Des plumes et des flammes | 28.08.23

Cela fait des heures que je suis dans mon atelier, à faire des calculs, des diagrammes, des schémas, de comptes-rendus d’expertise, mes yeux ont fini par s’abîmer avec la faible luminosité, venant uniquement de quelques bougies qui diffusent une lueur dorée qui met en avant la poussière qui flotte dans l’air suite à mes différentes expériences. Je suis presque avachi sur mon bureau, le dos tourné au four alchimique en bronze au fond de la pièce, où des braises diffusent leur chaleur, maintenant au chaud quelques échantillons alchimiques. Cela fait du bien, c’est confortable, comme ce ronflement discret de feu de cheminée. Un ronflement ? Les rideaux sont en train de brûler ! Je m’en approche et là je découvre, caché derrière les pattes de griffon du four, la queue de lézard d’un coq cracheur de feu. Le coupable. Endormi. Il y a une médaille à son cou. « Jar-Jar-Bob, Poulet impérial, il est né sous les Perséides à la suprématie d’Orion ». Du charabia. Ce que j’en comprenais ? Ce coq cracheur de feu avait dû s’échapper d’une ménagerie magique pour se réfugier derrière mon four lorsque j’ai dû aérer la pièce pour évacuer certaines vapeurs toxiques. Par Nicolas Flamel, comment vais-je réussir à virer cet animal de mon laboratoire ? Pourtant, le Jar-Jar-Bob a l’air aussi inoffensif que @Charlie Keir et innocent que @Luan Nguyen . Mais je vais devoir déloger le coq, par sécurité pour mon laboratoire. Je remonte mes manches, et je saisis délicatement le poulet par les côtés. C’est qu’il fait chaud près de ce four, tellement qu’une goutte de sueur perle de mon front pour s’écraser sur la braise en contrebas. Le sifflement produit réveille le coq cracheur de feu, qui sort sa tête en me regardant avec des grands yeux d’hurluberlu. Petit cri de surprise de l’animal, qui saute de mes mains pour s’enfuir loin de moi, sans avoir souffler quelques flammèches dans un hoquet hilarant. En voulant me protéger le visage, j’ai dû lâcher l’animal qui a sauté comme un diable de sa boîte. Heureusement, je porte mon tablier d’alchimiste, il est épais et fait en cuir de dragon, il ne craint donc pas les flammes. Mais moi, je crains les flammes. C’est en m’observant dans un miroir grossissant non loin de là que je m’aperçois qu’au final, j’ai quelques mèches de cheveux en train de fumer, preuve que le feu les a atteinte. Je mouille mes doigts avant d’éteindre ces mèches avant de me concentrer sur l’objectif prioritaire : libérer le coq cracheur de feu, et pouvoir continuer mes expériences sans risquer une explosion que pourrait causer l’animal… Bon et si je peux récupérer une plume ou deux...

Le coq cracheur de feu se trouve à quelques mètres de moi, je l’observe, il m’observe, on se croirait presque dans un western moldu. Je vais essayer quelque chose, je ne suis pas un expert mais ça peut peut-être marcher. Je décroche le bracelet doré de ma montre, c’est un souvenir de mes parents, qui me rappelle constamment leur amour, plusieurs cadrans s’y affichent, dont un avec leur photo et leur position. Je me dis que la montre brille et peut donc attirer le Jar-jar-bob ? Cela fonctionne, il se jette dessus, mais il l’emporte même avec lui. Je rage. Nouvel essai.

Allez petite créature, tu es gentil n’est-ce pas ? Allez, viens voir papa… Sois gentil, j’ai des choses bien trop précieuses ici, il ne faut pas les abîmer. D’ailleurs, je peux te le confier : je conserve ici des fragments de tous mes cobayes, tu n’irais pas les détruire n’est-ce pas ?

Je lorgne sur l’armoire derrière moi qui contient en effet une trentaine de bocaux, avec les émotions plus ou moins stabilisées de mes cobayes. Des fragments d’émotion, tous issus de mes expériences, et c’est amusant car ils sont tous différents selon le sujet testé… Mais tel un gardien au quidditch, je m’interpose entre le coq et l’armoire. Comme s’il avait compris, l’animal se précipite sur l’armoire (saleté de volatile), mais je l’attrape au vol. VICTOIRE. Il tente de se débattre, crachant quelques flammèches, mais je finis par le mettre dans une malle anti-feu, je l’utiliserai pour le ramener à la ménagerie magique.

Décidément, tu es aussi coriace et dangereux qu’Octave toi.

Je souffle un coup, soulagé d’avoir sauvé mon laboratoire de toute catastrophe. L’esprit déjà ailleurs, j’espère que cette bonne action me permettra de racheter, pour mes expériences, des tentacules de petit poulpe à pied rose.