Isalynn Fraser wrote:

Adrian's outfit:

Isalynn n’aurait pu être plus désolée qu’en cet instant. Elle tâchait d’agir normalement, comme elle n’aurait jamais dû cesser de le faire. Pourtant, elle devait bien admettre que les battements de son cœur, quelque peu désordonnés contredisaient totalement la neutralité apparente qu’elle pouvait afficher face à Adrian. La vérité, c’était qu’elle ne se moquait pas d’être en sa présence à cet instant. Elle ne se moquait pas de cette proximité qu’ils affichaient, bien qu’elle soit quelque peu feinte, sans doute d’un côté comme de l’autre, car elle ne doutait pas le moins du monde que le garçon devait être aussi nerveux qu’elle à cet instant. Se demandait-il à quel moment elle allait exploser, comme elle l’avait fait ce jour-là devant les murailles lorsque leur couple avait volé en éclat ? Même si, à dire vrai, il avait volé en éclat bien avant cela… Lorsqu’elle avait cessé de communiquer avec lui.

Et voilà que Lynn était là, à marcher sur des œufs en essayant d’avoir une conversation normale avec lui, chose peu aisée tant les sujets abordés étaient ceux qui l’avaient fait vriller. Holly, notamment. « C’est dommage qu’elle s’arrête en si bonne voie. Mais si le travail qu’elle a trouvé lui plait… C’est l’essentiel. » répondit-elle en hochant la tête avant de s’excuser pour les paroles qu’elle avait pu prononcer. Celles-ci avaient clairement dépassé sa pensée et elle avait honte, réellement, de les avoir prononcées. Elle baissa le nez un instant, sentant le rouge lui monter aux joues. Il fallait absolument qu’ils fassent quelque chose en même temps qu’ils parlaient, sinon, elle n’allait jamais pouvoir affronter cette conversation. « Jalouse et aveugle, je veux bien, mais arrête de te déprécier, Lynn, s'il te plaît. » Ne réagis pas, Lynn… Il n’a pas besoin de savoir à quel point tu peux te haïr de lui avoir fait du mal… Il va bien, il risquerait de se sentir coupable. songea-t-elle en l’invitant plutôt à danser… En tout bien tout honneur. Mots qu’il répèta. Pour s’en convaincre ? Elle n’en aurait pas mis sa main à couper, mais elle profita de cet instant neutre, où ses joues avaient repris leur couleur naturelle, pour relever la tête et pour l’observer un instant. Il lui sourit, faisant accélérer son pauvre cœur meurtri tandis qu’elle prenait le bras qu’Adrian lui tendait pour rejoindre la piste de danse et se fondre dans la foule.

A peine avaient-ils commencé à valser qu’Isalynn orientait à nouveau la conversation, vers Eliott, cette fois. Sans aucune arrière-pensée. Quand bien même l’étudiant en architecture magique lui aurait répondu qu’ils n’étaient plus ensemble, Eliott et lui, elle n’aurait pas fait marche arrière. Parce qu’ils avaient échoué une fois, et qu’elle ne voulait pas revivre ça. Jamais. Par bien des points, sa relation avec Adrian avait été plus forte et plus intense que celle qu’elle avait eue avec Zach, bien qu’elle soit restée plus longtemps avec l’ancien Serpentard. Mais si la rousse avait souffert de sa relation avec ce dernier, elle ne l’avait pas fait souffrir. Que sa relation avec Adrian les avait fait souffrir tous les deux, et elle ne voulait pas que cela recommence. Ce serait tellement plus simple de ne pas avoir d’états d’âme… songea-t-elle à cet instant tout en répondant à Adrian qu’elle était heureuse pour lui que tout se passe bien avec Eliott.

Pourtant, elle devait bien admettre qu’elle ne pouvait s’empêcher de se demander comment les choses auraient pu se passer entre eux si elle n’avait pas pété un câble comme ça. Seraient-ils toujours ensemble aujourd’hui ? Dans un univers parallèle, peut-être. Mais elle savait pertinemment qu’elle ne pouvait utiliser un retourneur de temps pour effacer les dernières semaines et arranger les choses avec lui. Et par amitié pour Eliott, même si cela faisait des semaines aussi qu’elle ne lui avait pas parlé – depuis l’excursion en Bulgarie – elle ne le ferait pas non plus. Adrian était mieux sans elle qu’il ne l’avait été avec elle. Même un aveugle s’en serait rendu compte. C’était d’ailleurs triste, pour elle. Mais c’était ainsi.

Adrian s’arrêta soudainement de danser, sous le regard interloqué de Lynn. Allait-il la planter là ? Qu’est-ce qu’elle avait bien pu dire de mal cette fois ? Elle avait beau repasser le fil de la conversation dans sa tête, elle n’avait pourtant rien dit qui pouvait avoir offusqué Adrian… Si ? La bouche de la jeune femme s’arrondit en un « oh » qui n’eut pas le temps de sortir, Adrian lui prenant la main pour l’éloigner de la piste et dire ce qu’il avait lui aussi sur le cœur. Comme elle avait pu le faire par écrit. Elle détourna le regard, incapable de le regarder en face à cet instant. Si elle était passée par un hibou, il y avait une bonne raison pour cela : c’était parce qu’elle était incapable de l’affronter alors qu’elle lui disait à quel point elle avait été nulle et à quel point elle pouvait s’en vouloir de lui avoir fait du mal. J’ai pas envie de revenir là-dessus… songea-t-elle, croisant les bras sous sa poitrine dès qu’Adrian la lâcha. Parce qu’au fond d’elle-même, elle savait qu’elle avait raison en disant qu’elle avait été conne, en disant qu’elle était une coquille vide et pourrie de l’intérieur comme elle l’avait écrit.

De nouveau, elle secoua la tête, fuyant le regard d’Adrian tandis que ses joues se paraient de nouveau de cette rougeur qu’elle haïssait tant, signe de faiblesse s’il en était. Elle savait qu’elle était vide. Quand elle aimait, elle détruisait. La preuve avec Adrian. Elle avait détruit ce qui était beau entre eux. L’amour de la jeune femme blessait. Il ne guérissait pas. Même elle, elle en avait été blessée, pour l’importance que ça pouvait revêtir pour elle, de toute façon…

A cet instant-la, Adrian posa sa main sur la tête de la rousse, comme on l’aurait fait avec un enfant. Faisait-elle à ce point gamine qu’il agisse comme ça avec elle ? Elle se figea net, résistant à l’envie de s’arracher à ce contact. Mais elle n’avait pas envie de faire de scène, ou de blesser le brun. Elle endura ce contact à la fois tendre et humiliant, attendant qu’il passe. Mais elle ne s’attendait pas à la question qui vint alors. « Je vais… Mieux. Sasha m’a beaucoup aidée, ces dernières semaines... » répondit-elle sans entrer dans les détails, priant pour qu’il n’en demande pas. Pour qu’elle n’ait pas besoin de lui avouer comment Sasha pouvait l’avoir aidée.

HRP:

C’était une bonne chose. Lynn hocha la tête après la réponse d’Adrian. La rousse était nettement plus calme et posée. Ce qu’elle était… Avant. Avant cette insécurité qu’elle avait pu ressentir malgré elle lorsqu’elle était en couple avec le brun. C’était plus naturel, déjà. Plus normal comme attitude pour elle. Elle pouvait s’enflammer rapidement, ce n’était pas faux, comme si un feu violent brûlait dans ses veines. Mais elle n’était pas quelqu’un de méchant. Bien au contraire. Elle ne souhaitait de mal à personne. Pas même à ceux qui lui en avaient fait. Au fond d’elle-même, elle espérait qu’ils pourraient être heureux. Faire la rencontre qui changerait les choses. Voilà qui elle était en réalité, Isalynn. Mais en cet instant, elle était surtout complètement perdue en face d’Adrian, les émotions remontant à la surface. Elle allait mieux, comme elle venait de le confirmer au jeune homme. Mais c’était encore fragile, elle s’en rendait compte. Une fragilité qu’elle n’avait jamais ressentie en face de Zach. Il y avait quelque chose chez l’autre Ethelred de différent. Elle n’aurait pas su dire quoi cependant. Et c’était bien là le problème.  Mais il fallait que ça cesse si la rousse voulait un jour guérir et aller réellement mieux. Pour Isalynn, en tout cas, le chapitre pétage de plomb sur Holly était clos. Il ne servait à rien de continuer sur un sujet qui les mettait tous deux mal à l’aise, et pas forcément pour les mêmes raisons.

Peu à l’aise malgré tout, craignant une rechute de son humeur, la rouquine chercha du regard quelqu’un dans la foule pour l’ancrer dans la réalité. Tout ce qu’elle put apercevoir, toutefois, fut un Sasha bien accompagné, qui avait, semblait-il changé de partenaire et sa sœur et sa cousine en grande conversation qui semblaient ne plus faire attention à elle, visiblement rassurées de voir qu’il n’y avait pas eu d’éclat et persuadées qu’il n’y en aurait pas. Elle se retrouvait donc livrée à elle-même et à un sujet qui risquait de bientôt dévier et la mettre encore plus mal à l’aise. De fait, Adrian arrêta bientôt de danser et sortit la lettre qu’Isalynn lui avait écrite. Non… Pas ça… songea-t-elle en ressentant l’envie cuisante de prendre les jambes à son cou. Si elle était passée par écrit, c’était bien parce qu’elle n’était pas capable d’en parler, non ? Elle l’avait, pourtant, mis dans sa lettre, qu’elle était trop lâche pour lui faire face pour lui faire des excuses. Croisant les bras sous sa poitrine, entrant dans son mode butée, rougissant, Isalynn se sentait au bord du malaise. Elle n’avait pas envie de reparler du contenu de cette lettre. Elle ne l’avait pas écrite pour se donner bonne conscience, pas plus que pour donner matière à débat. Elle l’avait fait parce que c’était vrai. Un point, c’était tout. Elle n’était pas à l’aise pour parler d’elle, de ses sentiments et de tout le reste. Si on lui posait la question, elle répondrait que ses états d’âme n’avaient que peu d’importance. Qu’elle se passerait bien d’en avoir. Mais… Oui, elle en avait. Et son âme, en cet instant, suivi par sa raison, lui commandait de fuir cette conversation qui ne pouvait pas bien se finir, malgré tout ses espoirs.

Heureusement, ou pas selon les points de vue, Adrian n’insista pas sur le sujet de la lettre, préférant lui donner sans doute un instant de répit en lui demandant comment elle allait. Ahem… Je lui dis, ou je lui dis pas ce qu’il s’est passé avec Sha ? songea-t-elle avant de se contenter de dire qu’elle allait mieux, grâce à leur ami commun. Il sembla heureux de l’apprendre, sans chercher à creuser davantage en profondeur… Au grand soulagement de la rousse qui voyait en cette réserve la possibilité pour les deux garçons de conserver intacte leur amitié. Elle ne voulait pas qu’à cause d’elle, Sasha et Adrian se perdent. Elle ne voulait pas avoir à prendre la décision de perdre son meilleur ami pour protéger l’amitié qui unissait Sha et Adrian. Et si elle était honnête avec elle-même, elle n’avait pas non plus envie que le regard qu’Adrian posait sur elle soit voilé de ce dégoût que l’on peut ressentir lorsqu’une personne dont on a été proche couche avec une autre personne dont on est proche.

«  Qu'est-ce qu'on ferait sans notre Sasha, hein ?... » « Pas grand-chose… » répondit-elle en toute honnêteté à la question d’Adrian. Il ne savait pas si bien dire, d’ailleurs. « Tu… Vas faire quoi, après les D.E.F.IS ? » demanda-t-elle, posant cette question qui l’avait hantée pendant des semaines, voire des mois entre la rentrée et leur rupture. Il était plus que temps qu’elle la pose… Mais trop tard…

HRP:

C’était réellement étrange de le voir ici, de danser avec lui, de parler avec lui comme si c’était parfaitement naturel. Comme s’il en avait toujours été comme ça. Comme si la jalousie et les insécurités d’Isalynn n’avaient pas gâché leur relation. Au fond, sans doute étaient-ils mieux à n’être qu’amis ? Peut-être Elle ne pouvait pas le savoir au fond. Ils avaient été amants, amoureux, mais amis ? Elle n’était pas certaine qu’ils l’aient vraiment été. Cette case-là, ils l’avaient évitée. Enfin… Isalynn l’avait évitée. Isalynn s’était toujours concentrée sur les plaisirs physiques entre Zach et Adrian. Clairement, cela avait biaisé leur relation. Si elle ne l’avait pas fait, seraient-ils toujours ensemble. La question, pourtant, ne devait pas se poser. Adrian était aujourd’hui heureux en couple. Elle pouvait le voir rien qu’à le regarder. Adrian ne lui avait jamais semblé aussi heureux qu’en cet instant. Et, même si elle regrettait que ce ne soit pas grâce à elle, elle était réellement heureuse pour lui. Ce fut, sans doute, la raison pour laquelle elle lui demanda ce qu’il comptait faire après les examens. Une question qu’elle n’avait jamais pu poser lorsqu’ils étaient ensemble. Par peur. Parce qu’elle savait que cette réponse les séparerait aussi sûrement que son attitude à elle avait pu le faire. « Je suis inscrit par correspondance pour un cursus universitaire d'architecture moldue. Histoire de rajouter les techniques et tendances non sorcières à celles que je maîtrise en théorie. Puis je pense que je vais voyager un peu, voir les grands modèles architecturaux de mes yeux... Et chercher un ou deux stages, histoire de commencer à me faire une petite place professionnelle. »

La rousse hocha la tête. C’était la confirmation des craintes qui l’avaient habitée pendant des mois. Elle esquissa un sourire un peu triste bien malgré elle. Elle ne pouvait s’en empêcher. « C’est bien… Comme Eliott a terminé ses études, vous pourrez voyager ensemble. Tu ne seras pas seul. » De nouveau, la jeune femme hocha la tête avant d’ajouter que : « Je suis certaine que tu seras aussi brillant dans ce cursus moldu que tu l’as été ici. » Il avoua rapidement que ça lui ferait bizarre de ne pas revenir ici. Elle voulait bien le croire. A elle aussi, même si elle ne l’admettrait pas facilement, cela lui ferait bizarre de ne plus le voir trainer dans les couloirs, de ne plus le croiser sur le terrain de Quidditch, même si, d’un côté, ça serait plus facile pour elle. Surtout, pas plus que lui, elle ne savait que la fin de l’année serait terrible pour Adrian. Que ce qui devrait s’annoncer comme le début du reste de leur vie serait en réalité le début d’un calvaire.

« Une dernière danse avant de se quitter ? » proposa-t-elle en l’invitant.

Spoiler: