Dormir. Il y avait des personnes qui dormaient à poing fermés, d’autres qui étaient réveillés au moins petit bruit. Certains pouvaient écraser pendant plusieurs heures, voir faire le tour du cadran, pour d’autres ils leur suffisaient quelques heures de sommeil pour être en forme.
Elio était de ceux ci. Il n’avait pas besoin de beaucoup d’heures de repos pour se sentir en forme mais généralement il avait du mal à s’endormir. Sauf la nuit dernière...Enfin nuit, disons plutôt quelques heures auparavant au petit matin.
En rentrant chez lui, après cette nuit agitée, il n’en pouvait plus. Alors il ôta ses chaussures, marcha au radar jusqu’à sa chambre et s’effondra sur son lit, sans prendre la peine de refermer la porte de sa chambre derrière lui. De toute façon, il avait reçu un sms de Matéo comme quoi il n’avait pas à s’inquiéter s’il ne rentrait pas car il dormirait certainement ailleurs. Il ne se demanda même pas où pouvait être cet ailleurs et il n’avait pas eu le temps de se poser cette question auparavant.
Non car il avait eu à faire ! En sortant du club dans lequel il était avec son cadet, il accompagna une jeune femme dénommée Juliet dans sa crise d’épilepsie. Et il ne la lâcha pas jusqu’à ce qu’elle eut rejoint sa chambre d’hôpital personnelle après avoir été présent pour lui donner les premiers soins.
Il fallait l’avouer, l’ancien étudiant s’était senti grisé par l’urgence. Les gestes médicaux étaient revenus très vites, comme si cela coulait de source. Il était clairement fait pour ça, encore fallait-il qu’il l’admette…

C’est son frère qui le réveilla, vers quatorze heures de l’après midi, étonné de le voir encore au lit à cette heure ci. Ils prirent le « petit déjeuner » ensemble se racontant leurs soirées respectives. Elio aurait bien apprécié passer une après midi avec Matéo mais il avait autre chose en tête. Il voulait avoir des nouvelles de Juliet. Il avait son maximum pour l’aider et il désirait connaître son état après ces heures de repos. Est ce qu’elle avait refait une crise d’épilepsie ?
Matéo, compréhensif, et connaissant son frère le poussa presque dehors pour qu’il aille à l’hôpital. Alors après avoir prit une bonne douche, il prit la direction de Ste Mangouste.

Il se dirigea directement vers la chambre de la jeune femme. Il avait hésité à prendre des fleurs, mais cela n’était pas vraiment approprié. Tout d’abord il ne la connaissait pas, et puis il se pouvait qu’elle soit allergique au pollen. Il aurait eu l’air malin avec son bouquet et déclencher une allergie !
Il toqua à la porte. Peut-être était-elle accompagnée ? Sa famille avait dû être prévenue depuis le moment où il l’avait quitté.
Il entendit vaguement quelque chose alors il entrebâillât la porte et passa la tête, craignant de déranger.

-Bonjour, dit il en regardant dans la pièce.

Seule Juliet était présente, allongée dans son lit. Alors il ouvrit un peu plus la porte.

-Je suis Elio. Je ne sais pas si tu te souviens de moi. Je t’ai amené jusqu’ici, lui dit il en souriant. Je viens prendre de tes nouvelles.

Que dire d’autre ? Si ça se trouve elle ne se souvenait même plus de lui tellement elle était dans les vapes quelque heures auparavant. Elle avait déjà meilleure mine et semblait avoir récupérer tous ses esprits !

La main d’ @Awa Blackthorn dans la sienne, la cadette Blackthorn assura à sa cousine que, vraiment, elle allait bien. Qu’on s’occupait bien d’elle. Qu’elle n’avait pas faim, ni froid… Que tout allait bien. Juliet était agréablement surprise de l’attention qu’Awa lui portait ce jour là. Elle n’avait pas vraiment l’habitude que la Pokeby soit si… douce. Enfin tant soit peu qu’Awa puisse être douce mais vous avez comprit je pense…

Sans trop savoir pourquoi, alors qu’elle s’était remise de son mal être et de ses crises, elle avait donné le nom et le numéro de sa cousine… Peut être la cousine dont elle était le moins proche. Pourquoi ? Juliet ne savait pas vraiment. Peut être savait elle que la styliste soit la plus à même de comprendre ce qui était arrivé à Juliet. A savoir, une vilaine crise alors qu’elle prenait l’air après avoir passé plusieurs heures au Vampire Night…

La blondinette devait passer encore quelques heures à l’hôpital, le temps que ses résultats d’examens neurologiques arrivent mais à priori elle devrait pouvoir sortir d’ici ce soir… En tout cas elle l’espérait parce qu’elle n’avait pas l’habitude d’être de ce côté de la pièce. D’habitude, c’était elle la médecin… elle avait un peu du mal avec le rôle de patiente.

Awa était passée pour signer quelques papiers et s’enquérir de l’état de sa cadette en fin de matinée. Elle avait aussi ramené quelques affaires et Juliet avait pu manger et prendre une douche bienfaisante. Elle avait retiré le noir qui avait coulé autour de ses yeux, elle avait lavé ses cheveux avait retrouvé ses boucles qui encerclaient son visage avec candeur.

Quand on toqua à la porte, elle avait encore les cheveux humides et elle essayait de se concentrer sur le livre qu’elle avait dans les mains. En réalité, elle n’arrêtait pas de penser aux résultats des tests qu’elle devait recevoir. Elle n’avait jamais été épileptique mais elle savait que les symptômes pouvaient apparaitre tardivement parfois… et être atteinte d’une maladie chronique ça l’angoissait un peu…

- Bonjour ?

Elle sourit poliment au jeune homme qui venait de passer sa tête et de la saluer. Elle hésita un instant, pas certaine d’elle… Mais les mots de présentation du jeune homme lui confirmèrent qu’il s’agissait bien de celui qui l’avait amené à l’hôpital et qui s’était occupé d’elle une bonne partie de la nuit.

- Oh, bonjour, je vous en prie, entrez.

Par une sorte d’automatisme étrange elle était passé au vouvoiement. Peut être parce qu’il était médecin ? Plus âgé qu’elle ? Ou tout simplement parce qu’elle ne le connaissait pas ? Aucune idée… Elle resta quelques secondes sans trop savoir quoi dire… Sa timidité reprenait le dessus avant qu’elle se rappella du pourquoi le sorcier était venu :

- Je vais mieux. J’attend encore des résultats… J’espère que c’est moins grave que ce dont ça avait l’air…

Elle ferma son livre et ajouta avec beaucoup de sincérité :

- Merci beaucoup de vous être arrêté et de m’avoir pris en charge.

La jeune femme qu’il avait devant lui était bien différente de celle qu’il avait emmené jusqu’ici. Sans maquillage, les cheveux humides, dans une tenue plus décente, elle semblait être une autre personne. Pourquoi certaines femmes s’entêtaient à mettre plein de « peinture » sur leur visage alors qu’il était tout simplement beau au naturel ? Il ne connaissait pas cette demoiselle qui était installée dans un lit d’hôpital, mais elle n’avait clairement pas besoin de tout ce maquillage qu’il avait pu voir pour être belle. Mais après tout qui était-il pour en juger ?

Il se retrouva bien embêté lorsqu’elle le vouvoya. Il aurait pu au moins faire de même ! Ce n’était pas vraiment professionnel de rentrer dans une chambre d’une inconnue et de la tutoyer. Et au-delà du professionnel (puisqu’il n’appartenait pas au personnel hospitalier) cela ne se faisait pas. Sa mama aurait été présente, elle lui aurait donné un léger coup de coude ou un regard bien appuyé. Seulement voilà, il avait été à ses côtés une bonne partie de la nuit à prendre soin d’elle et l’avait tutoyé pendant ce temps là, alors il avait continué sur sa lancée.

Ses remerciements lui firent énormément de bien. Il n’était pourtant pas venu la voir pour ça mais ils atteignirent son coeur. Il prit alors conscience que oui, il avait porté secours à une personne et elle allait bien. Lui qui avait tout abandonné au décès de Célenne parce qu’il n’avait pas réussit à la sauver, lui qui avait décidé de tirer un trait sur la médicomagie, finalement cette discipline médicale était toujours en lui. Et il fallait bien l’admettre, cela lui plaisait.

-C’est bien normal, lui répondit il, modeste. Je ne pouvais pas te laisser seule dans cet état.

« Pouvais pas » étaient bien les mots. Il aurait été incapable de rester inactif face à son comportement alertant, surtout avec les connaissances qu’il avait en médicomagie !
Et il se rendit compte qu’il avait continué le tutoiement.

-Désolé, je t’ai tutoyé tout le temps lorsque j’étais à tes côtés alors cela me fait drôle de devoir passer au vouvoiement. Et bien sûr, tu peux me tutoyer…

Il mit les mains dans les poches de son jean, ne sachant pas vraiment quelle position adopter. S’il avait une blouse, il aurait une toute autre posture. Mais il n’était qu’un visiteur et il ne savait pas vraiment encore s’il était bien à sa place.

-Tu attends les résultats neuro peut-être ? Je suis content en tout cas que tu ailles mieux, ça se voit rien que sur ton visage.

Elle avait des couleurs légèrement rosées sur son visage, qui contrastait avec le teint blafard d’il y avait quelques heures. Il fit de nouveau le tour de la chambre du regard et vit sa veste sur une chaise.

-Oh, je crois que cela m’appartient, dit il en se rapprochant de la chaise, et donc de Juliet.

Il se retrouva de nouveau gêné. Il ne voulait pas qu’elle croit qu’il soit venu pour récupérer sa veste.  Alors il resta debout près de la chaise un instant avant de reprendre la parole.

-Je doute que tu en ai encore besoin maintenant.

Vraiment ? Il lui demandait son autorisation pour reprendre sa propre veste ? Son frère aurait été là, il aurait levé les yeux au ciel. Elio n’était pas toujours à l’aise avec les relations sociales lorsqu’il ne s’agissait pas soin, lorsqu’il n’avait pas de but en soit avec l’autre personne. Et encore moins lorsque cette personne était une belle demoiselle.

Ses souvenirs de la veilles étaient flous mais elle était presque sur que si elle avait croisé le sorcier dans la rue elle aurait reconnu son visage comme étant celui du jeune homme qui l’avait assisté et soignée ce soir là. Juliet n’est pourtant pas la jeune femme la plus physionomiste du monde… En général elle ne retient un visage que si elle a le prénom et le nom qui va avec et inversement. Pourtant, le prénom du sorcier lui échappe à l’instant. Il l’avait dit quelques secondes plutôt… Et en plus elle le sait. Ca se trouve quelque part dans sa mémoire qui a été égratinée par ces crises dont elle ne connait toujours pas la provenance.

Elle se sent un peu gênée, dans cette blouse rose d’hôpital. On lui avait donné une blouse de pédiatrie, les bleues étaient bien trop grandes pour elles et elle n’avait de cesse de devoir remonter ses manches. Discrètement, elle remonte un peu la couette, geste somme toute inutile car celle-ci remontait déjà jusqu’à son ventre. Elle touche ses cheveux et s’inquiète de son apparence… ils sont encore tout humide et les frisottis ce n’est pas la coiffure la plus élégante qui soit.

Quoi qu’il en soit, elle le remercie. C’est bien normal non ? Il a prit le temps de s’arrêter, de l’aider et en plus de ça il a fait ça parfaitement bien. Bien qu’elle n’ait pas accès aux détails de ses souvenirs, elle revoit encore le sorcier prendre son pouls à son poignet et à son coup, regarder ses yeux et l’installer au sol de façon sécurisée et réconfortante. Oui. Elle se souvient du réconfort qu’elle avait pu ressentir alors qu’elle était au plus mal. Il lui répondit que c’était bien normal et qu’il ne pouvait la laisser ainsi dans cet état :

- Oui, c’est vrai...

Elle sourit doucement. Elle aurait fait la même chose, évidemment, même si elle n'était qu'étudiante, elle se considerait déjà comme une soignante. Mais ça n’empêchait en rien que ses remerciements soient sincères. Elle rougit tandis que le sorcier s’excusait de l’avoir tutoyait et lui expliquer que lors de la prise en charge il l’avait tutoyé. Flute. Ces vieilles habitudes de bourgeoise devaient lui paraitre insupportable. Parfois, elle détestait cette éducation trop normée qu’elle avait reçu. Elle bredouilla.

- Euh. O-ui. Désolée. Vous… On peut se tutoyer bien sûr…

Elle hocha la tête alors qu’il l’interrogeait sur ses résultats à venir.

- Oui, j’ai passé un magico-encéphalogramme ce matin. Les résultats ne devraient plus tarder. S’il est bon, je pourrais sortir dans la journée. Il ne s’agirait que d’épilepsie ponctuelle qui serait liée au contexte, à la fatigue ou a la contrariété…

Elle s’arrêta avant d’en dire trop, le jeune homme n’avait surement pas envie de connaitre les détails de sa vie privée qui semblaient partir en lambeaux depuis plusieurs semaines…

- Pour tout vous dire, j’ignorais que c’était possible. Vous avez souvent rencontré ce type de crise ? Vous travaillez aux urgences c’est bien ça ?

Elle était repassée au vouvoiement sans même s’en rendre compte. Elle voulu regarder l’heure mais se rendit compte qu’elle n’avait pas sa montre. Elle regarda son téléphone. Effectivement, ça ne devait plus tard. Entre temps il avait vu la veste qui était là depuis son reveil… C’était donc la sienne. Juliet se demandait si ce n’était pas celle du Docteur Sanahuja.

- Non, non, bien sûr vous pouvez la reprendre. Je vous en prie.

Elio écoutait attentivement d’un air très sérieux les suites du protocole médical appliqué à Juliet.
En effet, c’était la démarche à suivre. Avec Kash, ils avaient réussi à éviter d’autres crises et faire en sorte qu’elle reprenne des forces mais d’autres tests étaient nécessaire, d’autant plus si elle n’avait jamais fait de crise épileptique.
Elio espérait pour elle que les résultats soient bon en effet. Il devait certainement être un peu stressée pour ça. Mais même s’ils étaient négatifs, Sainte Mangouste était un bon hôpital. Elle serait prise en charge rapidement et soignée au mieux.
Elle était repassée au vouvoiement, et il la laissa faire. Si elle était plus à l’aise ainsi, cela lui convenait.

Et le moment qu’il redoutait un peu arriva. Il était venu aussi pour mettre les choses au clair. Elle le prenait pour une médicomage, peut-être même de cet hôpital. Et il ne pouvait en être autrement puisqu’il lui avait dit qu’il en était un. Et elle s’en rappelait, maintenant il en avait la certitude.
Il allait répondre à ses questions mais il vit sa veste sur une chaise. Autant sauter sur l’occasion pour gagner du temps ? Pourquoi ? Peut-être parce qu’il n’aimait pas le mensonge ? Parce qu’il redoutait un peu sa réaction ?

-Merci, lui répondit il en prenant la veste qui était posée sur une chaise proche de son lit.

Il s’était rapproché et il pouvait de nouveau apercevoir la couleur de ses yeux bleus. Il s’y perdit l’espace d’un instant puis revint vite en l’instant présent car elle attendait certainement une réponse.

-Juliet, je suis aussi venu te voir pour te présenter mes excuses car je t’ai menti sur une chose. Je souhaitais avant tout maintenir un certain calme de ta part, ou du moins tenter de te réconforter alors je t’ai dis que j’étais médicomage...mais je ne le suis pas.

Il fit une pause, observant sa réaction mais comme elle ne sautait pas au plafond, il continua.

J’ai sept années de médecine derrière moi, alors je savais ce que je faisais, si ça peut te rassurer,  ajouta-t-il avec un léger sourire.

Il espérait que cela allait la rassurer un peu. Il n’avait pas non plus fait n’importe quoi.

-C’était important pour moi que tu le saches. Voilà, dit il en passant une main sur son menton.

Un toc toc toc se fit entendre et Elio détourna la tête vers l’entrée de la chambre. Il s’agissait cette fois-ci d’un véritable médicomage et il le reconnut aussitôt pour avoir fait un stage avec lui.

-Cooper ? Je ne m’attendais pas à vous voir ici. Content de vous voir ! Alors vous avez repris vos études ?

Elio lança un regard vers Juliet, embarrassé, puis répondit à son ancien maître de stage.

-Non,répondit il avec un sourire pincé.

Ce dernier eu l'air désolé mais ne continua pas davantage sur ce sujet.

-]Mademoiselle Blackthorn, voici vos résultats.

Blackthorn ? Comme LA famille Blackthorn ? Juliet… Il en avait déjà entendu parlé. Ainsi donc il avait secouru la petite sœur de Kaiden ?

-Euh, je peux sortir si tu préfères, dit il à la demoiselle.

Il n’était pas de la famille et non plus un proche alors elle souhaitait certainement être seule pour entendre les résultats de l’examen. Et si elle le souhaitait, il resterait dans le couloir si elle voulait continuer cette conversation une fois le médicomage parti.

Juliet ne comprit pas tout de suite pourquoi le sorcier avait l’air si ennnuyé à l’idée de récupérer sa veste. Elle y jeta même un coup d’oeil attentif se demandant si elle ne l’avait pas abimée ou salit. Mais elle se souvenait très bien de la veste chaude sur ses épaules, ce n’est pas une de celles qui avait été posée au sol… Il s’était rapproché de la chaise, elle même proche du lit depuis qu’Awa si était installée quelques heures plus tôt.

Elle fronça le nez quand il indiqua qu’il venait lui présenter des excuses. Le regard surprit de Juliet était évoque. Ca n’avait pas de sens… C’était plutôt elle qui devait lui présenter des excuses. Après tout il avait surement raté sa fin de soirée à cause d’elle. Elle fronça les sourcils quand il annonça qu’il n’était pas médicomage. Non pas de mécontentement mais d’incompréhension. Même si l’essentiel de la fin de la soirée était floue, certains détails étaient encore parfaitement ancrée dans la mémoire de la jeune femme. Notamment la main chaude d’Elio dans son cou… Ce geste, entre autres, était typiquement médical. Le commun des mortel avait tendance à chercher le pouls dans le poignet…

- Mais…

Elle n’eut pas le temps de l’interroger que celui qu’elle pensait être un soignant lui précisa qu’il avait fait sept années de médecine. Il avait donc été interne et même achevé son internat. Ceci expliquait pourquoi le sorcier avait agit avec autant de précision et d’expertise. Il n’était pas médecin mais presque…

- Oh…

En réalité elle ne savait pas quoi dire. Elle comprenait la volonté de franchise d’Elio mais en réalité ça ne changeai pas grand chose pour elle. Il avait prit soin d’elle, il avait fait en sorte que cette crise n’ait pas de conséquence autre qu’un petit séjour à l’hôpital… Ca aurait pu être bien plus grave si il n’avait pas été là.

Elle n’eut pas le temps de répondre que le médicomage avec qui elle avait passé son examen magico-neurologique ce matin passait le pas de sa porte qui était restée ouverte. Le visage de Juliet fut chiffonné par l’anxiété mais elle patienta le temps de l’échange avec Elio. Il avaient l’air de se connaitre… Malgré l’angoisse, elle vit la réaction du Cooper à son nom qu’elle interpréta mal… Elle avait l’habitude que les gens changent de comportement en entendant son nom de famille mais elle n’avait vraiment pas envie que ce soit le cas avec Elio… Il proposait de sortir pour qu’elle puisse prendre connaissance de ses résultats. Elle comprenait, elle aurait surement demandé la même chose, mais quelque chose en elle refusait qu’il s’en aille. Peut être ne voulait elle juste pas être seule au cas où les résultats puissent ne pas être ceux qu’elle attendait…

- Restez, je vous en prie.

Elle s’adressa au médecin qui avait vendu la mèche :

- Puis-je le lire moi même ?
- Bien sûr, tenez.

Juliet prit l’imagerie qu’on lui montrait ainsi que les graphiques qui l’accompagnaient. Le tracé qu’elle voyait là était parfaitement régulier malgré les différents stimulis qu’on avait pu lui montrer. L’imagerie montrait un cortex préfrontal somme toute normal. Elle poussa un léger soupir de soulagement, mais humble, elle demanda confirmation :

- Tout va bien, n’est ce pas ?
- Tout va bien Mademoiselle Blackthorn. Ce n’était qu’une crise ponctuelle due peut être au stress, à la fatigue, à la contrariété ou même à une hypoglycémie, une alcoolémie…

Juliet rougit aussitôt alors que le médecin mentionnait l’alcool. Elle n’avait bu qu’un verre, entamé le deuxième mais elle avait été incapable de le boire… C’était tellement ridicule que ça pouvait en être drôle…

Juliet préféra qu’il reste à ses côtés pour connaître les résultats des examens. Il en fut légèrement surpris mais il accepta d’un hochement de la tête, le regard plongé dans le sien. Cela voulait certainement dire qu’elle ne lui en voulait pas, que cela avait finalement peu d’importance qu’il lui ai menti. Il avait mis les choses au clair et sa conscience s’en porterait mieux, d’autant plus qu’elle avait l’air de le prendre plutôt bien.
Il attendit alors le verdict, souhaitant qu’elle n’est rien « d’anormal » dans son cerveau. Il comprenait le stress que cela pouvait provoquer. L’attente avait dû être assez longue. Heureusement qu’elle avait eu de la visite, cela avait pu diminuer un peu cette attente. Maintenant c’était lui qui était à ses côtés pour le verdict, un inconnu. Il trouva dommage que sa famille ne soit présente pour elle pour ce moment qui pouvait virer au cauchemar si les résultats étaient alertant. Cela dit, il pressentait que cela n’était pas le cas. Connaissant le médicomage présent, il aurait la mine plus grave si c’était le cas.

Et Juliet confirma son pressentiment. Elle regarda d’elle même les documents médicaux et Elio pu y jeter un coup d’oeil. En effet, il n’y avait rien d’anomal. Son cerveau était parfaitement en état de fonctionnement. Pour pouvoir lire un tel document, elle avait déjà passé la deuxième année d’étude, d’autant plus qu’elle avait commencé les stages. Il se demanda alors où elle en était dans son cursus.
Tout était normal au niveau physiologique, mais elle avait bien vécu ces crises. Il s’agissait donc d’une cause psychologique car il n’y croyait pas à la cause alcoolémie. Elle avait peut-être trop bu cette soirée là, mais il en fallait plus pour provoquer une crise d’épilepsie. Cela pouvait être un ensemble de circonstance. Elle allait certainement devoir aller voir un psychomage. Etant actuellement en stage dans ce domaine, elle devait s’en douter.

-Je vous suggère de prendre rendez vous avec un psychomage afin de savoir pourquoi vous avez eu ces crises et éviter que cela se répète. Vous êtes en études de médicomagie, vous devez donc certainement savoir que des crises à répétitions ne sont pas bonnes pour votre organisme.
Sinon, plus rien ne vous retient ici. Je vous laisse repartir sereinement, je sais que vous êtes entre de bonnes mains avec Cooper, dit il en se tournant vers lui.

Gros embarras !Son ancien tuteur croyait certainement qu’ils se connaissaient, qu’ils étaient amis, ou voir même plus. Du coup l’ancien stagiaire ne sut quoi dire, alors il sourit bêtement tout en passant une main sur sa nuque. Le médicomage les salua puis sortit de la chambre pour continuer son travail.
Que dire après ça ? Il était clair que cela les gênait tous deux.

-Hum, tu dois te sentir rassurer ! Et tu vas pouvoir sortir d’ici.

Inutile d’insister sur le fait qu’elle devait aller consulter un psy, ce n’était pas son rôle, et cela serait légèrement redondant ! Il connaissait une bonne psychomage mais cela semblerait déplacer de lui donner l’adresse.
Il allait certainement devoir sortir de la chambre et repartir chez lui, la demoiselle allant certainement se préparer pour sa sortie.

Un simple coup d’oeil sur les résultats de l’examen avait permis à la jeune Blackthorn de souffler de soulagement. Il y avait comme un poids qui se retirait de ses épaules, comme une épée de Damocles qui s’effaçaient jusqu’à disparaisse. A peine avait elle eut la confirmation par le psychomage qu’elle adressa un sourire rayonnant à son visiteur, partageant avec lui l’excellente nouvelle qui venait de tomber. Elle n’avait rien de grave, si ce n’est une petite fragilité de santé mentale temporaire qu’elle pourrait soigner… Elle avait tellement eut peur d’avoir un problème neurologique…

Elle eut un petit sourire gêné quand le médicomage lui suggéra une thérapie. Le conseil était évidemment excellent et Juliet allait le suivre mais c’était un tout petit peu dérangeant devant le quasi-inconnu que pouvait être Elio Cooper. Elle qui travaillait auprès de psychomage régulièrement, elle savait a quel point une thérapie pouvait être importante et qu’il fallait absolument normaliser ce genre de soin… Et malgré tout ça restait gênant, parce que si elle savait que c’était normal, elle n’avait aucune idée des aprioris du sorcier qui était venue la voir sur ce sujet.

- Bien sûr, je vous remercie Docteur Moreau.

Il les salue avant de partir, non sans souligner qu’elle sera entre de bonnes mains que celles d’Elio. Elle pique un fard mais elle ne peut s’empêcher d’échanger un regard complice avec le concerné. Sa posture gêné l’amuse. Ils ont l’air de faire la paire ces deux là. Et il a un air vraiment attachant alors qu’il sourit un peu niaisement. Elle hocha la tête alors qu’il la supposait rassurée mais la secoua alors qu’il mentionnait son retour chez elle.

- En réalité, non. Il est midi passé et les prochaines sorties ne se feront pas avant seize heure…

Juliet connaissait bien l’hôpital désormais. Elle savait comment il fonctionnait elle avait déjà eut affaire à de rudes négociations avec les patients qui pouvaient sortir avant les heures indiquées par les procédures internes. Elle n’aurait son compte rendu d’hospitalisation que dans quelques heures donc…Heureusement qu’Awa lui avait emmené un livre. Elle se souvint soudainement de leur discussion avant que le médicomage ne les interrompe.

- Concernant vos excuses, elles n’ont vraiment pas lieu d’être. Mes remerciement restent les même. Je ne sais pas ce qui aurai pu arriver sans toi.

Elle avait utilisé le tutoiement sans que ce soit voulu. Elle laissa couler, non sans ciller légèrement du regard. C’était étrange, elle n’arrivait pas a adopter une posture naturelle avec Elio… D’habitude elle vouvoyait, gardait une distance pendant un certain temps…

- Comment ce fait il que vous n’ayez pas continué la médicomagie ?

Elio fut légèrement du changement de ton de Juliet lorsqu’elle lui répondit qu’elle ne pouvait sortir de suite. Certes, elle ne pouvait quitter l’hôpital dans la demie heure, mais elle n’allait pas non plus y passer une autre nuit. Ne s’en réjouissait-elle pas ? A croire qu’elle ne souhaitait pas rentrer chez elle…
Mais il ne releva pas le fait qu’elle pouvait tout de même sortir de son lit si elle le souhaitait pour se préparer. Ce n’était certainement pas à lui de décider pour elle ou de lui préconiser une façon de faire.

Lorsqu’elle lui répondit enfin par rapport à son aveu, il se sentit soulagé. Les actes semblaient plus importants que le reste pour elle et il appréciait son positionnement. Son oreille tiqua lorsqu’elle employa le tutoiement ce qui ne lui déplaisait pas, mais elle poursuivit avec le vouvoiement. Se retenait elle de le tutoyer ? Cela dit l’éducation des Blackthorn devait être bien ancré en elle, alors il pouvait que comprendre qu’elle soit mal à l’aise avec le tutoiement, bien que naturel…

Pour ce qui est de la question de la demoiselle, il ne s’y était pas du tout attendu. Est ce qu’elle cherchait à faire la conversation ou s’intéressait elle vraiment à sa personne ? Mais cela semblait être de la curiosité dans tous les cas. Après tout c’est vrai, elle avait parfaitement le droit de se poser ce genre de question. Mais de là à l’entendre, cela lui faisait comme une pression sur son thorax. Question sensible, personnelle, qui le ramena droit à la scène du décès de sa fiancée.
Il chassa les images morbides de son esprit mais hésita à lui répondre. Cela dit, il fallait bien aller de l’avant n’est ce pas ? Il allait certainement devoir faire face à cette question plus d’une fois.

-Hé bien...Une personne qui m’était chère est décédée dans mes bras suite à un accident.

C’était cash, mais la vérité. De toute façon, comment lui répondre autrement ? Elle avait posé la question, elle avait la réponse. Mais inutile de rentrer trop dans les détails, il ne la connaissait pas suffisamment pour ça. Il décida de s’asseoir sur la chaise plutôt que de rester faire le piquet à côté d’elle. Et tant pis pour les convenances, il n’avait pas non plus été éduqué à la bienséance noble.

-J’ai donc eu une période difficile et j’ai arrêté mes études.

Difficile était un euphémisme. Les bons mots seraient plutôt « perte de contrôle », « auto destruction » et « tentative de suicide », mais encore une fois, on ne parle pas de tout ça à une inconnue.

-Et toi tu es en quel année de médicomagie ? Tu t’intéresse à la psychomagie ? Kash, pardon Dr Sanahuja, m’a dit que tu étais sa stagiaire.

Autant changer de sujet pour parler de quelque chose de plus léger, et tourner la conversation vers elle.

-Et tu peux me tutoyer. Encore une fois, cela me va. Sinon je vais me mettre à te vouvoyer parce que je me sens vraiment ridicule à être le seul à utiliser le tutoiement, dit il avec un demi sourire.

Elle était étudiante, elle devait certainement utiliser le tutoiement avec les autres universitaires, non ?

En réalité, elle n’avait pas pensé à ça. Elle n’avait plus du tout pensé à ce détail. Certes, elle ne pouvait pas sortir tout de suite, c’était un fait et c’est pour cela qu’elle l’avait dit au Cooper, l’invitant au passage à rester dans la chambre. Effectivement, elle aurait pu commencer à préparer ses affaires. Mais le fait est que Awa lui avait amené des habits qu’elle n’avait pas encore enfilé. C’est à dire que la elle était en blouse et culotte sous les draps. Inimaginable, donc, de se préparer tout en continuant à discuter… Non… Elle n’avait pas pensé à ça.

Le fait est qu’en réalité elle n’y pensa bientôt déjà plus. Ce petit probeème existentiel avait vite été balayée par les explications du jeune homme. Ancien étudiant en médicomagie, le jeune homme avait cessé son cursus… Juliet, étudiante en psychomagie, imaginait bien les dégâts d’une telle situation sur l’esprit. Mais Juliet, humaine douce et empathique au possible, ressenti au plus profond de son coeur la douleur qu’Elio avait fait passer dans sa voix. Elle posa même sa petite main contre son coeur, comme si ça pouvait le préserver de ces ressentis douloureux.

- Je… suis vraiment navrée.

Lui répondit elle après qu’il ait survolé l’idée de moments difficile. Elle qui traversait une période un peu compliquées actuellement remit aussitôt sa souffrance en perspective. Ce n’était pas si grave ce qu’elle avait vécu, en comparaison. Ceci avait au moins eut le mérite de la faire relativiser sa souffrance. Mais juste sa souffrance. Pas la rancoeur qu’elle éprouvait encore. Elle affichait un visage navré, très sincère et alors qu’il s’asseyait face à elle, elle eut comme une étrange envie de le prendre dans ses bras. Elle refoula cette idée étrange, sachant qu’elle connaissait le jeune homme depuis 24 heures… Il l’aida en détournant la conversation vers ses études.

- Je ne suis qu’en troisième année mais j’apprécie beaucoup la psychomagie.

Et réagissant au fait qu’il avait utilisé le prénom de son mentor.

- Tu connais le Docteur Sanahuja ? C’est bien mon responsable de stage, et un praticien exceptionnel.

Elle le pensait vraiment. Tant en psychomagie qu’en médicomagie, son mentor était un homme doué, humain, passionnant, passionné. Un lien fort s’était tissé entre la cadette Blackthorn et le psychomagie qui l’avait prit sous son aile au sein de Saint Mangoust. Juliet lui devait beaucoup. La blondinette éclata de rire en entendant la supplique au tutoiement du Cooper. Elle venait d’ailleurs de réutiliser le « tu ». Enfaite elle se sentait un peu perdue parce qu’en tant normal le « vous » aurait été une évidence pour elle. Ce qui était perturbant c’est que depuis le début elle avait envie d’utiliser le « tu » avec Elio. Comme si elle se sentait déjà proche de lui. Ou comme si elle le souhaitait.

- Excuse moi, tu as raison ! On va se tutoyer !

Il faut croire que Juliet Blackthorn était une femme altruiste. Tout d’abord, rien que par son choix d’études cela démontrait qu’elle se souciait des autres. Et sa réaction face à l’explication du Cooper confirmait ce trait de personnalité car elle semblait sincère. A croire que cette famille de sang pur n’était pas si terrible que ce que l’on racontait !
En s’asseyant sur la chaise, il faisait un pas de plus vers la proximité. Mais cela ne le dérangeait pas. Il commençait à trouver cette jeune femme intéressante et il avait envie d’en savoir plus. En tout cas, il appréciait la personnalité qu’elle reflétait.

Ainsi donc elle était en troisième année. Cela devenait vraiment intéressant avec les stages. Et elle avait réussi à s’accrocher jusqu’ici même si le plus dur restait à venir.

-Ah ça, je suis bien d’accord avec toi !

Oui, Kash était un praticien exceptionnel, tout comme un ami exceptionnel. Il avait vraiment de la chance de l’avoir rencontré et reconnaissant d’avoir lié une forte amitié avec lui. Ils se connaissaient très bien maintenant, même s’ils se voyaient un peu moins. Et malgré qu’Elio ait coupé les ponts avec lui lorsqu’il allait mal, la porte de Kash était restée grande ouverte.

-Oui, c’est un très bon ami. Nous nous sommes rencontrés pendant nos études.

Ouch, prend ton âge en pleine poire ! Oui Elio avait vingt sept ans et était en âge d’être professionnel, alors qu’elle était encore étudiante. Cela était assez étrange de discuter de son ami, alors qu’il était tuteur de la jeune femme qui se tenait face à lui.
Bien qu’elle lui ai répondu en le tutoyant, il lui demanda de maintenir ce tutoiement. Et sa réaction fut surprenante. Elle éclata de rire, et le rire était communicatif n’est ce pas ? Alors il sourit largement face à cette spontanéité non retenue. Cela lui fit chaud au coeur de la voir ainsi, loin du mal être de la nuit passée. Et curieusement, il avait envie de l’entendre encore.

-Merci de me faire preuve de ta bonté et de m’éviter de me tourner au ridicule, répondit il en lui souriant en retour.

Voilà qu’il se permettait d’être taquin. Il devait se sentir beaucoup plus à l’aise pour oser ce genre de réplique avec une inconnue.
Il ne savait pas vraiment sur quel sujet enchaîné, et pourtant il avait envie de la connaître un peu plus. Alors il continua sur le sujet dont il maîtrisait le mieux : les études.

-Et comment tu te sens dans tes études ? Tu as choisis des options ?

Il ne se voyait pas non plus la questionner sur sa vie privée car cela ne le regardait pas. Il savait juste qu’elle avait des frères et une autre sœur, de part Kaiden, mais pas plus. Lorsqu’il rencontrait son frère, les sujets de discussions ne tournaient pas autour de la famille généralement.

Juliet était encore bouleversée par la réponse du Cooper qu’il passait à autre chose. Elle pouvait le comprendre… Elle non plus n’aimait pas trop s’attarder sur les sujets douloureux… Suffisait de voir comment elle réagissait face à ses fiançailles ratées, la méthode de l’autruche elle la pratiquait largement depuis plusieurs semaines. Et encore… ce qu’elle avait vécu était moins grave que ce qu’avait pu décrire l’ancien étudiant en médicomagie.

Elle repoussa donc son élan d’empathie pour essayer de se concentrer sur la discussion qu’il avaient, elle dans son lit, lui assit sur cette chaise. Elle s’amusa de savoir que son mentor était un ami de celui qui lui avait porté secours la nuit dernière. Comme le monde était petit. Heureusement qu’elle adorait et qu’elle avait encensé le médicomage parce que si elle avait dit quelque chose de désagréable ça aurait été très gênant quand même !

- C’est amusant ! Tu as le même âge que lui du coup ?

L’information avait du mal à être traitée par le cerveau de la jeune femme. Elle n’avait pas du tout l’impression que le Cooper puisse être du même âge que son responsable de stage. Il avait l’air plus jeune… C’était peut être la blouse et Ella barbe fournie et foncées du Sanahuja qui le vieillissait un peu ? Elle avait froncé les sourcils en posant la question mais le commentaire d’Elio sur le fait de se tutoyer fit de nouveau rire l’étudiante dont les pommettes se creusèrent un court instant.

- Mais je vous en prie, mon très cher.

Taquinerie et auto-dérision… voila un moment que la jeune femme n’avait pas fait preuve de cet humour qu’elle avait jadis l’habitude d’utiliser. Elle savait qu’elle avait des manières de parler qui faisaient parfois très bourgeoises mais elle se soignait. En tout cas elle essayait de s’adapter à la personne face à elle. Et ça ne la dérangeait vraiment pas de s’adapter à Elio. Elle ne tarda pas à lui répondre en ce qui concernait ses études :

- J’aime beaucoup la psychomagie mais je ne suis pas encore fixée quant à ma spécialisation. Mais il faudra que je me décide d’ici la fin de l’année. J’ai médicomagie, potions et sortilèges en matières obligatoires et en matières optionnelles j’ai les runes que j’adore, les soins aux créatures magiques que je déteste et la botanique pour laquelle je suis assez… nulle.

Précisa-t-elle avec un sourire. Elle exagerait un peu. Elle n’était pas totalement nulle mais effectivement elle avait plus de difficultés dans cette matière que dans d’autres. Elle n’avait pas la main verte… elle n’y pouvait rien. Et puisqu’elle était curieuse, elle demanda :

- Et toi, qu’est ce que tu fais dans la vie à part sauver les demoiselles en détresse ?

Lorsqu’il avait vu son ami Kash venir vers eux quelques heures plus tôt, Elio s’était senti tout de suite soulagé car il avait pleinement confiance en lui en tant que professionnel de la santé. Et il avait apprit par la même occasion que Juliet était sa stagiaire. Une coïncidence qui était tombée à pic puisqu’il savait qu’il en prendrai particulièrement soin. Non pas qu’il avait pour l’habitude de faire des priorités dans ses patients, ou du favoritisme, mais il n’en restait pas moins humain et Elio avait bien repéré l’attention porté à Juliet.
Concernant cette dernière il semblerait que sa timidité se soit dissipée car elle posait des questions qui pouvaient être périlleuses : notamment la question de l’âge.
Qu’est ce qu’il devait répondre ? Ouai, j’ai l’âge d’être papa. Non cela ne le faisait pas du tout. Mais en même temps c’était pourtant bien le cas. Et après tout, pourquoi est ce que cela le dérangeait-il autant ?

-Non. Je suis un peu plus jeune que lui.

D’ailleurs il se demandait pourquoi est ce qu’elle posait cette question. C’est vrai, ce n’était pas anodin comme questionnement. Plus jeune cela voulait dire quoi ? Rien en fait. Il ne donnait pas vraiment son âge et en même temps il n’avait pas non plus envie de rentrer dans le détail pour le Dr Sanahuja. La concernant elle était en troisième année d’études, alors elle devait avoir vingt-et-un ou vingt-deux ans.
Heureusement le rire de la demoiselle permis de rompre ces premières minutes basées sur un peu d’embarras et de distance sociale aimable. Les deux jeunes gens commençaient à se sentir à l’aise et leur échange devenait de plus en plus naturel.
La preuve en est qu’ils se mettaient à plaisanter l’un et l’autre.

-Pourquoi avoir choisi le soin aux créatures magiques si tu détestes ça ?

C’était curieux tout de même. Elio et les animaux ça faisaient clairement deux. Alors jamais il n’avait mis les pieds dans ce genre de cours. Non ça, c’était pour son cousin Wyatt !
Et comment pouvait on être nul en botanique ? C’était pourtant une matière passionnante ! Mais peut-être ne l’était ce pas pour la jeune Blackthorn.

-Rien d’autre, c’est mon passe temps favori, répliqua – t -il sur le même ton que la demoiselle.
Non en vrai, je te rassure, tu es la première que j’ai pu aider. Sinon je suis commis de cuisine à Hung. Je bosse le week end. Mais je cherche un autre boulot en ce moment pour la semaine.

Inutile encore une fois de rentrer dans les détails concernant sa situation financière plus que précaire depuis que son père leur ait coupé les aides à lui et à son frère. Elle était certainement aidé par sa famille aussi financièrement. La richesse de cette famille n’était plus un secret !
Et tant mieux pour elle. Elle pouvait ainsi se consacrer à ses études l’esprit tranquille.
Oh mais en parlant de cuisine…

-Mince ! Dit il en regardant sa montre. Je suis désolé Juliet, je vais devoir mettre fin à cette conversation. Je dois filer pour justement rejoindre les cuisines.

Hé oui, le dimanche, l’aîné des Cooper travaillait contrairement à bien d’autres.
Il se leva tout en prenant sa veste.
-Content d’avoir pris le temps de faire connaissance. Prend soin de toi.

Il aurait aimé continuer à discuter avec elle mais le devoir l’appelait. Il ne pouvait faire faux bond à Sebastian. Il aimait trop ce poste pour le laisser tomber, et il respectait trop le chef cuistot.
Il la salua une dernière fois puis s’éclipsa de la chambre.

Juliet se demanda presque aussitôt si elle n’avait pas été indiscrète en demandant au sorcier s’il avait l’âge de son ami. Elle avait comme eut l’impression qu’il hésitait à lui répondre. Il fut un peu vague d’ailleurs, en disant qu’il était plus jeune que le Docteur Sanahuja. Juliet savait que son mentor avait presque trente ans. Ou peut être avait il atteint la trentaine ? Dans ces hauts là en tout cas… Un peu plus jeune ça voulait dire quoi vingt neuf ? Vingt huit peut être ? Juliet n’osa pas poser la question de façon plus explicite, elle se contenta d’un sourire. Dans tout les cas, il était bien plus vieux qu’elle.

De toute façon la conversation avait vite tournait autour des études de la Summerbee, comme si c’était la seule chose qui pouvait intéresser le sorcier… Elle haussa les épaules et réfléchit quelques instants ne sachant pas vraiment quoi répondre. Elle aimait les animaux mais en réalité elle détestait s’en occuper. Surtout les bestiole moches. Et méchantes.

- Comme la botanique… plutôt pour anticiper la préparation de potions et d’onguents…

Après, c’était comme tout. Elle appréciait ses études mais pas toutes les matières. Elle aimait le piano mais pas tout les morceaux. Elle aimait le dessin mais ne faisait que des portrait. D’ailleurs… si elle avait pu faire celui d’Elio, elle est sure qu’elle l’aurait vraiment bien réussit. Il avait un beau visage, harmonieux, qu’elle devinait facile à retranscrire sur papier.

En ce qui concerne le passe temps favori du sorcier, celui de sauver les jeunes filles, Juliet sourit. Elle hoche doucement la tête, toujours reconnaissance, tandis qu’il précise qu’elle est la seule qu’il ait pu sauver. En entendant sa voix, Juliet devine qu’il a aimait ça. Pas la sauver elle, mais sauver quelqu’un. Il a aimé être un médecin. Comme si ses anciennes études lui manquait. Elle fut surprise qu’il explique être commis de cuisine et qu’il cherche un autre boulot.

- Oh, plus du tout dans le médical enfaite.

Une simple observation qui l’interpelle. Qu’elle ne comprend pas enfaite. Il était fait pour ça c’était une évidence. D’ailleurs elle aurait surement pu lui proposer de lui faire rencontrer quelques personnes pour l’aider à trouver un job, les Blackthorn avaient le bras long et elle lui devait bien ça mais il se levait et expliqua qu’il devait aller travailler…

- Merci encore et bon courage…

Et tandis qu’il ferme la porte, Juliet se défait de ses couettes pour préparer sa sortie. Elle est contente de quitter l’hôpital mais elle serait bien restée là à discuter quelques minutes de plus…