l’étudiant et la distraction

eliott & orion

Je n’aimai pas les interros. Mais je n’avais pas vraiment le choix que d'en faire faire à mes élèves. Je n’aimais pas le fait de coller des jeunes dans l'ambiance stressante de l'Examen, avec un grand E. J’n’aimais pas avoir à corriger des montagnes de copies. Et puis je trouvais ça stupide de bosser par écrit ma matière. Mais bon, administrativement, il fallait bien. En plus, ça permettait à certains élèves des moins à l'aise avec les bestioles de s'en sortir à peu près. Oui, ça évitait à Whilelmina d'avoir une trop mauvaise moyenne. Je refermai mollement mon vieux roman abimé et le posai sur le bureau. J’haussai un sourcil hirsute en apercevant un élève se redresser brusquement sur sa copie. Je réprimai un sourire, et restai à le fixer, immobile, un moment. Cela me faisait rire intérieurement de le voir se tortiller nerveusement sur ma chaise. Je m’en fichai pas mal qu’il triche, même sur le principe je trouvais ça stupide, mais ça m’amusait plutôt de le voir empreint de crainte. Genre j’étais démoniaque comme prof. Enfin aussi gentil que je puisse être, j’avais tendance à oublier que ma stature pouvait quand même inquiéter. Finalement, je me renfonçai dans ma chaise qui lâcha un grincement douloureux, et relâchai mon attention pour lever les yeux vers l’horloge. - Encore 15 minutes jeunes gens. Ma grosse voix me fit presque sursauter dans le silence qui régnait là. Et pas que moi d’ailleurs. Les regards apeurés que certains élèves jetaient dans tous les coins me firent sourire.  Je soupirai. Bordel encore 15 minutes à poireauter sur cette conne de chaise. C’était bien pour ça que les rares moments où je faisais cours dans une salle étaient pour ces stupides interrogations écrites. J’entrepris de détailler chacune des jeunes têtes qui me faisaient face. Essayant de mettre des noms dessus et quelques caractéristiques. En vérité, j’en connaissais à peine le tiers.  Mes yeux sombres se posèrent sur Eliott. Aux dernières nouvelles, ses résultats absolument impeccables connaissaient… une baisse. Honnêtement, si j’avais eu ce niveau-là, ç’aurait été un miracle. Mais pour lui ça traduisait peut-être un problème. Et pour une fois que je pouvais être un minimum fier d’un élève, j’avais peur d’être la cause de cette baisse de niveau. Oué, je m’étais autoproclamé depuis bien longtemps mauvais prof. Même si j’avais fréquemment des retours contraires. Je regardai à nouveau l’horloge. - C’est terminé. Amenez vos parchemins ici, et vous pouvez partir, vous aurez une demi-heure de pause en rab. C’est la belle vie non ? J’eus un sourire amusé devant leurs mines réjouies. Bah quoi, ils s’attendaient à ce que je leur fasse un cours express sur table pendant les 30 minutes restantes ? C’était mal me connaitre. Je les saluai un à un (cherchant vainement leurs prénoms et me trompant dans quelques essais infructueux) pendant que chaque étudiant posait son devoir sur mon bureau. Et puis Eliott vint à son tour. - Eliott, je pourrais te voir un peu après, si tu veux bien ? Je pris  son devoir, lui fit signe de retourner à sa place le temps de finir de tout récupérer. Une fois le tout récupéré, je me levai enfin de ma chaise, tout ankylosé. Je grognai et étirai mes gras bras. Faut croire que je commençai à me faire vieux. Je rejoignis la table d’Eliott et m’appuyai contre la table voisine, bras croisés. - Comment tu vas Eliott ? Un peu abrupte comme question, mais c’était une première chose à savoir.

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Journée interrogation écrite en Soin aux Créatures Magiques. C'est marrant d'habitude ça m'amuse les interro, les examens et tout ça mais ces derniers temps j'avais la tête ailleurs. Du coup mes notes s'en étaient fait ressentir, et ça dans toutes les matières. Je pensais à autre chose, je rêvassais en cour, je répondais à côté des questions aux interros. Jusque là ma baisse de niveau n'avait inquiété personne. Mes parents n'avaient plus de droit de regard sur mes résultats scolaires même si en général je leur montrais toujours. J'espérais remonter la pente mais apparemment je n'y arrivais plus. Même le devoir que j'étais en train de faire n'arrivait pas à trouver grâce à mes yeux. Ces questions semblaient être écrite en arabe ou en chinois ou autre langue que je ne comprenais pas. Je répondis à la moitié des questions lorsque le professeur Maui indiqua qu'il ne nous restait que 15 minutes avant la fin. Je soupirais discrètement. Je savais déjà que j'allais prendre une sale note sur ce devoir. La raison de ce manque de concentration? Elle était là devant nous, en train de lire un livre dans une chaise. Depuis quelques temps déjà je ne le regardais plus de la même façon. Je crois qu'il me plait. Souvent dans je réfléchissais à ce que je ferais si j'étais plus intime avec lui. Je rêvassais à nos ébats, à son corps musculeux sous mes doigts. Bref je pensais à autre chose que les périodes de nidation des Hippogriffes. Je terminais non sans mal mon devoir au moment où on nous annonçait la fin du temps réglementaire. J'étais pas fier de moi. Je savais que j'avais encore foiré mon interro. Je suivis mes camarades jusqu'au bureau d'Orion où je lui tendis mon devoir sans un sourire. Je gardais les yeux baissés, comme honteux de devoir rendre un torchon pareil. C'est clair que je l'avais habitué à mieux me concernant. C'est peut être ça qui lui mit la puce à l'oreille car il me demanda de rester un peu après. Il nous avait laissé la dernière demi heure de cour libre alors je pouvais bien rester 5 minutes de plus. Je ne répondis qu'avec un hochement de tête et retourna à ma place sans un mot. Finalement lorsque tout le monde fut sortit, Orion s'approcha de moi et s'installa à mon côté. Moi j'avais toujours le nez en direction du sol comme un gamin prit sur une faute. Il me demanda comment j'allais. Je répondis un peu évasivement.

-ça va... j'ai été un peu malade ces derniers temps alors je suis fatigué.

Bien entendu c'était un gros mensonge. Mais je ne pouvais décidément pas lui dire que son corps me perturbait tant que j'en oubliais mes cours et que puisque je craquais un peu sur lui je perdais la tête.

-Pourquoi y'a un problème?

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Son attitude m'étonna un peu. Il était usuellement plus... vivant que ça. Mine déconfite et air penaud, je n’avais pas vraiment l’habitude de le voir dans cet état. Je laissai mes grosses paluches retomber sur mes cuisses. Oué, nan ça n’allait définitivement pas. J’écoutai sa réponse et gardai un instant le silence. J’insistai ou pas ? Je savais qu’il me mentait. Je savais pertinemment à quoi ressemble un animal malade, même si l’animal en question est un humain. Et ça n’avait certainement cet air coupable que le jeune homme affichait. Mais je n’étais pas bien sûr que ses histoires soient mes affaires. Finalement, je tirai la chaise à côté de lui et m’assis dessus. Elle craqua. Je baissai les yeux, attendant le verdict de mon assise, mais elle tient le choc. Je souris doucement, et me penchai, posant mes avant-bras sur mes genoux. Pas que je fatiguais déjà, mais je préférais éviter de le regarder de haut (ce que ma stature avait tendance à m’imposer). J’avais remarqué que la plupart des comportements que j’adoptais pour apprivoiser des bestiaux marchaient très bien avec les humains. Alors ainsi, je pouvais avoir ma ligne de regard sous la sienne, devant lever les yeux vers les siens. Lui donnant une espèce d’ascendant. Je fis de mon mieux pour adoucir ma voix et éviter de grogner. - T’es sûr de ça ?... J’veux dire, y a pas un truc dont tu veux parler ? N’importe quoi. Tu sais le secret professionnel ça existe aussi dans l’enseignement. Je lui adressai un sourire qui se voulait rassurant. Ce n’était pas évident de m’adresser à lui qui avait l’air de s’être fermé comme une huître à mon approche. Surtout pour moi le roi des relations humaine. Je frottai pensivement mes joues pas rasées, cherchant mes mots. - Je veux te parler, parce que… enfin je suppose que tu l’as remarqué toi-même… tes résultats, dernièrement, ce n’est pas la joie. J’en ai vaguement parlé à un autre prof, apparemment dans sa matière ça va. Du coup je voulais savoir ce qui ne va pas. Surtout si c’est ma faute, je sais que je ne suis pas le prof du siècle, alors s’il y a des trucs dans ma façon d’enseigner qui ne vont pas… Je suis plus qu’ouvert à toute critique.

Je jetai un coup d’œil à mon bureau et au tas de copies qui trônait dessus. J’aurais peut-être dû prendre son nouveau devoir pour y jeter un œil. La flemme de me relever. Et puis tu me diras, c’est pas forcément agréable de se faire corriger un devoir récent en direct live. Je fis un signe du menton en sa direction. - Ca s’est passé comment aujourd’hui ? Vu la tête qu’il tirait quand il m’avait rendu sa copie, et celle qu’il tirait maintenant, je pouvais aisément deviner la réponse.

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La présence d'Orion près de moi ne m'aidait pas vraiment. Je gardais les yeux sur ma table, je n'osais même pas le regarder en face. Je me sentais con de foutre en l'air mes études pour un fantasme de gamin. Pourtant Orion avait cette stature et cette allure qui me faisait craquer à tout les coups. J'aimais les hommes plus âgés, virils, un peu ours mal léchés aussi, et toujours d'une certaine carrure imposante. Autant dire tout l'inverse de moi avec mon air de gamin sortit à peine de la puberté. Mais ma première réponse ne sembla pas satisfaire mon professeur qui me demanda si je ne voulais pas lui parler d'autre chose. Je grimaçais. Comment lui dire que je craquais pour lui? C'est un prof et il a surement quelque chose comme 10 ans de plus que moi peut être même encore plus. Il me parla de mes notes, car comme je m'en doutais il avait remarqué que quelque chose n'allait plus dans mes études. Mais j'étais étonné de l'entendre me demander si c'était sa faute. Il se voyait comme un mauvais enseignant. Je relevais alors les yeux vers lui pour la première fois de la journée.

-N... Non. Non ça va vous êtes... enfin j'ai aucun problème avec vous. Vos cours sont intéressants. Et puis si le problème venait de vous j'aurais jamais eu de bonnes notes même au début...

Je n'en dis pas plus. Pourtant j'aurais peut être pu ajouté que s'il était moins sexy ça m'aurait peut être aidé à me concentrer.  J'avais le coeur serré, ça me touchait qu'il s'inquiète de savoir si j'allais bien. Orion me demanda ensuite comment mon devoir s'était passé. Là encore je gardais mon regard sur le sol. Je savais que j'avais merdé. Pour toute réponse en premier lieu je haussa les épaules. Je sais que ce comportement ne me ressemblait pas vraiment.

-Je sais pas... je pense que c'est raté...

Je soupirais une nouvelle fois. Puis je me décidais à passer un peu à la caisse et avouer plus ou moins d'où venait le problème. Alors après m'être mordu la langue le temps de réfléchir à ce que j'allais dire je passais au aveux d'une voix timide.

-Y'a... quelqu'un qui me plait et ça me fout un peu en l'air... parce que je sais pas trop comment gérer ça.

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Bon. Au moins ce n’était pas moi. (Naïf Orion.) Ca me rassurait un minimum d’entendre de sa bouche que ce n’était pas à cause de mes cours. J’entendis le rire cristallin de ma femme dans un coin de ma mémoire. Parce que oui, elle se serait doucement moquée de mes doutes. Il fallait bien que l’un de nous deux le fasse. Sinon je m’embourbais dedans, comme à l’heure actuelle. Où j’arrivais quand même à me dire qu’il s’en était peut-être sortit grâce à des connaissances et une rigueur que le prof d’avant lui avait inculqué. Un nouveau rire clair résonna comme un écho, et chasse cette nouvelle idée de mon esprit. - Bon… bien. Merci… Je passai une main distraite contre ma nuque, comme pour me rassurer moi-même et jetai un nouveau regard vers la pile de devoirs. - Je regarderai. Si c’est vraiment raté on pourra peut-être s’arranger pour rattraper ça. Ce n’est pas comme si tu ne bossais pas. Ca me paraissait assez juste comme résonnement. D’autant qu’il avait grand soin à traiter le mieux possible les bêtes pendant mes cours, alors c’était moche qu’il perde des points sur un con de devoir écrit. Pour une matière qui n’était pas tellement théorique. Oué, au pire on se fera ça… un truc pratique, pour qu’il se rattrape.

Un peu perdu dans mes pensées, je fus rappelé à la réalité par la voix ténue d’Eliott. Je l’écoutai attentivement, et ne pus réprimer un profond soupire. Je n’avais rien contre l’amour, loin de là, mais… il fallait quand même avouer que c’était une belle merde quand ça s’y mettait. Je reculai contre le dossier de ma chaise. - Ah... Je soupirai à nouveau, une pensée pour Abigail. C’était d’un malsain. Une obsession assez triste, qui allait forcément mal tourner pour l'un de nous deux. rès certainement pour moi d'ailleurs. Enfin d’ici, c’était facile de me le dire, mais quand je la voyais, et son visage… Le bon sens me faisait largement défaut. Cette histoire allait finir par me bousiller définitivement si ça continuait comme ça. Je ne pouvais que comprendre la situation d’Eliott. - C’est… une relation compliquée ? Ou un, comment vous appelez ça vous ? Pas un crash… un crush, c’est ça ?  « Bégain », ça devait être un mot de vieux, alors je m’abstins. Mais c’était peut-être encore plus ringard que d’essayer d’employer un vocabulaire de « jeunes ». Enfin on s’en fout. Ce n’était pas le sujet.

hrp:

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En un sens ça me faisait du bien un peu de lui dire les choses même si elles n'étaient pas dites de façon à ce qu'il puisse comprendre que je parlais de lui. Alors j'avais envie de continuer. Orion m'avait demandé si la situation était compliquée. Je grimaçais d'un air hésitant. Compliqué oui certes en effet. Mais contrairement à ce qu'il aurait peut être pu penser ça n'était pas compliqué dans le sens "je suis déjà avec et ça se passe comme ci comme ça". Du coup j'avais envie d'éclaircir un peu la chose et en même temps de tâter un peu le terrain pour essayer de grappiller des infos sur comment lui gérerait la situation à ma place.

-En fait oui c'est pas très simple. C'est pour ça aussi que ça me fait bizarre de vous en parler à vous. C'est un homme plus vieux que moi, déjà d'un certain âge. Vous voyez le genre? Et avant ça me faisait rien mais depuis quelques temps je pense beaucoup à lui, je le vois différemment d'avant. Et j'ose pas le lui dire à cause de sa position. Et en plus je suis même pas sûr qu'il s'intéresse aux mecs. Mais j'me ronge le moral à cause de ça et j'ai peur de souffrir si je lui dit et qu'il me repousse.

Je plongeais mes yeux dans le regard de mon interlocuteur. J'étais pas à l'aise, j'avais peur qu'il comprenne que je parlais de lui. Déjà rien qu'à mes confessions il pouvait déjà deviner qu'il s'agissait d'un professeur. Je tentais un sourire qui se transforma en une grimace triste. J'avais pas le moral à cause de tout ça. Quand j'ai eu 15 ans j'ai gardé mon premier petit copain quelques mois mais hormis ça je n'ai jamais eu de vraie relation, que de petites histoires sans lendemains. Et à 21 ans je me dis que j'aimerais découvrir ce que c'est qu'une vraie relation de couple, pas juste un plan cul dans un placard à balais ou les vestiaires du stade de Quidditch. Je n'ai jamais fais l'amour avec quelqu'un que j'aimais vraiment, juste des coups de coeurs physiques. Et ça fait longtemps qu'un homme ne m'a pas obsédé comme le fait Orion.

-J'ai l'impression d'être un imbécile. 21 ans et pas foutu de trouver un mec qui me plaise qui soit atteignable... Je peux dresser des hippogriffes, soigner des scrouts à pétard sans me blesser mais par contre j'suis incapable de me trouver un petit copain...

hrp:

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J’écoutai attentivement Eliott. Son histoire était assez… peu commune. J’étais étonné par tout ce qu’il venait de me dévoiler d’ailleurs. Par rapport à son attitude fermée quelques minutes auparavant, il m’avait donné beaucoup d’informations d’un coup. Mais cela avait l’air d’être bien pesant pour lui, alors plus il devait vider son sac, plus cela devait lui faire un peu de bien. J’avais bien compris que le type en question n’était certainement pas un élève, et surement un prof ou assimilé, mais j’étais encore loin du compte. Enfin… ce n’était définitivement pas une histoire simple. Je passai une main mal assurée dans ma crinière, réfléchissant à son cas. - Je ne sais pas si tu aurais pu trouver plus inconfortable comme situation… Bravo, bravo. Quel tact, comme d’habitude. Je m’éclaircis maladroitement la gorge et détournai un instant le regard. Je n’étais définitivement pas doué en relations humaines. Et j’étais le type le plus nul en relations amoureuses au monde. Rien d’étonnant à ce que je n’en ai eu qu’une en tout et pour tout. Jusque-là. Je reportai mon attention sur Eliott, faisant fonctionner mes neurones dans l’espoir de trouver une idée brillante. Une juste une idée, ce qui serait déjà pas mal. Finalement le jeune homme repris la parole. Mes lèvres s’étirèrent doucement, et je partis soudain dans un rire franc. Je passai machinalement une main dans ma barbe et posait mes yeux rieurs dans ceux d’Eliott. - Tu me fais penser à moi. A ce détail près que tu as encore 4 ans d’avance sur moi si je calcule bien. Le contraste entre ma vie professionnelle et affective à toujours épaté tout le monde. Je n’ai jamais eu personne avant 25 piges. En même temps on ne peut pas dire que je cherchais des masses. Jusqu’à ce qu’elle me trouve… Mon regard se flouta soudainement, mon visage s’affaissa un peu et je me tus. C’était encore un sujet difficile à abordé pour moi. Même les bons moments. Je regardai brièvement la porte, comme si je m’attendais à ce qu’elle entre, et me sourit. J’attendis un peu. Mais bien entendu, il ne se passa rien. Je me secouai tout à coup, pour éviter de sombrer dans une contemplation d’une demi-heure de cette saloperie de porte. Je soupirai et passai mes grosses paluches sur mon visage. - Désolé… Je sais pas si tu as déjà entendu parlé de ça, mais j’ai perdu ma femme il y a bientôt 3 ans maintenant... Enfin bref… Ma voix c’était affaiblie. Je me secouai encore et me penchai à nouveau vers Eliott, tentant de recentrer mes esprits sur lui. - Ecoute… Tout ce que je peux te dire… ce genre de relation, c’est comme une infection. Passe-moi la métaphore dégueulasse, mais c’est un peu ça. Soit tu amputes, tu mets les choses au clair, même si ça peut faire effroyablement mal. Soit tu vies avec et tu laisses le mal se répandre de plus en plus loin. Et là c’est la roulette russe. Soit ça passe et tu oublies, soit ça te tue. Métaphoriquement parlant bien sur. Bravo le tact, deuxième édition.

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Orion n'avait peut être pas vraiment de tact mais au moins il m'écoutait. Il avait l'air de s'intéresser à ma situation ce qui me faisait plaisir. Mais ses mots étaient dur même s'ils avaient le mérite de me faire voir les choses telles qu'elles sont. Je laissais parler mon professeur en buvant ses paroles, j'appris ainsi qu'à l'âge de 25 ans il rencontra celle qui fut sa femme aujourd'hui décédée. Autant cette nouvelle me peina, autant elle fut comme un appel à l'aide. Je me dis qu'il était encore célibataire surement et peut être à la recherche d'une nouvelle personne dans sa vie. OK il était marié à une femme alors il était probablement hétéro mais je me dis que ça arrive parfois qu'un homme ayant aimé des femmes toutes sa vie finit par se prendre d'affection pour un homme en particulier et finit par terminer ses jours avec lui. Quant à moi je serais là pour lui s'il en a envie. Mais pour l'instant il m'expliquait la marche à suivre pour mon histoire et ça n'avait rien de glorieux. Je l'écoutais attentivement sans le lâcher du regard. Ses lèvres m'appelaient à chaque mouvement. Malheureusement ses conseils n'auguraient rien de bon pour moi. Comme on dit "ça passe ou ça casse" et c'était plus ou moins l'idée de ses conseils. Je baissais la tête à nouveau.

-Ouais mais j'ai pas envie de risquer de me faire briser le coeur... J'ai... j'ai jamais eu de petit copain. Enfin si un à 15 ans mais c'était rien à l'époque. Non pas que j'ai jamais fais... enfin vous voyez... mais ça fait longtemps que je n'avais ressentis ça pour quelqu'un. Et s'il ne voulait pas de moi?

Je le regardais, visiblement inquiet. J'avais peur qu'il comprenne. Peur qu'il me repousse. Est-ce que je devais tout lui dire maintenant? Là tout de suite je me sentais comme un enfant. Pourtant Orion semblait l'homme parfait pour moi. Il était gentil, il aimait lui aussi les créatures magiques et pourrait m'aider pour mes études et mon travail. Et surtout il était diablement sexy. Mon coeur se serra à l'idée qu'il ne veuille pas de moi et les larmes me virent aux yeux. Je ne voulais pas pleurer devant lui mais cette histoire me faisait trop mal. Je suis amoureux je crois, c'est tout. Si vraiment y'a toujours une raison à ce qui se passe dans notre vie alors pourquoi je tomberais amoureux de mon professeur si lui même ne pouvait pas m'aimer. Je finis par plonger mes yeux dans ceux de mon professeur et ajouta un sourire triste. Je ne lui dirais pas... pas aujourd'hui.

-D'après vous c'est parce que je... je suis moche?

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Je savais bien que mes mots n’étaient pas des plus aisés à encaisser. J’avais beau avoir un caractère naturellement gentil, je traitais toujours tout avec une part de froide logique mathématique. Surtout les relations humaines. Parce que je n’y comprenais rien, tout simplement. Je n’avais rien compris à ce qui m’étais arrivé, avec ma femme. Mais c’était plus que bien, et je m’étais laissé faire. En dehors de cela, même avec ma famille, j’avais un peu de mal. Je suivis son regard vers le sol en l’écoutant. Il souffrait clairement. Je ne trouvais froidement pas cela logique de préférer souffrir longtemps plutôt que de tenter le coup, « quitte ou double ». Mais c’était dans la nature humaine. Moi-même m’étais accroché comme je le pouvais à ma femme mourante, jusqu’à ce qu’elle mette un terme à sa vie. Pour que j’arrête d’avoir peur de la perdre. Que j’arrête de guetter nerveusement les soulèvements de sa poitrine, pour voir si elle respirait toujours. Pour que je puisse un jour panser mes plaies et trouver le bonheur autre part et avec quelqu’un d’autre. Cela avait été ses dernières paroles. Elle avait toujours été plus forte que moi. Plus forte que tout le monde. Rien ne lui avait jamais fait peur. - C’est le destin de l’humain de se faire briser le cœur... murmurai-je.  C’était ce genre de pensée qui me poussait à retourner à l’état sauvage. C’était une idée… me transformer définitivement, me trouver une jolie ours et hop. Le simple cycle de la vie sans les états d’âmes humains qui le compliquent de façon insensée.  Je souris doucement. - Premier amour alors... ils font toujours souffrir. Simplement parce qu’il est rare que ce soient les derniers. Et parce qu’on y connait foutrement rien au début. Et je n’y connaissais toujours pas grand-chose.

En levant les yeux vers lui, je me rendis compte que les siens brillaient étrangement. Pauvre gamin. Je ne savais plus quoi faire. - Eliott… je commençai ma phrase, mais ne savais bigrement pas comment la terminer. Je passai une main sur ma nuque, cherchant mes mots. Heureusement pour moi, c’est lui qui reprit la parole. Enfin… heureusement… - Euh... J’haussai les sourcils, reculai et essayai de regarder Eliott autrement que comme un élève. Parce que rien que ça, faut pas croire, mais ça « asexue » complétement les gens. Je prenais limite seulement conscience que c’était un mec (première chose) avec une vie sexuelle (deuxième chose). Enfin pas vraiment de ce qu’il m’avait dit. Bref. Finalement, j’ouvris à nouveau le bec.  - Non. Un sourire vint à nouveau illuminer mon visage. - Je dirais même qu’objectivement tu en es loin. Après… personnellement je pourrais trouver quelqu’un avec le visage cramé au troisième degré beau pour peu qu’il ait une belle âme, et une beauté fatale laide si l’âme est moche, donc bon… c’est pas vraiment à moi qu’il faut demander. Toujours beaucoup de tact n'est-ce pas. C'était certainement pas ce qu'il voulait entendre. Mais vu sa situation, il fallait bien ... qu'il s'habitue à entendre des choses vraies, et pas ce qu'il voulait entendre. Et je n'imaginais pas à quel point j'avais raison.