I'm not drunk, you are !  ft. @Juliet Blackthorn | 19.05.23

« Otro » dis-je en désignant du doigt le verre devant moi, que le barman tarde à considérer. Il me regarde avec un air de merlan frit, de ceux qui veulent dire “vous êtes sûre madame ?” MADAME. Il pense que j’ai quarante ans ou quoi ? Ou, au contraire, que je suis encore plus jeune que je n’en ai l’air et que je ne saurais pas tenir l’alcool. Pfff, il ne connaît pas les Madrigal, ça se voit. Ce n’est pas la piquette de ce bar qui va me foutre une raclée. Je tapote mon verre en le regardant avec intensité et il plie sous mes iris sombres, comprenant qu’il ne vaut mieux pas me mettre en colère. En réalité, je ne pense pas faire grand-chose en représailles à sa fausse bonne considération à mon égard à part tout bêtement… partir. Oui, c’est con. C’est avoir une grande gueule pour rien, on est d’accord ! En attendant, il me ressert et je suis satisfaite.

Perchée sur un tabouret du comptoir, mes pieds n’atteignant évidemment pas le sol malgré mes hauts talons à plateforme, je me contorsionne pour jeter un œil aux autres tables de l’établissement. Des groupes d’amis se sont installés ici et là, plus ou moins bruyants. Je les observe quelques minutes, trop curieuse pour mon propre bien et m’imaginant anthropologue en pleine étude de l’espèce humaine. Une sensation de courte durée lorsque mon regard croise celui de cette blonde. Mince, son nom… son nom… J… Ja… Jo… Non pas Jolan hein, mais ça a un lien. Impossible de me le remettre, c’est un cauchemar… d’autant plus si elle se pointe là et que je suis supposée lui dire bonjour. J’aurais l’air de quoi si je ne suis même pas capable de ressortir son prénom alors que l’on s’est déjà croisées par deux fois ! Je prends donc soin de me retourner face à mon verre et le sirote l’air de rien.

I'm not drunk, you are !  ft. @Juliet Blackthorn | 19.05.23

Elle, au moins, n’a pas oublié mon prénom. Le malaise. J’ai beau me creuser la cervelle, rien ne vient. Elle aurait mieux fait de rester avec les siens, cela nous aurait évité à toutes les deux une mauvaise expérience. Elle n’a pas l’air de celleux qui ont l’habitude de se faire oublier… La faute à sa prestance, son physique ou sa réputation, choisissez celui que vous voulez. Je me tourne pourtant vers elle avec un sourire alors qu’elle se hisse sur le tabouret du bar avec bien plus de grâce et de facilité que moi précédemment. Je ne suis heureusement pas assez cuite pour ne pas pouvoir faire semblant et étant donné que c’est un sport où j’excelle… en avant toute !

« Tequila » clamé-je de mon accent hispanique, le faisant volontairement ressortir pour l’occasion. Je ne cherche jamais vraiment à le camoufler derrière une prononciation impeccable mais il est vrai qu’il y a des moments où je me lâche complètement, au point qu’on ne puisse plus entendre qu’une soupe de consonnes et de voyelles épaisse et troublée. Cette fois-ci, les lettres roulent sur ma langue avec aisance et mes fossettes se creusent sur mon visage. Cette femme est tout mon contraire, me fais-je la réflexion. Solaire, gentille, douce, visiblement appréciée de ses pairs sans même avoir à faire des efforts d’intégration… Quand, de mon côté, je préfère la solitude, les coins sombres et les sarcasmes. Mais qu’on ne se méprenne pas : moi aussi, j’ai besoin de mon lot de sociabilisation pour survivre !

« C’est la folie à ce que je vois ! » Mon regard se dirige vers le groupe d’internes un peu plus loin dont le niveau sonore s’amplifie chaque minute, à mesure que les cocktails se vident. « Quelque chose à célébrer ? »

I'm not drunk, you are !  ft. @Juliet Blackthorn | 19.05.23

Tiens, une découverte ! Amatrice de Tequila, ou grande amoureuse faudrait-il dire. Voilà de quoi me faire retenir son identité plus facilement. Il suffirait juste que je me rappelle son prénom d’ici les deux prochaines minutes et on pourra partir sur une soirée plutôt amusante pour l’une comme pour l’autre ! Je désigne d’ailleurs le groupe qu’elle vient de quitter, faisant mention de leur bonne humeur contaminante. La réponse de la médicomage a de quoi me faire hausser un sourcil de surprise. Okay, je l’admets, je ne m’attendais pas à ce qu’elle fasse preuve d’un tel humour noir. Je la voyais plutôt… paillettes, rire et papillons. Idée préconçue de ma part uniquement basée sur son apparence extérieure, j’en ai bien conscience mais il y a certains clichés difficiles à dépasser.

« Pour le moment. J’aurais d’ailleurs plutôt tendance à célébrer le contraire mais… » Je souris en haussant les épaules, lui laissant un maigre aperçu de ma personnalité profonde. Bien loin de la petite popstar toute mignonne en attente de son prince charmant aux airs de Justin Bieber, la mort a plus de fascination pour moi que n’importe lequel des hommes de ce monde. Non, je ne souhaite le décès d’aucun de ses patients, qu’elle ne s’inquiète pas. Mais s’il devait survenir devant moi… je n’y verrais aucun inconvénient !

Alors que je la regarde, mes lèvres trempant dans mon verre, je me rappelle quelques bribes de notre conversation passée, lors de la Saint-Valentin. C’est donc en toute franchise et sans la quitter des yeux que je lui adresse ces quelques mots (ornés d’un délicieux sourire, bien évidemment).

« Je me suis souvenue de ton conseil et j’imagine que si tu me parles, c’est que tu penses que je l’ai… comment dire… appliqué ? Si je me souviens bien, on ne peut pas devenir potes si je couche avec ton ex, c’est ça ? » Elle est ce type de personne. Je n’ai rien contre ça, ils sont en majorité. Dans la plupart des cas, la jalousie s’immisce un peu partout. Celui-ci ne fait pas exception. J’ai bien envie d’entretenir le doute sur le fait d’avoir couché ou non avec Elio pour voir si elle est prête à créer une bagarre ou même m’envoyer des piques… Ou peut-être lui est-ce déjà passé ?

I'm not drunk, you are !  ft. @Juliet Blackthorn | 19.05.23

Elle fait dans la plaisanterie et même si je le prends un peu comme ça (parce que je le devrais, indéniablement), une partie de moi l’écoute avec sérieux. Pourquoi n’ai-je pas pensé plus à me faire des potes dans la médicomagie hein ? Ils sont clairement les mieux placés pour avoir des cadavres gratuits sous la main… Je suis presque sûre qu’ils s’entraînent dessus, même s’ils auraient tendance à dire le contraire. En tout cas, je retiens la proposition avec le même sourire qu’elle, puis passe de but en blanc en abordant la question de son ex. Apparemment, elle ne l’a pas vu venir à la façon dont le liquide lui sort par les narines. Assez dégueulasse mais eh, on a vu pire non ? Je me retiens de rire - enfin, surtout, de me moquer - et attends sagement la réponse. Et c’est plutôt une question qui m’est renvoyée. Cette fois, je ne me retiens pas et lâche un rire ni trop cruel, ni trop simplet. Ok, je l’aime bien cette meuf-là. Elle ne s’est pas laissée totalement chambouler par ma question impertinente et a même réussi le tour de passe-passe de me faire marrer. Même si ça a l’air un peu compliqué son histoire d’exs et que, dans les faits, je n’ai pas tellement envie de m’insérer au milieu…

« Han, est-ce qu’il y a quelque chose que je ne sais pas au sujet de Jolan ? Je croyais que ce n’était qu’une histoire sans réelle importance… ? » Je joue avec le feu, un feu qui peut m’exploser à la gueule et pourtant, je sirote ma tequila avec un fort amusement. Cette tentative de sa part de rentrer dans ma dynamique n’a fait qu’exposer la situation dans laquelle elle se trouve. « Tu sais très bien que c’est un peu trop tard pour lui, même si on s’est à peine revus depuis, maintenant que j’y pense. » Je pose mon index sur mon menton pour signifier ma réflexion puis hausse les épaules d’un air désintéressé. Je ne m’attends pas à ce qu’il me contacte et lui non plus. S’il doit de nouveau se passer quelque chose, ce sera probablement fortuit.

« En tout cas, il est très gentil ce Elio ! Un vrai gentleman. Pourquoi vous avez rompu ? Pas assez de folie ? » Je lui fais un haussement de sourcils suggestifs. Nan parce qu’on sait bien que parfois, les mecs les mieux élevés peuvent être les plus wild mais aussi les plus mous…

I'm not drunk, you are !  ft. @Juliet Blackthorn | 19.05.23

Bah voyons, elle a “un tout petit peu menti”... Rien de surprenant. J’ai pu constater que, malgré mes propres pratiques, mes homologues sont rarement aussi honnêtes concernant leurs relations, surtout quand elles ont réellement de l’importance. Ce qui lie Jolan à Juliet est plus sérieux que ce qu’elle m’a fait entendre. La faute lui revient, je ne pouvais pas non plus deviner qu’elle se voilait la face ce jour-là… ou qu’elle trouvait plus facile de mentir à une personne qu’elle ne connaissait alors ni d’Eve, ni d’Adam ! Elle ne fait aucun autre commentaire sur le sujet et je n’insiste pas. Si elle n’est pas prête à admettre certaines choses, ce n’est pas moi que ça regarde.

Juliet répond à une question que je ne me posais même pas et j’ai un petit ricanement à l’annonce des prouesses sexuelles de son ex. Une information que je range dans un coin de ma tête au cas où j’en ai besoin un jour. Donc gentil, prévenant, beau et consciencieux au lit… pourquoi s’être séparés ? C’est louche. À moins que ce soit lui qui ce soit lassé d’elle… et que cette impression de compétence ne soit pas partagée. Je sirote ma tequila une nouvelle fois, curieuse d’en savoir plus mais réfrénant ma hardiesse. Je compte bien sur l’état d’ébriété de Juliet pour en savoir plus très vite !

« Mmmh ils sont très papa-poules en fait, donc selon ce que le mec m’a fait, ça se peut ! » Je dis ça en plaisantant mais j’ai l’impression qu’elle est sérieuse au sujet d’ôter la vie de quelqu’un. Extrême les parents dis donc ! « J’avoue que tu m’intrigues de ouf, il a fait quoi pour que tes parents veuillent le zigouiller ? Mangé sa viande avec la fourchette à poissons ? » C’est comme ça dans les grandes familles sorcières non ? Il y a une étiquette, un comportement à respecter… Mais si on s’en tient à la description de Juliet, Elio est bien élevé… Il y a du croustillant dans cette histoire et j’ai hâte de mettre la dent dessus !

I'm not drunk, you are !  ft. @Juliet Blackthorn | 19.05.23

« Non j’imagine pas. » Je m’exclaffe légèrement pour faire passer plus facilement le ton un peu sec que j’ai employé. Car oui, je ne comprends pas pourquoi ils chient toujours une pendule dès qu’on parle de moldus et de baguettes. C’est dingue qu’après tant de générations, on en soit encore là. Si je n’en souffre pas plus que d’autres, cela me révolte toujours d’entendre certains propos être propagés comme s’ils étaient parole d’évangile. Comme s’il était normal de rejeter - ou même tuer si j’ai bien compris - un être humain pour cette simple raison. J’ai néanmoins un sourire à l’attention de Juliet, qui n’a pas à être le récipient de ma révolte intérieure. Mes doigts viennent enfermer le verre poussé vers moi et je ne me fais pas prier pour en prendre quelques gorgées.

« Mais toi, t’en pensais quoi ? Il te rendait heureuse ? » Okay, je ne voulais pas que cette question sonne aussi sérieuse et introspective, mais je ne peux plus la reprendre. Tout comme il ne sert à rien que je lui fasse un laïus sur le fait que c’est “sa” vie et que seule “son” opinion d’Elio compte. Ce serait secouer les bras dans le vide avec le vain espoir de voler… Quoique cela n’a pas l’air de réellement la chagriner, quand on y regarde bien. Ouf, tant mieux ! Ce n’est pas que le désespoir humain ne m’intéresse pas mais… pas ce soir, disons.

« En vrai, je ne me suis pas posé la question ! Il m’a juste rendu service, il était plutôt cool et je ne crois pas qu’il ait cherché à me plaire non plus. Mais bon, faut dire c’qui est, je préfère quand ça bouge un peu… » Je lui fais un sourire équivoque. Je ne suis pas là dire que j’aime les “badboys” parce que ça fait très cliché et qu’ils ont parfois de trop gros défauts, mais je suis une personne qui vit dans son monde et pas toujours sur le même rythme… Je m’attache souvent à des êtres similaires à mon mode de fonctionnement et il est possible qu’Elio soit trop rangé pour moi. Sauf que l’inverse est tout à fait possible également. Je ne sais jamais, c’est ça qui est intéressant !

« Bon, t’es là à vanter les mérites de ton ex mais ça ne répond pas à la VRAIE question qu’il faut se poser - et en partant du principe que tu les apprécies tous les deux au même niveau : lequel est le plus performant ? Efficace ? Satisfaisant ? » Je pourrais continuer longtemps comme ça mais si je veux qu’elle me réponde, il va bien falloir que je ferme un peu ma gueule.

I'm not drunk, you are !  ft. @Juliet Blackthorn | 19.05.23

« C’est dommage. » Je ne peux rien dire d’autre. De toute façon, ça ne servirait à rien. Sans cette histoire de père meurtrier, ils auraient probablement pu être super bien ensemble - du moins, c’est l’impression qui en ressort lorsqu’on écoute Juliet. Un ton doux, des sentiments apaisants sur un fond de tristesse et de résilience. Dur de savoir si elle a vraiment tiré un trait sur ce passé ou si, secrètement, elle espère que la page se rouvrira un jour. Nous n’avons probablement pas la même façon d’aimer nos relations et je doute même qu’elle soit du genre à en avoir plusieurs en même temps. La femme d’un seul et pour le moment, je ne parviens pas à savoir auquel des deux elle souhaite appartenir. D’où ma question. Tout ne passe pas par le sexe, loin s’en faut, mais on ne peut nier que cela fait partie intégrante de la construction de la relation et ma curiosité sur le sujet n’a pas de limite. Là encore, elle me surprend en répondant avec franchise et, je dois le dire, plus de détails que ce que pensais. J’en crache presque ma tequila (ce qui serait un blasphème mais fort heureusement, plus de peur que de mal). Dis donc, elle est en réalité beaucoup moins coincée que son apparence générale laisse entendre ! Je me souviens l’avoir trouvée toute douce, presque réservée lors du speed-dating et vu le contexte, cela ne m’avait pas étonné. Cette fois, j’ai droit à une facette beaucoup plus ouverte de sa personnalité et ça me plaît beaucoup. Dommage, encore une fois, qu’elle m’ait déjà formulé son manque d’attraction envers moi. Même si…

« Et à quatre ? » Je ne la quitte pas des yeux en disant cela, passant ma langue sur ma lèvre inférieure pour l’humidifier (et volontairement ajouter un petit effet à mes propos). Okay, je sais, je joue avec le feu et c’est mal. Seulement, sa réflexion m’a poussé à peindre une image dans ma tête qui ne veut plus partir désormais. Foutue imagination va !

« Je vais avoir du mal à le regarder dans les yeux maintenant, en sachant ça ! Tu sais que t’es clairement en train de me le vendre là ? Nan parce qu’à la base, je n’étais pas vraiment intéressée… » Heureusement pour elle que je ne m’arrête pas qu’aux attributions sexuelles…

I'm not drunk, you are !  ft. @Juliet Blackthorn | 19.05.23

La réaction se fait attendre, ou alors le manque de réaction en est une ? En tout cas, il est très drôle pour moi de voir la jolie blonde marquer une pause, comme si la simple idée de m’avoir dans son lit avec ses ex lui coupait le circuit. Je prends une nouvelle gorgée de Tequila, m’en délectant jusqu’à passer ma langue sur mes lèvres.

« Eh, ça s’appelle saisir une opportunité ma belle ! Je ne veux pas avoir de regrets, moi. » Je ricane un peu. Il y a un fond de vrai dans ces mots même si, bien évidemment, ils ne suffisent pas à résumer mon mode de vie sentimentale. Je ne proposerais pas une telle chose même pour plaisanter si je n’étais pas intéressée par les personnes concernées. J’ai déjà pratiqué Jolan, Juliet a capté mon intérêt lors de notre première discussion et Elio ne m’a présenté encore aucun défaut qui puisse le faire écarter de l’équation. Alors pourquoi pas s’y essayer hein ? Que perd-on, si ce n’est quelques heures ? Je suis certaine que dans d’autres circonstances, j’aurais pu la convaincre… Néanmoins, même si cela s’avérait être le cas, il faudrait en faire de même avec les deux gars et c’est un exercice un peu plus difficile…

« Si tu le dis… Mais fais gaffe, à trop le vendre, on va croire que tu en es encore amoureuse. Ou que, au contraire, tu en fais un peu trop et qu’il a vraiiiiment un gros problème. Vas-y, dis-moi, qu’est-ce que tu détestais le plus chez lui ? LE truc qui te rendait chèvre ? Et pas dans le bon sens. J’ai bien compris que tu aimais l’avoir sous tes draps… » J’accompagne mes propos d’un clin d’œil.

I'm not drunk, you are !  ft. @Juliet Blackthorn | 19.05.23

La révélation ne manque pas de me surprendre et de me faire rire. C’est rarement le type de défauts qui peut nuire à un couple et je doute que ce soit vraiment le cas les concernant. Ce n’est qu’un petit détail sur un tableau plus vaste et complexe sur lequel, je me doute, elle savait fermer les yeux. J’en attends plus et il faut croire que mon silence porte ses fruits. Juliet se fait plus bavarde sur les traits de personnalité d’Elio qui ont mené leur relation à sa perte (en partie j’imagine). Je veux bien la croire quant à la difficulté de supporter ce type de personnalité au quotidien. À trop vouloir être gentil, le Cooper rendait certaines situations plus compliquées alors qu’un peu d’affirmation de soi aurait suffi à arranger les choses. Je ne pouvais décemment pas le critiquer étant donné mon propre caractère…

« De toute façon j’suis pas sûre qu’il existe un caractère qui soit constamment facile à supporter au quotidien… » Je parle en connaissance de cause. Peu importe que la personne soit parfaite en tous points au début, il y a toujours un moment où on se rend compte que ce qu’on trouvait étrange et adorable est devenu ennuyant et irritant. C’est parfois une raison suffisante pour se séparer et parfois non.
Je hausse un sourcil mystérieux à l’intention de Juliet, profitant des quelques secondes devant moi pour créer une ambiance de suspens. Ce n’est pas une information que je devrais partager étant donné ma situation… Sauf qu’en regardant la jeune femme, je ne vois rien qui m’empêche de le faire. Même si elle détient cette information sur moi, est-ce si important qu’elle la révèle au monde entier ? Ne serait-ce pas plutôt un soulagement de voir ce moment venir, d’être enfin libérée de cette image trop lisse et parfaite ?

« Une fois, ouai. J’dis pas que je le ferais tous les jours mais c’est intéressant à tester au moins une fois. C’est… comment dire ça… beaucoup d’émotions d’un seul coup. Et il faut bien choisir avec qui le faire, aussi. » Si ça s’était su à l’époque, mes pères m’auraient coupée en deux… Majeure de seulement quelques mois, j’avais sauté sur l’occasion par pure curiosité et parce que j’avais entièrement foi en deux des trois autres personnes. En y repensant, c’était assez irresponsable de ma part car ça aurait pu mal tourner publiquement pour moi…

« Mais tu considères vraiment la question alors ? Le mieux serait déjà de commencer à trois. »

I'm not drunk, you are !  ft. @Juliet Blackthorn | 19.05.23

Je ne peux pas me plaindre de l’attention que me porte la blondinette, c’est quelque chose dont j’ai désespérément besoin - malgré mes réticences à l’avouer. Je me retrouve à lui raconter cette histoire dans ses grandes largeurs comme s’il était normal de partager ces informations avec la première venue. Mais après tout, pourquoi pas ? Elle semble véritablement intriguée (ou intéressée, cela reste encore à déterminer) et je ne peux m’empêcher de chercher à l’attirer de mon côté du ravin. Quitte à ce qu’elle se salisse un peu au passage. Je veux bien la croire cela dit, elle ne respire pas l’expérience sexuelle à foison et en même temps, je ne crois pas qu’il y ait un vrai indicateur pour cela. Ma dernière volonté est de juger qui que ce soit sur ses pratiques étant donné que j’attends le même égard au quotidien. Son enthousiasme me gagne complètement cela dit et moi aussi, je me penche un peu plus vers elle. Mon air mystérieux toujours vissé sur le visage, je souris à la belle sorcière.

« Tu ne sauras jamais… » Ma phrase reste en suspens et je prends une longue gorgée de ma tequila en gardant mon sourire, véritablement amusée par la confidence qui naît entre nous deux. Impossible de dire si tout cela n’est qu’illusion ou si nous sommes en train de construire une vraie connexion… Je sais simplement que, alcool ou non, je m’amuse beaucoup.

« … parce que c’était au Mexique et qu’il y a très peu de chance que tu saches qui c’est, même si je te donnais leurs noms ! Eh, clause de confidentialité hein… Je ferais pareil pour toi si tu décidais de te jeter à l’eau. » J’en profite que nous soyons proches pour replacer délicatement une mèche de ses cheveux dorés, geste à la fois naturel et un brin volontaire pour garder cette bulle qui nous entoure intacte.

I'm not drunk, you are !  ft. @Juliet Blackthorn | 19.05.23

L’occasion ne s’est pas présentée sur le territoire écossais et même si ça avait été le cas, je n’aurais pas sauté le pas. Se lancer dans une telle chose relève d’une grande sensibilité envers les uns et les autres et je n’ai trouvé personne - encore - qui puisse correspondre à ce schéma. Non pas que je cherche réellement à vrai dire. Avant aujourd’hui, je n’ai jamais abordé le sujet avec qui que ce soit. Il est étonnant de voir que c’est avec elle que je le fais et je ne suis pas sûre de pouvoir entièrement blâmer la tequila. J’ai encore une dernière petite touche de discernement, même si la flamme s’évanouit à chaque gorgée bue.

« Navrée qu’il en soit ainsi. » Enfin, pas vraiment. Ce sont mes histoires privées. Même si ça avait eu lieu avec des étudiants de l’université, j’aurais gardé les noms pour moi, dans un souci de respect pour eux autant que pour ma personne. J’en aurais attendu autant d’elleux. Mais je comprends la curiosité qui anime la blondinette. C’est le genre de potin qu’il est amusant de partager avec quelqu’un. On a l’impression de partager une connexion, aussi faible soit-elle.

« Tu veux dire que mon charme à lui seul ne suffit pas ? Je suis outrée ! » Voilà que je fais ma Cataleya, elle serait fière de moi. Ce qui se passe est, néanmoins, très intéressant… Elle veut m’embrasser et elle n’a pas tort de donner une part de responsabilité à la tequila. Elle ne serait probablement pas si directe avec moi sans cela. Dieu bénisse l’alcool ! Il permet à ce genre de personnalités de se dévoiler et j’aime son audace. Elle est à des années lumière de la femme avec qui j’ai discuté à la Saint Valentin.

« Je n’ai jamais eu besoin de tequila pour avoir envie de t’embrasser. » Je me rapproche un peu plus et caresse la peau toute douce de son bras de mon index. J’espère créer un frisson qui lui donnera le courage de faire un pas supplémentaire. Ou alors, elle fuira. Dans tous les cas, je me serais bien amusée !

I'm not drunk, you are !  ft. @Juliet Blackthorn | 19.05.23

C’est engageant et ces mots donnent envie à Ofelia de se montrer un peu plus directe. Trop directe, probablement… Car à peine fait-elle cette déclaration que la blondinette se dresse d’un bond et pose entre elles une distance qu’elle juge probablement nécessaire. Elles se seraient trouvées sur un trampoline qu’on y aurait vu aucune différence… Il n’en faut pas plus à Ofelia pour comprendre que ce n’est pas ce soir que son charme aura raison des réticences de la belle médicomage, même si elle est allée beaucoup plus loin que ce que présageait leur discussion lors de la Saint-Valentin. Pour la Mexicaine, rien n’est jamais perdu et c’est un sourire affectueux qu’elle adresse à Juliet, consciente de l’embarras qui doit être en train de la saisir, noyant ses volontés de rébellion.  

« Aucun problème, ne retarde pas tes amis. » Malgré ce que l’on pourrait croire, Ofelia n’est ni fâchée ni vexée par la situation. Ce n’est pas la première fois que cela lui arrive et même elle a été de ce côté de la rivière, fut un temps. Elle sent que Juliet a besoin de temps pour comprendre ce qui vient de se passer et la portée que cela peut avoir sur sa vie quotidienne. Ce qu’elle décidera de faire de cette nouvelle information ne regarde qu’elle en fin de compte.

« Plaisir partagé. À bientôt Juliet, profite bien du reste de ta soirée. » C’est songeuse qu’elle la regarde rejoindre son groupe d’amis puis repart dans l’exploration de sa Tequila.


- TERMINÉ -