Elle le regarda avec insistance, parfaitement consciente qu’il n’y avait aucune chance pour qu’il accepte cette proposition farfelue. Elle préférait lui laisser croire qu’elle avait peur des hôpitaux plutôt que d’avouer qu’elle redoutait seulement d’y être vue, tout bêtement.

« Tu insinues que je ne serais pas sexy en dalmatien ? » lui lança-t-elle, un peu moqueuse. Dans ce type de situation, le mieux restait encore de rire et de tourner les choses au ridicule. Elle se nota mentalement de changer (encore) de contraceptif en faisant une légère moue contrariée. La potion qu’elle avait substituée à l’onguent lui donnait des aigreurs d’estomac et voilà qu’elle allait devoir retourner à ce breuvage maudit ? Heureusement qu’elle avait une médicomage aux allures de potionniste complètement fêlée comme colocataire…

« Et c’est tout, ça va disparaître tout seul ? »

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Ofelia hocha plusieurs fois de la tête. Elle oubliait parfois que les choses pouvaient être aussi simples et qu’elles ne nécessitaient pas d’un système aussi complexe que pouvait en créer son cerveau tordu.

« Ouai, logique… » marmonna-t-elle plus pour elle-même que pour lui. Dans d’autres circonstances, elle n’aurait pas aimé qu’il lui fasse la leçon mais étant donné qu’elle venait de faire preuve d’une grande ignorance, mieux valait garder pour elle son tempérament de feu. « Je lui demanderai. » Elle ne comptait pas vraiment déranger la Blackthorn avec ses histoires d’allergies mais si c’était la seule solution pour que cela ne se reproduise plus… Il fallait toujours que ce genre de choses lui tombe dessus ! Et maintenant, elle se trouvait bien embêtée à devoir changer de moyen de contraception. Surtout qu’Elio ne semblait pas prêt à entrer dans son humour, comme l’indiquait son silence fardé d’un sourire de politesse. Juliet ne mentait pas sur sa gentillesse mais elle aurait pu ajouter qu’il n’était pas trop porté sur l’humour…

« Autres que celle-là ? Je sais que je suis allergique aux poivrons mais ça me donne rarement des tâches de ce genre… Et si on reste dans le contraceptif, je tolère mal la potion habituelle. Il me reste la rune, sinon… » Cataleya devrait savoir la faire non ? Quoique demander ça à une étudiante n’était pas très sage de sa part. Elle n’allait pas avoir le choix : la case hôpital s’annonçait obligatoire et elle en fit la moue d’avance.

« ¡Joder! Pourquoi faut-il que ce soit toujours si compliqué ! Bon… toi ça va sinon ? J’ai croisé ton ex la dernière fois au bar. On a parlé de toi… » Elle fit un sourire amusé et mystérieux, espérant qu’il s'engouffrirait dans la brèche.

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Elle écouta son conseil avec attention et se rendit compte qu’encore une fois, elle s’était précipitée vers la solution extrême quand, au final, il en existait bien d’autres plus aisées. Heureusement qu’il était là pour contrebalancer un peu, sinon elle serait déjà allée se faire inscrire une rune sur les fesses à l’heure qu’il est…

La moue de la Mexicaine s’illumine à l’espoir d’Elio que sa discussion avec son ex-petite-amie n’ait pas été jonchée d’avis négatifs sur sa personne. « Qui sait ? » Elle voulut le faire mariner quelques instants, le laissant imaginer tout ce qu’elles auraient pu - ou pas - dire à son sujet, que ce fusse des informations personnelles ou non. Juliet devait en posséder à la pelle. Chaque relation offrait son lot de vulnérabilité, surtout lorsqu’elle prenait fin. Que faire de toutes ces connaissances ? Où les ranger ? Comment les oublier définitivement ?

« Ah ouai ? C’est comme ça que tu le prends ? » Elle prit une mine étonnée mais doutait sincèrement qu’il puisse être ainsi. C’était bien loin de la description que Juliet avait faite de lui et même sans ça, il ne dégageait pas cette aura de connard suffisant. Ofelia n’oubliait pas néanmoins qu’il était possible qu’elle se trompe et qu’il fusse très malin pour tromper son monde.

« T’en fais pas va, elle m’a parlé de toi avec de bons mots, positifs. Elle t’a même particulièrement bien vendu j’ai envie de dire. D’ailleurs, elle a mis l’accent là où il le fallait… » Nouveau sourire à la limite du fou rire, la concernant. Les mots essayaient de s’échapper de ses lèvres et elle faisait tout son possible pour les retenir. Son regard déviait vers cette zone privée d’Elio et elle le retint au dernier moment pour ne pas qu’il descende trop bas. Par simple curiosité, elle avait envie de voir si Juliet avait raison ou si elle n’avait fait que trop vanter les mérites du Cooper. Juste à titre informatif, bien sûr.

Une histoire de fesse  ft. @Elio Cooper | 02.06.23

Sa réaction la fit doucement rire. Il tenait absolument à défendre son innocence et son honneur, ce qui la poussa à se demander s’il n’avait vraiment rien à cacher.

« Je dirais simplement que l’être humain peut être surprenant… » Il ne pouvait pas dire le contraire. On s’attendait à des actes ou des mots de la part de personnes qui, finalement, nous surprenaient en faisant tout le contraire. Si elle s’était fait un avis sur Elio basé sur sa propre expérience à ses côtés ainsi que les commentaires de Juliet, elle ne pouvait dire qu’elle le connaissait bien. Qu’elle savait qui il était vraiment, derrière toute cette gentillesse et ces bons sentiments.

Elle nota son mouvement de recul et se mordit la lèvre pour ne pas s’esclaffer. Elle ajouta “manipulable” à la liste des caractéristiques que semblait avoir le Cooper à son actif. Au moins, là-dessus, ils se ressemblaient. Manipuler les émotions d’Ofelia était plus facile qu’elle ne saurait jamais l’admettre. Elio avait raison cependant : elle en savait plus sur lui qu’il n’en connaissait sur elle et la balance chavirait d’un côté plutôt que de l’autre. La Mexicaine n’était pas contre apporter un peu d’équilibre dans cette toute nouvelle équation et répondit au médicomage avec un sourire sincère, quoique toujours joueur.

« Proches je ne sais pas, mais on a bien discuté c’est certain ! Je suis d’accord avec toi cela dit, on peut y remédier… Tu es libre de me poser toutes les questions qui te passent par la tête et je peux te promettre d’essayer d’y répondre avec honnêteté ! Mais seulement essayer… » Nouveau sourire à son encontre. Elle s’amusait bien et avait presque oublié cette fâcheuse histoire de fesse tâchée.

Une histoire de fesse  ft. @Elio Cooper | 02.06.23

Elle le voyait réfléchir mais ne s’attendait pas à ce que sa description de sa personne fusse aussi exacte. De quoi foutre la chair de poule. Au fur et à mesure qu’il la décrivait avec précision, l’expression sur le visage de la jeune femme changeait. Se décomposait. Elle n’était pas aussi mystérieuse qu’elle le pensait en fin de compte et ne se souvenait pas avoir donné tous ces détails de sa personne à Elio, surtout en un si court laps de temps. Fort heureusement pour elle, tout ceci n’était que la surface de l’iceberg et elle cachait encore habilement la complexité de son caractère et de ses goûts. Elle nota cependant qu’il avait remarqué ce qu’elle portait, signe qu’il n’était pas aussi indifférent qu’il le laissait croire. Gentleman certes, mais un homme tout de même. Ofelia ne le coupa pas une seule fois, intriguée par sa réflexion et curieuse de voir où elle allait le mener.

« Je ne savais pas que tu étais autant à l’écoute, je prends note. » Il ne faisait pas semblant d’écouter lors de leurs conversations, elle pouvait au moins lui accorder cette qualité. Sans se départir de son air mutin, elle répondit volontiers à sa question.

« Mon plat préféré est le panucho, un plat de chez moi que ma grand-mère réalise à la perfection. Pour le dessert, une capirotada, c’est un genre de pudding au pain si tu veux. Très nourrissant. Alors, qu’est-ce que ça t’apprend sur moi ? » demanda-t-elle certes avec amusement, mais aussi beaucoup d’intérêt. Pouvait-on réellement déterminer l’essence d’une personne via son plat préféré ? Peut-être ne connaissait-il même pas le panucho ! « Et je suis un ventre sur pattes, au cas où tu te poses la question. Et si tu en doutes, je peux même te défier à un concours de hot-dogs ! » Cette fois, une lueur de défi passa dans ses yeux sombres alors qu’elle riait.

Une histoire de fesse  ft. @Elio Cooper | 02.06.23

Sa prononciation parfaite lui rappela que, tout comme elle, il avait des racines hispaniques. Sa déduction faisait plaisir à entendre, le nier ne servirait à rien. En effet, elle tenait beaucoup à son abuela qui avait tant fait pour elle depuis sa naissance. Minimiser son impact sur sa vie reviendrait à la distordre. La réaction d’Elio sur les hot-dogs sonnait légèrement prétentieuse, quoiqu’elle se disait aisément qu’il exagérait volontairement le ton. Elle aimait les hot-dogs pour la facilité avec laquelle ils pouvaient être préparés et mangés. Pour un concours, c’était l’aliment parfait. Pas besoin d’être patriote lorsqu’il s’agissait d’un challenge culinaire ! Elle ne se voyait pas s’empiffrer d’enchiladas en trois minutes, montre en main - ce serait les déshonorer.

« T’es pas sérieux j’espère ? Y’a rien de plus facile que de manger des tapas, ça rentre tout seul ! Nan, les hot-dogs c’est du pain bien bourratif, c’est plus dur de l’avaler avec rapidité. Tu cherches une victoire facile, c’est décevant ! » Il existait des tapas assez riches, mais pas aussi imposants au ventre que des hot-dogs avec les saucisses géantes industrielles comme seuls les Américains savaient le faire. Hors de question qu’elle se bourre de tapas jusqu’à vouloir vomir… Sa grand-mère ne s’en remettrait pas si elle apprenait qu’elle faisait subir ce genre de supplice à sa cuisine de prédilection !

« Pas aussi bien qu’elle mais je sais, oui. Elle m’a apprit. Puis je doute que ce soit le genre de choses que je puisse apprendre à Cat alors… Tu cuisines un peu au quotidien ? Quel type de nourriture ? » À elle de poser quelques questions. Elio se montrait trop curieux à son sujet pour qu’elle ne cherche pas à lui rendre la pareille. Après tout, à quoi bon faire plus de centimètres que la moyenne si, au final, il ne savait même pas se servir d’une poêle ?