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Les RPs de Thomas Cioban
Dim 31 Déc 2017 - 17:57
Chronologie
> 23 mars 1979 : naissance à Londres
> 1979 - 1985 : vit en Roumanie avec ses deux parents
> 1986 - 1989 : vit en Angleterre avec sa famille maternelle (mère + grand-parents)
> 1990 - 1997 : études à Poudlard chez les Serpentard
> 1997 - 2007 : jobs divers
> 2008 à nos jours : concierge à Hungcalf
- Décembre 2017:
- (Flashback) Prendre un verre - Scylla Muller (terminé)
Merry Christmas Inverness - Event (terminé)Pris la main dans le sac - Calliope De BeaumontThanks for the memories - Gareth SilvermanNightcall - Sasha Ivanov
Nocturnal animals - Reagan Bale (terminé)
Creepypasta - Ayden Tolkien (terminé)
En bonne et due forme - Adoración Castilla (terminé)
- Janvier 2018:
- La loi de Murphy - Cassandre Vandret (terminé)
Taro - Anastasia Radeva
Uneven odds - Penelope Blackwell (terminé)
Qui peut dire qu'il n'est pas un monstre - Ellen Campbell (terminé)
Sortilège et désenchantement - Adoración Castilla (terminé)
(Flashback) Curiosity is a bad habit - Mercy Donovan (terminé)Wild Hunt - Oz Schrödinger
- Février 2018:
- Dans un sale état - Scylla Muller, Sasha Muller (terminé)
On prend les mêmes et on recommence ! - Ayden Tolkien (terminé)Rien ne sert de courir... - Aliénor Felcourt(what a waste of) a lovely night - Penelope BlackwellGood food, cheer and songs - EventBloodmoon - Caël Muller
Casse toi tu pues, et marche à l'ombre - Søren Erikson (terminé)
Because we care about her - Helga Muller et Scylla Muller (terminé)
- Mars 2018:
- L'effet papillon - Scylla Muller (terminé)
Cursed - Florence de Scoraille
L'effet papillon (épisode 2) - Scylla Muller (terminé)
Invisible - Adoración Castilla (terminé)
Manhattan - Adèle Hammerstein (terminé)
Le Diable s'habille en Prada... - Fiona Colquhoun (terminé)
Pimp my ride - Ayden Tolkien (terminé)
Soie rouge - Ellen Campbell (terminé)
- Avril 2018:
- On me voit, on me voit plus, on me voit un peu - Abigail Dowell (terminé)
In the dead of night - Laoghaire Gull (terminé)Left 4 dead - Savina Delarco
L'effet papillon (épisode 3) - Scylla Muller (terminé)
- Mai 2018:
- Smell like dark spirit - Aislin Gull (terminé)
I drink to make other people more interesting - Even Helsing (terminé)
Juin 2018
Entre chien et loup - Deirdre McDougall
On the scent - Abigail Dowell (terminé)
Liaisons dangereuses - Adoración Castilla (terminé)
The right places - Libre (terminé)
Lost in doubts - Zeno Westenra (terminé)
Le voyage en Roumanie - Solo (terminé)
- Juillet 2018:
- Le voyage en Roumanie - Solo (terminé)
Immersion en terre inconnue - Adoración Castilla, Abigail Dowell (terminé)
Please, don't eat my friend - Ayden Tolkien (terminé)
- Août 2018:
- Hello my love - Scylla Muller (terminé)
Life goes on - Ellen Campbell
Au bord du gouffre - Abigail Dowell (terminé)
Good morning sunshine - Fiona Colquhoun (terminé)
- Septembre 2018:
- Travaux à gogo - Scylla Muller, Abigail Dowell (terminé)
Octobre 2018
Thèse et antithèse - Agrippa Skinner
Halloween Party - Event (terminé)
Janvier 2019
Le jour J - Scylla Muller
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Re: Les RPs de Thomas Cioban
Lun 19 Fév 2018 - 22:38
Le voyage en Roumanie
22 juin 2018
Partie 1
22 juin 2018
Partie 1
Le voyage s'est déroulé sans encombres. Après le tumulte de mon départ de l'Université, la voie se dégageait enfin. J'atteignais la Roumanie en un temps record grâce aux performances de ma voiture volante. En d'autres circonstances, sans doute aurais-je apprécié le trajet, mais d'un bout à l'autre je n'ai eu pour compagnie qu'une sinistre ambiance.
Mon humeur alternait périodiquement avec un sentiment de honte persistant. Je revoyais la scène : Lilas et Eustache me narguant de toute leur suffisance, tandis que tous les yeux me criaient « monstre ». Puis, je repensais aux pleurs de Scylla, alors mes émotions se teintaient de tristesse et la honte changeait d'objet. Je suis parti comme un voleur, me disais-je. Le fait de ne pas avoir eu le choix n'atténuait en rien cette impression d'avoir mal agit, d'avoir été lâche. Elle mérite mieux qu'un homme s'en allant la queue entre les jambes, le regard bas et la mine déconfite : c'est ce que je ne cessais de me répéter.
Appesanti par ces pensées, je me demandais alors ce qu'il aurait convenu de faire, mais rien ne m'apparaissait de manière évidente. Quand je m'autorisais enfin à penser à autre chose, la boucle de ces pensées revenaient me harceler après un moment. C'était sans fin.
A dire vrai, le seul bénéfice de tout ceci fut de m'épargner d'avoir à songer à ma situation professionnelle. Car là se situait probablement le « concret » de mes problèmes : je n'avais plus de maison, plus de travail et serais vite à cours d'argent si je n'arrangeais pas rapidement la situation. Cela dit, de considérer tout ceci comme une urgence ultime était un peu disproportionné encore : mon père avait accepté de me recevoir et j'avais besoin d'un moment pour encaisser le choc. Je sais qu'il n'aurait que faire de savoir si je travaille ou non. C'était un épicurien aux mœurs d'aristocrate. Pour lui, le travail revenait à une soumission absurde. J'étais même presque convaincu du fait qu'il me féliciterait d'avoir quitté la subordination d'une hiérarchie de sorcier. Comme un juste retour aux sources, en somme...
Nous verrons bien.
J'arrivais à Brasov à la tombée de la nuit. L'idée de prendre un moment avant de rejoindre le manoir familial m’effleura, mais j'étais rendu anxieux par la perspective de revoir mon père. Aussi préférais-je en finir rapidement en allant tout de suite au lieu du rendez-vous.
Je parcourais les derniers kilomètres en direction de la Valachie alourdit par un sentiment diffus d’appréhension. Bientôt, le décors urbain se transforma en un genre de campagne sauvage : les bois rongeaient avidement le flanc des reliefs jusqu'à des plaines guère mieux aménagées. J'entrais finalement dans la zone incartable de la réserve magique vers le milieu de la nuit.
C'est là, à l'orée de la forêt, que je m’arrêtais enfin.
L'endroit n'avait rien d'extraordinaire en apparence. C'était à peine un bord de chemin. Il n'y avait rien, si ce n'est la nature : un décors typique de la région, avec ses vaux, sa végétation continentale et sa faune.
J'abandonnais ma voiture après y avoir apposé un sortilège de désillusion (bien qu'il soit très peu probable que quelqu'un tombe dessus par hasard). Toujours accompagné de Clarice et ma valise pour unique bagage en main, je m’élançais en direction des bois d'un air confiant. Vu de l'extérieur, j'aurais probablement eu l'air d'un pauvre hère allant à l'aveuglette, mais je savais exactement où me diriger.
Le territoire des vampires se situait dans un coin très précis de la réserve magique. En plus d'être invisible aux yeux des moldus, les vampires y avaient apposé de puissants sortilèges qui en interdisait également l'accès aux sorciers. C'était une variation du sortilège de fidelitas. Le seul moyen pour eux d'y pénétrer impliquait d'avoir été invité explicitement par un vampire : un honneur plutôt rare, cela va sans dire.
Après un moment à marcher dans le sous bois, je parvins à une petite clairière au milieu de laquelle trônait un vieux chêne. L'écorce était couverte de runes scintillant faiblement dans la pénombre. A mon approche, le réseau s'illumina davantage, comme une manière de signifier ma présence aux maîtres des lieux. Il ne fallu guère davantage de temps pour que retentisse la détonation caractéristique d'un transplanage à proximité. Je demeurais figé dans l'ombre, attendant de voir apparaître la silhouette de mon père. Quelques secondes s'écoulèrent encore, accompagnées seulement des sonorités du bois et de la nuit. Alors enfin, je le vis.
Imposant, son pâle visage encadré d'une longue chevelure ébène, il portait une grande cape noire qui lui donnait des airs de chauve souris. Ses yeux sombres me rivaient d'un air rieur et je pouvais voir la moustache de son bouc bien entretenu s'arquer en un sourire tandis qu'il approchait. Cela faisait vingt ans qu'on ne s'était vu et d'un coup, voilà que nous étions l'un en face de l'autre. C'était presque surréaliste. Il posa alors ses mains, semblables à deux grandes araignées blanches, sur mes épaules et me considéra longuement avant de prendre la parole.
« Thomas. Dit-il finalement, d'un ton empreint de satisfaction. Bienvenue à la maison.
22 juin 2018
Partie 2
Partie 2
La maison était conforme à mes souvenirs : une ancienne bâtisse à l'allure délabrée, décorée de fioritures gothiques évoquant de manière cliché toute la mythologie vampire. Mon père avait toujours aimé l'ostentatoire. En un sens, cela lui correspondait bien.
Quand il me fit entrer, je fus immédiatement saisi par l'odeur de poussière et de moisi imprégnant l'air ambiant. Aucune lampe, ni bougie, n'égayaient cette triste place. Nous étions plongé dans l'ombre et, même si ça ne dérangeait pas mes yeux nyctalopes, cela me rendait un peu mal à l'aise.
Je crois que j'étais en train de réaliser la distance séparant les mœurs de mon père des miennes. J'étais né dans cet univers. Pourtant, rien de ce que j'y voyais aujourd'hui ne m'étais familier et encore moins agréable. Les meubles, la décoration, les photos : tout cela ne m'évoquais rien.
« Allons, ne reste pas sur le pallier Thomas.
Dit mon père avec autorité après un moment, voyant que je venais de sombrer dans quelques considérations stériles. Je ne répondis rien et me contentais de le suivre au salon. Sans doute la pièce la plus vaste de la maison, il comprenait plusieurs bibliothèques, des canapés et des fauteuil à même d'accueillir une dizaine de personnes et tout un lot de meuble utiles quand on souhaite recevoir ses invités dans de bonnes conditions. En outre, les murs exhibaient de nombreux cadres : les photographies les plus fameuses de mon père et dont certaines lui avaient permis de remporter des prix prestigieux dans le milieu artistique magique.
Faisant tomber sa longue cape noire, Vladek s'en alla alors rejoindre l'un des fauteuil du salon et m'invita à faire de même d'un signe de tête. Il dégageait cette nonchalance caractéristique de l'espèce : celle qui teinte le moindre geste d'élégance avec une insolente évidence.
« Il y a tout ce qu'il faut pour boire dans le bar.
Dit-il en accompagnant ses propos d'un geste négligent de la main, comme si partager cette information l'agaçait. Le connaissant, je mis cela sur le compte de son impatience à entrer dans le vif du sujet avec moi. Vladek aimait que les choses aillent à son rythme. Il se souciait fort peu de mon bien être, pas plus que de celui des autres.
Cependant, j'étais trop ébranlé mentalement pour songer à répondre. Je suivis donc docilement son indication et m'offrit le luxe d'un verre de vodka. Non pas que j'eusse particulièrement envie de boire, mais en comparaison, les autres bouteilles avaient une allure peu engageante.
Ce n'est qu'en m'asseyant finalement que je sentis tout le poids de ce qui venait de m'arriver tomber sur mes épaules. J'avais tenu envers et contre tout pour m'extraire de l'Université, voyager à travers l'Europe et affronter mon père. Maintenant j'étais là, sans objectif à court terme auquel me rattacher et donc, fatalement, forcé de regarder en arrière.
« Bien... Fit alors Vladek d'un ton suave, joignant ensemble l'extrémité de ses doigts. Nous avons beaucoup à rattraper je pense. Par où veux-tu commencer ?
Je laissais échapper un soupir sourd. Mon regard fuyait le sien, mais je n'avais pas l'intention de me dérober à l'épreuve du récit. Je pris néanmoins un moment pour rassembler mes idées et mon courage puis, entrepris de raconter soigneusement tout ce qui s'était passé au cours de ces dernier mois.
Vladek m'écouta attentivement tout du long et sans intervenir. De temps en temps, il fermait les yeux et je fus tenté d'interrompre le fil de mon récit à plusieurs reprises, mais de discrets hochements de tête vinrent périodiquement me confirmer qu'il écoutait toujours ce que j'étais en train de raconter. Aussi ne cessais-je de parler qu'une fois le chapitre de mes mésaventures tout à fait clos, au moment de nos retrouvailles.
Il ouvrit alors les yeux et sourit largement. Ses canines apparaissaient aux coins de sa bouche, comme deux poignards d'ivoire prêt à trouer la peau du premier venu. Pour tout dire, j'étais bien incapable d’interpréter la signification de ce sourire. Les réactions de mon père ne semblaient soumises qu'au tumulte des propres pensées et non pas à la réalité concrètes des situations.
« Tu as bien fait de venir. Dit-il, le regard brillant de malice. Mais pour être tout à fait franc, je suis surpris...
Je le regardais d'un air dubitatif, attendant qu'il développe le fond de sa pensée.
« J'étais persuadé que tu tiendrais moins longtemps dans un environnement pareil. Dix ans, c'est admirable.
Il laissa échapper un rire sardonique. Entre temps, Clarice s'était jetée sur ses genoux : elle se mit à ronronner bruyamment lorsqu'il commença à lui caresser le dos.
« Pourquoi ?
Demandais-je alors, partagé entre méfiance et confusion. Il vint poser son menton sur ses doigts repliés et me regarda comme on regarde un paquet de sucreries.
« Mais parce que nous sommes pareils. Fit-il, comme une évidence. Ta mère aura eu beau faire tout ce qu'elle a pu pour étouffer le développement de ton amour propre, cela n'aura pas suffit à empêcher la nature de reprendre ses droits au bout du compte. En cela, je suis ravis...
-Je ne vois pas le rapport avec ce que je viens de te raconter. Répliquais-je sèchement. Ce qui s'est passé est une injustice, ni plus ni moins.
-Certes, mais pourquoi ? Il me tint en haleine pendant quelques secondes, avant de se décider à livrer son interprétation de la situation. Parce-que tu as mis la main sur un joli morceau que tu n'as plus voulu lâcher ensuite. Parce que pour une fois, tu as exigé quelque chose. Et tu as payé pour ça.
J'observais Vladek sans mot dire, tandis qu'il développait ses théories sur mon compte, perplexe.
« Ce qu'ils on fait, ce n'est ni plus ni moins que de te rappeler à l'ordre. Il m'apostropha ensuite avec un ton théâtral. Retourne à ta place. Baisse les yeux, courbe l'échine !
Puis il rit franchement d'un rire moqueur. Je soupirais alors, avant de détourner les yeux, agacé.
« Génial. Fis-je. Tu m'aides, c'est bien.
-J'ai tort ?
-Bien sûr que tu as tort. M'insurgeais-je. Je n'ai pas choisi de tomber amoureux de Scylla. C'est arrivé, c'est tout. Et cette histoire de mariage arrangé... Je n'allais pas la laisser comme ça.
Vladek étouffa une acclamation de dédain. Je crois que mes paroles ne le convainquaient pas du tout. Cela dit, il n'y avait rien d'étonnant là dedans : sa façon de concevoir les rapports humain différait radicalement de la mienne.
« Tu aurais pu. Dit-il doucement. D'ailleurs c'est ce qu'ils ont tous fait : les autres.
-Hé bien si ça doit prouver quelque chose, c'est que j'ai un brin d'humanité.
Répliquais-je avec un sourire ironique.
« Ou que tu aimes les défis.
Susurra-t-il alors, l’œil pétillant.
« Peut-être qu'il existe quelque chose entre le mépris du genre humain et la soumission absolue... Je ne sais pas, un équilibre à trouver ?
Poursuivais-je, ironique. Vladek répondit du tac au tac.
« C'est à toi de me le dire. C'est toi l'hybride. Tu es assez grand pour décider des modalités de ton existence tout seul.
-Sans modèle ? Je passe mon temps à essayer. J'ai toujours pas trouvé la bonne formule...
C'était la première fois, depuis le début de cette conversation, que mon intonation traduisait la détresse. Elle était pourtant bien réelle depuis le temps, mais Vladek avait ce don de me placer d'emblée sur la défensive. Je ne me sentais jamais à l'aise de laisser s'exprimer mes sentiments, avec lui.
« Vraiment ? Il laissa échapper un petit rire sarcastique. Allons... Tu détestes ta part vampire. Heh... Pour cela, ta mère aura bien fait son travail.
Il détourna brièvement le regard, comme je sentais fleurir l'amertume.
« On ne va pas refaire l'historique de votre séparation. Répliquais-je, agacé à mon tour. Et ça te va bien de la critiquer. Elle m'a élevé toute seule.
-Elle a choisi de partir.
Je laissais échapper un soupir, constatant avec regret qu'il avait réussi à me mettre en colère.
« Vladek, je viens de tout perdre... Est-ce que c'est envisageable de ne pas tout ramener à toi, pour une fois ?
Il ne répondit rien, se contentant de me contempler d'un regard vénéneux. Je laissais alors s'écouler une minute, pensant qu'il saisirait l'occasion de revenir sur ses propos mais, comme toujours, rien ne vint.
Déçu, en colère et épuisé par le tumulte de ces derniers jours, je me levais donc et m'en alla sans plus de cérémonie rejoindre une chambre à l'étage. J'avais traversé la moitié du continent dans l'espoir de retrouver un foyer ou, au moins, un semblant de famille : juste un bout de lien auquel me raccrocher, afin de pouvoir me reposer et réfléchir à ce qui venait d'arriver... Mais il semblerait que la fortune en ait décidé autrement. J'irais donc seul, pour ne pas changer.
C'est que je commençais à m'y faire...
- InvitéInvité
Re: Les RPs de Thomas Cioban
Sam 23 Juin 2018 - 23:52
Le voyage en Roumanie
23 juin 2018
Partie 1
23 juin 2018
Partie 1
Je suis resté un moment dans cette chambre, allongé sur le lit à réfléchir, en fixant le plafond. Je crois que c'était typiquement le genre de moment qui me faisait regretter de ne pas dormir. Si j'avais pu m'échapper dans un monde où rien de ce qui accable en journée n'a d'importance, j'aurais sauté sur l'occasion sans hésiter.
La permanence du temps m'épuisait. J'étais littéralement à bout de nerf : les sentiments en lambeau, mes émotions érodées jusqu'à la corne. En moi, il ne restait qu'un vide immense. Je n'en pouvais plus de n'être traversé que par du négatif depuis deux jours. C'était intenable sur la durée et rien ne semblait s'offrir à l'horizon pour calmer mes états d'âme.
J'attendis donc que la nuit passe, ignorant tout ce qui advenait alentour. Mon père s'absenta d'ailleurs peu après mon départ du salon, plongeant la demeure dans le silence (à l’exception du grincement des planchers). J'étais là, perdu dans une vieille bâtisse au milieu des bois et sans personne à des kilomètres à la ronde. En somme, j'étais seul : véritablement seul et ce, pour la première fois depuis très longtemps.
Paradoxalement cet état de fait me soulagea, en un sens. J'avais le sentiment que plus rien ne pouvais m'arriver. J'étais protégé, loin des gens, loin du monde. Personne ne savait où j'étais et quand bien même : les enchantements empêcheraient quiconque d'approcher, si tant est qu'on le veuille. Alors même si mes retrouvailles avec mon père ne s'était pas déroulées exactement comme je l'aurais voulu, mon premier souhait en venant ici avait été exaucé : on allait enfin me foutre la paix.
Vladek rentra juste avant l'aube. J'ai attendu qu'il aille s'isoler dans sa propre chambre avant de me décider à descendre. Je n'avais pas envie de discuter avec lui. Par réflexe, je me suis dirigé vers la cuisine, espérant y trouver de quoi reprendre des forces : avoir sauté le repas de la veille m'avait épuisé (les dhampires sont beaucoup plus sensibles que les humains à la privation de nourriture, puisque c'est notre seul moyen de récupérer de l'énergie, dans la mesure où nous ne dormons pas). Cependant, j'ai dû me rendre à l'évidence qu'il n'avait rien prévu. Hormis des bouteilles d'alcool et dérivé, je ne trouvais rien de consistant à me mettre sous la dent.
Agacé, je traînais donc des pieds jusqu'à ma voiture et m'envolais en direction du quartier sorcier de Brasov sans plus tarder. Il était constitué de plusieurs rues cachées aux yeux des moldus et dont l'esprit rappelait naturellement le chemin de traverse, si l'on faisait abstraction de l'architecture typique de la région.
A ce titre, la ville disposait également d'un quartier spécifiquement fréquenté par les vampires. Au cœur de la Transylvanie, leur concentration y était beaucoup plus importante qu'ailleurs. De fait, le ministère local disposait d'un bureau de liaison spécifique destiné à favoriser les relations avec les sorciers tout en protégeant les moldus locaux.
Cependant, il allait sans dire que ces rapports n'étaient pas de tout repos. Des rixes éclataient périodiquement entre les vampires épris de liberté et les sorciers les plus conservateur. Bien que la majorité des deux populations préférait s'ignorer, ces affrontements tendaient souvent l'atmosphère.
Quoiqu'il en soit et dans la mesure où il faisait jour, je préférais opter pour le quartier sorcier. Celui ci grouillait déjà d'activité (principalement des touristes étrangers venu admirer les splendeurs sauvages de la région). Amateurs de dragon, amoureux de vieilles pierres, on distinguait sans peine les sorciers de passage des autres par leur allure bonhomme et leurs tenues bigarrées. Les locaux, quand à eux, affichaient cette mine typique des gens de l'Est à la fois austère et fière.
Je me rabattais sur un petit établissement à l'écart de l'agitation ambiante (le dernier endroit où Vladek et moi nous étions vu, juste avant mes dix-huit ans). Là, je ne trouvais que des habitués qui ne manquèrent pas de regarder mon arrivée comme une chose étrange, avant de retourner à leurs occupations dans l'indifférence.
Installé au bar, je m'empressais de commander un petit déjeuner et ajoutais quelques pièces pour la gazette du jour : manger était tout ce qui m'occupait l'esprit dans l'immédiat. Je ne fis donc pas grand cas de la jeune femme qui me scrutait depuis sa table, avant qu'elle ne vienne s'asseoir à côté de moi et m'adresse la parole.
« Salut.
Dit-elle en anglais (je suppose qu'elle me prenait pour un touriste).
« Salut.
Répondis-je en roumain, afin de lui signifier qu'elle pouvait s'exprimer dans sa langue natale : elle sourit et continua en roumain.
« T'es pas d'ici, non ?
-Plus ou moins.
-C'est à dire « plus ou moins » ?
Je tournais la tête pour la détailler un peu mieux. C'était une jeune femme de moins de trente ans, brune, assez mignonne. Il me fallu moins d'une seconde pour sentir qu'il y avait quelque chose de particulier chez elle. J'étais alors bien incapable de dire quoi, mais je sus après coup qu'elle avait eu la même impression en me voyant et que c'est ce qui l'avait motivé à venir me voir.
« Je suis né ici, mais je vis en écosse.
Lui répondais-je, avant d'oser entamer mon petit déjeuner. Elle acquiesça sans cesser de me regarder.
« Ah... C'est pour ça l'accent.
-L'accent ?
-T'as un accent quand tu parles.
-Ah bon. Je haussais les épaules. Je suppose que c'est parce qu'on ne parle pas souvent roumain en écosse.
-Ouais, sûrement.
Je pensais qu'elle partirait après cet échange dans la mesure où un silence (un brin gênant) s'installa entre nous pendant un moment, mais non. Elle se contenta, au contraire, de faire venir à elle sa consommation d'un coup de baguette magique et continua à me faire la conversation.
« Je m'appelle Sarah.
-Thomas.
-Tu viens voir de la famille ?
-Oui.
-Qui ça ?
-Mon père.
A ce moment là, je crois qu'elle comprit que sa curiosité me désarçonnait. En dehors du fait que j'apparaissais assez ennuyé de devoir interrompre mon repas toutes les quatre secondes pour lui répondre, je ne développais guère au delà de deux mots et cela commençait à se voir.
« Je te dérange ?
S'enquit-elle alors.
« Non... Fis-je, acculé. C'est juste que je me demande ce que tu me veux, voilà.
Je lui adressais un regard en coin.
« Enfin, c'est pas... Pas qu'on ne peut pas discuter comme ça, hein... Enfin, je ne sais pas. Je me demande, voilà.
Elle sourit, visiblement amusée par la maladresse de mes justifications. Puis, elle approcha un peu sa chaise et répliqua.
« C'est juste que je me demandais si tu étais un dhampire.
23 juin 2018
Partie 2
Partie 2
Vladek avait retrouvé sa place dans le fauteuil du salon. Il tenait un verre d'on ne sait quoi, tandis que les doigts de son autre main pianotaient nerveusement contre l'accoudoir. Son regard était noir, bien que sa posture témoigne de cette éternelle nonchalance qui le caractérisait si bien. En outre, il me rivait de ses yeux sombres, le visage figé en un genre de grimace indéfinissable, tandis que je tournais en rond au milieu de la pièce. Dans le même temps, Sarah se tenait assise sur l'un des canapés, visiblement détendue.
« J'ai une sœur ! Une demi sœur de vingt-six ans et c'est maintenant que j'apprends ça ? Non, non, attend... Je le découvre par hasard, parce-qu'elle a décidé de venir me parler dans un bistro : mais c'est insensé Vladek ! On marche sur la tête, là !
J'étais hors de moi : de son côté, le vampire se contentait de m'observer d'un air assassin. Il va sans dire que j'aurais pu continuer à l'invectiver longtemps comme ça et cela m'aurait certainement soulagé de toute la frustration accumulée dernièrement. Cependant, ma propension stupide à vouloir trouver une issue aux problèmes me poussa à chercher le dialogue.
« Quand avais-tu l'intention de me le dire ?
Lui demandais-je, consterné.
« Ce n'était pas prévu.
Répliqua-t-il. Je cessais de déambuler et laissais tomber mes bras le long du corps.
« Pas prévu ?! Ok... Super. Non mais très bien. C'est bien. Je haussais le ton. Comment ça : pas prévu ?!
A ce moment, Sarah ressenti le besoin d'intervenir.
« Non, mais Thomas...
-Quoi « Thomas » ?! M'écriais-je. Quoi « Thomas »? Est-ce que c'est normal, cette situation ? Est-ce que c'est bien normal que l'on n'estime pas utile de partager ce genre d'information ? Ou est-ce que je suis encore en train de m'énerver tout seul pour rien ?
Elle esquissa un petit sourire.
« Je ne dis pas que c'est normal... Concéda-t-elle, pas impressionnée du tout par mes mouvements d'humeur. Mais c'est papa. Voilà, c'est tout.
-Ah bon... D'accord. « C'est tout. » Je laissais échapper un rire jaune. Très bien, c'est tout. Je ferme ma gueule alors.
-Tu peux t'énerver, maintenant la situation est ce qu'elle est. Peut-être qu'on pourrait profiter de ce moment pour se retrouver justement. Enfin... Apprendre à nous connaître : ce serait plus juste dit comme ça.
J'allais m'asseoir à mon tour. Les paroles de Sarah ne m'étaient pas d'une grande aide, mais son calme avait fini par atténuer ma colère (au moins en partie).
« Je suis scandalisé... Mais vraiment. Fis-je. Et j'en ai assez que ce foutu suceur de sang s'en tire toujours à bon compte !
Ajoutais-je, m'enflammant à nouveau tout en pointant un doigt accusateur en direction de Vladek. Ce dernier m'adressa immédiatement un regard noir.
« Je te conseille de surveiller tes paroles, mon garçon.
Autour de lui les ombres semblèrent s'épaissir. Il dégageait une puissance terrifiante et il est certain que si j'avais été sensible à son aura, cette dernière m'aurait probablement écrasée de toute son intensité. Comprenant donc que j'avais dépassé les bornes en l'insultant de la sorte, je renonçais à poursuivre dans l'invective et consentais à baisser d'un ton.
« J'en ai combien d'autre comme ça ?
Glissais-je alors entre mes dents, sarcastique.
« Aucun. Répliqua-t-i fermement. Toi et Sarah êtes mes deux seuls enfants.
J'opinais légèrement du chef, les lèvres pincées. Quelques secondes s'écoulèrent alors dans le silence, avant que je ne me décide à conclure d'un ton acide.
« J'espère que c'est la vérité.
- InvitéInvité
Re: Les RPs de Thomas Cioban
Lun 25 Juin 2018 - 8:25
Le voyage en Roumanie
24 juin 2018
24 juin 2018
Sarah rentra à Brasov dans la soirée. Nous avions convenu de nous revoir prochainement, mais pour l'heure, elle avait des choses à faire. Un état de fait qui me convenait bien dans la mesure où j'étais encore sous le choc de la nouvelle. A dire vrai, je ne comprenais pas le sens d'un tel secret : pourquoi mon père s'était-il abstenu de me parler de Sarah pendant toutes ces années ? Son tempérament séducteur ne m'avait pas échappé : je savais très bien qu'il fréquentait des femmes (plus souvent humaines que vampire d'ailleurs). Ce qui l'avait motivé à scinder sa vie familiale de la sorte m'échappait en revanche complètement.
Le lendemain, je dédiais la matinée à remplir les placards de nourriture : une façon de signifier à Vladek mon intention de rester chez lui pour un moment. Car en dépit de tout mon ressentiment, j'étais bien décidé à renouer un semblant de lien avec mon père. Le fait qu'il ne témoigne d'aucune sorte de bonne volonté à mon endroit ne m'avait pas encore découragé. Je n'étais pas naïf au point de croire qu'il me suffirait de mettre un peu d'eau dans mon vin pour y arriver, mais il était important pour moi d'essayer.
Après les courses, un peu avant midi, je le retrouvais dans la bibliothèque. Il était assit au piano et jouait un morceau classique dont j'ignorais le nom. Le voir ainsi ravivait en moi d'anciens souvenirs : des images floues saveur d'enfance. Je n'en avais pas gardé grand chose, mais il avait longtemps essayé de m'enseigner le piano : un des premiers fiascos de mon existence. Vladek n'avait aucune patience avec moi et j'avais déjà développé cette mauvaise habitude de me braquer à la première difficulté.
Sans mot dire, j'approchais furtivement et me plaçais dans un coin de la pièce pour écouter. Mais après un moment, il ralentis le rythme et se mit à me parler par dessus l'épaule.
« Te souviens-tu de cela Thomas ? Je te le jouais quand ta mère n'en pouvait plus de t'entendre pleurer, quand tu étais bébé.
Je me demandais ce qui pouvait bien motiver mon père a tourner la moindre de ses phrases de manière désagréable dès qu'il s'agissait de moi. Cela dit, j'avais décidé de prendre sur moi cette fois-ci (car mine de rien, les paroles de Sarah avaient fait leur chemin dans ma tête entre temps).
« Vaguement.
Répliquais-je alors. Il se décala de son siège, comme une invitation à m'asseoir à côté de lui. Je m'exécutais docilement. Il s'interrompit le temps de placer mes mains au dessus des touches, joua quelques notes et me regarda jusqu'à ce que je me décide à l'imiter. J'étais lent et de constater ma propre maladresse me frustra immédiatement. Il le remarqua bien évidemment.
« C'est parce-que tu n'as jamais été patient que tu as échoué au piano Thomas.
Me dit-il. J'étais un peu vexé, mais depuis mes cours avec Castilla je savais qu'il avait raison. Tout du moins, en partie.
« La persévérance, ça s'apprend aussi. Rétorquais-je doucement. Avec toi, j'avais toujours l'impression d'être nul, quoi que je fasse.
Il eut un petit souffle du nez dédaigneux, puis, je refis une tentative avec son morceau. Ce n'était guère mieux mais, au bout d'un moment (et à force de recommencer), mon jeu se fluidifia un peu : je commençais à ressentir un semblant de satisfaction. Vladek observa tout ceci d'un œil relativement intéressé. Dans le fond, je crois qu'il ne s'attendait pas à me voir faire preuve d'obstination (pour une fois), mais c'était un trait que je m'étais efforcé d'acquérir cette année et dont je voulais lui faire montre. Je crois qu'il le remarqua, puisque, après un moment, il me proposa un nouvel enchaînement de note que je tentais de reproduire à nouveau.
« Mon fils n'est pas « nul ».
Finit-il par dire d'un ton grincheux et assorti d'un regard en biais. La confession semblait lui coûter, mais ce n'était pas le plus important. Il l'avait dit.
- InvitéInvité
Re: Les RPs de Thomas Cioban
Dim 1 Juil 2018 - 14:56
Le voyage en Roumanie
1er juillet 2018
Partie 1
Trigger Warning : sang1er juillet 2018
Partie 1
J'ai toujours énormément travaillé. C'est un fait dont je n'avais pas véritablement conscience avant de connaître le chômage. Pourtant, je venais bien de passer dix ans à mon poste, à surveiller, réparer, planifier, nettoyer... Tous les jours de l'année, nuit et jour. J'étais là. A dire vrai et en dépit de mon caractère désinvolte, ma vie était bien réglée.
De me trouver ainsi réduit à un état d'inactivité totale du jour au lendemain me porta un véritable coup au moral. Je pensais sans arrêt à Scylla et au moment de mon départ, incapable de dissoudre l'anxiété à travers une activité plus porteuse. Je n'avais rien à faire, si ce n'est ruminer et m'attrister davantage. Ainsi, quelques jours suffirent à achever toute combativité en moi. Je restais simplement là, à en faire le moins possible tout en me laissant peu à peu glisser dans une déprime profonde.
Mes interactions sociales se limitaient à de brefs échanges avec mon père, car Sarah n'avait pas encore décidé de passer nous voir. Ainsi, je pouvais rester immobile des heures entières sans échanger le moindre mot avec qui que ce soit.
J'étais à peine une ombre, bien conscient de la dynamique mortifère dans laquelle je m'étais engagé, mais pourtant incapable de réagir : c'était un cercle vicieux fait d'ego blessé et de masochisme mortifère. Un puits sans fond dont j'adorais détester la descente.
Un événement vint néanmoins briser la roue de cette sordide monotonie. Je crois qu'il faisait nuit même si, à dire vrai, j'avais perdu toute notion du temps à force de vivre dans le noir. Une odeur vive de sang m'avait tiré de ma torpeur morose : je me sentais envahi par un sentiment d'angoisse entêtant. J'étais nerveux, incapable de penser à autre chose. Alors, d'un pas hésitant, je me décidais à aller voir ce qui se tramait en bas.
Vladek était assit à sa place. Comme toujours il affichait une attitude féline forgée à grand coup de nonchalance, mais sa bouche et la partie haute de sa chemine étaient maculées de sang. Du sang humain, cela va sans dire : j'étais à même d'en reconnaître l'odeur entre mille. Quand il me vit, il ne dit rien et se contenta de sourire : un sourire joueur, satisfait.
Car à ses pieds gisait une jeune femme inconsciente. Les boutons de son chemisier avaient été défait de sorte à lui dégager la gorge. A ce titre, la marque laissée par les crocs de Vladek ressortait singulièrement sur un teint que le prélèvement avait extraordinairement pâlit.
Naturellement, cette vision me plongea immédiatement dans un état de stress indescriptible. Je chancelais et manquais de percuter un meuble, avant de finir le dos en appuis contre le mur le plus proche.
« Qu'est-ce que tu as fait ?
Finissais-je par articuler. Vladek sourit un peu plus.
« C'est une vraie question ?
J'avais du mal à respirer. L'air était imprégné par l'odeur du sang de cette femme. J'étais dégoûté et choqué de constater combien mon père s'amusait de la situation. Son regard pétillait de malice. Il semblait très fier de son petit effet.
« Elle est encore vivante ?
Demandais-je encore, le regard fuyant. Il se lécha les doigts dans mon champ de vision périphérique.
« Bien sûr qu'elle est vivante.
-Elle ne bouge plus du tout.
Vladek se leva et enjamba la jeune femme pour venir me rejoindre.
« Elle était anxieuse, alors je lui ai donné un peu d'héroïne. Mais rassure toi... Elle se réveillera demain.
Il me gratifia l'épaule d'une tape et parti en direction de la salle de bain d'un air guilleret. Moi, je demeurais là, figé entre dégoût et horreur. Incapable de bouger, incapable de prendre la moindre décision, je sentais l'angoisse épaissir à mesure des secondes. Je ne savais pas quoi faire.
C'était probablement l'un des pires scénario que l'on puisse imaginer.
1er juillet 2018
Partie 2
Partie 2
« Allé, ça va aller.
Sarah me tendit une tasse de thé : son regard était doux, presque maternel. Puis, elle s'assit en face de moi et enveloppa sa propre tasse à deux mains. J'étais encore sous le choc du spectacle sordide que Vladek m'avait donné à voir, aussi ne lui répondis-je que d'un vague hochement de tête.
Mon regard se dirigea ensuite vers le lit : la jeune femme y dormait paisiblement (tout du moins, c'est ce qu'il me semblait). Par chance, Sarah était arrivée peu après que Vladek ait quitté la scène du crime et m'avait aidé à gérer la situation. Il est clair que sans elle, j'aurais été bien incapable de prendre la moindre initiative. L'odeur persistante du sang me rendait encore nauséeux, mais je commençais peu à peu à m'en remettre (nous avions bandé la plaie).
« Comment tu fais pour supporter ça ?
Lui demandais-je finalement d'une voix enrouée. Elle eut un sourire étrange, un peu en biais.
« Je fais avec. Dit-elle. Je ne me pose pas trop de question.
-Tu trouves ça normal ?
Elle haussa vaguement les épaules, puis s'accorda une gorgée de thé.
« Pour un vampire ? Oui, ça l'est.
-Et pour toi ?
-Moi, je n'ai pas les mêmes besoins.
Me dit-elle et à dire vrai, je n'étais pas convaincu, même si je savais qu'elle avait raison. Les vampires s'abreuvaient de sang : c'était dans l'ordre des choses. Jusqu'à preuve du contraire, il n'existait aucune solution de substitution pour eux. Malgré cela, le spectacle de cette jeune femme inconsciente m'étais insupportable. Je ne savais pas comment composer avec cet état de fait, ni où me placer.
« Tu sais... Continua Sarah, comme si elle venait de lire mes pensées. Tu n'es pas obligé de t'identifier à ça, si ça te dérange tellement. Les dhampires n'ont pas besoin de boire du sang pour se nourrir. Ce que tu partages avec notre père, ce sont davantage des caractéristiques que des pratiques.
-Mais si je le laisse faire, ça veut dire que je cautionne tout ça.
Je pris un instant pour m'allumer une cigarette. Sarah en profita pour boire un peu de thé avant de répondre.
« Si tu l'empêchais de faire ce qu'il fait, il finirait par en mourir. Peut-être que c'est juste une question d'équilibre ? On peut ne pas être d'accord sur un principe, mais admettre la nécessité.
-Comment ça ?
-Un vampire qui tue ses proies, est-ce que c'est la même chose qu'un autre qui ne les tue pas ? Il y a plusieurs moyens de répondre à ses besoins biologiques et c'est là qu'interviennent les notions de morale, de justice... Et les humains aussi ont à faire ce genre de choix.
Je ne répondis rien, considérant plutôt les propos de ma demi sœur d'un air pensif. Alors, elle poursuivit son raisonnement plus avant.
« Toi, tu raisonnes de manière manichéenne, parce que ça fait appel à des affects très forts chez toi... Mais il faut regarder la réalité des choses : tous les vampires ne sont pas pareils et il en va de même pour les humains. Je pense que ce qu'il te manque, c'est de la culture. Intéresse toi aux modes de vies des vampires... Regarde ce qui se fait, compare. Après, ce sera beaucoup plus facile pour toi de savoir ce que tu veux pour toi même et ta famille.
Le silence retomba sur nos têtes un moment. Je tirais sur ma cigarette par intermittence, tout en songeant à ce qui venait d'être dit.
« Ouais... Peut-être. Je vais essayer.
Fis-je simplement. J'admettais l'idée que tout ceci ne pouvait pas me faire de mal à défaut de me convaincre. Après tout, j'étais venu en Roumanie pour renouer avec la branche vampire de ma famille, mais cela ne pourrait pas se faire sans un minimum d'ouverture de ma part. Peut-être que, dans le fond, j'avais peur d'en ressortir trop différent : changé « dans le mauvais sens », si l'on peut dire. Je ne sais pas. C'était toujours un sujet très sensible pour moi, je ne l'abordais pas sereinement.
« Il ne faut pas avoir peur des idées Thomas. Si tu as raison à la base, tu y reviendras peu importe les thèses qu'on te présentera... Mais il faut s'intéresser aux idées.
Une fois de plus, Sarah contra merveilleusement mes doutes. J'acquiesçais donc silencieusement après elle, à peu près décidé à explorer ce pan de mes origines. Une quête nébuleuse et dont il m'était impossible d'anticiper l'issue, mais ce n'était probablement pas le plus important.
Essayer ne constituait pas un grand risque, dans le fond.
- InvitéInvité
Re: Les RPs de Thomas Cioban
Lun 9 Juil 2018 - 22:19
Le voyage en Roumanie
5 juillet 2018
5 juillet 2018
On ramena la jeune femme chez elle dès le lendemain, après qu'elle se soit réveillée. Je ne me montrais pas très bavard durant le trajet, alors Sarah s'occupa de faire la conversation à ma place. A dire vrai, j'étais encore sous le coup du spectacle que Vladek m'avait donné à voir et les mots de ma demi sœur tournaient inlassablement dans ma tête. Je crois que j'accueillais toutes ses suggestions comme parole d'évangile, parce-que je vivais dans un stress permanent et manquais de repère pour évaluer la validité de son propos.
Je m'y raccrochais comme à une branche salvatrice, mais peut-être que dans le fond, c'était moi qui avait raison. Elle me répétait de faire preuve d'ouverture d'esprit, mais je ne voyais pas très bien comment l'on pouvait tolérer une pratique consistant à abuser des femmes (hormis la nécessité qu'elle invoquait chaque fois, mais cela me renvoyais immanquablement au paradoxe insoluble de mon existence). J'en venais à me dire que si vampires et humains avaient pu ne jamais se mélanger, tout aurait été beaucoup plus simple. Il y aurait eu les prédateurs d'un côté et les proies de l'autre. Pas besoin d'essayer de se comprendre en ces termes.
A ce titre, la jeune femme ne semblait pas particulièrement traumatisée de son passage au manoir (ou tout du moins, pas en apparence). Sarah m'expliqua plus tard qu'il en existait pas mal, des comme elle, à Brasov : elles sont accro aux effets du charme vampirique (ou bien curieuses au point de se jeter dans la gueule du loup). Des proies de choix, en somme. J'ai quand même du mal à me dire que tout s'arrange comme ça, car chacun y trouve son compte. C'est la facette d'une réalité sordide, rien d'autre. Mettre ce genre de cas en avant, c'est oublier toutes les fois où ça se passe mal... Mais là encore, je manque peut-être d'ouverture.
En vérité, je n'en sais rien. Plus les jours passent, plus je me sens perdu. Je commence à me dire que venir ici n'était peut-être pas une très bonne idée, en fin de compte.
Scylla me manque.
Je meurs d'envie de la voir, mais l'idée même du retour me colle des angoisses. Je me sens juste en incapacité de le faire (pour le moment en tout cas). D'avoir à endurer les regards, revivre l'humiliation, le poids de la suspicion : j'en suis incapable.
Alors, peut-être qu'on pourrait se donner rendez-vous ailleurs ? A Londres ou dans un endroit isolé, là où personne ne nous connaît... Je ne sais pas. J'ai l'impression que toute la Grande Bretagne est au courant maintenant (c'est complètement irrationnel, j'en ai bien conscience).
J'ai peur qu'il arrive quelque chose, que ça se passe mal ou qu'elle me rejette parce-que je suis parti sans un mot pour elle. Je l'ai abandonné au milieu de la foule, alors qu'elle criait : elle mérite mieux qu'un homme comme ça. C'est ce que je me dis et ça ne résout rien.
Malheureusement, c'est tout ce que la situation m'inspire pour le moment.
C'est l'esprit alourdit par ces quelques considérations que je retournais au manoir. Je laissais ensuite passer quelques jours afin que l'affaire se tasse. Mon père, de son côté, ne ramena pas d'autres filles à la maison : il avait le bon goût de préférer la chasse « en extérieur », car à trop convier des étrangères en territoire vampire, il finissait par s'attirer les foudres des siens.
A ce titre, j'étais assez stupéfait de constater l'étendue de son dédain pour les règles. Des normes des sorciers à celles des vampires, il n'entendait rien : seules importaient ses envies. Rien de bien étonnant à ce qu'il me soit difficile de trouver ma place dans ces conditions.
Cela dit, je n'avais pas oublié l'une des raisons fondamentales de ma venue : avoir une conversation sérieuse avec mon père au sujet de la famille. A ce titre, une opportunité d'aborder le sujet se présenta bientôt.
En effet, Vladek souhaitait que j'effectue quelques réparations sur la charpente du manoir (le genre de choses qu'un coup de baguette magique règle d'ordinaire, mais la magie des sorciers n'avait pas cours ici). Je me dévouais de bonne grâce, pas fâché d'avoir enfin une occupation concrète. Mon père me conduisit donc au grenier et là, je découvris un bazar sans nom : des meubles entassés, des cartons (pleins d'on ne sait quoi) et ainsi de suite... Impossible de travailler dans ces conditions. J'entrepris donc de mettre de l'ordre avant de commencer.
De son côté, Vladek s'en retourna à ses occupations (et cela me convenait très bien). Toutefois, il passait à intervalle régulier pour voir « où j'en étais », ce qui me laissa à penser (après un moment à constater son manège) qu'il s'inquiétait de ce que je pourrais trouver dans ses affaires. Cela dit, je n'en fis aucun cas.
Ce n'est qu'après une heure de labeur à pousser des meubles et tirer des caisses que je mis finalement la main sur un vieil album photo (en dépit de la saleté des lieux, il avait été bien protégé dans un linge et ne souffrait d'aucune détérioration majeure). Cet objet était sans conteste le plus intéressant qu'il m'ait été donné de trouver ici... En dehors de cela, il n'y avait que des babioles sans intérêt et autres bibelots d'un goût discutable (parfois magiques) dont je n'avais pas très envie d'interroger l'origine. C'est donc avec une certaine curiosité que j'ouvris l'album... Et quelle surprise, puisqu'il s'agissait d'un album de famille.
Page après page, je découvris des photos de ma mère et moi enfant, quelques rares clichés avec mon père aussi. De quoi tomber dans la nostalgie... Sauf que, rien de ce que je voyais ne m'évoquais quoique ce soit (pas même une impression). J'avais le sentiment de contempler des scènes totalement étrangères.
« Hé bien ?
Vladek venait d’apparaître dans mon ombre. Je lui lançais un regard par dessus l'épaule.
« Je ne savais pas qu'on avait ça ici.
Il ne répondit rien. De mon côté, je continuais à contempler les clichés.
« Elles sont sympas. Finis-je par dire. Si tu ne le consulte jamais, j'aimerais bien en prendre quelques unes.
Ajoutais-je en désignant l'album d'un signe de tête. Il haussa les épaules.
« Fais ce que tu veux.
Dit-il platement. Le sujet semblait ne susciter chez lui aucune forme d'intérêt (cela dit, je ne m'attendais pas à une réaction différente).
« Qu'est-ce que ça t'a fait quand tu as appris que maman était enceinte ?
Osais-je finalement demander, usant d'un cliché d'elle me tenant dans ses bras comme du prétexte idéal. L'expression de Vladek se teinta de surprise et, pour la première fois de ma vie, je pus lire le trouble se frayer un chemin sur les traits de son visage.
« Ce que ça m'a fait ? Répéta-t-il. Hé bien, d'après toi ?
-Justement, si je te demande c'est que je ne sais pas.
Je le connaissais bien trop pour ignorer qu'il allait tenter d'échapper à mes interrogations, mais il n'en était pas question.
« Ta petite amie l'a été pourtant.
Siffla-t-il. Je répliquais aussitôt.
« Scylla a fait une fausse couche. Ce n'est pas la même chose qu'attendre un enfant.
-Je croyais que tu ne voulais pas en avoir... Que ça ne t'intéressait pas.
Dit-il encore, sarcastique.
« C'est vrai oui. Fis-je. Mais ça m'est arrivé d'y penser dernièrement.
-Tiens donc ?
Je crois que je venais de piquer son intérêt. Il fit quelques pas dans ma direction et me servit une de ces phrases mielleuses dont il avait le secret.
« Mon fils serait moins réticent à l'idée de transmettre ses horribles gènes ?
-Pourquoi tu ne m'aides pas ? Lui demandais-je alors, fronçant les sourcils. Je ne te demande pas la lune, juste de me dire ce que ça t'a fait. Ça n'a pas à se transformer en psychanalyse.
Vladek laissa le silence retomber sur nos têtes pendant un moment.
« J'étais heureux.
Dit-il finalement. Nos regards restèrent fiché l'un dans l'autre pendant une longue minute. J'ignorais s'il me fallait plonger à deux mains dans cette ouverture ou faire preuve de retenue en tournant encore un peu autour du pot. L'humeur de mon père était à ce point changeante que je craignais de voir la chance me filer définitivement entre les doigts si j'optais pour la mauvaise approche.
« Et ça ne te faisait rien qu'elle soit humaine ?
Lui demandais-je alors. Il eut un rictus.
« Comme la tienne, non ? Pourquoi n'as-tu jamais cherché une femme comme toi ? Pourquoi celle-là et pas une autre ?
Je ne répondis rien : j'avais compris où il voulait en venir.
« Un enfant est le produit unique de ses parents. C'est particulièrement vrai pour toi Thomas.
J'étais de plus en plus troublé par l'intensité de ses aveux. Cela ne lui ressemblait pas de s'étaler autant sur ses sentiments et le lien de filiation qui existait entre nous. D'aussi loin que je me souvienne, il avait toujours affiché le même dédain à mon endroit. Je pensais que c'était lié à ma nature hybride, mais de l'avoir vu interagir avec Sarah (ces derniers jours) me faisait douter. Je n'étais plus sûr de rien.
« Ça n'a jamais eu l'air d'être un problème sérieux, pour toi, ce que je pouvais endurer. Lui dis-je. Tu sais que c'est pour ça que j'ai toujours renoncé à fonder une famille.
-Oui, je sais. Répondit Vladek. Mais c'est ainsi. Je ne comprends pas l'intérêt de se punir en réaction à la bêtise des autres. Il est temps que tu deviennes un peu plus individualiste, Thomas. Cesse de songer à ce qui pourrait arriver.
Je détournais le regard en direction de l'album encore ouvert sur mes genoux. Il n'y avait rien de révolutionnaire dans ce qu'il me disait (en vérité, j'avais déjà entendu pareil discours dans d'autres bouches), mais j'avais besoin que ce soit lui qui me le dise.
- InvitéInvité
Re: Les RPs de Thomas Cioban
Lun 16 Juil 2018 - 18:19
Le voyage en Roumanie
6 juillet 2018
6 juillet 2018
J''attaquais les réparations dès le lendemain, une fois que tout le bazar fut déplacé et (pour ce qui restait) soigneusement couvert. Mon humeur était plutôt bonne en comparaison avec ces derniers jours. Le caractère concret de mes occupations me redonnait un peu le goût des choses. J'avais l'impression d'être capable à nouveau et il va sans dire que cela ponctuait agréablement la longue période de grisaille dans laquelle j'étais engagé depuis le début de cette aventure.
La conversation de la veille, avec Vladek, m'avait bien fait cogiter. Je commençais à comprendre des choses ou, tout du moins, en intérioriser certaines. Naturellement, l'envie de voir Scylla se faisait de plus en plus pressante. Je me disais qu'il serait peut-être temps de songer au retour. Cela faisait deux semaines que j'étais parti sans donner de nouvelles. J'imaginais sans peine son inquiétude.
Cela dit, avant de prendre une décision, je devais encore terminer le travail que Vladek m'avait confié. Il ne s'agissait pas de grand chose en vérité : quelques réparations sommaires, des changements de tuile... Rien d'extraordinaire pour qui s'occupe de l'entretien d'une université et de son stade de quidditch. J'étais sûr d'en venir à bout en deux jours maximum (laps de temps au cours duquel j'espérais prendre une décision concernant un éventuel retour à Londres).
De son côté, mon père s'était lancé dans un véritable récital au piano de la bibliothèque. Il ne se préoccupait plus de ce que je risquais de trouver dans ses affaires, puisque nous avions terminé avec ça. Mécaniquement, cela se solda par une chute vertigineuse de ses allers et venues. A présent, il s'appliquait à parfaire son jeu, porté par un genre de frénésie artistique (cela lui arrivait de temps à autre). Moi, j'avais décidé de m'isoler avec mes écouteurs et de la musique contemporaine (pas que le classique me dérange, mais j'avais vite ma dose). Après quoi, le reste s’enchaîna tout seul.
Je travaillais jusqu'au milieu de l'après midi, concentré et appliqué. Rien de particulier ne se produisit et il va sans dire que rien de particulier n'était (effectivement) supposer se produire. La journée prit malgré tout une autre direction, quand je fis tomber mon marteau sur une petite caisse en bois (un geste malencontreux). J'avais grimpé en haut de l'échelle de sorte à pouvoir atteindre une poutre, l'outil m'avait glissé des mains et, après avoir rebondit sur un barreau, termina sa course dans le fatras de ses affaires.
Je me hâtais de descendre pour vérifier que rien n'avait été abîmé. Car au moment de l'impact, il m'avait semblé entendre un bruit de verre brisé et je devais bien admettre que la perspective d'avoir cassé quelque chose ne m'enchantait pas (cela dit Vladek semblait n'avoir rien entendu). J'ouvris donc la boite et constatait qu'un flacon avait effectivement été brisé. Rien de bien dramatique cela dit : il ne s'agissait que d'un alambic de mauvaise qualité destiné aux potions.
Cela dit, le véritable intérêt de la boite tenait dans une toute autre chose : une série de petits tubes en cristal scellés, dans lesquels ondoyait une substance couleur argent tirant sur le blanc. Je compris immédiatement de quoi il s'agissait : des souvenirs. De savoir pourquoi mon père les entreposait là, je n'en avait aucune idée... Cependant, j'étais prêt à parier que c'était précisément ce genre de choses qu'il redoutait de me voir découvrir et pour lesquelles il multiplia les allers et retours hier.
Curieux, je détaillais minutieusement les étiquettes de chaque flacon. Il y avait des mots clé, des dates... Pour la plupart, j'étais bien incapable d'imaginer le contenu correspondant à ces intitulés. C'était beaucoup trop vague (le genre de chose qui ne parle qu'à la personne concernée). Cela dit, l'un d'eux m’intriguais tout particulièrement. Il portait la mention « L & T, 1985 » : l'année au cours de laquelle ma mère et moi avons quitté la Roumanie pour nous installer à Londres. Quand aux initiales, je pensais immédiatement à mon prénom et celui de ma mère... L & T comme « Louise et Thomas » : ça m'a frappé.
Assurément, j'en avais trop vu (ou pas assez). Dans tous les cas, il n'était pas question que je laisse ce souvenir reposer gentiment à sa place. Je voulais découvrir de quoi il s'agissait. Je refermais donc soigneusement la boîte et la remis à sa place, avant de glisser la fiole dans ma poche : ni vu ni connu.
Il ne me restait plus qu'à trouver un moment pour découvrir ce souvenirs, dès que j'aurais mis la main sur une pensine...
- InvitéInvité
Re: Les RPs de Thomas Cioban
Mar 17 Juil 2018 - 19:12
Le voyage en Roumanie
17 juillet 2018
Partie 1
17 juillet 2018
Partie 1
« Tu devrais avoir honte de voler les souvenirs de ton propre père, Thomas Cioban.
M'avait lancé Sarah, l'air plein de reproches, quand elle me vit débarquer chez elle un beau jour. La jeune femme occupait un petit appartement du quartier magique de Brasov. Ce n'était pas grand, mais dans la mesure où elle passait son temps à l'extérieur, cela lui convenait bien. L'endroit était envahi par les livres, les parchemins et une foule de babioles magiques dont j'ignorais l'utilité.
« Et de venir chez moi pour que je t'aide à en découvrir le contenu... Tu ne manque pas de culot, tu sais.
Ajouta-t-elle encore, tout en ôtant ce qu'elle pouvait du canapé pour que je m'y asseye. On n'avait beau se connaître depuis peu de temps, je savais que ses reproches n'étaient pas à prendre au pied de la lettre : Sarah avait toujours fait montre d'une grande ouverture d'esprit et une curiosité sans borne. J'étais persuadé que mon histoire de souvenir l'intriguerait assez pour qu'elle oublie l'aspect éthique de la chose.
« Alors, tu as une pensine ou non, finalement ?
Demandais-je, avant de me faire sauter dessus par trois boursouflets violets surexcités. Sarah les ramena vers elle d'un sifflement.
« Oui, oui. Dit-elle. Tu as de la chance. C'est pas courant.
Sarah m'avait parlé d'elle et de ses passions lors de notre première rencontre. C'était une jeune écrivaine talentueuse, baignée depuis l'enfance dans les milieux artistiques. Les autres étaient une source d'inspiration pour les personnages de ses récits. J'étais persuadé qu'une femme de ce type ne résisterait pas à l'attrait d'un objet permettant de visualiser les souvenirs (et en effet...).
« Tu veux faire ça maintenant, ou on prend le thé d'abord ?
Me demanda-t-elle, les mains chargées du réceptacle de pierre. Je répondis avec un sourire en coin et elle acquiesça.
« Bon. En route pour le pays des songes alors...
Dit-elle. Je débouchais le flacon de cristal et déversais son contenu dans la pensine. Le souvenir se mit à ondoyer en volutes blanche sous la surface lisse. En cet instant, je ne savais pas à quoi m'attendre et donc n'étais pas vraiment anxieux... Mais l'idée de plonger dans la réalité d'un autre avait tout de même quelque chose d'étrange.
Dans le fond, il n'y avait que des bonnes raisons pour me dissuader de le faire : fouiller dans l'esprit de mon propre père était sans doute la pire idée que j'ai jamais eu. Pourtant, j'étais convaincu de découvrir quelque chose d'extraordinaire. La mention sur le flacon était trop éloquente pour passer à côté : je savais que c'était important.
« A trois.
Souffla Sarah, dont le regard pétillant de curiosité acheva de chasser mes doutes.
« Un...
Deux...
Trois.
17 juillet 2018
Partie 2
Partie 2
Plonger dans un souvenir était sans doute ce qui se rapprochait le plus d'un rêve, à mon avis. Ni Sarah, ni moi avions jamais rêvé et pourtant, nous étions tous les deux d'accord sur le fait que cela ressemblait à ce que décrivaient les humains, quand ils en parlaient. Un décors éthérée et pourtant criant de réalisme. Rien n'existait en dehors de l'action : le monde se résumait à la vision du propriétaire du souvenir. Un fragment d'ego, en somme.
Je ne sais pas combien de temps cela dura, en vérité. Existait-il une forme de distorsion entre ce qui advenait dans la pensine et la réalité ? Toujours est-il que de revenir au salon de ma demi sœur me sembla tout à fait contre nature, comme si je venais de passer mille ans dans cet univers qui n'existe pas. J'étais habité de sensations étranges, mais au delà de ça : j'avais vu.
Sarah se tenait à côté de moi. Son visage exprimait un mélange indéfinissable de stupeur et de compassion. Elle me regardait sans savoir quoi dire, constatant néanmoins l'étendue de mon désarroi. J'étais, en effet, totalement bouleversé en cet instant. Ce souvenirs contenait (sans doute) la majeure partie des réponses manquantes à mes questionnements existentiels. Il me permettait de comprendre pourquoi je gardais si peu de souvenirs de mon enfance en Roumanie, pourquoi j'étais dégoutté par l'odeur du sang, pourquoi je luttais autant à réconcilier mes deux natures... Et probablement aussi pourquoi mon père se comportait de manière aussi dédaigneuse avec moi.
« Je vais nous servir le thé.
Dit finalement Sarah après un moment d'un ton qui s'excusait presque de rompre le silence. J'acquiesçais silencieusement et elle partit en direction de la cuisine. Ma main se porta alors à ma bouche sans que j'y prenne garde. Je fermais les yeux. Une seule pensée m'habitait en cet instant : pourquoi fallait-il que tout soit si compliqué ?
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